24 novembre 2024
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Les Amuseurs de la République

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Chroniques du temps qui passe

Les Amuseurs de la République

Le gang des Amuseurs de la République est à l’œuvre ! Leur nouvelle création de 2013, provisoirement intitulée « Le président peut-il encore gouverner ? », originale et désopilante, basée sur l’allusif, un nouveau style baladin qui consiste à contourner la triste réalité nationale pour s’attarder sur l’ailleurs, raconte les tribulations du chef de l’État d’une île mystérieux, une contrée fantasmagorique dont je suis incapable de vous dire le nom. A croire certains spécialistes versés dans le monde du burlesque, il s’agirait de Fantasyland, un pays magique de Disneyland où les contes de fées et les histoires qui ont inspiré les films d’animation de Disney prennent vie, comme par magie. Cela expliquerait, sans doute, le fait que le nouveau spectacle « Le président peut-il encore gouverner ? », vient d’être enrichi de plusieurs déclinaisons tout aussi drôles les unes que les autres, comme « Le quatrième mandat, c’est fini ! », un gag qui a rencontré un succès foudroyant, « La succession est ouverte », avec Benflis en guest-star ou  « Saïd Bouteflika limogé », une fiction loufoque montée avec adresse et dans laquelle des observateurs avertis ont cru reconnaître à la fois, la main d’un célèbre manipulateur et un plagiat de Discoveryland, monde de Disney où les prédictions des grands visionnaires prennent vie.

Le débat autour de la fameuse contrée dont parlent nos opposants et nos journalistes est toujours en cours, mais une chose semble cependant certaine : il ne s’agit pas de l’Algérie. La lecture de l’éditorial d’un des membres les plus influents des Amuseurs, ne laisse, à ce propos, aucun doute. Le respectable analyste décrit, en effet, une province étrange mais démocratique, où la succession du président se réaliserait dans « le respect de la souveraineté du peuple, sans contrainte, et dans la transparence », détails qui excluent, de facto, l’hypothèse Algérie. La chose relève d’ailleurs du bon sens : la maladie d’un chef d’État n’étant handicapante qu’en démocratie, système où l’opinion garde le droit de regard sur la gouvernance, la question « Le président peut-il encore gouverner ? » devient, du coup, parfaitement inadaptée à l’Algérie. Chez nous, Dieu merci, pareille complication nous est épargnée, les citoyens que nous sommes n’étant consultés ni sur l’état de santé du chef de l’État, ni sur sa désignation ni encore moins sur sa reconduction. En retour, ce dernier régnerait sans rien nous devoir. C’est tout le privilège de ce que les Russes appellent les vybori bez vybora (élections sans choix), privilège qui s’ajoute, pour des autocraties comme l’Algérie, à celui d’être parfaitement gouvernables à partir d’un lit d’hôpital. La prouesse paraît d’autant plus à la portée de notre chef de l’État que notre cher pays où le Conseil des ministres ne se réunit jamais, est unanimement reconnu comme l’unique de la planète à fonctionner sous le mode du pilotage automatique, personne n’y gouvernant et, conformément aux vybori bez vybora, personne n’y étant gouverné.

Tout ça pour dire que l’interrogation « Le président peut-il encore gouverner ? », en plus d’être parfaitement incongrue pour un pays où la sagesse autocratique l’emporte sur la véhémence démocratique, pose incontestablement un problème inédit : dans quelle catégorie classer les chimères généreusement imaginés par une si brillante équipe d’analystes et de brillants politologues dont le seul mérite aura été de nous apprendre que  la grande famille du pouvoir illégitime pouvait, finalement, être aussi drôle que les Simpson ? Dans le théâtre, on avait inventé la comédie, le vaudeville, la bouffonnerie, la parodie, le burlesque, le sketch, le pastiche, la satire, la clownerie, l’arlequinade, la facétie… Aucun de ces styles ne paraît, cependant correspondre au grotesque de la situation. Ah ! peut-être dans la pantalonnade, qui n’est pas ce que vous pensez mais, dans le théâtre italien, une posture comique assez drôle dans laquelle excellait le pantalon, qui n’est pas non plus ce que vous pensez, mais un personnage du théâtre vénitien qui porte traditionnellement cette sorte de culotte et qui a laissé son nom pour désigner un homme sans dignité et sans consistance !

Depuis on a cependant su que « pantalonnade » veut dire, en même temps que ce que vous pensez, subterfuge grotesque pour sortir d’embarras. Rappelons-nous : la théorie du « président malade et démissionnaire » avait déjà permis, en 2005, d’avorter les grosses contestations autour des effets catastrophiques de la fameuse Charte pour la paix. Val-de- Grâce I avait étouffé le scandale politique. Le régime s’est servi de nouveau, en 2006, de la théorie du « président malade et démissionnaire » pour briser le débat houleux qui commençait à s’installer autour du projet d’amendement de la Constitution. A quoi bon débattre, se disait-on, d’un projet mort-né, compromis par la santé défaillante du président ? Dans les deux cas, le régime a obtenu, par l’esbroufe, un répit salutaire qu’il a su habilement exploiter. Aujourd’hui, en 2013, Bouteflika substitue le débat autour de la corruption de Chakib Khelil, c’est-à-dire la corruption imputable à sa famille politique, par un débat sur l’AVC et ses conséquences sur la gouvernance. Val de Grâce II continue le boulot diversion de Val de Grâce I !  Comme en 2004, le régime utilise la presse  minaudière et l’opposition maniérée pour reconduire “légalement” et dans le cadre du “pluralisme”, le président Bouteflika à la tête du pays ! Encore une fois, un des subterfuges par lesquels s’éternisent les autocraties dans nos pays, aura magnifiquement fonctionné. Ainsi pendant que d’éminents esprits nous rebattent la thèse du « président malade et démissionnaire », que dit et que fait le principal intéressé ? Il affirme à qui veut l’entendre : « Grâce à Dieu, je me porte très bien » ; il prépare la population à l’émotion du « retour au pays » ; il multiplie les flagorneries en direction de l’opinion publique ; il n’oublie pas de « remercier » la presse qu’il gratifie d’une journée spéciale le 22 octobre… Tout cela débouche sur une information capitale : la décision de postuler pour un quatrième mandat est déjà prise !

