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jeudi 18 septembre 2025
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Illusion, réveil et dérision

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Hirak

Jusqu’à quand doit-on boire le calice jusqu’à la lie avec cette large frange de la population qui prétend être le centre du monde, persuadée d’incarner la référence universelle, et qui relève plutôt d’une illusion d’orgueil.

Car dans les faits, les peuples ou sociétés qui s’arrogent ce rôle ne sont en réalité qu’à la traîne, incapables de tenir la cadence des avancées humaines. C’est donc un contraste saisissant entre la prétention de grandeur et la place réelle, reléguée au bas de l’échelle du progrès.

Ils s’imaginent être le nombril de l’univers, mais en vérité, ils ne sont que la verrue du progrès. À les écouter, leur grandeur passée suffirait à commander le respect éternel du monde entier. Mais quand on regarde de plus près, leurs bibliothèques sont vides, leurs usines qui marchent à cloche-pied, leurs routes parsemées de nids de poule et leurs élites plus occupées à pérorer qu’à travailler.

Se croire mordicus le nombril de l’univers traduit un aveuglement qui guette aussi bien les individus que les peuples : l’illusion que sa propre culture est l’axe autour duquel gravite l’humanité, sa religion est la seule et unique qui détienne la vérité et que tout le reste n’est que boniments et bobards. Pourtant, l’histoire rappelle que ceux qui se placent au sommet de la hiérarchie symbolique peuvent, dans la réalité, occuper la dernière place dans la marche du progrès. L’orgueil collectif devient alors un voile qui cache la vérité de leur condition.

Ils s’imaginent être le nombril de l’univers, mais en vérité, ils ne sont que la verrue du progrès. À les écouter, leur grandeur passée suffirait à commander le respect éternel du monde entier. Mais quand on regarde de plus près, leurs bibliothèques sont vides, leurs usines rouillées et leurs élites plus occupées à pérorer qu’à travailler.

Qu’ils cessent donc de s’enfler de slogans et qu’ils descendent enfin de leur piédestal imaginaire. Le salut ne viendra pas de discours enflammés ni de commémorations sans fin, mais d’écoles solides, de chercheurs bien formés, d’institutions qui ne se vendent pas au plus offrant. Bref : moins de palabres, plus de sueur.

Nul besoin de se voiler la face, les Algériens se prennent pour la lumière des nations, mais ne sont en fait que la chandelle vacillante au bout du couloir. Ces peuples, persuadés d’être le centre du monde, ne sont souvent qu’à la queue du peloton, incapables de rattraper les véritables bâtisseurs d’avenir. Leur arrogance n’est qu’un masque pour dissimuler leur retard et leur impuissance.

Pour rattraper leur retard et remonter dans le train des civilisations, ces peuples doivent mener un travail en profondeur, à la fois sur eux-mêmes et sur leurs structures collectives. 

Voici une synthèse claire :

  • Rompre avec l’illusion de grandeur ;
  • Accepter de regarder la réalité en face et reconnaître les retards accumulés ;
  • Substituer la lucidité à l’orgueil : la critique de soi est le premier pas vers le progrès ;
  • Investir massivement dans le savoir ;
  • L’éducation de qualité, la recherche scientifique et la formation technique doivent devenir des priorités absolues ;
  • Les sociétés qui avancent sont celles qui misent sur l’intelligence collective et l’innovation ;
  • Moderniser leurs institutions ;
  • La bonne gouvernance, la justice impartiale et la lutte contre la corruption sont indispensables ;
  • Sans un État solide et équitable, aucune civilisation ne peut prospérer ;
  • Valoriser le travail et la créativité ;
  • Sortir de la dépendance aux ressources brutes et développer des économies productives ;
  • Encourager l’entrepreneuriat, l’inventivité et la culture de l’effort ;
  • S’ouvrir au monde sans se renier ;
  • Apprendre des autres civilisations sans tomber dans l’imitation servile ;
  • Allier tradition et modernité pour bâtir une identité dynamique, capable de dialoguer avec le reste du monde.
    • L’histoire des civilisations nous enseigne une leçon simple : aucune société n’est éternellement au sommet. Mais de même, aucun peuple n’est condamné à rester à la traîne. Le retard accumulé n’est pas une fatalité ; il peut être comblé, à condition de rompre avec certaines illusions et d’engager des réformes profondes.

La première étape est d’accepter la réalité telle qu’elle est. Trop souvent, des peuples entretiennent le mythe de leur grandeur passée ou se proclament le centre du monde, alors même qu’ils peinent à suivre le rythme des transformations. Ce culte de l’ego collectif est une prison mentale. Il faut le briser pour ouvrir la voie à une véritable renaissance.

Ensuite, l’éducation et la science doivent devenir la colonne vertébrale du projet de société. Aucune civilisation n’a jamais émergé sans placer le savoir au cœur de son développement. La recherche, l’innovation et la créativité sont les moteurs qui permettent de passer du simple suivisme à l’invention d’un avenir.

À cela s’ajoute la nécessité de réformer les institutions. Sans justice, sans gouvernance transparente et sans lutte efficace contre la corruption, les richesses s’évaporent et les talents s’exilent. Les peuples retardataires doivent donc bâtir des structures solides capables de soutenir la modernisation économique et sociale.

Enfin, s’ouvrir au monde n’est pas se renier. Il s’agit d’apprendre des autres civilisations, de tirer profit des expériences étrangères, tout en adaptant ces leçons à son propre contexte culturel et historique. L’équilibre entre tradition et modernité, entre identité et ouverture, est la clé de toute réussite durable.

On ne rattrape pas le temps perdu en se berçant d’illusions. Les peuples qui se croient au centre de l’univers alors qu’ils ferment la marche du progrès doivent enfin se réveiller. Leur salut ne viendra ni de slogans, ni de nostalgies, mais d’un investissement massif dans le savoir, d’institutions justes et d’une culture du travail réel. Moins d’arrogance, plus d’efforts.

