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Les trucs des climatoseptiques dévoilés

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COP 30

Un document de quatre pages, présentant les principales tactiques utilisées par des opposants aux conclusions du GIEC dans les négociations sur le climat, a été publié avant la COP30 qui tente d’obtenir des avancées significatives avec l’aide de personnalités s’y présentant.

Autant sur le financement de la transition et des substituts aux énergies fossiles, la conférence de Belém, au Brésil, qui doit se terminer le 21 novembre, a donné lieu à des pourparlers sans consensus malgré la volonté du président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, d’obtenir des résultats concrets. Après une première semaine, les négociations piétinent à la COP30, bien que dix ans après l’Accord de Paris, les conditions climatiques soient alarmantes, que nous allons dépasser le seuil de + 1,5 °C avant 2030, que les émissions de CO2 augmenteront encore dans le monde en 2025 et atteindront un nouveau pic de 38,1 milliards de tonnes.

Tactiques dévoilées

Une des raisons de cette situation pourrait être que le secteur des combustibles fossiles y a envoyé environ 1600 lobbyistes. Un groupe international de chercheurs, le Climate Social Science Network (CSSN) a documenté, en prévision de la COP30, 14 différentes tactiques employées pour bloquer les décisions lors des conférences onusiennes sur le climat.

Rejeter la légitimité des arguments, en nier la crédibilité, utiliser des stratégies pessimistes, diriger la responsabilité vers d’autres, manipuler l’agenda des négociations, diminuer leur responsabilité, détourner l’attention, proposer des solutions non transformationnelles, créer des délais de procédures, manipuler les concepts, réduire la transparence, changer les paramètres, diminuer la portée des décisions ou insister sur les petits résultats faciles à obtenir, servent à rendre le processus de décision le plus difficile possible.

Le document identifie aussi les moments ou ces tactiques sont utilisées, soit dans les négociations préliminaires, la création de l’agenda, les délibérations, l’adoption ou l’application des décisions. Il anticipe, même quelles obstructions seront faites durant la COP30, que ce soit sur les objectifs globaux, la forêt, les énergies fossiles, la finance, l’évaluation des dommages, de la crédibilité ou le concept de transition juste. Plus largement, les climatoseptiques pourraient nier leur responsabilité, le contexte géopolitique, les droits humains ou autres.

Ces obstructions sont décrites comme évoluant dans plusieurs niveaux et sont rarement faciles à identifier tant elles sont faites de manière détournée. De nombreux lieux de haut savoir comme l’Université libre de Bruxelles, celle de Californie où Sciences Po sont citées dans les liens pour faire un suivi sur ce document.

Des raisons d’espérer

Pour la première fois de l’histoire des COP, aucune délégation fédérale américaine n’est présente. Plusieurs participants ont affirmé être satisfaits de l’absence de représentants de l’administration Trump, puisqu’ils auraient pu nuire aux négociations. Cette absence entraînerait des opportunités pour la négociation et la formation de coalitions pour des actions concrètes.

En l’absence du président américain, c’est son principal opposant, le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, qui s’y est présenté le 11 novembre. Selon le possible candidat à la présidentielle de 2028, le climat doit devenir une question de coût de la vie aux États-Unis. L’énergie verte est une énergie bon marché, y a-t-il affirmé, considérant que c’était selon lui la façon la plus efficace d’intéresser les électeurs américains aux enjeux climatiques.

Un avis rendu le 23 juillet 2025 par la Cour internationale de justice de La Haye a rappelé aux États leurs obligations juridiques à devenir plus ambitieux au fil du temps vis-à-vis de l’accord de Paris, alors que nous sommes au début d’un nouveau cycle de cinq ans, où les pays sont appelés à actualiser leurs Contributions nationalement déterminées (CDN), soit leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre qu’ils se donnent.

Lors de la COP28 à Dubaï, il y a deux ans, la communauté internationale s’était engagée à une sortie progressive des énergies fossiles. Actuellement 35 pays, responsables d’un quart des émissions de CO2 d’origine fossile, ont réussi à significativement amoindrir leurs rejets au cours de la dernière décennie.

Bien que la sortie progressive des énergies fossiles n’est pas à l’ordre du jour officiel de la 30e Conférence, une cinquantaine de pays militent pour. Luiz Inácio Lula da Silva a appelé la semaine dernière à une feuille de route pour surmonter la dépendance aux combustibles fossiles. Dans ce contexte, beaucoup attendent que la COP30 clarifie les étapes concrètes pour réduire la dépendance aux énergies carbonées.

Michel Gourd

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Marseille 2026 : Sébastien Delogu se lance dans la course municipale

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Sébastien Delogu
Sébastien Delogu, député LFI.

Le député insoumis, Sébastien Delogu, annonce sa candidature et rassemble déjà une partie de la gauche marseillaise, dans un contexte politique marqué par rivalités et tensions.

Le député de la France insoumise Sébastien Delogu entre officiellement dans la bataille pour la mairie de Marseille. Ce dimanche 16 novembre, les militants insoumis se sont réunis à la Belle-de-Mai pour une « assemblée communale » qui a validé sa tête de liste.

L’élu a confirmé sa candidature à l’AFP, se présentant comme le porte-voix des quartiers nord et affirmant vouloir « remettre le pouvoir entre les mains du peuple ». Son objectif : tourner la page des pratiques clientélistes et des magouilles qui, selon lui, ont trop longtemps pesé sur la ville. Avec cette annonce, Delogu devient le premier candidat officiellement déclaré à gauche, et pose d’emblée les jalons de sa campagne.

Le mouvement prend de l’ampleur avec le soutien de Sébastien Barles, adjoint écologiste suspendu d’EELV, et de son collectif Vaï. Les deux se rapprochent de Delogu tout en critiquant la majorité municipale dirigée par Benoît Payan, qui n’a pas encore indiqué s’il briguerait un second mandat. Ce ralliement illustre un phénomène marseillais bien connu : la politique locale oscille entre convictions et opportunisme, alliances temporaires et jeux d’influence.

Le parcours de Delogu n’est pas exempt de controverses. Il a été condamné en début d’année pour violences sur deux fonctionnaires lors d’une manifestation contre la réforme des retraites, et son domicile a été perquisitionné en mai dans le cadre d’une enquête pour vol et recel de documents liés à un conflit social. Ces dossiers judiciaires pourraient peser sur sa candidature, mais son enracinement dans les quartiers populaires et son image de député actif semblent consolider sa base.

