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3 milliards de dollars d’exportations : évitez d’induire en erreur l’opinion publique

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POLEMIQUE

3 milliards de dollars d’exportations : évitez d’induire en erreur l’opinion publique

Selon le Ministère du Commerce, le volume des exportations hors hydrocarbures atteindra à la fin de l’année 2018 en trois milliards de dollars. Or, afin d’éviter d’induire en erreur l’opinion publique par un discours d’autosatisfaction qui voile la réalité et nuit au redressement national, une analyse objective implique d’analyser la structure du commerce extérieur. En se référant aux statistiques officielles 206/2018, des douanes, force este de constater qu’en ce mois de novembre 2018, Sonatrach reste pour les ressources en devises, l’Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach.

1.– La structure des exportations hors hydrocarbures 2016-2017

Les résultats globaux obtenus en matière des réalisations des échanges extérieurs de l’Algérie pour la période de l’année 2017 font ressortir un déficit de la balance commerciale de 11,19 milliards de dollars US, soit une diminution de 34,39% par rapport à celui enregistré durant l’année 2016. Cette tendance s’explique essentiellement par la hausse plus importante des exportations des hydrocarbures de 15,78%, par rapport à celle des importations qui ont enregistré une légère baisse de 2,4%. En termes de couverture des importations par les exportations, les résultats en question, dégagent un taux de 76% en 2017 contre un taux de 64% enregistré en 2016. Les importations Algérienne ont diminué de 2,4% par rapport à l’année 2016, passant de 47,08 milliards de dollars US à 45,95 milliards de dollars US. Les hydrocarbures ont représenté l’essentiel des exportations à l’étranger durant l’année 2017 avec une part de 94,54% du volume global des exportations, et une augmentation de 16,45% par rapport à l’année 2016. Les exportations « hors hydrocarbures », qui restent toujours marginales, avec seulement 5,46% du volume global des exportations soit l’équivalent de près de 1,89 milliard de Dollars US, ont enregistré une augmentation de 5,21% par rapport à l’année 2016.

Les groupes de produits exportés en dehors des hydrocarbures 2016/2017 sont constituées essentiellement de dérivées d’hydrocarbures.

– huiles et autres produits provenant de distillation du goudron représente 21,92% en 2016 et 27,96% en 2017,

– l’ammoniacs anhydres, 17,89% en 2016 et 18,00% en 2017,

– les engrais minéraux 24,80% en 2016 et 17,05% en 2017 ,

– les hydrocarbures cycliques 2,40% en 2016 et 1,66% en 2017.

Ce qui nous donne un total de 67,01% pour 2016 et 64,67% en 2017 sur les 1,89 milliards de dollars soit 1,22 milliards de dollars restant seulement pour les autres produits 670 millions de dollars. Si l’on prend en compte le phosphate calcium qui a représenté 3,98% en 2016 et 2,90% en 2017, le montant est inférieur.

2.- La structure des exportations hors hydrocarbures les 8 premiers mois de 2018

Nous avons un volume global des importations de 30,39 milliards de dollars US soit une baisse de 2,40 % par rapport aux résultats des huit premiers mois 2017. Un volume global des exportations de 28,34 milliards de dollars US, en augmentation de 23,48% par rapport aux résultats des huit premiers mois 2017. Cela s’est traduit par un déficit de la balance commerciale durant la période des huit premiers mois 2018 de l’ordre de 2,05 milliards de dollars US, contre un déficit de 8,19 milliards de dollars US enregistré durant les huit mois 2017, soit une diminution appréciable de près de 74,9%, un taux de couverture des importations par les exportations de 93% durant les huit premiers mois 2018, contre un taux de 74% au cours des huit premiers mois 2017 toujours grâce à l’envolée sur cours des hydrocarbures, facteur exogène qui échappe ç la gouvernance interne. Dans la structure des exportations, les hydrocarbures continuent à représenter l’essentiel des ventes à l’étranger avec une part de 92,90% du volume global des exportations, et une hausse de 21,23% par rapport à la même période 2017.

Quant aux exportations hors hydrocarbures, elles demeurent toujours marginales, avec seulement 7,10% du volume global des exportations soit une valeur plus de 2 milliards de dollars US. enregistrant une hausse de 63,13% par rapport aux huit premiers mois 2017. Les principaux produits hors hydrocarbures exportés, sont constitués essentiellement par le groupe « demi-produits » qui représente une part de 5,70% du volume global des exportations soit l’équivalent de 1,62 milliard de dollars US.

Le groupe « biens alimentaires» vient en seconde position avec une part de 0,88% soit 250 millions de dollars US suivi par le groupe «produits bruts » avec la part de 0,24% soit en valeur absolue 67 millions de dollars US, et enfin les groupes « biens d’équipement industriels» et «biens de consommations non alimentaires » avec les parts respectives de 0,20% et 0,08%. Si l’on prend la structure par produits, nous avons pour un total de 2,013 milliards de dollars :

Pour les 8 premiers mois de 2018, les groupes de produits exportés en dehors des hydrocarbures 2016/2017, sont constituées essentiellement de dérivées d’hydrocarbures

– les engrais minéraux 33,62%

– huiles et autres produits provenant de distillation du goudron 24,14%

– l’ammoniacs anhydres 15,51%.

Ce qui nous donne 73,27% soit 1,548 milliards de dollars, restant aux autres produit seulement 465 millions de dollars.

3.- Structure des exportations de Sonatrach 2017

Selon le bilan officiel de Sonatrach 2017,la production et les exportations se structurent ainsi : la production de Gaz naturel en millions de mètres cubes a été de 96599 (1,7%) pour une exportation de 37594 (-2,2%), la production et les exportations de gaz naturel GNL en millions de mètres cubes 16410(+5,7%), la production de pétrole brut a été 49468 Kt (-2,9%) et l’exportation de 24677( -2,2%), la production et les exportations de condensat en K tonnes a été 9219 (-0,1%), le Gpl aux champs a été de 7980 Kt (-3,2%) et les exportations de 6932 (-5,2%),les produits raffinés en KT 15941 (-1,8%), autres Gnw( électricité 880 (-71,2%), soit un total de production 165861 en Kt (-0,2%) pour une exportation de 108.257 (-2,2%) contre une production 166184 (2016) et une exportation de 110643 en 2016 . Ce qui donne en pourcentage pour les exportations : GN, 32,9%, GNL, 14,4%,( au total gaz 47,3%) pétrole brut 25,2%, condensat, 4,4%, produits raffinés 15,6%, Gpl 7,6%. Sonatrach directement et indirectement avec les dérivées (engrais etc.) procure environ 97/98% des recettes en devises du pays d’où l’importance d’être attentif à l’évolution du prix tant du gaz (le cours le 10/11/2018 étant à 3,5 dollars le MBTU inferieur par rapport aux années 2008/2009 représentant, selon les données en structure physique de Sonatrach, pour 2017 plus de 47% des exportations) –l’essentiel des exportations, sur le marché international, facteurs exogènes échappant à la gouvernance interne Or, sans bonne gouvernance et de profondes réformes structurelles, l’Algérie restera éternellement dépendante de cette ressource éphémère.

(.-Voir contribution internationale du professeur Abderrahmane Mebtoul Mena/Forum- diffusion internationale Londres/Bruxelles « The eight factors determining the price of oil by Dr A. Mebtoul | Nov 1, 2018) 

Auteur
Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités

 




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Ali Benflis : « Nous sommes à la veille d’un nouveau coup de force »

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DECLARATION

Ali Benflis : « Nous sommes à la veille d’un nouveau coup de force »

Ali Benflis, Président de Talaie el Houriyet, a fait une intervention particulièrement violente contre le clan au pouvoir, à l’ouverture de la sixième session ordinaire du Comité Central qui s’est tenue samedi 10 novembre. Extraits.

« (…) Le glorieux 1er Novembre que le peuple algérien vient de célébrer se fixait comme objectif central l’instauration d’un Etat démocratique et social.