 

 

Alors, je crois bien que, faute d’antécédents dans le genre théâtral, l’on soit obligé de rapprocher la manœuvre complice à laquelle se prêtent une partie de notre presse et de notre opposition, d’une pantalonnade tout à fait remarquable d’adresse et d’inventivité et dont on rirait volontiers si elle n’était un discours de diversion qui finit par laisser au régime l’initiative politique. Nous avons juste oublié que le diable, devant les nigauds, entreprend toujours  de jouer au nigaud. Tout autocrate compte sur la bêtise humaine pour enfourcher le monde et l’étrangler de ses sangles. Il suffit de laisser croire. Gouverner c’est faire croire a dit Machiavel. C’est cela, le but de la politique, pour Machiavel, ce n’est pas la morale mais la réussite : obtenir et conserver le pouvoir !

Finissons par un clin d’œil à la journée du 3 mai, pour évoquer le  « papier » si précieux pour un journaliste et dire que toute cette histoire ressemble, en effet, à celle du papier plié en quatre qu’on découvre au détour d’une ruelle, que l’on ramasse avec une curiosité difficilement contenue, que l’on  fourre dans la poche avec cupidité,  que l’on ouvre, enfin, avec angoisse pour découvrir que la trouvaille, au final, n’était qu’un prospectus de vente au rabais…  Il sera alors l’heure pour l’île mystérieuse de fermer ses portes. Rendez-vous dans quatre ans pour une autre séance de fantasmagorie. Entre-temps nous aurons au moins appris que la politique n’est pas un jeu mais un art de la dissimulation au nom de l’efficacité. Et l’efficacité, ici, consistait, tout simplement, tout bêtement, serai-je tenté de dire, à s’assurer de sa propre succession en 2014 !

M.B.

10 mai 2011

Auteur
Par Mohamed Benchicou

 




« Le stade d’Oran sera livré en mars 2018 »

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El Hadi Ould Ali:

« Le stade d’Oran sera livré en mars 2018 »

« Je suis de près l’évolution des travaux dans les différents chantiers du complexe sportif d’Oran qui abritera l’essentiel des compétitions sportives des jeux méditerranéens et je dois dire que les choses avancent bien dans ce registre, ce qui nous permet d’être optimistes quant à la livraison des nouvelles infrastructures dans les meilleurs fixés » , a déclaré M.Ould Ali à l’APS en marge de la clôture du tournoi de l’amitié organisée par l’association ‘‘la Radieuse’’ à Oran.

Outre le stade olympique de 40.000 place, le complexe nautique, ainsi que la salle Omnisport et le village méditerranéen, seront tous au rendez-vous selon les délais impartis à la société chargée par la réalisation de ces ouvrages , a-t-il encore assuré.

Pour le stade olympique, il devrait être livré en mars 2018, selon les assurances des responsables de la société chinoise qui se charge de la réalisation du complexe sportif d’Oran données au chef de l’exécutif de la ville au cours d’une récente visite de ce dernier sur les lieux.
Concernant le complexe sportif dans sa totalité, il devrait être opérationnel en fin de l’année 2019, soit deux années avant le début des jeux méditerranéens que l’Algérie abritera pour la deuxième fois de son histoire.

Revenant sur l’évolution des travaux engagés au niveau les nouveaux stades en construction dans d’autres villes, à l’image d’Alger (Baraki et Douera) et Tizi Ouzou, le responsable de la tutelle, tout en reconnaissant le retard accusé en la matière comparativement au stade d’Oran , a indiqué que le Premier Ministre, M. Ahmed Ouyahia, a dégagé des enveloppes budgétaires pour lever toutes les entraves que rencontrent ces projets et les livrer dans les meilleurs délais.

Auteur
APS

 




Les commentaires sur un accord de l’Opep font monter le prix

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Marché pétrolier

Les commentaires sur un accord de l’Opep font monter le prix

 Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en décembre, référence américaine du brut, a gagné 57 cents pour clôturer à 52,47 dollars sur le New York Mercantile Exchange.

Le ministre saoudien de l’Energie, Khaled al-Faleh, « a affirmé qu’il ferait +tout ce qu’il faudrait+ pour rééquilibrer le marché. Cette fois-ci, le marché y croit, l’Opep a gagné en crédibilité avec le respect de son accord de réduction », a analysé Phil Flynn, de Price Futures Group.

« Le ministre saoudien de l’Energie est sans doute le plus crédible de tous les ministres des pays producteurs de pétrole. Il a établi un lien de confiance fort avec les investisseurs car ses commentaires ont toujours été suivis d’effets », a ajouté Matt Smith de ClipperData.

Les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et quelques pays partenaires dont la Russie se sont engagés fin 2016 à limiter leurs extractions afin de limiter l’offre de brut sur le marché mondial et ainsi tenter de redresser les prix.

Le cartel devrait discuter de l’avenir de son accord de limitation de production avec ses partenaires lors d’une réunion fin novembre à Vienne. Cet accord court actuellement jusque mars 2018.

Les marchés attendaient par ailleurs les données hebdomadaires sur les réserves américaines arrêtées au 20 octobre.

Le Département américain de l’Energie (DoE) publiera ses chiffres en cours de séance mercredi.

Les analystes prévoient une baisse des réserves de brut de 3 millions de barils, une hausse de 1,5 million de barils des réserves d’essence et une baisse de 500.000 barils des réserves de produits distillés, selon un consensus compilé par l’agence Bloomberg.

Les investisseurs gardaient également toujours un oeil sur la situation au nord de l’Irak, les forces irakiennes s’étant déployées dans la région de Kirkouk revendiquée par les kurdes indépendantistes. 

Après trois semaines en octobre, les exportations irakiennes de pétrole ont baissé de 110.000 barils par jour d’un mois sur l’autre, estiment les analystes de Commerzbank.

Ces perturbations pourraient avoir un effet positif pour l’accord de réduction de la production de pétrole de l’Opep et ses partenaires, estiment ces derniers: « Involontairement, l’Irak pourrait respecter l’accord de réduction en octobre pour la première fois cette année (…) contre un respect récemment inférieur à 50% ».

AFP

Auteur
Agence France presse

 




Le centenaire de Mouloud Mammeri, principale attraction

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22e SILA:

Le centenaire de Mouloud Mammeri, principale attraction

Sous la houlette du Haut-commissariat à l’Amazighité (HCA), le SILA 2017 qui coïncide avec le centième anniversaire de la naissance de Mouloud Mammeri, accueille un colloque international de trois jours intitulé « Le sourcier des convergences civilisationnelles universelles », consacré à un des acteurs majeurs de la culture algérienne au XXe siècle et auquel une trentaine d’universitaires algériens et étrangers sont conviés.

