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Populisme, ignorance et comédie : anatomie d’une dérive locale

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Populisme
Image par El Sun de Pixabay

On croise aujourd’hui des figures qui se proclament “défenseurs du peuple”, alors qu’ils ne maîtrisent ni les dossiers, ni les institutions, ni même l’exigence morale que suppose l’engagement public.

Leur mission ? Exister. Leur méthode ? Le spectacle. Leur stratégie ? Agiter, diviser, accuser, jouer les justiciers — alors qu’ils sont souvent les premiers à contourner les règles qu’ils prétendent défendre.

Ces apprentis du politique ne sont pas rares. Ils envahissent les réseaux sociaux, filment chaque geste, transforment la moindre insignifiance en acte de bravoure.
Ils prennent la pose, se mettent en scène, multiplient les déclarations creuses, mais disparaissent dès qu’il s’agit de travailler, de proposer, ou simplement de comprendre les réalités qu’ils prétendent représenter.

Le populisme est devenu leur carburant.
Les approximations, leur langue maternelle.
Et la manipulation, leur seul savoir-faire.

Pendant ce temps-là, les vrais enjeux restent sans réponses : développement local, infrastructures défaillantes, jeunesse abandonnée, services publics exsangues.
Mais ces sujets n’intéressent pas ceux qui cherchent la lumière plutôt que le travail.
Ils préfèrent l’indignation facile aux solutions difficiles.

Le plus grave n’est pas qu’ils existent : c’est qu’ils prospèrent.
Parce que, lassés et désabusés, beaucoup de citoyens confondent agitation et action, colère et courage, bruit et compétence.

Pourtant, la politique reste une chose sérieuse — ou devrait l’être.
Elle réclame de l’humilité, du travail, du sens du collectif, une véritable proximité avec les gens, et surtout une éthique.

Face à cette comédie devenue norme, il revient aux citoyens de ne plus se laisser séduire par les fausses vocations et les vrais opportunistes.
La politique mérite mieux que les amateurs.
Et nos communes, nos régions, nos familles méritent mieux que ces figurants qui confondent mandat et mise en scène. 

Aziz Slimani

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Skikda : peine de mort pour le meurtre de l’avocat et ex-maire Jamel Eddine Chaoui

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Jamel Eddine Chaoui
Jamel Eddine Chaoui

La cour d’appel criminelle de Skikda a prononcé la peine de mort contre le principal accusé dans l’affaire du meurtre de Jamel Eddine Chaoui, avocat et ancien président de l’Assemblée populaire communale d’Essebt, retrouvé mort en janvier 2023 après neuf jours de disparition.

L’accusé, ancien militaire radié de l’Armée nationale populaire, a été reconnu coupable d’enlèvement, détention illégale, constitution de bande criminelle, meurtre avec préméditation, vols aggravés et incendie volontaire d’un véhicule.

L’enquête a établi que le mobile du crime était le vol, sans lien avec la fonction ou la profession de la victime. Après l’enlèvement, les auteurs avaient tenté de revendre la voiture dans les villes voisines de Aïn M’lila et Barika, avant de l’incendier à El Khroub.

Sept autres prévenus ont été condamnés à des peines de 5 à 10 ans de prison pour complicité, vols nocturnes avec violences et détention d’armes à feu. Le placement en détention provisoire avait été ordonné dès le 16 février 2023 pour sept des huit accusés, le dernier étant placé sous surveillance judiciaire.

Cette affaire, suivie de près par les autorités et les médias, témoigne de la rigueur de la justice algérienne face aux crimes organisés. Elle rappelle également les dangers auxquels peuvent être confrontées les personnalités locales, même en dehors de leur rôle professionnel ou politique.

Les dates clés restent marquantes : 22 janvier 2023, jour de l’enlèvement et du meurtre, et 16 février 2023, placement en détention provisoire des principaux accusés. Le verdict de Skikda envoie un signal fort contre l’impunité, soulignant la détermination des autorités à sanctionner les crimes violents et prémédités.

Mourad Benyahia 

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«Contes de l’Outre-temps » de Jean-Pierre Luminet

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Loin des trous noirs et de la cosmologie, l’astrophysicien Jean-Pierre Luminet révèle une facette méconnue de son génie : celle de l’écrivain d’anticipation et de l’explorateur des rêves. Avec Contes de l’Outre-temps (Les éditions du Chien Qui Passe, 2025), il nous ouvre les portes de sa jeunesse littéraire.

Ce recueil de récits, écrits pour la plupart entre 1970 et 1973, est un plongeon fascinant dans la matrice thématique de sa pensée, où le surréalisme flirte avec la science-fiction, et où l’imagination s’avère être le premier laboratoire pour percer les mystères de l’univers.

Image publique et révélation intime

L’idée centrale est le décalage entre l’image établie de Jean-Pierre Luminet et la nature du recueil. Dans l’imaginaire collectif, son nom est synonyme d’excellence scientifique : il est le spécialiste des trous noirs et de la cosmologie, dont les essais de vulgarisation sont reconnus et traduits dans le monde entier, lui valant de multiples distinctions. Cette figure tutélaire de l’astrophysique occulte souvent les autres facettes de son activité créatrice.

Contes de l’Outre-temps devient ainsi une révélation, car il offre une plongée essentielle dans la genèse littéraire de Luminet. Ce n’est plus l’expert scrutant les données du cosmos, mais l’adolescent et le jeune homme se confrontant au mystère par l’écriture. Le fait que l’œuvre s’éloigne délibérément de cette image établie — c’est-à-dire loin des titres sur les mystères de l’Univers ou la physique théorique — confère au livre un statut particulier. Il ne s’agit pas d’un simple ajout à sa bibliographie, mais d’un retour aux sources qui interroge la place de la fiction et de l’imagination dans le développement intellectuel de l’un des plus grands scientifiques de notre époque. Le recueil introduit donc un double littéraire de l’astrophysicien, invitant le lecteur à découvrir la matrice poétique et fantasmatique qui a précédé et peut-être inspiré ses quêtes scientifiques.

Contexte éditorial et geste de mémoire

L’analyse de Contes de l’Outre-temps révèle sa valeur de document littéraire et biographique. Le livre est délibérément positionné loin des essais de vulgarisation et des romans historiques scientifiques pour lesquels Jean-Pierre Luminet est célèbre. Il s’agit d’un trésor d’archives personnelles, un véritable geste de mémoire littéraire où l’auteur fait remonter des écrits profondément intimes. La précision que la majorité des vingt fragments ont été rédigés entre 1970 et 1973 est essentielle. Ces dates ancrent les textes dans la jeunesse créatrice de Luminet, à un âge où l’écriture est souvent « un cri ou un rêve qu’on ne peut contenir », selon ses propres mots. L’ouvrage capte ainsi l’énergie et la ferveur d’une époque de formation. Surtout, la décision de les publier « sans retouches majeures » est un acte fort de quête d’authenticité. L’auteur accepte d’exposer les «maladresses» et les « naïvetés » de ses vingt ans, garantissant au lecteur une plongée sincère et brute dans les premières obsessions thématiques et stylistiques qui allaient, par la suite, enrichir sa vision du monde et de l’univers.