Cette entrée en lice marque le lancement officiel de la compétition à gauche, dans une ville où rivalités, ambitions personnelles et enjeux sociaux façonnent autant que les programmes municipaux. Les prochains mois s’annoncent stratégiques : alliances, ruptures et calculs électoraux vont se succéder, alors que la campagne se dessine déjà tendue et incertaine.

Marseille, fidèle à son histoire politique complexe, offre un tableau où déclarations publiques et jeux de coulisses se superposent à chaque coin de rue. L’arrivée de Delogu change la donne : il installe d’emblée un climat de confrontation et pose la question d’une possible alternance dans la cité phocéenne.

Djamal Guettala 

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Gara Djebilet, nouvelles circonscriptions administratives,… le texte du communiqué du Conseil des ministres

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Tebboune

Le président de la République, Chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, M. Abdelmadjid Tebboune, a présidé, hier dimanche, une réunion du Conseil des ministres, consacrée à des exposés portant notamment sur la promotion de circonscriptions administratives, dans les Hauts Plateaux et le Sud, en wilayas à part entière et au suivi de projets dans plusieurs secteurs, a indiqué un communiqué du Conseil des ministres, dont voici la traduction APS :

«Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, Chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, a présidé une réunion du Conseil des ministres, consacrée à des exposés portant notamment sur la promotion de circonscriptions administratives, dans les Hauts Plateaux et le Sud, en wilayas à part entière, au suivi de l’avancement des travaux de réalisation de la mine de Gara Djebilet et de la ligne ferroviaire minière Tindouf-Béchar, à la réalisation du Centre hospitalo-universitaire d’une capacité de 500 lits à Constantine et à l’acquisition d’équipements spéciaux au profit de l’Entreprise d’appui au développement du numérique (EADN).

Après présentation, par Monsieur le Premier ministre, des activités du Gouvernement au cours des deux dernières semaines et suite aux interventions de Mesdames et Messieurs les ministres concernant les exposés à l’ordre du jour, Monsieur le président de la République a donné les instructions, directives et orientations suivantes :

Orientations Générales :

Monsieur le président de la République a ordonné :

– L’ouverture d’une enquête sur l’origine des feux de forêt ayant touché plusieurs wilayas du pays en même temps le week-end dernier.

– Il a enjoint au ministre des Finances de préparer un projet de revalorisation du Salaire national minimum garanti (SNMG).

– Il a enjoint au ministre des Finances de préparer un projet de revalorisation de l’allocation chômage.

– La nécessité d’un contrôle permanent et continu des places et espaces publics, en termes de sécurité et d’hygiène, à travers les différentes wilayas du pays.

– L’impératif d’obliger les propriétaires de véhicules de transport public et privé à respecter les conditions d’hygiène dans les différentes villes et sur toutes les lignes, notamment à Alger et dans les wilayas touristiques.

Concernant la promotion de circonscriptions administratives, dans les Hauts Plateaux et le Sud, en wilayas à part entière :

Le Conseil des ministres a approuvé la teneur de l’exposé portant promotion de onze (11) circonscriptions administratives, dans les Hauts Plateaux et le Sud, en wilayas à part entière. Il s’agit d’Aflou, de Barika, de Ksar Chellala, de Messaad, d’Aïn Oussara, de Bou Saâda, d’El Abiodh Sidi Cheikh, d’El Kantara, de Bir El Ater, de Ksar El Boukhari et d’El Aricha.

Après approbation, Monsieur le président de la République a donné des instructions pour entamer immédiatement les procédures administratives, avec les deux chambres du Parlement.

Concernant la ligne ferroviaire minière Tindouf-Béchar :

– Monsieur le président de la République a enjoint au ministre des Travaux publics de préparer l’inauguration de la nouvelle ligne ferroviaire, en plein désert, reliant Tindouf à Béchar, dans son intégralité, en janvier 2026, pour sa mise en exploitation officielle, en faisant de cet événement une journée de fête immortalisant cette réalisation nationale d’envergure, marquant l’entrée de l’Algérie dans une nouvelle ère, celle des grandes étapes économiques franchies par le peuple algérien sur la voie du développement de son pays.

Concernant les travaux de réalisation de la mine de Gara Djebilet :

– Le président de la République a ordonné le lancement de l’utilisation et de l’exploitation locale du minerai de fer extrait de la mine de Gara Djebilet à partir du premier trimestre de 2026. Cet événement, le premier du genre dans l’histoire de l’Algérie indépendante, incarne un message fort, celui d’une nouvelle orientation algérienne consacrant le principe de la souveraineté économique et de la diversification des ressources du pays hors hydrocarbures.

– Monsieur le Président a donné des instructions fermes pour redoubler d’efforts, autant que faire se peut, étant donné que ce projet stratégique verra bientôt le jour, dans toutes ses sections et structures, le Conseil des ministres ayant approuvé la création de nouvelles usines de traitement du minerai de fer à Tindouf, Béchar et Naâma.

– Monsieur le Président a ordonné de faire en sorte que la première cargaison du minerai de fer soit acheminée, via la ligne ferroviaire, vers le complexe sidérurgique Tosyali d’Oran, à partir de 2026. L’Algérie aura ainsi franchi la première étape vers la réduction de la facture d’importation du minerai de fer et la réalisation progressive de l’autosuffisance.

Le Conseil des ministres a également approuvé le projet de réalisation d’un Centre hospitalo-universitaire (CHU) à Constantine, d’une capacité de 500 lits, ainsi que le marché d’acquisition d’équipements spéciaux au profit de l’Entreprise d’appui au développement du numérique (EADN).

La réunion du Conseil des ministres s’est achevée par l’approbation de décrets et de décisions individuelles portant nominations et fins de fonctions dans des postes supérieurs de l’Etat».

APS

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Qui a piqué le fromage de l’Homo docens ? 

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Image par Gerd Altmann de Pixabay

L’Homo docens incarne la profonde singularité de l’espèce humaine : sa capacité à apprendre, intentionnellement, à inventer des défis cognitifs pour ses pairs, et à apprendre de l’autre pour dépasser les limites du déjà connu (Dehaene, 2018 ; Repusseau, 1972). 