Il nous faut relever, malheureusement, que l’Etat démocratique et social dont rêvaient  les novembristes est toujours en projet.

(…) Les Algériens n’ont pas encore accédé à la plénitude de la citoyenneté ; ils vivent sous un régime autoritaire qui  leur laisse peu d’espace de liberté et d’épanouissement ; ils ne se sentent pas en sécurité, pris entre une Administration tatillonne  et un système judiciaire aux ordres.

64 ans après, les Algériens ne bénéficient toujours pas d’une prise en charge adéquate des soins de santé, non point faute de compétence et de dévouement du corps médical (…) 64 ans après, nos enfants s’entassent dans des classes surchargées, et beaucoup  étudient dans des conditions qui ne sont pas dignes de la noblesse de l’objectif, celui de la formation du citoyen de demain.

64 ans après, l’Université, censée être, le haut lieu du savoir, de la connaissance et du mérite  verse souvent dans le favoritisme et le clientélisme, la décrédibilisation des concours, notamment, pour l’accès aux études de post-graduation, et la dévalorisation des diplômes. 

64 ans après, de jeunes Algériens tentent l’aventure périlleuse de la harga au même moment où notre pays connaît une hémorragie de ses cadres sans que cela n’alerte outre mesure les autorités publiques.

(…) Pourtant, les gouvernements qui se sont succédé depuis le renchérissement des prix du pétrole ont eu entre les mains une manne financière suffisante pour doter le pays d’infrastructures sanitaires capables d’assurer aux algériens l’accès à des soins médicaux de qualité, un système éducatif moderne, performant, qui permet à nos enfants d’étudier dans de bonnes conditions et une Université capable, pourquoi pas, de sortir des ‘’prix Nobel’’ qui auraient fait la fierté de notre pays.

Les gouvernements qui se sont succédé depuis le renchérissement des prix du pétrole, dis-je, ont eu entre les mains une manne financière pour ouvrir des perspectives prometteuses et des opportunités pour notre jeunesse qui ne demande qu’à apprendre, qu’à travailler, qu’à innover, qu’à participer à la vie politique, économique et social de leur pays (…)

Il n’en a, malheureusement, pas été ainsi. La mauvaise gouvernance, les mauvais choix économiques, l’improvisation, la distribution clientéliste de la rente, la dilapidation des fonds publics, le gaspillage des ressources, la corruption qui a gangréné l’appareil d’Etat et le secteur économique, ont conduit  le pays à une situation économique catastrophique au point de recourir à la planche à billets !

Crise de légitimité

Notre session se tient dans un contexte particulièrement d délicat où, l’approche de l’échéance des élections présidentielles focalise toute l’attention de nos gouvernants avec comme objectif de créer les conditions pour un nouveau coup de force pour se maintenir au pouvoir contre la légitimité populaire, sans aucune considération pour ce qui peut advenir de cette obsession pour la pérennité en termes d’aggravation de la crise, de dérapages et de risque pour la stabilité et la sécurité du pays et l’unité de la nation.

Nous l’avons dit et répété, la crise que vit notre pays est avant tout une crise de légitimité. Les gouvernants ont déclassé la légitimité populaire, la légitimité du savoir, la légitimité du mérite, la légitimité de la compétence, la légitimité de l’intégrité, qui ont disparu du lexique politique des dirigeants actuels, au bénéfice d’une aberration, ‘’la légitimité du terrain’’, au nom de ce qu’ils appellent le « pragmatisme politique » qui ne s’embarrasse pas de principes.

Le rapport de force et le fait accompli sont érigés en mode de gouvernance. Ils ne respectent même pas la Constitution dont ils ont fait adopter les amendements de 2016 par un coup de force, ni les lois qu’ils ont  eux-mêmes concoctées pour asseoir leur autorité usurpée. L’Algérie est, aujourd’hui, à l’antipode de l’Etat de droit dont le pouvoir ose se prévaloir.

Et comment s’étonner du peu de considération que le pouvoir politique voue à la légitimité populaire lorsqu’il n’a que peu d’égard vis-à-vis des institutions qu’il a lui-même mises en place pour se donner une apparence démocratique. Que deviennent les rapports de la Cour des comptes  qui relève, dans chacun de ses rapports, de graves dépassements dans la gestion des deniers publics, enrobés pudiquement dans le vocable de dysfonctionnements ?  Le Conseil national économique social est muselé. Les deux chambres du Parlement sont confinées dans un rôle d’enregistrement malgré les efforts méritoires des députés de l’opposition et de quelques députés d’autres partis qui ont une haute idée de leur mission, pour donner un minimum de crédibilité à l’Institution législative. Et que dire de l’appareil judiciaire qui fonctionne à l’injonction, au mépris de la dignité du magistrat lui-même,  et de l’idée et de l’image que le citoyen se fait de la justice de son pays.

La focalisation sur l’échéance présidentielle s’est traduite par une intensification de la lutte entre centres de décision du pouvoir politique en place, avec comme résultante l’accélération de la dégénérescence de ce qui reste du peu de crédibilité et de stabilité des institutions de la République.

La crise dont  l’Assemblée Populaire Nationale a été le théâtre le mois dernier est le reflet de cette confrontation interne au pouvoir en place qui n’arrive même plus à gérer ses contradictions et à transcender ses clivages. (…)

Le cap mis sur la prochaine échéance présidentielle, en pleine impasse politique, le pouvoir politique s’affaire à baliser le chemin qui le mène jusqu’à 2019 en tentant de neutraliser l’opposition et les médias par la  fermeture hermétique du champ politique et médiatique.

Le bouc émissaire, c’est l’opposition, à laquelle on reproche de vouloir priver le peuple algérien de continuer à profiter de la prospérité que lui a procurée le régime en place !  

Le bouc émissaire c’est aussi la presse indépendante à laquelle il est reproché de véhiculer le discours de « haine » de  l’opposition.

L’opposition subit le harcèlement systématique du pouvoir politique et le verrouillage hermétique du champ politique et médiatique pour étouffer toute expression qui viendrait perturber la marche vers le maintien du statu quo qui assure la pérennité du régime politique en place au mépris de la volonté populaire. L’amendement de la Constitution en 2016 était censé donner plus de prérogatives à l’opposition.  En fin de compte, nous assistons à un verrouillage encore plus serré et plus hermétique du champ politique et médiatique.

Les atteintes systématiques des autorités publiques  au droit, constitutionnel, des Partis politiques de tenir des rencontres pacifiques, dans des salles, et d’organiser des rassemblements tout aussi pacifiques dans des lieux publics illustrent l’acharnement du pouvoir politique à isoler l’opposition, de la population, pour se réserver le monopole de la communication avec le citoyen et distiller le discours « de la continuité, synonyme de paix et de stabilité, pour le pays et de bien être pour la population » .

Les gouvernants font tout pour diaboliser l’opposition, rendue responsable de tous les maux qui « empêchent notre pays d’avancer », tantôt accusée de servir des agendas étrangers, tantôt de « semer la fitna pour faire revenir l’Algérie aux années 90 ». Les autorités ne lésinent pas sur les moyens pour empêcher l’opposition de s’exprimer. Dans sa détermination à faire taire les voix discordantes, le pouvoir politique ne s’embarrasse plus des formes, vis-à-vis de l’opinion publique. L’opposition est cloitrée dans un espace délimité par des lignes rouges, qui se rétrécit de jour en jour.

Les  activités de l’opposition, malgré leur caractère tout à fait légal et pacifique, sont assimilées à « des manœuvres politiciennes qui menacent la stabilité du pays ». De graves accusations qui dénotent un certain état de panique au niveau des gouvernants, de peur de voir leur feuille de route pour 2019 fortement perturbée.

Le pouvoir politique en place fait du chantage à la stabilité et à la sécurité un fonds de commerce pour plaider « la continuité ». Il joue la peur et brandit l’épouvantail d’un retour à la violence des années 90.  

