10.9 C
Alger
Accueil Blog Page 17

Monsieur Boudjemaa, vous être le retour du spectre de la mort

0
Peine de mort
La peine de mort pourrait être réactivée en Algérie. Photo : DR

Il y a bien longtemps j’avais publié dans le Matin d’Algérie, un article sous le titre, « En finir avec la monstruosité de la peine de mort ». Un parmi tant d’autres à ce sujet dans la presse algérienne mais certainement le plus complet. Suspendue depuis 1993, voilà que le spectre de la mort légalisée revient avec votre proposition.

Aujourd’hui je ne peux m’empêcher de le faire à travers les arguments que j’avais tant défendus et défends encore à propos de ce déni de l’humanisme. Devant les députés de l’Assemblée populaire nationale (APN), monsieur le ministre de la Justice, vous annoncez le projet de réactivation de la peine capitale, gelée dans son exécution depuis 1993.

Quelques passages seront repris de mon ancien article dans ce journal car sur un tel sujet il ne peut y en avoir d’autres, ni en contradiction avec sa propre conscience ni avec le souci d’en rechercher de nouveaux. Ce serait renier la profonde conviction que est en moi, dans mon éducation, mon instruction et mon très long et difficile chemin pour construire une personnalité humaine digne de la vie qui m’a été offerte. Ce n’est certainement pas pour demander de la supprimer à d’autres

Le faux argument de l’exemple dissuasif

Si nous reprenons les arguments avancés par les partisans de la peine de mort, il en est un qui est des plus fragiles. Selon eux, la peine de mort serait le risque encouru qui stopperait le bras de l’assassin au dernier moment de son projet criminel. Son envie d’échapper à la mort serait bien plus forte que son irrésistible envie de tuer. 

Si la peine de mort était si dissuasive, cela se saurait  depuis longtemps. Elle n’a jamais eu et n’aura probablement jamais ce pouvoir. De nombreuses études sur la criminalité ont prouvé que la seule raison qui peut éventuellement dissuader l’assassin est le risque d’être confondu et arrêté.  

L’argument de la réduction de la violence criminelle dans la société est donc des plus faux car jamais il n’a pu être validé dans l’histoire humaine. En fait, l’argument se retourne aussi facilement car si nous regardons la carte mondiale des exécutions capitales, c’est presque en symétrie que nous découvrons la présence de la violence civile dans les pays qui maintiennent la peine de mort. Aussi bien dans le cas particulier des États-Unis que dans celui de bien d’autres. Ce qui se passe est tout à fait le contraire et il y a souvent un parallélisme évident entre les deux.

L’argument ne peut tenir en lui-même, sans avoir besoin de recourir à l’évidence statistique. Comment peut-on, tout à fait tranquillement, prétendre qu’exécuter un être humain, surtout lorsque cela est public, dissuaderait du crime ? Pas besoin d’assister à une seule heure de cours de sociologie, d’histoire ou de psychologie pour penser que l’effet pervers obtenu est l’inverse absolu de ce qui est prétendu. 

Donner la mort au nom du droit et de la justice ?

Drôle de façon de concevoir le droit et la justice qui ont été durement arrachés tout au long des siècles à une conception antique et moyenâgeuse. Ce n’est que récemment, au XIX ème siècle, que certains intellectuels ont réagi et combattu ce qui leur semblait être contraire aux valeurs humaines.

Mais il a fallu très longtemps pour que cette évidence apparaisse aux yeux de très nombreux États dans le monde. Hélas il y a encore beaucoup trop d’exceptions et, plus décourageant encore, des pays qui reviennent à la peine capitale. C’est le cas des Etats-Unis.

Donner la mort au nom du droit et de la justice est un reniement de l’humanisme qu’il faut encore et encore combattre.

Les décisions de justice en matière pénale sont rendues au nom du peuple. Une phrase qui ouvre l’exposé de la sentence. Non, monsieur le ministre, ce n’est pas en mon nom qu’on exécute un être humain. Je ne suis pas né sur cette terre pour cautionner une telle abomination.

La loi du Talion, une réponse aux souffrances infligées aux proches ?

C’est là encore un argument des plus avancés et classiques que reprennent les défenseurs de la mise à mort. Vous dites que devant l’explosion de la violence et des crimes, la société réclame le retour de la sanction par la peine capitale.

Ce serait justice qu’appliquer cette sentence en réponse à l’effroyable souffrance des proches des victimes. L’argument est à priori cohérant avec la notion de justice. Le mot trouve son origine dans une racine latine. Justicia, avec le suffixe –itia qui exprime l’état d’être. Au final, être doté de l’esprit de justice me dit le dictionnaire que j’ai consulté.

Mais comme rien ne peut faire revenir l’être cher ou réparer une monstruosité, la peine de mort est inutile pour faire balance entre une abomination et un appel à une autre. Bien d’autres peines sont assez lourdes pour évoquer le bon droit de la justice. La condamnation à perpétuité est déjà une peine qui prive  le criminel d’une très grande partie de sa vie.

Mais, dans la certitude que mon article choquerait beaucoup, je n’irai pas jusqu’à avouer mon opinion qui consiste à dire que la condamnation à la perpétuité est l’équivalent d’une peine de mort (en fait, je viens de le dire). Je suis rassuré que la perpétuité réelle soit inexistante ou rarissime dans son accomplissement.

La justice n’est pas une vengeance et doit répondre à l’inacceptable par de très lourdes peines mais ne pas exiger ce qui n’est pas possible, interdire une vie pour compenser une profonde douleur. La mort ne compense jamais la mort.

La terrible et irréversible erreur judiciaire

Donner la mort est un acte irréversible, que penser d’une erreur judiciaire qui ne pourra jamais être réparée. C’est terrible que cette décision d’enlever la vie à un innocent. C’est l’une des responsabilités les plus lourdes de conséquences que puisse faire la justice humaine. 

On pourrait me rétorquer que dans la majorité des cas, l’aveu ou la preuve détruisent l’argument de l’erreur judiciaire. Et pourtant, ni l’un ni l’autre ne sont une certitude. La vérité judiciaire n’est pas la vérité absolue. 

La justice humaine peut-elle donner la mort dans ce cas, même rare ? Peut-on évoquer la rareté statistique pour jouer aux dés. Un seul cas suffirait pour enlever à la justice son honorabilité. La rareté constatée par les statiques n’enlèvera jamais les exemples d’erreurs judicaires dans le monde et dans l’histoire de la civilisation humaine.