Moins de discours, plus d’innovation. Le train des civilisations n’attend pas : soit on monte à bord, soit on reste à quai. Pour recoller au peloton des civilisations, ces peuples doivent troquer l’illusion contre la lucidité, l’orgueil contre le travail, et l’immobilisme contre l’audace. C’est à ce prix seulement qu’ils pourront redevenir des acteurs vivants de l’histoire et non de simples spectateurs nostalgiques.

Car le train des civilisations est en marche. Il ne ralentira pas pour attendre ceux qui préfèrent s’admirer dans le miroir de leur gloire défunte. Soit ils courent pour rattraper le wagon, soit ils restent à la gare, condamnés à applaudir les autres en inventant des excuses.

C’est en remplaçant l’arrogance par le savoir, la paresse par l’effort et l’illusion par la lucidité que ces peuples pourront espérer recoller au peloton et redevenir des acteurs crédibles de l’histoire.

Bachir Djaïder

Journaliste, écrivain 

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Aujourd’hui, j’ai 70 ans !

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Ce trois septembre au petit matin, le sablier du temps me dit que j’ai 70 ans. C’est étrange d’avoir 70 ans, c’est en même temps une date symbolique forte mais aussi une information dans une dimension irréelle.

Qu’est-ce que c’est que d’avoir 70 ans ? Si vous m’aviez posé cette  question dans le début de ma vie je vous aurais répondu que c’est la mort. Si vous me l’aviez demandé à quarante ans, je vous aurais dit que j’ai le temps d’y réfléchir. Mais elle m’est posée aujourd’hui, je vous dirais que ce matin, j’ai pris un petit-déjeuner, je me trouve face à l’ordinateur où les lignes de ma chronique défilent.

En fin de compte, je vous réponds qu’avoir 70 ans n’est pas plus signifiant que d’avoir cinquante ans ou quinze. La vie n’est pas un rendez-vous calendaire, c’est la libre décision de ce que nous voulons en faire. C’est celle de tous les jours, pas celle du rétroviseur vers le passé ni celle de la cartomancienne.

On m’avait dit qu’à cet âge, on a une perte de performance cognitive. Je n’ai jamais été autant à l’aise pour lire, réfléchir, apprécier la vie et rédiger des articles.

On m’avait dit que le corps serait au bout de l’épuisement. C’est sûr qu’il est très usé, je l’ai écrit ici même, mais je n’ai pas cessé d’en voir des plus fatigués avec pourtant vingt ou trente ans de moins. Je m’en sors bien.

On m’avait dit que je tomberai dans la nostalgie de mon passé. C’est vrai que je rédige souvent des chroniques du temps passé dans ce journal. Mais pour moi, ce n’est pas du passé, je transporte ma vie avec moi, elle n’est pas restée sur le quai d’Oran durant tout mon périple à travers le temps. Ce passé, il est mon présent.

Je lui parle, nous discutons et nous évoquons ensemble le chemin accompli, avec les bons moments ou les pires. Et il nous est agréable, à tous les deux, de partager cette discussion avec les lecteurs.

Pour moi, c’est faire le point avec lui, réfléchir et échanger, ce n’est pas le regretter. Ce passé  avance avec moi et ne peut être considéré comme une tristesse que certains appellent avec pudeur de la nostalgie. Je continuerai donc à vous le faire partager à travers mes chroniques. C’est mon présent qui s’exprime, mes opinions et mes humeurs. Mais il faut bien les lire entre les lignes.

Je suis né à Saïda, j’ai grandi à Oran et j’ai passé cinquante ans en France. Mon passé ne m’a jamais fait de réflexion sur mes pensées et mes choix. Il me les propose souvent mais jamais ne me les impose. Il sait d’ailleurs qu’il n’y a en cette matière aucune possibilité de quiconque à me les imposer.

Lorsque je suis né, de nombreuses têtes s’étaient penchées sur mon berceau et m’ont dit, tu t’appelles comme cela, tu es d’une descendance de cela et tu es voué à un avenir comme cela. Je leur ai dit, Holà, bonjour quand même !

À l’exception de mes parents qui m’ont toujours laissé libre de mes opinions et de mes choix, toute ma vie on a essayé de me dire qui je suis et ce que je dois être. On m’a dicté la nature de ma relation avec mon pays, mon identité confessionnelle et mes coutumes sociales. Toute ma vie aura été un combat pour leur dire que c’est moi qui décide, avec ma conscience des choses, ce que je suis et ce que je devrais être.

Toute ma vie je leur ai répété que je n’avais besoin de l’aide de personne et encore moins de menaces pour savoir qui je suis et ce que je ressens. Dans cette liberté d’esprit, considérée par beaucoup comme insolente et provocante, je leur ai toujours répondu que j’aime profondément ce pays merveilleux, baigné  de soleil et qui m’a vu naître. L’amour n’a pas besoin de tambours et de trompettes pour s’exprimer.

Alors, à cette vie qui m’accompagne depuis 70 ans et qui me supporte, je lui dis ce matin, on fait encore un petit chemin ensemble ?

Boumediene Sid Lakhdar

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Réponse à un ancien camarade de mon ancien parti

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Débat

Ma récente contribution portant sur l’analyse du régime électoral en Algérie a suscité la réaction d’un ancien camarade de parti. Par respect pour tout parcours militant, j’ai longtemps hésité avant d’y répondre, craignant qu’elle ne soit perçue comme une attaque personnelle. Mais il ne s’agit nullement de polémiquer ni de ressasser le passé.

Mon intention est simplement de clarifier les choses et de lever les ambiguïtés que sa réponse peut laisser planer auprès des lecteurs quant à ma démarcation à l’égard de toute compromission partisane, qu’elle soit ancienne ou récente.

