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Algérie–Irak : les Fennecs terminent premiers et filent en quarts

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Algérie Irak
Après son match face à l'Irak, l'Algérie qualifiée aux quats de finale.

Au stade international Khalifa, l’Algérie a livré un match intense et maîtrisé, ponctué de moments spectaculaires et de rebondissements. Dès la 2ᵉ minute, l’Irak est réduit à dix après l’expulsion d’Al Saedi pour une semelle sur Yacine Brahimi. Un carton rouge direct qui place immédiatement les Fennecs en position de force.

Les Algériens prennent le contrôle du jeu et dictent le rythme. Sur un coup franc, Tougai est accroché dans la surface, mais le VAR annule la décision de penalty pour hors-jeu. Malgré cette frayeur, l’équipe nationale reste concentrée et patiente. Juste avant la pause, un coup franc frappé par Yassine Benzia trouve Redouane Berkane au premier poteau, qui dévie le ballon vers Tougai. La reprise instantanée du défenseur est validée après consultation de la VAR (1‑0, 45+1ᵉ).

Le début de seconde période est fatal aux Irakiens. Yacine Brahimi, par un mouvement individuel, élimine son vis-à-vis et centre fort. Talib dévie sur son capitaine Natiq, qui marque contre son camp (2‑0, 47ᵉ). Ce but du break permet à l’Algérie de contrôler le reste de la rencontre.

Malgré plusieurs tentatives et changements, les Irakiens ne parviennent jamais à mettre Chaal en danger, qui s’illustre par des interventions décisives en fin de match. La victoire 2‑0 offre à l’Algérie la première place du groupe D et la qualification pour les quarts de finale.

Vendredi à 18h30, les Fennecs affronteront les Émirats arabes unis, forts de cette performance solide et d’une maîtrise tactique qui n’a jamais faibli, même dans les instants de tension. Cette rencontre restera comme un exemple de patience, de discipline et d’efficacité dans le jeu des Algériens, capables de transformer rapidement un avantage numérique en résultat concret 

Djamal Guettala 

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Algériens bloqués en Tunisie : un hiver inattendu pour des vacances contrariées

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1400 Algériens bloqués.
1400 Algériens bloqués.

Ils avaient imaginé quelques jours de détente au bord de la mer, loin de la grisaille et du vent froid qui balaient Alger en décembre. Mais pour près de 1 400 Algériens, l’escapade tunisienne s’est transformée en attente prolongée, stress et frustration.

Depuis quelques jours, les bus touristiques en direction de la Tunisie ne peuvent plus circuler sans récupérer une autorisation de transport internationale, une mesure longtemps restée théorique et désormais appliquée de manière brutale.

Pour les agences de voyages, le choc est rude. Aucune alerte préalable, aucune communication : tout le monde a été pris de court. Les bus étaient déjà sur la route ou prêts à partir, les voyageurs avaient payé leurs acomptes, parfois jusqu’à 30 % du prix des séjours, et certains contrats interdisent même le remboursement. En plein hiver, avec vent et pluie, cette situation ajoute au désarroi de ces touristes qui espéraient passer les fêtes de fin d’année en Tunisie.

À Tunis, l’hiver se fait sentir. Les familles grelottent sur leurs valises dans les halls d’hôtels, en manteaux et écharpes, attendant des bus qui ne franchiront pas la frontière. Les jeunes s’abritent sous les auvents, les regards vers la route bloquée, tandis que des hôtels débordés tentent de gérer la situation. « Nous pensions trouver un climat plus doux, mais ici aussi le vent et la fraîcheur nous rappellent que nous ne pouvons pas rentrer immédiatement », confie une touriste, fatiguée et inquiète.

Pour Maher Hamour, président de l’Organisation algérienne du tourisme, la mesure est nécessaire sur le principe : elle vise à encadrer le transport touristique et à limiter les intermédiaires non autorisés. Mais sa mise en œuvre soudaine crée un chaos logistique inédit. Les agences réclament désormais des solutions rapides : délivrance accélérée des licences, autorisations temporaires, ou exemption pour les bus déjà programmés.

Entre pertes financières, frustration des voyageurs et absence de communication des autorités, cette situation illustre la fragilité du tourisme face à des décisions administratives abruptes. Et pour ces Algériens, l’hiver tunisien, déjà frais et humide, devient une épreuve inattendue, transformant un voyage censé être une évasion en un épisode de confusion, de stress et d’attente interminable.

Mourad Benyahia 

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Chômage en Algérie : quand le discours officiel verse dans le « mentir vrai »

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Jeunes chômeurs.
Le chômage est tu par les autorités en Algérie. Crédit photo : DR

En déclarant qu’ »il n’existe presque pas de chômage en Algérie », le ministre du Travail, Abdelhak Saihi, a relancé le débat sur la crédibilité des indicateurs publics. Cette saillie renseigne sur les acrobaties verbales et les enfumages dont use le régime pour mentir à la population.

