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France : l’inquiétude gagne le gouvernement Lecornu

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Sébastien Lecornu.
Sébastien Lecornu. @X

Les députés votent, ce mardi 9 décembre dans l’après-midi, sur l’ensemble du projet de loi de finances de la Sécurité sociale. Ce scrutin s’annonce extrêmement incertain. L’avenir du Premier ministre Sébastien Lecornu en dépend. À quelques heures du verdict, l’inquiétude règne dans les rangs du gouvernement.

Sébastien Lecornu et son gouvernement retiennent leur souffle. Cette journée de mardi sera sans doute l’une de plus longue. Et plus périlleuse depuis l’installation de cette invraisemblable équipe gouvernementale.

Une ministre n’en mène pas large quand elle évoque le vote solennel sur le budget de la Sécurité sociale, rapporte la cheffe du service politique de RFI. Selon elle, « ça va être difficile ». Elle a beau essayer de faire les calculs dans tous les sens, il y a peu d’hypothèses qui aboutissent à une adoption du texte.

Ces derniers jours, les téléphones des ministres ont chauffé pour essayer de sonder les députés du bloc central, censés en théorie apporter leur soutien à Sébastien Lecornu. Mais dans la pratique, le compte n’y est pas. Horizons, le parti d’Édouard Philippe, a pris ses distances. Le texte ne convient pas au maire du Havre. La même ministre craint « un effet en cascade » sur le vote des députés du parti Les Républicains ainsi que des écologistes, qui ne veulent pas plus apparaître en soutien du gouvernement que le parti de l’ancien Premier ministre.

Tous les clignotants sont donc au rouge et le suspense est à son maximum, car la plupart des groupes ont décidé de prendre leur décision collective juste avant le scrutin. Un ex-ministre centriste essaie de se rassurer car, dit-il, « personne ne veut voter le texte mais personne ne veut [qu’il n’y ait] pas de budget ». Comme pour garder espoir qu’à la fin, ça passe. 

Réduire le déficit, un objectif difficile à atteindre

La semaine dernière, le texte est revenu à l’Assemblée nationale en deuxième lecture, et de nombreux amendements ont été modifiés, supprimés ou rétablis. Mais où en est l’objectif de réduction du déficit ? Après un dérapage préoccupant de 23 milliards d’euros en 2025 – un record hors période de crise –, le gouvernement espérait redresser la barre en 2026. Reste qu’au gré des discussions parlementaires, cet objectif s’éloigne. 

Le texte n’est pas définitif, mais il y a déjà une certitude : le déficit en 2026 devrait dépasser les 22 milliards d’euros, loin des 17,5 milliards prévus par le projet initial du gouvernement. La faute à certaines concessions coûteuses pour tenter de trouver des compromis. Le gouvernement a par exemple dû abandonner son projet de doublement des franchises médicales, et donc renoncer à quelque 2 milliards d’euros.

La main tendue à la droite vendredi 5 décembre pour faire adopter le volet recettes a aussi coûté cher. L’un des impôts prélevés sur le capital va bien augmenter, mais pas pour tous les placements. Le prix de cet arrangement est de 1,3 milliard d’euros. 

Côté dépenses, les députés se sont opposés au gel des prestations sociales et des retraites en 2026. Un coup dur pour le budget, selon la ministre des Comptes publics, qui a alors annoncé un déficit prévisionnel à 22,5 milliards d’euros. 

Et ce n’est pas terminé. Ce mardi 9 décembre, les députés doivent encore débattre d’un point crucial : l’objectif des dépenses de l’Assurance maladie. Le gouvernement a déposé lundi soir un amendement pour faire passer cet objectif à 3%, près du double de ce qui était prévu dans la copie initiale.

Avec RFI

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Gnadang Ousmane décroche le premier prix de l’Académie des Livres de Toulouse

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Gnadang Ousmane récompensé
Gnadang Ousmane récompensé à Toulouse

Ce samedi 6 décembre 2025, le livre La voix de mon père, l’écho de ma mère, publié aux éditions L’Harmattan, a été couronné du Premier Prix de l’Académie des Livres de Toulouse, catégorie Biographie. Une distinction d’autant plus notable qu’elle intervient à peine cinq mois après la sortie de l’ouvrage, confirmant la place singulière qu’a su prendre le texte dans le paysage littéraire francophone.

Le récit de Gnadang Ousmane s’impose par son ancrage personnel et son souffle universel. À travers la trajectoire de ses parents, il explore les lignes souterraines de la filiation, de l’exil, de la transmission et des mémoires familiales. Entre un père venu d’ailleurs et une mère enracinée dans le territoire toulousain, l’auteur compose une fresque intime qui parle autant de soi que des héritages silencieux qui façonnent chaque génération.

L’Académie des Livres de Toulouse a salué « la justesse d’un texte qui conjugue pudeur, émotion et profondeur, tout en rendant hommage à l’entrecroisement des identités contemporaines ». En distinguant ce livre, le Jury met en lumière un récit où l’intime rejoint le collectif, où la quête de soi rencontre les mémoires parentales, et où la ville rose devient le lieu d’une reconstruction.