Je relève toutefois que cette réaction, sans remettre en cause le bien-fondé de mon analyse, en occulte totalement le contenu. Elle prive ainsi le débat public d’un éclairage pourtant nécessaire pour aider notre pays à trouver la voie du changement.

Ma contribution, qui portait sur le mode de scrutin en vigueur et sur son rôle comme instrument de verrouillage autoritaire, semble avoir servi de simple prétexte pour fustiger ma participation ancienne à une élection législative. Car, de fait, aucune critique de fond n’a été formulée à l’égard de mon analyse.

Pourtant, d’autres contributions que j’ai publiées, touchant à des sujets tout aussi essentiels – la nécessité de libérer la parole, longtemps sous-estimée jusqu’à ce que le Hirak en révèle toute l’importance ; l’exigence pour les tenants du pouvoir de sortir du confort de l’autoritarisme et d’accepter de descendre dans l’arène du débat d’idées ; la dénonciation du régime d’autorisation qui bride l’organisation des réunions et activités publiques etc. – n’ont suscité de sa part aucune réaction.

Faut-il alors comprendre que le mode de scrutin constituerait, à ses yeux, un domaine réservé sur lequel il serait seul habilité à intervenir, au motif sous-entendu qu’il avait lui-même produit une contribution sur ce sujet ? Il convient pourtant de rappeler que cette étude des différents modes de scrutin fut élaborée dans un contexte précis : celui de la première participation du FFS aux élections législatives, et qu’elle répondait avant tout à la nécessité de justifier une stratégie de participation déjà actée.

Ainsi, dans sa réponse à ma contribution, il semble vouloir me dénier le droit même de critiquer la loi en vigueur, sous prétexte que j’avais participé, il y a trente ans, à ce même scrutin. Ainsi, la sentence parait sans appel, elle me condamne au silence pour toujours, comme si le musèlement des libertés imposé par le régime ne suffisait pas déjà. Poussée à l’extrême, une telle logique voudrait que le monde demeure figé, qu’aucune remise en cause ne soit jamais possible et qu’aucune évolution ne puisse survenir.

Ai-je commis un crime de lèse-majesté pour mériter une telle sentence ? Aborder la question du régime électoral reviendrait, semble-t-il, à empiéter sur ce que mon camarade considère comme ses plates-bandes. Une telle perception m’assimile à un concurrent susceptible d’éclipser son mérite d’opposant irréductible au régime militaire.

Le véritable enjeu ne doit pas en réalité être ma participation d’hier, mais l’urgence d’ouvrir aujourd’hui un débat lucide sur la manière dont le régime instrumentalise le scrutin pour neutraliser toute alternative et la nécessité d’en appeler explicitement à un débat collectif sur les mécanismes juridiques du verrouillage autoritaire.

Ainsi, plutôt que de discuter le fond de mon analyse, il a préféré contester ma légitimité à m’exprimer sur ce sujet, comme s’il s’agissait encore une fois de son domaine réservé, au motif qu’il avait lui-même produit, à la veille d’une participation électorale qu’il avait cautionnée, une contribution sur le même thème. Cette posture est d’autant plus problématique qu’elle repose sur une personnalisation abusive de la responsabilité de la participation, en occultant qu’elle fut alors le choix collectif d’un parti, de ses structures et de ses militants souverains. Elle évite également, de façon délibérée, de s’interroger le bilan de ces participations, sur les incohérences stratégiques éventuelles du parti, ou encore sur l’absence de lisibilité et de visibilité politiques liées à l’instabilité chronique du régime.

On me reproche donc d’avoir exercé un mandat d’élu, tout en rendant paradoxalement hommage à la lucidité de Mira, qui, lui, avait pris part non pas à une, mais à trois élections législatives. Cette indulgence à l’égard de l’un et sévérité, voire même irréspect, à l’encontre de l’autre ne font que confirmer mon constat : la critique, à géométrie variable, cible la personne plutôt que les idées, comme si le véritable « forfait » est de s’être immiscer sur des plates-bandes prétendument réservées. Que les choses soient toutefois claires, il n’est nullement dans mon intention de remettre en cause l’intégrité de l’engagement de Mira.

Il me paraît enfin essentiel de rappeler que les choix et stratégies des partis doivent être replacés dans leur contexte historique. Avec le recul, il est aisé de les édulcorer ou de les réinterpréter selon les convenances du moment. Mais si nous voulons servir le pays et nourrir le débat démocratique, il nous faut affronter ces réalités avec lucidité, plutôt que de nous égarer dans des procès d’intention.

De l’esprit de sa réponse, je retiens surtout la volonté de son auteur de réaffirmer son opposition radicale et constante au régime. Qu’il le fasse, c’est son droit le plus légitime. Mais cela ne devrait pas se faire au détriment de ses camarades de lutte, ni au prix de leur intégrité, comme si nous étions engagés dans une compétition pour savoir qui serait « le plus opposant » au régime.

Pour ma part, j’aurais laissé libre cours à ses affirmations si, pour les étayer, il n’avait pas laissé entendre une complaisance ou même une compromission de ma part avec le pouvoir, au seul motif qu’il m’est arrivé, dans un passé lointain, d’exercer un mandat de député.

En plaidant son indulgence, chacun sait qu’en rupture avec toute organisation partisane depuis 1999 et ayant renoncé, depuis lors, à toute participation électorale, je dois satisfaire pleinement à sa règle selon laquelle seuls ceux qui rejettent le simulacre électoral sont fondés à critiquer le régime électoral. D’autant que ma rupture avec le parti, antérieure à la présidentielle qu’il évoque, m’exonère de toute responsabilité dans les choix du secrétariat national à cette époque. Quant à ma candidature de 1997, elle s’inscrivait dans un contexte radicalement différent de celui d’aujourd’hui, un contexte d’insécurité et d’incertitude, et elle fut portée par un parti d’opposition — celui même qu’il mentionne à juste titre.