Tout le monde sait que la menace ne vient pas de l’opposition. Elle est dans le risque de débordement des conflits à nos frontières, dans la capacité de nuisance des quelques groupes terroristes encore en activité, dans les tentatives d’implantation de groupes terroristes étrangers dans notre pays, et dans la grande criminalité (…)

L’autre menace réside dans le risque de dérapage que fait courir au pays l’attitude irresponsable du pouvoir politique en place par la recherche obsessionnelle du maintien du statu quo. (…)

L’opposition, consciente des défis et des enjeux de la situation de notre pays a montré son haut degré de responsabilité en multipliant les propositions et initiatives pour une sortie de crise. Des initiatives qui convergent toutes vers une solution pacifique consensuelle par un dialogue inclusif pour épargner à notre pays des dérapages aux conséquences imprévisibles. (…)

Les médias, essentiellement les titres de la presse écrite et ceux de la presse électronique, sont en ligne de mire, parce que sans ces médias libres, les voix de l’opposition, frappée d’ostracisme par les médias publics, seraient inaudibles.

La liberté d’expression, notamment la liberté de la presse, est mise à mal par le pouvoir politique en place qui s’octroie le droit de contrôler, de diffuser et de distribuer l’information, toute l’information, pour servir son agenda.

Comment peut-on parler de liberté de la presse alors que des journalistes croupissent en prison ? Non ! La place des journalistes n’est pas dans les prisons ! Elle est sur le terrain pour faire des investigations afin d’assouvir la soif et le droit du citoyen à l’information. La place des journalistes est dans les rédactions et non dans les prisons !

La liberté de la presse ne se mesure pas au nombre de journaux et de chaines de télévision.

La liberté de la presse se mesure à l’aune du degré de liberté du journaliste à accéder à l’information et à faire parvenir cette information au lecteur et à l’auditeur, sans entrave.

Talaie El Hourriyet, qui considère la liberté de la presse comme un pilier fondamental de la démocratie et de l’Etat de droit a toujours été solidaire des journalistes qui exercent leur métier avec professionnalisme, honnêteté  et dévouement, dans le respect de l’éthique de leur noble profession.

La participation à la présidentielle non tranchée

« (…) La décision concernant l’élection présidentielle ne peut être prise à la légère. Le Comité central prendra, je vous rassure, souverainement et démocratiquement la décision,  le moment opportun, comme ce fut le cas lors des échéances électorales précédentes.

En fait, avec la prochaine échéance présidentielle  notre pays se trouve à la croisée des chemins  avec,

– d’un côté, l’opportunité historique de l’ouverture d’un dialogue politique inclusif pour une solution consensuelle salutaire de la crise et l’adoption d’une feuille de route  pour l’instauration graduelle d’un système démocratique et d’un Etat de droit,

– et, de l’autre, une reconduction du système politique en place par la confiscation de la volonté populaire qui plongera notre pays dans l’inconnu.    

2019 matérialise la divergence entre les tenants de l’immobilisme et de la stagnation et les partisans d’un renouveau  national, deux projets, deux visions pour l’Algérie 2019 cristallise l’antagonisme entre les tenants de la prétendue «  légitimité du terrain » et les défenseurs de la légitimité populaire.

L’Algérie a un besoin vital d’aller à la légitimité populaire.  

Seule la légitimité populaire est à même d’asseoir la représentativité et la citoyenneté.

Seule la légitimité populaire est à même de consacrer la confiance entre gouvernants et gouvernés

Seule la légitimité populaire est à même de garantir la primauté du droit  et la légitimité de la loi.

(…) Il nous faut constater, malheureusement, que les questions économiques connaissent un  déclassement sur l’agenda du gouvernement en place, concentré davantage sur le maintien du statu quo politique. Le gouvernement donne l’impression qu’il se contente de gérer les affaires courantes en attendant de passer le gué électoral.

Mais comment ne pas s’inquiéter face à la stagnation de l’économie nationale et aux prévisions pour les prochaines années avec une croissance faible  pour la période 2018-2020, des prévisions concordantes des institutions économiques et financières internationales et des experts nationaux et par le gouvernement lui-même qui se fixe comme objectif une croissance du PIB faible de 2,6 % pour 2019 pendant que des pays de notre continent enregistrent des taux de croissance à deux chiffres, tout en visant ,dans ses prétentions, de rattraper et de rejoindre le groupe des pays émergents dans les prochaines années ? Du surréalisme !

Alertée par la faiblesse de la croissance du PIB durant le premier semestre 2018, la Banque d’Algérie, je dis bien, la Banque d’Algérie, a appelé le gouvernement à “un vaste programme de réformes structurelles pour libérer le fort potentiel de croissance de l’économie nationale et diversifier l’offre domestique et les exportations de biens et services”. L’appel ne risque pas d’être entendu.

Et de fait. Les réformes économiques et sociales  aussi indispensables qu’urgentes ne sont pas à l’ordre du jour et le gouvernement ne fait rien pour engager l’économie nationale sur la voie de la diversification si ce n’est la mise en place d’une « industrie » de montage automobile qui engloutit des milliards de dollars et dont l’extrême faiblesse du taux d’intégration annihile toute retombée bénéfique aussi bien pour l’économie nationale que pour le consommateur lui-même, pour ce qui est du prix des véhicules.

Pour le pouvoir politique en place, la seule préoccupation est le maintien du statu quo jusqu’à 2019 quel qu’en soit le coût économique à court, moyen et long termes, pour le pays, tablant sur le recours irresponsable à la planche à billets , sur une hypothétique revalorisation des cours du pétrole, et pourquoi pas et probablement un recours « forcé » à l’endettement extérieur, certainement à des conditions peu favorables, après épuisement des réserves de change.

La dégradation continue de la situation économique est visible dans la faiblesse de la croissance économique, la détérioration des principaux indicateurs économiques, les tergiversations dans le domaine de l’énergie face à la baisse de la production des hydrocarbures, les retards accusés en matière d’énergie renouvelable et l’opacité qui entoure la préparation de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, l’incapacité à réduire les importations du fait de la puissance des lobbies qui squattent les arcanes du commerce extérieur et à augmenter les exportations hors hydrocarbures, la détérioration continue de la valeur de la monnaie nationale ,un climat des affaires qui se dégrade du fait des incertitudes politiques, de l’instabilité juridique,  de l’absence de perspectives économiques et des scandales politico-financiers qui dissuadent les investisseurs potentiels.  

Cette situation est en fait, la conséquence logique de plus de quatre années d’immobilisme, de tâtonnements, de tergiversations, de revirements, d’instabilité juridique et institutionnelle, alors que les problèmes gagnent en complexité. Depuis le début de la crise, le gouvernement s’est contenté de scruter l’évolution des cours  des hydrocarbures sur le marché pétrolier avant de recourir à la planche à billets, au risque de provoquer une inflation incontrôlée, une dépréciation accentuée de la monnaie nationale et une dégradation du pouvoir d’achat du citoyen (…)

La situation politique délétère et la dégradation économique ne pouvaient pas ne pas influer sur la situation sociale. Les conditions de vie de l’algérien se détériorent. Notre pays connaît une régression sociale vécue au quotidien.

L’érosion dramatique du pouvoir d’achat sous l’effet cumulé de la dépréciation de la monnaie nationale et du renchérissement du coût de la vie,  risque de voir de larges franges des algériens s’enfoncer dans la pauvreté et d’autres s’installer durablement dans la précarité pendant que les clientèles du pouvoir amassent des fortunes colossales grâce aux positions monopolistiques qu’ils occupent dans les différentes sphères de l’activité économique. Cette dégradation du pouvoir d’achat du citoyen rend urgent la revalorisation du SNMG et des salaires en général. (…)

Face à tous ces mouvements sociaux, les autorités publiques, ont recours systématiquement à la force et à la violence pour réprimer toute velléité de contestation citoyenne et de revendication pacifiques de droits légitimes. Le dialogue, la concertation, l’écoute de l’autre  et la négociation ne figurent pas dans le répertoire des moyens de règlement des conflits sociaux.