Les pratiques hors de l’humanité de la mise à mort

L’exécution à mort, c’est comme un concours d’innovation pour spectacle, elle est aussi diversifiée que le génie humain lorsqu’il se met au service du mal. En Chine, lorsque l’exécution est publique et massive, on aligne les condamnés, on les agenouille et on leur tire une balle dans la nuque. En Iran, on accroche la corde à son support et on attise la foule qui se réunit autour pour assouvir sa soif morbide de vengeance (ou plutôt de spectacle). Puis on amène le condamné et on lui passe la corde au cou. 

Mais le spectacle ne serait pas si réjouissant si un scénario macabre n’était pas prévu. On fait venir la famille de la victime en pleurs et on lui demande si elle pardonne le crime. Et voilà que le condamné hurle sa demande de pardon avec des gesticulations monstrueusement horrifiantes.

Un suspense fait taire la foule et accélère le pouls des spectateurs, que va décider la famille ? Ce jour-là, pour les besoins d’un reportage télévisé que j’avais vu, on avait préparé le scénario, les parents avaient déjà accordé le pardon. Et lorsqu’ils expriment ce pardon devant la caméra, en direct, voilà que ce pauvre bougre leur cri sa reconnaissance éternelle. Il venait de voir la mort de près.

Mais plus sordide encore, une scène d’un autre reportage vu à la télévision, elle se déroule aux États-Unis cette fois-ci. La responsable de la communication de la prison d’un État installe les membres de la famille dans une pièce où ils sont invités à voir le spectacle à travers une vitre. Pour l’occasion, pas de pardon de dernière minute du gouverneur, il n’y a qu’au cinéma que cela se passe. 

L’homme est réellement exécuté, nous ne voyons pas la scène mais celle du retour de notre charmante chargée de communication. Toute souriante, elle commence par : « Alors, vous avez vu, cela a été magnifique ? » Et je m’imagine, encore aujourd’hui, un dialogue qui aurait pu convenir à la même scène car la dame, propre sur elle, semblait tout autant dire : « Vous n’avez rien raté ? Avez-vous vu les gémissements et le dernier souffle ? Vous n’étiez pas trop loin ? Vous voulez boire quelque chose? ».

Voilà qu’arrive maintenant dans le stade sa vedette, le bourreau. Énorme gaillard, cagoulé même si ce n’est pas la honte qui le fait rougir mais la nécessité de l’anonymat. Fonctionnaire de l’État, il s’en retournera à la maison, l’esprit serein d’avoir bien fait son boulot.

Et bien d’autres scènes qui sortent de la civilisation humaine pour entrer dans autre chose, son reniement.

Monsieur le ministre, comment pouvez-vous dormir tranquille avec vos paroles même si elles sont dictées par Abdelmadjid Tebboune (puisque vous le dites) ? Dans le premier cas vous êtes un monstre froid, dans le second, un servile complice d’une monstruosité.

Boumediene Sid Lakhdar

- Publicité -

Michel Valkovic : «Traducteurs, soyez attentifs à ce qui se publie dans l’autre langue »

0
Michel Valkovic
Michel Valkovic

Depuis plus d’une décennie, Michel Valkovic fait le pari audacieux de faire découvrir la littérature grecque moderne au public francophone. Traducteur passionné, éditeur indépendant et amoureux des mots, il a fondé Le Miel des anges en 2013 pour publier des textes de qualité souvent jugés « trop rares » pour les grandes maisons.

Poésie, nouvelles, théâtre, chants populaires… son catalogue témoigne d’une exigence et d’une curiosité sans compromis. Dans cet entretien, Michel Valkovic revient sur son parcours, ses choix éditoriaux, les défis de la traduction et de la diffusion, ainsi que sur ses conseils aux jeunes traducteurs et éditeurs désireux de faire connaître des littératures étrangères peu publiées.

Le Matin d’Algérie : Qu’est-ce qui vous a motivé à vous concentrer sur la littérature grecque moderne et à créer Le Miel des anges en 2013 ?

Michel Valkovic : J’ai découvert le grec moderne à trente ans, sans avoir jamais étudié le grec ancien, et suis tombé amoureux de cette langue. Je l’ai apprise avec passion, j’ai découvert une littérature très riche, encore largement méconnue chez nous, et me suis mis à la traduire trois ans plus tard.

J’ai beaucoup travaillé avec diverses maisons d’édition, grandes ou petites, avant de me décider à ouvrir ma propre boutique, pour deux raisons. Je voulais :

— publier certains textes de grande qualité, mais pas assez commerciaux pour intéresser les éditeurs existants ;

— travailler librement, sans être brimé dans mes choix ou devoir négocier à tout moment pour qu’on les accepte.

Le Matin d’Algérie : Pourquoi la poésie occupe-t-elle une place importante dans vos publications ?

Michel Valkovic : La poésie est ce qu’il y a de plus difficile à vendre, donc elle reste sous-traduite.

Celle des Grecs est d’une richesse exceptionnelle en quantité comme en qualité. J’aime la poésie, je m’y plonge comme dans un bain délicieux. Traduire la poésie, c’est difficile, donc passionnant.

Le Matin d’Algérie : Vous publiez également de la prose et du théâtre. Comment sélectionnez-vous ces œuvres et quels critères vous guident ?

Michel Valkovic : Après avoir commencé par la poésie, nous nous sommes étendus à la prose, mais en évitant les romans : n’ayant ni distributeur, ni diffuseur, ni attachée de presse, nous ne pouvons pas leur offrir le public auquel ils peuvent prétendre. Nous nous limitons donc pour l’instant aux nouvelles, or il se trouve que les Grecs ont toujours eu d’excellents nouvellistes. Plus tard encore, nous sommes passés au théâtre, qui se vend encore moins, mais il importe que les textes existent sur papier pour séduire un éventuel metteur en scène.

Le Matin d’Algérie : Vos anthologies couvrent des poètes classiques et contemporains. Comment trouvez-vous l’équilibre entre ces deux époques ?

Michel Valkovic : Nous avons commencé par l’ultra-contemporain : une anthologie de poésie du 21e siècle en six volumes, soixante poètes en tout, et trois recueils présentant des jeunes nouvellistes… La production grecque actuelle est moins connue à l’étranger que celle du passé récent ou lointain, et j’ai toujours beaucoup de plaisir à découvrir de nouveaux talents. Mon envie de tout essayer, tout explorer, m’a bientôt amené à remonter peu à peu dans le passé. Nous avons actuellement une programmation équilibrée entre l’ancien et le nouveau. L’idée, c’est de tout faire connaître.

