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Tunisie : quand l’humanitaire devient une faute politique

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Shérifa Riahi
Shérifa Riahi. Crédit image : DR

En Tunisie, l’affaire Shérifa Riahi dépasse largement le cadre d’un dossier judiciaire ordinaire. Elle s’inscrit dans une séquence politique où l’action humanitaire, autrefois reconnue comme un devoir civique et moral, est désormais traitée comme une menace potentielle pour l’État.

Présidente de l’association Tunisie Terre d’Asile, Shérifa Riahi est poursuivie dans un contexte lourd, marqué par une criminalisation croissante du travail associatif, en particulier lorsqu’il touche aux questions sensibles de la migration et de l’accueil des exilés africains. Les accusations portées contre elle – notamment liées au financement et à l’activité de son association – restent, à ce stade, des allégations. Pourtant, l’arsenal judiciaire déployé et la sévérité de la mesure de détention provisoire interrogent.

L’élément le plus troublant de cette affaire demeure son arrestation alors qu’elle se trouvait en congé de maternité, mère d’un nourrisson âgé de quelques semaines. Un fait que nul juridisme ne peut neutraliser. Car emprisonner une femme dans cette situation, ce n’est pas seulement priver une citoyenne de sa liberté avant jugement : c’est rompre un lien vital, suspendre la maternité au nom d’une logique de dissuasion qui dépasse la personne concernée.

Ce qui se joue ici n’est pas tant la culpabilité ou l’innocence d’une responsable associative – que seule une justice indépendante devrait établir – mais le message politique envoyé à l’ensemble du tissu civil tunisien. À travers Shérifa Riahi, ce sont les associations, les bénévoles, les militants humanitaires qui sont placés sous surveillance, sommés de se justifier, contraints de prouver qu’ils ne constituent pas un “État dans l’État”.

Depuis plusieurs mois, le discours officiel amalgame financement étranger, migration et complot contre la souveraineté nationale. Cette rhétorique, martelée au plus haut sommet de l’État, crée un climat où l’humanitaire devient suspect par nature, et où la solidarité est assimilée à une entreprise d’ingérence. Or, aucune société ne se renforce en transformant ses acteurs civiques en ennemis intérieurs.

Le recours quasi systématique à la détention préventive, devenu en Tunisie une forme de peine anticipée, achève de fragiliser la crédibilité du discours sur l’État de droit. La justice ne peut être perçue comme un instrument de régulation politique sans perdre son sens. Et lorsqu’elle oublie la proportionnalité, elle cesse d’être un rempart pour devenir un avertissement.

L’affaire Shérifa Riahi pose, au fond, une question simple et redoutable : que reste-t-il de l’idée même de justice quand l’intention humanitaire devient une circonstance aggravante ? En attendant une réponse claire, c’est toute une société qui observe, inquiète, le rétrécissement de l’espace civique et l’effacement progressif de l’humain derrière le sécuritaire.

Pour la Tunisie, ce dossier n’est pas anecdotique. Il est révélateur. Et il engage l’avenir.

Mourad Benyahia 

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Valérie Rodrigue : « Oran que j’ai vu est vivante, intense et jeune »

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Valérie Rodrigue
Valérie Rodrigue. Crédit image : DR

Oran, ville des absents, mais aussi ville des souvenirs vivants et des racines à retrouver. Valérie Rodrigue y revient pour combler un vide laissé par l’exil, pour renouer avec une Algérie qu’elle n’a jamais vraiment connue mais qui coule dans ses veines. Elle a publié Oranaise sang pour sang.

Juive et française, née en 1963 dans le Doubs, elle raconte les silences de sa famille, les blessures de l’histoire et la force des rencontres contemporaines qui lui permettent de réinventer son rapport à la ville. À travers ce voyage, entre nostalgie et émerveillement, elle explore ce pays à la fois perdu et retrouvé, où chaque lieu porte une mémoire, chaque personne une histoire, et où l’Algérie, malgré ses absents, continue de parler à ceux qui reviennent.

Le Matin d’Algérie : Pourquoi était-il important pour vous de dire clairement : je suis juive algérienne, née d’Oran, même si vous avez grandi en France ?