Replacée dans ce contexte, cette participation ne relevait nullement de l’illusion de transformer le système de l’intérieur. Affirmer le contraire est totalement inexact. Sans préjuger des autres échéances, cette participation obéissait à des considérations tactiques précises. Il s’agissait de recourir à la tribune parlementaire pour élargir l’ancrage du parti et faire entendre sa voix au-delà de son bastion.

À tort ou à raison, mais avec une légitimité incontestable au regard des verrouillages de l’époque et en l’absence d’internet et de réseaux sociaux, le parti estimait que cette tribune pouvait constituer un moyen d’atteindre des régions jusque-là inaccessibles et de jeter les passerelles que la répression et l’isolement rendaient difficiles. Et sur ce point, nul ne saurait douter de la sincérité des militants qui, en toute démocratie, ont entériné cette décision.  

Enfin, je ne prétends pas qu’il n’existe qu’une seule posture militante. Il y a celle qui consiste à mener un parcours en solitaire, en se limitant à critiquer le régime dans l’attente qu’il s’effondre de lui-même. L’autre, à laquelle je m’identifie davantage, s’inscrit dans une démarche qui continue à croire à une responsabilité collective : elle vise à construire patiemment l’alternative démocratique, en élargissant pas à pas les espaces permettant de créer les conditions du changement.

Une telle démarche exige cependant de mettre en lumière la problématique des subtilités juridiques qui maquillent la démocratie et lui confèrent l’apparence trompeuse d’une pluralité politique. C’est précisément ces subterfuges que mes contributions récentes cherchent à dévoiler, afin de sensibiliser l’opinion aux obstacles qui s’opposent au processus de transition démocratique.

Car ces artifices juridiques autorisent, en apparence, le pluralisme, mais le condamnent en réalité à la marginalité. Ils forment un arsenal sophistiqué et multiforme dont le pouvoir autoritaire use pour prolonger son existence et se ménager un sursis permanent. Cela pose inévitablement une question centrale : comment un régime parvient-il à se maintenir, alors même que le pluralisme politique est formellement instauré depuis près de quarante ans ?

Hamid Ouazar, ancien député de l’opposition

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Anwa afrag sdat tsertit n taârabt-tinneslemt di tmurt n Lezzayer ?

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L'islamisme rompant.

Tamirt/actualité n tmurt n Lezzayer teqqim tetezzi trennu « am tzizwit taderɣalt » :

  • Ekkes aneɣlaf-a, terreḍ-d wayeḍ deg umkan-is, zun akken i iteddu uɣerrabu n tmurt ɣer sdat,
  • Imdanen iqqnen di leḥbas, ur nɣin ur ukiren, ggunin, ur d-iwwiḍ wass n tlelli-nsen,
  • Wid ittakren rennun, d aneɣlaf neɣ d jiniral, yal ass ttafen-d tiḥila akken ad rnun ad akren ugar,
  • Wid d-iṭṭfen tasawent deg udabu, yal ass teẓẓgen-d pétrole akked lgaz akken ad ččen ugar wid ittakren,
  • Ilmeẓyen yuysen, kkaten yal ass ad rewlen si tmurt, yal ass ttnadin aɣerrabu n tencirin neɣ n plastik akken ad zegren illel, ad ten-ččen din yiselman n yillel agrakal,
  • Imeɣnasen n taârabt-tinneslemt yal ass qqazen deg udabu akken ad kecmen si yal iceqqiq, akken ad seddun tasertit-nsen… neɣ ad afen win ara yeṭṭfen tafḍist i tala n Aïn Fewwara !

Deg urekkel n tsertit n taârabt-tinneslemt, zwaren yakan imeɣnasen n FLN si 1962, skecmen tawekka deg uɣerbaz, di yal tadbelt, di tmenḍawt, rnan adar deg iseggasen-nni n 1980 mi ttarun d nutni s ufus-nsen tiplakin s taârabt.

Fehmen azal n wayen yuran di berra d win i d udem n tmurt (arabisation de l’environnement/ agama), ddan-as s teqseḥ d tmara, ddu neɣ efk-d lekwaɣeḍ-ik (1).

Tasertit izemren ad tqabel tin i yeswrewten di tmurt si 1962, d abeddel n wudem n tmurt deg wayen akk illan yura di berra, ar d-yaweḍ wass n ubeddel n tmenḍawt akked tsertit n Lezzayer tazzayrit.

Tadbelt n Lezzayer tufa-d taḥilet amek ara tekkes tafransit akked tmaziɣt akken ad tessekcem taârabt lfusḥa ugar :

  1. Tefra add d-ternu taglizit deg uɣerbaz (2), akked tira s teglizit deg ugama n tmurt,
  2. Tekker diɣ i yixerwiḍen s tifinaɣ, terra-tt gar ifassen n wid ur nessin tamaziɣt, taggara di yal amkan d tira ur ifehhem yiwen.

Ayen i d-ikksen ilha

D imezdaɣ n tmurt i izemren ad as-beddlen udem, di yal amkan anida i llan ddren. Ur telli d tasertit tameqqrant, ur telli d Tagrawla !

Di yal tiɣremt, di yal taddart, di yal tadbelt, ad tekcem tmaziɣt di tira n ugama, akken ad teg afrag, ad trekkel tutlayt tamaziɣt, ad terr tamurt i yimawlan-is.

Awal s wazal-is, ma iseggem wawal-nni !

Di zman n zik, nnan-as i umussnaw ameqqran, Confucius, afelsaf n tmurt n China (3) :

– Acu ara tgeḍ, ma tuɣeḍ amkan akk yufraren ?

Netta yerra-yasen,

– Ad beddleɣ ismawen !

