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samedi 20 septembre 2025
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L’Algérie et la montagne de Sisyphe

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Chronique Naufrage

L’Algérie et la montagne de Sisyphe

Chaque  jour, chaque heure, chaque instant, il y a des nouvelles qui s’annoncent en Algérie. Et qui sont pour la plupart négatives, malheureuses.  Les bonnes nouvelles sont très rares comme des miracles.

Le pays devient ainsi un musée d’inspiration à ciel ouvert pour les journalistes, les artistes, ou tout simplement pour les  maîtres du bavardage dans les cafés et trottoirs.

Chaque mois est un condensé de problèmes, de catastrophes, et  de hontes. On peut imaginer l’Algérie comme une montagne. Pas n’importe laquelle.  Une montagne nue et nourries de pièges. Oui, c’est bel et bien la montagne de Sisyphe. En bas, il y a l’Algérien qui   roule éternellement un rocher qui, posé au sommet de la montagne, glisse de l’autre versant.

Le citoyen sisyphien est en bas, adossé sur le rocher.  La mauvaise nouvelle vient de secouer le pays : le choléra a touché l’Algérie qui se croyait invincible. L’eau en est la cause principale. Un pays qui a plus de 1000 km de littoral, des rivières, des lacs, des nappes, a encore un problème d’eau dans un siècle où l’Autre la cherche sur Mars.  Les responsables parlent de maladie étrange pour étouffer cette catastrophe dont la cause est humaine. Pour eux, le choléra n’est qu’un mot choisi pour un titre de roman. L’Algérien roule le rocher vers le haut.

Il arrive au sommet après une longue torture. Une autre nouvelle s’annonce. Un scorpion donne la mort à une femme après l’avoir piquée. Le ministre de la santé, tel un expert en biodiversité, conseille les Algériens de s’adapter à leur environnement car un animal n’attaque que lorsqu’il est menacé. Son discours utopique cache la misère des hôpitaux publics qui, ravagés par mille désordres, n’arrivent pas à sauver une vie et ne servent qu’annoncer une mort. L’Algérien roule le rocher vers le bas.

En bas, il sue et soupire  face à cette montagne malheureuse. Encore une mauvaise nouvelle. Une fillette a été assassinée, après avoir été enlevée et  violée. Le kidnapping est à la mode. En Algérie, le polar n’a pas de succès en tant que genre romanesque universel ; ici, kidnapper, voler, violer, tuer,  sont devenus des verbes simples, repentis, dénudés de toute violence. La mort d’un enfant ne dérange personne parce qu’il n’a pas de carte électorale. L’Algérien roule le rocher vers le haut.

Arrivé au sommet, il prend un peu d’air et regarde la montagne d’en haut comme dans un documentaire. Elle est belle et couverte de fleurs. Vue d’en bas, elle est misérable et malheureuse. Une autre mauvaise nouvelle s’annonce. Quelques goutes de pluie ont fait des inondations dans certaines villes du pays.   Les responsables accusent cette fois le climat qui change brusquement, pour cacher l’absence d’un bon réseau d’assainissement et d’une structure souterraine puissante. Les constructions algériennes n’ont pas de racines ; elles ressemblent à des boites en carton collées au sol, tout comme dans les maquettes  d’architecture avant la construction. L’Algérien roule le rocher vers le bas.

Il se tient debout. Une autre nouvelle ne lui laisse même pas le temps de respirer. Le film « Fragments de rêves » a été interdit de projection lors de rencontres  cinématographiques en Algérie. Le film sur Larbi Ben Mhidi a été interdit aussi. Des raisons ? Il s’agit de censure, et la censure n’a pas de raisons. Elle a plutôt des prétextes ! Et paradoxalement, l’Algérie, pays qui censure les films et ferme les salles, organise des festivals internationaux de cinéma  avec des budgets énormes. Dans un pays où la culture islamiste se propage tranquillement, tout ce qui est beau est interdit. L’Algérien roule le rocher vers le haut.

En haut, une mauvaise nouvelle lui interdit de se reposer. La rentrée scolaire est arrivée avec un amas de problèmes comme d’habitude. La surcharge des classes pousse le ministère de l’Education à utiliser des chalets préfabriqués en guise de salles.  Ce n’est pas grave : l’élève algérien n’a pas une bonne école, mais a de merveilleuses mosquées dans sa ville où il découvre confort et paix. En revanche, le ministère compte fournir, avec ces conditions misérables, un enseignement aussi meilleur que celui du Canada ou du Singapour. L’Algérien roule le rocher vers le bas.

Les nouvelles pullulent. L’Algérie connait au jour le jour  des malheurs, des catastrophes, et des hontes. L’Algérien ne se repose pas. Il roule son rocher, sans espoir et sans désespoir.  Il s’est déjà adapté à cette malheureuse MONTAGNE, et elle s’est habituée à lui aussi. Il ne pense jamais au suicide. La torture du rocher lui est devenue une activité existentielle, un besoin de survie.   Et comme il faut imaginer Sisyphe heureux (Camus : le Mythe de Sisyphe), il faut imaginer l’Algérien heureux.

