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vendredi 4 juillet 2025
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Karim Tabbou : la féodalité politique et le clientélisme ont asphyxié l’administration

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Karim Tabbou

J’ai accompli, lundi 23 juin 2025, l’obligation de signature sur le registre de mon contrôle judiciaire au niveau de la caserne relevant de la sécurité intérieure.

Profitant de cette « routine judiciaire », et afin d’éviter de perdre inopportunément cette journée, j’ai décidé de la mettre à profit pour écrire, diffuser et susciter des débats, des commentaires et des partages. Et ce, malgré l’interdiction qui m’a été signifiée et consignée parmi les obligations de mon contrôle judiciaire. Il s’agit ici d’un billet politique sur les sujets d’actualité.

Cette fois, j’ai choisi de consacrer mon propos à la situation de notre chère Algérie. Entre mémoire trahie et avenir confisqué.

Dès les premiers enseignements de science politique, on apprend que la puissance d’un État est une notion complexe, qu’elle ne se résume ni à sa taille géographique ni à l’autorité de ses dirigeants. Elle ne peut, en aucun cas, se mesurer à cette idée dépassée de domination et de capacité à assujettir la société. Une telle vision est doublement erronée : elle déforme la notion même de puissance et vide de sens celle de l’État.

Si certains experts considèrent encore que la puissance peut être fonction du volume territorial ou de la position géographique, il convient d’aller bien au delà.

Certes, un vaste territoire est souvent synonyme de richesses naturelles, et une position géostratégique peut représenter un levier important. Mais la puissance réelle se construit par la qualité des institutions, la nature du système politique, l’équilibre entre souveraineté et ouverture, et l’intégration harmonieuse dans l’ordre mondial.

Un État doit entretenir des relations équilibrées avec ses voisins et ceux de sa périphérie. Il lui faut aussi tisser des partenariats régionaux solides. Car de bonnes relations diplomatiques sont synonymes d’opportunités économiques, d’alliances stratégiques, et de stabilité.

Dans un monde où les puissances influencent même à distance, ce sont la gouvernance, l’indépendance politique, la dynamique économique, et la légitimité démocratique qui définissent réellement la stature d’un pays.

Sans une politique de prospective, un État, même nanti de richesses et d’espace, risque l’isolement, la marginalisation, voire l’effacement progressif de son influence et de son identité diplomatique sur la scène internationale.

Et c’est exactement ce qui arrive à l’Algérie

Ce pays, qui fut jadis un exemple de courage et de résistance, a marqué l’histoire diplomatique mondiale par ses prises de position durant la guerre de libération, par l’intelligence de ses dirigeants devant les instances internationales, par le contenu et la qualité des correspondances adressées aux dirigeants dans le monde, et par les prestations remarquées de ses délégations dans les forums sur la décolonisation.

Ce legs historique a fondé une diplomatie enracinée dans les valeurs de liberté et d’engagement.

Mais aujourd’hui, l’Algérie semble en marge de toutes les dynamiques régionales et mondiales, contrainte de subir les effets dévastateurs de choix politiques et économiques désordonnés, improvisés, et sans vision.

Malgré ses ressources énergétiques colossales, ses plus de deux millions de kilomètres carrés, son potentiel humain inestimable, l’Algérie reste embourbée dans une instabilité politique et institutionnelle chronique.

Les conflits internes au sein du pouvoir, les luttes d’intérêts et les affrontements claniques ont affaibli les institutions et détérioré l’image du pays à l’extérieur.

La féodalité politique et le clientélisme ont asphyxié l’administration, qui ne joue plus son rôle d’instrument de l’État. Elle est devenue le reflet d’un pouvoir préoccupé uniquement par sa survie, ses privilèges et ses réseaux. L’idée même d’un État fondé sur la volonté populaire a été remplacée par un système de domination au service des clans et de leurs appareils.

Sur le plan économique, les blocages sont profonds : bureaucratie pesante, corruption systémique, taux de chômage élevé, chute du dinar, économie informelle représentant près de 40 % de l’activité nationale, dépendance absolue à la rente pétrolière, absence d’investissements stratégiques, retard technologique criant, et méthodes de gestion archaïques. Autant de facteurs qui font régresser l’Algérie dans tous les classements internationaux et limitent sa portée géopolitique.

Sur le plan politique, malgré les sommes colossales investies pour construire une image de stabilité et de modernité — en prétendant défendre la démocratie contre l’islamisme —, le pouvoir en place à profité pour renforcer son arsenal répressif et museler toute forme de contestation. Il a sciemment, pour s’assurer une complicité, confondu lutte contre le terrorisme et mise sous silence des libertés publiques, multipliant les prétextes pour verrouiller le pays et couper la voix du peuple.

Derrière le vernis « démocratique fait de pluralisme de façade, s’est installée une véritable dictature, dont la seule doctrine consiste à bloquer l’émergence d’un projet démocratique authentique.

L’Algérie d’aujourd’hui est le fruit amer de décennies d’aveuglement. Elle se retrouve isolée, fragilisée, perdue dans un monde qui évolue rapidement, tenu à l’écart des grandes transformations économiques, technologiques et politiques. Elle a consommé tout son capital historique, dilapidé son crédit diplomatique, et brisé la confiance de son propre peuple.