Toute l’année 2017 a été dédiée à la célébration du centenaire de la naissance de Mammeri (1917- 1989) qui a laissé trois oeuvres magistrales dans la littérature algérienne: « La colline oubliée », « Le sommeil du juste », et « L’opium et le bâton », outre les pièces de théâtre et des nouvelles.

En sa qualité d’anthropologue, Mouloud Mammeri avait été le premier universitaire à s’intéresser aux contes berbères et à l’Ahelil du Gourara -un chant spirituel d’expression zénète (variante de Tamazight) propre à la région du nord d’Adrar- classé au patrimoine mondial de l’humanité depuis 2008 et auquel Mammeri avait consacré toute une recherche publiée en 1984. APS

Auteur
Agence presse service

 




Le retour d’au moins 5.600 jihadistes, un « défi énorme pour la sécurité »

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Terrorisme :

Le retour d’au moins 5.600 jihadistes, un « défi énorme pour la sécurité »

« Jusqu’à présent, au moins 5.600 citoyens ou résidents de 33 pays sont rentrés chez eux. Il faut y ajouter un nombre indéterminé venant d’autres pays. Ceci représente un défi énorme pour la sécurité et pour les services de police », assure ce groupe de réflexion spécialisé dans les questions de sécurité.

Le califat, qu’avait proclamé en 2014 l’EI à cheval sur l’Irak et la Syrie avec une superficie égale à l’Italie, a perdu 85% de son étendue grâce à une offensive sans précédent menée par des force appuyées par les Etats-Unis ou la Russie.

Pour Soufan, sur « la cohorte de plus de 40.000 étrangers venant de 110 pays ayant afflué pour rejoindre l’EI avant et après la proclamation du califat en juin 2014 (…), il est inévitable que certains resteront attachés à une forme de jihad violent popularisé par l’EI et al-Qaïda ».

« Il est est clair aussi que quiconque veut continuer à combattre trouvera sa voie pour le faire », note le Centre.

Selon Radicalisation Awareness Network (RAN), cité dans le rapport, au moins 30% des quelque 5.000 ressortissants de l’Union européenne qui étaient partis en Syrie et en Irak sont rentrés chez eux.

D’après le président russe Vladimir Poutine, 10% des 9.000 combattants venus de Russie et des ex-républiques soviétiques, onrt fait de même.

Le centre Soufan indique de son côté que c’est de Russie qu’est venu le plus grand nombre de jihadistes (3417), devant l’Arabie saoudite (3244), la Jordanie (3000), la Tunisie (2962) et la France (1910).

L’étude souligne par ailleurs le problème des femmes et enfants qui ont rejoint l’EI.

Elle relève également que la politique des gouvernements vis-à vis des jihadistes de retour aboutit généralement à l’incarcération, « qui ne fait que repousser le problème », ou à la réhabilitation et la réintégration, « mais ces programmes sont notoirement difficiles à concevoir et à faire marcher ».

Soufan tire donc une conclusion pessimiste. « La question de l’identité, le manque de confiance dans les institutions gouvernementales et dans la politique traditionnelle que l’EI a su exploiter ne sont pas prêts de disparaître », affirme-t-il.

« Ni, par conséquent, le phénomène des combattants, qu’ils rejoignent les restes de l’EI ou qu’ils s’engagent dans d’autre groupes à son image qui vont émerger ».

AFP

Auteur
Agence France presse

 




Poker-menteur autour du cadavre Algérie

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Chroniques du temps qui passe

Poker-menteur autour du cadavre Algérie

Nous n’aurons plus jamais les faramineuses recettes pétrolières dont a bénéficié le régime de Bouteflika. L’arrivée de ce dernier au pouvoir avait coïncidé avec l’augmentation de la demande chinoise qui avait fait s’envoler les prix du pétrole en quelques années. Aujourd’hui, nous vivons le scénario inverse. L’exploitation du pétrole non conventionnel en Amérique du Nord va créer dans les cinq prochaines années une augmentation de l’offre qui va faire effondrer le prix du baril. Autrement dit, avec ou sans Bouteflika, le prochain régime se débrouillerait avec un pétrole à moitié prix, moins abondant, et des besoins en hausse !  La tragédie nous arrive en effet, droit sur la gueule !  Le pétrole, les réserves financières en milliards de dollars, c’est fini ! Oui, fini. Les projections les plus optimistes donnent l’Algérie pour importatrice nette de pétrole dès 2020. Au cours des trois mandats du « pouvoir civil » de Bouteflika, il a été gaspsillé l’argent du présent et celui du futur. Les hydrocarbures ont été si outrageusement pompées qu’il ne devrait plus rien rester dans le sous-sol d’ici quelques années, date à laquelle nous serions 40 millions d’Algériens, tous, théoriquement, voués à la précarité puisque Bouteflika aura épuisé les réserves pétrolières sans doter la maison Algérie d’une économie diversifiée  pouvant prendre la relève du pétrole et du gaz naturel. 

En l’espace de cinq ans seulement, la production algérienne de pétrole est passée de 1,6 à 2 millions de barils par jour, soit un bond de 25% ou le double de la moyenne d’augmentation de la production OPEP durant la même période. Les recettes ? Sans s’étaler sur la partie supposée avoir été dérobée par la kleptocratie au pouvoir, elle a surtout engraissé la mafia de l’import via les importations qui ont explosé  entre le premier et le troisième mandat de Bouteflika, passant de 9 milliards de dollars en 1999 à 49 milliards en 2012. Aucun investissement sérieux n’a été engagé dans la production pour doter le pays d’une économie  viable qui prenne le relais des hydrocarbures. Oui, l’Algérie de Bouteflika rappelle la Russie de Boris Eltsine, toutes proportions gardées, une nation chancelante, otage de prédateurs de toutes sortes qui se sont engouffrées au sein de cette faille providentielle pour vider l’Algérie de son sang. Ce fut à leur seul profit  qu’on a  surproduit le pétrole. Aujourd’hui, il est bien tard…L’Algérie redevient pauvre ! Pauvre et sans solution de rechange : quatorze ans après Bouteflika I, le pays n’est plus en mesure de répondre à la demande d’emplois, ni peut-être même à la demande alimentaire.

