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jeudi 3 juillet 2025
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Protection des données personnelles, blanchiment… : l’Algérie adapte son cadre juridique

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Tebboune Larbaoui

Le Premier ministre, Nadir Larbaoui, a présidé ce mercredi une réunion du gouvernement consacrée à l’examen de plusieurs dossiers législatifs et économiques stratégiques, dans le sillage des orientations récentes du chef de l’Etat.

Parmi les points saillants de cette séance figure la révision du cadre légal relatif à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, une démarche qui intervient dans un contexte international sensible.

Réforme de la législation sur le blanchiment d’argent : une réponse à la pression internationale ?

Le gouvernement a examiné un projet de loi modifiant et complétant la loi n°05-01 du 6 février 2005, relative à la prévention et à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Cette révision intervient quelques jours seulement après la mise à jour, par l’Union européenne, de sa liste noire des juridictions présentant des déficiences stratégiques dans la lutte contre ces phénomènes, sur laquelle figure l’Algérie.

Cette inclusion, perçue comme un signal d’alarme, semble avoir accéléré le processus de mise en conformité de la législation nationale avec les standards internationaux, notamment les recommandations du Groupe d’action financière (GAFI). Le projet vise à renforcer les dispositifs de surveillance, à élargir les pouvoirs des autorités compétentes, et à intégrer les évolutions récentes en matière de criminalité financière transnationale.

Un protection des données personnelles : vers un alignement sur les normes internationales

Un second projet de loi a été examiné lors de cette réunion. Il porte sur l’amendement de la loi n°18-07 du 10 juin 2018, relative à la protection des personnes physiques dans le traitement des données à caractère personnel.

Ce texte ambitionne de consolider les garanties offertes aux citoyens en matière de libertés individuelles et de confidentialité, tout en facilitant la coopération internationale dans la lutte contre la cybercriminalité et les atteintes aux droits numériques.

Foncier et production nationale : des leviers pour l’investissement

Par ailleurs, le gouvernement a poursuivi l’étude du dispositif encadrant les conditions d’octroi d’avantages fonciers aux promoteurs immobiliers privés, à travers le régime de l’emphytéose (ou bail emphytéotique qui  est un type de bail fait pour une durée de plus de dix-huit ans minimum et de quatre-vingt-dix-neuf ans maximum, ndlr) convertible en concession. Cette réforme vise à encourager les projets à vocation commerciale, à clarifier le cadre juridique applicable aux biens domaniaux, et à fluidifier l’investissement dans le secteur immobilier.

Le gouvernement a également pris connaissance des premiers résultats du recensement de la production nationale. Cette opération statistique doit permettre d’actualiser les données économiques de base, d’éclairer la prise de décision publique en matière de politique industrielle et commerciale, et de mieux cibler les mesures de soutien aux filières exportatrices.

Relance du cinéma algérien : priorité à l’investissement et à la réhabilitation

Enfin, dans le prolongement des engagements pris lors des assises nationales du cinéma en janvier dernier, un exposé a été présenté sur la relance de l’exploitation des salles obscures à travers leur réhabilitation progressive. Le gouvernement mise également sur le soutien à l’investissement privé pour revitaliser un secteur considéré à la fois comme un vecteur de création d’emplois, d’identité culturelle et de rayonnement international.

La rédaction

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Hydrocarbures : TotalEnergies et QatarEnergy parmi les bénéficiaires des contrats d’exploration en Algérie

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Anafor forage de puits de pétrole
Machine de forage de puits de pétrole (Anafor)

L’Algérie a récemment attribué des contrats d’exploration et de développement pour six nouveaux sites d’hydrocarbures à des entreprises énergétiques internationales. Citons notamment les premiers bénéficiaires, les mastodontes TotalEnergie et QatarEnergy.

Ces attributions s’inscrivent dans le cadre de l’appel d’offres international « Algeria Bid Round 2024 », organisé par l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (ALNAFT). Les résultats ont été annoncés lors d’une cérémonie tenue le 17 juin 2025, sous la supervision du ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab.

Les six sites d’exploration proposés, situés dans des bassins géologiques prometteurs, ont suscité un vif intérêt international. Parmi eux, les zones de Mazaid El Kebir (bassin d’Oued Mya), Ahara (bassin d’Illizi), Reggan II (bassin de Reggan), Zarafa II (bassin d’Ahnet-Gourara), Toual II (bassin de Berkine) et Guirn El Kessas II (bassin de Gourara-Timimoun).

Cinq licences d’exploration ont été octroyées à des entreprises et consortiums internationaux : le consortium TotalEnergies (France) et QatarEnergy a remporté la zone d’Ahara, le consortium Eni (Italie) et PTTEP (Thaïlande) a obtenu la zone de Reggan II, la société chinoise ZPEC a acquis la zone de Zarafa II, le consortium Zangas et Filada a remporté la zone de Toual II et la société chinoise SINOPEC a obtenu la zone de Guirn El Kessas II.

Les licences pour les zones de Mazaid El Kebir n’ont pas été attribuées.

L’inamovible ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, a soutenu que cette initiative représente une étape cruciale dans les réformes globales entreprises par l’État pour relancer les investissements dans le secteur des hydrocarbures. Il a affirmé que ces résultats positifs reflètent la confiance des partenaires internationaux en l’Algérie et l’attractivité de son domaine minier, qui possède un potentiel considérable et un environnement commercial stable et sécurisé. Les contrats relatifs aux hydrocarbures pour les zones attribuées seront finalisés avec le complexe Sonatrach dans les prochains jours.

