23 novembre 2024
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Sila : une bousculade pour un livre sur les « djinns » !

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Sila
Le sila inauguré par nos amis têtes couronnées.

 C’est décidément la descente aux enfers de la société algérienne ! Des infos font état de milliers d’adolescents accourus au Sila pour acquérir un livre sur les « djinns », la sorcellerie et Satan, écrit par, Ousama Muslim, un écrivain saoudien, qui en serait à son 10e livre, toujours des best-sellers, sur le même thème.

Un livre (parmi tant d’autres sur la même thématique) qui a semble-t-il détrôné la « littérature » culinaire qui s’offrait la part du lion au Sila et dans les librairies.

Voilà où mène l’interdiction des belles lettres, de la marginalisation et de la diabolisation de nos meilleurs écrivains ! Pendant que des éditeurs sérieux et militants comme Koukou et Tafat sont interdits de participation, une cohorte de maisons d’éditions moyen-orientales inonde le salon de livres des plus conservateurs.

C’était prévisible vu que les écrivains et intellectuels locaux (en tamazight, en arabe et en français) sont réduits à la subsistance éditoriale, privés de plateaux télévisés et même accusés d’apostasie ou de traîtrise dès lors qu’il traitent de sujets qui ne plaisent pas soit au pouvoir soit à une tendance politique soit, le plus souvent, à une mouvance idéologique (des fois mixte : islamo-conservatrice), -ce qui est souvent le cas-, disposant d’organes de presse toujours prêts à dégainer sur tout ce qui rappelle le modernisme et les nouvelles idées qu’il véhicule, tout en s’efforçant de faire les louanges de tout ce qui est archaïque et dépassé.

Le comble dans cette affaire est que les parents, même les plus lettrés, n’ont souvent jamais entendu parler de l’auteur de ces livres et de ses publications.

« Les parents dans un oued et leurs progénitures dans un autre », comme le dit un adage populaire. Comment en est-on arrivé là ?

La réponse est toute simple : les interdictions, les diabolisations, les anathèmes qui touchent la vraie production littéraire, culturelle ou « philosophique » ne peuvent donner naissance qu’à l’émergence et la « sacralisation » des tendances surannées et rétrogrades ne répondant à aucune forme de logique ou de rationalisme.

C’est aussi indiscutablement une forme de défi et de révolte des esprits que certains veulent formater à leur guise !

On ne récolte que ce qu’on sème. Semer la haine du rêve conduit inévitablement à l’amour du cauchemar.

Il est plus que vital pour l’Algérie d’enclencher une révolution culturelle portée sur le progrès et la modernité, -sur le modèle japonais, entre autres-, tout en gardant le meilleur de notre héritage culturel millénaire qui peut servir d’exemple lui aussi à l’humanité entière, les civilisations s’irriguant les unes les autres dans ce qu’elles ont de meilleur.

Tant que nous avons encore le choix, optons pour le meilleur et le plus beau !

Donnons une chance à la raison tant que la chute n’est pas encore fatale !

Youcef Oubellil, écrivain

Elisa Biagi : « Très émue de me produire dans la région de mes grands-parents »

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Elisa Biagi

À l’occasion de la présentation de son spectacle, (Le fil rouge), au Théâtre nationale algérien (TNA) et au Théâtre Kateb Yacine de Tizi Ouzou, Elisa Biagi, comédienne et petite-fille, de l’officier de l’ALN, Yaha Abdelhafid évoque son parcours et ses différentes expériences dans le théâtre et le cinéma et parle des raisons qui  l’ont conduite à l’écriture de cette pièce.

Elle nous confie sa joie pour la  façon dont sa pièce a été reçue et  son émotion de se produire devant le public de la région qui a vu naître ses grands parents dont la vie et le parcours sont la source de l’inspiration du texte de  sa pièce. Rencontre.

Le Matin d’Algérie : Quel effet vous fait-il de vous produire devant le public de la région natale de vos grands-parents auxquels vous dédiez cette histoire ?

Elisa Biagi : Je suis extrêmement émue. J’espère ne pas pleurer au début de mon spectacle (rires). Ce n’est pas  Elisa Biagi mais la petite-fille qui repart sur les traces de son grand-père et de sa famille. Pour moi, aujourd’hui, c’est un accomplissement. Ce spectacle du théâtre Kateb-Yacine marque la fin de notre tournée en Algérie. J’espère qu’il y en aura d’autres.

C’est très important de vivre ce moment avec le public de Tizi-Ouzou et surtout de Takhlidjt Ath Atsou (village natale de ses grands-parents, ndlr) et de tous les villages qui connaissent mon grand-père ainsi que ma grand-mère dont je parle dans mon spectacle.

Le  fil rouge, pourquoi ce titre et quel rapport avec l’histoire de vos grands-parents ?

Elisa Biagi : Le fil rouge, c’est ce qui lie ma mère et ma grand-mère à moi. C’est aussi mes deux terres : je suis Italienne et Algérienne. C’est aussi ce lien qu’il y a, à travers la Méditerranée, entre les deux pays qui se ressemblent beaucoup. Ce fil, c’est tout ce qui me relie à mes deux familles des deux côtés de la Méditerranée, en Algérie et en Italie. 

Le rouge, c’est la couleur de la passion et l’amour que je porte à tous les miens. C’est aussi lex rouge du sang des martyrs et de toutes les victimes qui se sont sacrifiés pour la liberté et l’indépendance de l’Algérie. 

Un mot sur la réception à votre spectacle de la semaine écoulée au théâtre national d’Alger (TNA) ?

Elisa Biagi : La réception a été au-delà de toute attente. C’était un moment extraordinaire, on a été très bien accueilli même si on a toujours cette peur quand on se produit devant les siens.

Ce n’est pas comme en France où on a joué devant des Algériens et des Français. Il y a donc des préoccupations et des attentes différentes. 

A Alger, je joue dans mon pays, devant les miens et j’ai eu un peu peur, et c’est normal à chaque début des spectacles. Seulement, dès que les lumières se sont allumées et qu’il y a eu les premiers applaudissements, j’ai ressenti que le public était avec moi. Du début jusqu’à la fin, on était un seul cœur. C’était au-delà de ce que j’ai pu imaginer.

Le Matin d’Algérie : En ce moment, quel souvenir vous relie de votre grand-père ?

Elisa Biagi : Il y en a deux qui me reviennent. Mon grand-père accueillait beaucoup de monde à la maison. Il faisait des réunions. Tout le temps, des gens rentraient et sortaient; la maison était toujours ouverte. Je me rappelle, étant toute petite, j’allais dans le salon et je m’asseyais sur ses genoux, pendant qu’il faisait ses discours. Je me souviens aussi qu’il aimait nous emmener,  moi toute petite et ses autres petits-enfants, dans la montagne du Djurdjura. Il nous emmenait dans les lieux où il avait combattu.

Ce sont des moments que je ne pensais pas pouvoir revivre et avec votre question,  je me surprend à me replonger dans ces instants très émouvants. 

Le Matin d’Algérie : Vous avez présenté « Le Fil rouge » en France et en Italie ?

Elisa Biagi : Je n’ai pas encore joué en Italie. J’espère pouvoir le faire un jour. En France, par contre, on joue le spectacle depuis six mois. On a eu tous les spectres de la révolution: des Français qui l’ont vécue de l’autre côté, et ça a été difficile pour moi au début.

Comment parler à des gens qui étaient de l’autre côté. Il y avait aussi des jeunes Français qui me disaient qu’ils avaient leurs grands-pères dans la légion étrangère. C’est surtout à eux que s’adresse mon spectacle parce que on ne leur a pas assez parlé de ce qui s’est passe ici. Il faut qu’ils apprennent qu’il n’y avait pas que des hommes qui faisaient la guerre mais aussi des femmes qui se sont sacrifiées et ont sacrifié la vie de leurs enfants. 

Pour moi, c’est très important qu’ils le sachent même si cela reste difficile. Ma grand-mère disait que j’ai pardonné mais je n’ai pas oublié. On n’oublie pas et c’est en parlant de ce qui s’est passé qu’on pourra avancer et aller de l’avant. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, je peux raconter ces histoires que ma grand-mère et mon grand-père m’ont racontées.

Le Matin d’Algérie : Et les médias, est-ce qu’ils se sont intéressés à votre spectacle ?

Elisa Biagi : Non, pas tant que ça. Ce n’est pas de la censure. C’est sans doute parce qu’on jouait dans des petites salles.  

