vendredi, 24 octobre 2025
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Karim Mamèche, le superflic trahi par la République

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Bylka

« Bylka – L’affaire de la BAC 18″, c’est le titre du livre coup de poing que publie ce jeudi 16 octobre 2025 Karim Mamèche aux éditions La Manufacture de livres. Un récit explosif, témoignage d’un homme broyé par la machine judiciaire et abandonné par ceux qui l’avaient jusque-là encensé.

Né à Paris, dans le 12ᵉ arrondissement, Karim a passé l’essentiel de son enfance et adolescence côté Porte de Montreuil dans le 20e. L’esprit viril et de bonne camaraderie qui régnait dans ce milieu « a forgé mon caractère de policier de la BAC » dit-il avec une fierté affichée.  « Ce quartier m’a fait policier », dit-il, avec une modestie qui ne l’a jamais quittée. Pendant vingt ans, sa hiérarchie l’a noté 7 sur 7. Flic exemplaire, stratégie de terrain, il est devenu le pilier de la BAC du 18ᵉ, ce secteur brûlant du nord de Paris où peu osent s’aventurer. Il y a gagné ses galons au sens propre et figuré.

Fils d’immigrés petits commerçants issus de la paysannerie de Kabylie des hautes montagnes décrite par Pierre Bourdieu comme un monde de l’honneur, élevé dans la droiture, le respect de la parole donnée et le sens du devoir, Karim Mamèche était de ces policiers que l’on montre en exemple. Trop irréprochable, peut-être. Trop car la jalousie, dans certains couloirs, s’insinue là où la lumière dérange. 

En 2019, une dénonciation calomnieuse va pulvériser sa vie. Traqué par la police des polices, espionné, surveillé. Pourchassé jusqu’à Tawrirt Iwadiyen, village kabyle de ses parents, par une commission rogatoire absurde, il est jeté en pâture à une presse avide de scandales.

Il n’y avait pourtant rien.

Aucune somme d’argent. Aucun bien de luxe. Aucune situation de privilège. Aucun lien supposé avec des généraux algériens. Aucun produit illicite. Rien que des potins, des rumeurs montées en épingle par un système qui, apparemment, voulait un coupable, mal né de préférence. Et il l’a trouvé : le flic intègre devenu suspect parce qu’il dérangeait. Il dérangeait non pas le service mais les égos, les fiers à bras. Il empêchait le narcissisme de certains de tourner en rond. Le résultat ? La haine à son encontre le conduit à huit ans de prison ferme. Dans ce milieu carcéral, il retrouve ceux-là même qu’il a envoyés en prison. Mais connaissant sa probité, il fut respecté par ceux-là et par tous les autres détenus. Il tenait la bibliothèque de l’établissement et s’en servait comme bureau d’écrivain public. Mais, deux ans derrière les barreaux avant que la Cour d’appel ne l’innocente, c’est quand même lourd. Deux ans volés, des rêves brisés, une dignité piétinée.

Sa famille a également payé le prix de cette épisode politico-judiciaire, c’est pourquoi il parle de punition collective. Sa fille Mayline, encore bébé au moment de son arrestation, ne le reconnaît plus à sa sortie. « Elle me fuyait, elle me demandait de quitter la chambre », souffle-t-il, la voix éraillée par l’émotion. « On m’a exécuté » murmure celui qu’on appelait autrefois Bylka (Kabyle en verlan), sans colère apparente, mais avec cette sagesse amère de ceux qui ont tout perdu pendant un temps long, trop long.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Une fois blanchi, Karim Mamèche renaît. Plutôt triomphalement. Réhabilité par sa hiérarchie, il retrouve l’estime du corps policier qui l’avait renié autrefois, le temps des dérives. Aujourd’hui, les plateaux de télévision l’invitent, les radios veulent sa parole et la presse écrite quémande ses interviews. De coupable désigné, il devient symbole de résilience. Les documentaristes le sollicitent, les médias commencent à le célébrer. La lumière se rallume là où l’injustice l’avait plongé dans l’ombre. L’homme que la République avait brisé, incarne désormais, à son tour, la plus tragique contradiction de celle-ci : l’inégalité devant la loi.

Un livre à lire, il fera date.

Hacène Hirèche

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Nawell Madani visée par une enquête à Paris après un incident sur les Champs-Élysées

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Nawell Madani

L’humoriste belgo-algérienne Nawell Madani, connue pour son franc-parler et ses spectacles à succès, fait l’objet d’une enquête du parquet de Paris pour violences sur mineur de moins de quinze ans, à la suite d’un incident survenu lundi 6 octobre 2025 sur les Champs-Élysées.