Valérie Rodrigue : Quand j’étais enfant, certains de mes camarades de classe, qui étaient de souche étrangère, allaient l’été au Portugal ou en Algérie. Je savais que mes parents venaient d’Algérie, mais nous, nous n’y allions pas l’été. Nous n’avions plus de famille, les vieux sont morts les uns après les autres après le rapatriement. J’ai grandi avec un pays manquant, une case vide. Quel était donc ce pays où nous ne pouvions retourner/ aller ? Mon père m’avait raconté quelques souvenirs d’enfance, d’avant la guerre. Il aimait profondément ce pays. Aller à Oran, cela m’a permis de constater que l’Algérie n’est pas une entité vague, mais un pays à part entière. Nous venons de là. C’est toujours un peu chez nous. Donc chez moi. Je me plais à avoir moi aussi des racines.

Le Matin d’Algérie : Votre retour à Oran est hésitant, presque retenu. Aviez-vous peur de ce face-à-face avec la ville et l’histoire familiale ?

Valérie Rodrigue : Dans l’avion, j’étais folle de joie. Et pourtant, je voyage beaucoup. Mais ce vol Paris-Oran avait une saveur particulière, celle du retour que mon père n’a pas pu faire. Aurait-il approuvé ce voyage ? Je n’avais pas peur de ce que je pouvais y trouver, puisque lorsque je voyage, je n’ai pas d’idée préconçue et me renseigne en amont très peu sur la destination. Sur place, tout est émerveillement, en définitive. Je n’avais pas peur de repartir bredouille (les appartements familiaux, la tombe) puisque c’était le risque. Mais j’étais intimidée. Le souvenir de mon père était très présent. Je ne voulais pas décevoir sa mémoire.

Le Matin d’Algérie : Votre mère refuse toute idée de retour. Que dit ce silence de la blessure laissée par 1962 chez les Juifs d’Algérie ?

Valérie Rodrigue : D’après ce que ma mère et mes tantes m’ont raconté, il y a le souvenir des lois raciales. Les étoiles jaunes sont arrivées tardivement dans les mairies en Algérie, mais elles sont arrivées quand même ; mon père a été exclu de l’école, la sœur aînée de ma mère aussi. Ensuite, il y a eu dix ans de guerre. Ma mère en a été très marquée. Et puis le départ d’Algérie a coïncidé avec la mort accidentelle de son frère. Le deuil ne s’est jamais vraiment fait.

Le Matin d’Algérie : Les tantes suivent le voyage à distance, sans jamais revenir elles-mêmes. Est-ce une façon de voyager sans rouvrir la douleur ?

Valérie Rodrigue : Probablement. Ce voyage, elles ne l’auraient jamais fait. Moins elles l’auraient fait, plus elles étaient curieuses. Sur WhatsApp je partageais des photos, cela a ravivé des souvenirs heureux ou malheureux. Retrouver la tombe de Raoul, cela leur a permis, d’une part, de constater qu’elle n’a jamais été détruite contrairement à ce qu’elles pensaient et d’autre part, de finir leur deuil. Le fait que Ali, le gardien du cimetière, lise l’hébreu, cela les a beaucoup émues. J’ai fait une bonne action. J’ai réconcilié le judaïsme et l’Algérie, à mon échelle.

Le Matin d’Algérie : À Oran, ce sont Nassim et Aïcha qui vous accueillent. Qu’ont représenté ces rencontres pour vous ?

Valérie Rodrigue : Nassim est le guide touristique qui m’a accompagnée pendant ce voyage. Un homme jeune très moderne et cultivé. Il a été d’une très bonne compagnie pour moi, en dehors d’être un guide. Il a inscrit sa fille dans une école Montessori, comme le font certains bobos Parisiens. Aïcha, la dame qui m’a autorisée à visiter son appartement, m’a ouvert sa porte avec chaleur, bavarde et amicale, elle nous a offert le café. Lorsque je voyage, j’aime les rencontres spontanées, fortuites. Ils représentent l’Algérie contemporaine, celle que je voulais voir.

Le Matin d’Algérie : Vous montrez une Oran populaire, vivante, loin des clichés. Était-ce une manière de répondre aux peurs souvent entretenues en France ?