Gnadang Ousmane a exprimé sa gratitude envers les membres du Jury, mais aussi envers les lectrices et lecteurs « qui, depuis le début, donnent vie à ce livre et prolongent son chemin ». Cette reconnaissance vient sceller un parcours littéraire naissant, déjà remarqué pour sa sincérité et sa force d’évocation.

La voix de mon père, l’écho de ma mère est disponible en librairie, en ligne ou en commande directe. Avec ce prix, l’ouvrage confirme sa place parmi les textes de filiation marquants de ces dernières années, et son auteur s’affirme comme une voix francophone à suivre.

Djamal Guettala 

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Liberté d’expression en Algérie : l’ère du verbe sous tutelle

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Liberté confisquée. Hirak
La liberté d'expression confiquée. © Sofiane Zitari/Liberté

Il fut un temps où l’Inquisition dressait des bûchers pour purifier les âmes égarées, organisait des autodafés pour assécher la plume et bâillonner la libre parole. Aujourd’hui, les flammes ont disparu, mais les méthodes ont muté : on brûle désormais les réputations, on excommunie par des mots, on condamne par des étiquettes.

La « pensée unique » n’a plus besoin de tribunaux : il lui suffit d’une meute numérique, d’une opinion dominante et d’un vocabulaire suffisamment violent pour effrayer toute dissidence.

À chaque époque, le pouvoir – politique, médiatique ou idéologique – a produit ses gardiens du dogme. Leur mission reste inchangée : désigner l’hérétique. Celui qui ose nuancer, questionner ou simplement penser autrement est sommairement jugé. Le débat n’a pas lieu ; la sentence précède la discussion. On le traite de « traître », de « renégat », de « vendu », de « ennemi intérieur ». Peu importe ce qu’il dit : seule compte la transgression — avoir quitté le rang.

La parole libre, lorsqu’elle ne sert pas la rhétorique conforme, est vécue comme une menace. Non parce qu’elle serait dangereuse, mais parce qu’elle rappelle que tout consensus peut être artificiel. Dans un monde où l’on confond souvent unité et uniformité, le doute devient suspect, la pensée critique une forme de déloyauté, et l’indépendance intellectuelle un acte de rébellion.

Le plus troublant est que cette inquisition moderne se pare des atours de la morale. Elle prétend défendre des valeurs, préserver l’ordre, protéger une vérité prétendument absolue. Mais au nom de cette « pureté idéologique », elle étouffe la pluralité des voix, impose la conformité émotionnelle et redéfinit le débat comme une bataille entre « bons » et « mauvais ». Il ne s’agit plus de convaincre : il s’agit d’exclure. 

Il n’est plus besoin d’argumenter : il suffit désormais de choisir son camp. Dans l’espace public, la doxa manichéenne a remplacé la pensée. Le pays se divise en deux couleurs primaires, sans dégradés : les « bons » d’un côté, les « mauvais » de l’autre. Tout discours est sommé de se ranger au plus vite dans cette grille simplifiée. La nuance devient suspecte. Le doute, une faiblesse. La complexité, un luxe indésirable.

Cette doxa ne raisonne pas ; elle juge. Elle ne cherche pas à comprendre ; elle classe. La réalité, pourtant foisonnante, contradictoire, irrégulière, est réduite à une dramaturgie puzzle : héros contre traîtres, patriotes contre ennemis, éclairés contre vendus. La pensée critique, qui suppose lenteur et rigueur, cède la place à l’émotion brute. On ne lit plus pour réfléchir, mais pour confirmer ce que l’on croit déjà. Le débat se transforme alors en compétition morale, où l’on gagne moins par la force des idées que par la certitude d’avoir « raison » avant même d’avoir parlé.

La doxa manichéenne prospère dans le vacarme. Les réseaux sociaux amplifient ses effets : phrases courtes, invectives tranchantes, récits simplistes devenus viraux. La scène médiatique est devenue une foire d’empoigne. Chaque jour charrie son lot d’injure et ses longues diatribes. De Sansal à Bouakba, de Dekkar, Belghit et consorts, de Abane, Krim et L’Émir Abdelkader…les sujets se suivent et se ressemblent.  L’algorithme récompense l’outrance plus que l’analyse, la certitude plus que le questionnement. Ce qui hésite ne clique pas. Ce qui explique trop longtemps lasse. Il faut accuser vite, condamner fort, choisir sans lire. La pensée devient performative : dire, c’est déjà juger ; condamner, c’est déjà exister politiquement.

Le plus préoccupant n’est pas tant l’existence de cette lecture binaire — elle a toujours traversé l’histoire —, mais sa normalisation. Elle devient un langage commun. S’y soustraire expose à la suspicion : ne pas condamner assez fort, c’est être pour l’adversaire ; demander des preuves, c’est déjà trahir la cause. Dans ce climat surveillé, la nuance est assimilée au relativisme, et le relativisme au reniement.