Selon les premiers éléments recueillis par la presse française (Le Journal du Dimanche, BFMTV), une famille se promenait sur l’avenue lorsque le plus jeune des enfants, âgé de six ans, s’est approché de la comédienne pour demander une photo. La scène aurait dégénéré quand l’humoriste, surprise par l’approche soudaine du garçon, lui aurait asséné un coup de pied dans la poitrine. L’enfant a chuté avant d’être transporté à l’hôpital Necker. Les médecins n’ont relevé aucune blessure grave, mais ont fait état d’un choc émotionnel.

Une version encore floue

Face aux policiers du 8ᵉ arrondissement, Nawell Madani a livré sa version : elle dit avoir cru à une tentative de vol.

« J’ai eu peur, j’ai réagi par réflexe », a-t-elle expliqué selon son avocate, Me Caroline Toby, qui souligne que sa cliente s’est présentée d’elle-même aux autorités et se dit « profondément affectée » par ce qui s’est passé.

De son côté, le père du petit garçon a déposé plainte. Des témoins entendus sur place confirment l’incident, sans s’accorder toutefois sur la violence exacte du geste. L’enquête devra déterminer si l’acte relève d’une réaction de panique ou d’une agression caractérisée.

Une affaire qui divise

Sur les réseaux sociaux, l’affaire a suscité de vifs débats. Certains internautes dénoncent un « comportement inacceptable » de la part d’une figure publique, tandis que d’autres estiment que la comédienne a pu réagir instinctivement dans un contexte d’insécurité perçue.

Les soutiens de Nawell Madani rappellent sa réputation d’artiste engagée et bienveillante, souvent confrontée au harcèlement médiatique. D’autres y voient au contraire un dérapage révélateur de la pression que subissent certaines célébrités.

Entre notoriété et fragilité

Révélée par le Jamel Comedy Club avant de percer seule sur scène et à la télévision, Nawell Madani s’est imposée comme une voix singulière dans l’humour francophone, mêlant féminisme, identité et autodérision.

Mais cet épisode vient assombrir une carrière jusque-là exemplaire. Si la justice devait confirmer les faits, la comédienne pourrait être poursuivie pour violence volontaire sans ITT sur mineur, un délit passible d’amende et de peine de prison avec sursis.

En attendant les conclusions de l’enquête, la prudence reste de mise. Entre réflexe défensif et geste disproportionné, la frontière demeure fine — surtout lorsqu’une célébrité est sous le feu des projecteurs.

Mourad Benyahia

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La France sur le gril 

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Lecornu et Macron
Lecornu et Macron

On ne sait plus ce qui se passe en France ! Le pays marche au ralenti, et aucune ficelle de lumière ne se profile à l’horizon. En moins d’un an, trois gouvernements sont tombés, faute d’avoir l’assentiment de l’Assemblée nationale.

A droite comme à gauche, chacun tire la couverture vers soi, sur fond d’incertitude budgétaire. Face à une rue qui bouillonne, l’élite semble regarder ailleurs. Au premier rang, Bruno Retailleau, le ministre-cavalier, longtemps habité par les glorioles de la fonction suprême, et qui croisait le fer avec le Quai d’Orsay au sujet de ses relations avec l’Algérie. Incapable de faire régner l’ordre dans le gouvernement ni d’imposer sa vision « raciste» sur la question migratoire–le seul dossier, au demeurant, dans lequel il marque des points aux yeux d’une opinion publique épuisée par les politiques d’austérité–, le chef de file des Républicains risque même de perdre la main dans son propre parti.

Devant Laurent Wauquiez, le patron du groupe de la droite à l’Assemblée, il fait profil bas. Ce dernier penche plutôt par une fidélité pragmatique à « la Macronie » pour l’approbation de la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu. Un pavé dans la mare. La bataille de leadership au sein du parti a même fait exploser, par ricochet, et en moins d’une journée le premier exécutif formé par le même Sébastien Lecornu. Un fait inédit, voire rare dans la Ve République !

Les yeux rivés dans l’échéance présidentielle de 2027, Retailleau a accéléré le rythme de ses ambitions démesurées jusqu’au point où il a scellé sa rupture avec la base de son parti. Et dans une sorte d’autodestruction sacrificielle, il appelle son contingent à la rescousse, alors qu’il est au fond du trou. Ne voulant plus lâcher du lest à une équipe gouvernementale qu’il soupçonne être dirigée à distance par la gauche, il ne compte pas renoncer à ses engagements, quitte à abandonner le grand navire en naufrage, ce qui a eu lieu d’ailleurs.