La rédaction

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Lutte contre la fraude au bac : les limites d’une approche répressive

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Bac

Malgré une mobilisation multisectorielle impliquant la justice, les forces de sécurité et les services des télécommunications, les autorités peinent à juguler durablement le phénomène de la fraude aux examens. C’est dire que la méthode laisse à désirer.

La persistance des fuites et des pratiques de triche, souvent appuyées par des moyens technologiques de plus en plus sophistiqués, met en lumière les limites d’une stratégie centrée sur la répression judiciaire.

Une répression judiciaire qui s’intensifie

La lutte contre la fraude au baccalauréat s’est traduite ces derniers jours par une série de décisions judiciaires fermes à travers plusieurs régions du pays. Après les condamnations prononcées en début de semaine à Annaba et M’sila, d’autres juridictions — notamment Barika (Batna), Ghardaïa et à nouveau M’sila — ont rendu, mardi 17 juin, de nouveaux jugements à l’encontre de personnes impliquées dans des actes de triche ou de divulgation de sujets.

À Barika, deux cas de fraude impliquant l’utilisation de moyens de communication à distance ont été détectés. L’un des suspects a comparu en procédure de flagrance pour atteinte à la sincérité des examens. Il a été condamné à deux ans de prison, dont un avec sursis, assortis d’une amende de 250 000 dinars, avec incarcération immédiate. Sept autres personnes sont poursuivies dans la même affaire, dont trois en fuite. Les quatre individus arrêtés ont été placés en détention provisoire en attendant leur procès fixé au 24 juin.

À M’sila, cinq nouveaux cas ont été recensés entre les 15 et 16 juin, impliquant des candidats et leurs complices, ayant diffusé sur les réseaux sociaux les sujets de langue arabe et d’éducation islamique en pleine épreuve.

Les peines prononcées sont particulièrement sévères : B.A. : 5 ans de prison ferme et 500 000 DA d’amende. Ch.M., D.N., S.Y., D.A. : 1 an de prison ferme et 300 000 DA d’amende chacun, Q.Z. : affaire renvoyée au 24 juin, placé sous contrôle judiciaire et Q.A. également renvoyée, placée sous mandat de dépôt

À Ghardaïa, les services spécialisés dans la cybercriminalité ont détecté la publication en ligne du sujet de mathématiques (filière langues étrangères). Le suspect, H.T., a été condamné à 5 ans de prison ferme et à une amende de 50 000 dinars, avec incarcération immédiate.

Rappel des affaires précédentes

Le 16 juin, les autorités judiciaires avaient déjà engagé des poursuites dans plusieurs wilayas.

À Annaba, cinq personnes ont été inculpées pour divulgation de réponses du baccalauréat. Quatre ont été placées en détention provisoire, tandis qu’une cinquième est sous contrôle judiciaire. Leur procès est prévu pour le 22 juin.

À M’sila, un frère et une sœur, accusés d’avoir partagé le sujet de mathématiques, ont été condamnés chacun à 1 an de prison ferme et 100 000 DA d’amende.

Les limites d’une réponse strictement répressive

Ces décisions traduisent une volonté affichée de préserver la crédibilité du baccalauréat, considéré comme une pierre angulaire du système éducatif national. Toutefois, cette approche essentiellement répressive montre ses limites face à une fraude de plus en plus banalisée et facilitée par les technologies numériques.

La répétition des cas de triche malgré les sanctions, l’intensification des contrôles et la vigilance des services spécialisés met en évidence l’inefficacité relative d’une réponse uniquement coercitive, dans un environnement où les outils de contournement évoluent aussi vite que les mesures de contrôle.

Il apparaît désormais nécessaire d’adopter une approche plus globale, intégrant : des actions de prévention et de sensibilisation à l’éthique scolaire, un encadrement adapté des usages numériques, et une révision des modalités d’évaluation, à même de décourager les tentatives de triche.

Seule une stratégie systémique, mobilisant à la fois les volets pédagogique, technique et institutionnel, pourra apporter une réponse efficace et durable à un phénomène dont les racines dépassent largement le seul cadre sécuritaire.

Sofiane Ayache

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Après son échec de rejoindre le Brics, l’Algérie se rapproche de l’Asean

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Asean

Après avoir échoué à intégrer le groupe des Brics, l’Algérie réoriente sa diplomatie vers l’Asie du Sud-Est en se préparant à rejoindre le Traité d’amitié et de coopération (TAC) de l’AseanS. Cette démarche s’inscrit dans une stratégie de diversification de ses partenariats internationaux, dans un contexte mondial marqué par la multipolarité.

L’adhésion aux BRICS, soutenue notamment par la Chine et la Russie, représentait un objectif majeur pour Alger. Toutefois, le rejet de sa candidature – en partie lié à des critères économiques et démographiques – a conduit le pays à chercher des alternatives régionales plus accessibles.

Le choix de l’ASEAN n’est pas anodin. Avec près de 700 millions d’habitants et un PIB cumulé supérieur à 4 000 milliards de dollars, cette organisation régionale constitue aujourd’hui un acteur économique et diplomatique de premier plan. Le TAC, signé en 1976, repose sur des principes de non-ingérence, de souveraineté et de coopération pacifique, en phase avec la doctrine diplomatique algérienne.

Le 46e sommet de l’ASEAN, tenu les 26 et 27 mai derniers à Kuala Lumpur, a confirmé cette dynamique. Dans leur déclaration finale, les États membres ont exprimé un soutien unanime à l’adhésion prochaine de l’Algérie au TAC, saluant la portée stratégique du traité comme fondement des relations interétatiques dans la région. L’organisation a également réaffirmé l’importance de ce cadre juridique pour la préservation de la paix, de la sécurité et de la stabilité, tout en soulignant sa pertinence croissante à l’échelle mondiale.