Les observateurs les plus conscients pensent même que le pire est à envisager. Après 14 années de règne, Bouteflika a mis l’État à la merci de sa population. La fronde des chômeurs peut aller dans n’importe quelle direction, y compris la plus pessimiste,  Bouteflika  ayant abandonné l’investissement productif, comment lutter contre le chômage ? 

Mais cela, cette vérité primordiale, celle-là qu’il faut dire non pour abattre, non pour accabler ni pour décourager, mais pour mobiliser, pour réfléchir, cette vérité qui réveille, personne ne veut la communiquer, je veux dire personne parmi ceux qui ont la responsabilité de la dire. Ou alors, quand une bouche plus courageuse que d’autres la formule, elle est immédiatement contredite par les virtuoses du poker menteur. Quand le PDG de Sonatrach, Abdelhamid Zerguine, qui sait de quoi il parle, reconnaît que les gisements de pétrole sont en « déclin » et les réserves sont « modestes », il est immédiatement contredit pas son ministre de tutelle, Youcef Yousfi pour qui « l’Algérie continuera à produire du pétrole et des hydrocarbures en général pendant « de longues années encore ». Et lorsque le ministre des Finances, Karim Djoudi laisse entendre qu’il n’y a plus d’argent en caisse, que les salaires comme les pensions ne seront plus augmentés, il est aussitôt recadré par le chef du gouvernement, Abdelmalek Sellal, qui jure ses grands dieux que tout va à merveille dans ce territoire coupé du monde qui s’appelle l’Algérie. Nos dirigeants fabulateurs pour qui l’art de gouverner se réduit à clamer les fausses bonnes nouvelles et à taire les vraies mauvaises nouvelles, entendent démentir la formule d’Abraham Lincoln : «  Aucun homme n’a assez de mémoire pour réussir dans le mensonge ».  En foi de quoi, ils entreprennent hardiment de duper l’opinion sur l’état de santé d’un président dont ils nous apprennent aujourd’hui qu’il est en convalescence prolongée après nous avoir annoncé, il y a trois semaines, qu’il était entré à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce pour de simples examens complémentaires.  Le léger accident vasculaire se termine ainsi par une lourde vacance du pouvoir mais c’est tout cela, n’est-ce-pas, le charme du poker menteur auquel se livrent avec tant de zèle et si peu de classe, nos dirigeants depuis cinquante ans. Le jeu consiste à faire passer les vessies du bunker pour d’heureuses lanternes, c’est-à-dire produire un bobard, sinon crédible, du moins vraisemblable, quelque chose qui ait  l’allure du « mensonge le plus détestable»  qu’André Gide définit comme étant « celui qui se rapproche le plus de la vérité», quitte à susciter chez l’opinion une réplique par un autre mensonge, le « mensonge fructueux»  dont Sacha Guitry dit qu’il « consiste à faire croire à quelqu’un qui vous ment qu’on le croit ».

L’équation est alors très simple : reconduire Bouteflika, comme le souhaite la mafia, en supposant qu’il garde ses facultés naturelles, revient à reconduire le pouvoir le plus irresponsable qu’ait connu l’Algérie en 50 ans afin qu’il parachève sa besogne de destruction. Ce serait alors un choix suicidaire, consciemment fait pour en finir avec notre pays.

Le général Lebed disait de Boris Eltsine qu’il était, par nature, un destructeur. « Il ne comprend la politique qu’en brisant et en déstabilisant l’environnement. Cela est une qualité en période de transition, mais il est temps aujourd’hui de construire. Boris Eltsine, lui, n’est pas un bâtisseur. »

Alors oui, reconduire Bouteflika, comme le souhaite la mafia, c’est en terminer avec l’Algérie.

Quelle alternative reste-t-il ? Une seule, confirmée par l’histoire récente, dans tous les pays qui ont vécu une situation similaire : un gouvernement de salut national.

Pour cela, il faut le vouloir.

M.B.

 

Auteur
Par Mohamed Benchicou

 




Du nouveau sur le 17 octobre 1961

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Colonisation

Du nouveau sur le 17 octobre 1961

Les historiens ont longtemps considéré comme une « énigme » la violence de la répression d’octobre 1961. Pierre Vidal-Naquet, en 2000, la plaçait « parmi les énigmes les plus étranges que pose à l’historien et à l’honnête homme la guerre d’Algérie ». Il pointait que c’est justement, après l’ouverture, le 20 mai 1961, des négociations d’Évian entre le gouvernement français et le FLN, quand chacun savait que la guerre allait se terminer par l’indépendance de l’Algérie, que cette guerre « atteint à Paris son pic de violence1 ».

Les hypothèses exprimées à ce sujet par Jean-Luc Einaudi m’avaient déjà conduit en 2011, dans Le 17 octobre des Algériens. La triple occultation d’un massacre2, à avancer que la solution de cette énigme résidait dans l’existence au sein même du gouvernement du désaccord du premier ministre, Michel Debré, avec la politique algérienne du général de Gaulle. Debré n’avait plus aucune prise sur le dossier algérien et conservait la responsabilité du maintien de l’ordre en France, et, quand, en août 1961, suite aux concessions du président sur la question du Sahara, un accord avec le FLN devenait rapidement possible, il s’est agi pour lui de lancer, a contrario de la politique de sortie du conflit choisie par le Général, une guerre à outrance contre la fédération de France du FLN. Un ensemble d’indices conduisaient à cette explication.

Mais, en 2017, les notes de Louis Terrenoire, l’un des ministres qui soutenaient totalement la politique du général de Gaulle pour la reconnaissance de l’indépendance de l’Algérie, publiées dans un ouvrage émouvant de sa fille, Marie-Odile Terrenoire, Voyage intime au milieu de mémoires à vif. Le 17 octobre 19613, confirment ces présomptions, et, on peut le dire, délivrent, pour de bon, la clé de cette énigme.

Louis Terrenoire, en tant que ministre de l’information depuis le 5 février 1960, prenait régulièrement des notes au conseil des ministres, et, de surcroît, comme il avait pris l’habitude de le faire depuis 1947, tenait un Journal où il laissait libre cours à ses réflexions personnelles. Né en 1899, hostile en 1938 aux accords de Munich, il était entré en clandestinité après l’armistice de juin 1940, avait été secrétaire du Conseil national de la Résistance (CNR), puis arrêté et torturé par la Gestapo (il y perdit un œil), il fut déporté dans le camp de Kempten, dépendant de Dachau. Il a raconté comment « gaullistes, chrétiens, communistes et inclassables » y avaient réussi à constituer « un front uni face à la pire adversité4 ». C’est là qu’il a connu Edmond Michelet, chrétien comme lui, qui restera son ami.