Ainsi, la doxa manichéenne agit comme un dispositif de contrôle symbolique. Elle simplifie pour mieux discipliner. Elle rassure les consciences inquiètes en distribuant des rôles clairs : il suffit de haïr les bons ennemis pour être dans le bon camp. Elle évite surtout la question la plus inconfortable : et si les choses étaient plus compliquées ? Et si nul groupe ne détenait le monopole de la vertu ou de la faute ?

À mesure qu’elle s’impose, le débat s’appauvrit. Les mots se durcissent, la pensée s’appauvrit, les clivages se figent. On ne discute plus pour comprendre, mais pour exclure. L’altérité n’est plus une richesse, mais une menace. Et la politique — au sens noble du terme — se vide de sa substance au profit d’une morale de tranchées.

En Algérie, la chasse à la parole libre ne porte pas le nom d’Inquisition. Elle se dissimule derrière des termes plus feutrés : « préservation de l’unité nationale », « protection des valeurs », « sauvegarde de la stabilité ». Des mots lourds de solennité, brandis comme des talismans contre toute voix dissonante. À chaque époque, l’argument reste le même : la peur de la divergence servirait à conjurer la peur du chaos. Pourtant, c’est précisément cette criminalisation du débat qui étiole l’âme collective et atrophie la citoyenneté.

Le modèle algérien de l’inquisition moderne ne repose pas sur la violence spectaculaire, mais sur l’asphyxie lente. Elle se nourrit d’un arsenal juridique aux contours flous — lois contre « l’atteinte à l’unité », « l’offense aux institutions », « la diffusion de fausses informations » — catégories si vastes qu’elles peuvent englober aussi bien un article critique qu’un simple post ironique. Dès lors, la frontière entre critique et délit devient mouvante, incertaine, volontairement floue. Ce brouillard juridique instille la peur : nul ne sait exactement quelle phrase pourrait devenir une preuve à charge.

La conséquence est immédiate : l’autocensure, pis l’emprisonnement. Bien plus efficace que la répression directe, elle agit comme un poison discret. Les intellectuels tempèrent leurs analyses, les artistes dissimulent leurs allusions derrière l’allégorie, les journalistes évitent les sujets qui dérangent, les citoyens ordinaires se surveillent entre eux. On apprend à parler à demi-mot, à sourire quand il faudrait s’indigner, à se taire quand il faudrait questionner. Le silence devient un réflexe de survie.

Dans ce climat, la dissidence n’est plus discutée : elle est moralisée. Celui qui conteste est aussitôt disqualifié, placé hors du cercle de la « loyauté nationale ». L’attaque ne vise plus l’idée, mais la personne. On la soupçonne de collusion étrangère, de trahison de la mémoire des martyrs, de mépris pour le peuple. L’accusation suprême tombe toujours de la même manière : « renégat », « agent », « vendu ». Le débat se résume alors à une caricature morale où les patriotes s’arrogent le monopole du vrai, pendant que les esprits libres sont relégués dans un purgatoire civique.

Le plus cruel paradoxe algérien réside dans cette contradiction fondamentale : un pays né d’une révolution héroïque, arrachée par une pluralité de voix et de consciences insurgées, en vient à redouter aujourd’hui toute pluralité de discours. La liberté, qui fut jadis la matrice du combat national, devient désormais un mot suspect, presque subversif. On célèbre l’unanimité comme une vertu civique, oubliant que l’unanimité imposée n’est que le masque poli de la soumission. Une chienlit !

Les lois liberticides ne travaillent pas seules : elles sont relayées par une inquisition populaire. Sur les réseaux sociaux, chaque déviation de la ligne dominante donne lieu à un déchaînement de vindictes. La foule numérique se fait procureur, juge et bourreau symbolique. Les listes d’« ennemis » se substituent aux arguments ; les accusations circulent plus vite que les idées ; la calomnie devient virale, tandis que la vérité, elle, se traîne péniblement derrière. La rumeur est parfois plus efficace qu’un procès — elle condamne sans appel et sans possibilité de défense. La Pravda parle plus fort pour couvrir le murmure de la vérité. 

Ainsi se met en place un cercle vicieux : la loi intimide, la foule relaie, et l’individu capitule. De cette mécanique de la peur naît un paysage déserté par l’audace intellectuelle. La création se contracte, le débat public s’appauvrit, la jeunesse se réfugie soit dans un cynisme résigné, soit dans l’exil intérieur ou géographique. Quand la parole devient dangereuse, l’imaginaire quitte le pays avant même que les corps ne le fassent. Or, aucune société ne survit durablement à la mort de sa parole. Une nation sans débats n’est qu’une façade solide sur des fondations fissurées. La contestation pacifique est le seul véritable baromètre de la santé démocratique : la réduire au silence, c’est crever ce baromètre pour ne plus voir la tempête.