Pourtant, à l’heure où l’éducation devrait être l’espace privilégié où s’exprime cette vocation anthropologique, de nombreux étudiants normaliens semblent aujourd’hui marqués par une forme d’inertie cognitive, renonçant à la quête active de savoirs au profit de routines sécurisantes ou, parfois, d’une résignation à la stagnation. 

Pour Dehaene  (2018), si tous les humains ont reçu les structures de la cognition, seuls les membres de notre espèce développent, de manière systématique, l’intentionnalité pédagogique. Homo docens est dans cette perspective celui qui non seulement apprend, mais provoque l’apprentissage chez autrui -enseignants compris- ; qui sait mobiliser ses acquis pour décoder ce que l’autre ignore, concevoir des exercices adaptés, et guider activement le processus d’apprentissage.

Ce mode repose sur la plasticité cérébrale, sur la métacognition et le contrôle de l’attention, talents essentiels, sans lesquels le cerveau reste prisonnier de ses routines (Dehaene, 2018). Cette capacité n’est, cependant, pas déployée dans la communauté académique. Car elle requiert non seulement de l’enseignant de transmettre, mais aussi de l’étudiant le désir d’apprendre.

Gärdenfors et Högberg (2017) rappellent que l’enseignement intentionnel n’est pas simplement la transmission butée des savoirs, mais l’art du questionnement et de l’auto-questionnement, du doute et de la réforme permanente du curriculum pour stimuler les esprits face à la nouveauté.

Dans leur fable allégorique, Johnson et Bernard (2015) proposent une réflexion sur l’adaptation au changement à travers quatre personnages confrontés à la disparition de leur fromage, métaphore du confort intellectuel ou matériel : Sniff et Vouf, les souris, incarnent l’intuition et l’action directe ; Hum et Haw, les nains, traduisent les mécanismes du raisonnement humain, capables de s’attacher à leurs croyances et de résister au mouvement universel du changement. Hum refuse de changer, sommé par la peur, tandis que Haw traverse le labyrinthe, apprend de ses erreurs et réinvente sa trajectoire. Cette histoire met en lumière deux attitudes face à l’incertitude : la défense illusoire de la routine de l’un et la curiosité exploratrice de l’autre. ​​

La comparaison avec les étudiants normaliens d’aujourd’hui révèle une résonance troublante. De par sa vocation, l’ENS, tout comme l’université, devrait être le creuset de l’innovation par la recherche et le questionnement. Or, de nombreux constats font état d’une perte de motivation durable chez nombre d’étudiants.

La routine académique, l’absence de stimulation adaptée, et la défiance envers les défis intellectuels nouveaux engendrent une forme de décrochage cognitif, analogue au comportement d’Hum dans la fable : l’étudiant reste immobile, guettant le retour du « fromage » sans accepter d’en explorer d’autres, se réfugiant dans la répétition des acquis et la passivité critique. L’intentionnalité pédagogique s’éteint, la curiosité est inhibée – le syndrome du fromage disparu devient celui d’une formation sans projet, sans aventure et sans risque.​​

Dehaene (2018) a montré, à partir des neurosciences, que la curiosité n’est pas un trait accessoire mais la condition même de tout apprentissage durable. Si le cerveau n’est pas stimulé par des situations nouvelles, adaptées au niveau de l’apprenant, rien ne sera appris, et la motivation s’épuise (Dehaene, 2018). 

Or, l’institution de l’enseignement supérieur, quand elle ne renouvelle pas ses défis ou valorise la consolidation au détriment de l’exploration, peut engendrer chez l’étudiant non pas l’Homo docens, mais son double négatif : un Homo ignorans résigné, dont seuls les acquis antérieurs sont cultivés, le goût du risque intellectuel inhibé par la peur de l’erreur ou le manque de reconnaissance. Cette situation rejoint les observations de Johnson et Bernard (2015): la peur du changement, la difficulté à quitter la zone de confort, l’attente d’une solution extérieure favorisent la paralysie académique et l’extinction du désir d’apprendre.

Pendant ce temps, Sniff et Vouf, figures de l’intuition et de l’action, incarnent une forme d’apprentissage expérientiel et adaptatif, propre à l’Homo docens : capacité à se tromper, à inventer de nouvelles stratégies, à se lancer sur des pistes inconnues, en mobilisant l’intelligence collective, l’attention à l’évolution des contextes, susceptible de donner lieu à de nouvelles expériences et la volonté de dépasser la routine (Johnson et Bernard, 2015 ; Dehaene, 2018). A l’inverse, Hum et Haw illustrent les travers de l’apprenant figé : rigidité conceptuelle, attachement au statu quo et déni du réel. 

L’école, temple historique de l’apprentissage, en vient trop souvent à dévaloriser la prise de risque ou la curiosité, et fabrique des générations de Hum, vivant dans l’attente vaine du retour du fromage, refusant l’aventure cognitive, incapable d’envisager la multiplicité des fromages possibles. 

Le défi pour les étudiants d’aujourd’hui est de réhabiliter l’Homo docens en eux via le projet personnel, la prise d’initiative intellectuelle, la considération constructive de l’erreur et la quête active du savoir.  

De même, l’art pédagogique ne se résume pas à dispenser passivement des contenus : il exige de l’enseignant une capacité à saisir les signaux faibles du décrochage cognitif, à inventer des défis adaptés, à encourager l’autonomie de pensée et la prise de parole. Comme le rappelle Freire (1968), la pédagogie doit viser la conscientisation, la révolution critique et l’ouverture au dialogue, pour faire de chaque élève un Homo docens, capable d’exercer un regard réflexif et d’enseigner à son tour, dans une dynamique de transmission créative et responsable.​

La crise actuelle des apprentissages, chez les normaliens, doit être comprise comme le symptôme d’un défaut de mobilisation de l’intentionnalité pédagogique, de la curiosité et du goût du questionnement. L’Homo docens peut certes disparaître dans le confort d’un fromage vieilli, néanmoins, il garde toutes ses chances de se réinventer dans l’aventure du labyrinthe, et dans sa capacité à questionner ses certitudes et à explorer l’inconnu: là où l’immobilisme guette, il doit réhabiliter l’audace ; là où la peur paralyse, il doit célébrer l’erreur constructive et le désir d’apprendre. 

