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samedi 12 juillet 2025
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Le Nobel de littérature 2018 reporté d’un an par l’Académie suédoise

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Un Français au coeur du scandale 

Le Nobel de littérature 2018 reporté d’un an par l’Académie suédoise

Graal des romanciers, poètes et dramaturges depuis plus d’un siècle, le prix Nobel de littérature ne sera pas décerné cette année, victime de la déflagration #MeToo qui a fait imploser l’Académie suédoise.

Le nom du lauréat du prix Nobel 2018 de littérature sera désigné et annoncé en même temps que le lauréat 2019, a annoncé vendredi l’Académie suédoise dans un communiqué, une première depuis près de soixante-dix ans.

Ces derniers « sont pleinement conscients du fait que la crise de confiance actuelle les oblige à un travail de réforme long et énergique », a commenté Anders Olsson, son secrétaire perpétuel par intérim, cité dans le communiqué.

« Nous jugeons indispensable de nous donner du temps pour restaurer la confiance avant la désignation du prochain lauréat », a-t-il ajouté. « Et ce par respect tant pour les lauréats passés que pour les lauréats à venir ».

Créée en 1786 sur le modèle de l’Académie française, l’académie est prise dans la tourmente depuis les révélations du mouvement #MeToo qui l’ont éclaboussée fin 2017.

Ces dernières semaines, six des 18 sages, dont la secrétaire perpétuelle en exercice Sara Danius, ont annoncé abandonner leur fauteuil. Deux membres ne participaient déjà plus depuis longtemps à ses travaux, réduisant à dix le nombre d’académiciens actifs.

Or selon les statuts de l’académie, au moins 12 membres actifs sur les 18 fauteuils sont nécessaires pour choisir un nouveau membre.

 Un Français au coeur du scandale 

Le 25 avril, l’Académie avait déjà annoncé « discuter » d’un éventuel report du prix, « compte tenu de la situation dans laquelle se trouve l’académie, et par égard pour la récompense », avait notamment estimé Peter Englund, l’un des académiciens démissionnaires.

La crise remonte à novembre, en pleine campagne #MeToo, lorsque le quotidien de référence Dagens Nyheter a publié les témoignages de 18 femmes affirmant avoir subi des violences ou des faits de harcèlement sexuel d’un Français, Jean-Claude Arnault, marié à l’académicienne Katarina Frostenson, en retrait depuis.

L’académie a en novembre rompu tout lien avec M. Arnault et son centre culturel Forum couru de l’intelligentsia stockholmoise, qui a lui aussi dû mettre la clé sous la porte à la suite du scandale.

Le parquet criminel de Stockholm a annoncé mi-mars qu’une partie de l’enquête préliminaire ouverte contre lui avait été classée sans suite pour cause de prescription ou faute de preuves. Il s’agit de viols et d’autres agressions présumés commis en 2013 et 2015. Les faits non classés n’ont pas été révélés. Par la voix de son avocat, interrogé par l’AFP, Jean-Claude Arnault se dit innocent.

L’institution est également au coeur d’une enquête financière liée au versement de généreux subsides au centre Forum, dont M. Arnault et son épouse étaient co-propriétaires.

Affaire Salman Rushdie 

Avant l’édition 2018, l’attribution de la plus haute distinction littéraire au monde avait été reportée cinq fois depuis sa création en 1901.

En 1949 -dernier report en date- l’Académie avait décidé de différer l’annonce du lauréat invoquant pour cette année-là qu' »aucune des candidatures ne répondait aux critères énoncés dans le testament d’Alfred Nobel ». Un an plus tard, l’écrivain américain William Faulkner avait reçu les honneurs pour l’année 1949.

D’après les statuts de l’institution, le prix peut être réservé jusqu’à l’année suivante.

Maria Schottenius, critique littéraire pour le quotidien Dagens Nyheter, interrogée par l’AFP, parle d’une « sage » décision prise par l’académie, qui permettra de « combler les fauteuils vides et de revenir avec une académie plus forte », l’année prochaine.

Le roi, parrain de l’institution, a par ailleurs annoncé mercredi une modification des statuts: ses membres, initialement élus à vie, pourront démissionner et ainsi être remplacés de leur vivant. En revanche, la nouvelle mesure n’a pas d’effet rétroactif. 

La dernière fois que la prestigieuse institution a été secouée par une vague de démissions, c’était en 1989: trois membres avaient décidé de laisser leur siège vide, furieux qu’elle ne soutienne pas publiquement le Britannique Salman Rushdie, condamné à mort par l’imam Khomeiny pour ses « Versets sataniques ». Elle avait fini par dénoncer la fatwa 27 ans plus tard.

Auteur
AFP

 




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Arrêtés au 5-Juillet, des supporters de la JSK nous racontent leur calvaire

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Finale de la Coupe d’Algérie

Arrêtés au 5-Juillet, des supporters de la JSK nous racontent leur calvaire

Image prise des réseaux sociaux. 

Des supporters de la JSK, arrêtés de manière arbitraire et brutale, nous ont contactés pour nous raconter le calvaire que des éléments des services de l’ordre leur ont fait vivre le jour de la finale de la Coupe d’Algérie, censée être une fête nationale.

Pendant que le match se jouait sur le terrain, plusieurs dizaines de supporters du club de Kabylie ont été coffrés violemment et emmenés dans plusieurs centres de détention aux alentours d’Alger.

Au-delà du fait que ces supporters n’ont finalement rien vu de la finale, ces derniers ont été maltraités, bastonnés et humiliés. Ce qui est à relever est le fait que des policiers de Tizi-Ouzou, parfois gradés ont été dépêchés aux alentours du stade afin de repérer les personnes ciblées, soupçonnées entre autres d’appartenir au mouvement indépendantiste du MAK puisque, pour certains, ils ont été reconnus et appelés par leurs noms. Ce qui les a choqué et surpris.

« À l’entrée, nous avons trouvé des officiers de police de Tizi-Ouzou qui étaient aux premiers rangs. J’ai étais vite repéré par l’un d’entre eux, il m’appelle par mon nom et me demande de le suivre. Il me demande ma carte d’identité qu’il transmet à son supérieur, lequel vient me voir et me dit que j’étais « personna non grata , et qu’ils avaient reçu l’ordre de me renvoyer. «A toi de choisir, ou bien tu pars en douceur sinon nous serons obligés de te sortir de force». Puis un autre est venu me conduire dans la cellule du stade de 5-Juillet où j’ai trouvé une dizaine de supporters enfermés, certains pour avoir brandi un drapeau, d’autres pour une histoire de fumigènes, de cannabis ou de psychotropes.15 minutes plus tard, un fourgon cellulaire est arrivé, on est embarqué direction le commissariat de Cheraga », nous explique Salim Chait, un supporter qui nie tout lien avec le mouvement du MAK.

Et quand bien même ils feraient partie du MAK, lui et les autres supporters arrêtés, ce mouvement pacifique, ne tombe sous le joug d’aucune loi qui justifierait un tel traitement.

Mais le calvaire de Salim et des autres supporters ne fait que commencer. « Arrivés sur place, il y avait déjà un groupe de supporters. Et là, le calvaire commence. On nous a mis dans une salle, puis on nous appelait un par un pour le PV. Après avoir décliné notre identité, ils nous ont demandé d’attendre pour des longues heures. D’autres groupes arrivaient, à chaque quart d’heure, il y avait un ou deux fourgons avec au moins 30 personnes qui arrivait. », nous raconte le malheureux supporter. « Certains sont repartis juste après avoir signé le PV, mais moi et un groupe de personnes sommes restés sans nous indiquer ni la raison de notre détention ni l’heure de notre libération », s’indignait Salim.