Elle est aujourd’hui prise en otage par une poignée de décideurs qui ne possèdent ni la compétence, ni la vision, ni même la volonté de préparer l’avenir.

Au lieu de s’appuyer sur ses talents, de promouvoir les compétences et de créer les conditions de la libre expression et de l’innovation, ce pouvoir préfère maintenir le pays dans l’improvisation, la médiocrité et la peur.

L’Algérie se referme sur elle-même, alors qu’elle aurait pu jouer un rôle central dans la Méditerranée, être un moteur de développement en Afrique du Nord, et un exemple démocratique pour tout le Maghreb.

Pourtant tout n’est pas perdu

L’Algérie recèle encore un potentiel humain extraordinaire. Elle regorge de jeunes brillants, d’universitaires compétents, de femmes et d’hommes engagés, d’artistes, de chercheurs, de militants.

Elle possède une histoire forte, marquée par la résistance et la volonté de rester digne.

Il n’est pas inutile de le rappeler que nous avons un devoir sacré envers nos martyrs. L’idéal de liberté pour lequel ils ont offert leur vie ne doit pas être trahi. Il doit être ravivé, défendu, revendiqué, pour qu’ils ne soient pas morts en vain.

C’est cette flamme, portée par les aspirations profondes du peuple algérien, qui redonnera à notre pays sa véritable image.

L’Algérie, au-delà des intrigues d’un pouvoir finissant, retrouvera sa place, sa fierté et son rayonnement.

Une Algérie démocratique, souveraine, inclusive et ambitieuse sera une puissance respectée et un modèle pour sa région.

Une Algérie algérienne, qui n’a pas besoin de s’aligner sur l’Occident ou de se soumettre à l’Orient.

Une Algérie tournée vers la modernité et l’universalité, en harmonie avec son héritage millénaire et ses luttes successives pour la liberté.

Mon soutien indéfectible aux détenus d’opinion. Gloire à nos valeureux martyrs.

Karim Tabbou, Alger le 25 juin

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Algérie : quand le pouvoir perd la parole, il perd le peuple

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Dans une démocratie vivante, la parole est un acte. Gouverner, c’est parler. C’est s’exposer, assumer, répondre. Un ministre qui prend la parole engage son nom. Un président qui s’adresse à son peuple engage sa légitimité. Même le silence peut être politique — s’il est habité, assumé. Mais en Algérie, ce n’est pas le silence qui domine, c’est le vide.

Le pouvoir s’est retiré du langage comme il s’est retiré de la société. À sa place : le communiqué. Un outil froid, impersonnel, sans visage. Guerre ou crise, décisions majeures ou faits mineurs, tout y passe. Même ton, même distance. Aucune voix, aucun corps. Comme si le pays était dirigé par un protocole, pas par des êtres humains.

Le 22 juin 2025, en pleine escalade israélo-américaine contre l’Iran, que fait l’Algérie ? Une phrase. Un communiqué du ministère des Affaires étrangères, relégué sur les réseaux. Pas de ministre face à la presse. Aucun geste diplomatique visible. Aucun mot adressé aux Algériens. Comme si dire devenait une faute. Comme si le silence était devenu doctrine.

Le Conseil des ministres, quelques jours plus tôt, suit la même logique. Des projets annoncés — agriculture, diaspora, numérique. Mais qui les porte ? Qui les explique ? Le président lui-même ne s’adresse jamais directement à la population. Tout est lu, filtré, verrouillé. Le pouvoir parle sans présence. Il gouverne sans contact.

Ce n’est pas une erreur. C’est une méthode. Le communiqué est devenu le langage d’un pouvoir qui ne veut plus assumer. Il ne dialogue pas, il notifie. Il ne s’adresse pas à des citoyens, mais à une masse abstraite. Il évacue la contradiction, redoute l’interpellation, refuse d’habiter le débat. Ce n’est pas une parole politique — c’est une fermeture.

Et à force de ne plus parler, le pouvoir ne sait plus écouter. Il s’enferme dans une langue morte — faite de formules creuses, de phrases standardisées, d’énoncés qui tombent à plat. Mais un pays ne se gouverne pas par automatisme. Un peuple ne se respecte pas par omission. On ne dirige pas une nation à coups de paragraphes anonymes.

Un État qui ne parle plus est un État que l’on n’écoute plus. Mais en Algérie, cela fait longtemps que le peuple ne tend plus l’oreille. Parce qu’il sait qu’il n’y a rien à entendre. Plus de vision, plus d’engagement, plus de confiance. Le divorce est ancien, profond, irréversible. Ce régime ne s’adresse plus à la société — il s’adresse à lui-même, dans un monologue qui tourne à vide.

Le pouvoir ne perd pas le peuple : il l’a déjà perdu. Et à force de vouloir gouverner sans voix, sans regard, sans débat, il ne lui reste plus qu’une autorité désincarnée — administrative, opaque, solitaire. Mais on ne dirige pas un pays comme on gère une boîte aux lettres officielle.

Il est trop tard pour les faux-semblants. Ce qu’il faut, ce n’est pas une meilleure communication, c’est le retour de la parole politique. Une parole qui engage, qui répond, qui reconnaît l’autre. Car dans un pays où le peuple est tenu à l’écart, il ne reste que l’usure, la méfiance, et cette colère sourde qui finit toujours par chercher un chemin.