Comme Michelet, il partageait pleinement le choix du général de Gaulle, annoncé en septembre 1959, un an après son élection comme président de la République, de mettre fin à la guerre d’Algérie par l’« autodétermination ». Pour le premier président du GPRA, Ferhat Abbas : « À partir de l’offre d’autodétermination par le chef de l’État français, le problème algérien est virtuellement réglé. Dès lors que le général de Gaulle, au nom de la France, reconnaît aux Algériens le libre choix de leur destin, il admet par là même leur droit à l’indépendance5. » De Gaulle avait précisé son choix dans sa conférence de presse du 4 novembre 1960 où il a parlé d’une « République algérienne » et de négociations avec le FLN, puis dans celle du 11 avril 1961 où il a dit que la « République algérienne » serait un État « souverain au-dedans et au-dehors ».

Louis Terrenoire savait que ce choix était ancien : « C’est le 18 mai 1955 que le général me parla, pour la première fois, de l’avenir de l’Algérie. « Nous sommes en présence, me dit-il, d’un mouvement général dans le monde, d’une vague qui emportera les peuples vers l’émancipation. Il y a des imbéciles qui ne veulent pas le comprendre ; ce n’est pas la peine de leur en parler6 » Il cite en exergue de son livre De Gaulle et l’Algérie, témoignage pour l’histoire, cette phrase du Général d’avril 1955 à l’écrivain algérien Jean Amrouche : « L’Algérie sera émancipée. Ce sera long. Il y aura de la casse. Beaucoup de casse. Vous aurez beaucoup à souffrir. Quant à moi, je ne parlerai que le jour où je serai en situation de faire ce que j’aurai dit. »

Quand de Gaulle a annoncé en septembre 1959 sa politique algérienne, Terrenoire a applaudi : « La proposition d’autodétermination était saluée par le monde comme un acte de grand courage, qui ramenait la France sur la voie, tracée jadis par elle, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. » Il a déclaré le 20 novembre 1960 à Alençon : « Un immense mouvement de décolonisation a commencé à travers l’univers que rien ni personne n’a le pouvoir d’arrêter » et le Général l’en a félicité et lui a dit que cela traduisait sa propre pensée. Au moment du putsch des généraux, Terrenoire a écrit qu’on assistait « au sursaut d’un colonialisme menacé par l’émancipation d’un peuple dominé. »

Après l’échec du putsch d’Alger, l’ouverture des négociations entre la France et le GPRA à Évian annonçaient la fin de la guerre. Mohammed Harbi, qui présidait la commission d’experts auprès du GPRA, écrit dans ses Mémoires : « Plus que le cessez-le-feu ou la proclamation de l’indépendance, l’arrivée à Genève ce 18 mai 1961 fut l’un des plus beaux jours de ma vie. Nous étions arrivés à bon port7. » Dès lors, des délégués du FLN discutaient ouvertement, sur le territoire français, avec des représentants officiels de la France, des militaires français étaient chargés de leur protection pour qu’ils ne soient pas pris pour cible par les ultras de l’OAS. Le cessez-le-feu unilatéral d’un mois que la France avait proclamé, de Gaulle décida, contre son avis de premier ministre, dira Michel Debré8, de le prolonger jusqu’au 2 août.

Debré, qui avait soutenu l’arrivée au pouvoir du Général en 1958 en pensant qu’il défendrait jusqu’au bout l’Algérie française, n’était pas favorable à sa politique algérienne, approuvée pourtant par la grande majorité des opinions françaises et algériennes. Après de premières divergences dès la fin de l’année 1959, ce fut un net désaccord à la fin de 1960, aggravé par la décision du Général d’accepter, en août 1961, la souveraineté algérienne sur le Sahara. Debré lui a présenté le 18 août sa démission, qu’il a refusée. Il lui avait retiré la responsabilité du dossier algérien en créant, en février 1960, un Comité des affaires algériennes qu’il présidait lui-même, puis en attribuant ce dossier en novembre à Louis Joxe, ministre d’État aux Affaires algériennes, sous son autorité directe. Mais, lors de la création du Comité des affaires algériennes, Michel Debré lui avait demandé de préciser que le maintien de l’ordre en France resterait sous sa responsabilité. En 1960 et 1961, il a organisé plusieurs conseils restreints de sécurité à Matignon qui ont mis en œuvre sous son autorité divers dispositifs dans la région parisienne en s’appuyant sur le préfet de police, Maurice Papon.

De Gaulle, qui était la cible en 1961 de tentatives d’assassinats venant de l’OAS et aux prises avec une opposition « Algérie française » au sein même de sa majorité, savait son premier ministre en désaccord avec lui mais, ne voulant pas qu’il le quitte avant la signature des accords, il a du se résoudre à lui faire d’importantes concessions. Il a cédé, le 6 mai 1961, à sa demande de remplacer le ministre de l’Intérieur, Pierre Chatenet, ancien conseiller de Pierre Mendès-France, qui désapprouvait les méthodes du préfet de police : « Je sens l’insuffisance de Chatenet en ce qui concerne la police », écrivait Debré en décembre au général de Gaulle9. Il avait obtenu son remplacement – au prétexte de sa mauvaise santé… -, par Roger Frey, ancien responsable du RPF, proche de Jacques Soustelle, qui partageait son hostilité à l’indépendance algérienne. Et, le 23 août 1961, il obtient le départ du ministre de la Justice, Edmond Michelet.