Valérie Rodrigue : Je n’avais pas d’idée derrière la tête. Étant reporter tourisme, je veux montrer un lieu tel qu’il m’est apparu, dans sa singularité. J’ai fait fi des recommandations et des appréhensions des autres. J’ai beaucoup voyagé seule et franchement, cela s’est toujours bien passé. J’ai fait du stop en Jordanie, je suis allée seule en boîte de nuit à Phnom Penh et à Tachkent. Jeune, j’ai fait Lyon-Paros en stop et en bateau. L’Oran que j’ai vu en journée, en soirée, est en effet vivante, intense et jeune. Avec un charme à l’espagnole. En boîte de nuit, je me suis crue à Madrid.

Le Matin d’Algérie : L’identité juive algérienne traverse tout le livre. Pourquoi reste-t-elle encore si peu visible dans le récit national français ?

Valérie Rodrigue : L’écrasante majorité des juifs français de ma génération se trouve des racines en Israël, pas en Algérie. C’est une idée qu’on leur met dans la tête dès le plus jeune âge. Or, nous venons d’Algérie, pas du Moyen-Orient. Rien dans mon histoire familiale ne va dans ce sens. Il est donc bien logique que l’histoire juive d’Algérie soit occultée, en France comme en Algérie.

Le Matin d’Algérie : Le parcours de votre père, devenu instituteur, est très fort. Comment relire aujourd’hui cette assimilation par l’école française ?

Valérie Rodrigue : Les enfants des petites gens qui allaient jusqu’au Bac devenaient souvent instituteurs. Le décret Crémieux avait donné aux juifs la citoyenneté française. La génération de mes parents porte des prénoms français. Promouvoir l’instruction à la française est une suite logique. Quelle ne fut leur déception lorsque, arrivés en France, on les a traités de sales Arabes ou de sales colons.

Le Matin d’Algérie : L’histoire de votre ancêtre Saül Bensoussan est saisissante. Aviez-vous le sentiment de réparer un oubli en la racontant ?

Valérie Rodrigue : Saül Bensoussan, le meurtrier qui a fini à Cayenne… Il y en a, des drôles, dans ma famille. J’ai mené des recherches sur ma famille. Mon cousin Éric m’a dit que Saül Bensoussan était un ancêtre. Relater ce fait divers, c’est un pied de nez aux membres de ma famille qui aiment s’inventer une généalogie plus glorieuse. Oui, mes grand-mères étaient illettrées, oui, mon grand-père paternel était un Turc marin devenu garçon de café. Mon grand-père maternel, un petit ébéniste. J’aime bien avoir pour ancêtre des marins, des tatoués, des repris de justice.

Le Matin d’Algérie : Vous écrivez que l’Algérie est “l’inconscient collectif de la France”. Pensez-vous que ce passé non réglé continue de peser sur les relations actuelles ?

Valérie Rodrigue : Oui, il y a toujours beaucoup de passion entre l’Algérie et la France. On l’a vu encore récemment. Et puis, cette longue guerre d’indépendance est restée en travers. Le fait que ce pays vive du pétrole et non du tourisme, cela lui donne un sacré poids. L’Algérie n’est pas le parent pauvre, mais l’inconscient collectif. J’aime redonner à ce pays africain sa grandeur.

Le Matin d’Algérie : Ce livre parle autant d’histoire que de manque affectif. Le voyage était-il aussi une manière de faire un deuil personnel ?

Valérie Rodrigue : Faire le deuil de mon père décédé, certainement. Faire le deuil de ma relation ratée avec ma mère, aussi. Enfin, tourner la page d’Ilyas, vieille histoire d’amour jamais vraiment digérée, une autre nécessité.

Le Matin d’Algérie : Qu’aimeriez-vous que le lecteur algérien retienne en priorité de ce livre ?

Valérie Rodrigue : C’est une déclaration d’amour à l’Algérie d’aujourd’hui. La nostalgie imprègne les discours et les livres. Chez les lepenistes et les zemmouristes, il y a la nostalgie de l’Algérie française. Or, on peut être une femme juive, française, éprise de l’Algérie contemporaine, même si l’Algérie tend à oublier sa part juive. La deuxième fois, on m’a refusé le visa. Quelle gifle. Je n’ai pas droit au retour ? Je devrais avoir droit au passeport vert. Non ?