Pourtant, les contestataires ne sont pas des casseurs qui veulent détruire leur pays. Ce ne sont pas des citoyens qui sont manipulés par des mains étrangères ou des lobbies.

Ce sont des pères et des mères, lésés dans leurs droits légitimes, qui n’arrivent plus à subvenir aux besoins fondamentaux de leurs familles.

Ce sont des patriotes, des gardes communaux, des retraités de l’ANP,  qui vivent très mal leur situation.

Ce sont des médecins résidents qui ne demandent qu’une bonne formation et de meilleures conditions pour s’adonner à leur vocation, celle de soigner les malades.

Ce sont les milliers de bénéficiaires des dispositifs ansej-cnac-angem victimes d’une politique qui visait beaucoup plus à acheter la paix sociale qu’à ouvrir des opportunités aux jeunes et qui se sont retrouvés seuls, face à leurs difficultés.

Ce sont tous ces jeunes, du Sud et du Nord du pays qui refusent qu’on leur laisse le seul choix entre la marginalisation, d’un côté, l’exil ou la harga de l’autre.

(… )Les manifestations récurrentes de nos concitoyens du Sud posent, inéluctablement, la problématique de l’équilibre régional en termes de développement économique et social. Force est de constater que les programmes spéciaux et les Fonds  mobilisés jusqu’à présent n’ont eu que des impacts peu significatifs sur le développement et la croissance des wilayas du Sud et n’ont pas contribué  de manière substantielle, à améliorer les conditions de vie du citoyen et à mobiliser des facteurs de développement et de production, d’où la persistance d’un chômage endémique et la difficulté d’accès aux besoins fondamentaux de base. (…)

Au risque de me répéter de session en session, je voudrais  évoquer le phénomène de la harga qui prend des dimensions dramatiques, douloureuse, pénible .N’est-il pas triste d’apprendre par des médias que des jeunes qui se sont embarqués dans ces aventures périlleuses ont menacé de s’immoler par le feu, lorsque leurs embarcations ont été arraisonnées par les gardes-côtes algériens, plutôt que de revenir en terre ferme. Aussi inquiétant est le fait que la harga ne se limite plus à de jeunes chômeurs désœuvrés, elle touche des citoyens ayant une situation, qui s’embarquent avec leurs familles.

On est, dès lors, en droit de se demander ce que le pouvoir politique en place a fait de notre pays pour que ses citoyens le fuie avec tant de ressentiments. Le marasme social, la mal vie, l’absence de liberté, l’incompréhension des aspirations de la génération de  l’internet par les tenants du pouvoir, le manque de perspective pour une jeunesse qui veut s’exprimer, créer, vivre son temps et son époque !

Et que fait le pouvoir pour juguler cet exode ? Le recours à un discours politique culpabilisateur archaïque qui ne prend plus et à l’arsenal sécuritaire et législatif qui est loin d’être dissuasif.

Mesdames et Messieurs,

Je viens de brosser devant vous une situation que certains peuvent considérer comme procédant d’une volonté délibérée de noircir le tableau pour des desseins de politique politicienne. Malheureusement, la situation est plus grave que je l’ai décrite.

Devant un tableau  aussi peu réjouissant, devant tant d’obstacles dressés devant l’opposition, tant de pressions, d’intimidations, de chantages, allons-nous baisser les bras ?

Devant l’autisme du gouvernement et son peu de considération envers l’opposition allons-nous rentrer chez nous et regarder, en spectateurs, notre pays sombrer dans l’inconnu ? La réponse est non ! Talaie El Hourriyet, continuera à militer pour le changement pacifique, convaincu que rien n’est immuable.

Nous ferons tout, avec ceux qui partagent nos convictions, pour que le changement que nous préconisons se fasse par  la voie pacifique afin de préserver de nouvelles épreuves à notre peuple.

Nous avons la ferme conviction qu’aussi grave que soit la situation, aussi désespérée qu’elle apparait, aussi complexe que sera la tâche du redressement, notre pays a encore, des hommes et des femmes de bonne volonté, des ressources et des ressorts pour rebondir.

Nous avons la ferme conviction que la crise multidimensionnelle qui affecte notre pays  ne peut être dépassée, de façon durable, qu’au moyen d’un dialogue politique inclusif et bénéfique, qui place l’intérêt de notre pays et les aspirations du peuple algérien au-dessus de toute autre considération.

Nous avons la ferme conviction que l’impasse politique dont souffre le pays a  atteint un seuil de gravité, sans précédent, qui met en danger les fondements de l’Etat national et interpelle tous les acteurs politiques pour un sursaut salutaire afin d’épargner à notre pays des dérapages aux conséquences d’une ampleur imprévisible sur la stabilité, la sécurité, l’unité et la cohésion de la Nation.

Il est, dès lors, du devoir aujourd’hui de tous les patriotes, de tous les courants politiques, et nous savons qu’ils existent dans toutes les institutions de l’Etat ,de l’opposition dans sa diversité, des personnalités politiques nationales, des représentants de la société civile, pour former un seul front pour la sauvegarde de l’Algérie, loin des intérêts  partisans, des considérations idéologiques, des aspirations catégorielles, pour promouvoir l’idée d’un dialogue inclusif pour une sortie de crise consensuelle.

 

 




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La pétaudière de la communication algérienne

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De l’Aps aux réseaux sociaux:

La pétaudière de la communication algérienne

L’Algérien est-il bien informé ? La gamme des moyens d’information de masse qui ont fait leur apparition au cours de ces dernières années, contribuent-ils à la liberté de communication ou, au contraire, la diluent-elle dans des flux trop diversifiés, d’autant plus que le public algérien, de par sa formation scolaire et universitaire, et en raison aussi d’un certain un déficit culturel, ne dispose pas d’assez de repères pour se faire une idée exacte de l’importance des événements rapportés ou des analyses déclinées.

De même, la diversité des canaux d’information (presse écrite, sites internet, réseaux sociaux, télévisions satellitaires d’Orient et d’Occident) comporte beaucoup de risque d’atomisation de l’information et de son contenu.

Il arrive que des voisins de palier, habitant Alger, Oran ou une région rurale, n’aient pas beaucoup de choses en commun en matière d’information; ils sont branchés, les uns sur Nilesat, les autres sur Astra, d’autres encore sur Facebook, et le reste sur les chaînes TV algériennes.

Pour se reconnaître quelque peu dans son algérianité et satisfaire au besoin de partager le même environnement culturel et informationnel que les autres, l’on est toujours tenté, ne serait-ce que pour quelques minutes, par le retour aux chaînes publiques algériennes.

Quant à l’agence de presse officielle, APS, elle n’est consultée que par les professionnels des médias pour rapporter ce qui est appelé la « communication institutionnelle » laquelle n’est pas au-dessus de toute critique. Mais, ce thème relève d’une autre problématique sur laquelle nous aurons l’occasion de revenir.

Une ambition communicationnelle érodée

Avec la multiplication des chaînes de télévisions privées, dont un grand nombre diffusent « offshore », la curiosité et le besoin d’une information crédible ont amené un grand nombre d’Algérien à y voir, au départ, une nouvelle fenêtre par où l’on peut jouir du tant désiré droit à l’information. Sans que cela soit complètement une chimère, le temps a fait que cet espoir est aujourd’hui relativisé.

Les ambitions politiques (peut-être politiciennes?), le long et laborieux apprentissage du professionnalisme, l’excès de cupidité et de business précipité, tous ces facteurs ont quelque peu érodé cette ambition d’installer un paysage audiovisuel de qualité.

Trois faits, sans doute anecdotiques, mais assez instructifs, nous ont amenés à nous poser la question de savoir quel est le progrès réalisés par les Algériens en matière de communication depuis l’entrée du pays dans le pluralisme médiatique, soit en 1990, à la faveur du décret signé alors par l’ancien Premier ministre, Mouloud Hamrouche. Ces trois faits ont un nom: la nostalgie. Il reste à savoir est-ce qu’elle est fondée ou justifiée.