Mohcine Belabbas, ancien président du RCD

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Connerie généralisée, il est à craindre que le temps d’incubation touche à sa fin !

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Boualem Sansal.
Boualem Sansal, une des nombreuses victimes de l'arbitraire en Algérie.

25 juin 2025 – Lendemain du procès en appel de Boualem Sansal. Ces derniers jours, je me demandais si je pouvais à mon tour être persona non grata en Algérie, à cause d’un certain écrit. En effet, le récit dont il est question a de quoi vexer des susceptibles et leur faire tendre le bras pour se saisir du gourdin qui sait refroidir les écrivains libres.

Par libres, il semblerait qu’il faille entendre engagés.
Personnellement, je préfère libres. Engagés sonne comme « adeptes d’autre chose ».
Va pour l’un ou l’autre.

Le gourdin en question, parlons pour l’instant du modèle algérien, assomme dans le désert, sur la côte, en montagne, pourvu que tout cela soit algérien. Tout le reste tombe à peu près dans l’eau.

Dans ce beau pays, qui ne manque pas de sujets importants à traiter, la justice est à l’œuvre.

Elle fait chaque matin le tour de la toile d’araignée nationale pour voir si, par chance, elle pouvait mettre la main sur un écrivain un peu trop libre.
Et, elle en a trouvé un.

Un, d’un modèle particulier, scindé en deux.

D’un côté, plus théoricien et crédule, totalement sourd aux avertissements de l’autre côté qui prévient à longueur d’écrits. Ni une, ni deux, Il y va (retourne chez lui) quand même, droit dans le filet. Et personne ne pourra lui reprocher la naïveté qui vous transforme un homme, non pas en homme intelligent, mais en écrivain, ce qui n’a rien à voir.       

Cet homme, au pouvoir si grand qu’il fait craindre au président de la République algérienne de voir le tapis s’envoler sous ses pieds, a eu droit à une rencontre au sommet.

Le Mont Connerie, massif qui se jette dans les hauteurs à chaque fois et partout où les hommes se prennent un peu trop au sérieux, a servi de théâtre à son procès.

Coupable, présent. Madame la juge, présente.    

Les 10 premières minutes d’ascension sur cette sainte montagne furent consacrées à des échanges lunaires, sans doute pour s’habituer à l’altitude.
Les 5 dernières, au pas de course, promettaient un planté de drapeau comme jamais cette montagne n’en avait connu.       

« Monsieur l’écrivain, dit la juge. Pourquoi n’écrivez-vous pas autre chose ? » 
À cet instant, d’après de nombreux témoins, la montagne fit un bond supplémentaire, elle-même surprise du niveau atteint. L’écrivain, collé dans la toile, bosse de gourdin au milieu du front, s’est vu proposer une résidence sommitale pour les 10 années à venir.
Le temps d’une glaciation.

Face à cet exploit, le constat s’impose que des montagnes comme celles-ci, j’en ai vu de mes yeux. Il ne s’agit pas de mettre en question cette vérité universelle que nous sommes tous le con de quelqu’un (si quelqu’un n’en a pas, je peux dépanner), mais de se dire que la terre n’est pas si plate que cela.

Elle tremble sous mes pieds, et cette terre est bel et bien française. Ici aussi, des cons à profusion. Mais; pour l’instant, au nord de la méditerranée, la toile est encore un filet dans lequel l’usage irréfléchi d’opinion rebondit mollement avec son propriétaire. Le gourdin républicain protège l’initiateur de la bêtise proférée, comme je le fais ici et maintenant, au lieu de lui demander de dire autre chose, d’écrire autre chose.

Je prophétisai, un peu à l’aveugle, avec cette même naïveté qui n’est pas un cadeau, que l’Algérie est l’oracle, la boule de cristal dans laquelle nous mirer. Non pas que nous y verrions une bonne ou une mauvaise nouvelle, mais peut-être la désolante vérité que nous n’avons collectivement jamais été aussi cons.

Tout cela mérite un exposé plus détaillé. Ce sera pour plus tard. Car, même si je ne peux plus jamais remettre les pieds de l’autre côté, j’attendrai ici que l’autre revienne, qu’il raconte son périple jusque tout là-haut et la périlleuse descente vers nous, et cela, personne ne le fera mieux que l’écrivain qui est en lui.

Marcus Hönig, écrivain, auteur de Les Larmes de Jimmy et Planète verte

Ce texte est tiré du site de l’auteur avec son aimable autorisation

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Le procès de l’ex-détenu d’opinion Khellaf Aït Chebib renvoyé

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Khellaf Aït Chebib
Khellaf Aït Chebib

Le tribunal criminel d’appel d’Algera décidé le renvoi à la prochaine session criminelle du procès de Khellaf Ait Chebib, ex-détenu d’opinion, selon l’avocate Me Fetta Sadat.

Placé sous mandat de dépôt en date du 14 décembre 2021, une peine de 3 ans de prison ferme et 100 000 dinars d’amende ferme lui a été infligée, rapporte Me Sadat.

Khellaf Ait Chebib a été libéré de la prison de Koléa en date du 14/11/2024 après avoir purgé l’intégralité de sa peine, lit-on dans le communiqué de la défenseuse des droits humains.

Son jugement de condamnation ayant été cassé et annulé par la Cour suprême en son arrêt du 31/10/2024. Le procès criminel en appel a été programmé de nouveau à l’audience d’ aujourd’hui par devant le tribunal criminel d’ appel d’Alger (cour d’ Alger) ».