Entretien réalisé par Djamal Guettala 

Bio Express

Valérie Rodrigue est journaliste-reporter en tourisme. Elle a parcouru le monde pour la presse écrite et numérique. Engagée depuis longtemps dans le bénévolat, elle exerce aujourd’hui l’écoute active au sein d’une grande association. Passionnée par le voyage et la psychanalyse, elle vit et écrit à Paris, avec une écriture attentive aux liens entre ailleurs et psychologie de la vie quotidienne.
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Du Viagra caché dans un complément alimentaire : un réseau clandestin démantelé à Tlemcen

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Viagra
Les malfaiteurs dissimulaient du Viagra dans des compléments alimentaires.

Les services de la Gendarmerie nationale ont démantelé un atelier clandestin spécialisé dans la fabrication et la commercialisation de compléments alimentaires frauduleux dans la wilaya de Tlemcen, a indiqué ce mercredi un communiqué officiel.

Selon la même source, l’opération a été menée par le Service central opérationnel de lutte contre le crime organisé, à travers sa brigade de sécurité alimentaire, après la découverte d’un produit commercialisé sous l’appellation « Khaltet El Soltane », présenté comme un aphrodisiaque « 100 % naturel ».

Les investigations ont révélé que ce produit, largement promu sur les réseaux sociaux, était fabriqué dans des conditions illégales et contenait des substances pharmaceutiques actives introduites clandestinement, en violation des réglementations en vigueur. Les analyses effectuées par des laboratoires spécialisés ont confirmé la présence de ces substances, normalement soumises à un contrôle strict et à une prescription médicale.

L’atelier démantelé produisait et conditionnait cette préparation en dehors de tout cadre sanitaire réglementaire, avant sa mise sur le marché en tant que complément alimentaire, ce qui constitue, selon la Gendarmerie nationale, une atteinte grave à la sécurité alimentaire et à la santé publique.

L’enquête a permis l’identification d’un individu activant dans la région de Maghnia, soupçonné d’être à l’origine de la fabrication et de la promotion du produit, notamment via des plateformes numériques.

L’opération s’est soldée par l’arrestation de trois personnes. Les suspects ont été présentés devant les autorités judiciaires compétentes pour des chefs d’inculpation liés à la fabrication et à la commercialisation de produits frauduleux, à l’atteinte à la sécurité alimentaire et à la mise en danger de la vie d’autrui, précise le communiqué.

La rédaction

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Tunisie, 15 ans après la révolution : la démocratie suspendue

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Manifestation à Tunis.
Manifestation à Tunis.

Quinze ans après que Mohamed Bouazizi a enflammé la colère populaire, quinze ans après la chute de Ben Ali, la Tunisie semble prisonnière d’une démocratie en trompe-l’œil. Les rêves de liberté, de justice sociale et de participation citoyenne se heurtent aujourd’hui à un verrouillage systématique des institutions et à une répression croissante des voix critiques.

Depuis l’arrivée de Qais Saïed à la présidence en 2019, et surtout après les « mesures exceptionnelles » de 2021, la Tunisie vit une mutation inquiétante : la justice n’est plus indépendante, les pouvoirs constitutionnels sont concentrés, et l’opposition politique est ciblée sans distinction. Les arrestations de figures historiques comme Rached Ghannouchi ou Abir Moussi, ainsi que de dizaines d’autres responsables politiques et acteurs de la société civile, montrent que la dissidence devient un crime. Des citoyens âgés, des avocats et même d’anciens juges se retrouvent derrière les barreaux pour avoir simplement exprimé leur désaccord.

Sous couvert de protéger la nation, le président qualifie ses opposants de « traîtres », de « criminels » ou de « terroristes ». Pendant ce temps, la presse est muselée, les associations asphyxiées, et l’accès à l’information contrôlé. La Tunisie, qui fut un exemple de transition démocratique en 2011, vit aujourd’hui un recul inédit : liberté d’expression, droit de manifester, indépendance judiciaire et égalité devant la loi sont tous remis en question.

Pour les analystes politiques et les militants, la révolution n’est pas morte, mais elle vacille dangereusement. Des mouvements citoyens et des partis politiques essaient de maintenir le cap, de défendre les acquis démocratiques, mais chaque avancée est fragile, chaque protestation risquée. Le spectre d’une contre-révolution s’étend : les libertés gagnées en 2011 peuvent disparaître aussi vite qu’elles ont été conquises.