L’éviction d’Edmond Michelet

Michelet, du même âge que Terrenoire, s’était engagé dans la Résistance dès juin 1940 et investi particulièrement dans l’aide aux Juifs et aux réfugiés allemands antinazis. Arrêté en 1943 et déporté, il a poursuivi son combat au camp de Dachau. Dès 1957, il rejetait l’idée d’intégration de l’Algérie à la France et affirmait l’existence de deux peuples, français et algérien. Nommé ministre de la Justice en 1959, il était fondamentalement hostile, comme proche de Témoignage chrétien et ancien résistant déporté, à l’usage de la torture et refusait la répression injuste des Algériens favorables à l’indépendance. Soutenue par sa directrice de l’administration pénitentiaire, Simone Veil, il avait accepté que les détenus du FLN sortent du statut de « droit commun » et obtenu qu’aucune exécution capitale n’ait plus lieu. Et il avait pris des mesures améliorant leurs conditions de détention, avec l’accord du Général, mais en cachette de Matignon qu’elles scandalisaient. Debré écrivait en décembre 1959 à Michelet : « Les lieux de détention deviennent des camps de repos et surtout des camps de propagande10 » ; plus tard : « Je rougis de honte devant l’absence de discipline des établissements pénitentiaires11. » Nulle absence de discipline, en réalité, mais Michelet laissait délibérément le FLN organiser la vie dans les camps et les prisons. Michel Debré avait fait mettre sur écoute les membres de son cabinet et l’avait obligé à se débarrasser, au printemps 1960, de deux d’entre eux qu’il avait chargés, écrit Terrenoire, d’une mission – voulue par le général de Gaulle – auprès des responsables du FLN « arrêtés illégitimement en plein ciel et incarcérés soit à la prison de la Santé, soit au fort de l’Ile de Ré, d’être mis au courant, préalablement, du discours promoteur de la politique d’autodétermination, le 16 septembre 1959 ». Debré reprochait aussi à Michelet de « protéger » Paul Teitgen, qui avait dénoncé la torture et les exécutions sommaires lors de la Bataille d’Alger ; de refuser de poursuivre Simone de Beauvoir pour une « libre opinion » publiée dans Le Monde du 2 juin 1960, de ne pas prendre de sanctions contre Gisèle Halimi pour avoir aussi publié un « article scandaleux », ni contre les autres « avocats félons » qui défendaient les militants du FLN. Quand le premier ministre obtient son remplacement par Bernard Chenot, Louis Terrenoire écrit qu’Edmond Michelet a été « limogé » et remplacé par quelqu’un qui prendrait, selon les vœux de Michel Debré, « le contre-pied des positions d’Edmond Michelet12 ». Une fois ce départ obtenu, la répression extrajudiciaire et les violences orchestrées par Maurice Papon ont pu, dès le début de septembre 1961, se donner libre cours, avec une censure croissante de l’information et l’assurance que les plaintes déposées par des Algériens seraient enterrées.

Le directeur du Monde, Hubert Beuve-Méry, a écrit ne pas comprendre pourquoi de Gaulle avait écarté Michelet, « tout dévoué à ses idées, pour le remplacer par M. Chenot, plus docile, lui, aux instructions de M. Debré » et pourquoi il tolérait « à de très hauts postes et jusque dans son entourage immédiat, des hommes qui trahissaient ou sabotaient sa politique13 ». Louis Terrenoire raconte dans son Journal que Michelet lui a dit, le 23 août 1961, « Michel Debré a eu ma peau… » et que Maurice Papon s’est félicité de son départ et s’est même vanté d’y avoir contribué. Debré avait demandé aussi le départ de Louis Terrenoire, mais de Gaulle s’en est tiré en lui enlevant la charge de ministre de l’information tout en le gardant au gouvernement comme ministre délégué auprès du premier ministre et comme son porte-parole personnel.

Dès le départ d’Edmond Michelet, le 23 août 1961, Maurice Papon a pu organiser la guerre contre la fédération de France du FLN et les immigrés algériens qui la soutenaient très majoritairement, en la présentant comme un simple maintien de l’ordre face à une supposée reprise des attentats algériens. Il a adressé le 5 septembre une directive demandant de « reprendre fermement l’offensive dans tous les secteurs » contre la fédération de France du FLN, en raflant les Algériens « indésirables » et en organisant des expulsions massives vers l’Algérie. Il a fait revenir dans Paris la Force de police auxiliaire et en a implanté des unités à Aubervilliers et Nanterre, d’où elles pouvaient faire des expéditions meurtrières dans les communes de banlieue environnantes. Une brigade spéciale a multiplié les raids de nuit dans les bidonvilles, démolissant des maisons et jetant des familles à la rue. D’autres équipes para-policières, sortes d’« escadrons de la mort », ont mitraillé des cafés et des hôtels fréquentés par des Algériens, la préfecture de police attribuant cela à des attentats du FLN, informations reproduites telles quelles sur la radio publique et dans la presse, y compris dans un quotidien comme Le Monde… Suite à un conseil interministériel réuni par le premier ministre le 5 octobre, la préfecture, a envoyé un ordre du jour à tous ses services instaurant un « couvre-feu » et une « interdiction » de circuler après 20h pour les « Français musulmans algériens ». Et quand les Algériens, hommes, femmes et adolescents, sont néanmoins sortis simplement, désarmés dans les rues de Paris, le 17 octobre, à l’appel de la fédération de France du FLN, ils ont été réprimés avec une violence inouïe.

Marie-Odile Terrenoire raconte dans son livre que, quand elle a entendu, en 2011, qualifier cette répression de « crime d’Etat », sachant que son père était alors ministre et ayant une haute idée de son anticolonialisme, elle en a été profondément choquée. Elle se souvenait, par exemple, avoir constaté l’amitié de Louis Terrenoire, au lendemain de la guerre d’Algérie, avec une journaliste de Révolution africaine, organe du FLN, ainsi qu’avec Denise Barrat, la femme de Robert Barrat, le journaliste et militant catholique auteur des premiers reportages sur les maquis de l’ALN. Pour en savoir plus, elle s’est lancée dans la lecture d’ouvrages sur le 17 octobre, dont ceux de Jean-Luc Einaudi qu’elle a trouvé honnêtes et scrupuleux. Elle relève notamment qu’il avait recueilli les témoignages de Joseph Rovan et Gaston Gosselin, les deux membres du cabinet d’Edmond Michelet dont Michel Debré avait exigé le départ avant même d’avoir obtenu celui du ministre. D’autres travaux lui ont semblé plus contestables car ils envisagent, sans aucune preuve ni indice, une volonté de répression émanant du chef de l’Etat dont on ne trouve aucune trace dans les écrits laissés par son père. Ceux-ci reviennent à de nombreuses reprises, en revanche, sur la coupure au sein du gouvernement entre ceux qui soutenaient la volonté du Général de reconnaître l’indépendance de l’Algérie et ceux qui étaient en désaccord avec lui. Il en ressort que la répression de septembre et octobre 1961 contre l’immigration algérienne ne relevait en rien d’une volonté du chef de l’Etat, préoccupé, comme le GPRA, à mener à terme les négociations. Il était, au contraire, à la recherche d’une forme de réconciliation avec les nationalistes algériens, de l’établissement de rapports de confiance avec eux, pour construire ensemble la transition la plus pacifique possible vers une indépendance algérienne compatible avec de bonnes relations future avec la France.