Il y a près de 250 prisonniers d’opinion en Algérie. Un nombre indéterminé d’Algériens sont sous interdiction de quitter le territoire national.

La rédaction

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Tebboune reçoit une délégation de la société américaine ExxonMobil

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Tebboune et des responsables de ExxonMobil
Tebboune reçoit des responsables de ExxonMobil

M. Abdelmadjid Tebboune a reçu, mercredi au siège de la Présidence de la République, une délégation de la société américaine ExxonMobil.

L’audience s’est déroulée en présence du directeur de Cabinet à la Présidence de la République, M. Boualem Boualem, du ministre d’Etat, ministre de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables, M. Mohamed Arkab, du PDG de Sonatrach, M. Rachid Hachichi et du conseiller auprès du président de la République chargé des Affaires diplomatiques, M. Amar Abba.

De quoi ont-ils parlé ? De quels éventuels investissements en Algérie ? On en sait rien. Le communiqué est resté muet sur le contenu des échanges.

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DJ Snake en Algérie : rêve imminent ou mirage entretenu ?

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Dj Snake

Les réseaux sociaux s’enflamment. Les fans jubilent. Certains médias titrent déjà : « DJ Snake bientôt en concert en Algérie ». Mais à bien y regarder, rien n’est encore vraiment confirmé.

Alors que les attentes sont immenses, une question s’impose : DJ Snake foulera-t-il enfin une scène algérienne, ou sommes-nous face à une promesse encore floue, une annonce sans lendemain ?

Un emballement sans calendrier

Tout est parti d’un entretien sur France Inter, début mai. Interrogé sur un éventuel concert en Algérie, le producteur star répond : « C’est prévu. On en parle, et j’espère que ce sera pour bientôt. Les Algériens vont kiffer ça. »

Un vœu, une envie – certes sincère – mais pas un engagement formel. Depuis, aucune date, aucun lieu, aucun promoteur officiellement désigné. Rien n’a été communiqué par son équipe. Et pourtant, l’annonce est relayée comme une certitude.

Un accueil à la présidence, et après ?

Le 2 juin, DJ Snake est reçu par le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune. Une image forte, porteuse de symboles. L’artiste pose tout sourire aux côtés du chef de l’État, ce qui suffit à certains pour parler de « concert validé au sommet ». Mais là encore, le flou domine.

Le Palais ne publie aucun communiqué mentionnant un concert. DJ Snake, lui, se contente de quelques images postées sur Instagram, sans commentaire. Un moment institutionnel qui soulève plus de questions qu’il n’en résout.

Un retour « aux sources », mais pour quand ?

DJ Snake a plusieurs fois exprimé son attachement à l’Algérie, où il puise une partie de ses racines. Il a grandi à Paris dans un environnement multiculturel, bercé par les sonorités du raï et du hip-hop nord-africain.

Mais cette affection suffira-t-elle à franchir le pas logistique, technique et politique qu’impliquerait un grand concert en Algérie ? Le pays n’a pas l’habitude d’accueillir ce type de shows internationaux, encore moins dans des stades.

Une attente populaire, mais une communication opaque

Les Algériens veulent y croire. Ils veulent voir DJ Snake « chez lui », mixer devant une foule immense à Alger, Oran ou Constantine. L’enthousiasme est réel, sincère, palpable. Mais il se heurte à l’absence d’éléments concrets.

Aucune billetterie en vue. Aucun promoteur identifié. Aucun site retenu. Et une question : pourquoi faire autant de bruit si rien n’est signé ?

Vers une opération de com’ ?

Ce qui se joue autour de DJ Snake en Algérie dépasse la simple question d’un concert. C’est aussi l’image d’un pays jeune, moderne, connecté, que les autorités semblent vouloir mettre en avant.

Mais sans transparence, sans calendrier, la promesse pourrait vite virer au désenchantement.

En l’état, impossible de trancher. Ce qui est sûr, c’est que DJ Snake est attendu. Et qu’en Algérie, les promesses culturelles engagent celles et ceux qui y croient encore.

Djamal Guettala

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Conseil du gouvernement : la carte scolaire, le projet intégré de phosphate, l’exploitation des unités industrielles confisquées…

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Palais du gouvernement

Le Premier ministre, Nadir Larbaoui, a présidé ce mercredi une réunion du gouvernement consacrée au suivi de la réalisation des grands projets et à l’examen de propositions concernant plusieurs secteurs, selon un communiqué des services du Premier ministre.

Au cœur des discussions, le projet intégré de phosphate et sa ligne ferroviaire minière ont fait l’objet d’un examen approfondi. La réunion a permis de passer en revue les progrès enregistrés dans la mise en œuvre de ce complexe stratégique, tant pour ses aspects industriels que pour l’infrastructure de transport qui l’accompagne. Ces deux composantes majeures s’inscrivent directement dans la stratégie nationale approuvée par le Président de la République, visant à valoriser les ressources minières du pays et à développer une industrie nationale à forte valeur ajoutée. L’objectif est clair : garantir l’intégration industrielle et contribuer activement à la souveraineté économique et à la sécurité alimentaire de l’Algérie.