Mais ce qui se cache dans les coulisses se révèle au grand jour à l’occasion des motions de censure déposées par la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon et le Rassemblement national de Marine Le Pen, deux partis aux antipodes unis dans leur opposition à l’exécutif, mais totalement en divergence sur le plan idéologique. Lecornu qui a cédé sur l’essentiel-la revendication de base, à savoir le retrait de la réforme des retraites posée comme une condition sine qua non par le parti socialiste et les organisations syndicales, peut, a priori, éviter la censure de son gouvernement, mais ne sera plus en mesure de désarmer dans les semaines à venir la protesta contre Macron, au bas de l’échelle dans les sondages d’opinion et dont beaucoup à gauche comme à droite réclament la tête.

Désormais à deux têtes, le parti des républicains qui compte six ministres dans l’actuel exécutif est plus que jamais désuni, tout comme l’hémicycle qui s’assied sur des équilibres fragiles. 

La France s’oriente-t-elle à court terme vers une seconde dissolution de l’Assemblée ? Le scénario est possible, d’autant que, même si Lecornu s’en sort indemne cette fois-ci, il n’en reste pas moins que le compromis soit si ténu et si temporaire, à défaut d’une majorité stable dans l’Assemblée et d’accords fondamentaux sur les grands dossiers de l’actualité.

Emmanuel Macron parviendra-t-il à sortir du pouvoir par le haut, à la manière gaullienne, et dans l’art délicat dont seuls les grands leaders maitrisent la recette? Aura-t-il le culot d’affronter la colère populaire, tout en sauvant in extremis son image, tant ternie par une gestion pour le moins « catastrophique » de son pays? Wait and see! 

Kamal Guerroua.

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Gabès : la colère citoyenne face à un demi-siècle de pollution industrielle

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Gabès
Manifestation à Gabès, Tunisie.

Gabès, ville industrielle du sud-est tunisien, est devenue le symbole d’une lutte séculaire contre la pollution. Mercredi 15 octobre 2025, des milliers d’habitants ont défilé de la place des Martyrs jusqu’au littoral de Chott Essalem pour dénoncer les émissions toxiques du complexe chimique local et exiger la fermeture des unités les plus nocives. « Le peuple veut le démantèlement des unités », scandaient les manifestants, exprimant un ras-le-bol accumulé depuis plus de cinquante ans.

Les incidents récents ont ravivé cette colère. Entre septembre et octobre 2025, des cas d’asphyxie collective ont touché élèves et habitants, affectant plus de 130 personnes le 14 octobre. Ces épisodes, récurrents et graves, mettent en lumière l’inertie des autorités et l’urgence sanitaire qui menace la population. Selon Khair Eddine Dbia, porte-parole du collectif Arrêtez la Pollution, la mobilisation ne vise pas seulement à dénoncer la pollution, mais à revendiquer un droit fondamental : celui de respirer un air sain.

La mobilisation est inédite par sa diversité sociale. Habitants, agriculteurs, pêcheurs et même certains employés du complexe chimique se sont unis, illustrant une solidarité rare face à un problème qui affecte tous les secteurs. À Tunis, une marche de soutien s’est tenue devant le théâtre municipal, mettant en évidence l’importance nationale de cette contestation et l’échec des politiques environnementales locales à protéger la santé publique.

Les autorités tentent de calmer la situation via une commission mixte réunissant ministères, parlementaires et représentants locaux. Pourtant, Arrêtez la Pollution a choisi de boycotter ces réunions, dénonçant leur inefficacité, puisque les unités polluantes continuent de fonctionner malgré les décisions prévues depuis 2017. Cette inaction renforce le sentiment d’impunité et la défiance envers l’État.

Gabès devient ainsi le théâtre d’un combat qui dépasse la dimension environnementale. Il s’agit d’un mouvement social et politique où les citoyens exigent justice, santé et dignité. Le « jour de colère régional » prévu le 16 octobre 2025, organisé par l’Union régionale du travail et la Ligue tunisienne des droits de l’homme, constituera un test pour mesurer la capacité du gouvernement à répondre à une mobilisation populaire sans précédent.

En somme, la lutte de Gabès illustre la convergence entre droits civiques, défense de l’environnement et responsabilité politique. Elle envoie un message clair : la population tunisienne est prête à transformer la colère en action collective pour obtenir des réponses concrètes face aux décennies de négligence industrielle et aux menaces sanitaires persistantes.

Mourad Benyahia 

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Nationalisme banal et drapeautisation

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Drapeaux nationaux
Opération inédite : des drapeaux nationaux inondent le stade de Tizi-Ouzou.

Le concept « nationalisme banal » (Michael Billig, 1995) décrit les manières dont les symboles nationaux – comme les étendards nationaux – sont utilisés quotidiennement pour renforcer le sentiment d’appartenance nationale et s’inscrivent plus globalement dans des stratégies discursives et répressives. 