La terrible répression contre des civils de septembre et octobre 1961 résulte bien d’une tentative de peser indirectement sur l’issue de la guerre en empêchant l’issue voulue par le chef de l’Etat. Pour éviter que les négociations ne débouchent sur une indépendance de l’ensemble de l’Algérie, et pour l’obliger à envisager sa partition, avec une enclave côtière où seraient regroupés les Européens. Louis Terrenoire rapporte comment de Gaulle a écarté cette option, défendue notamment par Valéry Giscard d’Estaing, secrétaire d’Etat au finances. Elle était aussi portée par le député Alain Peyrefitte, qui l’a développée dans une série de quatre articles publiés dans Le Monde jusqu’au 2 octobre 1961, intitulée « Pour sortir de l’impasse algérienne ». Et dans son livre Faut-il partager l’Algérie ?, financé par Michel Debré et publié peu après chez l’éditeur Plon, dans la collection « Tribune libre ». Le directeur de cabinet du Premier ministre, Pierre Racine, a rapporté qu’il lui avait remis 800 000 anciens francs sur les fonds du Premier ministre en le chargeant de financer cette édition14. C’est bien le premier ministre qui, pour tenter d’empêcher une issue rapide des négociations et essayer de provoquer une partition de l’Algérie, a décidé, en s’appuyant sur Roger Frey et Maurice Papon, et avec l’assurance d’avoir un ministre de la Justice à ses ordres, de déclencher une guerre à outrance contre le FLN et les Algériens de France. Si le général de Gaulle et les hommes politiques qui le soutenaient, comme Edmond Michelet, Louis Terrenoire, Louis Joxe et d’autres, ont une responsabilité dans ce drame, ce ne peut être que dans le silence qui a recouvert un massacre que d’autres avaient voulu et organisé. Dans ce crime d’Etat, il faut probablement distinguer entre ses auteurs et ceux qui en ont été, d’une manière ou d’une autre, les complices par leur silence, qu’ils soient au gouvernement de la France ou dans les principales forces politiques d’opposition du pays qui, à des degrés divers, n’ont rien fait, ou presque rien fait, pour dire et dénoncer le massacre. Leur préoccupation principale, il est vrai, était la fin du conflit. Seuls le PSU, des mouvements étudiants anticolonialistes et des intellectuels ont manifesté.

De ce point de vue, le film d’artiste qui accompagne cet article, 17 octobre 2011, « cinquante ans après je suis là », d’Ariane Tillenon, commence par un témoignage troublant, celui de Georges Azenstarck, photographe à l’époque à l’Humanité, qui montre les photos d’un amas de cadavres de l’autre côté du boulevard, qu’il a prises alors du balcon du 3e étage de l’immeuble du journal et qui en ont ensuite mystérieusement disparu. Ce film orchestre des images de la marche de la fraternité organisée, en 2011, par de multiples associations, avec le soutien de La Parole errante du dramaturge Armand Gatti, qui avait confectionné pour elles quelque 200 silhouettes que les participants ont brandies. Des personnes de toute origine ont marché ensemble. Des Français de famille algérienne ont arboré fièrement le drapeau de la lutte pour la liberté de l’Algérie, et, de l’autre main, celui d’une France qui regarde en face son passé. Le générique remercie notamment un membre de l’équipe de La Parole errante qui a réalisé les silhouettes, Denis Joxe, fils du ministre de l’époque, disparu trop tôt pour voir ces images. Dans le recueillement, les chants et la joie, elles témoignent de ce que, irrémédiablement, malgré le mensonge et le déni de ceux qui ont commis ou dissimulé ce crime, la mémoire de cet événement a ressurgi, et on n’arrêtera pas son retour.

Gilles Manceron

Publié sur Médiapart

Avec l’aimable autorisation de l’auteur

Auteur
Giles Manceron

 




Macron refuse de donner « des leçons » de droits de l’Homme à Sissi

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Paris/Le Caire

Macron refuse de donner « des leçons » de droits de l’Homme à Sissi

“Je suis conscient du contexte sécuritaire et des conditions dans lesquelles le président Sissi opère”, a déclaré le chef de l‘Etat français à l‘issue de leur entretien à l‘Elysée. “Il a un défi : la stabilité de son pays, la lutte contre les mouvements terroristes, la lutte contre un fondamentalisme religieux violent”.

“Je crois à la souveraineté des Etats et donc de la même façon que je n’accepte qu’aucun autre dirigeant ne me donne des leçons sur la manière de gouverner mon pays, je n’en donne pas aux autres”, a-t-il poursuivi. Pour autant, “la France défend les droits de l’Homme comme étant des valeurs universelles qui ne souffrent d’aucun relativisme.”

Il a évoqué lors de son tête-à-tête d‘une cinquantaine de minutes avec son homologue une “quinzaine de cas individuels égyptiens” – journalistes, militants des droits de l‘homme, associatifs, a-t-on précisé dans l‘entourage d‘Emmanuel Macron.

Allié “stratégique” de la France dans la lutte contre le terrorisme, l‘Egypte connaît depuis l‘arrivée du président Sissi au pouvoir en 2014 la “pire crise des droits humains de l’époque récente” selon les ONG de défense des droits de l‘homme.

Pratique “systématique” de la torture par les forces de l‘ordre (Human Rights Watch), climat de “peur” (Ligue des droits de l‘Homme), arrestations d‘opposants, sites internet bloqués : les ONG s‘alarment régulièrement des atteintes aux droits de l‘Homme dans le pays – en vain pour l‘instant.

Dernier “accroc” en date, la loi sur les ONG promulguée en mai qui interdit aux organisations non gouvernementales de mener un travail de terrain ou d‘enquête d‘opinion sans autorisation préalable des autorités.

Sissi nie toute torture

S‘exprimant aux côtés d‘Emmanuel Macron, le président Sissi a assuré que son pays “tenait” aux droits de l‘Homme et que les forces de sécurité égyptiennes ne pratiquaient “pas la torture”.