Parallèlement, la carte scolaire a été un dossier central des délibérations. Le gouvernement a attentivement écouté une présentation sur cet outil stratégique de planification. La carte scolaire est destinée à organiser de manière optimale la création et la répartition géographique des établissements publics d’éducation et d’enseignement. L’objectif est d’assurer une couverture équilibrée et équitable sur l’ensemble du territoire national, garantissant ainsi les meilleures conditions de scolarisation possibles pour tous les élèves.

En outre, une autre présentation a porté sur les avancées réalisées dans la mise en exploitation des unités industrielles confisquées par des décisions de justice définitives dans le cadre de la lutte contre la corruption. Ces unités ont été transférées au profit d’organismes et d’institutions publiques, et la réunion a permis de constater les mesures prises pour assurer leur entrée en exploitation, conformément aux directives du Président de la République à cet égard.

Dans le cadre du suivi continu du programme de sécurisation de l’eau, le gouvernement a écouté un exposé sur l’état de l’approvisionnement en eau potable et les mesures prises pour améliorer ce service public, parallèlement à l’augmentation de la production d’eau potable grâce à l’exploitation progressive des nouvelles stations de dessalement de l’eau de mer et à la réalisation de nombreux projets de raccordement et de transfert.

Enfin, le gouvernement a écouté un exposé sur la réinsertion sociale des détenus. Cette présentation a permis de détailler les différents mécanismes et formules mis en place pour la prise en charge et l’accompagnement des détenus, en leur offrant des opportunités de poursuivre leur éducation et leur formation, afin de garantir leur intégration sociale pour une société sûre et solidaire.

Samia Naït Iqbal

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Sandrine-Malika Charlemagne : une œuvre entre art, pensée et engagement

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Sandrine Malika Charlemagne @ Alain Barbero
Sandrine Malika Charlemagne @ Alain Barbero

Sandrine-Malika Charlemagne est une artiste de la plume et de l’image, profondément enracinée dans l’univers du théâtre, de la poésie et du roman. Formée à l’art dramatique aux côtés de Véronique Nordey, puis auprès de grandes figures telles que Jean Claude Fall et Armand Gatti, elle incarne dès ses débuts une voix aux multiples résonances, habitée par la scène, la parole et l’écriture.

Son parcours, entre les planches et l’écran, l’amène à rejoindre les Ateliers Varan, où elle se forme au documentaire. Elle y réalise plusieurs courts métrages, parmi lesquels En attendant Hugo et Si Balzac m’était conté.

Sa production littéraire est aussi éclectique que féconde. Elle s’ouvre avec Anastasia, une pièce radiophonique tirée de son œuvre dramatique et diffusée sur France Culture. En poésie, elle publie Parallèles (2005), Sauvez la beauté (2018) et La Petite ouvrière métisse (2023), ce dernier étant salué pour sa puissance incantatoire et sa capacité à réveiller les voix féminines opprimées.

Elle s’empare également du roman avec trois titres majeurs : À corps perdus, Mon pays étranger (2012, La Différence) et La Voix du Moloch (2020, Éditions Velvet), ce dernier bénéficiant du soutien du Centre national du livre. Dans ce récit, elle dresse le portrait d’Alice, une femme métisse entre la France et l’Algérie, aux prises avec des tensions familiales, les réalités sociales et la quête d’identité dans un Paris ouvrier, révélant ainsi « le jeu d’ombres et de lumière des existences ».

Son œuvre la plus récente, La Traqueuse (2023, Velvet), est un roman inclassable, croisant fantastique, réflexion philosophique et enjeux sociétaux contemporains. L’intrigue oscille entre mondes parallèles – la Cité, l’Intermonde, le Tréfonds – et explore le parcours d’une héroïne métisse en quête de sens, confrontée à la vieillesse, aux dilemmes technologiques et aux pensées de Heidegger ou Arendt. Acclamé pour la flamboyance de son style et la profondeur de ses interrogations sur le bien, le mal, la vie et la mort, le roman exprime son ambition de penser notre époque avec les ressources de la littérature et de la philosophie « du Dieu Phynance et d’au-delà ».

L’écriture de Sandrine-Malika Charlemagne se distingue par sa sensibilité engagée. Elle prête sa voix aux invisibles – femmes, métis, ouvriers, migrants – et fait éclater les frontières entre les genres littéraires. Cet engagement transparaît dans ses textes, dans les ateliers qu’elle anime auprès de la jeunesse urbaine, des aînés ou des personnes en soin, mais aussi dans une parole militante relayée à travers lectures publiques, festivals et prises de position dans l’espace littéraire. Chez elle, le politique et le poétique s’entrelacent, entre enracinement local (à Paris, en Kabylie ou en banlieue) et visée universelle.

L’impact de son œuvre réside dans cette capacité à faire résonner une pluralité de voix – poétiques, philosophiques, populaires. Elle scrute notre civilisation, ses parts d’ombre et de lumière, et convie ses lecteurs à embrasser la complexité de l’humain. À travers ses textes, elle questionne les enfermements culturels et les dualismes : femme/homme, vie/mort, ici/ailleurs, métissage/identité. Elle façonne ainsi un espace littéraire où l’ordinaire côtoie l’au-delà.

Toujours fluide, son écriture circule entre les registres, des ateliers d’écriture aux ondes radiophoniques, de l’intime à la voix collective. Elle bâtit une œuvre ascendante, de la scène au poème, du documentaire au roman, portée par une pensée humaniste et philosophique affirmée. Son influence rayonne des planches aux librairies, des festivals aux cercles de réflexion, faisant d’elle une figure incontournable de la littérature contemporaine.