Résister à la doxa manichéenne n’est pas refuser de prendre position ; c’est défendre le droit à la complexité, au doute, au désaccord argumenté. Dans ce contexte intoxiqué par les certitudes faciles, la nuance devient un acte de courage. Peut-être même le dernier espace de liberté intellectuelle encore debout. La société algérienne semble se disloquer de plus en plus où l’injure remplace l’argument, l’anathème supplée la réflexion, et la foule devient tribunal. Les réseaux sociaux transforment chaque controverse en exécution publique, chaque désaccord en procès d’intention. Être en désaccord, c’est être soupçonné de trahison ; poser une question, c’est déjà prendre parti contre la ligne officielle.

Pourtant, l’histoire nous l’enseigne sans détour : ce sont les pensées minoritaires, marginalisées hier, qui fondent souvent les évidences de demain. La trahison tant décriée n’est bien souvent qu’un désaccord anticipateur. Le « renégat » d’une époque devient le visionnaire d’une autre. Là où la pensée unique impose la répétition, la liberté, elle, introduit la création. La parole libre ne fragilise pas les sociétés : elle les empêche de se figer. Elle est ce trouble nécessaire qui sauve le débat de la stérilité et la vérité du dogme. Sans elle, il ne reste qu’un chœur récitant des certitudes mortes, convaincu de chanter l’harmonie alors qu’il répète l’uniforme.

L’inquisition de notre temps n’a jamais cessé : elle a seulement changé de visage. Mais tant qu’une voix s’élève, fragile et isolée peut-être, pour penser autrement, elle rappelle une évidence fondamentale : la liberté ne consiste pas à dire tous la même chose, mais à accepter que plusieurs vérités cherchent la lumière dans la confrontation pacifique des idées.

Nonobstant ce climat délétère, des résistances subsistent. Des voix ténues, des plumes isolées, des citoyens anonymes continuent de refuser l’héritage du mutisme. Ils parlent non par goût du scandale, mais par fidélité à une évidence : aimer son pays ne signifie pas l’absoudre de tout défaut, mais vouloir obstinément l’améliorer. La critique est une forme exigeante de patriotisme, bien plus coûteuse que l’applaudissement mécanique. L’inquisition moderne, quelles que soient ses formes juridiques ou sociales, ne triomphe jamais totalement. Il suffit d’une voix libre pour fissurer son édifice. Mais encore faut-il que cette voix ose parler — et que d’autres se reconnaissent en elle pour rompre, ensemble, la longue habitude du silence.

L’Algérie se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins : soit elle poursuit la voie d’une unanimité factice, où la parole est surveillée et la pensée corsetée ; soit elle choisit d’assumer enfin la pluralité qui fut, à son origine, la force même de sa libération. Car une nation forte n’est pas celle où tout le monde répète la même vérité officielle, mais celle où plusieurs vérités s’affrontent sans peur pour faire émerger, dans la friction des idées, un horizon commun. 

Bachir Djaïder, journaliste, écrivain

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Libertés religieuses : entre discours officiel et réalités contrastées

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Dr Youssef Belmahdi
Dr Youssef Belmahdi. Crédit image : DR

En ouvrant la quatrième édition du séminaire national sur les « libertés religieuses, protection et garanties », le ministre des Affaires religieuses, Dr Youssef Belmahdi, a présenté l’Algérie comme un modèle de coexistence pacifique et de respect de la liberté de croyance. A peine croyable !

Mais derrière ce discours valorisant, les pratiques et les réglementations appliquées aux cultes minoritaires révèlent une situation plus nuancée et souvent controversée.

Un cadre constitutionnel protecteur, mais asymétrique

La Constitution de 2020 garantit formellement la liberté de conscience et d’exercice du culte. Toutefois, cette garantie coexiste avec un principe central : l’islam est la religion d’État. Cette prééminence se traduit par un contrôle direct de l’État sur les mosquées, les nominations, et les prêches, fortement encadrés.

Pour les cultes non musulmans, le cadre juridique repose sur l’Ordonnance 06-03 de 2006, qui soumet tout lieu de culte à une autorisation préalable. Ce dispositif, officiellement destiné à organiser le pluralisme religieux, devient dans la pratique un filtre restrictif qui place les communautés minoritaires dans une situation de dépendance administrative constante.

Dans la pratique, des restrictions persistantes

Là où le discours officiel insiste sur la restauration d’édifices historiques — comme la basilique Saint-Augustin, Santa Cruz, ou plus récemment la cathédrale du Sacré-Cœur — les communautés chrétiennes protestantes dénoncent régulièrement l’application sélective de la loi.

L’Église Protestante d’Algérie (EPA) fait état de fermetures de lieux de culte n’ayant pas obtenu d’agrément, parfois plus d’une dizaine sur les dernières années, faute d’autorisation prévue par l’Ordonnance 06-03.

La législation interdit par ailleurs le prosélytisme envers les musulmans, passible d’amendes lourdes. Plusieurs fidèles ont été condamnés pour ce motif. Les réunion religieuses dans des locaux non déclarés sont également sanctionnées.