L’avantage de l’ancien, c’est que les textes tombent dans le domaine public soixante-dix ans après la mort de l’auteur, si bien qu’on n’a pas à payer de droits — les rapports avec les ayants-droits d’un auteur défunt sont souvent difficiles, et quand il est vivant, l’irruption d’un personnage nouveau et redoutable, l’agent littéraire, complique aussi les choses… Je n’hésite pas à retraduire les textes anciens quand je ne suis pas convaincu par les versions existantes. Il existait déjà deux versions d’Erotòcritos, splendide poème d’amour crétois du XVIIe siècle, mais j’ai été le premier à le traduire en vers. Ne pas le faire est selon moi une trahison grave. Je traduis toujours les vers réguliers en vers réguliers, avec les rimes s’il y en a. Mon édition intégrale des poèmes de Cavàfis, la septième, se justifie (entre autres) du fait qu’elle est la seule à respecter le choix du poète, qui a traduit certains poèmes en vers libres et d’autres en vers réguliers.

Le Matin d’Algérie : La chanson et les chants populaires grecs sont également présents dans vos collections. Pourquoi ce choix ?

Michel Valkovic : J’adore la chanson, pour moi ce n’est pas un genre mineur. Et là aussi, la Grèce a des trésors à nous offrir. Le Miel des anges propose quatre recueils de chansons : des chants populaires anciens qui sont des merveilles de poésie, deux volumes d’admirables chants rebètika — l’équivalent grec du blues, du tango ou du fado — et un volume de chansons plus récentes, elles aussi superbes, dont le titre dit tout : Chanson ou poème ?

Le Matin d’Algérie : Quels sont les plus grands défis de la publication d’auteurs grecs pour un public francophone ?

Michel Valkovic : La francophonie publie davantage de textes grecs que les autres zones linguistiques, ne nous plaignons donc pas trop, mais le travail n’en reste pas moins très difficile : l’État grec ne soutient pas nos éditeurs comme il le faudrait et la presse relaie très mal nos efforts. Les grands éditeurs, le Seuil et Gallimard par exemple, ne publient plus de prose grecque. Seules deux maisons de taille moyenne, Cambourakis et Quidam, font du bon travail, avec des collections grecques de qualité.

Le Matin d’Algérie : Comment travaillez-vous avec vos équipes de relecture, de maquette et d’impression pour garantir la qualité de vos ouvrages ?

Michel Valkovic : Le Miel des anges est une structure minuscule. Nous avons démarré à deux, ma compagne et moi. Par chance, elle est graphiste ! Pendant dix ans nous sommes rentrés dans nos frais sur la base du bénévolat, grâce au soutien de diverses institutions. Notre Centre national du livre, notamment, fait un immense effort en faveur de la littérature étrangère. Un grand merci à lui. Il y a trois ans, cependant, j’ai décidé de rémunérer mes collaborateurs. Je paie désormais à peu près décemment mes maquettistes, ma correctrice et d’éventuels traducteurs invités. Nous travaillons depuis le début avec un imprimeur ami, basé près d’Athènes, qui nous sert aussi de distributeur pour la Grèce, et les livres nous arrivent en camion deux fois l’an. Je perds désormais pas mal d’argent, mais sans regret. Ma richesse est ailleurs.

Le Matin d’Algérie : Quels projets récents ou à venir vous enthousiasment le plus pour le Miel des anges ?

Michel Valkovic : Après plus de quarante ans de traduction et douze ans d’édition (130 titres au catalogue !), j’ai réalisé pratiquement tous mes rêves. L’envie de traduire, cependant, est toujours là, et j’attends de l’avenir l’arrivée de nouveaux auteurs qui me surprendront et me raviront — ou la découverte d’auteurs oubliés que je ferai revivre.

Le Matin d’Algérie : Comment voyez-vous l’évolution de l’intérêt pour la littérature grecque contemporaine dans le monde francophone ?

Michel Valkovic : La période de la dictature (1967-1974) a suscité un certain intérêt pour la Grèce, lequel est retombé par la suite. On ne peut pas dire qu’actuellement les lecteurs se précipitent…

Le Matin d’Algérie : Quels conseils donneriez-vous aux jeunes éditeurs ou traducteurs qui souhaitent faire connaître des littératures étrangères peu publiées ?

Michel Valkovic : Traducteurs, soyez attentifs à ce qui se publie dans l’autre langue. Constituez-vous un réseau d’informateurs fiables. Proposez à nos éditeurs des traductions excellentes. Faites circuler votre travail sur Internet, en créant si vous le pouvez votre propre site. Les poèmes que je mets en ligne sur le mien, www.volkovitch.com, sont allègrement pillés un peu partout sur la Toile. Faites-vous des amis dans le milieu des traducteurs et de l’édition. Ne vous découragez pas. Ayez une obstination démoniaque et une patience d’ange !

Éditeurs, soyez à l’écoute des traducteurs. Ils sont en général bien informés et de bon conseil.

Entretien réalisé par Djamal Guettala 

Au Salon du Livre de la Métropole à Marseille 

Stand des éditions Miel des Anges 

- Publicité -

Marseille : un assassinat qui vise une famille engagée, le parquet explore la piste d’un message criminel

0
Mehdi Kessaci
Mehdi Kessaci assassiné par des criminels affiliés au narcotrafic à Marseille.

Le meurtre du jeune frère d’Amine Kessaci, survenu jeudi 13 novembre à Marseille, bouleverse une ville déjà éprouvée par l’escalade des violences liées aux trafics. Le parquet de Marseille a ouvert une enquête pour assassinat en bande organisée, tout en reconnaissant que l’hypothèse d’un “message adressé” n’est pas écartée.

Derrière cette formule, une réalité brutale : l’idée que des réseaux criminels puissent viser, non plus seulement des rivaux ou des intermédiaires, mais des proches de figures publiques engagées contre leur emprise.

Mehdi Kessaci, âgé d’une vingtaine d’années, venait de sortir de sa voiture dans le 4ᵉ arrondissement lorsque les tireurs ont fait feu. Il n’avait aucun antécédent judiciaire. Ses proches rappellent son ambition de rejoindre les forces de l’ordre : il devait repasser le concours de gardien de la paix dans les prochaines semaines. Son parcours, loin des circuits de la délinquance, renforce l’idée d’un ciblage délibéré sans lien avec un éventuel contentieux personnel.