Une nostalgie symptomatique

Le talentueux journaliste Abdelkrim Djâad, disparu en 2015, avait écrit, au début des années 2000 une chronique dans le journal La Dépêche de Kabylie où il regrettait l’hebdomadaire public Algérie-Actualités dans lequel il travaillait avec une équipe de journalistes qui étaient en même temps de véritables hommes de culture. Nous ne citerons ici que trois noms qui ne sont plus de ce monde: Tahar Djaout, Abdou Benziane et Abderrahmane Mahmoudi. Djaâd sublima sa nostalgie en allant créer, en 2003, un titre évocateur: Le Nouvel Algérie-Actualités, journal quotidien qui n’aura vécu que le temps de publication de 10 numéros.

Un autre phénomène remarqué depuis quelque temps dans les foyers algériens, c’est le retour vers les chaînes TV publiques, malgré l’extension du nombre de chaînes privées. Une forme de désenchantement face à ce qui n’a pas encore acquis maturité et consistance.

Le cynisme de l’une de ces chaînes, ayant fait ces derniers jours, dans le « voyeurisme » sauvage en montrant des journalistes menottés et conduits manu militari dans des fourgons cellulaires de la gendarmerie, renseigne sur le mésusage que l’on peut faire du noble métier de l’information.

Le troisième exemple nous est fourni par le journaliste Maâmar Farah, c’était en 2015 dans un numéro du Soir d’Algérie sous le titre: « 28 ans de presse sous le parti unique et 25 ans de presse indépendante« , thème d’une conférence qu’il avait faite au village Iguersafen, dans la wilaya de Tizi Ouzou, à l’occasion du festival Raconte-Arts. Paradoxalement, ce praticien du journalisme, à califourchon sur deux périodes, celles citées dans le titre de la conférence, fait l’éloge de la presse telle qu’elle existait sous le parti unique.

Il en relativise les limites qu’on a tendance à monter facilement en épingle. En résumé, on comprend, à travers ses propos, que la période des années 60 et 70 du siècle dernier n’était pas totalement de la dictature, et que la période actuelle est loin d’être un modèle de démocratie, malgré justement la centaine de quotidiens imprimés, de dizaines de sites internet et de plusieurs chaînes de télévision.

En d’autres termes, le nombre ne fait pas nécessairement la qualité, particulièrement lorsqu’on sait qu’avec un personnel fort réduit, un appartement loué, une ligne téléphonique pour accéder à l’internet et de solides connaissance à…l’ANEP, ont peut fonder tout de suite un quotidien.

Hormis certains titres qui font honneur à la corporation, le reste constitue des machines à sous qui durent parfois quelques mois.

Atomisation et logique mercantile

Incontestablement, le propos n’est pas ici de glorifier une époque révolue et de « cracher » sur un processus en pleine évolution. Il s’agit surtout de développer un certain esprit de lucidité face à un pluralisme médiatique sans grands repères. « Une presse qui, sous des dehors faussement pluralistes, est en perte de repères, d’idéal et de son âme altérée et dénaturée par les forces de l’argent« , écrit Farrah.

Sans pouvoir ni vouloir ressusciter un ordre politique régi par le contexte mondial de l’époque (socialisme, tiers-mondisme, positions par rapport aux deux blocs qui régentaient le monde), la configuration de l’ordre actuel, principalement dans son versant de communication, peine visiblement à obtenir l’adhésion des populations et des citoyens.

La réconciliation entre les deux parties ne saurait se réaliser que lorsque le lecteur, le téléspectateur et l’auditeur se reconnaîtront en tant que partie essentielle de cette grosse mécanique, source d’atomisation de l’information, et qui, plus est, est assise sur une logique quasi exclusivement mercantile. En attendant, facebook, radio trottoir, El Maghrabia et d’autres bifurcations communicationnelles (du genre Yann Barthès), font office d' »agences » officielles d’information.

Auteur
Amar Naït Messaoud

 




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Tiaret: la Sûreté de wilaya dresse son bilan du mois d’octobre

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SECURITE

Tiaret: la Sûreté de wilaya dresse son bilan du mois d’octobre

Comme à l’accoutumée, la sûreté de la wilaya de Tiaret a rendu public, hier jeudi, un bilan des activités réalisées au cours du mois d’octobre précédent.

En matière de sécurité routière, quatre cent et un permis de conduire ont été retirés à leurs titulaires durant le mois d’octobre, indique le communiqué.

Le bilan de la sûreté fait état aussi de 1693 d’amendes forfaitaires enregistrés à travers le territoire de la wilaya.

Pour les délit de circulation, les services de police ont enregistrés durant la même période 57 véhicules qui ont été mis en fourrière et l’arrestation de 11 personnes pour conduite en état d’ivresse.

La police de l’urbanisme et de la protection de l’environnement de la sûreté de wilaya de Tiaret a enregistré 19 infractions relative à l’atteinte aux règles de la construction poursuivis en justice, deux démolitions de constructions illicites et 133 infractions liées à l’environnement.

Concernant la lutte contre le commerce informel, les mêmes services ont saisi plus de 17 kilos de viandes rouges, 182 de viandes blanche, 1913 kilos de légumes, 144 litres de l’eau minérale et 72 litres de jus.

Dans d’autres opérations, les mêmes services ont saisi plus de 63,5 kilos de viandes blanches, 34 kilos de viandes rouges et 6 kilos de viandes hachés, à la suite d’une vérification effectuée sur cette marchandise, les analyses ont établi que les viandes n’étaient pas consommables. La marchandise a été détruite.

Auteur
Khaled Ouragh 

 




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Pétain 2.0 le «criminel de guerre», itinérances mémorielles ou errances morales ?

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Pétain 1.0 le «Grand soldat»

Pétain 2.0 le «criminel de guerre», itinérances mémorielles ou errances morales ?

Le président français Emmanuel Macron croit devoir célébrer un centenaire sans compétence particulière. Influence des historiens de cour qui, parlant d’histoire, se croient obligés de flatter les intérêts des puissants d’aujourd’hui ? écrit Alain Garrigou dans son blog en septembre 2018.

À moins que ce ne soit l’assurance d’un président sûr de sa supériorité. Mais Emmanuel Macron a suffisamment accumulé les bourdes grossières manifestant un sentiment de supériorité qu’on peut croire qu’il a fauté seul. En faisant l’équilibre entre un Pétain 1, brave soldat et un Pétain 2 criminel et traître de la nation, il a repris une ficelle dialectique de ceux qui font la part des choses parce qu’ils jugent en surplomb au-dessus du commun. Insensibles à certaines dimensions, par exemple morales, de la question.

Ainsi vont les élites sûres d’elles. Elles le font d’autant plus que leur mode de consécration ou de certification passe par une culture scolaire superficielle en la matière, celle des grandes écoles, où l’on apprend beaucoup de choses, en réalité des mots coupés de la réalité dont ils sont censés rendre compte, des souffrances, des angoisses, des incertitudes. À coup de fiches de lecture, les jeunes esprits promis à la domination et en tout cas au succès, croient qu’ils comprennent le monde.

Mais à quoi sert de les mettre en garde, puisque, aussi doués soient-ils, tout occupés à leur narcissisme, ils sont déjà hors du monde des humains. Et imperturbables, ils récidivent.

De quoi Pétain est-il le nom ?

La France a été cobelligérante de la guerre et instigatrice de l’usage des armes chimiques

Au cours de l’année 1925, Abdelkrim fait face à environ 400 000 hommes réunis pour l’abattre, qui sont appuyés par une artillerie lourde et des renforts aériens. Devant une telle armada, le leader rifain et ses troupes sont défaits. L’année suivante, en 1926, il se rend à la « coalition coloniale », afin d’épargner ses coreligionnaires civils. Il n’en est rien, l’aviation ennemie bombarde de nombreux villages de la région pour écraser toute résistance.

L’Espagne met la main sur le Rif dans sa totalité

Cette dernière n’a pas hésité avec le soutien français à utiliser des armes chimiques pour entériner toute rébellion : le fameux gaz moutarde fait des ravages, l’année 1924 constitue le pic des bombardements espagnols.