Johnson et Bernard (2015) ont bien raison de penser que le changement survient et qu’il déplace le fromage sans cesse, qu’il nous incombe de l’anticiper, et de nous préparer à ce que le fromage bouge. Tel est le profil de l’Homo docens requis dans la société du XXIe siècle.​

Dr Belkacem Hamaïzi, ENS de Sétif

Références bibliographiques

  • Dehaene, S. (2018). Apprendre! Les talents du cerveau, le défi des machines. Paris: Odile Jacob.
  • Gärdenfors, P., & Högberg, A. (2017). The archaeology of teaching and the evolution of Homo docens. Current Anthropology, 58(2), 188-208.
  • Johnson, S., & Bernard, J. P. (2015). Qui a piqué mon fromage?. Michel Lafon.
  • Repusseau, J. (1972). Homo docens: l’action pédagogique et la formation des maîtres. FeniXX.
  • Freire, P. (1968). La pédagogie des opprimés. Agone.

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Gazoduc du Maghreb : l’Algérie dit niet, le Maroc réinvente ses flux énergétiques

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Gazoduc

L’Algérie a tranché sans équivoque : le gazoduc du Maghreb, fermé depuis 2021, ne rouvrira pas. Ce conduit stratégique, traversant le Maroc avant d’atteindre Tarifa, alimentait autrefois le royaume chérifien en gaz naturel. Sa fermeture avait suivi le soutien explicite de Pedro Sánchez au rattachement du Sahara occidental au Maroc, provoquant une rupture diplomatique avec Alger.

Aujourd’hui, cette décision n’est pas simplement énergétique : elle est le symbole d’une souveraineté nationale revendiquée et d’une mainmise sur les flux stratégiques de la région.

Depuis trois ans, le Maroc s’est adapté. Le royaume importe du gaz naturel liquéfié sur les marchés internationaux, principalement en provenance de Russie, qu’il regazéifie dans des centrales espagnoles avant de l’acheminer vers son territoire. Madrid avait accepté d’inverser temporairement le flux du gazoduc pour garantir l’approvisionnement marocain. Mais Alger a posé un veto ferme : aucun gaz ne transiterait via Medgaz ou par bateau si sa destination finale est le Maroc. Cette position confirme l’Algérie comme acteur central dans l’équilibre énergétique de la Méditerranée et du Maghreb.

Cette situation traduit une compétition énergétique croissante. Le Maroc investit dans un nouveau gazoduc transafricain, traversant huit pays pour acheminer le gaz du Nigeria vers le royaume. La Chine soutient ce projet, tandis qu’un autre conduit similaire reliera le Nigeria à l’Algérie, accentuant la rivalité régionale et mettant en lumière l’importance stratégique des routes gazières africaines. L’énergie devient ainsi un instrument de puissance, et chaque décision sur les flux de gaz pèse sur les équilibres diplomatiques et économiques.

Pour l’Espagne, le contexte impose un rééquilibrage stratégique. Les exportations de gaz espagnol vers le Maroc atteignent désormais des niveaux records, tandis que les importations marocaines de diesel ont été scrutées pour leur possible origine russe. Madrid se retrouve ainsi entre deux feux : maintenir sa coopération énergétique avec Rabat tout en respectant les contraintes imposées par Alger, un équilibre délicat où chaque choix peut avoir des répercussions régionales.

Le gazoduc du Maghreb reste plus qu’une infrastructure énergétique : il est le reflet d’une tension persistante entre souveraineté nationale, concurrence régionale et influence internationale. L’Algérie démontre qu’elle ne cédera pas face aux pressions européennes ou espagnoles, et le Maroc confirme sa stratégie de diversification énergétique. Dans ce contexte, la Méditerranée et l’Afrique du Nord apparaissent comme un terrain de rivalités complexes, où énergie, diplomatie et puissance économique se croisent et s’entrelacent.

Cette affaire illustre également une dynamique plus large : la redistribution du pouvoir énergétique en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne, où chaque projet gazié devient un levier stratégique. L’Algérie contrôle toujours ses flux, le Maroc investit dans sa propre autonomie, et l’Espagne tente de jouer un rôle de pont logistique. Dans ce jeu d’influences, le gazoduc du Maghreb demeure un symbole tangible de la géopolitique énergétique, où chaque décision éclaire les ambitions et les alliances régionales.

Synthèse Mourad Benyahia 

Source : Carlos Ribagorda, Okdiario, 16 novembre 2025 lien

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Blessure de Youssef Belaili : un coup dur pour l’Algérie

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Belaili blessé

Le milieu offensif algérien Youssef Belaili, joueur de l’Espérance Sportive de Tunis, traverse une période difficile. Lors du match de la 14ᵉ journée du championnat tunisien contre le Club Africain, Belaili a été victime d’un tacle appuyé qui l’a contraint à quitter le terrain dès la 21ᵉ minute.

Les examens médicaux réalisés ensuite ont confirmé une déchirure du ligament croisé du genou, une blessure sérieuse nécessitant une intervention chirurgicale et une longue période de rééducation.

Cette situation prive l’Algérie de l’un de ses éléments clés au milieu de terrain et en attaque. Belaili devait en effet participer à la Coupe arabe des nations au Qatar ainsi qu’à la Coupe d’Afrique des Nations au Maroc, deux compétitions majeures pour le football algérien. Son absence représente un véritable coup dur pour le staff technique et pour ses coéquipiers, qui comptaient sur sa créativité et son expérience sur le terrain.

Le staff médical de l’Espérance a souligné que l’intervention chirurgicale et le programme de rééducation sont essentiels pour assurer une récupération complète et éviter toute complication susceptible de compromettre la carrière du joueur. La durée de son absence est estimée entre 6 et 10 semaines, ce qui pourrait l’éloigner des terrains pendant les prochains matchs importants de son club et de la sélection nationale.

L’entraîneur de l’Espérance a déclaré après la rencontre que Belaili avait ressenti une douleur aiguë au genou, et que sa sortie du terrain était nécessaire pour prévenir une aggravation de la blessure. Les coéquipiers et le staff technique ont exprimé leur inquiétude face à cette perte temporaire, consciente de l’importance de Belaili dans le système de jeu.

Au-delà de l’aspect physique, cette blessure représente également un choc moral pour le joueur, très attaché à la représentation de son pays lors des grandes compétitions. Les supporters et le public sportif attendent désormais de voir sa détermination et sa résilience face à cette épreuve, espérant un retour rapide et en pleine forme sur les pelouses.