Dans cet entretien, Sandrine-Malika Charlemagne nous ouvre les portes d’un univers littéraire pluriel, où le théâtre côtoie la poésie, le roman dialogue avec la philosophie, et où l’engagement donne voix aux oubliés. Entre réflexion intime et regard acéré sur le monde, elle nous partage sa vision de l’écriture comme acte de résistance et de transmission.

Le Matin d’Algérie : Votre œuvre navigue entre théâtre, poésie, roman et documentaire. Qu’est-ce qui vous guide dans ce passage fluide d’un genre à l’autre ? 

Sandrine-Malika Charlemagne : La passion. Le désir. L’expérimentation des formes. Pour le théâtre, c’est mon passage au cours Véronique Nordey qui a été le déclencheur. C’est là-bas que j’ai découvert l’univers théâtral, la magie, l’effervescence, les vies sublimées, j’ai dévoré des pièces, et suis allée pour la première fois au théâtre. J’avais un peu plus de 20 ans. Plus tard, j’ai osé l’aventure de l’écriture théâtrale. 

La poésie, elle, c’est sans doute en lien avec l’adolescence, cela a commencé au collège. J’adorais la poésie. J’étais souvent volontaire pour la réciter par cœur en classe. Les fenêtres de Baudelaire, ça m’avait bouleversée, peut-être parce que je ne voyais depuis la fenêtre de ma chambre qu’un haut mur gris de béton. Puis un jour, un déclic, et sont nées mes tentatives poétiques. 

Le roman, c’est plus mystérieux. Mais ce sont mes lectures romanesques qui m’ont aidée à franchir le pas. Même si bien sûr parfois je me dis que tout a été écrit avec une telle puissance, que je ne sais si je suis vraiment à la hauteur. Mais écrire, créer, c’est mon oxygène. Quant au documentaire, c’est une façon de raconter autrement, de restituer sur la toile des paroles ou des ambiances, j’ai toujours été fascinée par les images cinématographiques. En 2014, j’ai suivi un atelier de formation au cinéma documentaire aux Ateliers Varan, pour mieux appréhender le processus de la réalisation et acquérir quelques outils qui me furent très précieux. 

J’aime naviguer au gré du courant. Là où mon inspiration me porte.

Le Matin d’Algérie : Dans La Petite ouvrière métisse, vous donnez voix à des figures féminines marginalisées. Comment la poésie peut-elle devenir un espace de réparation ou de résistance ?

Sandrine-Malika Charlemagne : La poésie, un espace où l’on communique avec le sensible, avec l’autre, avec soi. Pour moi, davantage un espace de consolation. De recherche intérieure. Un espace d’illuminations et/ou de révélations.

Le Matin d’Algérie : De Mon pays étranger à La Traqueuse, vos héroïnes explorent souvent le métissage et la quête d’identité. Est-ce une manière de questionner la mémoire collective et les appartenances ?

Sandrine-Malika Charlemagne : Dans Mon pays étranger, la narratrice qui ne parviendra pas jusqu’à la tombe de son père, enterré en Algérie, est sans doute en fait plus à la recherche d’une mémoire collective qu’en quête d’une identité. Pour La traqueuse, Alètheia, l’héroïne principale, d’origine franco-malienne, se retrouve au cœur d’une trame en lien avec la mémoire collective. 

Avec Alètheia, qui signifie « vérité » en grec ancien, le métissage est présent de fait, mais c’est principalement la recherche spirituelle qui domine. Effectivement, ces questionnements sont souvent présents dans mes ouvrages.

Le Matin d’Algérie : La philosophie irrigue votre écriture, notamment dans La Traqueuse où Arendt et Heidegger apparaissent en creux. Quelle place tient la pensée dans votre travail littéraire ?

Sandrine-Malika Charlemagne : Je pense que ce qui reliait Martin Heidegger et Hannah Arendt est un thème éminemment romanesque. Une telle passion les unissait si fort que la mort ne pouvait pas les séparer. Il y a d’ailleurs eu le film de Margarethe von Trotta qui évoque en filigrane leur histoire.

D’après Borges, la théologie appartient au genre de la littérature fantastique. Il me semble que la philosophie peut fournir des thèmes pour la littérature. Dans La traqueuse, j’ai souhaité explorer ce qui se passerait si on remettait en question la distinction entre objet et sujet. Dans ce cas, la réalité n’est plus extérieure à soi, mais elle devient notre création, comme l’évoquent certains des personnages de La traqueuse dans l’Intermonde. La carte n’est plus une représentation du monde, elle est littéralement le territoire. Dans cet ouvrage, j’ai donc tenté d’explorer les possibilités qui m’étaient offertes.

Le Matin d’Algérie : Votre écriture mêle étroitement engagement et sensibilité. De quelle manière parvenez-vous à faire dialoguer l’expérience personnelle avec les enjeux collectifs ? 

Sandrine-Malika Charlemagne : J’ai toujours été sensible aux inégalités. M’interroger sur la façon dont s’organise la collectivité à laquelle j’appartiens fait en quelque sorte partie de mon ADN.