L’utilisation intensive et démonstrative des drapeaux dans le contexte de régimes autoritaires a fait l’objet de plusieurs études sous la dénomination de Vexillology (de « vexillum »,  « étendard », « drapeau » en latin ; voir Smith, 1968 ; 2009) étend l’usage au champ des sciences politiques. Le terme apparaît pour décrire ce processus de surexploitation des symboles nationaux, dont le drapeau est l’élément central, à des fins de propagande visuelle, de contrôle social (Gabowitsch, 2023 ; Smith, 1968 ; Heimer , 2017) et d’instrumentalisation des symboles nationaux comme instrument de domination (Bourdieu, 1977).

L’usage du drapeau à l’occasion de fêtes nationales, visites de personnalités marquantes, mais aussi dans toutes les activités publiques, participe d’une pratique courante dénommée dans la littérature anglophone flag-waving et qui est définie comme « l’expression du patriotisme de manière populiste et émotionnelle » (« the expression of patriotism in a populist and emotional way(1) »).

Dans le cas de l’Algérie, et spécialement de la Kabylie, les symboles nationaux sont utilisés quotidiennement et dans toutes les manifestations publiques aussi insignifiantes soient-elles, pour « rappeler » à cette région son appartenance nationale, et – dans un exercice de tyrannie de la mémoire – maintenir vivants les stigmates de la « crise berbériste » et des autres épisodes qui ont mis la Kabylie au centre d’une confrontation avec l’État central, mais aussi et surtout pour souligner la légitimité du régime comme défenseur de l’unité du pays.

Pour cela, les usages obsessionnels de cette pratique se caractérisent par la multiplication des drapeaux dans l’espace public, dans tous les villages, et partout où un acte, un évènement culturel, sportif ou social pourrait renvoyer ou rappeler une particularité ou une spécificité kabyle. Même une équipe de football comme la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK) a eu à en souffrir puisqu’elle a dû changer de désignation à plusieurs reprises pour « cacher » le terme kabyle et devenir ainsi tour à tour Jamiat Sari’ Kawkabi (1974-1977) ou bien, comble d’absurdité, Jeunesse électronique de Tizi-Ouzou (1987-1989), avant de reprendre son nom d’origine après l’ouverture politique de 1989.

Depuis la fin du Hirak, le port même du drapeau amazigh, voire du maillot de la JSK peut être parfois source de répression(2).

L’interdiction de tout autre emblème et sa présence excessive sont des mesures qui visent à affirmer visuellement l’autorité du régime, à créer un sentiment d’unité nationale forcée ou à intimider par la répétition du symbole de pouvoir et à renforcer le culte de la nation unie et indivisible.

Ces procédés, connus dans la littérature spécialisée comme Flagging, Flag-waving n’ont semble-t-il pas d’équivalents terminologiques exacts en français, ce qui m’amène à utiliser le terme de « drapeautisation » pour désigner ce processus. Celui-ci peut fonctionner pour plusieurs raisons : il correspond à une formation linguistique cohérente et suit les règles de formation des néologismes en français ; le suffixe « -isation » indique bien un processus, une transformation, comme dans « médiatisation » ou « théâtralisation » ; il est facilement compréhensible, même pour quelqu’un qui le rencontre pour la première fois. 

Du point de vue sémantique, il me semble pertinent dans la mesure où il capture bien l’idée d’un processus délibéré d’utilisation intensive du drapeau. Il suggère une forme de saturation ou d’instrumentalisation et, surtout, il me semble plus accessible et plus moderne que le terme anglo-saxon vexillology et ses possibles dérivés comme « Vexillomanie », mais aussi dans la mesure où il présente des avantages pratiques, car il est plus direct et plus court que la paraphrase « instrumentalisation du drapeau national ». 

Outre le drapeau, l’occupation des espaces symboliques par le rappel de la « révolution de novembre » est clairement soulignée par l’onomastique algérienne post-indépendante. La toponymie intervient, par exemple, de manière abusive pour donner aux rues, villages, structures et institutions éducatives, commerciales, sportives, etc. des noms de combattants algériens morts pendant la guerre de libération. Ainsi, pratiquement tous les stades algériens de football portent des noms de moudjahidin ou, parfois, d’autres héros « proches » ou amis de la révolution algérienne comme Nelson Mandela (3). L’exploitation de la date « symbolique du 1er novembre 1954 » atteint parfois des dimensions surréalistes : l’entraîneur du club de football JSK en arrive à dédier la victoire dans un match de football « à tous les supporters de la JSK à l’occasion du 70e anniversaire du déclenchement de la révolution du 1er novembre (4)».