Pour le moment, l’accent est mis sur la réussite de l’opération et sur le suivi rigoureux du programme de rééducation. L’objectif est clair : permettre à Youssef Belaili de retrouver son niveau et de continuer à briller avec l’Espérance Sportive de Tunis et l’équipe nationale algérienne lors des prochaines échéances footballistiques.

Djamal Guettala 

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Exode massif depuis le Mali : l’Algérie face à un défi humanitaire et sécuritaire

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réfugiés maliens
Réfugiés maliens

La crise sécuritaire qui secoue avec l’avancée des djihadistes du GSIM d’Iyad Ag Ghali, le Mali a franchi les frontières pour frapper le Sahel et inquiéter l’Algérie mais aussi la Mauritanie.

Depuis que le groupe armé “Nusrat al-Islam wal-Muslimin” a imposé un blocus du carburant à Bamako, la capitale malienne se retrouve paralysée et les civils exposés à des violences incessantes. L’armée malienne, fragilisée par des mois d’instabilité, peine à protéger la population face aux attaques djihadistes, et l’échec des négociations informelles avec les groupes terroristes ne fait qu’aggraver la situation. Au-delà, l’engagement des mercenaires du groupe russe Africa Corps ne semble pas influer sur la situation sécuritaire.

Conséquence directe : un exode sans précédent vers les pays voisins. Selon des rapports internationaux concordants, environ 300 000 Maliens ont trouvé refuge en Mauritanie, tandis que la Côte d’Ivoire fait face à un afflux inédit de déplacés fuyant les violences. Ces mouvements de population entraînent des défis humanitaires majeurs pour les États hôtes, qui doivent à la fois fournir un accueil et sécuriser leurs frontières. Par ailleurs, le nombre d’enlèvements d’étrangers au Mali a atteint un niveau record cette année, avec 26 victimes recensées, accentuant l’inquiétude des autorités régionales.

Face à cette situation, l’Algérie se retrouve à un carrefour délicat. Si le pays affiche une tradition d’ouverture humanitaire, le président Abdelmadjid Tabboune a rappelé que les crises du Sahel, bien que préoccupantes, ne constituent pas une menace directe pour l’Algérie. Il souligne toutefois que l’afflux potentiel de réfugiés comporte un risque sécuritaire réel, notamment si des éléments armés profitent de ces mouvements de population pour infiltrer le territoire.

Au-delà de l’urgence humanitaire, le défi est aussi logistique et économique : accueillir un grand nombre de réfugiés demande des ressources importantes, que ce soit pour la santé, l’hébergement ou la sécurité. La situation met en lumière la double vulnérabilité des pays frontaliers du Sahel, pris entre la nécessité d’humanité et l’impératif de sécurité.

Cette crise rappelle que l’instabilité au Mali ne reste jamais confinée et qu’elle exerce un effet domino sur l’ensemble de la région. L’Algérie, forte de son expérience dans la lutte contre le terrorisme, est aujourd’hui appelée à conjuguer gestion humanitaire et vigilance sécuritaire pour prévenir toute escalade, tout en restant fidèle à son rôle de refuge pour les populations en détresse.

Mourad Benyahia 

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Belaïd At Ali : Sbiṭar (Tazmamt n°9, asebter 466)

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Belaïd At Ali

Dduklent d tarbaât ɣer sbiṭar, ad d-awint ddwa sɣur temrabḍin n Irumyen.

  1. Aâdidi : D talemmast, taɣezfant, irna teǧhed, d tahrawant, armi ula d irgazen ttagaden-tt i wemseččew. Ayen i yas-d-inna uqerruy-is ad t-id-tini. Nettat ad d-tawi ddwa i taâbbuṭ-is.
  2. ‘’Akufi’’ : (nettat isem-is Mesaâd, lakin qqaren-as akka, degmi tcuff s tuzert am ukufi ; segmi taâwej tɣenjurt-is, tegumma ad taf i zwaǧ. Truḥ tesaâdda-d kra n wussan ɣur gma-s di Lezzayer, daɣ netta tḥefḍ-d sin imeslayen n trumit, tettzuxxu yis-sen ula nebla lmaâna. Nettat, d aqerruy-is.
  3. ‘’Tamesaâuṭ’’ : D tamɣart, nettat ur iẓri ḥed dacu i d lehlak-is, tettruḥu kan tettawi-d ddwawi.
  4. Tilawin nniḍen, akken aṭas, d tarbaât, mkul yiwet d ddwa i teḥwaǧ.
  5. La sœur blanche, tamrabeṭ n Irumyen. Ur tessin ara taqbaylit ad tt-tfhem wala ad tt-tehḍer. Aâni… d tajḍit ɣer tmurt.

Beddent ɣer sdat tebburt n sbiṭar, segmi mazal lḥal, la traǧunt akka agemmaḍ, deg ubrid n Urumi, ad d-teffeɣ ‘’la sœur’’ ad tebdu tikci n ddwawi. Yaf, tabaɛ, dinna ɛument tlawin n tuddar nniḍen, ttraǧunt nutenti. Lakin mkul sut taddart, ddukulent akken d tagemmuct.

La ttraǧunt… ttraǧunt… aṭas ayagi…

Yiwet tmeṭṭut : Annaɣ a Reppi ! Aâni ur d-teldint ara yakk tabburt ass-agi ?…

Tamesaâuṭ : A yell-i… nekkunti dacu ar aɣ-yerren s Adɣaɣ ! Ayagi aql-i mmuteɣ !

Tameṭṭut nniḍen : Akka-agi a yell-i mkul ass ; ɣef cwiṭ n ddwa, alamma neqqim dagi ass kamel… yura…

‘’Akufi’’ : Axaṭer dagi ulac n serbis ! Lukan di Lezzayer…

Aâdidi : Dɣa kem berka ! Imi truḥeḍ kan yippas (yiwen wass) ɣer Lezzayer, dɣa Lezzayer, Lezzayer !

‘’Akufi’’ : A yell-i ! Aâni ad iyi-tekkseḍ ur heddreɣ ara ?…

Aâdidi : Ad am-ikkes Reppi anzaren-nni pakli (n wakli) !… mer kan ad as-qqarent « sut Udɣaɣ akk ttruḥunt ɣer Lezzayer » !…

‘’Akufi’’ : A nnger-im, aâni tufiḍ Lezzayer, tugiḍ-tt ! ‘’Semmum laâdri’’ (1) !… Pudem-im (n wudem-im) !…

Aâdidi : Ala a yexti, pudem-im kan kem ! N tɣenjurt-im !…

‘’Akufi’’ : (tezzi diɣen ɣer tmeṭṭut-nni taberranit) A yell-i nniɣ-am, a lemmer di Lezzayer, ad tili ata aṭas ayagi ideg tewwiḍ ddwa, truḥeḍ s axxam-im, maâna dinna tifermliyin leḥḥunt serbis, serbis…

Tameṭṭut-nni : Tiffer… tiffermi… ?