Le mythe de Sisyphe colle parfaitement à l’Algérie. Peut-être que Sisyphe est de nationalité algérienne.

Auteur
Tawfiq Belfadel, écrivain-chroniqueur

 




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30 000 étudiants algériens inscrits dans des universités françaises

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EMIGRATION

30 000 étudiants algériens inscrits dans des universités françaises

Les étudiants algériens en France sont parmi les plus nombreux à étudier en France avec un nombre de 30.521 contre 26.116 en 2017, selon les nouvelles données de Campus France, publiées vendredi.

Dans le top 25 de 2017, l’Algérie occupait le 3e rang après le Maroc et la Chine avec +10 % en évolution des effectifs de 2011 à 2016.

Dans le nouveau classement, elle passe au 2e rang derrière le Maroc (39.855) et devance la Chine (30.071) pour un total de 343.400 étudiants étrangers ayant choisi la France pour suivre des études pour l’année universitaire 2017-2018. Les étudiants tunisiens sont à la 5e place avec un nombre de 39.855.

Selon Campus France, l’attractivité de la France auprès des étudiants étrangers pour cette année universitaire a enregistré une hausse de 4,5 % par rapport à la précédente.

Les pays qui reçoivent le plus d’étudiants étrangers restent les Etats-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni, rappelle-t-on.

Les données de Campus France montrent également que les étudiants africains sont de plus en plus nombreux en France, dont l’une des raisons reste la langue, précisant par ailleurs que près de 70 % des étudiants étrangers choisissent leur cursus une fois arrivés en France et 49 % d’entre eux optent pour la licence, 41 % pour le master et 10 % sont inscrits pour le doctorat.

Campus France indique dans son document que ces étudiants choisissent généralement en premier lieu les filières sciences et médecine (37 %), les lettres, langues et sciences humaines et sociales (32 %), l’économie et la gestion (20 %) et, en dernier lieu, le droit et les sciences politiques (12 %).

Auteur
APS

 




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Le soleil se cache pour mourir

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LE COIN DES POETES

Le soleil se cache pour mourir

Les hirondelles ont disparu du printemps

Le soleil se cache pour mourir

La nuit a fini par le nourrir

Du froid et du noir flottant.

 

Les coquelicots pleurent leur champ

Sous les figues sans feuilles

Sous les ruches sans abeilles

Que reste-t-il de mon printemps ?

 

Le temps s’est arrêté de tourner

Les aiguilles ne se mettent plus à danser

Les voix gardent bigrement le tacet

Au pays de l’oubli, les âmes ont séjourné.

 

Les rides se succèdent sur le visage fané

Privé d’un sourire, servilement volé

Ses maigres espoirs, doucement s’étioler

Vulnérable, il voit ses rêves profanés.

 

Bachir Djaider

Jeudi 11 octobre 2018

Cet espace est le vôtre ami(e)s poète(esse)s. Nous vous le réservons pour la publication de vos poèmes avec votre illustration.

Auteur
Bachir Djaider

 




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Sept Palestiniens tués à Gaza, Israël coupe les livraisons de fioul

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PALESTINE

Sept Palestiniens tués à Gaza, Israël coupe les livraisons de fioul

Israël a ordonné l’arrêt des livraisons de fioul à la bande de Gaza en réaction à une nouvelle journée de violences à la frontière entre l’Etat hébreu et cette enclave palestinienne où sept Palestiniens ont été tués vendredi.

Gaza, soumise à un strict blocus israélien depuis plus de dix ans, a reçu cette semaine des livraisons de fioul payées par le Qatar, l’un des principaux soutiens du Hamas islamiste, au pouvoir à Gaza.

Ces livraisons destinées à la seule centrale électrique de Gaza avaient pour objectif de faire baisser les tensions alors que les Gazaouis manifestent depuis le 30 mars contre le blocus israélien, le long de la barrière séparant leur territoire d’Israël.

Vendredi, sept Palestiniens ont été tués lors de manifestations et d’affrontements avec les soldats israéliens, a affirmé le ministère gazaoui de la Santé.

Quatre des victimes ont perdu la vie à l’est du camp de réfugiés d’al-Bureij (centre de l’enclave palestinienne), et trois autres à l’est de la ville de Gaza et près de Rafah (sud), selon le ministère.

Les sept hommes étaient âgés de 17 à 29 ans, a-t-il précisé. Au moins 205 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens depuis le 30 mars, et un soldat israélien a trouvé la mort.

Selon l’armée israélienne, environ 14.000 Palestiniens se sont rassemblés vendredi en différents points de la frontière.

« Un certain nombre d’assaillants se sont dirigés vers une position de l’armée israélienne. Les soldats israéliens ont tiré dans leur direction. Les assaillants ont été tués », a-t-elle dit dans un communiqué.

Une vingtaine de Palestiniens ont mené « une attaque organisée » et ont traversé la barrière de plusieurs mètres de haut séparant Gaza et Israël après avoir lancé un engin explosif, a affirmé sur Twitter le porte-parole de l’armée israélienne, Jonathan Conricus.