Le Matin d’Algérie : Parlez-nous de vos projets

Elisa Biagi : D’abord, on continue à jouer ce spectacle qui n’est qu’à ses débuts.  Cependant, il y a des projets que j’ai envie de réaliser en tant que comédienne: jouer du Molière, du Kateb Yacine et bien d’autres auteurs qui me fascinent dont des Italiens. Pour le cinéma, j’ai été distribuée dans dans le film « Belouizdad » qui sortira dans peu de temps. C’est mon  premier contrat dans le cinéma en Algérie.

Parlez-nous, justement de cette expérience, passer du jeu sur les planches et devant la caméra.

Elisa Biagi : Le passage du théâtre au cinéma est différent. On se comporte différemment sur les planches et  devant la caméra. Le théâtre est un spectacle vivant qui nécessite des performances particulières. On a pas le droit à l’erreur. Au cinéma, c’est different.  Lorsqu’on rate une prise, on peut se corriger, la refaire, on peut reprendre son texte plusieurs fois.

Anaïs Karoff, metteuse en scène de Fil rouge :

"Il y a eu beaucoup d’émotion lors de notre passage à Alger. On a été trés impressionné de faire salle archicomble. Se produire en Algérie, c’est pour nous l’aboutissement d'un processus,  le couronnement du projet. Ceci, pour la simple raison que le spectacle parlait justement de l’Algérie et le but final était de venir ici même si on a tourné ailleurs. Mais jouer à Alger et à Tizi-Ouzou, c’était l’apothéose. Elisa ? Elle est charismatique. Pouvoir tenir pendant 50 minutes seule sur scène même s’il y a de la mise en scène est une performance digne d'être soulignée. Elle occupe le plateau, elle a une présence, elle dégage beaucoup d'émotion, beaucoup de sincérité dans le jeu. C'est tout ça, je pense  pense aussi, qui a réjouit le public."

Notre avis »Le fil rouge » : une pièce de théâtre touchante et réaliste 

Le fil rouge est une pièce à hauteur humaine qui nous plonge dans la dure réalité de la guerre.

Écrite et  interprétée par Elisa Biagi sur une  mise en scène de  Anais Karoff, la pièce  aborde des  theme universels tels que l’amour, la passion, la résistance, la combativité et la résilience des hommes et des femmes face à l’adversité.

Durant 50 min, seule sur scène et avec un  rythme soutenu, la comédienne déroule  son texte ( monologue) où le passé douloureux de ses grands-parents constitue l’arc narratif autour duquel viennent se tisser des trajectoires de vie et des destins. Ceux de sa grand-mère, Nouara et de son grand-père, résistant et officier de l’ALN bien connu, Abdelhafid Yaha auxquels la comédienne algéro-italienne a rendu hommage. Le spectacle a donc résonné auprès d’un large public ému par le destin des personnages et et sensible aux  situations présentées.

Samia Naït Iqbal

Texte et interprétation : Elisa Biagi

Mise en scène : Anaïs Karoff 

Musique et bruitage : Laurie-Anne Polo 

Costumes : Farida Nait Chabane et Samira Hamou

Apprendre taqbaylit en ligne 

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Tamazight

 
L’association Tiwizi-USA (tiwizi-usa.org) a le plaisir d’annoncer le lancement d’une application pour l’apprentissage de la langue kabyle. Dénommée Reẓ asalu ɣer teqbaylit (Premiers pas en taqbaylit), cette application est destinée principalement aux débutants non-natifs ou aux natifs ne maitrisant pas assez cette langue. Elle est principalement utile aux descendants d’immigrés des pays francophones ou anglophones. 

Ce projet d’application de l’association Tiwizi-USA a été réalisée en collaboration avec l’ONG 7000 Languages (7000.org) branche à but non lucratif de l’organisation Transparent Language (transparent.com) initiateur de nombreux outils d’apprentissage de langues. Celle-ci met à la disposition de 7000 Languages sa plateforme informatique permettant l’élaboration du contenu des cours d’apprentissage des langues. C’est ainsi que de nombreux parlers de tribus d’Indiens d’Amérique, des iles de Hawaï, la langue kituba (Afrique) et Kurde (Asie) ont été portées sur cette plateforme. 

Le projet a débuté en mars 2020 en pleine crise de la COVID-19. Tiwizi-USA a participé à la concrétisation de ce projet en s’impliquant dans l’élaboration du contenu, la gestion du projet et à la coordination avec 7000 Languages. Tiwizi-USA a fait appel aux services de Ramdane Touati, linguiste diplômé de l’INALCO chargé de l’élaboration du curriculum. Dr. Akli Kebaili, auteur de plusieurs ouvrages en langue kabyle a participé à la concrétisation de ce projet en sa qualité de «consultant». Du côté de 7000 languages, Kayleigh Jeannette nous a guidé tout au long de ce projet. Son enthousiasme, patience et engagement ont contribué à la naissance de cet outil. 

La plateforme Transparent 

Le Cours de Taqbaylit a été créé sur la plateforme Transparent.  L’intitulé du cours de Taqbaylit est “Reẓ asalu ɣer Teqbaylit” (First steps towards Taqbaylit / Premiers pas en Taqbaylit). Il est constitué de 11 unités précédées par une introduction sur l’alphabet. Ces 11 unités constituent chacune un thème qui permet à l’apprenant de s’immerser dans la culture kabyle.

Ces unités sont: 
1.Taqbaylit et ses locuteurs – Iqbayliyen d wawalen imezwura: 
2.Famille et parenté – Tawacult d wid ɣ-yettilin 
3.Rencontre de famille – Mi ara mlilen wid ittemyilin 
4.Exprimer ses besoins – Ini-d ayen k-yuɣen 
5.Faire des courses – Aǧǧew 
6.Travail et temps – Axeddim d wakud 
7.Périodes et célébrations – Talliyin d isfugulen 
8.Santé et soins – Tazmert d tujjya 
9.Trouver le chemin – Abrid 
10.Voyager – Arzaf 
11.Visite en Kabylie – Ẓer Tamurt 
En général il y a 5 leçons dans chacune des unités. Chaque leçon couvre12 exercices d’apprentissage disposés dans un menu. Ceux-ci sont:  

Prévisualisation : 

Cet exercice permet de faire défiler les mots, phrases ou expressions dans la langue kabyle avec leur équivalent dans la langue de l’apprenant. Le mot ou la phrase en kabyle sont prononcés par un locuteur kabyle. L’application dispose d’un choix de prononciation lente pour permettre à l’apprenant de mieux saisir les nuances. Occasionnellement, des notes dans la langue d’entrée sont ajoutées pour apporter des explications supplémentaires 

Comparaison des langues :  

Les mots kabyles sont disposés dans la première colonne du tableau et leur équivalent dans la langue de l’apprenant et si besoin avec une note explicative dans la deuxième colonne. Les mots kabyles sont accompagnés d’une prononciation audio. L’apprenant peut cliquer sur chaque mot pour écouter la prononciation ou faire écouter toute la liste sans arrêt. 

Reconnaissance et prononciation : 

Le mot kabyle est affiché en premier et automatiquement lu pour l’apprenant. L’apprenant est instruit à ce qu’il/elle pense au sens du mot avant d’appuyer sur un bouton pour révéler le sens du mot dans la langue de l’apprenant. Il est ensuite demandé à l’apprenant d’indiquer s’il/elle a deviné ou non. Dans cette leçon la prononciation peut être ralentie pour entendre les sons plus distinctement. 

Choix multiple : 

Un mot dans la langue de l’apprenant est affiché en haut de l’écran, en dessous duquel sont affichés quatre choix d’équivalent en kabyle. Dans ce cas c’est la connaissance de l’écriture kabyle (en caractère latin) qui est testée. L’apprenant doit choisir la bonne réponse. Si l’apprenant a choisi la bonne réponse un « beep » sonore est activé avec le mot en question accentué en vert, et suivi de la prononciation du mot en kabyle. Sinon le mot choisi sera accentué en rouge et suivi d’un « beep » différent indiquant l’erreur. Pour apprendre les prononciations des différents mots affichés, l’apprenant peut décider de faire prononcer tous les mots en vitesse normale ou ralentie. 

Correspondance : 

Dans cet exercice sont affichés quatre mots dans la langue de l’apprenant et leurs équivalents en kabyle mais en désordre. Le but de l’exercice est de rétablir l’ordre en plaçant le mot kabyle avec la langue de l’apprenant du mot de la langue de départ. Les mots kabyles sont accompagnés de la prononciation. 

Exercice de prononciation : 

Un mot kabyle est affiché. L’apprenant peut choisir d’afficher ou non son équivalent dans la langue de l’apprenant. Le mot est prononcé (deux vitesses disponibles). L’apprenant via un bouton peut enregistrer sa voix et prononcer le mot affiché. Ensuit il/elle peut écouter sa prononciation et la comparer à celle de l’application. Il/elle pourra ainsi se réenregistrer jusqu’à être satisfait(e) du résultat. 