Mais que fera l’Algérie au sein de cette organisation de dragons économiques ?

Sur le plan politique, l’Algérie cherche, à travers ce rapprochement, à  élargir son champ d’action au-delà de ses zones traditionnelles d’influence (Maghreb, Sahel, Afrique). Il (ce rapprochement) s’inscrit également dans la vision fondée sur le multilatéralisme et l’ouverture vers de nouveaux pôles imprimée à la politique étrangère par Abdelmadjid Tebboune. Une vision qui a beaucoup pêché par son improvisation et son manque de réalisme.

D’un point de vue économique, les perspectives sont multiples : accès à des marchés asiatiques en croissance, possibilité d’attirer des investissements directs étrangers, notamment dans les secteurs des infrastructures, des énergies renouvelables, du numérique et du tourisme. L’Algérie espère aussi tirer parti de l’expertise technologique des pays de l’ASEAN pour moderniser son économie.

Cependant, ce tournant stratégique nécessite des réformes internes. Le climat des affaires, la modernisation des infrastructures et l’amélioration de la compétitivité restent des défis majeurs pour espérer bénéficier pleinement de ce partenariat.

L’adhésion au TAC s’inscrit dans une volonté légitime de diversification des partenariats stratégiques de l’Algérie. Toutefois, ce repositionnement vers la lointaine Asie du Sud-Est, après l’échec de l’option BRICS, met également en lumière un certain flottement diplomatique. Il reflète les hésitations et le manque de cap clair qui caractérisent, depuis 2019, la politique étrangère du nouveau pouvoir algérien, souvent perçue comme réactive plutôt que guidée par une vision stratégique cohérente.

Samia Naït Iqbal

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Bombardements ciblés et agents infiltrés : la stratégie israélienne en Iran

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Armement iranien

Au-delà de la seule opération militaire, l’attaque d’Israël sur l’Iran s’est appuyée, affirment des analystes, sur un méticuleux travail du Mossad, son service de renseignement extérieur, capable depuis des années d’infiltrer le pouvoir de la République islamique

La stratégie israélienne est claire :éliminer un à un les dirigeants militaires et les experts du programme nucléaire, et dans le même temps, menacer l’échelon politique. Pour cela, Israël mène des assassinats ciblés qui, pour la plupart, sont le résultat direct de frappes précises de l’aviation israélienne, selon notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul.

C’est le cas pour l’élimination, selon Israël, du général Ali Shadmani, un proche du guide suprême iranien Ali Khamenei mais aussi le plus haut gradé du corps des Gardiens de la révolution islamique et de l’armée iranienne. Elle rappelle étrangement celle utilisée contre le Hezbollah au Liban juste avant le lancement de l’attaque israélienne sur le Liban.

Pour la première fois ce mardi 17 juin, le Mossad, le service secret israélien, reconnaît que ses agents sont sur place. Il a même diffusé une vidéo montrant une action sur le terrain tout en restant très avare de détails. Mais le New York Times et le Washington Post ont publié des informations inédites sur la stratégie d’infiltration des agents israéliens. 

Selon eux, les services secrets israéliens ont fait entrer clandestinement, et ce, pendant des mois, en Iran des pièces détachées pour des centaines de drones quadricoptères piégés d’explosifs. Une opération d’envergure qui a été préparée durant des années et qui aurait servi à des attaques contre des cibles humaines, mais également des sites de missiles. 

Des centaines d’agents impliqués 

Selon le journaliste israélien spécialisé Barak Ravid, « des centaines d’agents du Mossad, à la fois à l’intérieur de l’Iran et au siège, ont été impliqués [dans l’offensive, NDLR], y compris une unité spéciale d’opérateurs iraniens travaillant pour le Mossad ». Dans le centre du pays, des commandos « avaient positionné des systèmes d’armes guidées en plein air près des lanceurs de missiles sol-air iraniens ». Le service a aussi « déployé secrètement des systèmes d’armes et des technologies sophistiquées cachées dans des véhicules ». 

« Cela montre la supériorité opérationnelle et en termes de renseignement d’Israël sur l’Iran », affirme sans détours à l’AFP Danny Citrinowicz, de l’Institut des études de sécurité nationale de Tel-Aviv. 

Selon les médias israéliens, l’opération – qui rappelle la récente attaque ukrainienne de drones en Russie – a été préparée pendant entre huit mois et deux ans. Mais s’est appuyée sur une infiltration israélienne bien plus ancienne. « Cela fait plus de 15 ans qu’Israël suit le programme nucléaire » iranien, relève pour l’AFP Michael Horowitz, géopoliticien israélien. Les frappes constituent « l’aboutissement d’années de collecte de renseignements et de pénétration de la République islamique ». 

Du point de vue israélien, ce n’est que le début de l’offensive. La campagne actuelle a été longuement préparée. Selon une source sécuritaire, Israël a encore « quelques surprises en réserve ». 

Le contre-espionnage iranien, « un service de sécurité surtout concentré sur les menaces intérieures »  

L’Iran, de son côté, a exécuté lundi 16 juin un homme reconnu coupable d’espionnage pour le compte du Mossad, a rapporté l’agence de presse semi-officielle Fars, l’identifiant comme étant Esmail Fekri. L’Iran a aussi affirmé avoir détruit dans la nuit des « cibles stratégiques » à l’aide de drones à Tel-Aviv et à Haïfa, la grande ville du nord d’Israël, et avoir notamment frappé le Mossad à Tel-Aviv. « Des attaques massives de drones, utilisant des armes nouvelles et avancées, ont commencé et s’intensifieront dans les heures à venir », a averti le général Kioumars Heidari, commandant des forces terrestres de l’armée, cité par la télévision. 