Un enjeu diplomatique sensible

Ce cadre strict a suscité des critiques internationales. En janvier 2024, les États-Unis ont inscrit l’Algérie sur une liste de surveillance concernant la liberté religieuse, décision qualifiée de « regrettable » par Alger, qui affirme respecter les droits fondamentaux.

Le sujet reste aussi présent dans les échanges politiques avec l’Union européenne, où la question des minorités religieuses figure régulièrement parmi les points d’attention.

Un discours qui contraste avec les réalités

Le séminaire de ce lundi a mis en avant l’ouverture historique de l’Algérie et sa tradition de coexistence. Mais l’écart entre le cadre constitutionnel, le discours institutionnel et la réalité vécue par certaines minorités demeure au centre des débats.

Si l’État revendique une approche fondée sur la tolérance et le dialogue, l’application de l’Ordonnance 06-03, les fermetures de lieux de culte et l’interdiction stricte du prosélytisme témoignent d’une tension persistante entre protection proclamée et liberté effectivement exercée.

Samia Naït Iqbal

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Algérie : les réserves de change reculent à 47,1 milliards de dollars

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Ministère des Finances
Ministère des Finances. Credit image : APS

Les réserves de change de l’Algérie se sont établies à 47,1 milliards de dollars en octobre 2025, selon les données disponibles sur la plateforme CEIC DATA. Ce niveau, en retrait par rapport aux 49,6 milliards de dollars enregistrés en septembre, confirme la tendance baissière observée depuis le début de l’année.

Comparées à l’année précédente, les réserves ressortent également en diminution sensible, alors qu’elles oscillaient autour de 55 à 56 milliards de dollars fin 2024, portées à l’époque par un niveau élevé des cours internationaux des hydrocarbures. En l’espace de douze mois, l’Algérie a ainsi perdu près de 8 à 9 milliards de dollars, soit une contraction estimée entre 15 % et 17 % de son matelas financier extérieur.

Un recul dans un contexte économique moins porteur

Cette contraction des réserves s’inscrit dans un environnement moins favorable qu’en 2024, marqué par : une stagnation relative des cours du pétrole et du gaz par rapport aux niveaux exceptionnellement élevés de 2022–2023 ; une hausse des importations de biens et services  et une progression modérée des recettes d’exportation en hydrocarbures.

Si les réserves restent globalement confortables, leur érosion régulière réactive les interrogations sur la vulnérabilité de l’économie nationale, encore largement dépendante des recettes énergétiques.

Un matelas financier encore solide, mais sous pression

Avec plus de 47 milliards de dollars, l’Algérie conserve une capacité appréciable à financer ses importations et à stabiliser sa monnaie. Le pays demeure par ailleurs très faiblement endetté à l’extérieur, avec une dette estimée à 3,8 milliards de dollars, l’un des niveaux les plus bas au monde.

Néanmoins, la tendance baissière rappelle les faiblesses structurelles de l’économie, notamment : la faible diversification des exportations, la dépendance quasi exclusive aux hydrocarbures et la persistance d’un volume élevé d’importations de produits finis et semi-finis.

Un signal pour la politique économique

La baisse des réserves de change pourrait ainsi peser sur les orientations budgétaires et monétaires des prochains mois. Elle pourrait également relancer le débat sur l’urgence d’accélérer la transformation économique, en soutenant notamment les filières productives, l’investissement privé et l’exportation hors hydrocarbures.

En dépit du recul observé, le niveau actuel des réserves reste jugé gérable à court terme. Mais la dynamique enregistrée entre 2014 — date où elles culminaient à 193 milliards de dollars — et 2025 illustre l’ampleur du défi à relever pour stabiliser durablement les équilibres extérieurs du pays.

Samia Naït Iqbal

Source de l’article :

https://www.ceicdata.com/en/indicator/algeria/foreign-exchange-reserves)

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Coup d’envoi  des travaux de restauration du Sacré-Cœur en présence de Mgr Jean-Paul Vesco

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L'église du Sacré Cœur à Alger
L'église du Sacré Cœur à Alger. Crédit photo : DR

La basilique du Sacré-Cœur d’Alger, l’un des édifices les plus emblématiques du centre de la capitale, entre officiellement en phase de restauration. Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Youssef Belmahdi, et le ministre-wali de la wilaya d’Alger, Mohamed Abdelnour Rabhi, ont donné dimanche le coup d’envoi des travaux lors d’une visite de terrain marquée par la présence notable de l’archevêque d’Alger, Mgr Jean-Paul Vesco.

La délégation comptait également le président de l’Assemblée populaire de wilaya d’Alger, Mohamed El Habib Benboulaïd. Ensemble, ils ont parcouru les espaces de la basilique, construite en 1956 et aujourd’hui fragilisée par le temps. La restauration de cet édifice, reconnu pour son architecture singulière mêlant influences néo-byzantines et modernistes, s’inscrit dans une démarche nationale de sauvegarde du patrimoine religieux et historique partagé.