Dans notre monde protéiforme, il y a beaucoup de causes qui nous interpellent. M’engager dans l’écriture, c’est essayer de dire ce que je ne saurais exprimer avec clarté par la parole. Je fonctionne surtout par intuition, et disons avec ma sensibilité. 

De même, c’est à partir de mon expérience personnelle, des rencontres et de ce que j’observe en silence, que j’analyse certains événements. Et naît alors, sans que je le décide vraiment, cette imbrication entre expérience personnelle et enjeux collectifs.

Le Matin d’Algérie : Avec La Traqueuse, vous explorez des mondes parallèles, les dilemmes technologiques, le vieillissement et des figures philosophiques comme Heidegger ou Arendt. Qu’est-ce qui vous a poussée à mêler ces dimensions, et quel regard portez-vous sur la frontière entre réel et fiction aujourd’hui ?

Sandrine-Malika Charlemagne : Il est clair que la fiction se nourrit du réel. Pour moi, on ne crée pas à partir de rien. Mes écrits naissent de mes lectures, de mon vécu, mais aussi d’impulsions. Ensuite se mêlent l’imaginaire, les personnages qu’on transfigure. Les mondes parallèles m’ont toujours fascinée, j’ai vu pas mal de films de science-fiction, entre autres la tétralogie Matrix et Inception. C’est quoi la réalité ? Existe-t-il un autre espace-temps ? La technologie nous sauvera-t-elle ou nous conduira-t-elle à notre perte ? La fiction peut aussi inspirer la réalité. Un exemple, et ce n’est sans doute pas le seul, est celui de la cape d’invisibilité de Harry Potter. Des scientifiques se sont mis à réfléchir à comment fabriquer quelque chose qui aurait les mêmes effets. Ils se sont penchés sur l’étude des métamatériaux qui à ce jour permettent de faire disparaître partiellement certains objets. 

La frontière entre réel et fiction, c’est une énigme. 

Le Matin d’Algérie : À vos yeux, la double culture est-elle une richesse, un défi, ou les deux à la fois ? Comment cette pluralité nourrit-elle votre parcours personnel et artistique ?

Sandrine-Malika Charlemagne : Une double culture permet d’accéder à deux traditions, deux savoirs, deux visions du monde. Il s’agit là évidemment d’une richesse car la double culture offre plus de souplesse pour interpréter ce qui nous entoure, et peut-être aussi plus de matière à partir de laquelle il m’est possible de créer. En cela, elle est une richesse, mais aussi un défi. Celui de regarder selon deux angles différents. Concernant cette pluralité, je pense en fait que celle-ci me nourrit de manière très inconsciente. 

Le Matin d’Algérie : Pouvez-vous nous parler de vos projets actuels ou de ceux à venir ?

Sandrine-Malika Charlemagne : Avec Jean Asselmeyer, on accompagne les projections de notre documentaire, Deux vies pour l’Algérie et tous les damnés de la terre, qui évoque le parcours de Gilberte et William Sportisse, communistes algériens, ayant soutenu l’indépendance. C’est leur histoire dans la Grande Histoire.

Je viens d’achever l’écriture d’un manuscrit poétique et je termine celle d’un manuscrit romanesque.

Concernant mon dernier recueil de poésie, La petite ouvrière métisse, publié à La Rumeur libre, j’ai sollicité l’aide d’un ami, enseignant à l’Université Mouloud Mammeri, en Kabylie, pour une traduction en tamazight. Mais cela dépendra de son temps libre, l’avenir nous le dira. 

Le Matin d’Algérie : Un dernier mot peut-être ? 

Sandrine-Malika Charlemagne : Merci de m’avoir accordée ce temps d’échanges. Et une phrase de Mahmoud Darwich : « Libre je suis tout près de ma liberté. Mon futur est dans ma main. »

Entretien réalisé par Brahim Saci

https://sandrinemalikacharlemagne.blogspot.com

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L’Olympique Lyonnais relégué en Ligue 2 par la DNCG

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OL

C’est une onde de choc dans le paysage du football français. L’Olympique Lyonnais, club emblématique de l’élite hexagonale, a été officiellement relégué en Ligue 2 par la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG), mardi 24 juin, pour non-respect de ses obligations financières.

Malgré les explications de son président John Textor, venu défendre la situation économique du club lors d’une audition à Paris, les arguments n’ont pas convaincu. La DNCG a estimé que les garanties apportées étaient insuffisantes pour assurer la viabilité du projet lyonnais. Une décision radicale, rendue publique mardi en fin de journée, et qui marque une première historique pour le septuple champion de France.

Une dette étouffante

Le club rhodanien traîne une dette estimée à plus de 170 millions d’euros. Les ventes de joueurs et les récentes injections de fonds n’ont pas suffi à rassurer l’instance de régulation. Déjà interdit de recrutement lors du dernier mercato hivernal, Lyon s’enfonce dans une crise sans précédent.

Dans un communiqué, l’Olympique Lyonnais a annoncé son intention de faire appel, estimant que les mesures prises récemment suffisent à garantir la continuité d’exploitation. Le club espère inverser la décision dans les jours à venir.

Coup dur pour la formation à la française

Cette relégation, si elle venait à être confirmée, sonnerait comme un coup dur pour tout un écosystème. Car Lyon, ce n’est pas seulement un palmarès (7 titres de Ligue 1, 5 Coupes de France, 8 Trophées des champions), c’est aussi une école. L’un des centres de formation les plus performants d’Europe.