Soyons concis. Si certains chiffres montrent une amélioration réelle, la lecture qu’en fait le gouvernement reste partielle et contraste avec les données consolidées de l’ONS.

Un optimisme ministériel fondé sur une vérité incomplète

Lors d’une conférence consacrée à la prime de chômage, Abdelhak Saihi a mis en avant l’effort budgétaire important consacré au dispositif : plus de 400 milliards de dinars par an, pour 1,9 million de bénéficiaires, majoritairement des femmes et des personnes non qualifiées.

Il a également souligné la création de 1,8 million d’emplois depuis 2020, ainsi que la montée en puissance du secteur privé, qui assure près de 48 % des opportunités d’embauche.

Pris isolément, ces éléments traduisent un volontarisme réel. Mais ils ne suffisent pas à soutenir l’idée que le chômage serait devenu résiduel.

Les chiffres révisés de l’ONS offrent une image plus nuancée

L’Office national des statistiques a récemment révisé les résultats de son enquête d’octobre 2024. Le taux de chômage national est désormais fixé à 9,7 %, contre une estimation initiale de 12,7 %.

L’ONS explique cette rectification par des ajustements méthodologiques et par l’intégration de créations d’emplois non prises en compte lors du premier sondage.

Malgré cette révision à la baisse, le chômage reste bien réel : près de 1,76 million de personnes étaient en recherche d’emploi selon l’estimation initiale, 450 000 emplois ont été créés en 2024, le taux d’activité demeure faible (41,7 % de la population de 15 ans et plus), avec de forts écarts entre hommes (63,9 %) et femmes (19,2 %).

Les diplômés toujours en première ligne

Le chômage touche particulièrement les titulaires de diplômes : 19 % de chômage pour les diplômés universitaires, ils représentent 31,4 % de la population au chômage, avec les diplômés de la formation professionnelle, ils constituent près de 57 % de l’ensemble des chômeurs.

Ces données, plus structurelles, contredisent l’idée d’un chômage marginal ou maîtrisé.

Un “mentir-vrai” qui alimente la controverse publique

La réaction immédiate sur les réseaux sociaux traduit une incompréhension face à l’écart entre la déclaration du ministre et les indicateurs disponibles.

Le “mentir-vrai” se joue ici dans la manière de s’appuyer sur des éléments factuels — effort financier, créations d’emplois — pour produire un récit globalement plus positif que la réalité mesurée.

L’écart entre communication institutionnelle et vécu social devient ainsi visible.

# Une question de crédibilité pour les politiques de l’emploi

La polémique met en lumière une difficulté persistante du gouvernement : proposer un discours cohérent sur l’état de l’emploi sans minimiser les fragilités structurelles du marché du travail.

Dans un pays où le taux d’activité reste faible et où les diplômés peinent à intégrer le marché du travail, la maîtrise du récit ne peut se substituer à une vision complète des défis.

La bataille pour l’emploi reste pleinement ouverte — et elle exige davantage de transparence que d’affirmations symboliques.

Samia Naït Iqbal

#Lien pour suivre le discours du ministre du travail, de l’emploi et de la sécurité sociale, Abdelhak Saihi

https://www.facebook.com/share/v/1FzCUR8nqT

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Cinéma algérien : plus de 160 professionnels accusent le pouvoir de « blocage » et interpellent Tebboune

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Cinéma algérien

Le 9 décembre 2025, une lettre ouverte signée par 164 professionnels du cinéma algérien a été adressée au chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune. Le texte, largement relayé sous le slogan «Tahia Ya Cinéma ! », marque un tournant : jamais le milieu n’avait parlé d’une seule voix avec autant de clarté contre l’immobilisme qui étouffe le secteur.

Les signataires rappellent d’abord les engagements du chef de l’État en faveur du cinéma. Mais très vite, le ton se durcit : près d’un an après les Assises nationales du cinéma, aucune recommandation n’a été appliquée.

« Qui porte la responsabilité du blocage ? », lancent-ils, pointant un pouvoir administratif qui neutralise toute tentative de réforme. Le cinéma algérien est devenu une fiction depuis au moins 2019. Plus de tournage, plus de films dignes de ce nom…

Un décret qui trahit l’esprit même de la relance

Le décret créant le Centre national du cinéma est au cœur de leurs critiques. Selon les professionnels, ce texte n’est rien d’autre qu’un retour à une gestion bureaucratique opaque, déconnectée des besoins réels du terrain. Ils y voient une structure pensée pour administrer le secteur… sans les cinéastes.

Un paradoxe, écrivent-ils, alors que le président appelait lui-même les professionnels à s’organiser dans un cadre clair.

Le message est limpide : l’État a demandé au secteur de se structurer, puis l’a empêché de le faire.

Une année blanche qui fait scandale

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : aucun film soutenu en 2025, pas même un court-métrage. Le Fonds de soutien, censé être l’outil central de la relance, est toujours inopérant.

Pire encore, l’enveloppe financière consacrée ces dernières années ne couvre même pas le coût d’un film moyen selon les standards internationaux.