D win i d asalu issefken ad t-aɣen Izzayriyen, zun d tiwizi, akken tamurt ad  tbeddel udem, ad taɣ udem n yidles-is (4), ad d-teffeɣ si tkerkas deg tt-issekcem ukabar n Néo-FLN si 1962, win i yettrekkil ass-a umussu n taârabt-tinneslemt s yal udem n ikabaren-is i d-seqdacent tmura n Turk, Qatar, Emirats, Saudya…

Asalu ad idu ɣef sin yeḥricen : aseggem n wayen illan (ismawen akk i zelgen yifransiyen, akked wid irna FLN deffir Fransa), syin d tifin n yismawen imezwura akken ad aɣen amkan-nsen di tmurt-nsen.

Yiwen umedya kan s wazal-is :

Deg iseggasen n 1970, imeɣnasen n tseqqamut n FLN kkren ad beddlen isem n tiɣremt-nsen, Taxmart (Takhemaret), tin illan di twilayt n Tihert/Tiaret, akken ad t-arun « akken ilaq », s taârabt : « Aïn Xeḍra ».

Imezdaɣ n ddin kkren zun d yiwen, ur qbilen rray-nni n FLN. Ar ass-a teqqim s yisem-is amaziɣ.

D afrag sdat tsertit n taârabt-tinneslemt, akken udem n tmurt ad iqqim iddukel akked yidles d umezruy n tmurt.

D ayen illan deg ufus n yal yiwen, anida yella. Ulac ayen ifuten, am akken illa wawal s tutlayt n tcinwat : « abrid n 1000 km, ibeddu s usurif amezwaru ».

Aumer U Lamara

Timerna / Notes :

1. Yiwen umazan/député n FLN, d netta s timmad-is i iteddun di temdint n udrar, issenqad tiḥuna, ma uran s taârabt ɣef umnar nnig tebburt neɣ mazal. Iteddu, yufa yiwet tḥanut mazal ur turi s taârabt, ikcem, inna-yas i bab n tḥanut-nni :

– Ayɣer ur turiḍ s taârabt ayen i teznuzuḍ i txeddmeḍ  ?

Akli, bab n tḥanut-nni, ixeddem aman/plombier, d netta i yellan issekcam aman i yizaddaɣen/immeubles imaynuten i tbennu ddewla di tmurt-nni ; nnig 20 ixeddamen xeddmen yal ass, akken ad zedɣen medden, ad swen aman. Akli yerra-yas i umazan-nni,

– Ur stufaɣ ara ad aruɣ nnig tebburt, tamurt akk ẓran ayen i xeddmeɣ, irnu ur ẓriɣ nek amek ara aruɣ Plomberie s taârabt !

Irra-yas umazan :

– Aru-yas : Debbaz rsas  ! (frappeur de plomb/win ikkaten aldun !)

Yir nnif, lexsara ! Akken kan ad taru taârabt ɣef umnar

2. Zun taglizit mačči d tutlayt n temharsa. D Legliz i yellan d tamurt i iḥekmen ugar n tmura n umaḍal, si Marikan, Lhend ar Autralia, armi yas-gan isem : « Legliz, amenkud/empire iɣef ur iɣelli yiṭij » (l’empire sur lequel le soleil ne se couche jamais / The empire on which the sun never sets).

3. Quand on lui demanda ce qu’il ferait en premier lieu s’il était porté au pouvoir suprême, le philosophe Confucius répondit : « Je rectifierais les noms »  (ad beddleɣ ismawen)

Confucius est un philosophe chinois, 551 – 479 avant JC.

Il est le personnage historique qui a le plus marqué la civilisation chinoise, et est considéré comme le premier « éducateur » de la Chine. Son enseignement a donné naissance au confucianisme, doctrine politique et sociale érigée en religion d’État dès la dynastie Han.

4. « Mal nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde », Albert camus.

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Omar Boulakirba : un talent qui cherche la lumière

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Omar Boulakirba
Omar Boulakirba

Hussein-Dey, Alger, 31 août 1981. Les ruelles de ce quartier, qui doit son nom au dernier dey d’Alger, Hussein, vibrent des histoires d’Algérie. Sur les rivages de Hussein-Dey avaient échoué en 1541 les navires de la flotte de Charles Quint.

C’est dans ce lieu chargé d’histoire qu’Omar Boulakirba voit le jour, observant les gestes, les regards, les silences, accumulant en lui cette mémoire vivante qu’il fera un jour résonner à l’écran. Chaque rue, chaque odeur, chaque conversation devient matière pour un acteur qui cherchera toujours à capturer la vérité humaine.

Un jour d’hiver, à Marseille, la pluie fine tombant sur la Rue Foch glissait sur les pavés. L’affiche du film La Mer au loin orne la façade du cinéma Pathé. Je n’avais pas mis les pieds dans une salle depuis longtemps. Dès les premières minutes, le film me saisit par sa véracité. Les acteurs ne jouent pas : ils vivent. Aux côtés d’Anna Mouglalis et Grégoire Colin, un visage attire irrésistiblement mon attention : Omar Boulakirba. Son rôle secondaire, pourtant, déborde de présence. Un Charles Bronson algérien, discret mais imposant. Chaque silence, chaque mouvement, chaque inflexion transforme le personnage en pivot émotionnel, conférant à ses scènes une intensité rare. La réalité et la fiction s’entrelacent, et le spectateur ressent pleinement l’épaisseur de ses personnages.

À la sortie, surprise et choc cinématographique : Omar est là. Je lui demande, presque incrédule : « C’était toi ? » Il sourit simplement. Nous prenons quelques photos souvenirs, l’envie de discuter reste suspendue : nous devons chacun prendre un vol vers Alger, à des heures différentes. Quelques mois plus tard, je le retrouve dans Frantz Fanon, et la décision s’impose : il mérite ce portrait, par mérite et respect.

Dans Les Harkis (2022) de Philippe Faucon, Omar incarne Si Ahmed, traversant la guerre d’Algérie avec sobriété et intensité. Le film, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes et récompensé par le Prix Général François Meyer, révèle au monde l’évidence que l’Algérie connaissait déjà : Omar Boulakirba a cette présence qui ne se décrit pas mais se ressent.