Les civils sont directement visés, cela émeut l’opinion internationale de l’époque. Ces actes renforcent l’image d’Épinal autour d’Abdelkrim, vaillant résistant face à l’écrasante machine de guerre européenne

La complicité de la France apparaît avec la société Schneider. Tout en condamnant les armes chimiques, la France ne s’est pas privée de les vendre à l’Espagne et même de former des techniciens. Par la suite intervient le Dr. Allemand Stolzenberg et la société du même nom. Mais l’achat de ce type d’armes n’est pas suffisant, et c’est pourquoi il est décidé de les produire sur place. Cela s’est fait à Madrid même dans la fabrique de la Maranosa, puis dans le Rif, entre Melilla et Nador. Le secret est tel que les concernés ne parlent pas d’armes chimiques, on parle plutôt de « gaz », de bombes x…

Et ce n’est que récemment que les recherches ont remis l’histoire à l’ordre du jour. Les victimes ont été nombreuses. Il y en a eu aussi du côté des techniciens et militaires espagnols suite à des accidents de manipulation. Les victimes de ces armes chimiques de destruction massive ne sont pas seulement les guérilleros rifains, engagés dans le combat. Ce sont aussi et en grand nombre, surtout, des populations civiles, les animaux, la végétation, l’environnement, l’eau…

D’ailleurs les cibles étaient essentiellement des cibles civiles, le lieu et le jour, celui du marché où les populations allaient pour acheter et vendre et se retrouvaient ainsi réunies.

Les victimes ne sont pas seulement celles qui moururent dans l’immédiat. Les victimes des armes chimiques de destruction massive on les retrouve encore aujourd’hui parmi les descendants des victimes d’hier. Des rapports sérieux, officiels, faits pour le compte de l’Organisation des Nations Unies, par des experts de renommée internationale, tel que le Pr. Christine Margaret Gosden, titulaire de la chaire de médecine génétique de la « Royal university of liverpool », confirment les effets mutagènes et cancérigènes des armes chimiques employées. Les statistiques officielles des hôpitaux marocains attestent que 80% des patients atteints de cancers du larynx sont originaires du Rif.

Le général d’aviation Ignacio Hidalgo de Cisneros déclare dans son livre autobiographie Cambio de rumbo qu’il est le premier aviateur à avoir lâché une bombe de 100 kg de gaz moutarde d’un avion Farman F.60 Goliath durant l’été 1924. Ce sont environ 127 chasseurs et bombardiers qui volent lors de cette campagne, lâchant près de 1 680 bombes chaque jour. Treize de ces avions sont stationnés à la base aérienne militaire de Séville. Le gaz moutarde est quant à lui issu de stocks allemands et livré à Melilla avant d’être embarqué sur les avions Farman F.60 Goliath.

Le rapport de cause à effet entre ce type d’armes et les cancers n’est plus à prouver et a été démontré scientifiquement, de même que les effets mutagènes, sans parler des conséquences psychologiques.

Et d’un point de vue strictement juridique, il y a dans cette affaire, primo, une faute en raison de la violation de la légalité, secundo, un préjudice énorme qui se poursuit dans le temps et, tertio, un rapport de cause à effet entre la faute commise et le préjudice subi. Force est de préciser que faute d’hôpitaux dans le Rif même, les concernés doivent se rendre jusqu’à Rabat ou à Oujda et que tout le monde ne peut pas se le permettre.

Les Rifains et le Rif demeurent pauvres, marginalisés, enclavés, par leur propre pays, faute d’infrastructures, d’hôpitaux, d’Universités, d’industrie…

Le Hirak du Rif commencé il y a deux ans, a intégré dans ses revendications la demande d’un centre d’oncologie à Al-Hoceima pour parer à ces cancers propagés par une sale guerre.

Aujourd’hui, Que peuvent demander, vouloir et attendre les rifains des espagnols et des français ? L’Espagne d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celle d’hier, elle est devenue une grande démocratie après s’être engagée dans une aventure impérialiste séculaire. La France n’est pas des moindres. Son entreprise coloniale demeure encore active malgré le vent de libérations souvent formelles qui a touché ses colonies et ses protectorats.

Mais les moyens juridiques offerts tant par les droits internes espagnol et français que le cas échéant le droit européen sont là, à la portée. Il faut donc persévérer dans la recherche de règlement de cette affaire. A commencer par :

  • Reconnaître officiellement que des fautes ont été commises, en violation du droit international, en utilisant des armes chimiques contre les populations rifaines et le Rif ;

  • Condamner l’utilisation de la guerre chimique contre le Rif et demander pardon ;

  • Faciliter et faire la lumière sur tout ce qui s’est passé ;

  • Mettre en place des plans de réparations compensatrices pour le Rif et les rifains ;

  • Adopter des plans de véritables partenariats entre français, espagnols et rifains dans l’intérêt bien compris des deux parties.

Le devoir de mémoire, à rappeler au Président français est celui du fait que Le « Grand soldat » ayant fait écraser les mutineries de soldats refusant d’être de la chair à canon en 1917, puis ayant ordonné le massacre de dizaines de milliers de Marocains durant la guerre d’indépendance en 1925-1926 et l’insurrection du Rif avant d’être collaborateur du régime nazi, était à manier avec précaution par l’Élysée.

Le président Macron, a pour le moins mis les pieds dans le plat avec sa pensée « complexe » en choisissant d’honorer ce génocidaire.

Car Pétain était le chef des forces françaises dans la lutte contre les rebelles du Rif collaborant avec Franco et les éloges des dignitaires de l’armée coloniale dont André Maginot qui lui dit au sujet de la sale guerre du Rif : “Votre organisation est parfaite. Entre toutes les écoles militaires de l’Europe la vôtre est sans aucun doute la plus moderne ».

Auteur
Mohamed Bentahar

 




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L’intérêt de l’Algérie vu par Ahmed Ouyahia

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L’intérêt de l’Algérie vu par Ahmed Ouyahia

« Est-ce que c’est dans l’intérêt de l’Algérie ? », telle était la réponse d’Ahmed Ouyahia à un journaliste qui avait posé une question sur le quatrième mandat, il y’a de cela cinq ans, presque jour pour jour.

Aujourd’hui, le même Ouyahia a monté une coalition à grands renforts de publicité gratuite pour aller à la conquête d’un cinquième mandat pour Abdelaziz Bouteflika. Ahmed Ouyahia est comme ça, il peut dire une chose le matin et son contraire dans l’après-midi. « La tête qui ne tourne pas est une colline », dit un proverbe bien de chez nous.

En réalité, Ahmed Ouyahia agit en fonction de ses intérêts et ambitions personnels. Quand il avait suggéré que le quatrième mandat n’était pas dans l’intérêt de l’Algérie, il a failli le payer cash et très cher. Depuis, l’homme a appris de sa faute monumentale.

Désormais, Ahmed Ouyahia sera plus royaliste que le roi. Si quelqu’un s’attaque à lui, comme Tayeb Louh récemment, il fera le dos rond et organisera illico une réunion avec ceux qui lui restent encore fidèles et appellera solennellement le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, à « poursuivre son œuvre ». C’est apparemment sa nouvelle stratégie, en attendant que l’heure de la succession sonne.

Ahmed Ouyahia n’ignore pas, en effet, qu’Abdelaziz Bouteflika n’en a plus pour longtemps au palais d’El Mouradia. Il n’ignore pas, non plus, que ce n’est sûrement pas en se montrant hostile à un cinquième mandat qu’on se rappellera de lui et qu’on le choisira comme « candidat du consensus ».

Ahmed Ouyahia caresse depuis longtemps l’espoir de succéder à Abdelaziz Bouteflika, mais il n’a toujours pas la confiance totale du chef de l’Etat, semble-t-il.

Pire encore, des indices montrent clairement que le premier ministre est visé, dans le but évident de le mettre hors course en vue de la succession. L’attaque de Tayeb Louh qui n’a pas mis de gants en est une preuve concrète.