Le secteur résume la situation sans détour : on parle d’un cinéma qu’on ne finance pas, qu’on n’encadre pas, et qu’on empêche d’exister. Pas seulement, beaucoup de cinéastes sont réduits à être des auxiliaires de censeurs tapis dans la haute administration pour pouvoir tourner de navets et survivre.

Des demandes claires, un avertissement implicite

Les cinéastes ne se contentent pas de dénoncer. Ils exigent l’application immédiate des recommandations des Assises nationales ; la révision ou l’abrogation des textes qui entravent l’activité ; la mise en route effective du Fonds de soutien, avec des budgets adaptés ; la refonte du Centre algérien du cinéma, doté de prérogatives réelles et d’une direction nommée au plus haut niveau ; la participation obligatoire des professionnels aux décisions majeures du secteur.

Cette lettre est aussi une mise en garde : sans environnement stable, sans moyens, sans vision, aucune renaissance n’est possible.

Une mobilisation inédite

Acteurs, réalisateurs, scénaristes, producteurs, chefs décorateurs, ingénieurs son, directrices artistiques, techniciens…

La liste des 164 signataires est un signal politique à elle seule. Une mobilisation transversale, intergénérationnelle, rarement vue depuis des décennies.

Ce front commun donne à la lettre une portée qui dépasse le strict cadre du cinéma.

C’est un appel à un résurrection de ce cinéma qui a connu ses heures de gloire. Mais surtout une déclaration de survie dans ce contexte d’arbitraire et de censure généralisée. Les acteurs du cinéma algérien refusent le silence, l’arbitraire et la compromission. Ils veulent créer, réinventer l’espoir à travers leurs films… Seront-ils seulement entendus ?

Mourad Benyahia

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Tunisie/Algérie : régression des acquis démocratiques et solidarité avec les détenu.e.s

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Prisons

Nous publions ci-dessous le communiqué conjoint de la société civile tunisienne et algérienne. 

À l’occasion de la Journée internationale des droits humains, le 10 décembre, les, associations et citoyen·ne·s tunisien·ne·s et algérien·ne·s ,signataires de ce communiqué dénoncent avec force la régression des acquis démocratiques et des droits humains dans nos deux pays.

Treize ans après la révolution tunisienne et cinq ans après le Hirak algérien, les libertés fondamentales sont attaquées : révisions constitutionnelles restrictives, lois liberticides, répression des voix dissidentes, dissolution d’organisations de la société civile et emprisonnement arbitraire de centaines de militant·es et défenseur·es des droits humains.

Nous affirmons que la liberté d’expression, la liberté d’association, la liberté de réunion pacifique et la liberté syndicale sont des droits inaliénables. Aucune personne ne devrait être détenue pour un post, un slogan, un article, une vidéo, une chanson, une grève, une réunion ou un engagement pacifique.

Nous exprimons notre solidarité entière avec les détenu·es politiques et d’opinion, ainsi qu’avec leurs familles, et dénonçons l’usage de la détention provisoire prolongée, des poursuites infondées et des lois répressives pour réduire au silence les voix critiques.

Nous appelons immédiatement les autorités tunisiennes et algériennes à libérer toutes les personnes détenues pour leur engagement pacifique et à cesser toute criminalisation de l’expression et de l’action citoyenne. Tant que ces détentions arbitraires perdureront et les logiques répressives persisteront, aucune démocratie ne pourra être crédible et aucune confiance entre citoyen·nes et institutions ne pourra s’établir.

Face à cette régression des droits et des libertés, nous appelons les collectifs engagés des deux pays à unir leurs forces, à renforcer la solidarité transnationale et à construire ensemble des actions communes pour défendre les libertés, la dignité et la justice sociale.

Nous, associations et citoyen·ne·s tunisien·ne·s et algérien·ne·s signataires, appelons les autorités de nos deux pays à

1. libérer immédiatement et sans condition toutes les personnes détenues pour leur opinion, leur expression ou leur engagement pacifique.

2. abroger ou réviser les lois répressives qui criminalisent la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique.

3. garantir l’indépendance de la justice et le respect effectif des contre-pouvoirs pour préserver l’État de droit et la démocratie.

Aux organisations de la société civile, aux collectifs et aux citoyen·nes nous appelons à

1. renforcer la participation citoyenne, encourager le dialogue et développer le rôle des organisations de la société civile dans les décisions publiques et les mécanismes de consultation.

2. Consolider la coopération et la solidarité transnationale entre collectifs engagés afin de construire des stratégies communes de défense des droits humains.