Choix multiple audio : 

Similaire au précédent, cet exercice affiche quatre mots en kabyle, l’un d’eux est lu par l’application (choix de vitesse). L’apprenant peut choisir le mot entendu parmi les quatre et recevoir le résultat avec les différents « beep » pour les réponses correctes ou fausses. 

Reconnaissance d’audio : 

Un mot en kabyle est affiché en haut de l’écran. En dessous sont affichés quatre fichiers audios que l’apprenant peut écouter (choix de vitesse) et ensuite cliquer sur celui qui correspond au mot affiché en haut. Le « beep » se fait entendre pour indiquer une réponse correcte ou fausse. 

Reconnaissance et écriture : 

Dans cet exercice, un mot en kabyle est affiché, et l’apprenant est supposé reproduire l’écriture dans un champ en dessous. Les caractères kabyles spéciaux sont affichés immédiatement dès la rédaction. Par exemple si on tape un « g », différentes options sont données : g, ǧ et ɣ. Pour un c, le choix se fait entre c et č, etc. 

Production et prononciation : 

Un mot ou une phrase dans la langue de départ sont affichés et on demande à l’apprenant de penser à l’équivalent en kabyle. Le mot ou la phrase sont ensuite affichés et prononcés, et il faut répondre à la question de savoir si on a deviné correctement ou pas. Il faut bien sûr être honnête envers soi-même car l’application va comptabiliser ce que l’apprenant a acquis et ce qui devra être revu.  

Dictée : 

Un mot ou une phrase dans la langue de l’apprenant sont affichés et on demande à l’apprenant de taper l’équivalent en kabyle. Le mot ou la phrase sont ensuite affichés et prononcés, et il faut répondre à la question de savoir si on a deviné ou pas. Il faut bien sûr être honnête envers soi-même car l’application va comptabiliser ce que l’apprenant a acquis et ce qui devra être revu. 

Production et écriture :  

Cet exercice est assez similaire au précèdent (la dictée), mais au lieu que le mot ou la phrase soit lus, ils sont simplement affichés sur l’écran. 

L’avantage de “Reẓ Asalu ɣer Teqbaylit” : 

En effet ce cours de Taqbaylit offre plusieurs avantages. D’abord, il contient de nombreux thèmes de la vie quotidienne kabyle, y compris des dialogues simples d’initiation à la langue et à la culture kabyles. Ceci permet à l’apprenant d’être immergé dans la culture. L’apprentissage se fait sur plusieurs plans et développe l’intérêt de l’apprenant et le garde engagé avec le cours. L’autre avantage vient de la plateforme elle-même.

De nombreux exercices permettent d’apprendre le vocabulaire, l’écriture et la prononciation. En même temps la plateforme permet un control continu de l’apprenant. Il est à noter que la plateforme donne la possibilité d’avoir des classes qui seront suivies par un instructeur, mais, il est clair que nombreux seront ceux qui préféreront l’usage autonome. 

L’accès à l’application commence par la création d’un compte sur le site : https://education.transparent.com/taqbaylit/ 

Sur la page d’accueil on a le choix de se connecter ou de créer un compte. Pour créer un compte il suffit de cliquer sur “Sign-Up” et de remplir le formulaire qui se présente. Une fois le compte crée sur le site de Transparent, pour utiliser l’application sur votre téléphone, il suffit de télécharger l’application “Transparent Language Online” sur l’App Store ou GooglePlay. Plus d’indications sur l’utilisation de cette application sont disponibles sur tiwizi-usa.org 


 

À l’Aube de la parole, Houri est Orbi (Houri est au Monde)

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Nadiaia Spahis Botte. Tirage en toile métal plastique sequin et paillettes.


Comme l’avant campagne médiatique du Real Madrid (club espagnol de football) ayant efficacement appuyé, en 2022, l’attribution du Ballon d’Or à Karim Benzema, le forcing promotionnel de l’éditeur français Antoine Gallimard a également porté ses fruits puisque le convoité Prix Goncourt a été attribué le lundi 05 novembre 2024 (par six voix et dès le 1er tour) au Franco-Algérien Kamel Daoud.

Pourtant, son opus Houris fut plutôt froidement accueilli le 26 août 2024 par les critiques littéraires de l’émission de France İnter « Le Masque et la Plume » qu’anime tous les dimanches Rebecca Manzoni (on y cause aussi de cinéma et de théâtre).

Bien que saluant un grand livre allégorique à l’indéniable force poétique, Arnaud Viviant le trouvera un peu long et notera que son style « étouffe chrétien » autorisait de le rebaptiser Tombeau pour 200 000 victimes de la décennie noire.

L’analyste précisait par ailleurs que l’auteur, qui « tente de réécrire La Peste de Camus », était passé une décennie plus tôt (2014) à une touche de la consécration. Celle de 2024 serait donc en quelque sorte une compensation gommant la fébrilité d’un jury ne sachant pas apprécier la version décoloniale de Meursault contre-enquête, roman alors primé du Goncourt du premier roman.

En partie d’accord avec l’initial intervenant, Nelly Kapriélian, journaliste et critique littéraire au sein du magazine Les İnrocks, reconnaissait l’existence et l’importance d’un opus concentré sur « la souffrance de femmes sans voix » mais dont l’écriture trop grandiloquente, la forme académique et le postulat plutôt scolaire la laissera indifférente, ne la touchera aucunement, l’ennuiera, voire l’étouffera. Pour elle, « les romans qui commencent par une adresse (houri qui parle d’emblée à sa fille), ça ne marche pas toujours », sauf apparemment chez les six « rectificateurs » majoritaires du lundi 04 novembre 2024.

À la fois courageux et embarrassant, voilà les deux vocables employés du côté de Laurent Chalumeau pour caractériser le tapuscrit victorieux. Courageux car, poursuivait-il, l’ex-chroniqueur du Quotidien d’Oran « s’expose à la législation algérienne (…), brave une loi scélérate promulguée par le régime algérien pour interdire qu’on évoque la guerre civile », au point que l’ouvrage promu pourrait « lui valoir jusqu’à cinq ans de prison. ».

Sur ce point, nous avons préalablement signalé (via la contribution « Deux écrivains franco-algériens taraudent les répercussions et lésions psychiques de la Décennie noire ») que le natif de Mesra (wilaya de Mostaganem) ne courait au final pas plus de risque que les plasticiens, artistes, chercheurs et rédacteurs , bien avant lui, visé ou dénoncé l’injonction prohibant l’exploitation, le détournement ou la récupération des blessures de la Guerre civile (1992-1999).

Les plasticiens Mustapha Sedjal, Denis Martinez, Karim Sergoua, Nadia Spahis, Kamel Yahiaoui et Adlane Djeffal créeront des toiles et installations traitant, en souvenir des exactions de masse, de la problématique pendant que des comédiens amateurs interrogeaient et bousculaient sur les planches la lourdeur du mutisme et de l’obscurantisme ambiants.

En décembre 2016, la revue algérienne d’études sociales Naqd (N° 33/24) revenait, avec « L’Esthétique de la crise II, par-delà la terreur », sur les traumatismes mnésiques issus de la dramatique période. L’article 46 de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale (placé en exergue du texte de 430 pages) laisse penser, particulièrement aux Occidentaux connaissant mal ou biaisant le contexte algérien, que le prétendu briseur de tabous Kamel Daoud a eu l’audace de désaliéner des silences étouffant les affrontements sanglants.

İl est cependant bon et utile de rappeler ici que sa démarche ne l’exposait pas de facto à une réprobation à même de l’enfermer dernière les barreaux, soit au fond d’un cachot d’El Harrach, trou duquel İhsane El Kadi sortait le 1er Novembre 2024, après 22 mois de détention.

Quatre jours plus tard, l’encensé ignorera complètement de citer cette heureuse libération, préféra de loin siphonner toute l’attention médiatique. Précisant que Kamel Daoud « à la prétention d’être autre chose que ce qu’il est », Laurent Chalumeau trouvait donc son livre embarrassant puisque « par-delà ses bonnes intentions, il manque vraiment de subtilité (…), m’a donné de l’urticaire (tant il cherche à) faire passer les gros sabots de son dispositif pour des escarpins à semelles rouges. Si bien qu’avec sa narration artificiellement et délibérément obscurcie pour produire une vision de profondeur, ses phrases inutilement chantournées et surchargées, il balance courageusement un pavé à la face de la dictature. Mais encore faut-il que le projectile atteigne sa cible. Je ne pense pas que son livre risque d’empêcher les dictateurs de dormir. Au contraire, s’ils le lisent, il est probable que ça les plonge dans un profond sommeil. Et si c’est ça la lecture, on comprend mieux l’essor des jeux vidéo ».