Cette rhétorique focalisée, sur « l’indépendance nationale » et la « souveraineté populaire » est érigée en un véritable épos, reformulé après l’indépendance et qui trouve sa traduction dans les tawābit al-waṭaniyya ou « Constantes nationales », une espèce de « prêt-à-penser » idéologique qui s’imposera dans toutes les sphères de la société à travers les institutions et qui les intégrera dans les documents fondateurs de l’Algérie indépendante comme la Constitution, la Charte nationale, les lois fondamentales, la loi de la famille ou statut personnel, le système juridique (charia) et éducatif notamment, tous investis par des contenus religieux. 

Mohand Tilmatine

 1/flag-waving | Encyclopedia.com (Consulté le 17/11/2024)
 2/Voir « Drapeau amazigh et maillot de la JSK : trois manifestants libérés à Oran », TSA, 29 septembre 2019 (Consulté le 11/010/2024). Voir aussi Tilmatine (2019).

 3/‘Ahmed Zabana’ à Oran, ‘Chahid Hamlaoui, à Constantine, ‘Ali La Pointe’ à Alger ou ‘Hocine Ait Ahmed’ à Tizi Ouzou.
 4/Voir l’article de Djamel K., « Benchikha : « Nos supporters doivent croire en nous » » Derby, 5 novembre 2024 : Je dédie cette victoire aux supporters de la JSK à l’occasion du 70e anniversaire du déclenchement de la révolution. Les joueurs étaient des combattants sur le terrain et on a bien géré le match ». (Consulté le 21/10/2024)

Bibliographie

Billig, Michaël, 1995, Banal Nationalism, London, Sage Publications.

Bourdieu Pierre, 1977, « Sur le pouvoir symbolique », Annales. Économies, sociétés, civilisations, 32, n° 3, p. 405- 411.

Gabowitsch Mischa, 2023,   « Emblems of Authority, Symbols of Protest: Crowds and the Materiality of Their Signs », The new Social Research, vol. 90, n° 2,  p. 337-372.  

Heimer Željko, 2017, Vexillology as a social science, Danvers, Massachusetts, Flag Heritage foundation. 

Smith Whithney, 1968, Prolegomena to the study of political symbolism, thèse de doctorat (1962), Harvard College, Boston University.

Tilmatine Mohand, 2019, « Interdiction des emblèmes berbères et occupation des espaces symboliques : amazighité versus algérianité ? » L’Année du Maghreb, 21, p. 149-164.

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Djamila Bouhired chez « aamou » Tebboune : c’est à n’y rien comprendre !

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Djamila Bouhired

Tout le monde se souvient de l’appel de Djamila Bouhired à la jeunesse quand les marches du Hirak battaient leur plein. Avec une vérité implacable notre Djamila nationale dénonçait avec véhémence ceux qui ont confisqué le pouvoir. Mais ça, c’était avant.

Quelques phrases chocs de l’appel en question (*):

« Je voudrais vous dire toute ma gratitude pour m’avoir permis de vivre la résurrection de l’Algérie combattante, que d’aucuns avaient enterrée trop vite. »

« Alors que les Algériens pleuraient leurs chers disparus dans la liesse et la dignité retrouvée, les planqués de l’extérieur avaient déclaré une nouvelle guerre au peuple et à ses libérateurs pour s’installer au pouvoir. »

Si je comprends bien, ces planqués de l’extérieur ont rendu les clefs de la présidence ? À qui ? À 3amou Tebboune ?

« Ceux qui, au nom d’un patriotisme de bazar, exigeaient la « repentance » de la France, ont fini par tomber les masques. Combien de dirigeants, à la retraite ou encore en activité, combien de ministres, combien de hauts fonctionnaires, combien d’officiers supérieurs de l’armée, combien de chefs de partis, se sont repliés sur l’hexagone, leur patrie de rechange, le refuge du fruit de leurs rapines ? »

« Une Algérie libre et prospère, délivrée de l’autoritarisme et de la rapine. Une Algérie heureuse dans laquelle tous les citoyens et toutes les citoyennes auront les mêmes droits, les mêmes devoirs et les mêmes chances, et jouiront des mêmes libertés, sans discrimination aucune. »

Quel changement au sommet de l’État peut bien justifier tel retournement de veste ?

Madame, que c’est dur de vivre ses dernières années avec tel spectacle de reddition ! Non, pas vous ! Pas notre exemple même de courage !

Pas celle qui nous avait donné tant d’espoir ! 

Pas vous qui, sous nos yeux incrédules, avez été malmenée par une police aux ordres ! 

Pas vous, l’exemple même de l’héroïsme conjugué au féminin ! Pas vous qui avez rejoint les rangs du Hirak aux premières heures de son éclosion !