La liste des organisations signataires :

− Mouvement Ibtykar- Algérie

− Le comité de sauvegarde de la Ligue algérienne de défense des droits humains– Algérie

− Riposte Internationale–Algérie

− Fondation pour la promotion des droits–Algérie

− Libertés Algérie –Algérie

− Alliance Transméditerranéenne des femmes algériennes – Algérie

− Collectif des Familles de disparus en Algérie

− Ligue Tunisienne pour la défense des droits de l’Homme (LTDH)- Tunisie

− Association Tunisienne des femmes démocrates (ATFD)- Tunisie

− Association Tunisienne pour les droits et les libertés (ADL)-Tunisie

− Le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT)

− La Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des Deux Rives (FTCR) – Tunisie

− Association Beity- Tunisie

− Association Intersection pour les droits et libertés – Tunisie

− Association Tunisienne de défense des libertés individuelles (ADLI) – Tunisie

Liste des personnalités publiques signataires :

− Mostefa Bouchachi, avocat et ancien président de la LADDH

− Me Said Zahi avocat et membre du collectif  de défense des détenus d’opinion

− Mohamed Iouanoughene, journaliste

− Ali Ait Djoudi, défenseur des droits Humains

− Abdelmoumene Khelil , défenseur des droits humains  

− Aldja Seghir, militante des droits humains

− Zaki Hannache, activiste et militant des droits humains

− Nacera Dutour, défenseure des droits humains, victime de disparition forcée

− Ali Ben Saad, professeur des universités Paris 8

− Omar Boughaba, chef d’entreprise

− Aissa Rahmoune, avocat à Paris et secrétaire général de la FIDH

− Said Djaffer, journaliste

− Mouloud Boumghar, docteur en droit public.

− Boussad Bouaiche, militant associatif

− Said Salhi, défenseur des droits humains

− Badi Abedelghani, avocat défenseur des droits humains

− Hacene Hireche, économiste et enseignant d’universités  

− Idir Ounnoughene, défenseur des droits humains. 

− Raouf Farrah, chercheur en géopolitique

− Monia Ben Jémia, militante féministe

− Brahim Belghith, avocat, militant des droits humains

− Cheima Ben Hmida, militante féministe

− Neila Zoghlami, militante féministe

− Lilia Rebai, militante féministe

− Wahid Ferchichi, doyen à la faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis, militant des Droits humains

− Mourad Allal, Militant des droits Humains

− Raja Chamekh, militante des droits Humains

− Marie Christine Vergiat , militante des droits  humains

− Mohamed Ben Said, militant des droits humains

− Kamel Jendoubi , militant des droits humains

− Hatem Nafti, chercheur, militant des droits humains

− Walid Bourouis, militant des droits humains

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Bouda Ferhat, quand le regard devient mémoire

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Dans un monde saturé d’images instantanées, promises à disparaître avant même d’être regardées, l’œuvre de Bouda Ferhat impose autre chose : le silence, la lenteur, l’attention.

Né à Bouzeguène, en Kabylie, il a grandi au milieu des montagnes, des escarpements et des villages perchés qui sculptent le caractère des hommes autant que la lumière. Là, se forge son regard : un œil patient, sensible, capable de saisir l’invisible.

Kabylie : la terre qui façonne le regard

Avant de devenir photographe, Bouda Ferhat rêve de cinéma. Il ne le pratique pas, mais il en garde la dramaturgie : la composition, le rythme, la lumière. La photographie s’impose à lui comme une évidence, une langue qu’il n’avait pas encore nommée.

De Bouzeguène à Paris, puis Francfort, son parcours n’a rien d’une fuite : c’est une extension. Ses images voyagent, mais reviennent toujours à la source — la Kabylie, ses villages, ses hommes, ses gestes.

Voyages : marcher pour regarder

Du Maghreb au Sahel, du Mali à la Libye, Ferhat photographie les peuples en marche, les traditions en mouvement, les visages qui racontent mieux que les mots.
Son objectif ne vole rien : il accompagne, il révèle.

Il ne cherche ni l’exotisme ni la misère spectaculaire. Il cherche la dignité. Une dignité silencieuse, têtue, qui traverse le temps.

Mémoire : le geste avant l’oubli

Ce qui frappe dans son travail, c’est l’intime. L’intime de ces hommes qui construisent un mur, réparent un chemin, lèvent une pierre.
L’intime de ces femmes qui marchent, portent, transmettent.

Ses photos sont des archives vivantes. Elles racontent les solidarités anciennes, les travaux collectifs, ces gestes qui unissent la communauté. Elles sont un rempart contre l’effacement, un acte de fidélité envers ceux qui font encore le monde avec leurs mains.

Un regard d’enfance devenu regard du monde

Je l’ai connu enfant : discret, curieux, absorbé par tout ce qui bouge et tout ce qui respire.
Son regard était déjà là, en germe.

Aujourd’hui, cet “œil de bœuf” — la métaphore que je lui attribue tant son regard perce le réel — capte la lumière comme d’autres captent la parole. Il éclaire les territoires, qu’ils soient kabyles, sahariens ou européens, avec la même délicatesse.

Chaque photo est un voyage. Chaque visage, une mémoire. Chaque lumière, un pont entre ce qui fut et ce qui demeure.

L’image qui reste

À l’heure où l’on consomme l’image comme un produit jetable, Ferhat nous rappelle que la photographie peut encore durer, toucher, transmettre.

Ses œuvres ne sont pas seulement belles : elles sont utiles. Elles éclairent, racontent, protègent.