« Profilage racial »

« Jusque-là, la brutalité affichée était à la limite du supportable jusqu’à ce qu’un jeune supporter énervé manifeste son mécontentement. Il est passé à tabac avec une violence inouïe », se souvient Salim et explique qu’un autre supporter a dû subir aussi la colère des policiers et s’est fait tabasser par un groupe entier.

« Je suis sûr qu’ils ont reçu des ordres de casser du supporter de la JSK, sinon comment expliquer que les quelques supporters de l’USMBA n’ont pas été inquiétés. Dans le talky walky, j’ai entendu des policiers demander qu’un maximum de supporters Kabyles soient embarqués. C’est du ciblage et du profilage raciale qu’on a subi », explique encore le jeune supporter qui dénonce également les conditions de détention où, pendant 12h, ils n’ont même pas eu de l’eau à boire. 

Un autre supporter, Jughurtha, abonde dans le même sens. « J’ai été au stade avec une robe kabyle. Chapeau de la JSK jaune et vert et avec le drapeau amazigh. J’ai toujours fait cela pour me rendre au stade du 5-Juillet, toujours dans la joie, dans un esprit festif. Une fois arrivé au deuxième poste de contrôle, j’ai remarqué la présence de policiers venus de Tizi-Ouzou. C’est là que les provocations ont commencé », affirme Jughurta. « Ils ont commencé à m’intimider en me disant « nti Djouzi mena Ya moulat djeba » (toi la femme avec la djellaba, c’est par là que tu passes !). Après un policier m’a dit pourquoi tu t’habilles comme ça. Un autre m’a dit de l’enlever. J’ai refusé. C’est là qu’un autre policier très en colère m’a dit : « Dhourk tchouf kifah nehihalek » (Tu  vas voir comment je vais te l’enlever ta robe). Ils m’ont alors emmené violemment vers la cellule à l’intérieur du stade et m’ont pris mon téléphone. Quelques minutes après, je fus embarqué dans un fourgon de police au commissariat de Chéraga.

« Militant du MAK malgré moi »

Salim Chait et d’autres supporters nous ont tous rapporté des dépassements depuis leur embarquement violent jusqu’au commissariat. Le pire c’est qu’une fois à Chéraga il a été décidé de les transférer au commissariat de Kherrouba, « après que nous ayons scandé des slogans hostiles au pouvoir », nous ont-ils expliqué.

Les « détenus » sont alors soumis selon les témoignages recueillis à un « examen anthropométrie » où l’on devait prendre une photo de profile, de face, plus une prise d’empreintes digitales. « J’ai catégoriquement refusé de me soumettre à cet examen, j’ai dit que mon interpellation était arbitraire et que je refusais de me soumettre à cet examen humiliant », nous explique encore Salim.

Ce qui est curieux, c’est qu’on pouvait lire sur chaque PV, en rouge, la mention « Militant du MAK », alors que la plupart des personnes arrêtés ne sont pas du mouvement indépendantiste, nous expliquent encore nos interlocuteurs, qui ont fini par être relâchés pour la plupart après 12 heures de détention et emmenés vers 19 heures à la gare ferroviaire de Bab Ezzouar. « Ils ont été tous relâchés à 19 heures sauf moi. Je pense que c’est parce qu’ils voulaient me faire payer mon refus d’obtempérer et mon insistance à vouloir voir le procureur. Ils m’ont reconduit à Chéraga puis relâché à 20 heures, après avoir réussi leur mission de nous malmener et de nous empêcher de voir le match », regrette Salim amèrement.

« Des supporters Mozabites embarqués »

Les personnes qui nous ont relaté les regrettables et gravissimes faits qu’ils ont vécu, nous ont aussi parlé de la présence avec eux de supporters mozabites de la JSK, qui ont été arrêtés parce qu’ils sont mozabites. « Vous savez, il y avait des jeunes mozabites qui étaient venus de loin supporter leur club de cœur de la JSK, mais qui ont fini dans les commissariats de police comme nous tous. La raison ? Juste parce qu’ils étaient mozabites. Un policier leur a même demandé ce qu’ils faisaient au stade alors que le match se déroulait entre les Kabyles et le club de Bel Abbes. Si ça ce n’est pas du profilage raciale ?! », déplorent encore nos interlocuteurs.

Auteur
La rédaction

 




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Pourquoi un baril de pétrole à 300 dollars n’est qu’un leurre spéculatif

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DESINTOX

Pourquoi un baril de pétrole à 300 dollars n’est qu’un leurre spéculatif

Ce n’est pas parce que qu’un expert a fait une réflexion dans son compte twitter pour la prendre comme une prophétie ou une « fetwa » pour être euphorique et l’intégrer dans ses calculs en perspective. Si on analyse les Tweets de Pierre Andurand, ce gérant d’un hedge Fund par qui est venu cet espoir d’un baril à 300 dollars, il dit que la demande du pétrole est inélastique parce que la quantité demandée ne réagit pas à de fortes variations du prix.

Ainsi, lorsqu’au début de l’année 2014 le prix du baril a frôlé les 110 dollars avec une croissance mondiale faible et un chômage accru, la demande de pétrole a continué à augmenter de 1,4Mb/j il en déduit que 100 dollars et plus ne tuerait pas non plus l’économie. Actuellement, on a besoin, selon lui, de plus de 100 dollars le baril pour inciter les compagnies à investir afin d’augmenter les réserves et, partant l’offre dans les 10 années à venir. Il s’est donc basé sur ce désinvestissement en amont pétrolier pour spéculer sur un manque d’offre qui pourrait faire booster les prix à 300 dollars qu’il juge pas impossible et pourtant il l’est dans un avenir prévisible.

Pourquoi ? D’abord, l’intéressé a fondé son analyse sur un cycle théorique économique normal et avéré qui s’applique à tout produit et pas spécialement le pétrole. Ce cycle explique qu’en investissant dans un secteur, on augmente l’offre de ses produits et la variation de l’offre agit sur les prix dans un sens comme dans un autre en cas de contraction de ces investissements. Ce scénario a été exposé par notre ami Mourad Preure dans l’entretien qu’il a accordé au quotidien Le soir d’Algérie dès le début de l’effondrement des prix du baril. Mais prudent en fin économiste, il a prédit une tendance haussière, conséquence d’une contraction de l’offre d’ici la fin de la décennie c’est-à-dire 2020 sans avancer un chiffre ce qui crédibilise son analyse, pourtant elle estime les désinvestissements dans l’amont pétrolier à plus 1000 milliards de dollars.

Contrairement aux prix des autres produits, le prix du baril obéit au mouvement du serpent dans un tunnel. Il est donc limité dans son évolution par une amplitude qui passe par un minimum et un maximum que l’économie peut admettre. Le seuil le plus bas reste le coût de production. La commercialisation s’arrête lorsqu’on dépense pour un baril produit l’équivalent de son prix de vente. Et le haut est limité lorsqu’on atteint le seuil du prix d’une énergie de substitution.