‘’Akufi’’ : Ti-fer-mli-yin, ih, dinna akka i d ismawen-nsent. Mačči am tigi n dagi, ad tent-ixdaâ Reppi, ur am-ttakent ddwa alamma…

Aâdidi : A yell-i, ad kem ixdaâ Reppi kan kem !… Nek ssneɣ-tent, kra degmi d-ruḥeɣ ɣur-sent fkant-iyi ddwa, ḥliɣ. Ur d-wjiɛeɣ ara di tbermlin, neɣ tibermilin-im !… yerna dɣa a taxeddaât, ihi acimi d-truḥeḍ ass-agi ɣur-sent ?… Mi d iwermilin i tḥemmleḍ ?…

‘’Akufi’’ : Acimi d-ruḥeɣ ?… Aâni d lemzegga-nsent ? D la lwan ad iyi-fkent ddwa bessif !… D berzidan i tent-id-ittxellisen si Fransa !…

Aâdidi : Ad iberreẓ Reppi aqerru-im dɣa ! Alma d deqqal ad as-tiniḍ i Massur (ma sœur) !… (dɣa la sœur atta teldi-d tabburt, kra din n tlawin kkrent ɣef ubrid, guggint ɣur-s, zzint-as, mkul yiwet d akken tettaâggiḍ : « Nnaɣ a Massur ! Annaɣ a Massur ! D nek i d tamezwarut, nnaɣ a Massur ttxil-m ! (la sœur tugad ad tt-aâfsent, temdel diɣen tabburt).

La sœur : Doucement ! Doucement ! (s laâqel kan, s laâqel !)

‘’Akufi’’ : A Massur, sivupli, mwa jiswi buku malad !… sivupli !…

La sœur : (i Ukufi) Viens toi. (Taâdda-d tkufit ɣer la sœur, ad as-temmal akk s trumit dacu i tt-iqerḥen. La sœur teddem-d tiaâqqayin, la sent-id-tḥesseb s afus. Syahin akkin, Aâdidi ur tufi yara akken ad d-taâddi ɣer leḥris-nni n tlawin, la d-treffed kan afus-is s igenni, acebbub ixreb, la d-tesmermuɣ).

Aâdidi : A Massur ! A Massur ! Ur as-ttak ara ddwa i m-yinzer-nni ! A Massur ! Tura kan i yam-tedaâ s ccer ! A Massur ! Irna tezwar-d deg-s !!!

La sœur : (i Ukufi) Qu’est-ce qu’elle raconte celle-a ? (dacu i d-tḥekku tinna ?)

‘’Akufi’’ : A Massur, i fu pa likuti, ili ful. (ur as-smeḥsis ara i tinna, d tameslubt).

La sœur : Ah ! Bien. (Di syen aâddint tilawin nniḍen, wwint mkull yiwet d ddwa i yas-ilaqen. Taâddi akken ula d Tamesaâut, ma d Aâdidi, dɣa segmi simal la trennu s usmermeɣ, mi d-tqerreb ula d nettat nnuba-s, ad as-tini la sœur : « toi la folle, laisse-nous tranquille !», sakin la tt-ttarrant kan ɣer deffir… ar tt-ttarrant ɣer deffir… armi ruḥen akk tlawin, teqqim-d kan nettat weḥd-s d taneggarut.
Ula d sut Udɣaɣ ; niqqal urǧant-tt, urǧant-tt… taggara-ya, ruḥent, tedda yid-sent Kufi. Teḍher-as i Aâdidi, ala Tamesaâut i ibedden weḥd-s deg ubrid n Urumi la tt-tettraǧu. Taâddi sakin ɣer temrabeṭ, tefka-yas-d taqeraâtt n waman n ddwa i taâbbuṭ-is, di syen tsubb-d s abrid, taf-d din Tamesaâût, ruḥent, dduklent. Ass yaâdda di nsaf. Tiyiḍ ahat wḍent yagi s axxam).

Aâdidi : Meqqar d kem turǧaḍ-iyi , ad am-iḥrez Reppi tamgarṭ-im.

Tamesaâut : Hi aâni ad kem-in-ǧǧeɣ ad n-truḥeḍ weḥd-m ?…

Aâdidi : A yell-i !… daya !… tin yeḍran yid-i ass-agi ur tt-tettuɣ ara !…

Tamesaâut : Ayexti !… Ula d kem !… Di laânaya n Reppi dacu ara kem-yawin ad tesmermuɣeḍ akken, neɣ acimi yakk ara teskecmeḍ iman-im deg wayen i kem-ixḍan ?…

Aâdidi : I yi-ixḍan ?… A yell-i nek ɛuddeɣ… maâna… d tidet ɣur-m lḥeqq… lemmer ḥsiɣ akka…

Tamesaâut : Mer ḥsiɣ akka ! Mer ḥsiɣ akka !… daya kan i tessnemt ad tinimt !… Maâna alamma ifut lḥal !… Mer ḥsiɣ akka … (Tamesaâut tkemmel akken testemtum, la tleḥḥu tekna i taârurt-is ɣef taâkkazt ; ma d Aâdidi tebra kan i tuyat-is. Taswiɛt)

Tamesaâut : Mmektiɣ-d yiwen usefru, wissen ma tessneḍ-t ?

Aâdidi : Anwa ?

Tamesaâut : D asefru-nni kan n temɣarin, maâna nek gummaɣ ad t-ttuɣ :

Ay iles illan d aksum
Dacu k-irran d ilili
Aqerru yerwa lehmum
Uli d-ternuḍ keččini
Tura ddunit i leqzub
ɣas ma d ccer yettmenni
Ma ur tettcebbiḥeḍ ara i laâyub
Susem kan xir-ak a mmi !…

Lamaâna atan ula d isefra, alamma ifut lḥal i ten-id-nettawi. Nessen ad nini « mer ḥsiɣ akka » !… « mer ḥsiɣ akka » !…

Belaïd At Ali

Timerna/notes :

  1. « Semmum laâdri « : semmum lqiqeb i wuccen ; semmum-it tẓurin i wuccen…

Avec l’aimable autorisation d’Ibrahim Mohand qui a coordonné, réécrit avec une graphie plus récente et fait rééditer, en 2014, nous publions ici l’ensemble de l’œuvre de Belaïd At Ali. Au fil des semaines, vous retrouverez ici les nouvelles, contes et la poésie de Belaïd At Ali.