Prenant le relai de cette acerbe diatribe, Elisabeth Philippe s’arrêtait quant à elle sur une « stèle manquante pour toutes les victimes de cette tragique période», sur une œuvre nécessaire, fondamentale et courageuse mais également à plusieurs égards fastidieuse dans sa construction.

En présentant « beaucoup de monuments aux morts, ceux de la guerre d’indépendance, alors qu’il n’y a rien culturellement pour les 200 000 morts de la Décennie noire », elle met en cause l’excroissance de la commémoration martyrologique à dimension sacrificielle à travers un récit laborieux s’ingéniant à enchâsser ou emboîter les narratifs « avec une espèce de brouillage de la temporalité. »

La mise au « Point » du quatuor radiophonique compromettant prématurément et possiblement les espoirs de Kamel Daoud, son conseiller Antoine Gallimard s’évertuera à lui faire passer 48 heures après une session de rattrapage sur France İnter. İl fut dès lors convoqué au 7/10 de Nicolas Demorand et Léa Salamé (la compagne de Raphaël Glucksmann lui déroulera le tapis rouge le 07 octobre 2024 dans le talk-show Quelle époque !) et en dernier ressort le mardi 05 novembre 2024 chez Sonia Devillers, laquelle le questionnait en ces termes : « Alors qu’est-ce qui gêne le plus le régime algérien dans ce roman, que vous racontiez ce massacre, qu’une loi interdit d’instrumentaliser la mémoire, que vous critiquiez la loi de réconciliation, que vous critiquiez la façon dont cette loi est utilisée aujourd’hui pour entretenir l’omerta ?».

« L’invité de la matinale de 07H50 » lui répondra ceci : « Vous parlez de régime, moi je parle d’un système, j’ai sur le dos les islamistes pour des raisons évidentes, j’ai sur le dos les conservateurs du régime pour des raisons évidentes mais j’ai aussi sur le dos les intellectuels de caste décoloniale parce que je parle d’une guerre qui n’est pas la guerre de leur rente , donc je fais la jonction des trois et c’est pour cela que ce roman-là dérange les trois et si vous ajouter à ça la visibilité en France, le fait que j’exprime aussi ma passion pour ce pays-là, et je parle à ma propre voix, et que je sois un villageois qui arrive à Paris sous les strass, je pense que vous réunissez tout ce qu’il faut pour une décapitation ».

Se trouve dans ce laudateur résumé l’ensemble des clichés ringards qui incarne la figure de l’intellectuel romantico-égotiste tellement imbu de sa petite personne qu’il s’ingénie à faire croire que sa vocation première est de porter sur son dos tout le poids du monde environnant. Touchant et sincère lorsqu’il parle de ses parents ou grands-parents, Kamel Daoud demeure atteint du syndrome de l’addiction à la notoriété tous azimuts.

Le retournement du stigmate lui a vraiment fait perdre le Nord. Celui de l’Afrique d’abord puis celui de l’humilité via laquelle se perçoit les véritables génies. Ce type, qui n’en est manifestement pas un, n’a pas construit une œuvre littéraire, celle par laquelle se devine une pensée assidue, percutante et déroutante, voire révolutionnaire, que le voilà déjà en train de bomber le torse de poils hirsutes, de se mouvoir devant la glace du beau et égocentrique Narcisse.

Tel un paon affublé d’un arc à paillettes, le néo-parisien se complet allégrement au cœur de la cour des miracles et doit peut-être aussi une fière chandelle aux paranoïaques censeurs algériens incapables d’appréhender qu’aucune frontière ne peut stopper la pénétration territoriale d’un livre, fusset-il de seconde main.

Des jurés du Goncourt démentiront toute sorte d’interférence, nieront que le rejet liminaire des autorités algériennes ait eu une quelconque incidence sur le choix final, balaieront l’hypothèse d’un « geste politique vindicatif à l’encontre d’un pays ami», commentera en dernier lieu Philippe Claudel.

Le président de ladite Académie regrette qu’Antoine Gallimard ne puisse étaler sur les rayons du Salon international du livre d’Alger (SİLA), l’autre foire aux vanités, une partie notoire de ses poulains, notamment Amina Damerdji, l’autrice de Bientôt les vivants (sortie en janvier 2024) tout autant empêchée de paraître en bonne posture. Stipulé début octobre 2024, le véto recalant le patron du groupe Madrigall relève de l’énième contorsion des tisserands d’une fibre patriotique ne servant qu’à juguler les nœuds gordiens de la consistance du rien ou de la complétude du vide.

Favorable à l’auréolé de l’heure, la votante Christine Angot considérera qu’ « On ne peut pas faire comme si on n’entendait pas ce qu’il dit ». Nonobstant, l’absence d’écoute envers les échos émis antérieurement par nombre de scribes algériens diffusant depuis belle lurette les thèmes que colporte et s’accapare (à son unique profit) aujourd’hui Kamel Daoud, démontre bien la méconnaissance et l’anonymat du champ intellectuel algérien.

Le traître à la cause qui « a vendu son âme à la France », avançait le quotidien français Le Figaro du 05 novembre 2024, susciterait, du côté Sud de la Méditerranée, agacement et jalousie.

Ses partisans y subiraient même des intimidations, particulièrement à cause du climat de terreur imposé qui règne dans le cadre du SİLA ouvert au(x) public(s) depuis le 07 novembre et pour dix jours durant.

La venue, en grande pompe, du consacré aurait peut-être permis de dévoiler qu’il dérange en vérité très peu de monde, que la supposée hostilité idéologique n’est pas le moteur qui anime prioritairement la crainte des décideurs de la haute hiérarchie militaire.

Principalement accaparés par les marchés financiers, entre autres les courbes boursières de la rente pétrolière, ceux-ci ne souhaitent pas qu’un grain de sable vienne perturber le débit de leur fleuve tranquille, réveille les démons d’une mémoire collective bâillonnée pour que l’oubli gagne à jamais les cœurs meurtris.

Que pensent-ils vraiment de Kamel Daoud, Persona non grata ? Sans doute qu’il n’y a chez cette « brebis galeuse » rien de fondamentalement français, que les pieds noirs de la « nostalgérie« , maintenant persuadés de la proche arrivée au pouvoir de Marine Le Pen, ne voient en son adoubement parisien que celui d’un bicot de service picorant, çà et là, les bons maux et mots lui donnant la ferme impression de faire partie intégrante du cercle fermé des biens pensants.

Au lendemain du Goncourt, Houri est Orbi (Houri est au Monde) et son géniteur littéraire parade au cœur des salons de la capitale gauloise en vertu de la triomphale, et, somme toute, légitime tournée des Grands ducs.

Saadi-Leray Farid, sociologue de l’art et de la culture

Le charisme du charlatan !

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Tebboune
Tebboune a plongé le pays dans la terreur et l'immobilisme.

Dans certains États, particulièrement ceux où l’indépendance a été acquise par la lutte armée contre le colonialisme, la souveraineté nationale, chèrement obtenue, est paradoxalement devenue le terreau d’un pouvoir autocratique, bureaucratique et corrompu.

Ces régimes ont troqué les vifs de liberté et de prospérité contre un système où la médiocrité est promue au rang de valeur cardinale, la compétence est perçue comme une menace et l’intégrité devient un acte de dissidence. Le résultat ? Une société stagnante, créée par un cercle de dépendance aux ressources naturelles, où le véritable progrès est systématiquement saboté pour préserver le confort d’une élite désireuse de se maintenir au sommet, coûte que coûte.

 Dans ces États dominés par la rente pétrolière ou gazière, la médiocrité n’est pas seulement tolérée : elle est institutionnalisée. Pour garantir la loyauté de ceux qui occupent les postes-clés, les dirigeants préfèrent la complaisance à la compétence. Ce choix n’est pas anodin ; il assure un statu quo, protège des intérêts et maintient un équilibre de pouvoir qui défie toute tentative de réforme.

La bureaucratie pléthorique et budgétaire devient ainsi le théâtre d’une absurdité organisée, où le mérite personnel n’a pas sa place. Toute personne cherchant à exceller est vue comme un « perturbateur » qui, par contraste, expose les failles d’un système conçu pour la médiocrité.

Dans un tel contexte, la compétence devient une anomalie, voire une offense. Les individus compétents représentent des « témoins gênants » qui, par leur efficacité, révèlent les défauts d’un système reposant sur l’inertie. Ces témoins de l’absurde sont marginalisés, souvent même réprimés, car leur présence remet en cause la crédibilité de l’élite en place. Ce paradoxe transforme la compétence en une forme de résistance silencieuse, en un acte de rébellion contre l’ordre établi. La compétence ne fait pas que déranger ; elle effraie, car elle pourrait incarner la possibilité d’un changement et d’une responsabilisation que le régime redouté par-dessus tout.