Dans Frantz Fanon (2024), l’hôpital psychiatrique de Blida-Joinville devient théâtre de sa maîtrise. Omar est M. Charef, responsable du pavillon musulman. Ses gestes sont mesurés, ses regards lourds de sens, et chaque plan traduit la tension entre autorité et humanisme, tradition et réforme. Le film, projeté et primé à Louxor et au FESPACO 2025, le révèle enfin comme un acteur central et incontournable, capable de tenir le récit par sa seule présence.

À la télévision, Omar a exploré une palette impressionnante. Dans Achour El Acher (saison 2), il insuffle humour et malice à son personnage. Dans Biban Dzair, il devient le « Rais Hamidou », et montre sa prestance et son aptitude à incarner l’histoire. Ma Neskonsh Ma’ Ymak l’immerge dans un drame social où il capte l’âme des réalités algériennes.

Dans Al Ard et Al Rawi, il déploie sa force dans des fresques historiques, tandis que Lagazates révèle son aisance dans le comique satirique. À chaque apparition, Omar transforme le secondaire en figure mémorable.

La Mer au loin (2024) de Saïd Hamich Benlarbi lui offre un espace subtil mais décisif. Marseille au crépuscule, le port scintillant sous les lumières orangées, le bruit des bateaux et des conversations flottant dans l’air : chaque inflexion de sa voix, chaque silence capte l’attention. Omar transforme le rôle secondaire en pivot émotionnel, rappelant l’intensité discrète d’Anna Mouglalis ou de Grégoire Colin. Ses scènes deviennent des respirations dramatiques, des instants où la réalité et la fiction se confondent, et où le spectateur ressent pleinement l’épaisseur de ses personnages. Un Charles Bronson algérien, discret mais imposant, qui fait résonner chaque geste et chaque regard.

Aujourd’hui, Omar ne cherche pas la lumière éphémère des vitrines ou des artifices. Il aspire à une clarté qui éclaire les vérités humaines, qui fait résonner les silences et les mémoires, et qui transforme chaque scène en émotion partagée. Son regard, dans l’ombre d’une salle obscure ou dans la lumière du quotidien, impose le respect et la contemplation. Omar Boulakirba est un acteur qui fait résonner chaque rôle, et son heure de pleine lumière approche.

Djamal Guettala

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Avant-première : « L’Étranger », de François Ozon, au cinéma Variété de Marseille

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Marseille aura le privilège de découvrir en avant-première le nouveau film de François Ozon, « L’Étranger », adaptation du roman culte d’Albert Camus. La projection aura lieu le 15 septembre 2025 à 19h00 au cinéma Variété.

L’histoire suit Meursault, un jeune employé d’Alger en 1938, qui enterre sa mère sans montrer la moindre émotion. Le lendemain, il entame une liaison avec sa collègue Marie, reprenant son quotidien jusqu’à ce que son voisin, Raymond Sintès, l’entraîne dans des histoires troubles, conduisant à un drame sur une plage, sous un soleil de plomb.

L’Étranger prend vie sous l’œil de François Ozon, et déjà, rien que l’idée de suivre Meursault à Alger frappe par sa tension et sa singularité. L’histoire, simple en apparence, devient un véritable miroir de l’indifférence, de la solitude et de la violence latente dans les relations humaines. Benjamin Voisin promet une incarnation fragile et troublante, et le reste du casting — Rebecca Marder, Pierre Lottin, Denis Lavant — laisse présager des interactions puissantes. La plage, le soleil de plomb, ce drame qui éclate : on sent déjà la chaleur écrasante et la fatalité de Camus transposées à l’écran. Une expérience qui fait vibrer émotions et intellect.

Djamal Guettala

Genre : Drame, Crime

Durée : 2h00

Réalisation : François Ozon

Acteurs : Benjamin Voisin, Rebecca Marder, Pierre Lottin, Swann Arlaud, Denis Lavant, Jean-Charles Clichet, Jean-Benoît Ugeux

Bande-annonce officielle

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Les enfants, ces victimes oubliées de la sale guerre (III)

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Des enfants dans la guerre
Des enfants dans le tourbillon de la guerre d'indépendance.

Après tout, on ne sait jamais, avec ces roumis qui entassent la viande dans des boîtes (le fameux corned-beef qui nous faisait tous saliver à l’époque), ne se pourrait-il pas que ces lampes contiennent des biscuits ? Pour ouvrir ces lampes d’Aladin, en toute innocence, nos deux comparses se mettent à les cogner de toutes leurs forces contre de gros cailloux. 

À force d’insister, ils y sont arrivés ! … À part qu’au lieu de s’ouvrir franchement, ces « thifthilines » ont explosé brusquement dans leurs délicates petites menottes d’enfants, déchiquetant leurs doigts, éraflant profondément leur peau à divers endroits de leurs corps, et laminant leurs chairs encore en formation. Car, ces lampes étaient en réalité des grenades, fin prêtes à l’emploi ! Sciemment semées pour causer quelques dégâts ou laissées tomber par mégarde par les soldats ? Seul Allah le sait ! Il sait tellement de choses après tout, celui-là, pourquoi ne pas l’incriminer de non-assistance à personne en danger ?

Des explosifs conçus et fabriqués par des hommes pour tuer d’autres hommes, des ennemis qui leurs disputent une vie meilleure sur leurs même et unique mère, la terre, comment empêcher que des enfants qui les manipulent par imprudence en soient déchiquetés et coupés en mille morceaux ? Par quel miracle Ali et Omar ont-ils survécu ? Est-ce par chance ? Est-ce grâce à l’intervention d’une force supérieure à la soldatesque coloniale, à laquelle il faut néanmoins reconnaître la promptitude d’intervention, voire la saluer ?

