Vendredi 5 mars 2021
L’ONU réclame la fin des arrestations arbitraires en Algérie
Selon des «rapports crédibles», l’ONU s’inquiète de la détention arbitraire de membres du mouvement pro-démocratique en Algérie ayant manifesté contre le gouvernement.
La situation des libertés inquiète au plus haut point l’institution onusienne. Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies a réclamé vendredi 5 mars aux autorités algériennes de mettre immédiatement fin aux violences contre des manifestants pacifiques et d’arrêter les détentions arbitraires.
«Nous sommes très préoccupés par la détérioration de la situation des droits de l’homme en Algérie et par la répression continue et croissante contre les membres du mouvement pro-démocratique du Hirak», a déclaré Rupert Colville, un porte-parole du Haut-Commissariat lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève.
Le porte-parole a fait état de «rapports crédibles» selon lesquels près d’un millier de personnes ont été poursuivies pour avoir participé au mouvement du Hirak ou pour avoir publié des messages critiques à l’égard du gouvernement sur les réseaux sociaux mais aussi qu’«au moins 32 individus sont actuellement détenus pour l’exercice légitime de leurs droits fondamentaux, et certains d’entre eux sont passibles de longues peines, tandis que d’autres sont toujours en détention provisoire».
Le Haut-Commissariat a aussi reçu «des allégations de torture et de mauvais traitements en détention, y compris de violences sexuelles». Par conséquent, il appelle à cesser tout recours à la violence contre des manifestants pacifiques et «à mettre un terme aux arrestations et détentions arbitraires». Le Haut-Commissariat a toute une série de demandes pour le gouvernement algérien, à commencer par «la libération immédiate et sans condition de toutes les personnes arrêtées ou détenues arbitrairement pour leur soutien présumé au Hirak, et à abandonner toutes les charges retenues contre elles».
L’agence onusienne, dirigée par Michelle Bachelet, demande aussi des enquêtes «rapides, impartiales et rigoureuses» sur les allégations de torture et de mauvais traitements en détention et elle enjoint les autorités algériennes à abroger les textes qui sont utilisés pour poursuivre des personnes qui ne font qu’exprimer leur opinion et exercent leur droit de réunion pacifique. Le Haut-Commissariat accuse les forces de sécurité algérienne d’un usage excessif de la force. Il estime que des centaines d’individus ont été arrêtées depuis la reprise des manifestations le 13 février 2021.
Cette situation fait écho à ce qui s’est produit en 2019 et 2020, lorsque au moins 2500 personnes ont été arrêtées ou détenues dans le cadre de leur engagement pacifique », souligne-t-il. De même, les procédures pénales engagées en 2019 et 2020 contre des militants, des défenseurs des droits de l’homme, des étudiants, des journalistes, des blogueurs et des citoyens ordinaires qui ont exprimé leur opposition se sont poursuivies pendant les deux premiers mois de 2021, constate encore l’institution onusienne.
A Alger, El Bayadh, Tiaret, Khenchela, M’sila… des dizaines de manifestants ont été arrêtés aujourd’hui. Souvent avec violence. Si bon nombre d’entre eux ont été relâchés dans la soirée, d’autres demeurent entre les commissariats. Plus de 50 détenus d’opinion croupissent toujours dans les prisons. Les interpellations et procès pour délit d’opinion continuent au grand désespoir des militants sincères qui cultivent l’espoir d’une détente.