La culture de la médiocrité transforme également l’excellence en un crime. Dans un système où l’incompétence est protégée et la corruption omniprésente, les valeurs d’excellence et d’innovation sont perçues comme des dangers potentiels. Tout individu cherchant à dépasser les normes établies est vu comme un perturbateur de l’ordre public, un révolutionnaire malgré lui. L’excellence n’a donc pas sa place dans ce cercle fermé, car elle pourrait, par effet de contraste, révéler le véritable visage d’un régime qui préfère la stagnation au risque du progrès.

Dans un système gangrené par la corruption, l’intégrité devient un acte d’insubordination. Ceux qui refusent de se plier aux pratiques corrompues sont perçus comme des dissidents, des empêcheurs de tourner en rond qui dérangent l’ordre bien huilé de la complaisance et de la fraude. L’intégrité du moral devient une forme de trouble à l’ordre public, une entrave à la « stabilité » que les dirigeants s’évertuent à préserver. Le message est clair : dans ce système, ne pas trahir ses valeurs revient à se condamner à la marginalisation.

Dans ces États rentiers, l’indépendance nationale est une valeur brandie, mais rarement respectée. Plutôt que d’œuvrer pour le bien-être collectif, l’élite s’accapare les ressources naturelles comme un « butin de guerre », utilisées non pas pour construire une nation forte, mais pour asseoir son autorité et préserver son confort. Cette indépendance est paradoxalement compromise dès lors que le régime s’en remet à des puissances étrangères pour préserver la stabilité de son pouvoir.

L’obsession de perpétuer l’ordre établi pousse certains à aliéner leur propre souveraineté, privilégiant les alliances de convenance à l’autonomie politique réelle. La domination est ainsi maintenue, mais au prix d’une soumission silencieuse qui trahit les fondateurs de la nation.

Ce système s’apparente à un poisson qui nage en cercle dans un aquarium, mimant un mouvement perpétuel, mais sans jamais avancer. Le régime oscille entre la répression et la complaisance, dépensant des ressources inestimables pour conserver un pouvoir incapable de créer une véritable prospérité. Cette stagnation asphyxie l’innovation, étouffe le mérite et paralyse toute forme de progrès. Les citoyens, quant à eux, assistent, résignés, à une société figée, où le mouvement apparent n’est qu’une illusion de progrès, où toute avancée est en réalité un recul masqué.

L’ironie amère de ce système est qu’il parvient à annihiler toute forme d’espoir en un avenir meilleur. Les citoyens, accoutumés à l’absence de perspectives, se résignent. Le désespoir se transforme en soumission, et la stagnation en normalité. L’excellence, la compétence et l’intégrité ne sont plus que des anomalies isolées dans un océan de médiocrité. La promesse d’indépendance et de liberté s’est muée en un carcan où les talents s’exilent, où l’innovation est muselée, et où la société tourne en rond, sous la férule d’une élite dont le seul objectif est la survivre.

Dans ces paradoxes réside l’essence même de ce système autoritaire : il est incapable d’avancer et de redouter tout changement, préférant réprimer plutôt que construire, obéissant aux lois d’un statu quo auto-destructeur. Seule une remise en question profonde, brisant cette spirale de dépendance et de complaisance, pourrait un jour permettre de libérer les potentiels de la nation et de redonner vie à ses aspirations.

Dans ce système, les dirigeants ne se contentent pas de conserver le pouvoir ; ils le fortifient par une dépendance économique accumulée envers les ressources naturelles. Cela les rend vulnérables aux fluctuations des marchés mondiaux et les oblige à quémander des alliances internationales au prix de concessions sur la souveraineté nationale. Cette dépendance est paradoxale : elle garantit une stabilité apparente, mais expose la nation à une instabilité bien plus profonde à chaque crise économique ou politique.

La répression, quant à elle, s’intensifie pour contenir toute forme de mécontentement populaire. Cette machine répressive, conçue pour garantir l’immobilité du système, se retourne finalement contre la société elle-même, étouffant chaque tentative de renouveau et chaque espoir de transformation.

La stagnation ne s’arrête pas là : elle s’étend aux domaines fondamentaux de l’éducation et de la santé, deux piliers essentiels du développement humain. Dans une société qui valorise la complaisance sur la compétence, l’éducation devient un simple outil de conformité. Les établissements scolaires et universitaires se transforment en lieux de conditionnement plutôt que de savoir, formant des individus qui ne remettront pas en cause l’ordre établi. Quant au secteur de la santé, il est réduit à sa plus simple expression, laissant la majorité des citoyens sans accès à des soins de qualité. Cette négligence est traduite par une population affaiblie, dépendante de l’État et, souvent, incapable de défendre ses droits ou d’exiger des réformes. Les citoyens, fragilisés par un système qui ne les soutient pas, se retrouvent pieds et poings liés, pris au piège d’une dépendance économique et sociale qui les empêche de se soulever.

Pour préserver son entreprise, ce système étouffe toute forme de société civile et empêcher l’émergence de contre-pouvoirs. Les syndicats, les associations et les médias, outils indispensables à toute démocratie, sont systématiquement affaiblis ou cooptés. Les voix dissidentes, lorsqu’elles émergent, sont vite réduites au silence, soit par la répression directe, soit par des stratégies de manipulation et de division. Ce manque de contre-pouvoirs transforme la société en un espace stérile, où les débats publics sont inexistants et où les citoyens n’ont aucun moyen de se défendre contre les abus de pouvoir. L’espace de la démocratie se rétrécit ainsi jusqu’à disparaître, laissant place à une uniformité d’opinions dictée par les dirigeants.

L’illusion de la stabilité et le déclin social

Ce système autoritaire maintient une illusion de stabilité qui n’est que de façade. Tandis que l’élite utilise la rente pour maintenir son train de vie et renforcer son contrôle, la société dans son ensemble s’enfonce dans un déclin progressif. Les inégalités sociales se creusent, la pauvreté devient endémique, et l’espoir d’un avenir meilleur s’éloigne. Le régime proclame la sécurité et la prospérité, mais la réalité est celle d’un pays qui dépérit, avec des infrastructures défaillantes, un système éducatif à l’abandon et une population désillusionnée. Cette stabilité illusoire cache une véritable dégradation sociale, où les citoyens sont réduits à un état de survie, vivant dans la crainte et le désespoir.

La nécessité d’une rupture et l’espoir d’une renaissance

Pour échapper à ce cercle vicieux, une rupture avec ce système de dépendance, de complaisance et de répression est indispensable. Cette rupture nécessiterait non seulement des réformes économiques et politiques, mais aussi un renouveau profond des valeurs sociétales. La compétence, l’intégrité et l’excellence devraient être remises au centre de la gouvernance, et la société civile réhabilitée pour donner une voix aux citoyens. L’éducation devrait redevenir un vecteur de liberté et d’émancipation, et la santé, un droit fondamental garanti pour tous.

Cette transformation exige une volonté politique rare, mais surtout un sursaut collectif de la part de la population, une prise de conscience de l’importance de défendre ces valeurs fondamentales pour construire une nation véritablement souveraine et prospère. Si le chemin est difficile, l’histoire montre que les nations qui osent briser les chaînes de la complaisance et de la corruption peuvent renaître de leurs cendres et rétablir une véritable indépendance, celle qui n’est pas seulement géographique, mais aussi économique, sociale. , et moral.

Entre la perpétuation et la renaissance

Les paradoxes d’un système où la médiocrité est promue, la compétence réprimée, et l’indépendance compromise sont autant de preuves qu’une nation ne peut prospérer en étouffant ses meilleurs éléments et en valorisant la complaisance sur le mérite. Ce système repose sur une illusion de stabilité et de sécurité qui, un jour, se fissurera. La vraie souveraineté ne peut se construire sur la dépendance économique, la répression des esprits et la corruption institutionnalisée ; elle réside dans l’autonomisation de chaque citoyen, la valorisation de la compétence, et l’encouragement à l’intégrité.

Pour renaître et avancer, le choix est clair : abandonner ce statu quo autodestructeur et redonner à la nation les moyens d’aspirer à un avenir meilleur. Car si ce système a, jusqu’à présent, réussi à maintenir son entreprise, il n’en reste pas moins vulnérable face aux aspirations humaines les plus fondamentales — la liberté, la justice et la dignité.