Pourtant comment oublier ce message d’éveil et de conseil avisé ?

« Il vous appartient à vous, et à vous seuls qui luttez au quotidien, de désigner vos représentants par des voies démocratiques et dans une totale transparence. »

Ce message ne vous ressemble plus, madame, à notre grand désarroi !

Madame, par qui 3amhoum Tebboune a été désigné ? Pas par le peuple et sa jeunesse ! Vous le savez bien. À moins que le fait même de visiter El-Mouradia a effacé de vos blocs mémoires tous les engagements courageux qui ont été les vôtres depuis votre tendre enfance.

Votre appel nous avait donné un espoir dont vous ne soupçonnez pas la teneur !

À cet égard, voici ce que nous en écrivions en guise de réponse succincte :

« Madame, en parcourant votre appel, j’avoue que malgré tous mes efforts de crispation, je n’ai pas pu empêcher quelques larmes de jaillir de mes glandes lacrymales ! »

Eh oui Madame ! Votre courage en a ébranlé plus d’un.

Que s’est-il donc passé pour ainsi assister à un tel retournement de veste ? 

Pourtant, des centaines de détenus d’opinions croupissent toujours dans les prisons du pays ! 

Pourtant il ne se passe pas une journée sans que l’on assiste à des arrestations arbitraires et des jugements expéditifs partout sur le territoire.

Madame, auriez-vous abandonné vos enfants ? Nous auriez-vous tous abandonnés ?

Non ! Pas vous, la petite maman des pauvres et des impuissants !

En vous voyant debout aux côtés d’une imposture, la tristesse a gagné mon âme. Et c’est reparti pour une nuit de cauchemars !

Bi kouli ihtiram !

Kacem Madani

(*) https://lematindalgerie.com/djamila-bouhired-a-la-jeunesse-algerienne-ne-les-laissez-pas-voler-votre-victoire/

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Madar Holding : fin de mission de Charaf Eddine Amara sur fond de démêlés judiciaires

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Charaf Eddine Amara
Charaf Eddine Amara

La société Madar Holding a annoncé, à l’issue d’une assemblée générale extraordinaire tenue le 14 octobre 2025 au siège du ministère de l’Industrie, la fin des fonctions de M. Charaf Eddine Amara en tant que directeur général.

La décision, effective immédiatement, intervient dans le cadre d’une réorganisation censée renforcer la gouvernance et accompagner les mutations structurelles que connaît le secteur industriel en Algérie.

Conformément à la résolution adoptée, M. Lotfi Bouaarara a été nommé nouveau directeur général à compter du 15 octobre. Dans son communiqué, le groupe a exprimé sa reconnaissance à l’ancien dirigeant pour son action à la tête de l’entreprise.

Si cette transition est présentée officiellement comme une étape stratégique, elle intervient sur fond d’enquêtes judiciaires visant M. Amara Charaf Eddine. Ce dernier a été placé sous contrôle judiciaire par le tribunal de Sidi M’hamed à Alger dans le cadre d’une affaire liée au complexe sidérurgique d’El Hadjar à Annaba. L’enquête, ouverte en octobre 2024, porte sur des soupçons de corruption et des marchés publics passés en violation de la réglementation. Quatre autres mis en cause ont été placés en détention provisoire.

Le nom de Charaf Eddine Amara est également cité dans d’autres investigations liées à sa gestion antérieure de la Fédération algérienne de football (2021-2022).

Ce départ intervient dans un contexte de remaniements en série à la tête de plusieurs entreprises publiques stratégiques. Quelques heures plus tôt, Zoheir Khelaf, PDG de Staem et UTC, a été placé sous mandat de dépôt dans une affaire de trafic de tabac qui impliquerait des personnalites du monde politique. Plusieurs sources, évoquent aussi des changements à la tête de Sider, Batimetal et Sonarem. 

Si aucune explication officielle n’a été donnée sur ces limogeages, leur simultanéité et la nature stratégique des entreprises concernées traduisent une volonté de reprise en main ferme de secteurs sensibles, sur fond de tensions économiques et politiques accrues.

La rédaction

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« Vers l’Orient, carnets de voyages de Tanger à Kyoto » d’Abdelwahab Meddeb

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"Vers l’Orient, carnets de voyages de Tanger à Kyoto" d'Abdelwahab Meddeb
"Vers l’Orient, carnets de voyages de Tanger à Kyoto" d'Abdelwahab Meddeb

Avec Vers l’Orient. Carnets de voyages de Tanger à Kyoto (1970-2014) l’immense écrivain Abdelwahab Meddeb demeure parmi les vivants. Ce livre est le dernier cadeau inédit qu’Abdelwahab Meddeb offre à ses lecteurs et aux amoureux des voyages.