Des joueurs comme Karim Benzema, Houssem Aouar, Amine Gouiri ou encore Yassine Benzia y ont été formés avant de briller avec les Bleus… ou les Fennecs.

Le football algérien, qui continue de bénéficier de cette filière franco-algérienne, risque aussi de pâtir indirectement de cette relégation si elle devait affaiblir durablement l’académie lyonnaise.

Une page se tourne

L’OL, fondé en 1950, n’avait jamais connu la relégation depuis son retour en Ligue 1 en 1989. Symbole de modernité et de puissance sportive dans les années 2000, le club voit son modèle s’effondrer, victime d’une gestion financière sous haute tension.

Pour l’heure, la Ligue 2 attend un géant blessé. Et le football français, abasourdi, s’interroge : jusqu’où les exigences financières vont-elles remodeler la hiérarchie historique ?

Djamal Guettala

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Sébastien Delogu, député LFI, attendu en Algérie pour un déplacement entre mémoire et dialogue

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Sébastien Delogu, député LFI,
Sébastien Delogu, député LFI,

Le député français Sébastien Delogu, élu La France Insoumise des Bouches-du-Rhône, effectuera, du 26 au 30 juin, une visite en Algérie mêlant hommage personnel, participation à un forum économique et rencontre officielle avec les parlementaires algériens.

Un déplacement qui s’inscrit à la fois dans une démarche de mémoire familiale et de diplomatie de terrain, dans un moment où les relations franco-algériennes demeurent marquées par des tensions mais aussi par des gestes d’ouverture.

Dans une lettre adressée au chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune et au ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf, dont Le Matin d’Algérie a pu consulter une copie, Sébastien Delogu annonce officiellement son déplacement, qu’il souhaite «transparent, respectueux et tourné vers le dialogue entre les peuples ».

Le périple algérien débutera à Oran, ville chère à l’élu marseillais, où il se recueillera sur la tombe de son grand-père maternel au cimetière d’Aïn El Beïda, dans la commune d’Es-Senia. Un hommage intime, mais aussi un signal : la mémoire personnelle peut être une passerelle vers l’histoire collective.

Le lendemain, vendredi 27 juin, il rejoindra Alger, où il visitera successivement le Musée national du Moudjahid et le Mémorial du Martyr, avec un dépôt de gerbe en hommage aux combattants de l’indépendance algérienne. Il poursuivra par une visite de la Casbah, quartier historique inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, symbole de résistance et d’identité.

Le samedi 28 juin, le député participera au Sustainable Economy Forum (SEF), organisé à l’hôtel El Aurassi. Il y prendra brièvement la parole, appelant, selon nos informations, à des relations économiques plus équilibrées entre la rive nord et la rive sud de la Méditerranée, dans une logique de transition écologique et sociale. En fin d’après-midi (16h45–19h15), il visitera le Musée national des Beaux-Arts, qui abrite aussi bien les chefs-d’œuvre de la peinture algérienne moderne (Issiakhem, Racim, Khadda) que des pièces majeures de l’art européen (Delacroix, Picasso).

Le dimanche sera placé sous le signe de la culture et de la spiritualité avec une déambulation au Jardin d’essai du Hamma, puis une visite à la Grande Mosquée d’Alger, l’un des édifices religieux les plus vastes au monde.

Enfin, le lundi 30 juin, Sébastien Delogu sera reçu à l’Assemblée populaire nationale (APN) par la Commission des Affaires étrangères, une rencontre confirmée par le député Saad Laanani. Au programme : échanges sur la coopération parlementaire, mais aussi sur la situation régionale, les enjeux migratoires, et la nécessité d’un dialogue plus inclusif entre la France et l’Algérie.

Ce déplacement prend une dimension particulière à la lumière de plusieurs faits marquants du parcours de Sébastien Delogu à l’Assemblée nationale. En décembre 2023, il a été sanctionné pour s’être opposé publiquement à une députée issue d’une famille historiquement liée à la fondation de l’OAS, l’organisation terroriste française opposée à l’indépendance de l’Algérie.

Il avait dénoncé sans détour l’héritage politique de cette mouvance, provoquant des remous dans l’hémicycle. Cette prise de position courageuse, saluée par certains et critiquée par d’autres, lui a valu une amende parlementaire et une inscription au procès-verbal.

Quelques semaines plus tard, il adressait à cette même élue une carte de vœux sur laquelle il avait inscrit de sa main : « Vive l’Algérie libre ! ». Ce simple message de souveraineté a été qualifié de « provocation » par la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans une seconde lettre consultée par Le Matin. Une manière, pour Delogu, d’assumer un discours décolonial clair et de rappeler qu’aucune relation saine entre la France et l’Algérie ne peut faire l’impasse sur la vérité historique.

Connue pour ses engagements en faveur de la cause palestinienne, pour une mémoire apaisée, et pour une politique migratoire plus humaine, Sébastien Delogu entend incarner une autre voie : celle de la diplomatie populaire, du dialogue sans arrogance et du respect mutuel.

À l’heure où les relations franco-algériennes oscillent entre incompréhensions officielles et volontés de réconciliation, cette visite pourrait bien contribuer à nourrir un climat plus apaisé – du moins au niveau parlementaire et citoyen.

Djamal Guettala  

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