Cinq d’entre eux ont ensuite tenté d’attaquer une base de l’armée et ont été tués, a-t-il précisé.

« Graves événements » 

Cette nouvelle journée de violence a décidé le gouvernement israélien à mettre fin aux livraisons de fioul à Gaza, fruit de l’accord conclu sous les auspices de l’ONU.

En vertu de cet accord, six camions transportant 450.000 litres de combustible avaient franchi mardi Kerem Shalom, le seul point de passage pour les marchandises entre Israël et Gaza, selon un responsable palestinien.

A la suite des « graves événements » de vendredi, « le ministre de la Défense (israélien) a ordonné l’arrêt immédiat des livraisons de carburants à la bande de Gaza », a affirmé dans un communiqué le bureau du ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman.

« Vendredi matin, quatre camions citerne venant d’Israël ont livré du fioul et après cela, des émeutes se sont produites. Il y a eu une grave tentative de forcer la frontière (israélienne) et d’attaquer des soldats », a indiqué M. Lieberman.

Il a ensuite accusé le Hamas de « continuer à faire l’éloge des auteurs d’attentats terroristes ».

Le carburant livré par le Qatar devait renforcer la production de la centrale électrique de l’enclave et permettre ainsi l’augmentation du ravitaillement en électricité des Gazaouis, qui reçoivent actuellement environ quatre heures de courant par jour.

A Doha, un responsable qatari a déclaré que cette livraison était destinée « à éviter une aggravation de la catastrophe humanitaire à Gaza » et qu’elle n’avait aucune « motivation politique ». 

Après une relative accalmie, les dernières semaines ont vu une recrudescence de la mobilisation palestinienne contre le blocus israélien imposé à Gaza. De leur côté, l’ONU et l’Egypte cherchent à favoriser une trêve durable entre Israël et le Hamas.

La bande de Gaza a connu trois guerres depuis 2008 entre Israël et le Hamas. Environ 80% de ses quelque deux millions d’habitants sont tributaires d’une aide, selon l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).

Auteur
AFP

 




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Une fausse crise à l’APN pour éluder la vraie question

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DESINTOX

Une fausse crise à l’APN pour éluder la vraie question

La seule vraie crise que vit le pays est celle créée par ce président malade et inapte à diriger l’Algérie

Les décideurs algériens ont de tout temps agi ainsi : pour éluder une vraie question, ils créent une fausse crise, et le tour est joué.

Si nous étions vraiment dans un pays démocratique, nous n’en serions pas là, aujourd’hui, à se demander si le président de l’APN, Saïd Bouhadja, tombera, ou ne tombera pas. A six mois des élections présidentielles, nous en sommes, normalement, à nous demander quels sont les candidats les mieux placés pour passer au second tour.

Hélas ! Nous sommes dans un pays où l’autocratie a encore de beaux jours devant elle et où les citoyens sont tenus en haleine par des futilités. Que Saïd Bouhadja parte, ou qu’il reste au perchoir, c’est du pareil au même. D’ailleurs, lui et ses détracteurs affirment tous qu’ils roulent pour le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika. Les vrais enjeux sont donc ailleurs.

Les décideurs algériens semblent avoir besoin de temps. Apparemment, ils n’ont pas encore tranché la question du cinquième mandat. D’où leur recours à la diversion, comme au bon vieux temps.

Les Algériens de plus de 50 ans se souviennent très bien, en effet, de l’affaire Cap Sigli. Alors que le président Houari Boumediene était mourant et qu’il fallait organiser ses obsèques dans les meilleures conditions, un avion marocain est entré en territoire algérien et a largué des armes et des munitions, selon la version officielle. Une diversion qui fera date.

Plus récemment, ayant eu vent d’une marche populaire qui se préparait dans une localité de la wilaya de Bouira, les autorités locales n’ont pas trouvé mieux que de lancer une alerte sur un possible débordement des eaux du barrage de Koudiet Acerdoune, poussant ainsi les citoyens à se tenir prêts à fuir vers les sommets des montagnes environnants , au cas où…

Et ça marche à tous les coups. La preuve, à la télévision, à la radio ou dans la presse écrite, on ne parle que de la crise à l’APN, alors que le débat de l’heure aurait dû tourner principalement, pour ne pas dire exclusivement, autour des élections présidentielles d’avril 2019. Diversion quand tu nous tiens !

Auteur
Ahcène Bettahar                                            

 




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Faute d’autorisation, Mouwatana annule sa conférence nationale

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DERNIERE MINUTE

Faute d’autorisation, Mouwatana annule sa conférence nationale

Encore un rendez-vous politique interdit par le pouvoir. Dans un communiqué au vitriol, Mouwatana informe que le Ministère de l’Intérieur « n’a pas daigné répondre à la demande d’autorisation pour tenir la « Conférence nationale de la Citoyenneté » que devait organiser ce Mouvement. Du coup, il annonce la suspension de cet événement politique.