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Le détenu d’opinion Mohamed Tadjadit entame une grève de la faim

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Mohamed Tadjadit
Mohamed Tadjadit en grève de la faim. Crédit photo : DR

Condamné arbitrairement à 5 ans de prison ferme par le tribunal criminel d’Alger, Mohamed Tadjadit dit le poète du Hirak entame aujourd’hui dimanche une grève de la faim illimitée.

« C’est là l’ultime recours d’un homme libre pour faire entendre sa voix et se faire l’écho des voix de toux ceux épris de justice, de vérité, d’égalité et de liberté, précise Me Fetta Sadat, militante des droits humains.

Depuis le déclenchement de la dissidence populaire communément appelée Hirak Tanekra, en février 2019, Mohamed Tadjadit a été plusieurs fois interpelé et condamné à la prison ferme. A 31 ans, Mohamed Tadjadit n’aura connu que la prison depuis sous le règne de la dyarchie Tebboune – Chanegriha. Derrière la dernière condamnation à 5 ans de prison ferme, il y a de la part de cette justice punitive mise en branle par le régime comme une volonté de briser la volonté de ce jeune dissident à rester debout.

Cherif Mellal, ancien président de la JSK, qui croupit en prison depuis 4 ans a lui aussi mené plusieurs grèves de la faim. En vain. Le Dr Kameleddine Fekhar, militant emblématique des Mozabites, a également mené une grève de la faim jusqu’à en mourir en prison en 2019.

Mohamed Tadjadit qui ferraille contre l’arbitraire n’ignore rien du cynisme et de l’indifférence manifeste des détenteurs du pouvoir concernant les détenus d’opinion dont ils nient même le statut. Il sait aussi la profonde hybris d’un régime sourd et aveugle. Il mesure chaque jour derrière les barreaux l’absence d’État de droit. Une réalité que tout un chacun connaît : en Algérie, les lois sont instrumentalisées pour neutraliser les voix critiques, et les accusations de « terrorisme” couvrent la répression politique. Quant aux procès équitables relèvent du fantasme. Mohamed Tadjadit se dresse donc comme un prisonnier lucide des pratiques de ceux qui ont décidé de le jeter au trou.

Alors, son cri d’indignation et de dénonciation sera-t-il entendu par ceux-là même qui ont décidé sa condamnation ? A la lumière du sort fait à l’Etat de droit et donc aux libertés, nous craignons que cela ne soit pas le cas malheureusement.

Hamid Arab

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Mansoureh Kamari : « Ma vie passée en Iran m’avait dépouillée de mon identité »

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Mansoureh Kamari
Mansoureh Kamari

Publié par Casterman le 10 septembre 2025, Ces lignes qui tracent mon corps est un roman graphique où Mansoureh Kamari livre une œuvre d’une intensité rare. Entre mémoire intime et dénonciation des violences faites aux femmes, son trait raconte un combat : celui d’une femme iranienne qui se reconstruit à travers l’art.

Installée aujourd’hui en France, l’autrice et dessinatrice revient, dans cet entretien accordée au Matin d’Algérie, sur la genèse de son livre, la puissance du dessin comme thérapie et la portée politique involontaire de son geste créatif.

Ce récit visuel explore la mémoire du corps comme lieu de souffrance, mais aussi comme instrument de libération et de résilience. Chaque planche témoigne de son parcours intime, mêlant expériences personnelles et observations sur la condition des femmes en Iran. À travers ce travail, Mansoureh Kamari invite le lecteur à une rencontre profonde avec l’émotion, la mémoire et la force de l’expression artistique.

Le Matin d’Algérie : Votre album s’intitule Ces lignes qui tracent mon corps. Pourquoi avoir choisi ce titre, à la fois charnel et symbolique ?

Mansoureh Kamari : Parce que la première chose qui m’identifie en tant que femme, c’est ma silhouette. Mais dans ce livre, je dessine non seulement mon corps, mais aussi mes expressions à travers mes lignes. Ces traits transmettent beaucoup de mes émotions et de mes pensées intérieures, qui font aussi partie de mon identité actuelle. Je crois que dans cet ouvrage, je cherche à retrouver mon identité en parcourant mes souvenirs, ce qui finit par dresser un portrait complet de moi en tant que femme artiste.

Le Matin d’Algérie : Vous signez le scénario, le dessin et la narration. Comment s’est construit ce projet, entre besoin personnel et volonté de témoigner ?

Mansoureh Kamari : Le fait d’être à la fois l’auteure et la dessinatrice de ce projet m’a donné une grande liberté pour exprimer mes émotions comme je le souhaitais. J’ai abordé ce livre comme une forme de thérapie, un moyen de traverser des périodes du passé que j’avais essayé d’oublier, car elles étaient trop douloureuses à revisiter. Mais à un certain moment, j’ai compris que ces expériences faisaient partie de ma vie, qu’elles avaient laissé de nombreuses cicatrices, et qu’il fallait les reconnaître et les accepter pour qu’elles puissent enfin commencer à guérir. C’est seulement ainsi que je pouvais, avec le temps, avancer.

Le Matin d’Algérie : Dans le livre, le corps est à la fois mémoire, souffrance et libération. Comment avez-vous trouvé la force de le représenter graphiquement, après tant d’années de silence ?

Mansoureh Kamari : Je pense qu’à un moment donné, j’ai compris que si je voulais vraiment devenir autrice, je devais d’abord apprendre à comprendre mes propres émotions. Comme j’avais beaucoup d’insécurités concernant mes capacités à le devenir, j’ai réalisé que commencer par raconter ma propre histoire pourrait m’aider — et ça a été le cas, même si ce n’était pas facile. J’ai dû affronter beaucoup de doutes et d’hésitations en écrivant ce livre, mais plus j’avançais, plus je prenais confiance en moi et en ma voix d’artiste.