Les inégalités se creusent, le chômage reste élevé, les services publics se dégradent, et le fossé entre les régions se creuse. Quinze ans après la révolution, la question centrale n’est plus seulement politique : elle est sociale, morale et existentielle. La Tunisie peut-elle encore relancer son processus démocratique, ou restera-t-elle suspendue dans un régime où la liberté est conditionnelle et la contestation criminalisée ?

Ce bilan amer devrait servir d’alerte : la révolution tunisienne n’a pas été enterrée, mais elle est étouffée. Le peuple et les acteurs de la société civile continuent de résister, souvent dans l’ombre, mais leur lutte est désormais un enjeu crucial. Pour que la démocratie survive, il faudra plus que des discours : il faudra du courage, de la mobilisation et une solidarité sans faille contre ceux qui veulent confisquer l’avenir du pays.

Mourad Benyahia 

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À Tizi Ouzou, « La Colline révoltée » filme la mémoire des villages en lutte

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Film La Colline révoltée
Tournage du film La Colline révoltée. Crédit photo : Radio Tizi-Ouzou.

Dans le village de Mmniɛ, commune d’Iferhounène, à l’est de Tizi Ouzou, les caméras se sont mises en mouvement pour donner corps à La Colline révoltée, film historique réalisé par Mehdi Abdelhak et produit par la Télévision algérienne.

Le projet s’inscrit dans le cadre des commémorations du 65e anniversaire des manifestations du 11 décembre 1960, mais choisit un angle resserré : celui des villages confrontés à la violence coloniale.

Le récit s’articule autour du destin tragique d’un jeune moudjahid tombé en martyr la nuit même de son mariage, alors qu’il menait une opération contre l’armée coloniale française. À travers cette trajectoire brisée, le film explore la répression, la peur quotidienne et les blessures silencieuses infligées aux populations rurales durant la guerre de Libération.

Le choix du décor participe pleinement de cette démarche. Le village de Mniʿ, avec ses reliefs escarpés et son architecture préservée, devient un espace chargé d’histoire. La caméra capte la rudesse des paysages, mais aussi la solidarité et la dignité des habitants, restituant une atmosphère fidèle à l’époque et à ses tensions.

Pour le réalisateur Mehdi Abdelhak, La Colline révoltée ne se limite pas à une reconstitution d’époque. L’ambition est avant tout de faire ressentir. « La mémoire n’est pas une suite de dates, mais une somme d’épreuves humaines, de silences et de résistances quotidiennes », souligne-t-il. La mise en scène privilégie la sobriété, laissant place aux regards, aux gestes et aux non-dits.

Le comédien Ali Djebara, qui interprète Ahmed, chef de l’Armée de libération nationale dans la région, insiste sur l’ancrage local du film. « Il raconte la souffrance des habitants, mais aussi leur courage face à l’occupant. Le lieu de tournage renforce cette authenticité et donne au récit une force particulière », explique-t-il.

À travers La Colline révoltée, le cinéma s’affirme comme un outil de transmission et de mise en perspective de l’histoire. En donnant une place centrale aux villages et aux destins anonymes, le film rappelle que la guerre de libération s’est aussi jouée loin des grandes batailles, dans des lieux reculés, au cœur de vies ordinaires bouleversées par l’histoire.

Djamal Guettala 

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La déchéance de la nationalité bientôt débattue à l’APN

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APN
Le destin législatif de l'Algérie aux mains d'une assemblée croupion. Crédit photo : DR

Le débat sur la déchéance de la nationalité algérienne s’invite officiellement au Parlement. La commission des affaires juridiques de l’Assemblée populaire nationale (APN) a entamé, mercredi 17 décembre 2025, l’examen d’une proposition de loi visant à amender l’ordonnance 70-86 relative au Code de la nationalité, dans un contexte marqué par la volonté affichée de « protéger les intérêts suprêmes de l’État ».

Il ne manquait que ce dossier brûlant pour cette assemblée croupion pour valider les errements gravissimes de ceux qui sont aux affaires.

Auditionné par les députés, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Lotfi Boudjemaa, a tenu à circonscrire strictement la portée de cette réforme. Selon lui, toute révision des règles liées à l’acquisition ou à la perte de la nationalité ne saurait revêtir qu’un caractère « exceptionnel », sans remettre en cause le principe général du droit à la nationalité ni celui de la double nationalité.