L’histoire dira si l’opération « Lion dressé » privera l’Iran de sa capacité à se doter de l’arme nucléaire, ce qu’elle-même dément convoiter. Mais elle fera date dans la liste des campagnes majeures des espions israéliens, tout comme l’opération menée en septembre 2024 lorsque le Mossad avait attaqué le Hezbollah libanais avec des bipeurs chargés d’explosifs. Selon les autorités libanaises, le bilan s’est élevé à 39 morts et des milliers de blessés, dont un grand nombre de civils, valant à Israël une pluie de condamnations. Auparavant, la liste des assassinats ciblés d’ennemis d’Israël avait déjà forgé depuis des années la réputation du Mossad

Alain Chouet, ex-numéro trois du renseignement extérieur français (DGSE), a confirmé samedi 14 juin que le Mossad pouvait « mobiliser beaucoup d’agents sur peu de sujets, quand les services occidentaux sont censés avoir une couverture planétaire ». En face, « le contre-espionnage iranien est un service de sécurité surtout concentré sur les menaces intérieures ». C’est le propre des dictatures qui préfèrent surveiller les opposants que de prévenir les menaces extérieures. D’où une désastreuse infiltration israélienne, dont se sont émus publiquement de hauts responsables iraniens, et que ne compensent pas les exécutions régulières de condamnés présentés comme des agents d’Israël. 

En Iran, les attaques israéliennes ont fait au moins 224 morts et plus d’un millier de blessés, selon le dernier bilan officiel, dimanche. Le bureau du Premier ministre israélien a recensé au moins 24 personnes tuées par les missiles et drones iraniens.

Avec RFI/AFP

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Réforme du code minier : rejouer le scénario Chakib Khelil sans Chakib Khelil ?

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mines
Les mines algériens sous convoitise

« Chaque époque a-t-elle son Chakib Khelil ? » La formule est mordante, mais pas gratuite. Postée sur les réseaux sociaux par Sofiane Djilali, président de Jil Jadid, au lendemain de l’adoption par l’Assemblée populaire nationale (APN) du nouveau projet de loi sur les activités minières, elle remet en perspective un débat que les autorités s’efforcent de contourner : celui du contrôle national sur les ressources stratégiques.

Car derrière l’enthousiasme officiel, la réforme soulève de sérieuses interrogations. Le texte, présenté comme un outil de modernisation du secteur minier et de diversification de l’économie, redéfinit en profondeur les modalités de participation des partenaires étrangers. Il fixe désormais à 20 % la part minimale que doivent détenir les entreprises algériennes dans les projets d’exploitation de nouveaux gisements.

Un seuil plancher que le ministre de l’Énergie, Mohamed Arkab, a tenu à présenter comme une « garantie » : « 20 % ne constituent pas une limite, mais une garantie », a-t-il assuré devant les députés, insistant sur le fait que les entreprises nationales gardent toute liberté de négocier une part supérieure avec leurs partenaires.

Une réforme votée en catimini

Pour les voix critiques, cette réforme s’est déroulée dans une discrétion jugée préoccupante, avec un texte adopté presque à huis clos par une Assemblée souvent perçue comme peu autonome. L’ensemble de la démarche semble s’inscrire dans une continuité de pratiques peu transparentes, en décalage avec les aspirations d’une société qui réclame plus de clarté et une véritable rupture avec les méthodes du passé.

Il est d’ailleurs utile de rappeler qu’un projet similaire, porté à l’époque par Chakib Khelil sous la présidence de Abdelaziz Bouteflika, avait été retiré face à la forte mobilisation de l’opinion publique.

La saillie ironique de Sofiane Djilali n’a rien d’un simple trait d’esprit : elle sonne comme un diagnostic implacable. Dans un style pince-sans-rire, le président de Jil Jadid dénonce la volonté des décideurs économiques actuels de rejouer le scénario Chakib Khelil sans Chakib Khelil.

Derrière le discours lissé de l’ouverture aux investissements étrangers, il pointe le risque d’un bradage méthodique des richesses nationales, maquillé sous les habits séduisants de la modernisation et de la compétitivité. Un rappel brutal que, sous couvert de réformes, le capital étranger pourrait bien être le principal bénéficiaire d’une souveraineté progressivement érodée.

Le parallèle avec la méthode de  « Monsieur énergie » (Chakib Khelil) du défunt Bouteflika n’est pas anodin. À l’instar de ce qui s’est joué dans les années 2000, les nouvelles orientations économiques prennent aujourd’hui appui sur le discours de la “modernisation”, de “l’attractivité” et de “la simplification”, mais au prix d’une souveraineté fragmentée.

Entre incitations et renoncements

Le gouvernement se défend en expliquant que la règle s’applique uniquement aux gisements encore inexplorés, où les partenaires étrangers assument les risques initiaux. Ce n’est qu’une fois le potentiel de rentabilité établi que les entreprises algériennes entrent officiellement dans les projets avec une part minimale de 20 %.

En apparence, il s’agit d’un “partage des risques”. En réalité, soulignent plusieurs experts, cette architecture juridique revient à laisser le contrôle effectif des gisements à des intérêts extérieurs, en limitant l’influence nationale aux marges. Certes, la loi ouvre la voie à des négociations pour porter la participation nationale au-delà du seuil minimal. Mais dans les faits, qui aura le pouvoir de négocier ? Et dans quel cadre ?