A 300 dollars le baril de pétrole de nombreuses sources de substitution deviennent rentables y compris l’électrique et le solaire qui pourraient même remplacer l’essence. Entre ces deux sommets, on a assisté ces dernières années à un modèle qui s’est imposé par le stock américain et l’exploitation du gaz et du pétrole de schiste. Les efforts technologiques sont faits en permanence aux Etats-Unis pour rentabiliser les techniques de la fracturation hydraulique mais les Américains interviennent par un jeu sur ses stocks à chaque fois que les prix du baril rendent l’exploitation du gaz de schiste non rentable et mettent les producteurs américains en difficulté. Maintenant, tout le monde s’arrange pour que les prix conviennent d’un autre côté aux pays producteurs et surtout ceux qui se situent dans une dépendance vitale comme le cas de l’Algérie et le Venezuela. Le stock joue le rôle de « swing  producer » dévolu jusqu’à présent à l’Arabie saoudite.

Quels sont donc les conséquences pratiques d’un baril à 300 dollars ?

Cette situation bousculerait le quotidien de la population mondial qui pourrait ne pas suivre l’inflation et la détérioration de leur pouvoir d’achat. Contrairement à cette euphorie qui apparait chez les producteurs de pétrole et notamment les plus gros d’entre eux, ils seront les premiers touchés par la détérioration des termes de l’échange. A titre d’exemple pour produire, les entreprises Algériennes réservent près de 80% de leur input à l’importation. En plus, chaque citoyen du monde consomme en moyenne 4 à 5 litres de brut par jour. Tous les produits importés, blé, café, lait et bien d’autres demandent de l’énergie et donc augmentent avec lui. Le prix du litre d’essence le plus haut actuellement est compris entre 2,10-2,12  dollars en Chine et Island, avec un baril à 300 dollars il sera triplé pour atteindre en Europe par exemple près de 4 dollars le litre.

Dans les villes européennes, le paysage pourrait également être transformé en cas de flambée durable des prix du pétrole. Car, à 300 dollars le baril, l’extraction d’hydrocarbures «non conventionnels» deviendrait rentable. Ce qui pourrait marquer l’arrivée de derricks forant le pétrole de schiste en Ile-de-France, ou le gaz de schiste dans le Sud-est et le Nord-est du pays.

Celui qui a pensé à un tel scénario n’a pas imaginé que le prix du brut avec la découverte et le forage du premier puits par le colonel Edwin Drake en 1859 qui valait moins d’un dollar en monnaie courante, aujourd’hui il est en est en moyenne à près de 75 et il est passé par un pic maximal de 160 mais très peu probable qu’il atteigne les 200. Il ne faut pas rêver !

Auteur
Rabah Reghis

 




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Mahieddine Bachtarzi : « Mustapha Kateb m’accuse d’être mercantiliste »

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Théâtre et polémique

Mahieddine Bachtarzi : « Mustapha Kateb m’accuse d’être mercantiliste »

Mahieddine Bachtarzi (1897-1986), le ténor de la scène théâtrale algérienne, évoquait  en 1964 une page d’histoire du 4e art en Algérie. Un peu d’histoire et quelques déboires, font de cet homme, un énigmatique artiste et dont Les Mémoires (1968) ne font que rouvrir d’autres pistes de recherche et investigations dans le domaine de l’histoire du théâtre algérien.

En effet, Bachtarzi donnait, en 1964, une interview à la revue littéraire et artistique syrienne, Al-Maarifa (Le Savoir), n° 34 du 1/10/1964 et ce dans sa résidence parisienne de Clichy. C’est là où le comédien et l’ex-directeur de la troupe artistique “Al Moutribia”, débuta la rédaction de ses mémoires avec l’aide de son ami Emmanuel Roblès, témoigne-t-il.

Bachtarzi

Avec Mahieddine Bachtarzi, nous serions en face d’une mémoire manipulée, non comme l’entendait Paul Ricoeur, mais dans le sens que lui donnait T. Todorov à travers une manipulation de la mémoire en usant des stratégies de victimation et revendiquer la position de victime, c’est placer le reste du monde en position de redevable à une victime qui a la légitimité de se plaindre, de protester et de réclamer.

Il y a toujours des dates, des lieux et des noms à prendre avec pincettes lorsque nous lisons Bachtarzi. Lors de cette interview, il a bien évoqué les premiers contacts du public algérien avec la visite des premières troupes arabes. Il cite la troupe égyptienne d’un certain Suleiman Al-Ferouassi, c’est ainsi qu’il le nomme, alors qu’il est question de Suleyman Al-Kerbahi qui s’est installé en Tunisie à la fin de 1908 ; devenant une des références de l’historiographie théâtrale de ce pays. Est-ce un oubli ou une manipulation de l’histoire du 4e art ? A la parution de ses mémoires nous ne pouvons qu’être étonnés par la déformation, presque voulue du nom de Mohamed Boudia, qui devient chez Bachtarzi, Boudia Mesli ( un nom qui sera largement repris par certains auteurs et monographes algériens du théâtre).

L’interview de Bachetarzi, une des rares d’ailleurs, est d’un ton très personnalisé. Pour lui « les Algériens ne présentaient que quelques sketchs humoristiques » en ce début  du XXe siècle et que les «choses sérieuses avaient débuté en 1920 », où il présenta avec quelques amis des pièces en arabe classique

« Dont La Conquête de l’Andalousie (Fath al-andalous), de Mustapha Kamel et La Noblesse arabe (Chahamat al-arab) d’Anouar Ali et Pour l’amour de la patrie (Wa fi sabil el-watan) ».

Bachetarzi encore jeune avait débuté par l’incarnation des rôles de personnages féminins, vu la difficulté sociale et culturelle de l’accession de l’élément féminin sur scène et en public. Son premier rôle masculin, il le devait au dénommé Mohamed Ali Tahar Chérif dans sa pièce Le fantastique (al-badie), un texte traitant des méfaits de l’alcoolisme. M. Bachetarzi évoque dans cette interview, la présence du spectateur et relève qu’il n’y avait pour tout et en tout « que 3000 spectateurs lettrés en arabe classique qui assistaient », entre élèves de medersas coraniques, des écoles franco-musulmanes et quelques lettrés indépendants.

Il n’oublie pas de signaler toute l’importance de la venue de Ali Sellali-Allalou et de Rachid Ksentini au théâtre. En 1924, Allalou écrit Djeha et sa représentation à la salle Kursaal d’Alger (1200 places), fut un événement majeur pour la communauté algérienne, puisque le texte est profondément ancré dans l’imaginaire culturel et social.  Bachetarzi poursuit : 

«Jusqu’à l’apparition de Rachid Ksentini, c’était Sellali qui nous rédigés les textes. Avec Ksentini, c’est l’artiste et le génie qui rejoint notre troupe. Il est né en 1887, il était un ouvrier dans une usine de munitions parisienne, puis il avait été un marin et voyageait beaucoup. en plus de ses connaissances de plusieurs langues étrangères, c’est un fin connaisseur de la culture populaire arabe. De retour à Alger, il ouvrit un petit commerce et de 1930 jusqu’à son décès en 1944, il était parmi nous dans la troupe. »

Bachetarzi évoque bien Ali Sellali et Ksentini comme faisant partie de sa troupe Al-Moutribia, mais les documents attestent autre chose et malheureusement le ténor semble être imbibé de sa petite personne en oubliant de mentionner la troupe de Ksentini, Al-Andaloussia, qu’il créa en compagnie de Marie Soussan, après une rupture brutale entre les dramaturges. De la campagne de Ksentini, Bachetarzi dira, que “c’était une juive algérienne avec un désagréable accent arabe, qui dérangeait l’ouïe du public local ». Autour du théâtre de Ksentini, Mahieddine Bachetarzi estime que Rachid a écrit environ 50 pièces du type Commedia del’arte et qui ne contenaient que 40 pages de textes. Mais sur scène, elles duraient jusqu’à 3 heures de jeux. De ce patrimoine « il ne reste que 8 à 9 pièces de son répertoire », ajoute-t-il.