Authenticité et jeunesse créatrice

Cette précision chronologique — la rédaction de la majorité des textes entre 1970 et 1973 — est cruciale car elle ancre le recueil dans la période de formation intellectuelle et émotionnelle de Jean-Pierre Luminet. Il ne s’agit pas de l’œuvre d’un auteur mûr revisitant son passé, mais du témoignage direct d’une époque où l’écriture était un besoin primaire, un exutoire viscéral pour donner forme aux vertiges intérieurs. L’auteur qualifie lui-même ces fragments d’«éclats parfois sombres, parfois naïfs », reconnaissant avec humilité l’inexpérience de l’imagination en quête de forme. Ce faisant, il admet les tâtonnements et les « maladresses » de sa vingtaine. Cependant, c’est précisément cette authenticité non polie qui confère au livre sa valeur documentaire.

L’intention de publier ces textes « sans retouches majeures » est un acte éditorial fort et une volonté d’authenticité revendiquée. Il s’agit de préserver la sincérité brute et l’énergie créatrice intacte de cette époque. Le lecteur n’y trouve pas une œuvre lissée par la post-écriture, mais un accès direct aux premières obsessions thématiques et stylistiques de Luminet, où l’étrangeté des êtres, le fantastique et la quête de sens se manifestaient avec une urgence non filtrée. Ce geste garantit que le recueil est un véritable miroir de l’esprit du futur scientifique au moment où sa vocation littéraire était la plus fervente.

Dualité science et fiction

La démarche de publier des textes aussi anciens et personnels lève le voile sur la dualité fondamentale de l’auteur. Le livre démontre de manière irréfutable que son exploration insatiable de l’univers n’est pas née d’une seule voie – celle, rigoureuse et factuelle, de la science – mais d’une confluence. Avant même de chercher à formuler les mystères du cosmos par la rigueur des équations et des modèles cosmologiques, Luminet les avait déjà appréhendés par la liberté et l’intuition de la fiction.

C’est là que réside la force de l’ouvrage : il positionne l’imaginaire comme le premier laboratoire de son esprit. Les thèmes récurrents du fantastique, de l’étrangeté, des dimensions parallèles ou des multivers, que l’on retrouve dans ces contes de jeunesse, ne sont pas de simples divertissements, mais les bases thématiques et conceptuelles qui allaient plus tard nourrir sa pensée scientifique. La fiction a servi de terrain d’entraînement à la pensée audacieuse. En offrant cette perspective, Contes de l’Outre-temps transforme notre perception de Jean-Pierre Luminet : il n’est pas seulement un scientifique qui écrit, mais un créateur dont les deux vocations sont intrinsèquement liées, l’une ayant inévitablement préparé et enrichi l’autre.

Style et influences littéraires

L’apport fondamental de Contes de l’Outre-temps réside dans la révélation de la matrice thématique et stylistique de l’imaginaire de Jean-Pierre Luminet, offrant une cartographie de ses obsessions créatives avant qu’elles ne soient formalisées par la physique. Les contes ne s’inscrivent pas dans un genre unique ; ils naviguent dans une atmosphère hybride où une science-fiction naissante – celle des années 70 – se mêle à un surréalisme grinçant, parfois teinté d’une poésie désabusée et d’une fantaisie humaniste.

Les nouvelles, dont les titres sont particulièrement évocateurs et fragmentés – tels que L’implant, Vénus mais presque, Oh Tataouine ! ou encore L’univers en folie – ne sont pas anodines. Elles explorent des thèmes récurrents de l’étrangeté du monde, de l’aliénation, et de la solitude métaphysique face à un cosmos indifférent ou délirant. On y décèle, par exemple, l’influence d’auteurs français comme Boris Vian dans les passages les plus absurdes et fantaisistes, signalant une affinité précoce pour l’imagination débridée et la critique sociale en filigrane.

Le recueil témoigne d’une fascination précoce pour les forces invisibles qui transforment l’âme et la matière, une thématique qui préfigure directement les travaux de l’astrophysicien sur les distorsions spatio-temporelles. Le concept de l’« outre-temps » lui-même, titre éponyme de l’œuvre, définit un espace narratif qui n’est pas le temps historique ou scientifique, mais un entre-deux mental décalé. C’est un lieu où la réalité bascule dans le vertige cosmique ou la folie intime, un terrain de jeu où l’esprit du jeune Luminet explore les limites de la perception et de la conscience. Ces contes sont la preuve que l’imagination a été, pour lui, le premier outil pour sonder les dimensions cachées de l’existence.

Comparaison avec les œuvres ultérieures

La lecture des Contes de l’Outre-temps prend une dimension supplémentaire lorsqu’on la met en regard des œuvres de maturité. Dans ses essais de vulgarisation (Le destin de l’univers, Les trous noirs), Luminet déploie une rigueur scientifique alliée à une clarté pédagogique. Dans ses romans historiques (Le bâton d’Euclide, mais aussi Le secret de Copernic ou L’œil de Galilée), Jean-Pierre Luminet explore la rencontre entre science et humanisme en mettant en scène les grandes figures qui ont façonné la pensée rationnelle occidentale. Ces récits ne se limitent pas à une reconstitution érudite : ils cherchent à montrer comment les découvertes scientifiques s’inscrivent dans une aventure humaine, traversée par les passions, les croyances, les conflits religieux et politiques. Luminet y déploie une vision où la science n’est jamais isolée, mais toujours en dialogue avec la culture, la philosophie et la quête de sens. Ses romans rappellent que derrière chaque équation ou chaque modèle cosmologique se cache une histoire de vie, faite de doutes, de luttes et d’élans créateurs.

Or, les Contes de l’Outre-temps apparaissent comme le chaînon manquant entre cette fresque historique et l’œuvre scientifique de maturité. Ils montrent que l’imaginaire a précédé et nourri la pensée scientifique, en offrant une matrice poétique où les obsessions de l’auteur se sont d’abord exprimées sous forme de récits. Là où les romans historiques mettent en lumière la rencontre entre science et humanisme à travers des figures emblématiques, les contes de jeunesse révèlent la genèse intime de cette rencontre dans l’esprit de Luminet lui-même. L’imagination, avant d’être disciplinée par la rigueur mathématique, a servi de laboratoire premier : un espace où les thèmes des multivers, des singularités temporelles ou des dimensions parallèles pouvaient être explorés librement, sans contrainte de démonstration.