Mouwatana qui voulait faire les choses dans les règles de l’art a introduit dès le 13 septembre une demande en passant sous le nom du parti Jil Jadid auprès des services de la wilaya d’Alger. Seulement leur courrier est resté lettre morte. Aucune réponse n’a été fournie par la wilaya.

« Le « ni oui, ni non » de l’administration révèle la lâcheté du pouvoir qui ne peut ni ne veut assumer ces actes de déni du droit », écrit Zoubida Assoul, la porte-parole de Mouwatana. Elle estime très justement d’ailleurs, eu égard au nombre d’interdictions de manifestations publiques que « les partis d’opposition sont ainsi mis en « résidence surveillée » ».

Le communiqué ajoute qu' »après la matraque et les menottes, le pouvoir passe à l’interdiction de toute activité partisane par voie administrative ». Puis d’ajouter que « la conférence est annulée ».

Bien entendu, cette interdiction n’empêchera pas les porte-voix du pouvoir de clamer sur tous les plateaux télé « les formidables avancées démocratiques sous l’oeil avisé de Fakhamatouhou ». 
 

Auteur
Yacine K.

 




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Bernard Bajolet appelle à l’ouverture des archives du FLN détenues en Algérie

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Après ses déclarations sur le président Bouteflika

Bernard Bajolet appelle à l’ouverture des archives du FLN détenues en Algérie

L’ancien ambassadeur et patron de la DGSE, Bernard Bajolet étrille Ahmed Ouyahia et Djamel Ould Abbès avec deux phrases assassines. Puis revient dans un entretien accordé au magazine Jeune Afrique sur l’Algérie et toutes les questions qui ont découlé de son livre sorti chez Plon.

Il est évident qu’encore une fois Bernard Bajolet enfonce les portes ouvertes en parlant de la situation en Algérie. Ce qu’il réitère ici a été dit et répété depuis plusieurs années dans la plupart des journaux algériens. L’ancien ambassadeur reste nuancé sur les relations algéro-françaises, Il estime d’ailleurs, – à cause du poids de la colonisation seulement ou pour des raisons d’intérêts économiques ? – que « les Français ont du mal à s’exprimer sur ces sujets sensibles, compte tenu du passé. Sur le plan diplomatique, ils restent extrêmement prudents. »

A la question sur le blocage économique, il répond : « Mon sentiment profond est que la situation n’a pas changé. Le constat sur la corruption qui touche jusqu’au sommet de l’État – que j’évoquais dans un télégramme qui a été divulgué par WikiLeaks – n’a pas fondamentalement changé. »

Le sujet sensible des archives de la révolution a été lui aussi évoqué mais prudemment. Bernard Bajolet a ainsi affirmé qu' »il serait souhaitable que les archives du Front de libération nationale (FLN) soient ouvertes, dans la mesure où nous avons ouvert les nôtres. » A ce sujet, il y a lieu de souligner que si les autorités algériennes réclament toujours à cor et à cri le rapatriements des archives de France,  celles du MALG restent inaccessibles aux chercheurs. Comme d’ailleurs celles des sept wilayas. Et dire que les dirigeants de l’ALN/FLN ont écrit une abondante correspondances et rapports de toutes sortes à partir du congrès de la Soummam. 

Il ajoute : « Les autorités algériennes souhaitaient devenir dépositaires des archives françaises de l’époque coloniale. Nous avions refusé car celles-ci sont des archives de souveraineté. En revanche, nous étions prêts à fournir à Alger les fac-similés ou copies de ces documents. Après un long débat, un accord a fini par être trouvé. Tout finit par trouver une solution mais cela prend parfois du temps. »

Concernant les attaques d’Ahmed Ouyahia et Djamel Ould Abbès qui l’avait qualifié de « petit barbouze », Bernard Bajolet semble s’en amuser. Mi-moqueur, il assène : « Cela ne m’a pas surpris, mais je pensais que les réactions seraient d’un meilleur niveau. Cela ne me touche pas qu’on me traite de « petite barbouze » ou de « mercenaire déguisé en diplomate ». Je préfère ne pas commenter… »

Auteur
La rédaction

 




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Migrations : l’internationalisme entre l’inévitable et l’impossible

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DECRYPTAGE

Migrations : l’internationalisme entre l’inévitable et l’impossible

La question des flux migratoires s’invite désormais au cœur des débats politiques électoraux dans les pays du Nord et bouleverse les équilibres politiques établis. Partout les forces politiques qui suggèrent de favoriser l’arrivée de migrants sont désavouées. La vague de réticence, de l’Europe de l’Est, à la Grande–Bretagne et l’Italie, en passant par les États-Unis ou le Québec, déferle et déstabilise les pouvoirs en place. La cohésion de l’Union européenne est mise à mal par des pays qui n’hésitent plus à s’afficher en désobéissance, et l’affolement gagne ses dirigeants à l’approche des prochaines élections.

Le malaise s’installe à gauche, tiraillée de longue date entre une approche de solidarité internationaliste et une vision cosmopolite et sans-frontiériste autorisant tout citoyen à circuler et s’installer à sa guise où bon lui semble.