Le Matin d’Algérie : Vous évoquez la peur permanente, les agressions et l’oppression des femmes en Iran. Aviez-vous conscience, en dessinant, que votre geste devenait aussi un acte politique ?

Mansoureh Kamari : Pour être honnête, pas vraiment. Au départ, je voulais simplement raconter mon histoire. Mais la situation que je décris était aussi celle de nombreuses femmes iraniennes. Cela dit, en dehors des lois discriminatoires de la société, ce que je raconte sur ma famille n’est pas la réalité de toutes — tous les pères iraniens ne sont pas aussi violents que le mien. Malheureusement, mon père l’était, et sous les lois islamiques, il avait le pouvoir de faire ce qu’il voulait. Au final, je pense que c’est le système que je remets en cause. Il faut aussi dire qu’en Iran, quand on est une femme et qu’on ne possède ni son propre corps ni sa propre voix, tout ce qu’on fait peut être perçu comme un acte politique.

Le Matin d’Algérie : Votre album paraît à un moment où la voix des femmes iraniennes résonne dans le monde entier, notamment depuis la mort de Mahsa Amini. Comment percevez-vous cette résonance internationale ?

Mansoureh Kamari : Je trouve qu’il est très fort de voir que, malgré toutes les restrictions et les dangers, les femmes iraniennes continuent de se battre et refusent d’accepter l’oppression. Leur courage m’inspire profondément. Quant à l’impact réel à l’international, je ne peux pas vraiment le mesurer moi-même, mais j’espère sincèrement qu’il est important, car leurs voix méritent d’être entendues partout.

Le Matin d’Algérie : Vous avez dit que dessiner, c’était se libérer du passé. Peut-on dire que cet album est une forme de thérapie par l’art ?

Mansoureh Kamari : Absolument. Comme je l’ai expliqué plus tôt, pour moi cet album a été une forme de thérapie, mais pas une thérapie où j’analyse chaque émotion de façon introspective. Plutôt, en les regardant telles qu’elles étaient — en les revivant émotionnellement puis en prenant du recul pour les transformer en récit. Ce recul m’a permis de mieux comprendre mes émotions en profondeur.

Le Matin d’Algérie : Le dessin dans votre œuvre est épuré, parfois tremblé, parfois rageur. Comment avez-vous travaillé cette esthétique pour traduire l’émotion sans tomber dans la complaisance ?

Mansoureh Kamari : J’avais une base d’écriture concrète dans laquelle je travaillais beaucoup le dosage des émotions pour que tout serve le récit. J’ai en fait coupé pas mal de souvenirs et de sensations que je trouvais répétitifs ou excessifs. En tant qu’auteur, il est essentiel de rester fidèle au cœur de ce que l’on veut dire, même si c’est difficile ; comme je l’ai dit, prendre de la distance par rapport à ses émotions aide beaucoup, car on doit regarder l’histoire dans son ensemble.

Le Matin d’Algérie : En Iran, la loi islamique fait du père le “propriétaire du sang de ses enfants”. Comment cette réalité a-t-elle façonné votre rapport à la notion de justice et d’humanité ?

Mansoureh Kamari : Malheureusement, beaucoup de lois islamiques ne sont pas écrites à partir d’une logique humaniste, mais pour défendre le sacré de la religion. Elles n’ont pas évolué avec le temps et restent imperméables aux adaptations culturelles ou aux avancées scientifiques. C’est pour cela, à mon avis, qu’il nous faut un État laïque, sans affiliation à ces lois religieuses.

Le Matin d’Algérie : Vous avez quitté l’Iran en 2006 pour la France. L’exil vous a-t-il offert le recul nécessaire pour aborder cette œuvre ? Ou au contraire, a-t-il ravivé les blessures ?

Mansoureh Kamari : En fait, je suis partie d’Iran avec mon mari et nous avons vécu cinq ans en Malaisie parce que nous n’arrivions pas à obtenir le statut de réfugiés ; il nous a fallu cinq ans pour arriver enfin en France en 2011. Pour répondre à votre question, l’exil m’a beaucoup aidée : dès mon arrivée en France, j’ai eu l’impression de renaître. Ici, j’ai pu avancer, me former en ayant accès aux films, livres et musées. J’ai eu besoin de quelques années pour simplement découvrir qui j’étais. Ma vie passée en Iran m’avait en quelque sorte dépouillée de mon identité, et j’ai dû la recréer, la retrouver.

Le Matin d’Algérie : Dans plusieurs scènes, vous montrez votre apprentissage du nu artistique, acte tabou en Iran. Ce passage marque-t-il votre renaissance comme femme et comme artiste ?

Mansoureh Kamari : Je ne dirais pas qu’il s’agit d’une libération totale, plutôt du début du processus. Même si je suis nue dans ces scènes, je reste hantée intérieurement par mon passé et j’essaie de m’en éloigner. Le défi d’éprouver une liberté complète est difficile : une partie de moi reste encore empreinte d’oppression et d’insécurités, et il m’est difficile de me sentir totalement sûre et confiante. Mais je sens que j’avance, et après chaque livre j’espère me sentir un peu mieux et plus forte.

Le Matin d’Algérie : Votre œuvre s’inscrit dans la lignée de récits graphiques comme Persepolis de Marjane Satrapi, mais avec une dimension plus intime, plus charnelle. Comment situez-vous votre travail dans cette tradition de la BD autobiographique engagée ?

Mansoureh Kamari : Je laisse aux autres le soin de classer mon travail. Honnêtement, je n’y pense pas trop. J’essaie simplement de parler des sujets qui m’interpellent. Il est vrai que la condition des femmes me préoccupe beaucoup, et j’aime en parler, mais ce n’est pas quelque chose de systématique ou de prémédité.

Le Matin d’Algérie : Aujourd’hui, que souhaitez-vous que les jeunes femmes iraniennes — ou d’ailleurs — retiennent de votre livre ? Est-ce un message d’alerte, d’espoir, ou les deux à la fois ?

Mansoureh Kamari : J’espère surtout qu’il les encouragera à raconter leurs propres histoires et à parler de leur situation, de leurs sentiments, et aussi de la génération de femmes qui les a précédées. Pendant longtemps, beaucoup de femmes n’ont pas pu raconter leurs récits. Mon histoire n’est pas l’exhaustivité de ce que vivent les Iraniennes — nous avons besoin de beaucoup plus de témoignages de femmes iraniennes, assurément.

Entretien réalisé par Djamal Guettala 

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