24 avril 2024
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Nouvelle politique minière :  encore un bradage des ressources nationales !

REGARD

Nouvelle politique minière :  encore un bradage des ressources nationales !

Ainsi donc le nouveau pouvoir décide de lancer une nouvelle politique minière pour, officiellement, la diversification des ressources en devise hors hydrocarbures.

L’initiative serait louable si elle provenait d’un gouvernement, contrôlé par une assemblée nationale légitime, qui pouvait engager l’avenir de la nation à moyen et à long terme. Or, il n’en est rien.

Dans ce contexte de prédation, de luttes des clans et de redistribution des cartes, cette urgence est suspecte. 

Il y a une impression de volonté de création du fait accompli. De nouvelles maffias, à la suite des Bouteflika, Kouninef, Haddad, Hamel et autres, sont en train de se frotter les mains et de saliver sur les les milliers de tonnes d’or du sud, les 68 millions de réserves de plomb-zinc d’Amizour et les 3,5 milliards de tonnes de fer de Gara Djbilet (Tindouf).

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Les termes mêmes de l’annonce par le pouvoir, concernant d’abord la prospection des mines d’or du sud algérien sont typiques des appels à la curée, enrobés par le discours paternaliste habituel de ‘’mise à disposition des richesses nationales pour les ‘jeunes générations d’algériens’’. 

On prépare déjà la « ruée vers le sud » pour les membres du clan, après la spoliation des populations des richesses pétrolières depuis 60 ans, la persistance des dangers de l’exploitation du gaz de schiste d’In Salah, et maintenant c’est le tour des tracte-pelles d’entrer en action pour extraire les pépites d’or… et aller les investir en catimini en Europe.

Si avant, le peuple algérien ne savait pas ce que devenaient les retombées financières de ces exploitations frauduleuses des ressources, maintenant il le sait et ne sera plus complice de sa propre dépossession pour enrichir la bourgeoisie ‘’comprador’’ (1). 

Pour mémoire, chez nos voisins de l’Ouest, la guerre du Rif de 1920 contre les Espagnols avait réellement commencé en 1908 lorsqu’un obscur chef de guerre rifain avait concédé aux Espagnols le droit d’exploiter la mine de fer du Djebel Aouan et celle de plomb d’Afra (2). La riposte des Rifains a été immédiate. Ils n’acceptaient pas le viol de la terre des ancêtres.

La linguistique coloniale au service de la dépossession

La linguistique est même mise à profit dans cette nouvelle prédation. On sait que la dépossession puis la spoliation commencent toujours par la désignation arrangée comme outil pour parfaire le viol de l’identité des lieux et des personnes, afin de confirmer le déni.

Dans une récente interview de l’homme qui nous sert de ministre des mines (Abdelmadjid Attar), commentant cette ‘’nouvelle politique minière’’, comme segment de cette ‘’nouvelle Algérie’’ qu’ils préparent en vase clos, il parlait des mines de ‘’Ghar Djbilet’’ et de ‘’Oued Amizour‘’. Ce n’est pas par ignorance de la toponymie de notre grand pays. Ceci est révélateur de l’environnement culturel et historique dans lequel baigne cet individu et probablement tous ceux qui sont mobilisés dans ce système. 

Afin d’apporter une part de lumière dans ce massif des ténèbres, limitons-nous à corriger les inepties du ministre et des autres :

  1. Gara Djbilet  (signifie ‘’entre les montagnes’’, en tamazight) n’a rien à voir avec ‘’Ghar Djbilet’’ (‘’la grotte de la montagne, en arabe). En plus d’être une absurdité toponymique, cette traduction/arabisation systématique est visible ailleurs : Ghardaïa (Tagherdayt, en tamazight) devient ‘’Ghar Daya’’ (la grotte de la daya (féminin du dey turc), alors que les Turcs ne sont jamais allés plus au sud que Médéa. Aussi en Tunisie, Ghardimao (‘’ighirdemiwen’’, les scorpions, en tamazight), devient par la magie de l’arabisation, ‘’Ghar Eddima’’, la grotte du sang ! Chacun peut le voir sur une carte de la Tunisie.

  2. Malgré l’insistance du faisant fonction de ministre, cité plus haut, Oued Amizour n’existe plus depuis 1975. La désignation ‘’Oued’’ est supprimée  et la région et la ville s’appellent Amizour (une espèce d’olive locale, en tamazight). La rebaptisation, initiée par le chef de daïra/sous-préfet de l’époque, a été publiée au journal officiel de la République Algérienne et l’annonce publiée par El Moudjahid en 1975, du temps de Boumediène !

Ces quelques exemples cités dans ce contexte ne sont pas des faits isolés. Ils sont révélateurs du niveau d’aliénation culturelle et historique dans notre pays. Quand ils sont volontairement insérés et actés dans une politique de domination politique et économique, comme c’est le cas ci-dessus, ils sont porteurs de grands dangers pour notre nation.

Et l’explication d’auto-colonisation compréhensible n’est pas suffisante.

La résistance populaire et pacifique qui a été efficace contre les projets d’exploitation du gaz de schiste dans le sud, avec ses retombées désastreuses pour l’environnement et les populations de cette région, saura s’adapter et se renforcer pour empêcher demain, et en tout lieu du territoire national, le viol de la terre des ancêtres.

A. U. L.

Notes :

(1) Comprador (en portugais : « acheteur ») désignait à l’époque coloniale un autochtone, fondé de pouvoir d’une firme étrangère…

(2) La guerre du Rif de 1921 contre les Espagnols avait réellement commencé en 1908 lorsqu’un obscur chef de guerre rifain (‘’Bou Hmara’’) avait concédé aux Espagnols, sur ‘’son’’ territoire, le droit d’exploiter la mine de fer du Djebel Aouan et celle de plomb d’Afra, moyennant finances et fourniture d’armes pour ses milices. La population rifaine se souleva alors comme un seul homme, sous la direction de Mohend Ameziane At Buyifrur, pour empêcher le viol du sol rifain. In Abdelkrim, une épopée d’or et de sang, Zakya Daoud, p.56, édition Séguier, Biarritz, 1999.

 

Auteur
Aumer U Lamara

 




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