La présence de Mgr Vesco au sein de la délégation officielle traduit une volonté d’inscrire ce chantier dans une lecture inclusive du patrimoine d’Alger, qui englobe ses héritages multiples. Elle reflète également le choix assumé des autorités d’associer les représentants des cultes concernés aux projets touchant aux lieux emblématiques de la capitale.

Après cette première étape, la mission s’est poursuivie dans la Casbah, où les responsables ont inspecté les travaux de restauration de la mosquée Sidi Mohamed Cherif. Mais c’est bien la relance du chantier du Sacré-Cœur qui a constitué le point fort de la visite.

À l’issue de la tournée, le ministre-wali Rabhi a rappelé que la réhabilitation des édifices anciens et la protection du tissu urbain originel d’Alger demeurent au cœur du « Plan blanc », la vision stratégique de développement de la capitale. La restauration du Sacré-Cœur en est l’un des nouveaux jalons, illustrant l’ambition de conjuguer modernisation urbaine et valorisation d’un patrimoine pluriel.

La rédaction

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Gaza : l’assassinat de Yasser Abu Shabab, le chef de milice pro-israélien

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Abu Shabab
Abu Shabab.

La bande de Gaza a été secouée le 4 décembre 2025 par l’assassinat de Yasser Abu Shabab, chef de la milice locale dite “Popular Forces”, accusée de collusion avec Israël et de crimes divers au sein de la population palestinienne. Son décès survient dans un contexte de conflits entre factions rivales et soulève de nouvelles questions sur l’instabilité chronique de la région.

Yasser Abu Shabab, figure controversée, avait émergé dans le paysage de Gaza en 2023, à la faveur de la guerre, après avoir fui la prison où il purgeait une peine pour trafic de drogue et vols. Rapidement, il a constitué une milice d’hommes armés accusée de pillages, de détournements d’aide humanitaire et de collusions avec l’armée israélienne. Malgré le nom de son groupe, “Popular Forces”, il ne bénéficiait d’aucun réel soutien populaire, et pour beaucoup de Palestiniens, il incarnait un traître et un criminel opportuniste.

Selon des sources israéliennes, son groupe avait reçu armements et soutien dans l’objectif de fragiliser le Hamas, mais cette stratégie a visiblement échoué. Abu Shabab a été gravement blessé dans un affrontement à l’est de Rafah, puis transféré dans un hôpital israélien de Beer-Sheva où il est décédé. Les conditions exactes de son assassinat restent floues : certaines analyses évoquent un règlement de compte tribal, d’autres une embuscade planifiée par des factions rivales.

L’élimination de ce chef de milice a été largement saluée par la population palestinienne, qui voyait en lui le symbole d’une collaboration contre son propre peuple. Pour les analystes, cette mort marque l’échec des tentatives israéliennes de constituer des milices locales capables de concurrencer le Hamas. Elle met également en lumière la fragilité des structures de pouvoir dans la bande de Gaza, où rivalités tribales et intérêts extérieurs se croisent de manière complexe.

Dans un contexte déjà tendu par les affrontements récurrents et le blocus de Gaza, le décès d’Abu Shabab pourrait accentuer la fragmentation du territoire et exacerber les tensions internes. Il illustre aussi les limites des stratégies de déstabilisation externe lorsqu’elles s’appuient sur des acteurs dépourvus de légitimité auprès de la population locale.

L’assassinat de Yasser Abu Shabab rappelle, une fois encore, que la situation à Gaza reste volatile, marquée par des alliances fragiles et des rivalités internes qui compliquent toute perspective de stabilité durable.

Mourad Benyahia 

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Zinédine Zidane fait vibrer le Vélodrome : un retour historique après 18 ans d’absence

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Zidane
Zidane enflamme le Vélodrome. Crédit photo : Facebook Allez L'OM

Marseille a vécu, dimanche 7 décembre 2025, une soirée que beaucoup n’osaient plus imaginer. Dix-huit ans après sa dernière apparition au stade Vélodrome, Zinédine Zidane a retrouvé la pelouse marseillaise à l’occasion de “The Universe League”, un événement organisé par son neveu, Ryad Zidane.

Le public marseillais, venu en nombre, a assisté à un moment rare, où nostalgie, émotion et spectacle se sont mêlés sans retenue.

Dès 21h, les trois tribunes ouvertes du stade ont explosé de joie. Le virage Sud, fermé pour l’événement mais recouvert de deux tifos des South Winners, complétait un décor entièrement tourné vers l’attente de l’ancien numéro 10 des Bleus. Les premières rencontres, pourtant rythmées et prolifiques, et la prestation des rappeurs Médine, Soprano, Soolking et Alonzo, n’avaient fait qu’attiser l’impatience du public. Tous attendaient le même homme : Zinedine Zidane.

À 53 ans, retiré des terrains depuis 2006, l’ex-meneur de jeu de l’équipe de France s’est offert un retour éphémère mais lumineux. À l’entrée du champion du monde 1998, le stade a basculé dans un enthousiasme unanime. Sur la pelouse, Zidane a retrouvé des partenaires prestigieux, dont Franck Ribéry et Dimitri Payet, heureux de partager ce moment avec celui qu’il a toujours considéré comme un modèle.