Ahmed Ouyahia a pour habitude de démissionner sans opposer la moindre résistance face à des redresseurs télécommandés, certes, mais attention, cette fois l’enjeu est de taille, et l’homme des sales besognes risque de surprendre plus d’un en lançant une contre-attaque qu’on ne lui connaît pas. Comme beaucoup d’autres, Ahmed Ouyahia ne fait que de la diversion avec le cinquième mandat, son intérêt, le seul, étant son propre destin qu’il souhaite ardemment rencontrer. 

Auteur
Ahcène Bettahar     

 




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« La montée des populismes » et les mots-clichés

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DECRYPTAGE

« La montée des populismes » et les mots-clichés

Partout dans les médias dominants de qualité, on lit et on entend parler de la « montée des populismes », de la « haine » ou de « phobies » qui affectent l’espace public. Il est indéniable que les idées d’extrême droite ont le vent en poupe des États-Unis au Brésil mais aussi en Hongrie, Pologne, Japon, Israël, Argentine….

Il importe donc d’abord de formuler le meilleur diagnostic pour expliquer l’émergence de discours, pratiques et politiques qui tournent le dos au respect de la personne humaine et donc de la démocratie non définie par les seules élections.

L’expression « montée des populismes » met dans le même sac des mouvements dits de droite et des mouvements dits de gauche. Certains, aux États-Unis n’hésitent pas à mettre Sanders et Trump dans cette enveloppe très protéiforme. Sanders pourtant n’a jamais fait de déclaration raciste, sexiste ou homophobe mais son discours sur la justice sociale le fait classer parmi les populistes honnis.

Cette expression gomme les différences énormes qui existent entre régimes plus ou moins autoritaires et gomme aussi les choix économiques fort différents des « populistes ». Au Brésil, l’alliance entre les marchés, les néolibéraux et Bolsanaro qui tient des propos fascisants montre que néolibéralisme et tyrannie ne sont pas nécessairement opposés.

Les Chicago Boys autour de Pinochet avaient fait la démonstration que libéralisme économique et dictature meurtrière pouvaient marcher main dans la main. Hayek, le pape du libéralisme économique, l’avait déclaré : il disait préférer un dictateur libéral à un gouvernement démocratique non libéral. Personne ne disait en 1973 que Pinochet était un « populiste » mais on parlait de dictature, de fascisme ou de totalitarisme. Les innovations sémantiques récentes n’éclairent pas beaucoup.

On ne parlait pas de « populisme » pour Hitler, Staline ou Mao les grands criminels totalitaires du 20ème siècle. L’expression « montée des populismes » est employée par les partisans du centre social-libéral ou néolibéral, ceux que Tariq Ali évoque sous le terme « d’extrême centre ». Ainsi Macron n’est-il pas lui-même un populiste, ou plutôt un « plouto-populiste » ? Lorsque Macron évoque « le pognon de dingue » des aides sociales et enrichit les riches, il combine rhétorique populiste et ploutocratie.

La Chine est depuis longtemps un régime tyrannique qui met au pas ses dissidents mais l’expression « montée des populismes » ne s’applique pas à elle car elle n’est jamais passée par la case « démocratie libérale occidentale ». L’autoritarisme de la Russie a de longues racines historiques mais a aussi été grandement favorisé par les actions des États-Unis qui ont infligé une période de libéralisme exarcerbé avec Eltsine puis poussé pour étendre l’OTAN, contrairement aux promesses faites à Gorbatchev. En d’autres termes, « la montée des populismes » est souvent la résultante d’actions et décisions prises par ceux-là mêmes qui déplorent le populisme. Hayek est l’un de ceux qui ont créé le terreau du « populisme ».

Il n’y a pas de « montée des populismes » en Arabie saoudite ou en Egypte mais des régimes dictatoriaux soutenus par l’Occident, y compris lorsque ces régimes violent les droits humains ou soutiennent des terroristes. Jan-Werner Müller a consacré un livre à la définition du populisme, What is Populism?, dans lequel le rejet du pluralisme joue un rôle central. Dominique Vidal et Bertrand Badie ont, quant à eux, publié un Etat du monde 2019 qui s’intitule Le Retour des populismes dans lequel ils abordent la question de la diversité des populismes. Néanmoins, on peut être d’accord avec la déclaration d’Edgar Morin en 2013 : « Le mot “populisme” mis à toutes les sauces perd toute signification et empêche tout diagnostic pertinent ».

Les discours et politiques autoritaires ou totalitaires doivent être analysés historiquement et leurs causes saisies dans un contexte spécifique. Le populisme de Poutine n’a pas grand’chose à voir avec celui de Bolsanaro. L’expression « montée des populismes » suggère un phénomène quasi-naturel, comme une montée de la marée, qui en s’appliquant à des contextes fort différents perd tout sens. Elle permet cependant de traduire en langage moral un positionnement politique : « populiste » devient synonyme de mauvais, nauséabond, méchant. Ce que sont la plupart des régimes politiques évoqués plus hauts mais pour des raisons fort différentes et parfois grâce au soutien des dénonciateurs du populisme. Pour délégitimer un adversaire il suffit aujourd’hui d’affirmer qu’il (ou elle) est « populiste » ou « complotiste » sans preuve ou discussion. Ces mots peuvent ainsi devenir des insultes pour éviter le débat d’idées.

Le mot « haine » a aussi pris une extension problématique. Tout d’abord, l’utilisation de termes de psychologie pour analyser des phénomènes politiques est problématique car la psychologie ne peut rendre compte de tout un contexte politique. La psychologie de Trump est un facteur d’explication du désastre qu’il représente mais ne peut retracer la longue dérive des Républicains américains ni l’histoire du racisme au Etats-Unis. Trump, du reste, est plutôt un pervers narcissique qu’un homme animé par la haine.

Hannah Arendt avait parlé de la « banalité du mal » pour Eichmann un des grands criminels nazis. Elle disait qu’Eichmann ne pensait pas, il suivait un système d’extermination sans affect. Ce n’est pas la haine qui l’animait mais une servilité aveugle et une absence totale d’empathie. Trump ne hait pas forcément tous ceux, nombreux, qu’il désigne comme ses ennemis. Il ne hait pas les enfants qu’il sépare des parents à la frontière mexicaine. Sa cruauté est celle du pervers narcissique qui n’a aucune empathie.

Les grands criminels sont plutôt des monstres froids que des personnages haineux. Staline ne haïssait pas tous ceux qu’il a envoyés au goulag et Mao ne haïssait pas les millions de Chinois qu’il a précipités dans la mort. Trump ne se soucie que de l’image de gagnant qu’il donne. La haine, qui peut être une forme inversée d’amour, suppose un rapport à l’autre que les grands criminels ont du mal à établir.

Ce que les grands criminels savent faire, c’est scénariser la haine, un peu comme lors des « deux minutes de haine» dans 1984, le roman de George Orwell. Donc il est vrai que les démagogues attisent la haine mais leur criminalité s’articule le plus souvent à un manque d’affect, une absence d’empathie et une cruauté sans borne qui découle de leur narcissisme.

Il en va de même avec le mot « phobie » qui a pris une étrange extension. Chaque atteinte à la dignité humaine, génère la création d’un néologisme se terminant en « phobie ». Le mot « phobie » est cependant erroné : le phobique cherche à éviter l’objet de sa peur. L’antisémite ne souffre donc pas de « judéophobie » mais d’un préjugé qui peut devenir criminel, de même pour « l’islamophobie », « l’homophobie » qui sont, soit des préjugés, soit des actes criminels qui tombent sous le coup de la loi.

Le mot « phobie » en psychologisant un phénomène politique le transforme en défaut personnel qu’il s’agit de surveiller ou punir. Si quelqu’un souffre de phobie mais n’est pas violent, si son préjugé ne conduit à aucune déclaration ou action, en somme si sa phobie reste personnelle et non agissante, ce n’est pas un problème politique. Par contre, tous les actes dictés par un préjugé ou une paranoïa se combattent comme tous les crimes.