L’interview de Bachetarzi est plus qu’instructive sur un personnage que l’on qualifie de « père du théâtre algérien ». Revendiquant à lui seul, un peu plus de 50 pièces, Bachetarzi, dans son retrait parisien, était en train de rédiger une pièce théâtrale sur la vie de l’Emir Abdelkader. Reportons les propos qui suivent et laissons aux historiens du théâtre national le soin d’en apprécier leurs contenus et ce à juste titre. « Je me suis trouvé dans une situation inconfortable après que les responsables de la Révolution ordonnèrent aux Algériens de boycotter le théâtre dans son ensemble. J’ai présenté alors à la Municipalité une proposition me concernant, disant ma décision d’arrêter toute activité pour une raison financière, a savoir la faillite de mon entreprise, la réaction de l’administration fut celle de m’élever la subvention à la somme de 30 millions de francs de l’époque.»

Le ténor reconnaît dans son interview, qu’il avait cessé toute activité artistique à partir du 1/10/1956. Qu’il avait été soumis à une pression policière des plus inhabituelle. En 1957, son domicile sera sauvagement perquisitionné à la recherche de son gendre (membre du FLN), delà Bachetarzi choisit le chemin d e l’exil parisien, évoquant que de plus « je suis d’un certain âge » ne pouvant apporter aucune aide à la cause.

Abordant le sujet de Mustapha Kateb, Mahieddine Bachetarzi dira :

« Mustapha Kateb avait 17 ans, il était mon élève et a travaillé avec moi. Il a constitué la Troupe du Théâtre Arabe (TTA) après avoir reçu l’accord de la Municipalité d’Alger et après avoir convaincu des élus musulmans de créer une telle troupe, alors qu’il y avait en face d’elle, une troupe française ».

La création de cette troupe s’est faite, alors que Bachetarzi était en tournée dans les pays du Maghreb entre 1946 et 1947, aime-t-il à le préciser. Et il poursuit : «Au déclenchement de la Révolution, Kateb était en France, il créa une troupe qu’il a nommé troupe du Théâtre National Algérien (TTNA) et faisant de Tunis son siège. Il a fait des tournées à travers le monde afin de soutenir la cause algérienne. Il visita le Caire et Baghdad. Il n’est pas étonnant qu’il soit aujourd’hui directeur du TNA. »

Lors de cette rencontre, Bachetarzi évoque son salaire annuel en tant qu’artiste dramatique et qui s’élevait à 15 millions d’ancien francs dans une Algérie nouvellement indépendante, alors que Mustapha Kateb, « avait réussi d’avoir un budget annuel et pour la seule saison 1963-1964, quelques 700 millions de francs. Je le félicite pour cela. Mais le public déserte encore ses pièces théâtrales ! »

Chargeant le premier directeur et un des fondateurs du TNA, il ajoutera qu’il «ne fait que traduire et adapter, alors qu’il s’agit de présenter des textes d’auteurs algériens. Il prétend qu’il n’y a pas d’auteurs dramatiques en Algérie et ce n’est pas vrai. Au sein du syndicat des auteurs dramatiques, il y a 442 auteurs dramatiques algériens déjà inscrits.»

Et il ajoute : «Le statut de ce syndicat ne peut accepter que les auteurs dont le texte a été joué sur scène ou interprété à la radio. Mais Kateb refuse de travailler avec ces auteurs du fait qu’ils sont nés ou vécus durant la période coloniale.»

Et avec une certaine amertume, il assène : « Ces artistes n’ont jamais fait un quelconque louange à la France et que  certains d’entre eux sont près à écrire des pièces théâtrales socialiste et de grandes valeurs, puisqu’ils se sont professionnalisés à travers leur métier et qu’ils connaissent mieux que quiconque ses spécificités. »

Mahieddine Bachetarzi remarque que la pièce Rose rouge pour moi, de Sean O’casey, traduite par Mustapha Kateb et mise en scène par Allal El-Mouhib, est un échec. Coûtant quelque 4 millions de francs, le public algérien « ne réagit nullement avec ce genre de théâtre étranger », précisant qu’il n’est pas contre le contenu progressiste de ce théâtre et qu’il le trouve même nécessaire « pour une Algérie qui a choisi sa voie du socialisme », mais il pense que le contenu seul, ne peut suffire à lui-même. Et il relève qu’il y a une nouvelle tendance qui apparaît chez les jeunes, à se pencher vers le théâtre de Brecht et qu’il est lui-même, admiratif du dramaturge allemand.

« Mais Brecht a créé un théâtre populaire purement allemand, orienté vers le public allemand, qui analyse leurs problèmes, tels que le nazisme, le fascisme et autres.»

Bach

Pour le dramaturge algérien, le TNA avait bien présenté Les Fusils de la mère Carrar, mais ce n’était pas une réussite, pour autant combien de mères algériennes « se sont-elles sacrifiées même plus que les actes de la mère Carrar » et il ajoute :

« Fatma et Aicha, des femmes et des mères algériennes qui ont bien présenté leurs enfants dans l’élan du sacrifice pour la Révolution. Il y a des histoires qui surpassent l’héroïsme de la Mère Carrar et si on avait demandé à des auteurs algériens de les écrire, ils l’auraient fait. »    

Citant le « Concours Rachid Ksentini » du meilleur texte dramatique, Bachetarzi en veut à Mustapha Kateb d’avoir débloqué 500 000 francs pour un prix qui n’avait récolté que trois maigre textes de théâtre, après 5 mois d’attente et pour cause, nous étions une nation en pleine formation, dira-t-il et qu’il fallait «se tourner vers des écrivains qui acceptent de présenter des œuvres beaucoup plus intéressante et à moindre frais ».

Mahieddine Bachetarzi, dans cette interview, ne ménage nullement son ex-élève et il haussera le ton sur une accusation qui lui a été faite de la part de Mustapha Kateb, l’accusant de mercantilisme.

Réfutant l’accusation, Bachetarzi dira que «moi je ne cherche qu’à être réaliste». Qui a tord ? Qui a raison ? C’est bel et bien un climat de tension politique et qui s’est annoncé au théâtre, avant de nourrir quelques appétits de pouvoirs. L’été 1962 avait fait déjà son chemin vers une pièce bien tragique de 55 actes et quelques décennies de sanglantes scènes.

Auteur
Mohamed-Karim Assouane, universitaire

 




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Marche contre le bradage du foncier à Melbou

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Bejaia

Marche contre le bradage du foncier à Melbou

Citoyens, associations et élus ont marché lundi contre le «bradage du foncier», dans la commune de Melbou, située au nord-est de la wilaya de Bejaia.