Elles relient la Kabylie aux villes du monde, les montagnes aux déserts, le passé au présent.

Un jour, l’œuvre de Bouda Ferhat rejoindra peut-être celle des maîtres. Mais déjà, elle accomplit l’essentiel : elle fait vivre la mémoire à travers chaque regard qu’elle touche.

Aziz Slimani

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ONG et experts onusiens appellent à l’annulation des condamnations dans l’affaire «complot» en Tunisie

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ONG et experts onusiens appellent à l’annulation des condamnations dans l’affaire «complot» en Tunisie
ONG et experts onusiens appellent à l’annulation des condamnations dans l’affaire «complot» en Tunisie.

Les réactions internationales d’ONG de défense des droits humains se multiplient après la confirmation, en appel, des condamnations prononcées dans l’affaire dite du « Complot contre la sécurité de l’Etat».

Alors que l’avocat et militant des droits humains Ayachi Hammami et l’activiste politique Chaima Issa poursuivent leur grève de la faim depuis leur arrestation la semaine dernière, plusieurs organisations et experts onusiens appellent les autorités tunisiennes à annuler les jugements et à libérer tous les détenus.

Human Rights Watch : des condamnations « injustes » fondées sur des preuves non fiables

Human Rights Watch a dénoncé, mardi 9 décembre 2025, l’arrestation de trois figures de l’opposition après leur condamnation dans ce que l’organisation qualifie de « procès expéditif et inéquitable ». Selon HRW, les accusations de complot et de terrorisme ne reposent pas sur « des preuves fiables » et les audiences d’appel — trois seulement — se sont tenues sans la présence des détenus, en violation de leur droit fondamental de comparaître devant un juge.

Bassem Khawaja, directeur adjoint pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, estime que ces arrestations représentent « une étape supplémentaire dans le plan du président Kaïs Saïed visant à éliminer toute alternative politique ». Il ajoute que les autorités ont « criminalisé l’opposition et l’activisme des droits humains, anéantissant tout espoir de retour à un processus démocratique ». Human Rights Watch appelle l’Union européenne et les partenaires étrangers de la Tunisie à condamner « l’accélération de la dérive autoritaire ».

Experts de l’ONU : un « danger direct » pour l’indépendance de la justice

Les experts onusiens chargés de l’indépendance de la justice et de la profession d’avocat se sont dits « profondément choqués » par la condamnation d’Ayachi Hammami. Ils estiment que poursuivre des avocats ou les qualifier de « terroristes » pour leurs prises de parole ou leur travail professionnel représente une « menace directe » pour l’indépendance judiciaire et pour le droit à un procès équitable.

Les mesures prises contre Hammami — arrestation, exécution immédiate de la peine de cinq ans de prison, interdictions de voyage et de prise de parole — s’inscrivent, selon eux, dans une stratégie de « ciblage systématique » des avocats et défenseurs des droits humains, instaurant un climat de peur dans le corps juridique. Ils appellent les autorités tunisiennes à respecter les normes internationales et à libérer immédiatement tous les avocats poursuivis en raison de leur activité professionnelle.

Amnesty International : libération immédiate et sans condition des détenus

Amnesty International rappelle que 34 personnes ont été condamnées dans cette affaire à des peines allant de cinq à quarante-cinq ans. L’organisation signale également l’arrestation brutale de Chaima Issa lors d’une manifestation pacifique le 29 novembre, suivie de l’interpellation d’Ayachi Hammami le 2 décembre, puis de celle de l’opposant Ahmed Néjib Chebbi. Pour Amnesty, ces condamnations sont « injustes » et doivent être annulées sans délai, avec une libération « immédiate et inconditionnelle » de toutes les personnes détenues pour avoir exercé leurs droits fondamentaux.

Une scène politique sous tension

Sur le plan interne, plusieurs partis et organisations tunisiennes dénoncent un « virage dangereux » pour les libertés publiques, soulignant que « l’avenir du pays ne peut se construire dans les prisons ». Le dossier, qui compte environ 37 accusés, est devenu un symbole de la détérioration du climat politique et judiciaire en Tunisie.

Alors que la contestation locale rejoint désormais la pression internationale, les appels à rouvrir le dossier et à garantir des normes judiciaires conformes aux principes des droits humains se font de plus en plus pressants.

Mourad Benyahia 

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Louise Hanoune dénonce une dérive répressive dans le secteur des transports 

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Louisa Hanoune
Louisa Hanoune. Crédit image : DR

La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, a mis en garde contre la dégradation du climat social dans le secteur des transports, où la fermeture du dialogue aurait, selon elle, ouvert la voie à une gestion autoritaire des conflits professionnels.

Louisa Hanoune évoque près de 180 licenciements ou suspensions, dont une partie en dépit de décisions judiciaires définitives ordonnant la réintégration des travailleurs concernés.