Ce livre écrit sous forme de carnets, comme son nom l’indique si justement, le voyageur écrivain sème ses descriptions au gré de ses haltes entre l’Europe, l’Afrique du Nord et l’Extrême-Orient. Ici l’auteur se révèle comme un troubadour doublé d’une inspiration magistrale.

Vers l’Orient. Carnets de voyages de Tanger à Kyoto ce sont toutes les traces laissées par Abdelwahab Meddeb sous forme de textes magnifiquement bien écrits.

Ces carnets, au nombre de 79, ont été retrouvés après sa mort, et c’est sa femme Amina et sa fille Hind qui ont ordonné une traversée littéraire, non chronologique, mais géographique, de Tanger jusqu’à Kyoto.

Meddeb écrivait toujours avec un carnet à la main; balade et écriture se confondent souvent. On découvre dans ces pages une graphie appliquée, presque sans rature, alternant français et arabe, émaillée de croquis architecturaux, de dessins de paysage, de plantes, parfois même de fleurs séchées. Le découpage retenu pour le livre est une ligne de fuite, une géographie d’abord intérieure, puisque l’auteur ne se prive pas d’introspections mais aussi extérieure : Tanger, Marrakech, Fès, puis l’Andalousie, l’Italie, la Tunisie, Sarajevo, Alexandrie, Jérusalem, Amman (et d’autres), enfin le Japon. Le lecteur l’aura compris, le Caire apparaît comme une ville de cœur pour l’auteur.

Ce livre n’est pas un journal de bord comme on en connaît, exposant dates et faits dans l’ordre. C’est plutôt une méditation aussi bien sensorielle qu’historique, philosophique.  

Abdelwahab Meddeb ne présente pas l’Orient comme un seul bloc homogène. Il explore les continuités et les discordances entre les cultures. Ainsi, il peut voir Fès et Venise dans le même souffle ; percevoir l’héritage arabe en Espagne ; sentir la musique comme architecture, et l’architecture comme poésie. 

L’Occident dans l’Orient, l’Orient en Occident

L’auteur fait se rencontrer ces deux mondes dans ce livre dense et sensible. Il joue beaucoup sur la tension aussi, la porosité entre Orient et Occident. Il y a la nostalgie d’un Orient rêvé, mais aussi la reconnaissance du fait que l’Orient est partout, aura laissé des empreintes en Occident. C’est un dialogue permanent, parfois intérieur, à travers les siècles, les langues, les religions, la philosophie.

Certains lieux évoquent la tristesse – Jérusalem, Sarajevo, Beyrouth quand il en parle dans des moments de conflit. Le temps de l’Histoire, des catastrophes, plane. Ces carnets ne sont pas des simples cartes postales : ils portent le poids de la guerre, de la séparation, du désastre.

Le voyageur écrivain

Meddeb voyage non pas pour dominer le paysage ou pour l’ethnographe distant, mais pour ressentir, pour observer avec humilité. Cette écriture du déplacement est attentive aux détails : un repas, un vin, les parfums, une lumière, un chant, un bruit. Elle est très sensorielle.

Ce livre invite à une redécouverte des lieux : non seulement leur géographie visible, mais ce qui les rend vivants – les arts, les architectures, les langues, les voix. Pas seulement, il convoque nos sens et notre mémoire pour le voyage à travers l’histoire des lieux.

Abdelwahab Meddeb montre que le voyage ne se résume pas à un déplacement géographique, c’est aussi et surtout une manière de penser, de se confronter à l’Histoire, à la mémoire, au présent. Il insiste sur la pluralité culturelle, le mélange, le passage, à une époque où les identités sont souvent soupçonnées ou verrouillées.

Rabah Aït Abache

Vers l’Orient. Carnets de voyages de Tanger à Kyoto (1970-2014) chez les éditions Stock.

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Fin de l’accord franco-algérien de 1968 : la droite française réveille les vieux démons

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Drapeaux franco-algériens

Selon un rapport parlementaire révélé par 20 Minutes et l’AFP, des députés Les Républicains recommandent la fin de l’accord migratoire franco-algérien de 1968. Ce texte, pilier historique des relations entre Paris et Alger, est accusé de favoriser une “immigration dérogatoire”. Derrière la technicité du dossier, c’est tout un pan de mémoire et d’équilibre bilatéral qui vacille.