Selon le procureur Nicolas Bessone, plusieurs éléments orientent les enquêteurs vers un homicide planifié, exécuté par un commando organisé. La nature des tirs, la rapidité de l’action et la fuite des assaillants sans laisser de trace identifiable évoquent les méthodes habituelles des règlements de comptes liés au narcotrafic. Mais dans ce dossier, l’élément le plus troublant reste le profil de la victime : un jeune homme sans implication criminelle et issu d’une famille militante.

Depuis plusieurs mois, Amine Kessaci, fondateur de l’association Conscience et voix forte contre les réseaux de stupéfiants, faisait l’objet de menaces explicites. Très exposé médiatiquement, il était devenu une figure qui dérange. Ses prises de position contre les trafiquants, ses interventions dans les quartiers touchés, son engagement pour offrir des alternatives aux jeunes ont fait de lui un symbole de résistance citoyenne. Face au risque grandissant, le ministère de l’Intérieur lui avait accordé une protection policière permanente, mesure exceptionnelle pour un acteur associatif.

L’assassinat de Mehdi, son jeune frère, survient donc dans un climat de tension croissante. Pour de nombreux observateurs, il marque une nouvelle étape dans la stratégie des groupes criminels : s’attaquer à l’entourage de figures publiques pour intimider, faire taire, ou rappeler leur capacité à frapper où ils veulent et quand ils veulent. Cette logique de terreur, déjà observée dans d’autres contextes, plonge Marseille dans une inquiétude profonde, car elle touche au cœur même du lien social.

Dans les quartiers nord comme dans le centre-ville, la nouvelle a provoqué stupeur et colère. Les habitants dénoncent une ville prise en otage par des réseaux qui défient ouvertement l’État. Beaucoup y voient l’échec des politiques sécuritaires successives, incapables d’enrayer l’économie de la drogue et les violences qui en découlent. Les acteurs associatifs, eux, s’inquiètent pour celles et ceux qui, comme Amine Kessaci, se battent pour offrir des issues à la jeunesse. Le risque d’un découragement généralisé est réel.

Malgré la douleur, Amine Kessaci a rappelé sa détermination : « On ne se taira pas. » Le parquet, lui, s’en remet désormais à la police judiciaire pour identifier les auteurs et éclaircir les motivations exactes du meurtre. L’enquête devra dire si ce drame est un avertissement ou un acte isolé. Pour Marseille, il s’agit surtout d’un signal d’alarme supplémentaire, dans une ville où la frontière entre crime organisé et vie quotidienne se fait chaque jour plus fragile.

Mourad Benyahia 

- Publicité -

« Bonjour la France : Boualem Sansal libre et déterminé »

1
Boualem Sansal
Boualem Sansal condamné à 5 ans de prison a retrouvé la liberté

L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal a retrouvé sa liberté après un an de détention, à la suite d’une intervention présidentielle allemande. Dans son premier entretien avec Kamel Daoud, à Berlin, il s’est montré vif, joyeux et optimiste, déclarant : « Bonjour la France, je reviendrai, nous vaincrons ».

Boualem Sansal a raconté les conditions de son incarcération. Seule sa femme, Naziha, venait le voir régulièrement. Privé de tout moyen de communication après la confiscation de ses documents et de son téléphone, il vivait dans une quasi-isolement total. La lecture était limitée aux ouvrages religieux ou en arabe, tandis que les autres livres circulaient via une petite contrebande achetée avec des cigarettes ou des friandises. Écrire était impossible.

Malgré ces conditions, l’écrivain a senti le soutien international : certaines indications lui ont montré que son affaire attirait l’attention hors d’Algérie. Son transfert vers un service hospitalier sous surveillance a marqué un changement dans son traitement, passant du statut de détenu à celui de patient surveillé.

Boualem Sensal a refusé d’« adoucir ses positions », affirmant : « Vingt années supplémentaires en prison valent mieux que de limiter ma liberté d’expression ». Toutefois, il se dit ouvert au dialogue pour normaliser les relations entre l’Algérie et la France, rappelant : « La France est amie de l’Algérie, le régime est responsable de l’hostilité. L’Allemagne peut jouer un rôle positif ».

Rappelons que Sansal avait été arrêté en novembre 2024 à Alger, après des propos controversés sur l’histoire de l’Ouest algérien, diffusés sur une chaîne française, entraînant une condamnation à cinq ans de prison et 500 000 dinars d’amende. Sa libération symbolise un tournant diplomatique et illustre l’impact du soutien international sur les dossiers sensibles.

Aujourd’hui libre, Boualem Sansal affiche une énergie retrouvée et une volonté intacte de continuer à écrire et s’exprimer, rappelant que la liberté de pensée et le dialogue sont au cœur de son combat.

Djamal Guettala 

- Publicité -

«La main d’Avi » de Hamid Bouzid : un voyage de mémoire et de réconciliation entre deux rives

0

À travers La main d’Avi, Hamid Bouzid signe un récit émouvant où se mêlent quête identitaire, mémoire historique et espoir de réconciliation. En suivant le voyage d’Avi, jeune Français d’origine juive algérienne, l’auteur ravive une histoire longtemps tue : celle des liens brisés entre juifs, musulmans et chrétiens d’Algérie.

Entre témoignage personnel, fiction inspirée du réel et réflexion universelle, l’ouvrage tend une main fraternelle pour reconstruire la mémoire partagée des deux rives de la Méditerranée.

Le livre La main d’Avi de Hamid Bouzid, publié chez Nombre 7, s’impose comme une œuvre profonde et nécessaire, à la croisée du récit autobiographique, de l’essai historique et du roman identitaire. À travers la voix d’Avi Timsit, jeune Français d’origine juive algérienne, l’auteur entreprend un véritable voyage de mémoire. Ce périple, qui mène le protagoniste de la France à l’Algérie, devient le symbole d’un retour aux sources, d’une quête de sens et d’identité. Avi, curieux de comprendre les silences de sa famille et les non-dits de son histoire, cherche à percer les mystères d’un passé marqué par la colonisation, les injustices et les fractures mémorielles.