L’avenir d’une nation enlisée dans un tel système se dessine autour de deux perspectives : persister dans un statu quo qui ne fait qu’aggraver les inégalités et l’injustice, ou prendre des mesures décisives pour réformer profondément les institutions et rétablir la confiance du peuple. En sélectionnant la première voie, les dirigeants condamnent leur propre société à une implosion inévitable : les ressources naturelles, si centrales à ce modèle de rente, finiront par s’épuiser ou par se d’évaluer, et le mécontentement latent de la population pourrait bien se muer en une contestation ouverte et massive.

La seconde voie, bien plus difficile mais essentielle, est celle d’une réforme en profondeur, non seulement des structures économiques, mais aussi de l’esprit même qui guide la gouvernance. Elle requiert le courage de rompre avec les vieilles pratiques de favoritisme et de népotisme, de promouvoir une véritable justice sociale, et de réorienter les ressources de la nation vers l’éducation, la santé et le bien-être collectif. Un tel changement ne se limite pas aux décisions économiques ou politiques ; il implique aussi un renouvellement des valeurs, une rupture franche avec la complaisance qui gangrène les mêmes fondements de la société.

Pour sortir de cette médiocratie paralysante, il est impératif de revaloriser la compétence et les comme moteurs de la vie publique. Cela signifie instaurer une culture de l’évaluation et de la transparence, où les talents sont non seulement reconnus mais activement encouragés et protégés. Cette transition pourrait commencer par la mise en place de critères objectifs de sélection et de promotion dans la fonction publique, l’université et les entreprises d’État, afin d’écarter le favoritisme et d’élever les standards de compétence.

Ce retour au mérite et à l’intégrité aurait un effet de transformation pour toute la société. Il offrirait aux jeunes générations des modèles positifs et des perspectives, mettant fin à la fuite des cerveaux qui saignent actuellement les ressources intellectuelles du pays. Il encouragerait également les investissements et les initiatives privées, donnant aux citoyens les moyens de contribuer activement au développement de la nation.

La réhabilitation de la société civile est un autre pilier de la transformation nécessaire. Dans un État autoritaire, les associations, syndicats et médias sont souvent réprimés ou manipulés pour maintenir le pouvoir central. Or, une société ne peut avancer sans un espace d’expression libre où les citoyens peuvent partager leurs idées, revendiquer leurs droits et contester les décisions injustes. Le renforcement de la société civile permettra non seulement d’offrir une représentation aux citoyens, mais aussi véritablement d’encourager un dialogue constructif entre le gouvernement et la population, fondé sur la confiance mutuelle et le respect des droits fondamentaux.

En permettant aux citoyens de s’organiser et de faire entendre leur voix, un État gagne en légitimité et réduit la fracture entre les gouvernants et les gouvernés. Cette légitimité est cruciale pour le développement durable d’une nation, car elle garantit que les réformes sont soutenues et portées par la population, au lieu d’être imposées par un pouvoir éloigné et méfiant.

Le troisième pilier de la transformation réside dans une véritable revalorisation de la souveraineté nationale. Dans le système actuel, cette souveraineté est souvent sacrifiée aux intérêts économiques de quelques-uns, ou troquée pour des alliances qui servent davantage le maintien d’un régime que le bien-être du pays. Il devient donc essentiel de redéfinir cette indépendance, en s’affranchissant de la dépendance exclusive aux ressources naturelles, en diversifiant l’économie et en mettant en avant le développement humain.

Un pays souverain, dans le sens plein du terme, n’est pas seulement un pays libéré d’une ancienne domination coloniale, mais un État qui détient le contrôle effectif de ses ressources et de ses décisions politiques, sans s’en remettre automatiquement à des puissances étrangères pour sa survie économique ou politique. Cette souveraineté, redéfinie autour de la dignité et de l’autosuffisance, permet d’orienter les investissements vers des secteurs stratégiques, comme les énergies renouvelables, l’agriculture durable et la technologie, notamment la dépendance à la rente pétrolière ou gazière et ouvrant. des perspectives d’avenir à long terme.

Les réformes structurelles ne suffisent cependant pas à elles seules. Une transformation durable passe également par une évolution des mentalités et des valeurs culturelles. Il s’agit de rompre avec une culture de la soumission et de la complaisance, et de promouvoir des valeurs de responsabilité, de mérite et de solidarité. Cela commence par l’éducation, en instaurant un système scolaire qui valorise la pensée critique, la créativité et la connaissance. Il est essentiel de former des générations capables de questionner, de débattre, et d’innover, plutôt que d’accepter aveuglément un ordre établi qui les réduit au silence.

Par ailleurs, la diffusion de ces valeurs au sein de la population par le biais des médias et des initiatives communautaires serait une manière efficace d’encourager cette transition. Une culture de la transparence et de la responsabilité collective peut permettre à la société de se libérer du fardeau de la corruption et de la complaisance, et de jeter les bases d’un développement véritablement inclusif.

Au final, la transformation de ce système de médiocrité institutionnalisée repose sur la capacité de la nation à se tourner vers l’avenir avec ambition et intégrité. Cette transformation exige des sacrifices, de la résilience et une vision de l’avenir qui dépasse les intérêts immédiats d’une élite minoritaire. Elle requiert des citoyens informés, engagés et solidaires, des dirigeants capables de mettre en avant le bien commun plutôt que leur propre survie, et un pacte social fondé sur la dignité, la justice et l’égalité des chances.

La tâche est colossale, mais l’histoire regorge d’exemples de nations ayant su se relever en rejetant la médiocrité et en embrassant le mérite et l’intégrité. Relever ce défi est une entreprise collective : elle exige le courage de chaque citoyen, de chaque institution, de s’opposer au système actuel et de croire en un avenir différent. Il ne s’agit pas seulement de moderniser l’économie ou de réformer les institutions ; il s’agit de donner vie à une nation qui soit enfin à la hauteur des vives de liberté, de justice et de dignité qui ont inspiré les luttes de son passé.

Si le chemin est ardu, les fruits de cette transformation seraient immenses : une société épanouie, une économie prospère, et une nation souveraine capable d’avancer dans un monde en constante évolution.

Dr A. Boumezrag

Les démocrates : de belles idées mais une impuissance qui perdure

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Démocrates algériens
Les démocrates algériens victimes de l'arbitraire du régime.

L’absence des démocrates sur la scène politique algérienne, et ce qui s’apparente à une fuite de l’arène des affrontements idéologiques qui font rage actuellement, nous interpelle à plus d’un titre.

Vous allez me dire que le champ politique est fermé et que les espaces de liberté sont réduits à néant, mais c’était déjà le cas dans les années 70, et pourtant les communistes ont pu opérer, militer, et même s’infiltrer au sein même des sphères dirigeantes, à travers le PAGS notamment.

C’est donc beaucoup plus une question de courage, de conviction, de détermination et d’envie.

Le mal dont ce courant est l’immobilisme couplé d’incapacité de renouvellement et d’adaptation aux nouvelles réalités politiques.

Il suffit de lire, d’écouter ou de voir les interventions des « leaders » de cette mouvance, des militants et des journalistes qui défendent leurs idéaux pour se rendre compte  qu’ils sont scotchés aux années 90.

Les mêmes slogans, les mêmes expressions, les mêmes discours, les mêmes approches et les mêmes postures vis-à-vis du pouvoir et des autres forces politiques agissant sur le terrain.

On a toujours l’impression de voir Said Sadi ou Hocine Ait-Ahmed au milieu des autres acteurs politiques (ou qui agissent en faisant-fonction) sur le terrain.

La fuite du temps est irréversible. Mais, c’est comme s’il s’était figé en Algérie.

Pourtant, comme de bien entendu les générations se sont renouvelées, les temps ont changé, et les wagons de l’histoire ont embarqué d’autres idées portées par de nouvelles mentalités.

Il est plus que jamais temps pour les démocrates de revoir leur stratégie, de s’adapter aux mutations politiques actuelles, de tisser de nouvelles alliances et d’opérer différemment.

Les démocrates ont beaucoup apporté à la jeune démocratie algérienne, mais ils sont paradoxalement les seuls perdants de l’évolution politique actuelle.

Pour le bien du pays et de la démocratie, ils ont le devoir moral de se remettre en cause, et de semer de nouvelles graines à même de permettre aux nouvelles générations de respirer et d’entrevoir un avenir où la harga ne sera plus le seul objectif de vie.

Youcef Oubellil, écrivain

Afrique du Nord : jeu d’acteurs ou jouet des puissances !

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Port

Au cœur des tourments géopolitiques mondiaux, l’Afrique du Nord se révèle être un terrain où s’entremêlent ambitions locales et influences globales.

Positionnée entre Europe, Moyen-Orient et Afrique subsaharienne, la région se trouve à la fois dans une position stratégique unique et dans une situation délicate. Alors, l’Afrique du Nord est-elle réellement actrice de son propre destin, ou bien simple jouet dans le jeu des grandes puissances ?