Techniquement juste, élégant dans ses déplacements, Zidane a rapidement rappelé ce qui fait de lui une légende. Entre gestes précis et passes millimétrées, il a offert au public des séquences de jeu d’une simplicité déconcertante. Le point culminant est arrivé lorsque l’ancien meneur de jeu a inscrit un but, provoquant une véritable déferlante dans les tribunes. Un instant qui a marqué la soirée et scellé l’émotion collective.

“The Universe League”, mélange de football, de divertissement et de performances artistiques, a rassemblé près de 30 000 spectateurs selon les organisateurs. Au-delà du show, l’événement a surtout permis de mesurer, une nouvelle fois, l’immense popularité de Zidane à Marseille. Lui-même s’est montré touché par l’accueil qui lui a été réservé, saluant à plusieurs reprises la ferveur du public.

Pour la ville, ce retour avait valeur de symbole. Celui d’un enfant de La Castellane, devenu l’un des plus grands joueurs de l’histoire, revenant fouler une pelouse sur laquelle il n’a jamais évolué en club, mais où son nom résonne depuis toujours. En marquant au Vélodrome, Zidane a offert aux supporters un moment suspendu, rappelant que certaines légendes n’appartiennent pas seulement au passé.

Cette soirée restera comme l’un des grands événements sportifs et émotionnels de l’année à Marseille, et, pour beaucoup, comme un rendez-vous inattendu avec une part de leur propre mémoire footballistique.

Djamal Guettala 

Crédit photo : Facebook Allez L’OM
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Bénin : une douzaine de militaires arrêtés après «l’échec» de leur putsch

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Des militaires ont annoncé, ce dimanche 7 décembre 2025, à la télévision nationale, avoir destitué le président Patrice Talon.
Des militaires ont annoncé, ce dimanche 7 décembre 2025, à la télévision nationale, avoir destitué le président du Bénin Patrice Talon.

Des militaires béninois ont annoncé tôt, ce dimanche 7 décembre au matin, sur la télévision publique avoir « démis de ses fonctions » Patrice Talon, qui devait passer la main en avril 2026 après dix ans au pouvoir. Mais, désormais, l’entourage du président affirme que la situation est sous contrôle et que Patrice Talon est en sécurité. Une douzaine de militaires ont été arrêté d’après des sources sécuritaires.

Au Bénin, des militaires ont annoncé ce dimanche matin à la télévision publique avoir démis de ses fonctions le président Patrice Talon. Ces militaires affirment que le Lieutenant-Colonel Tigri Pascal a été nommé président d’un « Comité de la refondation militaire ».

La situation reste confuse à Cotonou où des tirs ont été entendus près dans la zone du port et de la présidence il y a quelques heures. Une source sécuritaire jointe par RFI a très vite évoqué une tentative de Coup d’état en cours. La circulation autour de la présidence est bloquée et des hélicoptères survolent la zone. 

L’armée a repris le contrôle d’après l’entourage de Patrice Talon

Selon plusieurs sources, les mutins se sont d’abord dirigés vers le domicile de Patrice Talon, où ils ont été énergiquement repoussés. Ensuite, ils ont ciblé le palais avant de faire irruption dans les locaux de la radio télévision publique, où ils ont réussi à enregistrer leur message. Le lieutenant-colonel Pascal Tigri est un officier d’artillerie. Il appartient à la garde nationale.

Mais la déclaration n’a plus été rediffusée et le le signal de la chaîne publique Bénin TV ne fonctionne plus, rapporte le correspondant de Rfi à Cotonou.

Une douzaine de militaires arrêtés

« Il s’agit d’un groupuscule de personnes qui ont uniquement la télévision. L’armée régulière reprend le contrôle. La ville (Cotonou) et le pays sont totalement sécurisés », a-t-il dit. « Tout est sous contrôle. Ils n’ont pas réussi à prendre le domicile du chef de l’État et la présidence de la République. C’est une question de temps pour que tout rentre dans l’ordre. Le nettoyage suit bien son cours », a dit à l’AFP une source militaire.

« Au petit matin de ce dimanche 7 décembre 2025, un groupuscule de soldats a engagé une mutinerie dans le but de déstabiliser l’État et ses institutions.Face à cette situation, les Forces Armées béninoises et leur hiérarchie, fidèles à leur serment, sont restées républicaines. Leur riposte a permis de garder le contrôle de la situation et de faire échec à la manœuvre. Aussi, le gouvernement invite-t-il les populations à vaquer normalement à leurs occupations », a déclaré à la télévision nationale le ministre de l’Intérieur béninois Alassane Seidou.

D’après l’AFP, qui cite une source militaire, une douzaine de militaires ont été arrêtés. Une première source militaire a fait état de 13 arrestations, tandis qu’une autre a indiqué que « tous ceux qui sont aux arrêts sont des militaires, dont un déjà radié de nos effectifs ». Selon une source sécuritaire, les auteurs de la tentative de putsch font partie des interpellés.