Ce retour au pays des ancêtres prend la forme d’un itinéraire à la fois initiatique et spirituel, où chaque rencontre, chaque lieu, chaque témoignage éclaire un pan oublié de la mémoire franco-algérienne. En revisitant le décret Crémieux, qui en 1870 fit des juifs d’Algérie des citoyens français, l’auteur dénonce une politique d’assimilation arbitraire qui a contribué à séparer des communautés jusque-là unies. Par le biais du regard d’Avi, Bouzid met en lumière les blessures du colonialisme, la complexité du rapport à l’identité et les séquelles de la guerre d’indépendance, encore perceptibles dans les mémoires collectives.

Mais au-delà du constat historique, Hamid Bouzid s’attache à réconcilier les mémoires. Son héros découvre une Algérie vivante, hospitalière et multiculturelle, bien loin des clichés et des préjugés. À travers des personnages bienveillants et des paysages empreints de spiritualité, l’auteur redonne souffle à une Algérie plurielle, celle où juifs, musulmans et chrétiens cohabitaient avant les déchirements de l’histoire. Ce roman devient ainsi une méditation sur l’appartenance et la transmission, une invitation à comprendre d’où l’on vient pour mieux se situer dans le monde.

En somme, La main d’Avi n’est pas seulement un récit de voyage ; c’est un chemin de réconciliation, un appel à la mémoire partagée et à la fraternité retrouvée entre les deux rives de la Méditerranée.

Hamid Bouzid est un journaliste et écrivain algérien, contraint à l’exil en France en 2004 suite à la censure de ses chroniques. Il est un observateur attentif de la société algérienne et franco-algérienne.

Dans son œuvre, il aborde la question essentielle de la mémoire et de la réconciliation. Son écriture s’inscrit dans une démarche à la fois historique, humaniste et pédagogique, cherchant à réparer les fractures héritées du passé colonial et à rétablir la vérité sur des pans d’histoire souvent occultés ou déformés.

Ce travail de mémoire se retrouve au cœur de ses deux ouvrages majeurs,

La main d’Avi : Ce roman est un chemin de réconciliation et un appel à la mémoire partagée entre les deux rives de la Méditerranée, à travers le voyage initiatique d’Avi Timsit. Le cri de la grande bleue : Cette œuvre s’inscrit dans la continuité thématique, explorant les sujets de l’exil et de la méditerranéité. Elle met en lumière les épreuves des migrants et des exilés, renouvelant son engagement en faveur de l’humanisme et de la solidarité entre la France et l’Algérie.

En somme, l’écriture d’Hamid Bouzid est un geste de paix et d’humanité, un manifeste moral qui utilise la littérature comme un pont pour le dialogue et l’unité.

Hamid Bouzid, à la fois journaliste, écrivain et observateur attentif de la société algérienne et franco-algérienne, aborde dans La main d’Avi une question essentielle : celle de la mémoire et de la réconciliation. Son écriture s’inscrit dans une démarche à la fois historique, humaniste et pédagogique, cherchant à réparer les fractures héritées du passé colonial et à rétablir la vérité sur des pans d’histoire souvent occultés ou déformés. Par la voix d’Avi, alter ego partiel de l’auteur, Bouzid donne vie à une génération tiraillée entre deux rives, deux cultures et deux appartenances, mais animée par le même besoin de vérité et de reconnaissance.

À travers ce personnage, Hamid Bouzid met en scène une quête identitaire profondément intime : comprendre les raisons du silence, parfois douloureux, de la génération précédente, celle des juifs constantinois qui ont cru à l’indépendance de l’Algérie et l’ont défendue avant de devoir la quitter. Ce silence, à la fois honte et protection, cache la déchirure d’un exil forcé, d’un sentiment d’abandon et d’une perte d’appartenance. Avi devient le porte-parole de tous ces enfants d’exilés qui cherchent à renouer avec leur passé, non pas pour juger, mais pour comprendre et reconstruire.

Dans ce récit, Hamid Bouzid met en lumière la richesse et la complexité de l’identité algérienne, faite de multiples influences : juive, musulmane, kabyle, chrétienne, amazighe et méditerranéenne. Loin des discours simplificateurs, il rappelle que l’Algérie a toujours été un creuset de cultures et de spiritualités, un espace de coexistence avant d’être un lieu de division. En revisitant cette mosaïque identitaire, l’auteur appelle à dépasser les tabous historiques, à guérir les blessures mémorielles laissées par la colonisation, la guerre et les exils successifs.

La démarche de Bouzid n’est donc pas seulement littéraire ; elle est aussi citoyenne et éthique. Elle vise à retisser les liens entre les mémoires dispersées et à restaurer une vérité collective fondée sur la reconnaissance mutuelle. En redonnant une voix à ces Algériens juifs oubliés de l’histoire officielle, il ouvre un espace de dialogue entre les communautés, et surtout entre le passé et le présent. La main d’Avi devient ainsi une œuvre de réconciliation des mémoires et des cœurs, un pont entre la douleur du souvenir et l’espérance d’un avenir commun.

L’un des aspects les plus marquants de La main d’Avi réside dans la réhabilitation d’une mémoire oubliée, celle des juifs algériens patriotes qui, malgré leur engagement pour l’indépendance, ont été effacés des récits officiels. Hamid Bouzid redonne une place à ces hommes et femmes qui ont lutté pour une Algérie libre, tels que Daniel Timsit ou Alice Cherki, rappelant que leur judaïté ne les a jamais détachés de leur algérianité. En évoquant ces trajectoires longtemps tues, il rend justice à une part occultée de l’histoire nationale et propose une lecture apaisée, loin des clivages religieux ou politiques. Par ce travail de mémoire, l’auteur s’oppose à toute forme d’exclusion et revendique la pluralité comme fondement même de l’identité algérienne.

Hamid Bouzid s’inscrit ainsi dans la lignée d’une Algérie rêvée par Abane Ramdane, celle d’une république laïque, juste et fraternelle, où toutes les confessions peuvent cohabiter dans la paix et le respect. En rappelant les idéaux du Congrès de la Soummam et les principes de la Révolution algérienne avant leur dévoiement, il souligne la nécessité de revenir à ces valeurs fondatrices : la solidarité, la tolérance et la primauté du citoyen sur l’appartenance religieuse. L’auteur oppose cette vision humaniste à la dérive identitaire et au repli communautaire qui ont souvent marqué les décennies post-indépendance.