Toujours est-il que nos deux comparses ont vécu heureux, jusqu’à son dernier souffle de vie pour Omar alors qu’Ali fait toujours partie de ce monde, en grands-pères toujours aussi joyeux qu’à leurs 10 ans, 65 années plus tard !  Peut-être faut-il traverser de tels drames pour mieux jauger la Vie, l’apprécier et la vivre avec un grand V ? Si c’est le cas, Ali et Omar doivent savoir de quoi il s’agit !

Bien sûr, il y a eu des séquelles. Ils les ont traînées toute leur vie. Ali les traîne encore aujourd’hui. Il suffit de lui dire bonjour, de lui serrer la main pour distinguer et palper des traces de brûlures marquées à jamais sur sa peau ! Chaque habitant du village a la mémoire encore poinçonnée par les empreintes de ce drame. Chaque salamalec échangé avec Ali nous renvoie aux désagréables souvenirs résumés plus haut.

Mais ce qu’il y a sans doute de plus extraordinaire dans l’affaire, c’est que ni Ali ni Omar n’a fait de ses propres malheurs, un drame particulier qui se démarquerait du sort collectif du pays ! encore moins un marchepied pour réussir sa vie ! Ils ont toujours donné l’impression d’avoir tout oublié et tout pardonné, tant ils ont mis un tonus hors du commun à construire leurs destinées et leurs foyers respectifs avec une assurance exemplaire. Même si leurs cheminements ont divergé au fil des années, Ali et Omar ont bossé depuis leur adolescence ! Autant que ma mémoire ne me fasse pas défaut, je ne me souviens pas avoir vu Ali, petit commerçant de quartier, se reposer une seule journée, y compris les week-ends, ni du temps du dimanche ni depuis celui de vendredi ! Quant à Omar, il a tenté l’aventure de l’émigration vers la France, où il a commercé et réussi aussi, quelques années après le départ des roumis !

Faut-il d’autres dépositions, d’autres témoignages que ce bref résumé, pour appréhender le drame et la souffrance endurée par nos deux comparses ? … à suivre

Kacem Madani

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Marseille et Toulon : la solidarité embarque pour Gaza

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Le bateau Handala

De Toulon à Marseille, des voix s’élèvent pour soutenir les bateaux partis briser le blocus imposé à la bande de Gaza. Hier comme aujourd’hui, plusieurs organisations de solidarité – Waves of FreedomFlottille de la libertéThousand Madleens – ont mobilisé sympathisants, militants et élus pour rappeler que la Méditerranée est aussi un espace de résistance.

Des voiles contre un blocus

Depuis le printemps, la « Flottille de la liberté » a repris la mer. En juin, le voilier Madleen a quitté Catane, en Sicile, avec à son bord militants, syndicalistes, et même Greta Thunberg, venue témoigner de son engagement. Le navire transportait une cargaison symbolique mais vitale – lait en poudre, farine, matériel médical – destinée aux civils de Gaza, soumis à un blocus terrestre, maritime et aérien depuis plus de quinze ans.

Intercepté par l’armée israélienne en pleine mer, le Madleen n’a jamais atteint les côtes palestiniennes. Mais l’initiative a marqué les esprits, donnant un relief international au drame humanitaire. En France, l’interception avait suscité des appels à manifester, notamment de la France insoumise et des Écologistes, dénonçant une « violation flagrante du droit international ».

Le relais du Handala

Un mois plus tard, une nouvelle étape s’est ouverte avec le départ du Handala depuis Gallipoli, en Italie. À bord, deux députées de la France insoumise : Gabrielle Cathala, élue à l’Assemblée nationale, et Emma Fourreau, députée européenne. Le navire, qui transportait également journalistes et membres d’ONG, s’est rapidement retrouvé dans le viseur des autorités israéliennes.

Avant même de prendre la mer, l’équipage avait dénoncé plusieurs sabotages : une corde enroulée autour de l’hélice, des produits corrosifs versés dans un réservoir d’eau, provoquant des brûlures. Une fois en route, le bateau a été la cible d’interférences et de survols de drones, avant d’être intercepté à son tour par la marine israélienne.

Un départ depuis Marseille

Dimanche 31 août, c’est depuis Marseille qu’un nouveau chapitre de cette mobilisation s’est écrit. Un voilier du mouvement Thousand Madleens pour Gaza a pris le large, chargé d’aide humanitaire. Selon l’organisation, la flottille internationale mettra ensuite le cap vers l’enclave palestinienne à la mi-septembre, avec un double objectif : dénoncer le blocus et réclamer un cessez-le-feu.

Au large, une quinzaine de zodiacs et de voiliers, drapeaux palestiniens au mât, naviguaient entre les bateaux de plaisance, suivis de près par une unité nautique de la police nationale et les regards des dizaines de militants et de curieux restés sur le rivage. Le rendez-vous était donné sur le quai du musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem), où s’est déroulé le départ du bateau français.

Une solidarité assumée

« J’étais présent hier à Toulon et aujourd’hui à Marseille, en soutien à plusieurs organisations qui orchestrent des départs de bateaux en direction de Gaza (Waves of Freedom, Flottille de la liberté, Thousand Madleens). Gloire à celles et ceux qui embarquent pour tenter de briser le blocus en apportant de l’aide humanitaire, avec parmi eux deux députés de la France insoumise. »

Ce message, relayé notamment par le député marseillais Manuel Bompard (LFI), illustre la fierté et la détermination des soutiens. Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées ce week-end, d’abord à Toulon puis sur le Vieux-Port de Marseille, pour accompagner symboliquement le départ des navires.

Le collectif Thousand Madleens, né à Marseille, coordonne localement campagnes de dons et actions de sensibilisation. « Chaque départ est un acte de désobéissance civile, mais aussi un cri d’alerte », explique un militant.

Une bataille politique et symbolique

Les autorités françaises, de leur côté, se montrent prudentes. Après l’interception du Madleen, Emmanuel Macron avait demandé « le retour des citoyens français » tout en évitant de critiquer ouvertement l’opération israélienne. Une position qui alimente la colère des collectifs : « On ne peut pas se contenter d’attendre le rapatriement des élus, il faut dénoncer l’illégalité du blocus », s’insurge une militante.