Ainsi, les contes ne sont pas un simple divertissement littéraire, mais une étape essentielle dans la constitution de sa pensée. Ils montrent que la science, chez Luminet, n’est pas née ex nihilo, mais qu’elle s’est nourrie d’une expérience poétique et fantasmatique de l’univers. En ce sens, ils complètent ses romans historiques : si ceux-ci racontent comment la science s’est construite dans l’histoire humaine, les contes révèlent comment elle s’est d’abord enracinée dans l’imaginaire d’un jeune homme habité par le vertige cosmique.

Les thèmes des multivers, des singularités temporelles ou des dimensions parallèles, abordés ici sous forme de récits oniriques, trouvent plus tard leur formalisation dans ses travaux cosmologiques. Le recueil agit donc comme une préfiguration, une matrice où l’intuition littéraire précède la démonstration scientifique.

Place dans la tradition littéraire

Ces récits s’inscrivent aussi dans une tradition plus large. Ils dialoguent avec la science-fiction française des années 70, marquée par l’émergence de nouvelles voix et par l’influence de la revue Planète, qui cherchait à concilier science, imaginaire et spiritualité. On y retrouve des échos du surréalisme, mais aussi de la fantaisie absurde et critique de Vian, voire des expérimentations de Queneau. Luminet, adolescent, se situe à la croisée de ces courants, sans chercher à les imiter : il invente son propre « outre-temps », un espace narratif singulier qui échappe aux classifications. Ce positionnement confère au recueil une valeur historique : il témoigne de la vitalité d’une époque où la littérature cherchait à repousser les frontières du réel et à explorer des zones liminaires entre science, poésie et imaginaire.

Dimension philosophique

L’impact de Contes de l’Outre-temps transcende, en effet, la simple curiosité biographique sur les débuts d’un grand homme de science. Il est fondamental, car il érige le livre en preuve que la quête de compréhension de l’univers chez Jean-Pierre Luminet est indivisible. L’ouvrage confirme que cette exploration a toujours été menée de front, à la fois par la rigueur scientifique (la quête des équations justes) et par l’audace de l’imagination (la liberté de la fiction). Ces textes sont une démonstration éclatante que l’homme de science est profondément habité par la même nécessité de réinventer le monde que le conteur.

Bien que le style porte inévitablement la marque de la « maladresse » de la jeunesse et de l’inexpérience, il frappe par sa force évocatrice. Ce qui est remarquable, c’est la capacité précoce de l’auteur à utiliser le récit pour traduire des concepts complexes qui allaient devenir plus tard le cœur de ses travaux. Des thèmes comme les multivers, les singularités du temps, ou même les prémices de la mécanique quantique, y sont abordés non pas via des démonstrations mathématiques, mais sous forme de récits oniriques et fantastiques. Le livre montre que la fiction a servi de passerelle pour explorer des territoires conceptuels que l’astrophysique allait ensuite formaliser, faisant de l’imagination l’outil précurseur pour maîtriser le vertige cosmique.

Enfin, au-delà de la science et de la littérature, ces textes révèlent une interrogation existentielle. L’« outre-temps » est un lieu où l’homme se confronte à sa solitude métaphysique, à l’indifférence du cosmos, à la folie intime. Luminet y exprime une inquiétude fondamentale : comment habiter un univers qui nous dépasse ? Cette question, formulée dans la langue de la fiction, deviendra plus tard le moteur de ses recherches scientifiques. Le recueil est donc aussi une méditation philosophique sur la condition humaine, où l’imagination sert de passerelle vers une compréhension plus vaste de l’existence.

Une carte au trésor de la pensée

Contes de l’Outre-temps est une véritable carte au trésor qui ne mène pas vers des richesses matérielles, mais vers les sources de la pensée de Jean-Pierre Luminet. Il dépasse largement le statut d’un simple divertissement littéraire ou d’une œuvre secondaire. Au contraire, le recueil se dresse comme un témoignage puissant sur l’interconnexion essentielle entre la science et l’art chez l’auteur. Ce faisant, le livre prouve que l’imaginaire fut, pour l’astrophysicien, le premier laboratoire de son esprit. Les récits de jeunesse, avec leurs vertiges et leurs explorations du fantastique, ont servi de terrain d’expérimentation libre pour aborder des concepts qui se cristalliseront plus tard dans sa carrière scientifique. L’imagination a permis de sonder les confins du cosmos et de la conscience avant que la méthode scientifique n’impose ses cadres rigoureux. Le recueil révèle ainsi que la quête de compréhension de l’univers chez Luminet est un processus unifié, où l’écriture est la préfiguration poétique et philosophique de ses plus grandes découvertes cosmologiques.

Brahim Saci

Contes de l’Outre-temps, Les éditions du Chien Qui Passe, 2025

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Trafic de carburant libyen : une économie parallèle qui menace directement la sécurité algérienne

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Trafic de carburant

Le dernier rapport de l’organisation américaine The Sentry vient rappeler une réalité qui dépasse largement les frontières libyennes : la contrebande massive de carburant subventionné en Libye n’est plus seulement un phénomène criminel, mais un facteur de déstabilisation régionale dont l’Algérie ressent déjà les répercussions.

Dans un contexte marqué par la fragilité du Sahel et les tensions au Soudan, ce trafic nourrit des acteurs armés dont la proximité géographique et politique représente un risque direct pour l’espace sécuritaire algérien.

Selon l’enquête, trois années de contrebande ont coûté près de 20 milliards de dollars à la Libye. Mais la dimension financière n’est qu’une partie du problème. Les circuits décrits par The Sentry montrent une articulation solide entre réseaux libyens, milices régionales, acteurs étrangers et groupes armés opérant au Sahel, notamment au Niger, au Tchad et dans les zones de guerre soudanaises. Autant de territoires qui bordent, de près ou de loin, l’espace saharien dont l’Algérie assure difficilement la stabilité.

Le rapport met en lumière deux circuits principaux. Le premier est terrestre : des routes désertiques contrôlées par les forces de Khalifa Haftar sont utilisées pour acheminer le carburant vers les marchés du Niger et du Tchad, et jusqu’aux Forces de soutien rapide (FSR) au Soudan. Le deuxième est maritime, à partir des ports de Benghazi et des villes voisines, vers l’Europe et la Turquie. Dans les deux cas, le carburant détourné devient une monnaie stratégique : une ressource qui permet aux groupes armés d’acquérir influence, mobilité et de prolonger des conflits qui fragilisent tout l’arc sahélo-saharien.