Un texte préparé de longue date, mais peu discuté publiquement

Mohamed Arkab a rappelé que la loi est le fruit de trois années de concertation avec les parties concernées, affirmant qu’elle vise à lever les blocages bureaucratiques, renforcer le contenu local, garantir la transparence et la protection de l’environnement.

Mais la critique ne porte pas sur la méthode, elle vise le fond : le désengagement progressif de l’État dans des secteurs stratégiques au nom d’un libéralisme économique qui, jusqu’ici, a souvent servi de prétexte à des réseaux opaques d’enrichissement.

La réforme mineure apportée à l’article 102 – qui remplace un plafond de 20 % par un plancher – n’a pas dissipé les soupçons. Pour Sofiane Djilali, elle reste « une concession de souveraineté maquillée sous le vernis de la modernisation », contraire à l’esprit même de la Constitution.

La mémoire du passé, le spectre du futur

Ce débat dépasse le secteur minier. Il réveille les traumatismes d’une décennie de scandales liés aux hydrocarbures, aux concessions de projets structurants et à une gouvernance économique fondée sur l’opacité. Ce passé encore récent incite à la vigilance.

Dans l’Algérie d’aujourd’hui, les mécanismes de contrôle démocratique restent faibles. L’APN, telle qu’elle fonctionne, n’offre ni contre-pouvoir ni espace d’expression pluraliste. Dans ce contexte, chaque réforme économique est lue à travers le prisme d’une méfiance persistante.

Quel cap pour la souveraineté économique ?

Le dilemme est clair : comment attirer l’investissement étranger sans brader les intérêts nationaux ? La réponse ne peut être exclusivement juridique. Elle suppose une vision stratégique claire, portée par un débat public réel, transparent, impliquant les forces vives du pays.

En tentant un exercice d’équilibre entre ouverture économique et maintien d’un ancrage souverain, le gouvernement s’expose à des critiques qui ne relèvent pas seulement de l’idéologie, mais d’une expérience historique douloureuse. L’exploitation des ressources nationales est une ligne rouge pour une large partie de la société – pas seulement pour des raisons économiques, mais parce qu’elle touche au cœur du pacte national.

En définitive, la question posée par Sofiane Djilali continue de hanter les débats : l’Algérie post-Bouteflika saura-t-elle éviter les errements de l’ère Chakib Khelil, ou en reproduit-elle déjà les logiques, sous un vernis neuf ?

Sofiane Ayache

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Salim Zerrouki : un regard graphique sur les fractures algériennes

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Salim Zerrouki
Photo Rita Scaglia

Salim Zerrouki est un artiste algérien né à Alger. Diplômé de l’École des Beaux-Arts de la capitale, il commence sa carrière dans le domaine de la publicité avant de se consacrer à la caricature et à la bande dessinée. Il crée le blog Yahia Boulahia, où il critique avec humour les dérives religieuses à travers un personnage salafiste fictif. L’année suivante, son œuvre Superman Barbu, exposée au Printemps des Arts de Tunis, provoque une vive controverse.

Son travail aborde des sujets tels que la migration, l’identité et le racisme, mêlant satire et expression graphique pour questionner les normes sociales et déconstruire les discours dominants. Parmi ses publications, on trouve 100% Bled, qui tourne en dérision le quotidien maghrébin, et Comment réussir sa migration clandestine, une œuvre ironique sur les parcours des migrants. En 2023, il s’installe en France et rejoint l’atelier des artistes en exil.

À travers ses créations, Zerrouki joue un rôle important dans la transmission de la mémoire collective algérienne. Dans Rwama, il retrace l’évolution sociale et politique du pays à travers l’histoire d’un immeuble emblématique, symbolisant le passage de l’utopie socialiste des années 1970 à la désillusion des décennies suivantes. L’artiste met en lumière les fractures sociales profondes qui traversent la société algérienne.

La bande dessinée devient pour lui un outil de réflexion et de témoignage, à la fois personnel et collectif. En mêlant éléments autobiographiques et approche documentaire, il impose une voix singulière dans le paysage artistique contemporain.

À travers ses dessins et récits, il met en évidence les travers des sociétés maghrébines. Yahia Boulahia illustre les absurdités de certaines interprétations religieuses à travers des fatwas fictives, tandis que Superman Barbu provoque le débat par sa posture irrévérencieuse. L’humour noir est une composante essentielle de son travail. Dans 100% Bled, il moque les comportements et les habitudes du quotidien – du mariage aux règles de conduite – avec une ironie mordante destinée à faire émerger une prise de conscience critique.

Les thèmes de la migration et de l’identité traversent l’ensemble de son œuvre. Comment réussir sa migration clandestine dépeint avec cynisme les épreuves rencontrées par les exilés et les barrières visibles ou invisibles auxquelles ils sont confrontés.

Depuis son arrivée en France, Zerrouki poursuit son engagement artistique dans un cadre nouveau. Il collabore avec d’autres artistes, anime des ateliers, notamment aux Saisies, et œuvre auprès des réfugiés, renforçant sa volonté de donner une voix aux marginalisés.

Dans Rwama, il documente les transformations profondes de l’Algérie en se servant de l’immeuble comme métaphore des mutations sociales, politiques et idéologiques du pays. Cette fresque témoigne à la fois des espoirs passés et des désillusions présentes, tout en soulignant les tensions persistantes de la société.

Le parcours de Salim Zerrouki est marqué par une combinaison subtile entre humour, critique sociale et mémoire. Sa pratique de la bande dessinée en fait un observateur incisif de son époque, engagé dans une démarche artistique à la fois personnelle et universelle.