L’apport du livre est également esthétique et moral. Par un style limpide, direct et sincère, Hamid Bouzid parvient à rendre l’histoire accessible et vivante. Son écriture, empreinte d’émotion et de vérité, relie les destins individuels – celui d’Avi, de ses parents, de ses rencontres – à la grande Histoire de l’Algérie et de la Méditerranée. Le texte devient un tissage de voix, de mémoires et de sensibilités, où chaque personnage contribue à reconstruire un pont entre les peuples et les générations.

Enfin, Bouzid rend hommage à une galerie de figures intellectuelles et morales qui ont marqué la conscience algérienne et universelle : Jean et Taos Amrouche, symboles d’une Algérie spirituelle et lettrée ; Germaine Tillion, l’ethnologue résistante amoureuse du peuple algérien ; Simone Veil, symbole de courage et de réconciliation ; ou encore Benjamin Stora, historien des mémoires franco-algériennes. Par ces références, l’auteur inscrit son œuvre dans une chaîne de transmission et de résistance humaniste, affirmant que la mémoire partagée est la seule voie vers la paix et la compréhension mutuelle.

Ainsi, La main d’Avi se révèle bien plus qu’un récit personnel : c’est une œuvre de mémoire et de transmission, un manifeste littéraire et moral en faveur du dialogue, de la reconnaissance et de la fraternité entre les peuples.

L’impact de La main d’Avi repose sur la force universelle de son message de réconciliation. En choisissant de revisiter la mémoire franco-algérienne à travers une histoire personnelle nourrie de faits réels, Hamid Bouzid dépasse les clivages identitaires et les rancunes héritées du passé. Son œuvre agit comme un pont symbolique entre les deux rives de la Méditerranée, entre la France et l’Algérie, mais aussi entre les différentes composantes de la société algérienne : juifs, musulmans, chrétiens, berbères et européens. Là où l’histoire officielle a souvent dressé des murs, Bouzid propose une passerelle faite de dialogue, de respect et de compréhension.

En bousculant les préjugés et les représentations figées, l’auteur rappelle que les souffrances de part et d’autre ont la même origine : l’injustice, l’exil, la déchirure. Son roman montre que l’identité n’est pas une barrière mais une richesse, que la mémoire ne doit pas servir à raviver les rancunes, mais à guérir les blessures. À travers la figure d’Avi, jeune homme issu d’une double culture, Bouzid illustre la possibilité d’un vivre-ensemble réinventé, où la connaissance de l’autre devient une forme de réconciliation intérieure. L’Algérie qu’il décrit n’est pas celle des divisions, mais celle d’un peuple fier, accueillant et solidaire, dont la chaleur humaine fait tomber les frontières symboliques et morales.

Le livre agit aussi comme un outil de transmission. Hamid Bouzid s’adresse particulièrement aux jeunes générations, trop souvent éloignées de l’histoire commune de leurs parents et grands-parents. Il les invite à « regarder l’histoire en face », sans honte ni haine, à questionner les silences familiaux et à s’approprier un héritage longtemps fragmenté. En ce sens, La main d’Avi devient un appel à la mémoire partagée, à une pédagogie du dialogue et à une réappropriation lucide du passé.

Par sa dimension humaniste et apaisée, le récit contribue à réparer le lien entre les peuples que la guerre et l’exil ont brisé. En montrant que la fraternité peut renaître du souvenir, Bouzid propose une autre lecture de l’histoire, fondée sur la reconnaissance mutuelle plutôt que sur la culpabilité. Il nous rappelle que la réconciliation n’est pas une illusion, mais un acte de courage collectif, un devoir de vérité envers ceux qui ont souffert, et un gage d’avenir pour les enfants des deux rives.

Ainsi, l’impact de La main d’Avi dépasse largement la littérature : il s’agit d’un geste de paix et d’humanité, un message d’unité qui redonne espoir à ceux qui croient encore en une Algérie et une France réconciliées par la mémoire, non divisées par elle.

La main d’Avi s’impose comme un véritable voyage de mémoire et d’espérance, à la fois personnel et collectif. Hamid Bouzid y déploie une réflexion profonde sur la transmission, le pardon et la nécessité de renouer avec l’histoire pour mieux construire l’avenir. Le titre lui-même, La main d’Avi, revêt une dimension symbolique forte : celle d’une main tendue, main du fils vers le père, du présent vers le passé, mais aussi d’un peuple vers un autre. Ce geste d’ouverture et de réconciliation résume à lui seul la portée du récit : il s’agit d’un appel à dépasser les frontières, les rancunes et les identités figées pour retrouver une humanité commune.

Le livre relie ainsi la France et l’Algérie dans une même démarche de vérité. Il refuse les récits univoques et les mémoires exclusives pour proposer une lecture apaisée, où chacun peut reconnaître sa part d’histoire. En faisant dialoguer les voix, les lieux et les souvenirs, Bouzid restaure ce lien brisé par la colonisation et la guerre, et invite à concevoir la mémoire non comme un fardeau, mais comme une force de réconciliation. Son écriture, à la fois simple et profondément sincère, touche par sa capacité à faire revivre des émotions universelles — la perte, la nostalgie, la fierté, la fraternité.

Ce récit se distingue par son humanisme lumineux. L’auteur ne cherche ni à juger ni à opposer, mais à comprendre et à relier. Il met en avant la possibilité d’un avenir commun fondé sur la reconnaissance mutuelle, la justice et la bienveillance. En cela, La main d’Avi dépasse le cadre du roman pour devenir une leçon de mémoire et de paix, un texte qui nous rappelle que la vérité historique n’a de sens que si elle ouvre la voie au respect et à l’amour de l’autre.

Hamid Bouzid nous enseigne, à travers ce périple initiatique, que la paix des mémoires ne naît ni de l’oubli ni du ressentiment, mais de la lucidité et du dialogue. Son œuvre nous invite à tendre la main, à écouter l’autre, à reconnaître la pluralité de nos histoires pour mieux bâtir un avenir commun. La main d’Avi n’est donc pas seulement un hommage au passé : c’est une promesse d’espérance, un plaidoyer pour la réconciliation entre les peuples et les générations, un pont entre la douleur d’hier et la lumière de demain.

Brahim Saci

Le livre La main d’Avi, Éditions Nombre 7

- Publicité -

Mali : deux généraux et des dizaines de militaires arrêtés

0
Mali

En août 2025, plusieurs dizaines de militaires maliens ont été arrêtés par la junte pour « tentative de déstabilisation des institutions ». Parmi eux, deux hauts gradés, les généraux Abass Dembélé et Néma Sagara, qui ont été formellement inculpés ce 13 novembre 2025 « pour atteinte à la sûreté de l’État ».