Les manifestants ont exprimé une colère qui ne date pas d’aujourd’hui. «Enfin, une manifestation pour s’opposer à cette mafia qui a tant vendu nos terrains à des prix très bas. Il a fallu attendre plusieurs années pour qu’on dénonce ces corrompus, dommage ! », tempête un citoyen lors du sit-in observé par les contestataires devant le siège de l’Apc de Melbou.

Au premier rang de la marche, nous dénichons le P/Apw, M. Heddadou, son adjoint et le député M. Chafaa Bouaiche. Une famille opposante qui tente, par-ci par-là, de stopper par une manifestation de rue un certain Boukandoul Saïd, un affairiste bien « calé ».

À noter que M. Bouaiche avait déjà dénoncé le problème du foncier dans la région. En vain.

Arrivés au siège de la daïra de Souk El Tenine, les marcheurs ont observé un seconde sit-in. Les élus ont pris la parole, l’un après l’autre, et ont «promis» de prendre en charge la requête des citoyens et suivre l’affaire jusqu’au bout. Pour M. Haddadou, il n’est pas question de laisser ces gens s’accaparer du foncier de l’Etat, à Melbou ou ailleurs. «Nous ne l’acceptons pas», clame-t-il.

Durant sa prise de parole, le député Chafaa Bouaiche a tenu à lancer un appel aux autorités compétentes : élus locaux, chef de Daïra et les services forestiers, afin d’intervenir dans les plus brefs délais.

Auteur
M. O.

 




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Pour une Conférence nationale et une Assemblée constituante souveraines

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Ali Brahimi

Pour une Conférence nationale et une Assemblée constituante souveraines

Les tribunes des stades sont un baromètre des tensions qui traversent la société.

Une vidéo du match de coupe d’Algérie d’hier m’a été transmise par un ami en messagerie privée avec mention « à écouter seul ». Il y avait de quoi parce qu’elle faisait entendre des slogans impossibles à écouter en famille. C’est pour ça que, comme la plupart des internautes, j’ai naturellement refusé de la partager !

Personne ne peut plus le faire, des dispositions ayant visiblement été prises pour la faire disparaître, y compris des messageries privées des internautes ; et pour la remaker en plus soft ce qui montre l’insécurité des données des réseaux sociaux et leur contrôle technique absolu.

Ces slogans insultants très audibles repris par des milliers de voix, étaient dirigés contre les représentants du pouvoir présents à cet événement national de la Coupe. Je ne suis, bien sûr, pas né de la dernière pluie, en ce sens que je sais très bien qu’un petit groupe bien organisé disséminé dans une foule peut faire adopter à celle-ci presque n’importe quel slogan. Tout le monde sait aussi que la guerre des clans fait rage autour des derniers prébendes et quart d’heure, parfois à coup d’éructations ostentatoirement et cyniquement insultante pour ceux d’en bas, au point de nous rappeler la célébration festive bruyante et sûre d’elle du premier centenaire de la colonisation en 1930. 
 

Inutile aussi de vouloir endosser ce déversement populaire, à la défaite «de la JSK et des Kabyles » car il a eu lieu au début du match, prouvant encore une fois -permettez-moi cette utile digression –   que le potentiel contestataire kabyle est encore trop seul, les autres Algériens préférant la posture du voisin de palier neutre ou complice par passivité en attendant de savoir pour qui se déterminer le moment venu.

En tout état de cause, ce genre de manifestation de colère contre le pouvoir est en effet très courant et récurrent, ces dernières années, toutes régions et équipes sportives confondues, dans tous nos stades qui sont et ont toujours été un baromètre fidèle de l’opinion du peuple et de son état d’esprit.

Inutile de jouer aux donneurs de leçons savantissimes ou de sermonner -version patriarche inamovible- « les gamins ». Nos jeunes qui sont aussi des citoyens, n’ignorent pas que notre code moral nous interdit de dire des « gros mots » dans l’espace public mais ils l’ont fait malgré tout, autre preuve du degré supersonique atteint par la révolte qui gronde. C’est la faute à ceux qui ont réduit l’expression citoyenne et politique du peuple à l’impuissance en interdisant toute contestation civilisée!  

Pour vivre parmi mon peuple comme un poisson dans l’eau, je mesure aussi chaque jour et chaque nuit, dans nos rues, nos fêtes et nos enterrements, sur les réseaux sociaux, les graffitis sur tous supports,  la montée inexorable et de plus en plus exponentielle de la rancœur populaire contre le pouvoir.

Quel que soit ce que l’on nous racontera sur l’inspiration spontanée ou manipulée des slogans lancés par ces nombreuses gorges déployées, l’incident n’est pas anodin et nous interpelle tous en ce qu’il révèle, chez le peuple, de haine incommensurable et explosive contre le régime en place. 

Je me sens le devoir d’attirer l’attention de tous, pouvoirs et oppositions sur le volcan qui couve et qui ne doit en aucun cas emporter notre pays avec le régime ou à sa place. J’en appelle en particulier, à tous les patriotes pour s’unir et se lever à la rencontre de notre peuple autour d’une alternative démocratique républicaine qui réinstalle sa souveraineté sur son destin, en lieu et place d’un cinquième mandat ou d’un substitut oligarchique de dernière minute.

Au lieu de s’emmurer dans sa fuite en avant obstinée, le pouvoir, en particulier, les vrais décideurs toujours en activité, doivent ouvrir les négociation avec les partis d’opposition et les représentants de la société civile et personnalités autonomes pour la mise en place d’une Conférence nationale paritaire souveraine (pouvoir/oppositions et personnalités nationales indépendantes) seule solution efficiente pour l’organisation de l’élection d’une Assemblée constituante qui remettra définitivement, l’Algérie sur les rails.                             

Auteur
Ali Brahimi

 




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Le message du président Bouteflika aux journalistes

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Journée mondiale de la liberté de la presse

Le message du président Bouteflika aux journalistes

Le président Abdelaziz Bouteflika a adressé mardi un message à la presse algérienne à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse. En voici la traduction diffusée via l’agence officielle :

“Mesdames, Messieurs,

Je ne peux, en cette journée, m’adresser à vous sans m’incliner avec respect et considération à la mémoire des journalistes algériens qui tout au long de notre glorieuse Révolution ont lutté par leurs plumes, leurs voix et leurs reportages exaltant l’opiniâtreté et la détermination de notre peuple dans son combat pour l’indépendance à travers l’historique El Moudjahid, le journal El Moukawama et “Sawt El Djazair” (la voix de la révolution algérienne) depuis les Radios de Tunisie, d’Egypte et de Nadhor, au Maroc frère.

La contribution de ces voix, plumes et reportages à notre guerre pour l’indépendance a été un instrument primordial dans le soutien et la sympathie à notre cause nationale au-delà des frontière des pays frères et voisins qui nous ont soutenus par tous les moyens durant notre lutte.

De même que leurs prédécesseurs de la génération de la révolution, les journalistes, hommes et femmes, de l’Algérie indépendante méritent hommage et considération pour leur contribution à l’édification de notre Etat indépendant.

Dans l’Algérie d’aujourd’hui qui dispose de quelque deux cents journaux et plusieurs chaînes de télévision, nous ne devons guère oublier ce qui était attendu des professionnels des médias, peu nombreux, après le départ du colonisateur pour faire fonctionner la radio et la télévision et donner un élan à l’agence Algérie Presse Service.