Pour la cheffe du PT, le refus persistant de plusieurs entreprises portuaires — à Alger, Mostaganem ou Oran — d’exécuter des jugements « rendus au nom du peuple algérien » constitue un précédent grave. En laissant s’installer un conflit frontal entre administrations et justice, le secteur des transports mettrait en péril un principe central de l’État de droit : l’obligation d’exécuter les décisions judiciaires, notamment par les institutions publiques.

La situation est exacerbée par l’emprisonnement ou la poursuite judiciaire de syndicalistes, dont le cas emblématique de Lounès Saïdi et celui de dix travailleurs de la SNTF placés en détention provisoire pour des faits liés à une grève. Pour le PT, cette séquence traduit une évolution inquiétante : la criminalisation de l’action syndicale, au moment même où les autorités annoncent des mesures sociales telles que la hausse du SNMG.

Louisa Hanoune oppose cette logique de fermeture à la démarche du ministère de la Santé, qui a récemment multiplié les rencontres avec les partenaires sociaux. Selon elle, cette différence d’approche révèle un problème structurel dans la gouvernance du secteur des transports, qui persiste à traiter les revendications sous l’angle disciplinaire ou judiciaire plutôt que par la négociation.

Les dossiers non résolus dans les ports de Mostaganem et d’Oran — refus d’exécuter des jugements, mise à l’écart de lanceurs d’alerte, vide administratif prolongé — illustrent un défaillance de gestion qui dépasse les simples litiges professionnels. Ils traduisent, selon plusieurs travailleurs, une crise de confiance envers les institutions et une incapacité du secteur à appliquer ses propres règles.

En l’absence d’intervention des autorités de tutelle, les employés concernés envisagent des recours supplémentaires et des actions pacifiques. Cette situation relance un débat central : celui de la capacité de l’État à arbitrer les conflits sociaux et à garantir le respect du droit, y compris au sein de ses propres entreprises.

La rédaction

#Lien vers la vidéo de Louisa Hanoune

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Les Prix littéraires en France sont-ils légitimes ?

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Bibliothèque
Livres. Image par ElasticComputeFarm de Pixabay

L’histoire de la littérature n’a pas été un long fleuve tranquille en ce qui concerne la concurrence séculaire, parfois féroce, à l’intérieur du cénacle des écrivains, des intervenants et du public des lecteurs. Mais la littérature n’est pas un concours de beauté récompensée par des prix, chaque livre offre au monde sa propre richesse. 

En 2001, le jury du Prix France Télévisions roman avait attribué le Premier prix à François Vallejo pour son livre Madame Angeloso. Sept années plus tard ce jury attribuera le Premier Prix à un certain Yasmina Khadra pour son livre, Ce que le jour doit à la nuit.

En cette année 2001, ce fut  assez surprenant de recevoir une lettre de Bernard Pivot pour participer à ce jury après ma canditature. Il n’était pas le Président de celui-ci mais faisait encore autorité à France Télévisions pour le domaine de la lecture. Il sera le président de l’Académie Goncourt et du Prix Interallié.

Si je ne regrette absolument pas cette belle expérience, le temps m’a convaincu de la grande réserve à avoir à propos de la légitimité des prix littéraires.

Je ne condamne pas leur existence, je le préciserai au final de mon article, mais il faut prendre garde à leurs travers avec une vigilance éclairée. 

L’auteur et le lecteur, un lien intime

C’est par ce préalable que tout découle. La passion pour la littérature ne provient pas dans le fond de son objectif d’une envie fabriquée par l’environnement extérieur. Chaque livre est une rencontre intime entre un auteur et son lecteur. Cette phrase que je viens d’écrire est d’une très grande banalité que nous avait appris l’école dans son rôle de susciter le plaisir de la lecture.

Seul le lecteur peut juger de son sentiment d’adhésion au roman qu’il est en train de lire ou de son absence. L’auteur nous propose son texte, nous le jugeons dans notre intimité. Le ressenti de la relation face à l’écrit de l’auteur est ainsi de nature subjective. 

Les Prix littéraires sont une tentative de nous convaincre que les livres primés sont un choix forcément compatible avec nos désirs de lire tel ou tel livre pour l’excellence de leur caractère littéraire. Ils s’immiscent bruyamment  dans une relation privée qui ne les regarde pas.

Pour imager cette effraction, mettons-nous dans la situation d’une lecture en silence dans une bibliothèque ou sur le canapé d’un salon et que surgit un orchestre avec tambours et trompettes. C’est exactement ce qui se passe avec les Prix littéraires. 

Pour en revenir à ma modeste participation dans le jury d’un Prix, qui suis-je pour décider dans ce jury ce que doit être un bon livre pour les autres ? Ai-je le droit de venir faire du boucan auprès de ce lecteur et m’immiscer dans son ressenti en lui disant que c’est celui que je propose qui est de meilleure qualité littéraire ? Ce serait d’une grande prétention, avec mes camarades de jury, de le prétendre. La littérature n’est ni un concours de beauté ni celui du salon de l’agriculture pour la plus jolie vache.