Salim Zerrouki est une figure incontournable de la scène artistique algérienne contemporaine. Il interroge avec intelligence et ironie les réalités d’hier et d’aujourd’hui.

Dans cet entretien, il revient sur son parcours, ses engagements, et la manière dont il utilise la bande dessinée pour faire entendre des voix trop souvent oubliées.

Le Matin d’Algérie : Qu’est-ce qui vous a incité à choisir la bande dessinée comme moyen d’expression artistique ?

Salim Zerrouki : Je ne pense pas l’avoir vraiment choisie. Je suis tombé dedans à l’adolescence — je le raconte d’ailleurs dans Rwama. Depuis, je dessine.

Le Matin d’Algérie : Votre personnage Yahia Boulahia vous a offert une certaine visibilité, mais il a également suscité des réactions contrastées. Comment gérez-vous les critiques et les controverses autour de votre travail ?

Salim Zerrouki : Yahia est fait pour déranger. Les critiques, je les écoute quand elles sont sincères, même si elles piquent. Mais je ne vais pas lisser ce que je fais pour plaire à tout le monde. Si tout le monde vous aime, c’est probablement que vous ne dites pas grand-chose.

Le Matin d’Algérie : L’humour occupe une place essentielle dans votre œuvre. Selon vous, quelles sont ses limites lorsqu’il s’agit de dénoncer des problématiques sociales et politiques ?

Salim Zerrouki : C’est vrai, j’ai beaucoup utilisé l’humour jusqu’ici, mais je ne suis pas certain de continuer dans cette voie. Je fais partie de ceux qui ne rigolent pas de tout. Je ne pense pas qu’il existe des règles précises ou des lignes à ne pas franchir. Au contraire, s’il y a bien une chose à faire, c’est transgresser. Mais il faut savoir doser.

Le Matin d’Algérie : La migration et l’identité sont des thèmes récurrents dans vos bandes dessinées. Qu’est-ce qui vous pousse à les explorer aussi fréquemment ?

Salim Zerrouki : Ce sont des questions que je vis depuis toujours. Je suis confronté à ça constamment. En Algérie, on vit une crise identitaire profonde qu’on refuse souvent d’admettre, mais un jour ça explosera.

Le Matin d’Algérie : Votre installation en France a-t-elle modifié votre perception artistique ou influencé votre processus de création ?

Salim Zerrouki : Je ne suis pas installé en France depuis très longtemps, donc je n’ai pas encore assez de recul pour mesurer l’impact. C’est le pays de la BD, la culture a une vraie place, et l’artiste est considéré. Ça ouvre forcément des perspectives.

Le Matin d’Algérie : Avec Rwama, vous faites le récit de l’Algérie à travers l’histoire d’un immeuble. Pourquoi avoir choisi cette approche, et en quoi reflète-t-elle les évolutions de la société algérienne contemporaine ?

Salim Zerrouki : Cet immeuble, c’est l’une de mes plus grandes désillusions. J’étais super fier d’y habiter quand j’étais gosse. On avait eu de la chance : il était beau, moderne, hors du temps, hors cadre. Puis, je l’ai vu se dégrader sous mes yeux, lentement. Je l’ai vu agoniser. Exactement comme l’Algérie.

Le Matin d’Algérie : Avez-vous des projets en cours ou à venir ?

Salim Zerrouki : Oui. Je travaille sur une nouvelle BD autour des explosions nucléaires françaises dans le Sahara algérien. Mais… avec plein de surprises !

Le Matin d’Algérie : Un dernier mot peut-être ?

Salim Zerrouki : Liberté pour tous les détenus d’opinion algériens. Et que tombe le règne de l’armée. 

Entretien réalisé par Brahim Saci

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Le monde de Steinbeck en ses trois entrées

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John Steinbeck
John Steinbeck

Préambule. Si le lecteur amoureux de la littérature ou voulant y adhérer veut bien partager avec moi un moment d’immersion dans le monde de l’écrivain américain John Steinbeck, allons-y pour une série de trois grands classiques, Des souris et des hommes, Les Raisins de la colère et La perle.

Pourquoi John Steinbeck ? Comme je reconsolide le fond de culture qu’on a tous bâti par notre parcours de vie, scolaire puis de maturité, l’idée m’est venue dans ce partage de prendre appui sur l’actualité américaine.

John Ernest Steinbeck est né en 1902 à Salinas (Californie) d’un père employé et d’une mère enseignante. Cela avait suffi à son intelligence pour pouvoir accéder à la prestigieuse université de Stanford. Mais il l’a quitté pour divers emplois très modestes comme reporter, apprenti peintre, maçon et pour un temps très bref au quotidien New York American avant de retourner en 1926 à Salinas.

Pour la suite, nous retiendrons de lui une carrière de journaliste engagé et écrivain de la grande dépression. Tout en étant issu de la classe moyenne, donc hors de la condition sociale de ses personnages, il était assez instruit et intelligent pour puiser dans l’univers qu’il a côtoyé ses opinions futures et les traduire dans des chefs-d’œuvre.

Les succès se succèdent avec des titres qui ont atteint une notoriété mondiale dont ceux que j’ai choisi de présenter. Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1962 pour une œuvre qui allie humour et perception sociale. C’est paradoxal mais qui ne connaît pas les situations cocasses des personnages aux conditions sociales difficiles et à l’instruction inexistante ? Ce sont toujours des scènes tragi-comiques qui, comme la légende du clown triste, nous arrachent des larmes de tristesse que suivent celles du rire.