Pour Alger, ces révélations confirment ce que les services de sécurité observent depuis plusieurs années : la Libye est devenue un centre de redistribution de ressources stratégiques pour des acteurs susceptibles de déstabiliser la région. Le rapport mentionne également la présence de forces russes bénéficiant du carburant libyen, notamment dans leurs activités au Mali — un pays avec lequel l’Algérie partage une frontière longue et particulièrement vulnérable.

La crise libyenne, loin d’être contenue, diffuse donc mécaniquement ses effets vers les pays voisins. Dans le Sud algérien, la maîtrise des flux informels reste un défi majeur, malgré un renforcement continu du dispositif militaire. Les routes sahariennes sont longues, poreuses, et toutes les grandes trafics régionaux — armes, carburant, drogues, migrants — interagissent dans cet espace où l’État est souvent absent, côté libyen comme côté nigérien.

Si l’Algérie a multiplié les initiatives diplomatiques pour stabiliser la Libye, les conclusions de The Sentry montrent que les leviers politiques internes libyens restent largement dépassés par l’emprise de réseaux militaro-économiques enracinés dans les institutions pétrolières et dans les groupes armés. Le rapport cite notamment Saddam Haftar, acteur clé de cette économie parallèle, capable d’unifier des réseaux de contrebande grâce au contrôle des infrastructures pétrolières dans l’est et le sud libyen.

Pour beaucoup d’observateurs algériens, cette situation pose une question stratégique : comment garantir la stabilité du Sahel tant que la Libye reste un hub de ressources permettant aux acteurs armés de survivre, voire de se renforcer ? L’instabilité libyenne continue d’alimenter les vulnérabilités régionales, y compris aux portes du Hoggar et de Tamanrasset, où l’Algérie reste en première ligne.

The Sentry conclut que sans une réforme profonde du secteur pétrolier libyen et une rupture avec les réseaux politico-militaires qui tirent profit de cette économie parallèle, la contrebande continuera d’alimenter des conflits qui, tôt ou tard, rejaillissent sur les frontières algériennes.

Mourad Benyahia 

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Le drapeau de Tamazgha : genèse, symboles culturels et identitaires

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Hirak Tanekra

Les symboles culturels et identitaires amazighs sont riches, variés et millénaires. Ils reflètent l’histoire, les croyances et l’identité de ce grand peuple autochtone d’Afrique du Nord –  Iles Canaries. Parmi les plus emblématiques :

Le Tifinagh (ⴰ, ⵎ, ⵣ, ⵖ…) : Cet alphabet est un pilier de la préservation de la langue amazighe (Tamazight ). Il fut 

transmis oralement, notamment par les femmes, avant d’être normalisé par l’association Afus Deg Wfus de Roubaix en 1993 puis par l’IRCAM a Rabat au Maroc en 2001, et de connaître une reconnaissance officielle Progressive dans plusieurs pays d’Afrique du Nord – Îles Canaries.

Le Aza (ⵣ), en rouge, cette lettre issue de la racine MZGH d’Amazigh, symbolise l’homme libre debout, Amazigh signifiant, homme libre, incarnant la résistance, l’attachement à l’identité historique amazighe et le sang versé pour la liberté. 

Les tatouages traditionnels, portés principalement par les femmes, renvoient à des significations profondes : protection, fertilité, et appartenance communautaire.

Les motifs géométriques sur les tapis, poteries et bijoux transmettent des récits et croyances ancestrales. 

Les grains, symboles de fertilité et de vie, sont souvent représentés dans l’artisanat. Les couleurs des bijoux amazighs sont bien plus que décoratives :

le vert symbolise les terres du printemps, le bleu, le ciel limpide de l’été, le jaune, le soleil ou les champs mûrs de blé ou d’orge avant la moisson. Ces trois couleurs, que l’on retrouve dans les bijoux des At Yanni comme chez d’autres groupes amazighs d’Algérie, du Maroc, de la Tunisie , de la Libye, de l’Égypte, à travers l’Afrique et les Îles Canaries expriment aussi la grâce et la beauté de la femme amazighe. Ces mêmes couleurs bleu, vert et jaune figuraient déjà sur l’étendard porté par le grand-père de mon ami Amar Naroun, Mohand Ouramdane At Navet, grand résistant, lors du soulèvement de 1854 mené par Fadhma N’Soumer et Boubaghla. Ce drapeau fut proposé en 1970 par son petit-fils, Amar Naroun, cofondateur de l’Académie Berbère, à laquelle il donna ce nom. Il en élargit la symbolique :

Le bleu pour la mer, le vert pour les terres, le jaune pour le désert, vaste espace de liberté des Amazighs du Sud.

Cette représentation embrasse l’espace géographique amazighien, de l’Égypte au Maroc, et du Nord de l’Algérie jusqu’aux confins sahéliens. Cette proposition fut validée avec Abdelkader Rahmani et Saïd Hanouz, également cofondateurs et présidents de l’Académie. Amar Naroun me confia un jour avoir partagé cette décision avec Mahdjoubi Aherdan, homme d’État marocain, rencontré à plusieurs reprises à Paris, dans la pharmacie de Saïd Hanouz. Enthousiasmé, ce dernier fit publier, dans son hebdomadaire Tidmi (octobre 1995), mon premier plaidoyer pour l’usage du Tifinagh. J’y appelais déjà à la construction des États Unis de Tamazgha et à ce que les documents officiels (cartes d’identité, passeports, monnaie) soient imprimés en amazigh et en Tifinagh. Tidmi publia aussi les premières pages en Tifinagh, avec la première police de caractères sous Windows que j’ai normalisée en 1989. En 1971, lors d’une réunion dans le bureau de Saïd Hanouz, président de l’Académie Berbère, Amar Naroun, fils d’Ali Naroun instituteur poète amazighisant, nous révéla que les couleurs du drapeau apparaissaient déjà dans le tableau de Henri Félix Emmanuel Philippoteaux 1866. Portraits présumés du Chérif Boubaghla et de Lalla Fadhma n’Soumer conduisant l’armée révolutionnaire en 1854. Ce tableau montre Lalla Fadhma à cheval, fusil en main, entourée de cavaliers porte-drapeaux, arborant des étendards aux trois couleurs : bleu, vert et jaune. Il est aujourd’hui exposé au salon de la présidence de la République algérienne (Palais d’El Mouradia).