Les premiers, se réclamant du marxisme, refusent une mondialisation libérale écrasant les acquis sociaux formés dans des trajectoires nationales et souhaitent un régime de coordination internationale dans lesquels les États seraient suffisamment maitres de leur développement pour honorer leurs engagements. L’internationalisme procède d’une démarche de solidarité de luttes et de combats entre acteurs imprégnés de mêmes valeurs, et se distingue de la charité ou de l’humanitaire qui relèvent de l’assistance aux victimes. Il a emprunté tout au long du XXème siècle plusieurs formes majeures et s’inscrit dans une longue histoire de solidarité internationale puisant ses sources dans l’antifascisme, les luttes de décolonisation, de façon moins heureuse dans le soutien sans faille à la diplomatie soviétique, et dans l’aide aux forces anti-islamistes luttant contre l’intégrisme religieux.

Les seconds, considérant l’État-nation en voie d’être dépassée par le mouvement de mondialisation, portent un projet de citoyenneté mondiale et font du migrant le vecteur de cette aspiration et insistent sur les valeurs humaines de charité et d’accueil de personnes en situation de détresse.

Bref, les uns se proposent de tisser des liens de combats pour aider des peuples à changer de gouvernement, alors que les autres les invitent à changer de pays pour changer de vie. Les uns portent un projet de développement pour ces peuples, les autres semblent y avoir renoncé en faisant croire que le nomadisme planétaire en tiendra lieu. Ces approches ne sont pas nouvelles. La montée des flux migratoires exacerbe leurs frictions.

Évidemment ces mouvements de populations accompagnent le libéralisme mondialisé et en constituent l’un des aspects. Pour l’essentiel ces personnes qui aspirent à frapper à nos portes relèvent de deux statuts que le droit international a longtemps mis à distinguer et qu’il importe de maintenir comme un acquis.

Migrants et demandeurs d’asile

D’abord, la masse d’entre eux, les migrants qui veulent rectifier l’une des plus forte inégalité qui prévaut dans le monde d’aujourd’hui, celle de leur lieu de naissance. L’émigration est structurellement encore inévitable pour longtemps car elle s’inscrit dans de profondes inégalités sociales où la moitié la plus pauvre de la planète observe à travers la petite lucarne télévisée l’autre moitié vivre dans ce qui lui paraît être un luxe inaccessible et se demande quelle est la fatalité qui l’a fait naître au mauvais endroit. La grand-mère cambodgienne qui s’échine à trouver du bois de feu pour faire cuire le riz du soir a vite compris que le souci de la grand mère américaine est de savoir si l’eau de la piscine sera assez chaude pour accueillir ses petits-enfants qui viendront la visiter le prochain week-end.

C’est violent et cela ne peut engendrer qu’un désir de partir dans l’espoir d’une vie meilleure. Ce sont avant tout des victimes de la misère, d’insécurité, de perte d’espoir, de catastrophes, de guerres, … dont la majeure partie aboutit dans d’immenses camps de déplacés, fort heureusement pris en charge par les Nations unies, qui s’apparentent à des zoos où l’on est nourri, logé, soigné et éduqué mais sans perspective de pouvoir en sortir avant des années. Une minorité, après un parcours éprouvant arrive jusqu’à nos portes, démunie de visa ou de tout papier, en situation irrégulière et se heurte alors à un second parcours non moins éprouvant. Ils forment la masse de ceux qui frappent à nos portes.

Ensuite, les demandeurs d’asile dont la particularité est aujourd’hui reconnue et qui cherchent à sauver leur vie. Il s’agit de combattants qui ont souvent connu la répression et viennent chercher chez nous répit et abri, souvent pour y poursuivre leurs luttes. Grâce à de longues luttes, leur statut et leurs droits se sont améliorés et ils bénéficient aujourd’hui de dispositions particulières les protégeant et qui font obligation aux États de les respecter dès lors qu’ils satisfont aux critères exigés. Beaucoup de migrants cherchant à se prévaloir de ce statut sont déboutés et restent sans droits, grossissant la masse des sans-papiers et survivant dans l’attente d’une prochaine vague de régularisations. Les réfugiés politiques doivent bénéficier d’une solidarité sans faille. Par définition leur nombre est imprévisible, puisqu’il dépend des aléas de la conjoncture politique d’autres pays, mais il est très inférieur à celui des migrants.

Inévitables à cause du système mondial

La lucidité oblige à reconnaître que la logique du système économique mondial favorise la multiplication des migrants et que l’instabilité politique qui gagne nombre de pays fabrique des demandeurs d’asile. Finance et multinationales ont depuis longtemps pris le monde comme un terrain de jeu pour y déployer leurs activités, se jouant des frontières pour faire ailleurs ce qui devient interdit chez eux. Il s’agit de rapprocher capitaux et travailleurs sans droits. Délocalisations d’une part, filières migratoires d’autre part deviennent les deux faces de la même médaille qui consiste à contourner les contraintes des acquis sociaux. Les hommes réduits à leur activité de producteur – exploitable – ou de consommateur sont interchangeables. Cette logique conduit à rendre des centaines de millions d’hommes, voire plus, à devenir sans intérêt et inutile pour le capital.