John Steinbeck est donc le grand écrivain de la fresque sociale de l’Amérique du début du 20 ème siècle lors de la grande dépression économique qui a vu s’abattre la misère sur la couche la plus défavorisée de la population américaine. Il est le peintre et le reporter de ce qu’on appelle partout dans le monde, le pays profond.

Et dans cette actualité de nos jours dont j’ai parlé, quelle autre source que les romans de Steinbeck pourrait mieux décrire la base électorale de Donald Trump ? Justement celle des déclassés, des gens généralement peu instruits pour les plus nombreux et vivant une crise de disparition des principales industries qui faisaient autrefois la puissance économique de l’Amérique. Nous revoilà au cœur du monde de Steinbeck.

Avec John Steinbeck nous avons la clé de compréhension d’un pays divisé en deux populations, au bord de la guerre civile et qui n’ont rien de commun. Une Amérique blanche, chrétienne, celle de ceux qui se sentent déclassés et  qu’on appelle les « petits blancs ». Celle de l’enracinement profond dans la religion et des valeurs qu’ils puisent dans le mythe des pères fondateurs de la nation américaine. Puis à l’opposé celle des grandes villes côtières des deux océans totalement inscrite dans la modernité et la mondialisation.

La différence est l’époque mais les personnages et les circonstances restent parfaitement similaires dans leur description et leur analyse. Cependant les personnages de Steinbeck sont nourris de tendresse malgré leur rudesse, ceux de l’Amérique profonde actuelle sont dans un gouffre de racisme, de bêtise sectaire et de violence contre les valeurs de la démocratie. Les personnages de Steinbeck sont reclus dans  leur condition et inexistants dans leur représentation politique, ceux qui suivent le gourou Donald Trump ont pris le pouvoir sur le pays et clament avec bruit et fureur leur domination.

Steinbeck n’est pas dans la description de l’opposition entre les populations locales et celle de l’immigration. Ni même dans la dimension de la fracture territoriale. Bien que tout cela ait toujours existé dans ce pays et que John Steinbeck l’évoque en toile de fond, sa fresque est inscrite dans l’actualité de sa période. Il est l’écrivain de la réalité sociale comme le furent en Europe, Emile Zola et certains autres.

Pourquoi le choix des trois romans annoncés au début alors que le romancier américain totalise un nombre de titres très important ? 

Tout simplement parce que j’y vois trois situations essentielles décrivant le monde et les personnages de John Steinbeck qui sont un parfait résumé de toutes celles qui sont dispersées dans les autres romans.

Dans notre premier roman, Des souris et des hommes, un personnage central, Lennie Small, un faible d’esprit, tendre tout autant que dangereux par son inconscience à faire du mal. Nous le rencontrerons dans le premier article qui inaugure cette série qui suit ma présentation initiale.

Les Raisins de la colère, le plus connu des romans, un succès mondial boosté par une merveilleuse adaptation au cinéma que peu de gens de ma génération ont raté vu le nombre important de rediffusions. 

Dans ce roman nous sommes dans une globalisation de personnages à travers une famille qui s’exile pour fuir l’extrême misère de la campagne. À l’intérieur de cette globalité, l’auteur la compose de plusieurs personnages qui reprennent en chacun une singularité comme celle de Lennie, avec chacun son propre désespoir, de soumission ou de révolte.

Avec La perle, si nous restons dans le cadre du milieu très modeste des écrits de Steinbeck, il s’agit cette fois-ci d’une histoire aux enseignements plus philosophiques. Que se passe-t-il lorsque la pauvreté rencontre subitement la richesse qui « lui tombe dessus » ? Dans les deux autres romans cette richesse est celle rêvée et fantasmée par des démunis. Qu’arriverait-il si le rêve se réalisait ?

Nous ferons donc ce voyage dans le monde de Steinbeck dans les trois parties qui suivent, dans l’ordre que j’ai dévoilé par deux fois dans ce préambule.

Boumediene Sid Lakhdar

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Donald Trump appelle Téhéran à une «capitulation sans conditions»

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Proche-Orient

Les événements s’accélèrent au Proche-Orient. Après avoir quitté dans la précipitation le sommet du G7, Donald Trump s’est fendu d’une déclaration grave contre l’Iran et court au secours d’Israël.

Donald Trump foule au pied encore une fois le droit international et impose la loi du plus fort. Celle des Etats-Unis. Israël et l’Iran se sont de nouveau attaqués ce mardi 17 juin alors que les affrontements entre les deux pays ne montrent aucun signe d’apaisement, suscitant l’inquiétude croissante de la communauté internationale. Le président américain a déclaré que les États-Unis savaient parfaitement où se trouvait le guide suprême iranien. Donald Trump appelle Téhéran à une « capitulation sans conditions ».

Donald Trump affirme que les Etats-Unis savent où « se cache » Ali Khamenei. Le président américain a précisé sur son réseau Truth Social, que les Etats-Unis ne comptaient pas « l’éliminer (le tuer !), du moins pour le moment »« Mais nous ne voulons pas que des missiles soient tirés sur des civils ou des soldats américains », a ajouté le président américain. Dans un autre message lapidaire, le président américain appelle également à une « capitulation sans conditions », sans plus de précision sur ce qu’il entendait. Cette déclaration vient abonder celle de Benyamin Netayahou qui a soutenu que l’élimination de Khamanei mettra fin au conflit.

Preuve de la probable entrée en guerre des Etats-Unis, les bombardiers lourds américains B-52H, capables de transporter des charges nucléaires ou d’autres munitions à guidage de précision, stationnés ce lundi sur une base de l’Océan indien; selon des sources médiatiques.