Pour lutter contre la haine fabriquée par les grands démagogues ou les tyrans, la déploration de « la montée des populismes » ne change rien. Par contre, changer les conditions d ‘émergence de la haine ou du populisme a bien plus d’effet. Des politiques néolibérales qui créent de l’inégalité et de la misère, mais s’accompagnent de leçons de morale sur la haine et le populisme, sont hypocrites.

Les médias dominants de qualité ont raison de s’inquiéter des évolutions politiques actuelles qui représentent un « mai 68 à l’envers », comme le dit Pierre Rimbert. Néanmoins les incantations, postures ou discours convenus n’ont aucune prise sur le réel. Pour arrêter la montée des démagogues et le triomphe du mécanisme du bouc émissaire, des politiques de justice sociale et environnementale, d’imposition des plus riches, de lutte contre l’évasion et l’optimisation fiscale, d’inclusion urbaine sont nécessaires. En d’autres termes, des plans Marshall pour les banlieues, les mal-logés, la défense de l’environnement sont plus avisés que des incantations.

En sus des réponses socioéconomiques, un récit d’espoir mobilisateur est capital, un récit que Lula au Brésil avait su porter. Andrés Manuel López Obrador, élu président du Mexique, a lui aussi su mettre la solidarité à la place du ressentiment. La « haine » peut se transformer en « vivre ensemble » lorsque des dirigeants savent parler à tous ceux qui sont marginalisés et donc des proies faciles pour les démagogues.

Revenons à Hannah Arendt, pour lutter contre la banalité du mal, seule l’action politique et économique portera ses fruits. Elle parlait aussi de l’alliance entre « la populace et le capital » (« mob and capital ») pour évoquer les origines du totalitarisme. Il s’agit de dénouer cette alliance en transformant la « populace », c’est à dire dans son vocabulaire, les exclus, en moteur de la solidarité, comme cela s’est déjà passé. Le Portugal est un exemple actuel qui montre que l’on peut combattre le néolibéralisme, la haine et le populisme par des politiques sociales de gauche.

Un monde avec moins de milliardaires mais plus de partage de l’emploi, un monde avec plus de logements abordables dans les grandes villes et moins de ghettos dorés, un monde où les plus pauvres ne sont pas condamnés à vivre dans des taudis est un monde où le terreau du « populisme » est contenu.

Le néolibéralisme qui libère les inégalités et la misère n’offre que de belles paroles contre les maux qu’il dit combattre. La réponse à ces phénomènes apparemment psychologiques est sociale et politique. Sanders l’avait compris lors de l’élection américaine de 2016 alors que Clinton déployait le discours moralisateur déconnecté des réalités de la domination économique.

Aujourd’hui la lutte contre la montée de l’autoritarisme doit avoir lieu au niveau de chaque Etat-nation mais aussi dans un cadre internationaliste. Au-delà des personnes et pour dépasser les déclarations des belles âmes, ce qu’il importe de faire est très concret. Investir massivement dans l’égalité non seulement sociétale, ce que font les néolibéraux, mais sociale en direction de tous ceux que les tyrans démagogiques encouragent à la haine en leur suggérant des boucs émissaires.

Cette chronique envoyée par son auteur est parue dans le dernier numéro de Recherches internationales

Auteur
Pierre Guerlain

 




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Les journalistes Abdou Semmar et Merouane Boudiab libérés

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EXPRESS

Les journalistes Abdou Semmar et Merouane Boudiab libérés

A l’issue d’un procès hallucinant les deux journalistes Abdou Semmar et Merouane Boudiab ont été relaxés par le juge qui a toutefois demandé un complément d’enquête.

Le verdict de ce procès, commencé en milieu de l’après midi du 8 novembre, n’est tombé que vers 22h.

Un procès qui a vu un collège d’avocats comme Maîtres Bouchachi, Zoubida Assoul et Mokrane Aït Larbi démonter les chefs d’accusation d’une manière magistrale.

  • Nous tenons à souligner que le procès de Chitour aura lieu le 11 novembre. Et celui d’Abdelkrim Zéghilèche, animateur de la webradio Sarbacane et militant de Mouwatan aura lieu le 13 novembre.

 

Auteur
La rédaction

 




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Abdou Semmar et Merouane Boudiab : les dernières informations de leur procès

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DERNIERE MINUTE

Abdou Semmar et Merouane Boudiab : les dernières informations de leur procès

Comme nous l’avions annoncé c’est aujourd’hui jeudi 8 novembre qu’a eu lieu le procès d’Abdou Semmar et Merouane Boudiab. De lourdes accusations pèsent sur les frêles épaules des deux journalistes.

Ennahar Tv réclame des deux journalistes rien de moins que 2 millions de dinars comme dédommagement. Quant à Abdelkader Zoukh (wali d’Alger), il demande une année de prison ferme et la rondelette somme de 50 millions de dinars comme dommage et intérêt, soit l’équivalent de 5 milliards de centimes.

Sous l’accusation de diffamation le parquet a requis un complément d’information ou une année de prison ferme pour les deux confrères. Le procès se poursuit encore à l’heure où nous écrivons, selon des confrères sur place.

Contenu de l’affaire

Deux articles où dans le premier, Abdou Semmar reprend une déclaration de Amir Dz contre Anis Rahmani et l’autre, concerne Abdelkader Zoukh et un terrain situé dans une forêt algéroise que voulait récupérer un homme d’affaire. Soupçonné d’être un proche de Zoukh, cet homme d’affaires aurait bénéficié du favoritisme de ce dernier.

Il est manifeste, selon des avocats, que l’affaire entre dans le cadre du délit de presse dépénalisé depuis 2012. Aussi ces journalistes n’ont rien à faire en prison. 

Anomalie

C’est un collège de 43 avocats qui ont pris part à la défense des deux journalistes. L’accusation n’a retenu que la diffamation. Selon certaines sources, l’affaire recèle de nombreuses anomalies. Exemple ? Les deux journalistes ont été interpellés le 23 octobre à 13h30 et la plainte n’a été rédigée qu’à… 17h. En clair, la détention a commencé avant le dépôt de plainte ne soit notifié par écrit.

Auteur
Khaled Ouragh 

 




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Yémen: les combats s’intensifient nettement à Hodeida

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Moyen-Orient

Yémen: les combats s’intensifient nettement à Hodeida

Des dizaines de rebelles houthis tués et onze combattants pro-gouvernementaux ont été tués au cours des dernières 24 heures dans la bataille pour le contrôle de la ville portuaire de Hodeida, dans l’ouest du Yémen.

Alors que des forces pro-gouvernementales yéménites ont réalisé, jeudi 8 novembre, une percée à l’intérieur même de Hodeida, le bilan des affrontements s’alourdit. Près de 60 rebelles houthis ont été tués, la plupart dans des raids aériens attribués à la coalition anti-rebelles sous commandement saoudien, ont précisé des médecins.

Tranchées et mines

Les Houthis – des combattants aguerris soutenus par l’Iran et qui tenaient jusqu’ici Hodeida – ont creusé des tranchées et posé des mines sur des routes en périphérie de la ville, ce qui a ralenti l’avancée des forces pro-gouvernementales, a indiqué à l’AFP une source militaire loyaliste.

Toujours selon des sources pro-gouvernementales, les Houthis ont positionné des snipers sur les toits de certains bâtiments et derrière de grands panneaux publicitaires pour faire feu sur leurs adversaires.

« Militarisation » des hôpitaux ?

Plus tôt, Amnesty International avait confirmé que des rebelles s’étaient installés sur le toit d’un hôpital dans le quartier du 22-Mai à Hodeida même. L’ONG dénonce donc « une militarisation délibérée des hôpitaux » qui « viole la loi humanitaire internationale ».

De nombreuses organisations humanitaires s’inquiètent du sort de dizaines de milliers de civils, le port de Hodeida étant le point d’entrée des trois quarts des importations et de l’aide internationale au Yémen, pays en guerre depuis 2015 et menacé par la famine.

Auteur
RFI

 




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