Le président français, Emmanuel Macron, a officialisé la fin de l’opération Barkhane au Sahel. Il s’est exprimé pour présenter la nouvelle stratégie de Paris en matière de défense. Emmanuel Macron a annoncé que la nouvelle stratégie française en Afrique serait finalisée sous six mois.
La guerre en Ukraine a rebattu les cartes et désormais la lutte contre le terrorisme n’est plus la mission première des armées françaises. Après des années de lutte antiterroriste au Mali, « j’ai décidé, en coordination avec nos partenaires, d’officialiser aujourd’hui la fin de l’opération Barkhane », a déclaré le président Macron ce mercredi à Toulon.
Le chef de l’État y voit une « conséquence » de l’évolution de la situation au fil des derniers temps, alors que les autorités actuellement en charge à Bamako travaillent avec le groupe paramilitaire russe Wagner.
L’annonce n’aura pas de conséquence immédiate. L’armée française a déjà quitté le Mali, en août. Mais elle comprend encore 3 000 militaires déployés au Niger, au Tchad et au Burkina Faso. Paris disposent aussi de forces prépositionnées au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Gabon et à Djibouti, rappelle l’envoyé spécial de RFI.
À l’avenir, « nos interventions devraient avoir de meilleurs délais et dès le début. Nous ne voulons pas rester engagés pendant une durée illimitée dans des opérations extérieures », plaide Emmanuel Macron.
« Notre soutien militaire aux pays africains de la région se poursuivra, mais selon les nouveaux principes que nous avons définis avec eux […]. Il se déclinera à l’échelle de chaque pays selon les besoins qui seront exprimés par nos partenaires. Nos interventions doivent être mieux bornées dans le temps […]. Nous n’avons en effet pas vocation à rester engagés sans limite de temps dans des opérations extérieures. »
Trois mois après le retrait des troupes françaises du Mali, Emmanuel Macron a annoncé ce mercredi la fin officielle de l’opération anti-jihadiste Barkhane lancée en 2014 au Sahel.
L’opération Barkhane est menée par l’armée française au Sahel et au Sahara avec une aide secondaire d’armées alliées. Elle visait lutter contre les groupes armés salafistes djihadistes dans toute la région du Sahel. Mais en premier à protéger Bamako, sous la bannière de l’opération Serval, la capitale malienne menacée par de nombreux groupes armés en 2012.
« Ce n’est pas un échec », avait répété Macron à cette occasion. « Que se serait-il passé en 2013 si la France n’avait pas fait le choix d’intervenir ? Vous auriez eu à coup sûr un effondrement de l’État malien ».
« Stratégie finalisée d’ici à six mois »
Le président français, qui s’est exprimé devant les hauts gradés des forces armées et des diplomates à bord d’un porte-hélicoptères, n’a pas annoncé de réduction immédiate des effectifs déployés.
Dans les prochains jours, a-t-il en revanche dit, des échanges seront lancés avec les nations africaines et les organisations régionales « pour changer le statut, le format et la mission » des bases françaises en Afrique.
L’objectif est désormais de continuer à agir en discrétion. « Nos soldats restent couverts, protégés, soutenus, administrés dans des conditions qui sont satisfaisantes ». La nouvelle stratégie en Afrique sera finalisée d’ici à six mois.
Elle devrait reposer sur une coopération plus étroite avec les armées africaines. « Nos engagements avec nos partenaires en Afrique seront axés sur une logique de coopération et de recours à leurs armes. »
« Des jeux de miroirs, des bots, des trolls »
Le chef de l’État souhaite également que « l’influence » soit érigée au rang de « fonction stratégique » en matière de défense, dans le contexte de durcissement de la lutte informationnelle dans le monde.
Face aux récits jugés hostiles à Paris, « nous ne serons pas des spectateurs patients », assure Emmanuel Macron. « Convaincre fait partie clairement des exigences stratégiques », estime-t-il, promettant des moyens substantiels.
Le chef de l’État déplore l’existence de « tout un bestiaire digital » dirigé par « nos rivaux pour contester notre sécurité et notre rayonnement et propager, outre de faux récits, un appétit de violence ». Il faut savoir « détecter sans délai » ces formes de guerre hybride, les « entraver » et, « à notre tour, mais à la manière d’une démocratie, la devancer, en user à notre profit dans les champs numériques et physiques ».
« On a assez vu comment en Afrique […] souvent à l’instigation d’acteurs extérieurs, des récits malveillants s’implanter, être démultipliés par des jeux de miroirs, des bots, des trolls. Une attitude qui serait seulement réactive, voire défensive pourrait passer pour une forme de passivité, ce ne sera pas la nôtre. »
Avec agences