Le marché parallèle du dinar algérien connaît une flambée historique. Ce vendredi, le billet de 100 euros se négociaient autour de 29 000 dinars, selon nos sources, dans plusieurs points de transaction au square Port Saïd, Rouiba et dans certaines villes de l’Est. Cette envolée momentanée traduit une pression extrême sur l’offre face à une demande toujours plus forte.
Pendant que le pouvoir alimente sans cesse des contre-feux pour détourner l’attention du bon peuple, le dinar dévisse sur le marché au détriment de la devise qui se négocie désormais à prix fort sur le marché parallèle.
Depuis plusieurs semaines, le marché parallèle, notamment à Sekouar à Alger, affichait déjà des taux record, autour de 28 000 dinars pour 100 euros. La période de fin d’année accentue cette tendance, car une partie des Algériens achète des devises pour voyager, célébrer le réveillon à l’étranger ou effectuer la Omra, profitant d’un climat plus clément pour les déplacements. La demande dépasse largement l’offre disponible dans les points officiels et les cambistes de la capitale ne suffisent plus à réguler les transactions.
À Rouiba, Oran ou Tizi-Ouzou, la situation est similaire : les volumes de devises disponibles s’écoulent rapidement, même pour des montants élevés. Dans certaines villes de l’Est, comme Aïn M’lila, les sommes importantes peuvent être obtenues, mais la demande excède systématiquement l’offre, accentuant la flambée des prix et montrant que la tension n’est pas limitée à Alger.
Cette montée spectaculaire s’explique par plusieurs facteurs structurels et conjoncturels, selon nos sources. Le dinar algérien reste fragile dans un pays où la population n’a que peu de confiance en ses dirigeants. Pas seulement, l’économie nationale reste très largement dépende des importations. Mais il y a mieux encore, grâce aux crânes d’œuf qui dirigent l’économie nationale. La régularisation récente du commerce du “cabas” joue un rôle majeur dans la flambée de la devise et la dépréciation du dinar sur le marché parallèle. Ce commerce concerne principalement de jeunes commerçants qui font entrer des marchandises sur le territoire national en petites quantités, usant de stratagèmes pour contourner la réglementation douanière et commerciale. Ces opérateurs échappent complètement à l’écosystème légal de l’économie nationale. L’importation par les cabas permet aux gros bonnets en de fructifier leurs petites affaires, souvent loin du regard des limiers des impôts et contribuent par-là même à alimenter la pression sur le marché parallèle.
Le marché officiel, lui, reste déconnecté : selon la Banque centrale, 1 euro se situe à 152,80 dinars, creusant un écart énorme avec les taux du marché noir. Cette divergence souligne le déséquilibre structurel entre l’offre et la demande réelle.
Pour les observateurs, la situation devrait se maintenir jusqu’à la fin de l’année. Les cambistes prévoient que le taux pourrait continuer à connaître des pics, stimulé par l’augmentation du trafic saisonnier et la demande des particuliers. L’anticipation de voyages, combinée à la régularisation du commerce informel, crée une dynamique difficile à contenir, avec des montants échangés atteignant des niveaux historiques.
Cette flambée du marché parallèle interroge une fois de plus sur la viabilité de l’économie nationale, la stabilité du dinar et sur l’efficacité des mécanismes officiels face aux comportements des Algériens en cette période de fin d’année.
Mourad Benyahia
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