Les grands prix littéraires avec un cénacle de gens bien-pensants

Commençons par les jurys des prix littéraires les plus prestigieux, attribués par des jurys composés des grands barons, ceux dont les noms sont censés nous impressionner. Comme ceux du Prix Goncourt (1), du Renaudot, du Femina (sans accent), de l’Interallié, du Médicis, du Prix du Roman de l’Académie française…

Les membres du jury sont des personnalités connues du monde des lettres comme les écrivains, les essayistes, les académiciens ou les journalistes littéraires. Ces personnes siègent en général pendant une longue période et parfois même à vie.

C’est eux qui vont avoir l’honneur de déposer le bandeau rouge sur un livre comme on remet solennellement une médaille de la légion d’honneur. Qui oserait mettre en doute leur légitimité ? Très peu s’y risqueraient.

Sommes-nous, chacun pris individuellement, des illettrés ou des imbéciles pour ne pas juger par nous-mêmes de ce qui nous donne le plaisir et de ce qui est bien écrit ? Nous faut-il un jugement extérieur ? Une souveraineté à laquelle on doit se soumettre ?

Le jugement de ce qui est un bon livre dépend-il de la notoriété des membres du jury ? Probablement mon jugement serait plus atténué lorsqu’il s’agit d’un essai (# d’un roman) qui demande parfois des connaissances plus élargies, en philosophie, en sociologie, en sciences ou encore en histoire. Et encore, pas sûr qu’ils en aient le monopole de compréhension pour tous les essais.

Les jurys de lecteurs (dits populaires)

Ce sont des jurys qui sont composés de lecteurs passionnés, de bibliothécaires ou de libraires pour la très grande majorité. Ils sont les plus nombreux.

Le Prix France Télévisions est de ceux-là, la liste serait fastidieuse à rappeler. Les plus connus sont, le Prix du Roman Fnac, le Prix Goncourt des lycéens et quelques autres.

Certains jurys sont mixtes car ils associent aux professionnels des personnalités publiques ou des journalistes généralistes. La condition est qu’ils n’aient aucun lien avec la critique littéraire ou la chaîne du livre.

Ces jurys sembleraient être les plus représentatifs de la communauté des lecteurs. C’est incontestable mais ils sont encore loin de pouvoir être épargnés par la critique pour deux raisons. La première, nous l’avons dit avec insistance, le caractère intime de la lecture est incompatible avec une analyse globale même si elle l’est moins dans le cas des jurys populaires.

La seconde raison est qu’on peut croire à une représentation plus fiable comme le sont les sondages. Ce serait alors plus recevable mais à une condition essentielle qui n’est pas présente. La valeur d’un sondage est dépendante du bon choix du panel représentatif.

Je n’avais pas eu cette impression que le jury de France Télévisions roman auquel j’avais participé ait été composé de personnes qui renvoient une image des plus fidèles possibles de la diversité des lecteurs.

Je ne l’avais constaté ni dans une différentiation par l’âge, par profession, par sexe ou autres critères. Et cela doit certainement être le cas des autres jurys de lecteurs (jurys populaires).

La foire du grand business

C’est le plus connu des arguments concernant la critique du show des Prix littéraires. Le lecteur s’attendait peut-être que je débute l’article avec cet argument. Mais j’ai choisi un ordre par les questions, qui décide ? Avant d’en venir à celle de, pour quel intérêt ? 

Cherchez l’argent, vous trouverez la cause cachée. Selon les différentes estimations, on peut qualifier de succès un livre qui atteint la barre approximative de 20 000 exemplaires vendus. Selon le GfK (2), les ventes moyennes en exemplaires du Goncourt : 319 000, du Renaudot : 195 000, du Femina : 121 000, du Goncourt des lycéens : 121 000 (estimation avant la pandémie).

On peut s’imaginer que dans ces conditions, la qualité littéraire, si elle est incontestablement présente dans  beaucoup de livres sélectionnés dans la compétition, fait naître une sérieuse suspicion sur son objectif premier. Comme dans tout marché, ce sont les maisons d’édition à plus grande surface financière qui dominent dans le nombre d’obtention des Premiers Prix littéraires.

Pour le Prix Goncourt, les trois principales sont, Gallimard : 33 fois, Grasset : 16 fois et Albin Michel : 9 fois. On peut s’imaginer la machine colossale mise en route pour une opération marketing très rentable (lobbying et communication).

Comme tout produit commercial, il faut l’adapter au marché. Les éditeurs privilégient un contenu qui a le plus de chance de plaire à un large public. Une certaine standardisation prend le pas sur le fondement d’un texte littéraire, la liberté et l’originalité de la fiction proposée (pour un roman).

Nous sommes donc très loin de l’ambition de l’art de l’écrit même, si je l’ai déjà dit, cela n’exclut pas la qualité littéraire dans bien des cas.

Le pire, les jugements extérieurs à la littérature

Nous en venons au point qui m’irrite le plus et qui avait expliqué en grande partie mes réserves après ma magnifique expérience dans un jury littéraire. Les éditeurs recherchent souvent des auteurs qui collent à une certaine actualité au regard de leur personnalité, des événements par lesquels ils sont identifiés et même de leurs origines.