L’Académie Berbère actualisa ce drapeau en y ajoutant la lettre Tifinagh Aza (ⵣ), issue de la racine MZGH du mot Amazigh, commune à plusieurs mots en amazigh et liée à la liberté et à la noblesse. C’est Abdelkader Rahmani, Saïd Hanouz, Amar Naroun et moi qui décidèrent d’y intégrer le ⴰⵣⴰ debout en rouge, pour symboliser l’identité historique amazighe et le sang versé par les résistants durant plusieurs millénaires pour rester un peuple libre. À cette époque, nous avons préféré ne pas rendre cette symbolique publique, pour éviter que les ennemis de l’amazighité ne nous accusent de vouloir diviser, comme savent le faire les régimes dictatoriaux inféodés à l’idéologie arabo-islamo-baathiste.

C’est lors du Congrès Mondial Amazigh à Tafira, Grande Canarie, en août 1997, que cet étendard fut proposé par moi-même et d’autres militants, et adopté officiellement le 30 août 1997 comme drapeau d’Amazighie (Tamazgha). Ce drapeau appartient à tous les Amazighs et Amazighiens (nes) qu’ils soient Amazighophones, Darijophones ou Canariens. Il ne s’agit pas d’un drapeau national en concurrence avec ceux des États nord-africains, mais d’un emblème culturel et identitaire fédérateur.

En tant que fondateur de l’Académie Berbère du Nord, basée de 1971 à 1975 au 17 rue du Pays à Roubaix, j’y ai ajouté sept étoiles au-dessus de ⴰⵣⴰ, en hommage à Maître Antonio Cubillo, fondateur du MPAIAC (Mouvement pour l’Autodétermination et l’Indépendance de l’Archipel Canarien), que j’ai connu au CRAPE (Centre de Recherche Anthropologique Préhistorique et Ethnologique) dirigé par Mouloud Mammeri à Alger.

Le territoire amazigh s’étend de l’oasis de Siwa en Égypte jusqu’aux îles Canaries, du nord de l’Algérie au sud du Niger. Demain, j’espère que les générations futures verront flotter ce drapeau  avec les sept étoiles des Canaries au-dessus de ⴰⵣⴰ  aux côtés des drapeaux nationaux, dans le cadre d’une grande Fédération des États-Unis d’Amazighie, que j’appelle de mes vœux.

Le terme « Amazigh », réhabilité par les membres de l’Académie Berbère, vient de notre propre langue et désigne les peuples autochtones de l’Afrique du Nord. Lors d’un voyage au Niger en 1998, dans l’Aïr, en compagnie de la résistance touarègue et du commandant Isyad Kato, nous avons hissé et salué ce drapeau.

Au sein de notre noble institution, l’Académie Berbère, et grâce à l’engagement de sa Direction du Nord à Roubaix, j’ai consacré mon énergie avec fierté et détermination à la défense et à la valorisation de notre identité, de notre langue et de notre culture amazighes.  

Aujourd’hui, dans un monde en constante évolution, notre mission ne se limite plus à préserver : elle consiste à faire rayonner notre héritage, à l’inscrire dans la modernité et à l’offrir comme une richesse partagée.  

C’est avec conviction que je poursuis ce chemin, afin que la voix amazighe continue de s’affirmer, de dialoguer et d’inspirer les générations présentes et futures.  

Md Ouramdane Khacer

Président d’ Afus Deg Wfus

Ancien dirigeant fondateur de l’Académie Berbère Agraw Imazighen, direction du Nord à Roubaix (1971-1980).

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Les trucs des climatoseptiques dévoilés

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COP 30

Un document de quatre pages, présentant les principales tactiques utilisées par des opposants aux conclusions du GIEC dans les négociations sur le climat, a été publié avant la COP30 qui tente d’obtenir des avancées significatives avec l’aide de personnalités s’y présentant.

Autant sur le financement de la transition et des substituts aux énergies fossiles, la conférence de Belém, au Brésil, qui doit se terminer le 21 novembre, a donné lieu à des pourparlers sans consensus malgré la volonté du président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, d’obtenir des résultats concrets. Après une première semaine, les négociations piétinent à la COP30, bien que dix ans après l’Accord de Paris, les conditions climatiques soient alarmantes, que nous allons dépasser le seuil de + 1,5 °C avant 2030, que les émissions de CO2 augmenteront encore dans le monde en 2025 et atteindront un nouveau pic de 38,1 milliards de tonnes.

Tactiques dévoilées

Une des raisons de cette situation pourrait être que le secteur des combustibles fossiles y a envoyé environ 1600 lobbyistes. Un groupe international de chercheurs, le Climate Social Science Network (CSSN) a documenté, en prévision de la COP30, 14 différentes tactiques employées pour bloquer les décisions lors des conférences onusiennes sur le climat.

Rejeter la légitimité des arguments, en nier la crédibilité, utiliser des stratégies pessimistes, diriger la responsabilité vers d’autres, manipuler l’agenda des négociations, diminuer leur responsabilité, détourner l’attention, proposer des solutions non transformationnelles, créer des délais de procédures, manipuler les concepts, réduire la transparence, changer les paramètres, diminuer la portée des décisions ou insister sur les petits résultats faciles à obtenir, servent à rendre le processus de décision le plus difficile possible.

Le document identifie aussi les moments ou ces tactiques sont utilisées, soit dans les négociations préliminaires, la création de l’agenda, les délibérations, l’adoption ou l’application des décisions. Il anticipe, même quelles obstructions seront faites durant la COP30, que ce soit sur les objectifs globaux, la forêt, les énergies fossiles, la finance, l’évaluation des dommages, de la crédibilité ou le concept de transition juste. Plus largement, les climatoseptiques pourraient nier leur responsabilité, le contexte géopolitique, les droits humains ou autres.

Ces obstructions sont décrites comme évoluant dans plusieurs niveaux et sont rarement faciles à identifier tant elles sont faites de manière détournée. De nombreux lieux de haut savoir comme l’Université libre de Bruxelles, celle de Californie où Sciences Po sont citées dans les liens pour faire un suivi sur ce document.

Des raisons d’espérer

Pour la première fois de l’histoire des COP, aucune délégation fédérale américaine n’est présente. Plusieurs participants ont affirmé être satisfaits de l’absence de représentants de l’administration Trump, puisqu’ils auraient pu nuire aux négociations. Cette absence entraînerait des opportunités pour la négociation et la formation de coalitions pour des actions concrètes.

En l’absence du président américain, c’est son principal opposant, le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, qui s’y est présenté le 11 novembre. Selon le possible candidat à la présidentielle de 2028, le climat doit devenir une question de coût de la vie aux États-Unis. L’énergie verte est une énergie bon marché, y a-t-il affirmé, considérant que c’était selon lui la façon la plus efficace d’intéresser les électeurs américains aux enjeux climatiques.