Ces deux généraux ont été présentés mercredi et jeudi devant le juge d’instruction du tribunal militaire de Bamako, capitale du Mali. Pour la première fois depuis leur arrestation, il y a un peu plus de trois mois, des avocats ont pu les voir physiquement.

Le général Abass Dembélé est apparu « amaigri, mais avec un bon moral », témoigne un avocat. Quant à Néma Sagara, également général, « elle est éreintée, on lit sur son visage le poids de la privation de la liberté », confie la même source.

Ils ne reconnaissent pas les faits

Devant le juge d’instruction, un colonel-magistrat, les deux hauts gradés ont été entendus pendant plusieurs heures, avant notification de leur inculpation pour « tentative de déstabilisation » et « atteinte à la sûreté de l’État ». Ils ne reconnaissent pas les faits.

En octobre dernier, ils ont été radiés de l’armée par décret présidentiel. Plusieurs dizaines d’autres militaires maliens ainsi qu’un diplomate français en poste à Bamako ont été également arrêtés dans le cadre de la même affaire.

RFI

- Publicité -

Le Collectif de défense de Chérif Mellal communique

4
Cherif Mellal
Le détenu Cherif Mellal paye cher son engagement pour la Kabylie

Le collectif de défense du détenu d’opinion Cherif Mellal, ancien président de la JSK, a rendu public ce communiqué.

Chérif Mellal, ancien président de la JSK, est privé de liberté depuis le 19 janvier 2023. Cela fait près de trois ans qu’il vit séparé de sa famille, aujourd’hui installée en Allemagne, et en particulier de ses enfants en pleine adolescence, qui suivent de loin, impuissants, la manière dont leur père est traité.

Ses enfants, eux-mêmes citoyens Algériens, grandissent avec la douleur de voir leur pays agir injustement envers leur père, qui n’a pourtant cessé de respecter la loi.

Depuis le début, Chérif Mellal a répondu présent à toutes les convocations, obtempéré à chaque étape de la procédure, et n’a jamais tenté d’invoquer une autre nationalité, et ce contrairement à ce que l’on a pu observer dans des affaires récentes.

Il a assumé sa qualité de citoyen algérien avec dignité, sans jamais chercher le moindre avantage.

Pourtant, le 23 octobre 2024, il a été condamné à quatre années de prison ferme, une peine confirmée le 25 février 2025 en appel, malgré des irrégularités flagrantes et des manquements graves aux principes devant prévaloir lors d’ un procès équitable.

Dans cette affaire, le principe de justice a tout simplement été battu en bréche.

Pendant que certains bénéficient de décisions rapides et avantageuses pour des raisons liées à leur situation personnelle ou à leur nationalité, le pourvoi en cassation de Chérif Mellal reste en attente, sans justification aucune prolongeant une attente devenue intolérable.

Cette différence de traitement heurte profondément la conscience collective.
Elle pèse lourdement sur une famille qui regarde l’Algérie depuis l’étranger, espérant un sursaut de justice.

Elle marque surtout ses enfants, qui vivent cette injustice au quotidien et ne comprennent pas pourquoi leur père n’est pas traité comme les autres, comme tout justiciable Algérien.

Notre mandant ne réclame aucun privilège. Il réclame simplement que la loi soit appliquée en vertu du principe d’ égalité. que la justice soit la même pour tous, et que ses droits fondamentaux soient respectés.

Aujourd’hui, sa libération s’impose comme une nécessité à la fois morale et juridique.

Elle est indispensable pour rétablir la justice, soulager une famille meurtrie, et restaurer la confiance dans nos institutions.

Collectif de défense de Chérif Mellal.
Le 14 novembre 25.

- Publicité -

Martine Vassal retire ses délégations à Nora Preziosi : entre droit et mise au pas politique

0
Nora Preziosi
Nora Preziosi

À Marseille, le climat politique s’échauffe déjà à l’approche des municipales de 2026. La présidente du département des Bouches-du-Rhône et de la Métropole Aix-Marseille-Provence, Martine Vassal, a pris une décision symbolique mais lourde de sens : le retrait des délégations qu’elle avait confiées à Nora Preziosi, après que celle-ci a officialisé sa candidature à la mairie de Marseille.

L’arrêté signé le 12 novembre 2025 abroge les missions attribuées à l’élue depuis avril 2024, notamment dans le domaine de la politique de la ville et du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU). Ce retrait intervient peu après l’annonce de la candidature de Nora Preziosi, en tandem avec Erwan Davoux, dans une démarche se voulant « citoyenne » et indépendante des partis traditionnels.

Sur le plan juridique, Martine Vassal est dans son plein droit. Le Code général des collectivités territoriales lui permet de retirer à tout moment une délégation, mesure qui repose uniquement sur la confiance politique. En d’autres termes, il ne s’agit ni d’une sanction ni d’une illégalité, mais d’un acte administratif fondé sur la rupture d’un lien de confiance.

Sur le plan politique, en revanche, la décision résonne comme une mise au pas. Martine Vassal, déjà fragilisée par des critiques internes et plusieurs départs dans son entourage, adresse un message clair à son camp : toute velléité d’indépendance sera sanctionnée. Ce retrait s’inscrit aussi dans un contexte tendu, marqué par la précédente éviction de Nora Preziosi de la présidence du bailleur social 13 Habitat, décision que la justice avait confirmée malgré son recours.

Cette nouvelle rupture illustre la désunion de la droite marseillaise, déchirée entre fidélité à Vassal et volonté de renouvellement. En tentant d’imposer la discipline, la présidente risque paradoxalement d’accentuer l’image d’un pouvoir autoritaire et d’alimenter la défiance au sein de son propre camp.

À quelques mois du début officiel de la campagne municipale, le dossier Preziosi met en lumière les failles d’un système où la délégation devient un instrument de contrôle politique. Si le droit donne raison à Martine Vassal, l’opinion pourrait y voir une manœuvre défensive, signe d’un leadership fragilisé et d’une droite en quête de souffle.

Mourad Benyahia 

- Publicité -

Carrefour : Rodolphe Saadé entre au capital et au conseil d’administration

0
Carrefour

Rodolphe Saadé, président du groupe maritime CMA CGM, fera son entrée au conseil d’administration de Carrefour le 1er décembre 2025, devenant ainsi le deuxième actionnaire du géant de la distribution avec une participation de 4 % du capital, pour un investissement estimé à 400 millions d’euros.