Faut-il accompagner cette mondialisation ? Faut-il encourager ces régimes qui n’ont plus comme modèle que l’Arabie saoudite, c’est-à-dire une classe corrompue pillant les richesses nationales, poussant leurs ressortissants à s’expatrier pour éviter les besoins à satisfaire en santé, éducation, logement, alimentation. Ce modèle se répand à travers le monde traduisant un renoncement au développement. Les flux migratoires, composante structurelle de l’économie mondiale, sont devenus inévitables.

Mais également impossibles

La montée de leur rejet dans les pays occidentaux témoigne d’un profond malaise. On pourra multiplier à l’envi les études sur les avantages socio-économiques de ces mouvements de population, sans faire bouger les lignes. C’est ne pas comprendre que si les hommes sont égaux cela ne signifie pas pour autant qu’ils sont interchangeables. Ce serait les réduire à leur seule composante économique de producteur/consommateur sans considération pour les autres aspects de leur personnalité qui ne peuvent entrer dans aucune comptabilité. Ils ont une histoire singulière, un enracinement, une langue, des croyances, des habitudes vestimentaires ou culinaires, bref des coutumes et des cultures qui diffèrent de celles de leur pays d’accueil. On pourra toujours alléguer que les chiffres de flux sont faibles par rapport à la population totale, mais ce serait oublier qu’il s’agit de moyenne statistique et que la répartition n’est pas harmonieuse et se polarise.

Ce serait oublier que ces faibles flux viennent renforcer une installation déjà importante dont tout le monde s’accorde à reconnaître l’échec de l’intégration, notamment des dernières générations. Plutôt que se disputer sur les chiffres des migrants, il conviendrait d’observer un recensement auquel se livre l’Insee année après année, à savoir celui des prénoms des enfants nés en France, et notamment du taux d’octroi des prénoms musulmans. Sur les vingt dernières années ce taux est passé de 6 à 20 %. Il atteint 29 % en Île de France et 51 % en Seine-Saint-Denis.

On comprend mieux comment cela a pu déstabiliser les populations déjà résidentes et contribuer au rejet des flux migratoires supplémentaires. À part une frange indéniablement xénophobe et raciste la majorité de ceux qui se retrouvent dans le mot d’ordre « on est chez nous ! » témoigne plutôt d’un sentiment d’abandon, de relégation, de perte de repères et exprime un besoin d’aide et d’assistance de la part de l’État révélant tout à la fois une situation de déclassement social, de perte de leur univers culturel habituel et d’un sentiment d’insécurité. Ils forment les gros bataillons du « virage à droite » de la société et on se tromperait à les ignorer.

On a assisté en France à un silence de plus en plus prononcé de la gauche autour des valeurs de patrie, de nation, de souveraineté et d’identité. Les forces de droite se sont engouffrées dans ce boulevard offert. La gauche, laminée en 20 ans, même unie demain, serait dans l’incapacité de pouvoir revenir au pouvoir sans renouer avec ces valeurs.

Le caractère tout à la fois inévitable et impossible de la multiplication des flux migratoires conduit à la crise grave que l’on connaît. Réduire l’aspect inévitable suppose de réguler les arrivées, et s’attaquer à l’impossibilité suppose de prendre à bras le corps la question de l’intégration, sans perdre de vue que la première tâche de l’internationalisme consiste à aider ces migrants à vivre chez eux et à renverser leurs régimes politiques détestables. À défaut d’y réussir, les bâtiments de guerre remplaceront bien vite les bateaux humanitaires en Méditerranée.

 

Michel Rogalski est directeur de la revue Recherches internationales

Cette chronique est réalisée en partenariat rédactionnel avec la revue Recherches internationales à laquelle collaborent de nombreux universitaires ou chercheurs et qui a pour champ d’analyse les grandes questions qui bouleversent le monde aujourd’hui, les enjeux de la mondialisation, les luttes de solidarité qui se nouent et apparaissent de plus en plus indissociables de ce qui se passe dans chaque pays.

Site : http://www.recherches-internationales.fr/

Mail : recherinter@paul-langevin.fr

Auteur
Michel Rogalski (*)

 




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L’Opep augmente sa production mais la chute continue en Iran

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ENERGIE

L’Opep augmente sa production mais la chute continue en Iran

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a encore augmenté sa production de brut le mois dernier, tirée par l’Arabie Saoudite et d’autres pays qui ont plus que compensé la chute enregistrée en Iran.

La production totale de brut du cartel a progressé de 132.000 barils par jour en septembre, tirée par l’Arabie Saoudite, la Libye et l’Angola, selon des sources secondaires (indirectes) citées par l’Opep dans son rapport mensuel sur le pétrole. Elle a atteint un total de 32,761 millions de barils par jour (mbj).

Le royaume saoudien a le plus contribué à la hausse, avec une augmentation de 108.000 barils par jour par rapport au mois d’août.