Un avis rendu le 23 juillet 2025 par la Cour internationale de justice de La Haye a rappelé aux États leurs obligations juridiques à devenir plus ambitieux au fil du temps vis-à-vis de l’accord de Paris, alors que nous sommes au début d’un nouveau cycle de cinq ans, où les pays sont appelés à actualiser leurs Contributions nationalement déterminées (CDN), soit leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre qu’ils se donnent.

Lors de la COP28 à Dubaï, il y a deux ans, la communauté internationale s’était engagée à une sortie progressive des énergies fossiles. Actuellement 35 pays, responsables d’un quart des émissions de CO2 d’origine fossile, ont réussi à significativement amoindrir leurs rejets au cours de la dernière décennie.

Bien que la sortie progressive des énergies fossiles n’est pas à l’ordre du jour officiel de la 30e Conférence, une cinquantaine de pays militent pour. Luiz Inácio Lula da Silva a appelé la semaine dernière à une feuille de route pour surmonter la dépendance aux combustibles fossiles. Dans ce contexte, beaucoup attendent que la COP30 clarifie les étapes concrètes pour réduire la dépendance aux énergies carbonées.

Michel Gourd

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Marseille 2026 : Sébastien Delogu se lance dans la course municipale

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Sébastien Delogu
Sébastien Delogu, député LFI.

Le député insoumis, Sébastien Delogu, annonce sa candidature et rassemble déjà une partie de la gauche marseillaise, dans un contexte politique marqué par rivalités et tensions.

Le député de la France insoumise Sébastien Delogu entre officiellement dans la bataille pour la mairie de Marseille. Ce dimanche 16 novembre, les militants insoumis se sont réunis à la Belle-de-Mai pour une « assemblée communale » qui a validé sa tête de liste.

L’élu a confirmé sa candidature à l’AFP, se présentant comme le porte-voix des quartiers nord et affirmant vouloir « remettre le pouvoir entre les mains du peuple ». Son objectif : tourner la page des pratiques clientélistes et des magouilles qui, selon lui, ont trop longtemps pesé sur la ville. Avec cette annonce, Delogu devient le premier candidat officiellement déclaré à gauche, et pose d’emblée les jalons de sa campagne.

Le mouvement prend de l’ampleur avec le soutien de Sébastien Barles, adjoint écologiste suspendu d’EELV, et de son collectif Vaï. Les deux se rapprochent de Delogu tout en critiquant la majorité municipale dirigée par Benoît Payan, qui n’a pas encore indiqué s’il briguerait un second mandat. Ce ralliement illustre un phénomène marseillais bien connu : la politique locale oscille entre convictions et opportunisme, alliances temporaires et jeux d’influence.

Le parcours de Delogu n’est pas exempt de controverses. Il a été condamné en début d’année pour violences sur deux fonctionnaires lors d’une manifestation contre la réforme des retraites, et son domicile a été perquisitionné en mai dans le cadre d’une enquête pour vol et recel de documents liés à un conflit social. Ces dossiers judiciaires pourraient peser sur sa candidature, mais son enracinement dans les quartiers populaires et son image de député actif semblent consolider sa base.

Cette entrée en lice marque le lancement officiel de la compétition à gauche, dans une ville où rivalités, ambitions personnelles et enjeux sociaux façonnent autant que les programmes municipaux. Les prochains mois s’annoncent stratégiques : alliances, ruptures et calculs électoraux vont se succéder, alors que la campagne se dessine déjà tendue et incertaine.

Marseille, fidèle à son histoire politique complexe, offre un tableau où déclarations publiques et jeux de coulisses se superposent à chaque coin de rue. L’arrivée de Delogu change la donne : il installe d’emblée un climat de confrontation et pose la question d’une possible alternance dans la cité phocéenne.

Djamal Guettala 

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Gara Djebilet, nouvelles circonscriptions administratives,… le texte du communiqué du Conseil des ministres

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Tebboune

Le président de la République, Chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, M. Abdelmadjid Tebboune, a présidé, hier dimanche, une réunion du Conseil des ministres, consacrée à des exposés portant notamment sur la promotion de circonscriptions administratives, dans les Hauts Plateaux et le Sud, en wilayas à part entière et au suivi de projets dans plusieurs secteurs, a indiqué un communiqué du Conseil des ministres, dont voici la traduction APS :

«Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, Chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, a présidé une réunion du Conseil des ministres, consacrée à des exposés portant notamment sur la promotion de circonscriptions administratives, dans les Hauts Plateaux et le Sud, en wilayas à part entière, au suivi de l’avancement des travaux de réalisation de la mine de Gara Djebilet et de la ligne ferroviaire minière Tindouf-Béchar, à la réalisation du Centre hospitalo-universitaire d’une capacité de 500 lits à Constantine et à l’acquisition d’équipements spéciaux au profit de l’Entreprise d’appui au développement du numérique (EADN).

Après présentation, par Monsieur le Premier ministre, des activités du Gouvernement au cours des deux dernières semaines et suite aux interventions de Mesdames et Messieurs les ministres concernant les exposés à l’ordre du jour, Monsieur le président de la République a donné les instructions, directives et orientations suivantes :

Orientations Générales :

Monsieur le président de la République a ordonné :

– L’ouverture d’une enquête sur l’origine des feux de forêt ayant touché plusieurs wilayas du pays en même temps le week-end dernier.

– Il a enjoint au ministre des Finances de préparer un projet de revalorisation du Salaire national minimum garanti (SNMG).

– Il a enjoint au ministre des Finances de préparer un projet de revalorisation de l’allocation chômage.

– La nécessité d’un contrôle permanent et continu des places et espaces publics, en termes de sécurité et d’hygiène, à travers les différentes wilayas du pays.

– L’impératif d’obliger les propriétaires de véhicules de transport public et privé à respecter les conditions d’hygiène dans les différentes villes et sur toutes les lignes, notamment à Alger et dans les wilayas touristiques.

Concernant la promotion de circonscriptions administratives, dans les Hauts Plateaux et le Sud, en wilayas à part entière :

Le Conseil des ministres a approuvé la teneur de l’exposé portant promotion de onze (11) circonscriptions administratives, dans les Hauts Plateaux et le Sud, en wilayas à part entière. Il s’agit d’Aflou, de Barika, de Ksar Chellala, de Messaad, d’Aïn Oussara, de Bou Saâda, d’El Abiodh Sidi Cheikh, d’El Kantara, de Bir El Ater, de Ksar El Boukhari et d’El Aricha.

Après approbation, Monsieur le président de la République a donné des instructions pour entamer immédiatement les procédures administratives, avec les deux chambres du Parlement.