Après une nouvelle nuit de frappes Israël et l’Iran se sont de nouveau attaqués mardi alors que les affrontements entre les deux pays ne montrent aucun signe d’apaisement. L’armée israélienne a annoncé avoir tué un haut commandant des Gardiens de la révolution, Ali Shadmani. Tandis que Téhéran dit avoir notamment touché deux centres du renseignement israélien.

Les Etats-Unis « savent exactement où se cache le soi-disant « guide suprême » iranien », l’ayatollah Khamenei, a affirmé mardi Donald Trump sur sa plateforme Truth Social, avant de préciser qu’ils ne comptaient pas « l’éliminer (le tuer!), du moins pour le moment ». Donald Trump a par ailleurs exigé une «capitulation sans condition » de l’Iran.

Le général de division Abdolrahim Mousavi, chef d’état-major des forces armées iraniennes, fait sa première apparition aujourd’hui et déclare : « Toutes les opérations que nous avons menées jusqu’à présent étaient des opérations limitées, à des fins d’avertissement et de dissuasion. Une véritable action punitive décisive sera bientôt menée contre le régime sioniste, avec l’aide de Dieu Tout-Puissant. Tous les colons doivent immédiatement quitter Tel-Aviv et Haïfa. »

Les Téhéranais fuient la capitale en masse

Les habitants de Téhéran ont fui la ville en masse depuis le début des attaques israéliennes pour se mettre à l’abri, mais ils rencontrent d’autres problèmes une fois arrivés à destination, raconte notre correspondant dans la capitale iranienne, Siavosh Ghazi. Contrairement à Israël, il n’y a pas de système d’alerte ni d’abris en Iran qui compte près de 90 millions d’habitants. Pour se mettre à l’abri, les Iraniens n’ont qu’un choix : partir. Principale cible des frappes israéliennes, Téhéran, qui compte plus de 10 millions d’habitants, s’est vidé de sa population depuis 72 heures. Des centaines de milliers de personnes, voire plusieurs millions, ont quitté la capitale.

Mais partir ne règle pas tous les problèmes. Bien au contraire. Avec ces déplacements en masse, le nombre des habitants de certains villages ou villes, notamment le long de la mer Caspienne, est multiplié par trois, cinq voire plus. Cela pose d’énorme problème dans ces régions, notamment pour fournir du pain ou de l’essence à toutes ces populations, alors que rien n’avait été prévu.

Un exemple parmi d’autres : dans un village, alors que la boulangère utilise habituellement 70 kilos de farine pour faire du pain, il lui faut désormais six fois. Idem pour l’essence qui est désormais rationnée. Chaque automobiliste ne peut obtenir que 30 litres d’essence par automobile, ce qui pose d’énormes problèmes à la fois pour les locaux et ce qui sont partis pour trouver refuge dans des zones plus sûres.

La rédaction avec agences

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À Batna, une signalétique en tifinagh… sans queue ni tête 

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Welcom to Batna

Une simple pancarte aurait pu incarner l’ouverture culturelle et linguistique. Mais à Batna, la tentative d’affichage bilingue s’est transformée en maladresse linguistique flagrante. À l’entrée de la ville, une grande banderole souhaite la bienvenue aux visiteurs avec une traduction supposée de « Welcome to Batna City »… en tifinagh. Problème : pour les locuteurs et lecteurs de tamazight, cette inscription n’a strictement aucun sens.

La transcription affichée, mélange approximatif de lettres en tifinagh censées rendre phonétiquement l’anglais « Welcome to Batna City », donne une lecture absurde, du type : « Wlcham ta Batna Chity ». Ni tamazight, ni arabe, ni anglais, mais un agencement sans logique linguistique – ni esthétique.

Une erreur révélatrice

L’erreur va bien au-delà du simple détail graphique. Elle met en lumière un rapport encore trop superficiel à la langue amazighe, pourtant reconnue langue nationale puis officielle dans la Constitution algérienne. Loin d’un hommage, cette tentative ratée trahit un usage décoratif de la langue, souvent sans consultation des spécialistes ou locuteurs natifs.

Selon les connaisseurs, la formulation correcte en tamazight (variété chaouie) devrait être la suivante :

ⴰⵏⵚⵓⴼ ⵢⵉⵙⵡⴻⵏ ⴷⵉ ⵜⴱⴰⵜⴻⵏⵜ

soit « Anṣuf yiswen d Tbathent »

traduction claire et correcte de « Bienvenue à Batna ».

Des citoyens réclament un correctif

Sur les réseaux sociaux, des habitants de la wilaya expriment leur colère et leur embarras face à ce qu’ils considèrent comme une « faute humiliante ». Plusieurs pages locales, relayées par l’Union des pages de Batna (#إتحاد_صفحات_باتنة), appellent les autorités à intervenir rapidement pour corriger la pancarte et faire preuve d’un minimum de rigueur et de respect.

« Ce genre d’erreurs donne l’impression que la langue amazighe est un simple ornement qu’on utilise sans même chercher à la comprendre », écrit un internaute.

Une occasion manquée… à réparer

Ce n’est pas la première fois qu’une signalétique officielle échoue à rendre justice à la diversité linguistique du pays. Mais à l’heure où l’amazigh est censé trouver sa place dans l’espace public, ce genre de bévues renforce le sentiment d’un désintérêt institutionnel ou d’un amateurisme tenace.

Des voix s’élèvent donc pour que des experts – enseignants, linguistes, membres de la Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA) – soient systématiquement sollicités dans la mise en place des panneaux publics en tamazight.

Au lieu d’un faux-pas, cette bévue pourrait devenir un point de départ pour repenser la place réelle de l’amazigh dans l’espace public. À condition que les autorités entendent le message.

Djamal Guettala  

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