Un demi-siècle après sa signature, l’accord franco-algérien du 27 décembre 1968, qui régit le séjour, le travail et la circulation des ressortissants algériens en France, revient dans le viseur de la droite française. D’après 20 Minutes et l’AFP, un rapport parlementaire mené par plusieurs députés Les Républicains recommande purement et simplement d’y mettre fin. Officiellement, il s’agirait d’« adapter » la politique migratoire française aux « réalités contemporaines ». En réalité, cette offensive ravive des réflexes anciens, entre crispation identitaire et mémoire coloniale jamais apaisée.

Depuis plusieurs années, cet accord fait figure de totem politique. Signé dans un contexte post-indépendance encore brûlant, il visait à encadrer la présence de travailleurs algériens tout en préservant certains droits acquis. Il reposait sur une idée simple : l’histoire commune entre les deux pays exigeait un traitement spécifique. Cinquante-sept ans plus tard, c’est précisément cette singularité que certains députés veulent effacer, au nom d’une égalité qu’ils brandissent comme argument juridique, mais qui dissimule souvent un rejet symbolique.

Pour les promoteurs de la rupture, cet accord créerait une « voie privilégiée » d’immigration et pèserait sur le système d’accueil français. En toile de fond, la montée des discours sécuritaires et l’approche des élections régionales et européennes alimentent cette surenchère. Le texte parlementaire évoque la « nécessité de rétablir un cadre commun à tous les pays tiers », manière pudique de dire que l’Algérie ne mérite plus d’exception. Mais derrière la technicité des mots, se cache un geste politique : rompre avec un pan entier de la mémoire franco-algérienne.

Car cet accord n’est pas qu’un dispositif administratif. Il porte la trace d’une histoire douloureuse, d’un arrachement et d’une interdépendance que ni Paris ni Alger n’ont jamais complètement assumés. Le remettre en cause, c’est toucher à un équilibre fragile : celui des millions de binationaux, de familles mixtes, d’ouvriers retraités et de jeunes issus des deux rives, qui vivent entre ces deux mondes.

À Alger, le silence officiel est pour l’instant prudent. Mais nul doute qu’une telle décision serait perçue comme un affront. La relation franco-algérienne, déjà abîmée par les polémiques mémorielles et les restrictions de visas, se verrait encore fragilisée. On oublie trop souvent que l’accord de 1968, malgré ses limites, a servi de cadre à un dialogue social, culturel et humain qui dépasse les administrations.

En s’attaquant à ce texte, la droite française cherche moins à résoudre une crise migratoire qu’à rejouer, une fois de plus, le vieux théâtre des rancunes coloniales. Ce n’est pas seulement une page juridique qu’on voudrait tourner, mais une page d’histoire qu’on veut effacer. Et c’est peut-être là que réside le véritable danger : celui d’une France qui renie ses liens les plus intimes avec l’Algérie, au moment même où le monde aurait besoin de mémoire, d’équilibre et d’intelligence historique plutôt que de slogans.

Avec 20 Minutes et AFP

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Marseille : Hassen Hammou, chef des écologistes, convoqué pour corruption de mineur

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Hassen Hammou

Hassen Hammou, élu récemment chef de file des écologistes à Marseille pour les municipales de 2026, est convoqué le 13 novembre devant le tribunal correctionnel pour « corruption de mineur par un moyen de communication électronique ». Le parquet affirme que l’affaire concerne une rencontre avec une jeune femme en ligne. Hammou conteste fermement ces accusations.

Membre du bureau politique exécutif des Écologistes-EELV, Hammou assure n’avoir eu connaissance de la minorité de la personne qu’après les faits. Selon lui, lors de la rencontre, il aurait été agressé par deux individus qui lui ont volé ses biens, condamnés par la suite par la justice. Le politicien dénonce un « procès politique » et refuse pour l’instant de se mettre en retrait de ses fonctions, bien qu’il ait indiqué sur X qu’il s’éloignerait temporairement jusqu’au délibéré.

Christine Juste, adjointe au maire chargée de l’environnement, se dit « abasourdie ». Tout en rappelant la présomption d’innocence, elle juge que Hammou aurait dû se mettre en retrait pour protéger les valeurs du parti et éviter toute polémique à quelques mois des municipales, prévues les 15 et 22 mars 2026.

Cette convocation survient juste après l’élection de Hammou à la tête de la coalition d’union de la gauche à Marseille. Ancien porte-parole régional d’EELV en PACA, il continue de défendre son intégrité et son engagement écologique.

L’affaire soulève des tensions autour de l’image des partis politiques avant un scrutin majeur et pose la question de la gestion des responsabilités en cas de mise en cause judiciaire d’un dirigeant. Le procès constituera un moment clé pour la carrière de Hammou, tandis que les écologistes cherchent à consolider leur position dans la cité phocéenne à moins de six mois des élections municipales.

Djamal Guettala 

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