L’exécutif affirme que la mesure vise exclusivement des comportements jugés gravement attentatoires à la sécurité et à la souveraineté nationales. Sont notamment évoqués la haute trahison, l’intelligence avec une puissance étrangère, l’atteinte délibérée à l’unité nationale ou encore l’exploitation abusive de la double nationalité pour nuire aux intérêts fondamentaux du pays.

Portée par le député Hicham Sifer, la proposition de loi s’inscrit, selon ses promoteurs, dans une logique de mise en conformité avec la Constitution. Le texte entend redéfinir la nationalité comme un lien juridique indissociable d’une obligation de loyauté envers l’État. Il prévoit de préciser les actes pouvant entraîner une déchéance, tels que l’appartenance ou le soutien à des groupes terroristes ou subversifs, la collaboration avec des entités hostiles ou le manquement manifeste au devoir de loyauté.

Sur le plan procédural, le ministre a insisté sur les garanties juridiques prévues afin d’écarter tout risque d’arbitraire. La déchéance ne pourrait intervenir que par décret présidentiel, à l’issue d’une procédure contradictoire. La personne concernée serait formellement notifiée des faits reprochés et disposerait d’un délai de 60 jours pour présenter sa défense. Le texte prévoit également, sous conditions strictes, la possibilité de recouvrer ultérieurement la nationalité.

Ce débat s’inscrit dans une dynamique parlementaire plus large. En parallèle, l’APN examine d’autres propositions à forte portée symbolique, dont celle relative à la criminalisation de la colonisation française. Autant d’initiatives qui traduisent une volonté politique de reaffirmer les fondements de la souveraineté nationale. 

Si le gouvernement se veut rassurant en soulignant le caractère ciblé et exceptionnel de la déchéance de nationalité, la discussion annoncée à l’APN promet de raviver un débat sensible, à la croisée des impératifs sécuritaires, des principes constitutionnels et des droits fondamentaux.

La rédaction

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Le procès du détenu d’opinion Mohamed Tadjadit encore renvoyé

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Mohamed Tadjadit
Mohamed Tadjadit ou la fierté d'un poète embastillé.

Le procès du détenu d’opinion, Mohamed Tadjadit, est renvoyé par le tribunal crimnel d’appel au 14 janvier 2026.

Eh oui le poète Mohamed Tadjadit passe devant un tribunal criminel ! Rien que ça ! Son crime ? Réclamer la liberté d’expression, de pourfondre les fossoyeurs de l’Algérie, les corrompus et tous ceux qui poussent les Algériens au désespoir et à l’exil.

Le 11 novembre 1925 le tribunal criminel d’Alger condamnait Tadjadit Mohamed une peine de 5 ans de réclusion et 200 000 dinars d’amende ferme.

« Tadjadit Mohamed est en outre condamné, au civil à faire valoir à l’ Agent judiciaire du trésor (AJT) la somme de 500 000 DA à titre de réparation.

Mohamed Tadjadit est poursuivi de pas moins de six chefs d’accusation, à savoir :

  • Crime d’apologie des actes terroristes et destructeurs.
  • Crime d’ utilisation des technologies de la communication et de l’information pour soutenir les actes et activités d’ entités terroristes.
  • Crime de propagation, de manière directe ou indirecte des idées des entités terroristes.
  • Délit d’outrage à corps constitué.
  • Délit d’exposition au regard du public de publications de nature à porter atteinte à l’intérêt national.

-Délit d’ incitation à attroupement non armé, (articles 100 alinéa 01,146, 87 bis12, 87 bis 04,96 du code pénal)

Par acte de protestation, Mohamed Tadjadit avait décidé de se mettre en grève de la faim le 16 novembre 25, une grève de la faim qu’il a observé durant 10 longues journées mettant en péril sa santé.

Liberté pour Tadjadit Mohamed. Liberté pour tous les détenu-e-s d’opinion et politiques. » lit-on dans le communiqué publié par Me Fetta Sadat.

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Tunisie : qui a réellement poussé Ben Ali vers la sortie ?

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Zine El Abidine Ben Ali
Zine El Abidine Ben Ali

Quinze ans après la révolution tunisienne, la question demeure : qui a véritablement contraint Zine El Abidine Ben Ali à quitter le pouvoir ?

L’événement, qui a débuté avec l’immolation de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid le 17 décembre 2010, a rapidement embrasé le pays et mis fin à un régime en place depuis plus de deux décennies. Si l’image de la « révolution de la rue » domine les récits officiels et médiatiques, la réalité est plus complexe et multicausale.