Pour cela, il est rare de primer un auteur qui n’a pas déjà connu une notoriété antérieure car c’est elle qui va le cataloguer dans des critères qui n’ont plus rien à avoir avec la littérature. 

C’est ainsi le cas pour l’attrait de l’auteur étranger qui dit ce que les lecteurs veulent entendre dire et qui met aussi en valeur la survie d’une notoriété de la langue française et de sa littérature à travers les pays francophones.

L’objectif commercial et le talent d’écriture ne sont pas incompatibles mais, comme nous l’avons déjà dit, créent une sérieuse suspicion de rompre le lien intime entre un auteur et un lecteur. Le tintamarre trouble sa propre sensation de plaisir et de jugement.

Faut-il supprimer les Prix littéraires ?

Bien entendu que non. J’avais précisé ma réponse personnelle dans l’introduction. D’abord parce que cela est impossible au motif de l’impérative liberté de la création littéraire et de son pouvoir à entraîner la lecture. Puis ensuite, je ferais preuve d’une démagogie certaine.

Comme toujours, lorsque la liberté de l’offre rencontre celle du désir de la demande, il faut s’armer d’une très grande distance intellectuelle. Ne jamais se laisser troubler par le tintamarre en plongeant tête baissée dans la lecture immédiate et sans réflexion d’un livre primé.

Il n’est pas interdit de le faire mais pour ma part j’attends toujours que le bruit se dissipe pour éventuellement en lire un. Là, j’ai une petite marge d’objectivité car l’effet de son succès commercial est plus atténué

La meilleure indication d’un réel talent est de choisir parmi les primés les livres qui continuent d’exister. Le temps les extrait de la force d’attraction du bruit médiatique et du marketing.

Pour ma part, une dernière précaution lorsque j’aborde un roman, je ne lis jamais le texte de la quatrième de couverture ni celui de la préface. L’un est rédigé par l’éditeur, vous pensez bien qu’il n’aura pas la folie de critiquer le livre. Quant à la préface, elle nous détourne du plaisir qu’il y a à découvrir un livre avec la curiosité qui est nécessaire mais surtout sans préjugé. 

Je le fais une fois que ma lecture est terminée car mon propre sentiment, positif ou négatif, sera alors libre de s’exprimer.

En conclusion, les prix littéraires sont utiles mais seulement s’ils se limitent à leur rôle d’indicateurs et non à celui de prescripteurs. La différence est grande, c’est au lecteur d’en prendre précaution. 

Boumediene Sid Lakhdar

(1) Le Prix littéraire le plus ancien en France, crée en 1902 par Edmond de Goncourt décédé en 1896 (création par testament).

 (2) Gesellschaft fur Konsumforsschung, un des leaders des études de marché et de l’analyse des données. J’ai eu du mal pour l’orthographe !

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Quand les oubliés reprennent la parole : présentation de « République indépendante des immigré·e·s de Marseille »

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Vendredi 12 décembre à 19h — Librairie Transit. À Marseille, une autre cartographie de la ville s’écrit. Une cartographie que les circuits littéraires classiques ignorent, que les institutions peinent à reconnaître, mais qui pulse depuis les quartiers populaires : celle des immigré·e·s, des enfants d’exil, des héritier·es des luttes sociales et des métissages culturels.

C’est cette géographie humaine que vient défendre République indépendante des immigré·e·s de Marseille, ouvrage collectif présenté ce vendredi à la Librairie Transit.

Le livre est né d’un choc. Face à un recueil consacré à Marseille où ne transparaissaient ni les accents, ni les colères, ni les visages qui composent pourtant l’âme de la ville, une jeune autrice s’interroge : comment peut-on continuer d’effacer celles et ceux qui la construisent, l’habitent et l’inventent chaque jour ? Cette absence n’est pas un oubli : c’est un geste politique. Et la réponse se devait d’être politique elle aussi.

Vingt-cinq auteur·ices immigré·es, non-blanc·hes, reprennent ainsi la plume pour briser les récits dominants. Leur Marseille n’est ni carte postale ni folklore ; elle est rugueuse, multiple, traversée par les langues du monde, forgée par les solidarités de rue et les mémoires transmises d’un continent à l’autre. Ici, on écrit en métèques revendiqués, en enfants du béton et de la mer, en gardiens de dignités souvent malmenées.

République indépendante des immigré·e·s de Marseille est à la fois un acte littéraire et un geste de résistance. Une manière d’affirmer que les marges ne sont pas périphériques : elles sont le cœur battant de la ville. Que les voix minorées ne sont pas accessoires : elles racontent l’Histoire que d’autres tentent d’effacer.

Un livre qui, au-delà de Marseille, trouvera un écho particulier chez les lectrices et lecteurs algériens : on y retrouve les trajectoires de milliers de familles venues d’Algérie, leurs combats, leurs blessures, leurs renaissances. Une mémoire commune qui continue de façonner les rives de la Méditerranée.

Djamal Guettala 

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