Concernant la ligne ferroviaire minière Tindouf-Béchar :

– Monsieur le président de la République a enjoint au ministre des Travaux publics de préparer l’inauguration de la nouvelle ligne ferroviaire, en plein désert, reliant Tindouf à Béchar, dans son intégralité, en janvier 2026, pour sa mise en exploitation officielle, en faisant de cet événement une journée de fête immortalisant cette réalisation nationale d’envergure, marquant l’entrée de l’Algérie dans une nouvelle ère, celle des grandes étapes économiques franchies par le peuple algérien sur la voie du développement de son pays.

Concernant les travaux de réalisation de la mine de Gara Djebilet :

– Le président de la République a ordonné le lancement de l’utilisation et de l’exploitation locale du minerai de fer extrait de la mine de Gara Djebilet à partir du premier trimestre de 2026. Cet événement, le premier du genre dans l’histoire de l’Algérie indépendante, incarne un message fort, celui d’une nouvelle orientation algérienne consacrant le principe de la souveraineté économique et de la diversification des ressources du pays hors hydrocarbures.

– Monsieur le Président a donné des instructions fermes pour redoubler d’efforts, autant que faire se peut, étant donné que ce projet stratégique verra bientôt le jour, dans toutes ses sections et structures, le Conseil des ministres ayant approuvé la création de nouvelles usines de traitement du minerai de fer à Tindouf, Béchar et Naâma.

– Monsieur le Président a ordonné de faire en sorte que la première cargaison du minerai de fer soit acheminée, via la ligne ferroviaire, vers le complexe sidérurgique Tosyali d’Oran, à partir de 2026. L’Algérie aura ainsi franchi la première étape vers la réduction de la facture d’importation du minerai de fer et la réalisation progressive de l’autosuffisance.

Le Conseil des ministres a également approuvé le projet de réalisation d’un Centre hospitalo-universitaire (CHU) à Constantine, d’une capacité de 500 lits, ainsi que le marché d’acquisition d’équipements spéciaux au profit de l’Entreprise d’appui au développement du numérique (EADN).

La réunion du Conseil des ministres s’est achevée par l’approbation de décrets et de décisions individuelles portant nominations et fins de fonctions dans des postes supérieurs de l’Etat».

APS

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Qui a piqué le fromage de l’Homo docens ? 

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Image par Gerd Altmann de Pixabay

L’Homo docens incarne la profonde singularité de l’espèce humaine : sa capacité à apprendre, intentionnellement, à inventer des défis cognitifs pour ses pairs, et à apprendre de l’autre pour dépasser les limites du déjà connu (Dehaene, 2018 ; Repusseau, 1972). 

Pourtant, à l’heure où l’éducation devrait être l’espace privilégié où s’exprime cette vocation anthropologique, de nombreux étudiants normaliens semblent aujourd’hui marqués par une forme d’inertie cognitive, renonçant à la quête active de savoirs au profit de routines sécurisantes ou, parfois, d’une résignation à la stagnation. 

Pour Dehaene  (2018), si tous les humains ont reçu les structures de la cognition, seuls les membres de notre espèce développent, de manière systématique, l’intentionnalité pédagogique. Homo docens est dans cette perspective celui qui non seulement apprend, mais provoque l’apprentissage chez autrui -enseignants compris- ; qui sait mobiliser ses acquis pour décoder ce que l’autre ignore, concevoir des exercices adaptés, et guider activement le processus d’apprentissage.

Ce mode repose sur la plasticité cérébrale, sur la métacognition et le contrôle de l’attention, talents essentiels, sans lesquels le cerveau reste prisonnier de ses routines (Dehaene, 2018). Cette capacité n’est, cependant, pas déployée dans la communauté académique. Car elle requiert non seulement de l’enseignant de transmettre, mais aussi de l’étudiant le désir d’apprendre.

Gärdenfors et Högberg (2017) rappellent que l’enseignement intentionnel n’est pas simplement la transmission butée des savoirs, mais l’art du questionnement et de l’auto-questionnement, du doute et de la réforme permanente du curriculum pour stimuler les esprits face à la nouveauté.

Dans leur fable allégorique, Johnson et Bernard (2015) proposent une réflexion sur l’adaptation au changement à travers quatre personnages confrontés à la disparition de leur fromage, métaphore du confort intellectuel ou matériel : Sniff et Vouf, les souris, incarnent l’intuition et l’action directe ; Hum et Haw, les nains, traduisent les mécanismes du raisonnement humain, capables de s’attacher à leurs croyances et de résister au mouvement universel du changement. Hum refuse de changer, sommé par la peur, tandis que Haw traverse le labyrinthe, apprend de ses erreurs et réinvente sa trajectoire. Cette histoire met en lumière deux attitudes face à l’incertitude : la défense illusoire de la routine de l’un et la curiosité exploratrice de l’autre. ​​

La comparaison avec les étudiants normaliens d’aujourd’hui révèle une résonance troublante. De par sa vocation, l’ENS, tout comme l’université, devrait être le creuset de l’innovation par la recherche et le questionnement. Or, de nombreux constats font état d’une perte de motivation durable chez nombre d’étudiants.

La routine académique, l’absence de stimulation adaptée, et la défiance envers les défis intellectuels nouveaux engendrent une forme de décrochage cognitif, analogue au comportement d’Hum dans la fable : l’étudiant reste immobile, guettant le retour du « fromage » sans accepter d’en explorer d’autres, se réfugiant dans la répétition des acquis et la passivité critique. L’intentionnalité pédagogique s’éteint, la curiosité est inhibée – le syndrome du fromage disparu devient celui d’une formation sans projet, sans aventure et sans risque.​​

Dehaene (2018) a montré, à partir des neurosciences, que la curiosité n’est pas un trait accessoire mais la condition même de tout apprentissage durable. Si le cerveau n’est pas stimulé par des situations nouvelles, adaptées au niveau de l’apprenant, rien ne sera appris, et la motivation s’épuise (Dehaene, 2018). 

Or, l’institution de l’enseignement supérieur, quand elle ne renouvelle pas ses défis ou valorise la consolidation au détriment de l’exploration, peut engendrer chez l’étudiant non pas l’Homo docens, mais son double négatif : un Homo ignorans résigné, dont seuls les acquis antérieurs sont cultivés, le goût du risque intellectuel inhibé par la peur de l’erreur ou le manque de reconnaissance. Cette situation rejoint les observations de Johnson et Bernard (2015): la peur du changement, la difficulté à quitter la zone de confort, l’attente d’une solution extérieure favorisent la paralysie académique et l’extinction du désir d’apprendre.