“Nous sommes dans une région perturbée et ces troubles risquent de transformer cette région en région d‘exportation du terrorisme dans le monde entier”, a-t-il souligné, jugeant que l‘image de la situation dans son pays véhiculée à l‘international n’était pas “réelle”.

La dégradation de la situation dans le pays est source d‘embarras pour les capitales occidentales, notamment à Paris, Emmanuel Macron ayant fait de la lutte contre le terrorisme sa priorité diplomatique numéro un.

Contrairement à Washington, qui a gelé en août son aide au Caire pour protester contre le manque de progrès en matière de droits de l‘Homme, la France marche sur des oeufs. L‘Egypte, souligne-t-on à Paris, est un “élément central de la stabilité régionale” et essentiel à la résolution des conflits israélo-palestinien, libyen et dans la lutte contre le terrorisme.

“Il y a aujourd‘hui un partenariat stratégique étroit entre nos pays en matière de défense et de coopération, nous continuons à travailler dans ce cadre de ce partenariat”, a dit Emmanuel Macron, qui a été invité par son homologue à se rendre en Egypte.

Le Caire est en outre devenu sur la période 2007-2016 le quatrième client en armement de la France selon le ministère de la Défense, notamment grâce à la vente de 24 avions de combat Rafale, d‘une frégate multimissions et de deux navires de guerre Mistral pour quelque six milliards d‘euros.

L‘option du Caire sur 12 avions de combat Rafale a été notamment évoquée lors de l‘entretien entre les deux chefs d‘Etat. “C‘est en discussion, cette visite permet de discuter des conditions financières qui peuvent être octroyées aux Égyptiens”, a-t-on indiqué à l‘Elysée, sans donner plus de précisions. Selon latribune.fr, Bercy bloquerait la signature de ce contrat face à la demande de l‘Egypte de bénéficier de facilités de paiement.

Auteur
Reuters

 




Le prince héritier promet une nouvelle monarchie « modérée »

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Arabie saoudite :

Le prince héritier promet une nouvelle monarchie « modérée »

Le prince Mohammed ben Salmane, 32 ans, s’est livré à une attaque frontale contre certains milieux religieux conservateurs qui exercent une influence notable sur la société depuis des décennies.

« Nous ne ferons que retourner à un islam modéré, tolérant et ouvert sur le monde et toutes les autres religions », a-t-il déclaré lors d’une conférence économique internationale.

Il a estimé que l’Arabie saoudite avait abandonné la modération en 1979 avec la montée en puissance de courants religieux extrémistes.

« Nous n’allons pas passer 30 ans de plus de notre vie à nous accommoder d’idées extrémistes et nous allons les détruire maintenant », a assuré le jeune prince, suscitant les applaudissements nourris des participants à ce forum qui a attiré 2.500 décideurs du monde entier.

« Nous allons détruire l’extrémisme très bientôt », a insisté le prince héritier, fils du roi Salmane (81 ans) mais considéré aujourd’hui comme l’homme fort du royaume.

Dans les années 1970, l’Arabie saoudite a connu d’importantes réformes, malgré la résistance de milieux religieux conservateurs, comme l’ouverture de l’enseignement aux jeunes filles et l’introduction de la télévision.

L’assassinat du roi Fayçal en 1975 a freiné ce mouvement dans un pays bâti sur une alliance entre l’aile religieuse, représentée par la famille Al-Cheikh qui régule l’espace social, et le pouvoir politique représenté par la famille Al-Saoud, qui a fondé le royaume actuel en 1932.

Bouffée d’oxygène

Depuis sa nomination en juin comme prince héritier, Mohammed ben Salmane s’est attaché à desserrer le carcan des milieux religieux sur la société saoudienne.

Il est considéré comme l’inspirateur de la décision en septembre de lever l’interdiction qui était faite aux femmes de conduire. Auparavant, il avait fait arrêter plus de 20 personnes, dont deux prédicateurs religieux très influents. 

Plus généralement, sa nomination a représenté une bouffée d’oxygène pour les jeunes Saoudiens (plus de la moitié de la population a moins de 25 ans).

Avec le prince héritier, l’Arabie saoudite commence à s’ouvrir aux arts, à la musique et des femmes ont été autorisées pour la première fois à participer aux célébrations de la fête nationale dans un stade de Ryad en septembre.

Les Saoudiens attendent maintenant l’ouverture de salles de cinémas et plus de divertissements, longtemps interdits par les milieux religieux conservateurs.

Auteur d’un vaste plan de transformation de l’économie saoudienne destiné à réduire la dépendance du royaume au pétrole, le prince Mohammed est venu au forum de Ryad présenter un méga-projet.

Il porte sur la création d’une gigantesque zone de développement économique, appelée NEOM et d’une superficie de 26.500 km2, avec des investissements projetés à plus de 500 milliards de dollars (425 milliards d’euros).

Cette nouvelle zone économique, à peine plus petite que la Belgique, sera établie au nord-ouest de l’Arabie saoudite, sur les bords de la mer Rouge.

Certains secteurs seront frontaliers de la Jordanie et de l’Egypte, précise un communiqué du Fonds public d’investissement saoudien.

« Volonté du peuple »

Appuyé également par des investisseurs étrangers, NEOM concernera des secteurs aussi divers que l’énergie, l’eau, la biotechnologie, l’alimentation, le numérique, les médias et les divertissements, selon le communiqué.

« Toutes les conditions sont réunies pour assurer le succès de ce projet et, en premier lieu, la volonté du peuple saoudien », a plaidé le prince, suscitant encore une fois les applaudissements de l’assistance.

Mohammed ben Salmane n’a toutefois pas abordé les difficultés économiques du royaume. Premier exportateur mondial de pétrole, l’Arabie saoudite a enregistré d’énormes déficits budgétaires et vu ses réserves financières fondre depuis la chute à la mi-2014 du prix de l’or noir.

Le prince héritier, ministre de la Défense et qui préside également le Conseil économique et de développement, a présenté en 2016 un plan, appelé Vision 2030, qui vise à diversifier l’économie.

Ce plan prévoit notamment la vente en 2018 de 5% de parts du géant pétrolier Aramco. 

En août, les autorités saoudiennes avaient déjà annoncé le lancement d’un projet touristique d’envergure consistant à transformer une cinquantaine d’îles de la mer Rouge en stations balnéaires de luxe. 

AFP

Auteur
AFP

 




Le cinquième sablier

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Algérie

Le cinquième sablier

Auteur
R. Zenati

 




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