La hausse totale de 132.000 barils par jour a été obtenue malgré une nouvelle chute de 150.000 barils par jour enregistrée de la part de l’Iran, sous la pression du retour des sanctions américaines.

Le troisième pays producteur du cartel n’a ainsi pompé que 3,447 mbj le mois dernier après 3,597 mbj en août et 3,747 mbj en juillet.

Après s’être retiré en mai de l’accord de 2015 sur le nucléaire, Washington doit rétablir début novembre une deuxième série de sanctions contre Téhéran visant spécifiquement le secteur énergétique.

Face à l’hypothèse d’une raréfaction de l’offre et d’une flambée des prix –un chiffon rouge pour le président américain Donald Trump–, le prince héritier saoudien Mohamed Ben Salmane a récemment affirmé que Riyad était en mesure de compenser les baisses des exportations de brut iranien.

L’Opep a par ailleurs une nouvelle fois légèrement révisé à la baisse son estimation de la hausse de la demande de brut cette année et pour 2019.

Elle anticipe ainsi une croissance de 1,54 mbj cette année pour une demande totale de 98,79 mbj.

L’Opep explique ce changement par un ralentissement en Amérique latine et au Moyen-Orient mais aussi en Europe de l’Ouest.

Elle note ainsi une demande plus faible que ce qui était attendu pour le diesel en Allemagne et en France.

Auteur
AFP

 




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« Au commencement était le Coran », de Mathieu Guidère

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PUBLICATION

« Au commencement était le Coran », de Mathieu Guidère

Dû à l’éminent islamologue Mathieu Guidère, professeur à l’Université de Paris-VIII, auteur d’un retentissant ouvrage paru en 2017 sur La Guerre des islamismes, cette synthèse sera particulièrement utile à tous ceux, enseignants en particulier, qui font face à des jeunes confondant superstition et religion dans leurs approximations relatives à ce qui est « hallal » (licite) ou « haram » (illicite).

En outre, il ne s’agit pas d’une énième réflexion de l’Ecole orientaliste française, mais bien d’une somme offrant un panorama des penseurs anciens et contemporains musulmans qui rejettent la notion de Coran incréé, divinisé, atemporel, immuable, tels le Marocain Abdallah Laroui, le Tunisien Mohamed Talbi ou le Syrien Mohammad Shahrour.

Devant la montée de l’islamisme le plus radical, terreau du terrorisme, il devient urgent de proposer un examen critique afin de replacer l’humain, et non le divin, au centre des préoccupations de l’humanité. La tâche se révèle particulièrement difficile. L’auteur rappelle par exemple que le penseur soudanais Mahmud Muhammad Taha a été pendu, en 1985, pour avoir osé dire que seule la partie mecquoise du Coran constitue le message authentique du Prophète et abroge la seconde partie révélée à Médine de façon conjoncturelle.

Dans des « arborescences » introductives, avec un sens de la pédagogie, Mathieu Guidère fait la somme des débats et controverses coraniques depuis l’Hégire, tout en fournissant en fin de volume pour étayer la démonstration, glossaire, index des noms et bibliographie fournie.

A l’aide de précieux organigrammes aux multiples entrées, l’auteur dresse le contenu du Coran, comment a été conçue son écriture avant la version unique de 656 due au calife Othman. Ces schémas concernent également l’ordre des sourates, les variantes du Coran… Mettant l’érudition à portée du lecteur, ce livre ouvre sur le sens et l’essence du verbe coranique. Le professeur Guidère rappelle qu’en 622, lors de l’arrivée du Prophète à Médine, près de la moitié des habitants étaient juifs et que les premiers musulmans faisaient leur prière en direction de Jérusalem. Non seulement la notion de prophète vient du judaïsme, mais Mathieu Guidère démontre que l’islam doit sinon plus, du moins autant au christianisme pour sa conception. A l’inverse des fondamentalistes et dans le sens d’une analyse très contemporaine qui fait de Mahomet un fin lettré – il faut citer à ce propos la somme de la Tunisienne Héla Ouardi, Les Derniers jours du Prophète, publiée en octobre 2017-, ce livre souligne en quoi le Prophète est aussi un poète, n’en déplaise aux fondamentalistes sunnites.

Un des thèmes centraux de l’ouvrage concerne les manuscrits et leurs diverses écritures, avant la version coranique unique sous le calife Othman. En découlent des transmetteurs différents, des lectures spécifiques qui font que chaque pays musulman valide une version par ses propres oulémas ou docteurs de la foi. Et aussi abordée la question de la traduction du Coran qui correspond, dans les pays occidentaux, à une « honorable vulgarisation » tout au plus, tant il est parfois difficile de traduire les métaphores issues des subtilités de l’arabe.

La querelle entre chiites et sunnites trouve dans cette analyse un large écho. Les premiers considèrent qu’Ali est le seul à avoir donné une version authentique du Coran. Ils accusent les premiers califes omeyyades de « retouches » (dont «l’oubli » de la famille d’Ali) et d’instrumentalisation à des fins politiques, ce qui est antinomique avec la sacralité du Livre saint. Est également analysé le caractère miraculeux de la révélation, y compris pour le « dit sacré » ou Hadith.