L’article de Kapitalis publié récemment s’attache à démontrer que la chute de Ben Ali ne peut être attribuée à un seul acteur ou facteur. La mobilisation populaire a été incontestablement le catalyseur du mouvement, mais elle a agi dans un contexte politique fragilisé. Au sein du Parti démocratique constitutionnel et des structures gouvernementales, des tensions et des rivalités internes affaiblissaient déjà le régime. Certains proches du président hésitaient sur la manière de gérer la contestation, tandis que d’autres cherchaient à se protéger en anticipant le dénouement inévitable. Ces divisions ont amplifié l’effet des manifestations et accéléré le départ de Ben Ali.

L’article souligne également le rôle de l’opinion internationale et des pressions diplomatiques. Plusieurs observateurs estiment que le contexte régional, marqué par l’exemple de révoltes dans d’autres pays arabes, a pesé sur la décision du régime. La peur d’un effondrement total et d’une crise politique durable a renforcé la nécessité d’un départ rapide. Mais les archives restent fragmentaires, et il est difficile d’identifier avec précision le poids exact de ces influences dans la décision finale du président.

Pour les historiens et analystes politiques, la révolution tunisienne représente un cas d’étude unique sur la conjonction de forces internes et externes. La rue, le pouvoir et les alliances politiques se sont entremêlés dans un scénario où aucun acteur n’a agi isolément. Comprendre cette dynamique est essentiel pour analyser non seulement la Tunisie post-Ben Ali, mais aussi les mécanismes par lesquels un régime autoritaire peut être contesté et contraint à céder.

Depuis la chute du président, les débats restent vifs. Pour certains, la révolution a ouvert la voie à des avancées démocratiques, à la liberté d’expression et à la participation citoyenne. Pour d’autres, elle a engendré une décennie de turbulences économiques et politiques, avec des institutions souvent incapables de répondre aux attentes populaires. Le départ de Ben Ali n’a donc pas été une fin en soi, mais le point de départ d’un long processus de transition, marqué par des réussites limitées et des frustrations persistantes.

En définitive, la leçon que l’on peut tirer de cet épisode est que les transformations politiques profondes résultent d’un équilibre fragile entre la pression populaire, la dynamique interne des régimes et les contextes régionaux et internationaux. La révolution tunisienne rappelle que même les dirigeants les plus puissants peuvent être confrontés à des forces qu’ils ne maîtrisent pas, et que l’histoire se construit souvent à l’intersection de plusieurs déterminants, et non d’un seul événement isolé.

Djamal Guettala 

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Gaza : une force internationale en préparation, mais …

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Gaza
Gaza rasée par l'armée israélienne.

La capitale qatarie a accueilli mardi une réunion préparatoire pour la création d’une force internationale de maintien de la paix à Gaza, destinée à sécuriser les zones sous contrôle israélien et à soutenir la stabilisation après les récentes hostilités.

Quinze pays ont été invités, mais beaucoup, dont l’Azerbaïdjan, la Belgique ou la Corée du Sud, n’ont pas envoyé de représentants.

Selon les médias israéliens, l’Indonésie et l’Italie se disent prêtes à participer, mais sous conditions strictes : leurs troupes ne doivent pas franchir la ligne de contrôle israélienne et rester en dehors des zones sous influence de Hamas. La Turquie, exclue du forum qatari en raison de l’opposition israélienne, maintient pour sa part son intérêt pour la participation future, en particulier lors de la phase de reconstruction.

L’Azerbaïdjan, souvent citée comme candidate pour rejoindre la force, a choisi de ne pas s’impliquer, invoquant des questions sur le mandat et les responsabilités des troupes, ainsi que la préservation de ses relations diplomatiques avec Israël et la Turquie.

La première implantation devrait se concentrer dans le sud du territoire, à Rafah, avec un déploiement progressif dans d’autres bases sous contrôle israélien. L’objectif affiché par les États-Unis est de lancer rapidement la force, afin de soutenir la mise en œuvre de la « phase Trump » et de donner un cadre légitime à la présence internationale.