La situation reste incertaine

Les voies d’accès à la présidence de la République sont bloquées par des chicanes. Des policiers sont postés devant et dévient la circulation. Des chars ont été également vu en train de rouler à vive allure en direction du boulevard de la Marina. Ailleurs dans la ville de Cotonou, le trafic est normal. Les cultes se sont tenus dans les églises ce dimanche et les fidèles sont en train de rentrer chez eux en ce moment.

Les Béninois se posent en tout cas de nombreuses questions et multiplient les appels téléphoniques pour comprendre la situation. Ils attendent encore d’avoir une déclaration avec plus de détails et puis peut être un bilan pour savoir s’il y a eu des blessés et des personnes décédées. La vidéo des mutins qui a circulé sur les réseaux sociaux, a décuplé les interrogations, et la déclaration du ministre de l’Intérieur a apporté aux Béninois quelques éclaircissements.

La Cédéao se dit prête à déployer une « force régionale »

Du côté des réactions, la Cédéao condamne fermement cette action qu’elle qualifie de « subversion de la volonté du peuple béninois ». L’organisation ouest-africaine se dit prête à déployer une « force régionale en attente afin de défendre la Constitution et l’intégrité territoriale du Bénin ».

Par ailleurs, la France dément les allégations qui ont circulé selon lesquelles des autorités béninoises auraient trouvé refuge à l’ambassade de France à Cotonou. « Rien de tout cela n’est vrai », explique le Quai d’Orsay, qui affirme suivre « la situation au Bénin avec attention ».

L’Union africaine (UA) a quant à elle affirmé condamner « fermement et sans équivoque » la tentative de coup d’État contre le président Patrice Talon et a appelé les militaires à rentrer dans leurs casernes. Le président de la Commission de l’UA, Mahamoud Ali Youssouf, a également exhorté, dans un communiqué publié sur X, « tous les acteurs impliqués dans la tentative de coup d’État à cesser immédiatement toutes actions illégales » et à « retourner sans attendre à leurs obligations professionnelles ».

RFI

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Le syndicaliste Ali Maâmri condamné à 15 ans de prison

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Ali Maâmri,
Ali Maâmri. Crédit photo : DR

La condamnation du syndicaliste indépendant Ali Maâmri à quinze ans de prison n’est pas une affaire judiciaire parmi d’autres. Elle révèle une dérive profonde : l’usage croissant des lois antiterroristes pour faire taire ceux qui défendent, pacifiquement, les droits des travailleurs.

Ali Maâmri n’est ni un criminel ni un agitateur. C’est un syndicaliste connu, fondateur de la SNAP de la culture et membre actif de la Confédération syndicale des forces productives (COSYFOP). Pendant des années, il a dénoncé les abus au sein de son secteur et défendu les employés contre les pressions administratives. Ce travail, légitime et indispensable dans un État qui se dit respectueux des libertés publiques, lui vaut aujourd’hui un prix démesuré.

Arrêté sans mandat le 19 mars 2025, disparu pendant quatre jours, Ali Maâmri a affirmé avoir subi tortures, coups et pressions pour qu’il signe des « aveux ». Une plainte a été déposée. Aucun enquêteur ne s’est déplacé. Personne n’a été auditionné. Silence total.

Puis vient le verdict du 29 octobre : quinze ans de prison, prononcé au terme d’une procédure vidée de ses garanties élémentaires. Les accusations – « terrorisme », « diffusion d’informations classifiées » – reposent sur des écrits syndicaux, des publications Facebook et une discussion interne autour d’un document administratif. Autrement dit : sur l’exercice même d’un droit que la Constitution garantit, et que les conventions internationales protègent. Un attirail législatif habituel brandit par une justice qui s’est muée en bras répressif.

La condamnation d’Ali Maâmri n’est pas une erreur judiciaire. Elle s’inscrit dans un climat de terreur généralisée où le travail syndical indépendant est systématiquement traité comme une menace. Les pressions, dissolutions, arrestations et poursuites répétées témoignent d’une volonté claire : neutraliser les voix qui refusent de se soumettre.

Dix-neuf organisations internationales, dont Amnesty International, EuroMed Droits et l’Observatoire international des droits humains, appellent à la libération immédiate d’Ali Maâmri, condamné à 15 ans de prison pour « apologie du terrorisme » et « divulgation d’informations classifiées ».

Shoaa, dans le cadre de sa campagne #حرروا_أصوات_الحرية, rappelle une vérité simple : un pays n’a pas peur des terroristes imaginaires ; il a peur des travailleurs organisés. Ceux qui réclament transparence, droits et dignité. Ceux qui refusent la peur comme mode de gestion.

Ali Maâmri doit être libéré. Son procès doit être revu. Et l’Algérie doit sortir de cette logique dangereuse où le syndicaliste devient l’ennemi, et où le droit devient un outil de rétorsion.

Mourad Benyahia

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