Oui, nous ne devons pas oublier aujourd’hui ce qui était attendu des journalistes, hommes et femmes, comme efforts et sacrifices durant les premières années de l’indépendance, en matière de transmission de l’information et de mobilisation des volontés à travers notre vaste pays.

Une contribution, qui en dépit de peu de moyens matériels et humains, a eu un impact considérable dans la réussite de la reconstruction du pays sur tous les plans.

Mesdames, Messieurs,

En évoquant le parcours riche de nos médias, je tiens à me recueillir à la mémoire des martyrs du devoir national, plus de cent femmes et hommes journalistes victimes du terrorisme abject dont le seul tort a été d’accomplir leur mission. Une mission qui a permis de redonner espoir en la victoire de l’Algérie debout. Une mission qui a permis de démontrer au monde entier que le peuple algérien, en dépit de l’isolement quasi total dans lequel il faisait face aux affres de la tragédie nationale, était attaché à la sécurité et à la stabilité de son pays, à sa reconstruction et à son développement. Un peuple qui a pu panser ses blessures et réunir ses rangs, grâce à Dieu et en privilégiant la politique de la concorde civile et de la réconciliation nationale.

Aujourd’hui, l’Algérie est en droit d’être fière des étapes franchies en matière d’information et de liberté d’expression. Un parcours jalonné de sorties annuelles de promotions successives dans différentes spécialités médiatiques et de l’élaboration de textes consacrant la liberté d’expression et les droits des journalistes et des citoyens à une information professionnelle. La Constitution amendée et approuvée l’année dernière n’en n’est que la meilleure illustration outre l’amendement du code pénal à travers la dépénalisation du délit de presse.

Nul doute que la responsabilité de hisser le journalisme à des niveaux supérieurs de professionnalisme n’incombe pas à l’Etat seul, et partant, les établissements publics et privés supervisant directement le travail des journalistes doivent leur offrir un climat propice loin de toute pression et œuvrer au respect de toutes les lois régissant et régulant la profession tout en prenant en considération les observations et recommandations de l’Autorité de Régulation de l’Audio-Visuel et de l’Autorité de Régulation de la Presse Ecrite, après son installation. Deux instances sur lesquelles nous misons pour le suivi et l’accompagnement du discours médiatique afin de préserver le pays de toute instrumentalisation politique et partisane et de manière à ce que les composantes de l’identité du peuple algérien soient un legs socio-culturel commun à l’abri des luttes et différends politiques.

Aussi, nous n’avons de cesse privilégier un discours médiatique empreint de sérénité et de pondération notamment en cette période de l’histoire de notre pays où nous œuvrons à consolider davantage nos acquis démocratiques à travers le renouvellement de la composante de l’Assemblée Populaire Nationale et par la suite des assemblées populaires locales.

Les Algériens et Algériennes peuvent s’enorgueillir de la diversité du champ médiatique écrit, audiovisuel et électronique, qui nous permet, en dépit des critiques injustes émanant de voix tendancieuses à l’étranger, d’être à l’avant-garde de l’information et de la liberté de la presse dans notre environnement islamique, arabe et africain.

Cependant, le chemin que nous avons franchi en matière de liberté de presse, quand bien même nous en sommes fiers, ne doit pas nous détourner de la nécessité de poursuivre les efforts pour acquérir davantage d’expérience que seuls l’exercice et la connaissance incommensurable peuvent garantir.

Nos acquis exigent encore davantage de maturité et les conditions de travail de la corporation nécessitent davantage d’amélioration en termes de droits sociaux, consacrés par la loi.

Mesdames, Messieurs,

En cette journée, je me dois de m’adresser à la famille médiatique, témoin des changements politiques et mutations démocratiques qu’a connus l’Algérie et avertie des enjeux et menaces qui nous entourent et pèsent sur notre sécurité et notre stabilité pour l’exhorter à faire preuve de discernement et de vigilance dans sa contribution au processus de parachèvement de l’édification de l’Algérie moderne et la promotion de l’édifice démocratique à la lumière des valeurs, principes, droits et devoirs consacrés par la Constitution amendée. En effet, l’accompagnement médiatique neutre, objectif et intègre dont le leitmotiv est la conscience et le sens professionnels est à même de consolider l’action des institutions élues, pierre angulaire de tout processus démocratique, sain en ses objectifs et pratiques.

Le domaine des médias et de la communication est l’un des plus importants champ de concurrence et de velléités de domination et les efforts de l’Algérie pour promouvoir ses médias visent à s’affirmer au plan civilisationnel et politique dans un monde de globalisation impitoyable et à servir notre intérêt national.

Aussi, l’Etat algérien n’a eu de cesse d’œuvrer pour permettre à la presse d’accomplir un rôle central dans notre processus de développement et être active et réactive avec les différents programmes de développement, d’où l’impératif de poursuivre les efforts matériels et moraux pour promouvoir le rôle de la presse et lui permettre de contribuer au développement global du pays.

Le rôle des médias ne se limite pas à la diffusion de l’information mais va bien au-delà car ce sont eux qui façonnent l’opinion publique en toute responsabilité et dévouement et contribuent à la vulgarisation du civisme et de la citoyenneté.

La presse algérienne doit s’ouvrir davantage et se hisser pour être de plus en plus une presse citoyenne et contribuer à la mise en place d’un rempart face à toute menace visant le pays et le citoyen et à la préservation des acquis politiques et de l’édifice démocratique pour lequel l’Algérie a payé un lourd tribut en milliers de Chouhadas et de victimes.

Mesdames, Messieurs,

Totale est ma confiance en vous, femmes et hommes de la presse, à la différence de vos obédiences et orientations politiques quant à votre amour à la patrie et votre attachement à sa stabilité et à son développement car vous n’avez de patrie autre que l’Algérie et d’avenir prometteur hors de l’Algérie.

Politiquement, vous avez pleinement le droit d’être dans le rang de la majorité ou de l’opposition, un droit légitime explicitement consacré par la Constitution. Ce droit est le fruit de notre combat pour l’indépendance et notre effort pour bâtir une démocratie plurielle.

A la lumière de cette diversité d’opinions et d’idées qui est aussi la caractéristique des titres et sources d’information dans notre pays, je fais appel à votre nationalisme pour mettre vos compétences et votre professionnalisme au service d’une information utile à votre peuple et à votre pays.

Je vous exhorte d’être toujours conscients de votre rôle dans la préservation de la stabilité et l’unité de l’Algérie et de continuer à sensibiliser les citoyens aux dangers du terrorisme, aux crises qui nous entourent et aux manœuvres qui se trament contre notre pays.

De même que je vous exhorte à contribuer à la préservation de notre identité nationale islamique, arabe et amazighe. Cette identité nous devons tous œuvrer à la mettre à l’abri de toute tentative visant à la dénaturer ou à l’instrumentaliser contre votre patrie, l’Algérie unie et unifiée.

Je vous exhorte également, honorable famille de la presse, à enrichir le débat sur les enjeux économiques imposés par la mondialisation à tous les peuples. Une société consciente des réalités économiques et sociales du pays et au fait de celles prévalant dans le monde est une société qui peut se mobiliser en connaissance de cause pour œuvrer à l’édification et à la construction en vue d’être au diapason des sociétés développées.