Pendant ce temps, Sniff et Vouf, figures de l’intuition et de l’action, incarnent une forme d’apprentissage expérientiel et adaptatif, propre à l’Homo docens : capacité à se tromper, à inventer de nouvelles stratégies, à se lancer sur des pistes inconnues, en mobilisant l’intelligence collective, l’attention à l’évolution des contextes, susceptible de donner lieu à de nouvelles expériences et la volonté de dépasser la routine (Johnson et Bernard, 2015 ; Dehaene, 2018). A l’inverse, Hum et Haw illustrent les travers de l’apprenant figé : rigidité conceptuelle, attachement au statu quo et déni du réel. 

L’école, temple historique de l’apprentissage, en vient trop souvent à dévaloriser la prise de risque ou la curiosité, et fabrique des générations de Hum, vivant dans l’attente vaine du retour du fromage, refusant l’aventure cognitive, incapable d’envisager la multiplicité des fromages possibles. 

Le défi pour les étudiants d’aujourd’hui est de réhabiliter l’Homo docens en eux via le projet personnel, la prise d’initiative intellectuelle, la considération constructive de l’erreur et la quête active du savoir.  

De même, l’art pédagogique ne se résume pas à dispenser passivement des contenus : il exige de l’enseignant une capacité à saisir les signaux faibles du décrochage cognitif, à inventer des défis adaptés, à encourager l’autonomie de pensée et la prise de parole. Comme le rappelle Freire (1968), la pédagogie doit viser la conscientisation, la révolution critique et l’ouverture au dialogue, pour faire de chaque élève un Homo docens, capable d’exercer un regard réflexif et d’enseigner à son tour, dans une dynamique de transmission créative et responsable.​

La crise actuelle des apprentissages, chez les normaliens, doit être comprise comme le symptôme d’un défaut de mobilisation de l’intentionnalité pédagogique, de la curiosité et du goût du questionnement. L’Homo docens peut certes disparaître dans le confort d’un fromage vieilli, néanmoins, il garde toutes ses chances de se réinventer dans l’aventure du labyrinthe, et dans sa capacité à questionner ses certitudes et à explorer l’inconnu: là où l’immobilisme guette, il doit réhabiliter l’audace ; là où la peur paralyse, il doit célébrer l’erreur constructive et le désir d’apprendre. 

Johnson et Bernard (2015) ont bien raison de penser que le changement survient et qu’il déplace le fromage sans cesse, qu’il nous incombe de l’anticiper, et de nous préparer à ce que le fromage bouge. Tel est le profil de l’Homo docens requis dans la société du XXIe siècle.​

Dr Belkacem Hamaïzi, ENS de Sétif

Références bibliographiques

  • Dehaene, S. (2018). Apprendre! Les talents du cerveau, le défi des machines. Paris: Odile Jacob.
  • Gärdenfors, P., & Högberg, A. (2017). The archaeology of teaching and the evolution of Homo docens. Current Anthropology, 58(2), 188-208.
  • Johnson, S., & Bernard, J. P. (2015). Qui a piqué mon fromage?. Michel Lafon.
  • Repusseau, J. (1972). Homo docens: l’action pédagogique et la formation des maîtres. FeniXX.
  • Freire, P. (1968). La pédagogie des opprimés. Agone.

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Gazoduc du Maghreb : l’Algérie dit niet, le Maroc réinvente ses flux énergétiques

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Gazoduc

L’Algérie a tranché sans équivoque : le gazoduc du Maghreb, fermé depuis 2021, ne rouvrira pas. Ce conduit stratégique, traversant le Maroc avant d’atteindre Tarifa, alimentait autrefois le royaume chérifien en gaz naturel. Sa fermeture avait suivi le soutien explicite de Pedro Sánchez au rattachement du Sahara occidental au Maroc, provoquant une rupture diplomatique avec Alger.

Aujourd’hui, cette décision n’est pas simplement énergétique : elle est le symbole d’une souveraineté nationale revendiquée et d’une mainmise sur les flux stratégiques de la région.

Depuis trois ans, le Maroc s’est adapté. Le royaume importe du gaz naturel liquéfié sur les marchés internationaux, principalement en provenance de Russie, qu’il regazéifie dans des centrales espagnoles avant de l’acheminer vers son territoire. Madrid avait accepté d’inverser temporairement le flux du gazoduc pour garantir l’approvisionnement marocain. Mais Alger a posé un veto ferme : aucun gaz ne transiterait via Medgaz ou par bateau si sa destination finale est le Maroc. Cette position confirme l’Algérie comme acteur central dans l’équilibre énergétique de la Méditerranée et du Maghreb.

Cette situation traduit une compétition énergétique croissante. Le Maroc investit dans un nouveau gazoduc transafricain, traversant huit pays pour acheminer le gaz du Nigeria vers le royaume. La Chine soutient ce projet, tandis qu’un autre conduit similaire reliera le Nigeria à l’Algérie, accentuant la rivalité régionale et mettant en lumière l’importance stratégique des routes gazières africaines. L’énergie devient ainsi un instrument de puissance, et chaque décision sur les flux de gaz pèse sur les équilibres diplomatiques et économiques.

Pour l’Espagne, le contexte impose un rééquilibrage stratégique. Les exportations de gaz espagnol vers le Maroc atteignent désormais des niveaux records, tandis que les importations marocaines de diesel ont été scrutées pour leur possible origine russe. Madrid se retrouve ainsi entre deux feux : maintenir sa coopération énergétique avec Rabat tout en respectant les contraintes imposées par Alger, un équilibre délicat où chaque choix peut avoir des répercussions régionales.

Le gazoduc du Maghreb reste plus qu’une infrastructure énergétique : il est le reflet d’une tension persistante entre souveraineté nationale, concurrence régionale et influence internationale. L’Algérie démontre qu’elle ne cédera pas face aux pressions européennes ou espagnoles, et le Maroc confirme sa stratégie de diversification énergétique. Dans ce contexte, la Méditerranée et l’Afrique du Nord apparaissent comme un terrain de rivalités complexes, où énergie, diplomatie et puissance économique se croisent et s’entrelacent.

Cette affaire illustre également une dynamique plus large : la redistribution du pouvoir énergétique en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne, où chaque projet gazié devient un levier stratégique. L’Algérie contrôle toujours ses flux, le Maroc investit dans sa propre autonomie, et l’Espagne tente de jouer un rôle de pont logistique. Dans ce jeu d’influences, le gazoduc du Maghreb demeure un symbole tangible de la géopolitique énergétique, où chaque décision éclaire les ambitions et les alliances régionales.

Synthèse Mourad Benyahia 

Source : Carlos Ribagorda, Okdiario, 16 novembre 2025 lien

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