Rodolphe Saadé remplace Eduardo Rossi, représentant de la holding Peninsula de la famille du milliardaire brésilien Abilio Diniz, décédé en janvier 2024. Le principal actionnaire de Carrefour demeure la famille Houzé, propriétaire des Galeries Lafayette.

Cette opération stratégique revêt une double portée. Pour la famille Saadé, elle renforce sa présence au Brésil, un marché clé où Carrefour est fortement implanté. L’an dernier, CMA CGM avait déjà consolidé son influence dans le pays avec l’acquisition de Santos Brasil, le principal opérateur portuaire brésilien. « Le Brésil est un pays à très fort potentiel, où la croissance est au rendez-vous », souligne Rodolphe Saadé. Pour CMA CGM, désormais numéro trois mondial du transport maritime, avec près de 700 navires et une présence dans 160 pays, cette implantation complète sa force logistique et commerciale dans un pays à forte dynamique économique.

Pour Carrefour, l’arrivée d’un actionnaire stable et influent vise à rassurer les marchés sur la solidité de son actionnariat, alors que le groupe, dirigé par Alexandre Bompard, poursuit sa stratégie internationale et sa transformation numérique. Cette nouvelle présence au capital constitue également un signal fort pour les investisseurs, garantissant une stabilité dans un contexte de concurrence accrue et d’évolution des habitudes de consommation.

Au-delà du transport et de la distribution, l’opération illustre la diversification de la famille Saadé. Déjà très présente dans les médias – BFM TV, RMC, La Provence, La Tribune, et le média vidéo Brut – et dans le cinéma avec 20 % du capital de Pathé, la famille étend désormais son influence à la grande distribution. Cette stratégie d’ouverture à plusieurs secteurs stratégiques, couplée à une implantation internationale, démontre sa capacité à allier vision économique, diversification culturelle et expansion globale.

L’entrée de Rodolphe Saadé au capital de Carrefour, combinée à la présence historique de CMA CGM au Brésil, illustre ainsi une stratégie de long terme où les secteurs de l’industrie, du commerce et de la culture se croisent, renforçant le rôle de la famille Saadé comme acteur incontournable sur plusieurs marchés majeurs et dans la scène économique internationale.

Mourad Benyahia 

- Publicité -

En Algérie, un opposant entre en prison, un homme de 80 ans en sort

4
Boualem Sansal
L'écrivain Boualem Sansal condamné à 5 ans de prison a été libéré.

Un écrivain, intellectuel et opposant était entré en prison. C’est un homme de 80 ans qui en ressort. On ne peut pas échapper à cette dimension humaine. La perception qu’on a du visage des gens est directement liée à la réalité qui nous fait face.

On le savait, on le disait mais c’est au moment de l’annonce de sa libération que la réalité m’est venue plus distinctement à mon esprit. Même si on le savait, c’était le fond de l’affaire, son injustice et la personnalité de l’homme qui avaient beaucoup occulté cette réalité d’un homme de 80 ans que seule la lâcheté peut prétendre qu’il soit un danger pour la nation.

Boualem Sansal avait été condamné pour intelligence avec un État étranger. C’est un État étranger qui s’immisce dans la décision des juges algériens par une demande de grâce qui lui est accordée. C’est au nom de la prétention du valeureux sentiment de fierté nationale que la décision avait été prise, c’est au nom de la fausseté de ce sentiment qu’elle s’évapore.

Qu’a fait cet homme de 80 ans ? Il a violé, assassiné, pris les armes contre son pays ? Non, il a tout simplement écrit des mots et prononcé des paroles. Il avait pourtant le droit de tout écrire et de tout dire sur son pays natal, le sien.

Peut-on imaginer un homme de 80 ans mettre en péril une nation ? C’est avouer sa faiblesse de le faire croire. Boualem Sansal n’est pas le seul incarcéré en Algérie pour opposition politique mais il en est l’arbre qui cache la forêt. Que cet arbre dissimule tout le reste est à prendre en compte mais ne jamais en faire un argument pour ne pas en rendre compte.

Ce n’est pas nouveau dans l’histoire de l’humanité, ce sont les figures les plus connues dans un combat qui en compte bien d’autres qui s’incrustent dans les mémoires. Cela me dérange mais aujourd’hui nous avons à faire à un homme de 80 ans, affaibli et certainement détruit dans sa capacité de combat.

Il est des exils dont on revient disait Napoléon mais il en est qui dont on ne revient plus, cela avait été son cas. Cette comparaison n’est évoquée que pour la généralisation du propos et non pour équivalence des personnages.

Il ne reste à cet homme de quatre-vingt ans que la mémoire d’une brisure ou la tentation d’une vengeance. Ni l’une ni l’autre ne pourront vaincre l’âge si ce n’est à laisser la place à la réflexion.

J’ai été l’un des plus farouches critiques de Boualem Sansal et de Kamel Daoud mais ni pour leur droit à la parole libre ni pour le reniement de leur talent mais d’avoir dérivé dangereusement vers les milieux et opinions de l’extrême droite. Ce qui d’ailleurs est un droit absolu même si je le critique.

Et si cela est à modérer, ils ont certainement donné le flanc à cette idéologie d’extrême droite dont les partisans voulaient les entendre dire ce qu’ils disaient.

Face à un homme de 80 ans, je ne retiendrai que la facette la plus positive. L’âge mûre est celui de la meilleure rencontre avec l’humanité. Il est l’âge de la raison et plus la fougue exposée aux fautes.

80 ans, dans dix ans, j’espère que j’aurais la même sérénité de l’esprit car si, contrairement au malheureux Boualem, je n’ai pas connu la prison, j’aurais moi aussi perdu mon pays.

Boumediene Sid Lakhdar

- Publicité -

DERNIERS ARTICLES

Anicet Ekané.

Cameroun : l’opposant Anicet Ekane est mort en détention

0
Le leader politique et président du Manidem, Anicet Ekane, est décédé dans la nuit de dimanche à lundi 1er décembre, a-t-on appris ce matin de...

LES PLUS LUS (48H)

Anicet Ekané.

Cameroun : l’opposant Anicet Ekane est mort en détention

0
Le leader politique et président du Manidem, Anicet Ekane, est décédé dans la nuit de dimanche à lundi 1er décembre, a-t-on appris ce matin de...