En cette journée mémorable, journée mondiale de la liberté de la presse, je vous exhorte particulièrement au respect des principes, valeurs et règles de votre profession qui demeure, en dépit des difficultés, une profession noble de par son attachement à faire connaître la vérité et à la transmettre loyalement pour être, comme j’en suis convaincu, à la hauteur de la confiance de votre peuple.

En vous adressant les meilleurs vœux à l’occasion de votre journée mondiale, je félicite le peuple algérien pour sa presse qui aspire à davantage de professionnalisme et à être au service d’une Algérie dont elle fait la fierté parmi les nations.

 

Auteur
APS

 




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Bouteflika se découvre laudateur de la presse algérienne

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Après 19 ans de règne

Bouteflika se découvre laudateur de la presse algérienne

Incroyable message que celui que vient d’envoyer le président Bouteflika à la presse à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse. Ce président qui a couturé les libertés à coups d’interdictions machiavéliques et de procédés les plus retors se découvre une proximité avec la presse.

Hier contempteur en diable, aujourd’hui laudateur ! Piquons-nous qu’on se réveille donc !

En politique c’est comme en amour il n’y a que les actes qui comptent et en l’espèce on a quelque réticence à accorder le bénéfice du crédit à ce message. Longtemps hautain, Bouteflika se pique aujourd’hui de liberté et se met dans la peau d’un grand défenseur des journalistes. Il y a comme un cynisme manifeste à dire que la liberté de la presse est consacrée en Algérie quand on sait le mépris que l’auteur de ce message entretient envers les journalistes algériens. Faut-il rappeler qu’en 19 ans de règne, le président Bouteflika n’a donné aucun entretien à un journal algérien ! 

« Totale est ma confiance en vous, femmes et hommes de la presse, à la différence de vos obédiences et orientations politiques quant à votre amour à la patrie et votre attachement à sa stabilité et à son développement car vous n’avez de patrie autre que l’Algérie et d’avenir prometteur hors de l’Algérie », nous prie le président Bouteflika de croire. Et pourtant, les occasions de montrer  « cette confiance » presque affectée ont été nombreuses. En vain, les journalistes algériens n’ont eu en retour que silence, entraves, dédain et interdictions…

En effet, longtemps, il aura donné à tour de bras des entretiens, en France et ailleurs, recevant avec égards les journalistes étrangers sans daigner un jour accorder une entrevue à un journaliste algérien. Les faits sont simples et têtus, ils ne plaident pas pour l’auteur de ce message plein d’aménité envers la presse.

Ce message empreint de grands principes balaye sournoisement les vrais problèmes et élude la situation de cette presse louée à coups de périphrases.

La lecture de ce communiqué nous fait presque rêver ! Le président Bouteflika invite la presse à investiguer ! Qui l’eût cru ? Est-ce le même homme qui a superbement ignoré le travail de cette même presse pendant toutes ces années qui a écrit ce message ?
Faut-il lui rappeler, si d’aventure la mémoire fait défaut à l’auteur de ce message, que si Le Matin a disparu des étals algériennes c’est parce qu’il a mené des enquêtes sérieuses sur les affaires les plus scandaleuses de ces 20 dernières années. Orascom, Chakib Khelil, Sonatrach, la répression de Tkout… autant de scandales qui ont valu au Matin son interdiction. 

Quand le président Bouteflika rend hommage aux journalistes assassinés durant la décennie noire, on se demande si c’est aussi le même personnage qui avait déclaré que s’il était du FIS il aurait rejoint le maquis ! 

On peut comprendre que le président Bouteflika veuille tromper le peuple une partie du temps, mais on se refuse de croire qu’il puisse tromper tout le peuple tout le temps, pour paraphraser un président américain. 

Non Monsieur le président, on ne peut pas en effet être Mouammar Kadhafi et se découvrir sur le tard de sa vie Thomas Jefferson ! 
“Le prix de la liberté c’est la vigilance éternelle”, avait dit Jefferson. Aussi, nous gardons pour nous la vigilance inentamée et vous laissons les discours vespéraux.
  

Auteur
Hamid Arab

 




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Un champ médiatique toujours en « gésine »

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Algérie : Journée mondiale de la presse

Un champ médiatique toujours en « gésine »

Sur les étalages des buralistes des villes algériennes, s’amoncellent chaque matin plus d’une vingtaine de titres de journaux-papier, après que l’on eut dépassé la centaine, il y a quatre ans de cela. Internet est également investi par la corporation des journalistes, donnant ainsi lieu à des dizaines de sites qui n’ont pas tous la vocation de donner l’information, puisqu’on rencontre des sites « patchwork » compilant des articles publiés ailleurs, des informations locales propres à certaines villes du pays, mais qui sont rarement mis à jour et des sites qui tiennent plus d’un blog personnel que d’un moyen d’information.

Le paysage médiatique national est aussi faussement bariolé par la dizaine de chaînes de télévisions privées créées au cours de ces dernières années et qui continuent toujours à bénéficier du statut « offshore ». La Télévision publique, avec ses fausses variantes, continue chaque jour davantage à mériter sa peu flatteuse épithète d’ « Unique ».

Dans la presse arabophone, elle est plutôt traitée d’ « Orpheline » (Al Yatima), alors que, paradoxalement, elle a un père- le système politique qui ne croit en la démocratie que dans sa version formelle, sans contenu réel- et une mère, l’Algérie malmenée, violentée et mise sous le diktat de la pensée unique en plein 21e siècle.

Mais, en quoi les journaux, les sites internet, les télévisions, les radios (exclusivement publiques, celles-là), peuvent-ils être utiles pour consacrer ce bel idéal du droit à l’information des citoyens et cet autre précieux principe de la liberté d’informer? La formation de l’opinion bénéficie-t-elle d’une quelconque avancée pédagogique et d’un engagement sur le plan de l’honnêteté intellectuelle?

Des litanies

L’on eût bien souhaité que la litanie sur le professionnalisme à laquelle se livrent à tout bout de champ et de façon machinale ceux qui ont eu à présider, au cours de ces dix dernières années, aux destinées de la Communication, ait un brin de poids sémantique, aussi bien dans la bouche du commis de l’Etat qui en fait une valeur sacrée, que chez les gens de la corporation de la presse auxquels il s’adresse.

Il se trouve que, sur point, une partie de la presse dite indépendante a été « contaminée » par les élucubrations des médias publics. Ne rencontre-t-on pas des attaques, des démentis, des suites, des pseudo-analyses sur des sujets d’information qui n’ont pas été…donnés préalablement? On suppose que le lecteur ou le téléspectateur connaît déjà le sujet. Il n’a pas besoin d’être ni rappelé ni encadré dans son contexte. Si les médias publics usaient à volonté de ce procédé, c’était à dessein. Une manière de vouloir « discréditer » un fait ou un événement et d’en faire un « non-événement ». Mais, reproduit dans les rédactions « indépendantes », cela équivaut un grave biais pédagogique, qui fait entorse au principe même de la communication.

Comment, avec un professionnalisme qui cherche encore ses marques, compte-on informer objectivement le citoyen et former honnêtement l’opinion?