Les observateurs notent que, malgré les réticences, l’initiative pourrait constituer un test crucial pour la coordination internationale à Gaza, notamment en ce qui concerne la distribution de l’aide humanitaire et la prévention des affrontements locaux. Israël, tout en coopérant à l’installation de la première base, reste prudent sur l’entrée de forces étrangères armées sur le terrain.

Mourad Benyahia 

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Mohamed Lamine Belghit, nous ne sommes pas de ton monde

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Mohamed Lamine Belghit
Mohamed Amine Belghit

Lamine Belghit, c’est dur d’être un démocrate qui te fait face. Car malgré l’horreur de tes positions, je me soumets à l’obligation que m’imposent mes convictions, c’est-à-dire d’admettre que tu as le droit de prononcer des propos choquants (c’est un euphémisme). Malgré tout cela, je veux mener un combat frontal contre toi mais ne pas t’emprisonner. Nous ne sommes pas du même monde.

Avant de revenir sur tes propos nauséabonds, je souhaiterais te dire mon accord le plus soutenu aux propos de Samia Naït Iqbal dans son article sur la grâce sélective dont tu as  bénéficié alors que des dizaines de prisonniers politiques croupissent dans les geôles d’un régime que tu approuves.

Tes propos sont insoutenables mais être démocrate, c’est dur, il faut parfois se boucher le nez pour accepter le principe fondamental de ce choix qui a fait avancer le monde. Hélas elle échoue pour beaucoup car, toi, tu as reculé vers le fond des âges sombres.

Je suis obligé de vaincre ma rage lorsque j’affirme que tes propos sont toujours libres. Ta haine envers des êtres humains n’est pas un délit, elle est une insulte à leur égard. Tes opinions ne pourront jamais tenir, car s’ils sont incrustés dans les cerveaux de beaucoup qui te ressemblent, l’histoire finit toujours par passer la voiture balai pour les nettoyer. 

Hélas, les salissures reviennent et la communauté des êtres humains est condamnée à les enlever inlassablement. C’est ainsi que la démocratie avance, elle n’a pas une route rectiligne et dégagée. 

Ce sont des choses que je ne peux ni t’expliquer ni t’en convaincre car tu as une couche d’antidote envers l’école et son instruction. L’humanité doit combattre tes propos, elle ne peut emprisonner tous les monstres de la terre, nous n’aurions pas assez de prisons et c’est le contraire de nos convictions, je te l’ai déjà dit.

Mohamed Lamine, tu n’as même pas eu le courage d’assumer tes positions. Tu t’es agenouillé devant tes suzerains pour demander pardon et les remercier pour la grâce qui t’a été accordée. C’est dire si ta haine est courageuse et va jusqu’au bout de ses convictions. 

Les prisonniers politiques les ont assumées et je ne les ai vus ni entendu renier leurs convictions. Tu n’es pas de leur monde comme tu n’es pas du mien.

Dans cette histoire il ne m’est pas nécessaire de te parler de mon affection et soutien aux droits de ceux que tu as insultés violemment. Je les ai affirmés depuis tant d’années qu’il n’est effectivement pas nécessaire de les rappeler.

Et puis, Mohamed Lamine Belghit, mon soutien à leur égard n’est pas exclusif. Ils sont mes compatriotes comme tous les autres et je ressens ton insulte comme s’adressant à tous. C’est l’humanité que tu insultes.

Je n’approuve pas ta condamnation pénale comme je la combats pour tous ceux qui ont été jetés dans les geôles pour leurs idées. Je la combats car je ne reconnais pas la justice d’un état autoritaire, dirigé par des personnages qui partagent ton idéologie.

Tu penses être dans la noblesse de la pureté civilisationnelle. La pureté n’existe pas pour une civilisation, c’est un concept racialiste, elle n’exige pas un adjectif. Elle n’a besoin ni d’être pure ni d’être malsaine. 

Oui, Lamine, c’est dur d’être un démocrate, très dur. Il faut avoir de la sérénité, de la conviction et du courage pour l’assumer. Dans une autre vie, peut-être, nous arriverons à faire de toi un être humain digne de respect.

Que nos compatriotes de Kabylie et d’ailleurs soient fiers de ce qu’ils sont, chacun dans sa singularité et sa richesse. Nous avons exprimé notre jugement sur ta personne, il faut maintenant tourner la page car nous avons une longue route d’espérance à faire ensemble, sans toi et tes camarades aux idées des ténèbres.

Boumediene Sid Lakhdar

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