L’Afrique du Nord, par sa géographie et ses ressources, attire l’attention de multiples acteurs globaux. L’Europe, soucieuse de sécuriser ses sources énergétiques et de contenir les flux migratoires, se tourne de plus en plus vers cette région, tout comme les États-Unis, qui voient là un contrepoids potentiel face à l’influence croissante de la Chine et de la Russie. Quant aux puissances émergentes, elles y voient une opportunité d’étendre leur empreinte, qu’il s’agisse de coopérations économiques ou de partenariats militaires.

Cette convoitise internationale place les États nord-africains dans une position complexe : pour tirer parti des intérêts externes, ils doivent savoir jongler entre les offres et pressions de chaque puissance, tout en préservant leurs propres ambitions nationales.

Cette question résume bien le dilemme : dans quelle mesure les pays d’Afrique du Nord peuvent-ils exercer une influence réelle sur leur avenir ? D’une part, ces nations jouent effectivement un rôle actif dans leur développement et leur diplomatie. Par exemple, l’Algérie, riche en ressources naturelles, s’efforce de renforcer ses relations avec l’Europe, tout en regardant vers l’Afrique subsaharienne pour s’affirmer comme un pont économique. Le Maroc, de son côté, mise sur ses atouts géographiques et économiques pour attirer des investissements et renforcer son rayonnement diplomatique en Afrique.

D’un autre côté, l’impact des influences extérieures reste puissant et parfois contraignant. La dépendance énergétique de l’Europe ou les rivalités commerciales internationales font de la région un lieu de compétition, provoquant parfois la marge de manœuvre de ses acteurs locaux. Dans ce contexte, chaque décision diplomatique ou économique peut facilement devenir un compromis stratégique, ou pire, une soumission aux pressions économiques et politiques.

Entre aspirations et défis internes

Au-delà des influences extérieures, les défis internes restent omniprésents et compliquent davantage le positionnement de la région. Les réformes économiques, les attentes sociales et la stabilité politique sont autant de facteurs qui rendent la tâche difficile pour des gouvernements soucieux d’affirmer leur rôle sur la scène régionale et mondiale. Ce contexte interne rend souvent les États nord-africains plus vulnérables aux pressions extérieures, d’autant que ces défis peuvent être exploités pour influencer leurs orientations stratégiques.

Pourtant, l’Afrique du Nord ne se résume pas à un terrain de jeu pour les puissances étrangères. De plus en plus, elle s’emploie à redéfinir ses alliances et à renforcer son rôle en tant qu’actrice stratégique. La montée en puissance de l’Union africaine, les initiatives commerciales continentales telles que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), et les partenariats diversifiés en matière d’infrastructure et de technologie sont autant d’indices d’une volonté de maîtriser davantage son destin.

L’Algérie, par exemple, revendique sa place de pays non aligné et mène une diplomatie indépendante en collaborant avec des partenaires multiples, de la Russie à la Chine, tout en renforçant ses liens avec l’Europe. Le Maroc, quant à lui, multiplie les initiatives diplomatiques et économiques en Afrique subsaharienne, se positionnant comme un leader régional et un lien stratégique entre l’Europe et l’Afrique.

Ainsi, l’Afrique du Nord oscille entre statut de joueur et de jouet dans les dynamiques géopolitiques mondiales. Elle a les moyens de s’affirmer comme un acteur clé, capable d’arbitrer entre différentes puissances pour faire avancer ses propres intérêts. Néanmoins, cette ambition repose sur la capacité des États de la région à maintenir leur stabilité interne, à diversifier leurs alliances et à anticiper les nouvelles tendances globales.

En fin de compte, l’Afrique du Nord ne semble pas condamnée à n’être que l’objet des convoitises internationales. Si elle continue de renforcer ses institutions et de définir ses priorités en fonction de ses propres intérêts, elle pourra véritablement influencer l’avenir de la région et s’imposer dans un monde où les relations internationales se font de plus en plus transactionnelles, multipolaires et pragmatiques.

L’Afrique du Nord se tient à la croisée de ses ambitions et des influences internationales, dans un monde où la concurrence est de plus en plus stratégique et les alliances de plus en plus mouvantes. Si la région est courtisée, elle n’est pas forcément condamnée à se laisser dominer.

Ses ressources naturelles, sa position géographique et son potentiel économique lui confèrent de précieux leviers. Mais, pour s’affirmer véritablement comme actrice de son propre destin, l’Afrique du Nord doit concilier ses aspirations nationales avec une vision diplomatique capable de jongler avec les intérêts concurrents qui la sollicitent.

L’avenir de cette région dépendra de sa capacité à transcender ses défis internes pour construire des partenariats équilibrés, à diversifier ses alliances, et à parler d’une voix unifiée face aux puissances extérieures. Dans cette perspective, l’Afrique du Nord pourrait non seulement se libérer du rôle de « jeu » des grandes puissances, mais devenir elle-même un joueur central dans la fonte des équilibres géopolitiques mondiaux.

En fin de compte, l’enjeu est de taille : passer du statut de terrain convoité à celui de territoire qui décide et façonne son avenir, au cœur de deux continents en transformation.

L’Afrique du Nord doit choisir : rester un terrain de jeu pour les ambitions des autres ou devenir le joueur stratégique qui trace sa propre voie. »

Dr A. Boumezrag

Algérie-Espagne : les échanges commerciaux de nouveau normalisés 

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Alger et Madrid
Oublée le soutien apporté par Madrid au plan marocain sur le Sahara occidental, Alger se remet à faire des affaires avec l'Espagne

Gelés suite à la crise diplomatique de l’été 2022 consécutive à la reconnaissance par le gouvernement espagnol de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, les échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Espagne viennent d’être officiellement normalisés.

Le coup de sang de Tebboune et ses parrains n’aura pas duré devant l’importance des échanges économiques avec Madrid. Le 6 novembre dernier, la Banque d’Algérie a informé les banques intermédiaires, via une note officielle, quelles peuvent procéder à la domiciliation bancaires des opérations commerciales tant en provenance qu’à destination de l’Espagne, et à leur traitement conformément à la réglementation des changes en vigueur.

En effet, dans le document de la Banque d’Algérie, il est précisé qu’ »en vertu de la réglementation des changes en vigueur, les banques intermédiaires agréées doivent veiller à la régularité des opérations de commerce extérieur et de change qu’elles traitent (…) Les opérations de domiciliation bancaire des opérations de commerce extérieur de et vers l’Espagne, doivent être traitées conformément à la réglementation des changes en vigueur. » Voilà qui est clair.

La décision a été accueillie avec soulagement par la Chambre de commerce et d’industrie algéro-espagnole (CCIAE).

 « Chers membres de la CCIAE et chers chefs d’entreprise, nous avons le plaisir de vous informer que les échanges économiques et commerciaux entre l’Algérie et l’Espagne ont été débloqués à compter d’aujourd’hui, selon un communiqué officiel de la Banque d’Algérie. Cette évolution représente une opportunité significative pour renforcer les relations commerciales entre les deux pays », annonce avec triomphe la CCIAE dans un communiqué. 

Le blocage des opérations commerciales (à l’exception des hydrocarbures) entre l’Algérie et l’Espagne a fait réagir l’Union européenne qui a reproché à l’Algérie de fermer son marché aux opérateurs européens.

Après près de deux ans de tensions entretenues du côté algérien allant même jusqu’à suspendre le Traité d’amitié la liant à l’Espagne, dans une volonté d’amener son gouvernement à réviser sa position dans le dossier du Sahara occidental, l’Algérie reviendra à de meilleurs sentiments. Et cède. Les relations diplômatiques entre les deux pays ont commencé à se normaliser. Un nouvel ambassadeur algérien est nommé à Madrid, en novembre 2023.

Avant l’entrée en vigueur de la procédure de normalisation qui vient d’être engagée par la BA, l’Algérie a autorisé au début de l’année 2024, l’importation de certains produits en provenance d’Espagne, comme les intrants avicoles et les viandes rouges fraîches.

Samia Naït Iqbal

Gaza : 70% des victimes du conflit sont des enfants ou des femmes, selon un rapport de l’ONU

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Gaza
Des milliers d'enfants sont morts sous les bombes israéliennes à Gaza.

Les femmes et les enfants représentaient « près de 70% » des morts dans la bande de Gaza sur la période novembre 2023 à avril 2024, affirme l’ONU, le vendredi 8 novembre, après une minutieuse vérification d’un décompte partiel des victimes de la guerre menée par Israël contre le Hamas.

Le bilan des morts est extrêmement lourd. Plus de 43 000 décès sous les bombes israéliennes. Le nouveau rapport du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme détaille également un large éventail de violations du droit international qui, pour beaucoup, pourraient être assimilées à des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et peut-être même à un « génocide ».

Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a vérifié 8 119 des plus de 34 500 personnes qui auraient été tuées au cours des six premiers mois de la guerre, constatant que « près de 70% étaient des enfants et des femmes ». « Nous pensons que cela est représentatif de la répartition du nombre total de morts. Une proportion similaire à celle donnée par les autorités de Gaza », a souligné auprès de l’AFP Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat.

Le nombre et la nature des victimes à Gaza fait l’objet d’un débat récurrent et très animé depuis le début de la guerre menée par Israël en représailles des attaques du mouvement islamiste Hamas le 7 octobre 2023. L’ONU et de nombreux pays estiment que le bilan quotidien donné par le ministère de la Santé du Hamas est fiable. Israël le conteste depuis le début du conflit.

Selon le Haut-Commissariat, la proportion de femmes et d’enfants indique « une violation systématique des principes fondamentaux du droit international humanitaire, notamment la distinction et la proportionnalité ». Sur les décès vérifiés, 3 588 étaient des enfants et 2 036 des femmes, précise le rapport.

Un niveau de morts et de blessés « sans précédent »

« Ce niveau sans précédent de morts et de blessés parmi les civils est une conséquence directe du non-respect des principes fondamentaux du droit international humanitaire », a accusé le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk, dans un communiqué. « Tragiquement, ces violations documentées se poursuivent sans relâche, plus d’un an après le début de la guerre », a-t-il ajouté.

Selon ses services, environ 80% de tous les décès vérifiés avaient eu lieu lors d’attaques contre des immeubles résidentiels ou des logements similaires, et près de 90% des personnes avaient été tuées dans des incidents ayant coûté la vie à cinq personnes ou plus. Le rapport indique que la grande proportion de décès vérifiés dans des immeubles résidentiels pourrait s’expliquer en partie par la « méthodologie de vérification » du Haut-Commissariat qui nécessite au moins trois sources indépendantes. Il souligne également qu’il est plus difficile de collecter et vérifier les informations sur les personnes tuées dans d’autres circonstances.

Israël a insisté sur le fait que ses opérations à Gaza visent les combattants du Hamas. Mais le rapport publié vendredi souligne que les décès vérifiés reflètent largement la composition démographique de la population générale de Gaza, plus que celle des combattants.

 RFI/AFP

Algérie-France : les affaires ne connaissent pas la crise !

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Importations

Que cache le communiqué du Premier ministre, Nadir Larbaoui, publié 7 novembre ? Il a opposé un ferme démenti aux rumeurs faisant état de la suspension des échanges commerciaux entre l’Algérie et la France.

Il s’avère donc, au sens de cet énigmatique communiqué, que ce que d’aucuns ont présenté comme une mesure de rétorsion que les autorités algériens auraient prises pour punir la France pour son alignemen sur les positions du Maroc sur la question du Sahara occidental étaient au final sans fondement. Du pipeau !

Pourtant, la rumeur avait bien circulé, durant toute une semaine, à la suite de la visite d’Etat d’Emmanuel Macron au Maroc et ses déclarations reconnaissant la souveraineté du royaume chérifien sur l’ex-colonie espagnole. 

Des Youtebeurs algériens, installés en Europe, et qui passent pour être bien en cour auprès d’officines sécuritaires à Alger, ont traité le sujet, à satiété, affirmant avec force détails que l’Algérie a pris des décisions faisant état de l’arrêt immédiat des transactions commerciales  entre Paris et Alger. Voire !

L »un d’entre eux avait fait lecture d’un communiqué non signé attribué à l’Association algérienne des banques (ABEF) qui enjoignait à toutes les institutions bancaires de la place d’Alger de ne pas procéder à la domiciliation bancaire pour la couverture de transactions commerciales de et vers la France. L’ABEF a-t-elle été sacrifiée ou ce document était un faux ?

Une chose est certaine, le communiqué des services de Nadir Larbaoui vient remettre les pendules à l’heure et mettre fin à « ces informations téléphonées ». 

Mais qui avait distillé ces informations et pourquoi ? 

La question qui taraude les esprits est de savoir qui est à l’origine de ces allégations et pourquoi le chef du gouvernement algérien s’est empressé de les démentir ?

Cette fois-ci, l’acte de vengeance comme ce fut le cas contre l’Espagne, n’aura pas lieu  contre la France en dépit de son soutien à la solution marocaine pour le Sahara occidental. 

Dans un système politique algérien connu pour son fonctionnement opaque, voire même bicéphale, il paraît bien difficile de percer l’origine de ce charivari. On nage dans une ambiance en clair-obscur, d’un brouillard de la guerre, annonciateur d’une rupture irrémédiable et imminente des relations déjà troubles entre la France et l’Algérie. Mais le divorce mainte fois annoncé n’aura finalement pas lieu. Bien plus, les affaires continuent aux grands bonheur des détenteurs de capitaux. 

Un bizness florissant malgré les fâcheries diplomatiques 

« Fâcherie ou pas, Sahara occidental ou pas les importations de voitures et céréales françaises remontent », écrivait le site tunisien spécialisé, tunisienumerique.com. La publication fournit des indicateurs éloquents sur les flux financiers qui n’ont pas cessé de circuler entre l’Algérie et la France malgré les coups de froid successifs connus par les relations entre les deux pays. A deux reprises, ces querelles diplomatiques se sont soldées par le rappel par l’Algérie de son ambassadeur. 

 « Certes les échanges commerciaux entre les deux partenaires ont légèrement chuté au premier semestre 2024 mais cela n’a rien à voir avec les relations délétères entre les deux chancelleries. Ce qui compte ce sont les affaires et ceux qui les font n’ont pas les mêmes états d’âme que les partisans de la ligne dure », constate le site tunisien d’information économiques qui prend à témoin le dernier numéro de la Lettre économique de la mission économique de l’ambassade de France à Alger.

« Si les indicateurs du premier semestre 2024 sont moins bons c’est principalement à cause de l’érosion des cours des hydrocarbures », constate la publication.

Reprenant les chiffres des Douanes françaises la Lettre économique indique un repli de 5,4% des échanges par rapport à la même période de 2023. « C’est la première baisse après 3 années d’affilée de hausse. »

« Selon la même source, écrit encore la publication, le volume global des échanges commerciaux entre l’Algérie et la France s’est situé à 5,4 milliards d’euros, une dynamique dopée par la reprise de la commercialisation de deux produits français : les voitures et les céréales. Par ailleurs la fonte des cours pétroliers et gaziers a permis à la France de réduire de 719 millions d’euros son déficit commercial avec l’Algérie, 636 millions d’euros globalement.

Au premier semestre 2024 l’Algérie a exporté vers la France pour 3 milliards d’euros de pétrole et de gaz, soit un repli de 14,5%. A noter que les hydrocarbures pèsent 79,4% dans les importations françaises d’Algérie. Les importations de gaz naturel ont baissé drastiquement en valeur alors que le volume du pétrole importé est légèrement monté au premier semestre 2024 en comparaison avec 2023″, note  le site tunisien spécialisé. 

Et de poursuivre : « si les cours des hydrocarbures restent en l’état ou plongent davantage sur les marchés mondiaux cela pourrait impacter plus favorablement le déficit commercial de la France avec l’Algérie, qui s’est accentué depuis 2021 après plusieurs années d’excédent. Le recul des importations françaises se fait parallèlement à une augmentation des exportations vers l’Algérie, +9,3%, la balance commerciale le montre clairement », lit-on encore sur la même. plateforme.

Celle-ci ajoute: « Au premier semestre de cette année la France a acheminé vers l’Algérie 2,4 milliards d’euros de marchandises, essentiellement des produits industriels. Ce volume certes est en légère baisse (-0,7%) mais occupe 37,8% dans les ventes françaises en Algérie. Les autres niches sont les produits pharmaceutiques et chimiques (en augmentation), le bois, la métallurgie et le caoutchouc (en repli).

Autre fait marquant au premier semestre 2024 : Une relance “spectaculaire «(+90,5 %) des exportations de produits agricoles français vers l’Algérie », après une chute drastique au semestre précédent“.

En 2023 du côté de l’Algérie il était question de bouder la France pour ouvrir la porte au blé russe. Qu’est-ce qui s’est passé depuis ? Vladimir Poutine, que Tebboune a visité en juin 2023, n’aurait pas tenu toutes ses promesses ou l’activisme de Paris aurait pris le dessus ? Mystère.

En attendant l’Algérie reste le «deuxième marché de destination des exportations françaises au Maghreb, derrière le Maroc et devant la Tunisie», toujours selon la même source citée par tunisienumerique.com.

Samia Naït Iqbal

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