Pour les organisateurs, l’enjeu dépasse la simple livraison d’aide. La flottille se veut un levier politique : forcer le débat, médiatiser l’enfermement de Gaza, rappeler que la Méditerranée est traversée par des routes d’exil, mais aussi de résistance.

Des voiles comme messagers

« Gloire à celles et ceux qui embarquent », répètent les soutiens à Toulon comme à Marseille. À travers les noms donnés aux bateaux – MadleenHandala – s’affirme une mémoire : celle d’une lutte palestinienne qui refuse l’effacement.

Si les navires ne parviennent pas toujours à franchir les barrages militaires, leur traversée est en soi un acte politique. À Marseille, port historique des solidarités méditerranéennes, beaucoup l’ont rappelé ce week-end : « Chaque départ est une victoire symbolique. Car il oblige les consciences à regarder vers Gaza. »

Djamal Guettala

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Batna : soutien à Rachid Hamatou, journaliste réclamant ses indemnités depuis cinq ans

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Rachid Hamatou,
Rachid Hamatou spolié de ses droits.

Depuis près de cinq ans, Rachid Hamatou, journaliste, photographe et auteur, attend le versement des indemnités dues pour sa mission de chargé de communication lors du Festival de Timgad. Malgré des démarches répétées et l’intervention de son avocat, aucune réponse concrète n’a été apportée.

Rachid Hamatou attend toujours le paiement des indemnités liées à sa mission lors du dernier Festival de Timgad. Près de cinq ans se sont écoulés et, malgré ses multiples démarches auprès des autorités culturelles, aucune solution n’a été apportée. Cette situation illustre les retards persistants et lacunes dans la gestion des événements culturels en Algérie.

Dans une lettre adressée au ministre de la Culture et des Arts, Zouhir Ballalou, M. Hamatou rappelle ses tentatives infructueuses de contact avec son prédécesseur, Soraya Mouloudji, et souligne que son avocat, Maître Samir Jedid, a transmis une mise en demeure à l’institution, restée sans réponse. Le montant de l’indemnité, ajusté depuis la mission, n’a toujours pas été versé.

« Qu’à cela ne tienne », écrit-il, affirmant qu’il n’a aucune intention de renoncer à ses droits. Chaque correspondance envoyée au ministère, à la direction de la culture de Batna, à l’ONCI d’Alger ou au Wali est également portée à la connaissance des instances nationales et internationales de la presse, des droits de l’homme et des auteurs, garantissant la transparence de sa démarche.

Nous exprimons notre soutien total à Rachid Hamatou, saluant sa détermination et sa persévérance pour défendre ses droits. Cette affaire dépasse la simple question d’un paiement : elle met en lumière la nécessité de reconnaître et de protéger les professionnels du secteur culturel, qui contribuent activement au rayonnement du patrimoine algérien.

Pour lui, il ne s’agit pas seulement d’une indemnité, mais de la reconnaissance de son travail et du respect dû à ceux qui font vivre la culture. Son engagement démontre que persistance et vigilance sont parfois indispensables pour obtenir justice face à l’indifférence administrative.

Déterminé et inébranlable, Rachid Hamatou reste disponible pour fournir toute information complémentaire. Son action mérite attention et appui, rappelant que le respect des engagements envers les professionnels du secteur culturel est essentiel pour maintenir la crédibilité et la vitalité des événements artistiques en Algérie.

Djamal Guettala

Le Matin d’Algérie exprime son soutien à sa démarche et relaye son combat pour la reconnaissance de ses droits.

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Utilisation du français : quand le ministre Zerrouki redouble de zèle contre une responsable de Batna

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Sid Ali Zerrouki, ministre de la Poste
Sid Ali Zerrouki, ministre de la Poste

En visite de travail dans la wilaya de Batna, Sid Ali Zerrouki, ministre de la Poste, a cru bon de réprimander publiquement une responsable locale d’une agence commerciale pour avoir utilisé la langue française, lors de l’exposé qu’elle a eu à présenter devant lui.

Son injonction a résonné comme un rappel à l’ordre : « Parlez arabe, et si nécessaire, parlez anglais ». Une scène qui en dit long sur une conception singulière de la fonction ministérielle, où la frontière entre convictions idéologiques et responsabilités d’État tend à s’estomper dangereusement.

En théorie, un ministre est au service de l’intérêt général, chargé d’appliquer la politique du gouvernement et de répondre aux besoins concrets des citoyens. En pratique, l’attitude affichée à Batna révèle un militantisme linguistique assumé : faire de l’éradication du français une croisade personnelle, au mépris des réalités sociales, économiques et culturelles du pays.

Car si l’arabe et l’amazigh sont des langues nationales et officielles, force est de constater que le français demeure, qu’on le veuille ou non, un outil de travail largement utilisé dans l’administration, l’éducation, la médecine, la recherche et les échanges économiques.

Ce genre de posture, qui confond la neutralité de l’État avec le militantisme idéologique, alimente un climat de suspicion et de division. Elle détourne aussi le débat des véritables priorités d’un secteur en crise : amélioration de la qualité du service postal, modernisation numérique, réduction des files d’attente, ou encore désenclavement des zones rurales. Les citoyens, eux, attendent moins de polémiques et plus d’efficacité.

En imposant sa vision personnelle, le ministre prend le risque de réduire sa mission à une tribune idéologique, là où la fonction exige pragmatisme, ouverture et sens de l’État. La langue n’est pas un champ de bataille politique ; elle est un outil au service du développement, de la communication et du progrès. Mais manifestement ce ministre qui surfe sur la vague de détestation officielle du français veut gagner quelques galons. L’arabisation et l’idéologie arabo-islamique ont de beaux jours devant elles.

Sofiane Ayache

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