La sélection de sept lectures canoniques du Coran à propos de la graphie ou de la sonorité des mots entraîne pour les exégètes une interrogation sur l’organisation des sourates entre périodes mecquoise et médinoise de la vie de Mahomet. Cette approche sereine des contradictions internes et des versets ambigus explique les multiples interprétations du message. La croyance dans l’intervention de Satan dans l’élaboration du Coran est bien à l’origine des Versets sataniques évoqués par Salman Rushdie. C’est dire qu’une des questions centrales demeure la transmission du Coran, d’abord de façon orale et les risques de l’apprentissage par cœur. Toujours en citant les exégètes musulmans, l’auteur s’intéresse aux « trois Corans », dont il ne reste aucune copie, car tout « feuillet non conforme » fut détruit sur ordre d’Othman avant la version officielle.

Le « proto-Coran » est celui de Fatima, fille du Prophète et femme d’Ali, gendre et cousin de Mahomet, qui donne lieu à maintes suppositions quant à son contenu. Le second manuscrit est le Coran d’Ali et le dernier est celui d’Hafsa, 4e épouse du Prophète et fille du calife Omar.

Le chapitre IX, intitulé « Le Coran qui annule le Coran » traite de l’abrogation problématique de certains versets dont une version postérieure est censée annuler le précédent de façon partielle ou totale. Il peut exister jusqu’à quatre lectures différentes du même verset. Des versets abrogés sont pourtant maintenus comme celui concernant la lapidation pour le couple adultère, même si l’ultime version du Livre saint met des garde-fous quant à l’accusation de fornication. En mettant en opposition deux versets, 5 : 90-91 et 2 : 129, l’auteur traite de la délicate question de la consommation du vin. Toujours en citant ses sources de penseurs musulmans dont le Soudanais Taha (1919-1985), Mathieu Guidère prend le contre-pied des féaux de l’Etat islamique et autres « fous de Dieu » à propos du fameux verset dit du « sabre », « Tuez les polythéistes partout où vous les trouvez ! »  (4 : 9). Il précise qu’il n’annule pas les versets consacrés à la tolérance, soit entre 124 et 140 versets. C’est dire que la charia, la violence, ne sauraient être seules représentatives de l’islam. En découle l’interprétation du Coran ou comment concilier foi et raison. Et ce, en faisant la part de l’exégèse mystique à mi-chemin entre l’exégèse sunnite dominée par l’interprétation littérale et l’exégèse chiite marquée par la recherche du sens caché. Et de définir toutes les écoles d’analyse et de pensée sunnites, c’est-à-dire les principales « voies » ou écoles juridiques de l’islam apparues entre 767 et 855 : le hanafisme qui tolère la liberté d’opinion et le jugement personnel, le malékisme fondé sur la coutume qui finit, en Afrique du Nord, par « fossiliser » la jurisprudence, le chaféisme insistant sur le consensus et le hanbalisme très traditionnel qui conduira un jour au salafisme et au wahhabisme dans la péninsule arabique.

Sont aussi évoqués les multiples courants chiites, dont les trois principaux sont le chiisme duodécimain ou imamite, le chiisme septimain ou ismaélien et le chiisme quintimain ou zaydite. Les penseurs chiites ont très tôt précédé les interrogations contemporaines à la faveur du terrorisme islamique : l’ijtyihâd, c’est-à-dire l’interprétation critique, personnelle, du Coran et du Hadith. C’est dire qu’à l’inverse d’une idée reçue, le droit musulman est loin d’être homogène et que les portes de l’itjihâd, de la réforme, sont ouvertes dans le sens de l’adaptation à la modernité et au droit humain en général.

ce propos, l’auteur aborde des questions spécifiques concernant la charia, la guerre et le combat, l’accusation de mécréance, le gouvernement islamique, l’esclavage, la polygamie et autres controverses coraniques dont l’inépuisable débat sur le port du voile et de la burqa. Prenant le contre-pied du « prêt à penser » des réseaux sociaux et d’Internet, Mathieu Guidère souligne l’intense débat interne du monde musulman depuis le XIXe en ce qui concerne la remise en cause de l’obligation de se voiler pour les femmes.

En bref, une œuvre salutaire qui montre les avancées de la recherche islamologique, généralement ignorée du public qui continue de perpétuer certaines prescriptions coraniques perçues comme immuables. C’est aussi dénoncer l’échec des régimes politiques nationalistes, comme en Algérie, qui ont ouvert la voie à l’islam politique sous sa forme la plus fondamentaliste en faisant croire, insiste l’auteur, « que les idées du passé pouvaient être des solutions aux problèmes du présent » (p. 231). Comme le propose Mohamed Talbi en 2017, il s’agit à présent de lire le Coran avec les yeux des vivants et non avec ceux des morts.

J.-C. J.

Mathieu Guidère, « Au commencement était le Coran », Gallimard, folio, janvier 2018, 270 p.

Auteur
Jean-Charles Jauffret

 




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