Une constellation de titres

L’Algérie est passée, depuis maintenant plus d’un quart de siècle, d’une presse exclusivement gouvernementale et de sous-produits du parti unique, à une constellation de titres privés que le professionnalisme et la déontologie n’ont pas encore complètement pénétrés complètement. Le généreux principe et la loyale logique voudraient que l’esprit de responsabilité aille de pair avec le principe de l’autonomisation de l’élite culturelle et la libéralisation du commerce des idées. En d’autres termes, dans un contexte de contrôle total de la société par le Léviathan qu’est le parti-Etat, le journaliste n’était pas comptable de la nature de l’information débitée par l’organe pour lequel il travaillait. La ressource humaine étant considérée dans ce cas de figure comme une machine de production d’une rhétorique sur commande. S’aligner ou se démettre, tel était le douloureux choix auquel furent réduits pendant les années de plomb nos hommes et femmes de plume. Nous commençons à peine à évaluer les dégâts moraux, culturels et politiques de telles dérives qui ont fait du quatrième pouvoir un moyen de répression et de castration de toute la société.

Adverse fortune

L’initiation du pluralisme médiatique à partir de 1990 – largement tronqué, à l’époque, de son versant audiovisuel, avait permis de grands espoirs dans la société, comme elle a fait naître de légitimes ambitions dans la corporation des journalistes. Ce fut la grande « aventure intellectuelle », comme la dénommèrent certains de ses acteurs. Des titres naissent, d’autres disparaissent. La mobilité des emplois s’accroît au fur et à mesure que se mettent en place de nouvelles conditions de travail ici ou là. On a l’impression- mais ce n’est qu’une impression- que la presse écrite algérienne vit une révolution comme celle connue en Europe à partir de mai 1968.

Le paysage médiatique algérien est là, forgé dans l’adversité face à une administration tatillonne, à une justice à la main lourde, aux réflexes bureaucratiques de ceux qui n’ont pas encore digéré la libération de la parole et de la pensée, au terrorisme intégriste qui a éliminé une partie des meilleures plumes et, enfin, face aux nouveaux empires financiers générés par une transition économique trop lente, car toujours engluée dans la rente pétrolière.

Trahison des clercs ?

Quel bilan moral, pédagogique et intellectuel peut-on tirer d’une telle expérience vingt-huit ans après sa mise en route ? Une chose paraît certaine : l’importance numérique des titres produits et leur diversité chromatique n’incline pas à conclure à une véritable diversité du contenu. Hormis les quelques sujets communs de l’actualité journalière, l’on s’attendrait à des traitements personnalisés, spécifiques, de l’information desquels le cachet du journal est censé transparaître. Mis à part quelques cas d’efforts louables allant dans ce sens, le style machinal du genre « agence de presse » continue à avoir les faveurs de beaucoup de titres. Où est l’effort pédagogique d’information et de formation objective de l’opinion que le lecteur de 2018 est en droit d’attendre d’un organe d’information ? Étant des entités privées, les entreprises de presse ne sont pas pour autant déliées de l’obligation de produire une information vraie et complète sur l’actualité immédiate ou de proximité. Varié et bariolé le champ de la presse algérienne ? « Ils disent tous la même chose

Le chemin est certainement long pour l’ancrage d’une véritable pédagogie de la presse qui, dans sa relation dialectique avec le public, pourra un jour susciter le feed-back nécessaire à l’émergence d’un contre-pouvoir intelligent. Dans le domaine de la presse, comme dans les autres domaines de la production des idées, la théorie de la « trahison des clercs » chère à Julien Benda risque quelque part, à notre grand malheur, de voir se multiplier ses zélés défenseurs.

Auteur
Amar Nait Messaoud

 




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Guerre de libération, société actuelle et « intellectuels » harkis

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Contre l’idéologie harkie, pour la culture libre et solidaire (VI)

Guerre de libération, société actuelle et « intellectuels » harkis

Suite à l’examen de l’attitude des dirigeants algériens après l’indépendance, à propos de la guerre de libération nationale (1), revenons aux écrivains et artistes algériens ou d’origine algérienne. Comme dans le cas des politiciens, nous constatons une corrélation directe entre l’attitude envers la guerre de libération nationale et celle concernant la réalité sociale actuelle de l’Algérie. Les dirigeants étatiques occultent la vérité sur la première, et gèrent la seconde de manière oligarchique ; tandis que les harkis dénigrent la première, et ne voient que négativement la seconde.  Concernant ces derniers, essayons d’éclairer les procédés fondamentaux, vis-à-vis du passé puis du présent.

Premier cas : la guerre de libération nationale

Tous les mouvements de résistance dans le monde, sans exception, ont connu des actions inacceptables, contraires à l’idéal proclamé et poursuivi. Cependant, les auteurs objectifs n’en ont pas tiré de ces événements négatifs une généralisation pour dénigrer la résistance en tant que telle. Pour ce qui est spécifiquement de l’Algérie, ces auteurs n’ont pas, non plus, suivi la tendance colonialiste et néo-colonialiste française. Elle est représentée notamment par un Eric Zemmour, déclarant le « rôle positif » de la colonisation, un Alain Finkielkraut, honoré par l’Académie, assurant le « bien aux Africains » que fut le colonialisme français, et un Robert Ménard, l’auteur de « Vive l’Algérie française ! » (2).

Est-ce là uniquement des propos concernant le passé ?… Absolument pas ! Il s’agit d’une évocation d’un passé (colonial) pour justifier un présent à visée néo-coloniale. Car, de même que dans le passé, l’Algérie possédait des ressources naturelles, un territoire et une force de travail, elles les possèdent aujourd’hui, encore davantage. Et de même que, dans le passé, l’oligarchie française avait besoin de coloniser pour s’enrichir, elle a également, aujourd’hui, besoin du même recours, pour ne pas perdre ce qui lui reste d’hégémonie « impériale ». D’où l’agression continue des représentants de cette oligarchie capitaliste (« socialistes » et « libéraux ») en Libye, puis en Syrie, en attendant le tour de l’ex-colonie « chérie » : l’Algérie.

Comment, donc, justifier l’actuel néo-colonialisme sinon en mettant en valeur les aspects « positifs » du colonialisme passé ? Et comment y parvenir sans salir la guerre de libération nationale algérienne, afin de lui enlever toute légitimité ? Les deux démarches constituent un processus unique complémentaire.

C’est dans cette infecte tendance idéologique néo-coloniale que se placent les productions et déclaration des harkis algériens ou d’origine algérienne dans le domaine culturel : romans, films, théâtre, déclarations de presse, participation à des colloques, chansons, etc (3). La meilleure preuve que ces oeuvres répondent aux intérêts néo-coloniaux, c’est qu’elles sont financées, parrainées, commercialisées, glorifiées par leurs représentants politiques, économiques et « culturels ». Autrement, a-t-on jamais vu des capitalistes offrir leur argent pour des œuvres « culturelles » dont ils n’étaient pas les premiers à en tirer pas profit, d’une manière ou d’une autre ?

Notons la méthode d’exposition médiatique glorificatrice de ces « oeuvres » : elles sont présentées comme l’aspect « civilisé » d’autochtones combattant la « barbarie » de leur propre peuple. Version actuelle des « Ya ! Ya ! Banania ! » et « beni-oui-oui » de l’ignoble époque coloniale. Bien entendu, cet aspect « civilisé » de l’auteur indigène ou d’origine indigène se présente comme tel parce qu’il se réfère aux « valeurs » occidentales, considérées comme les seules valables. Et, bien entendu encore, ce discours est soutenu et financé par les promoteurs néo-coloniaux de ces « œuvres ».

Qui croirait que c’est là procédure et langage nouveaux ignore l‘histoire. Dans le passé, tout colonialisme, et cela dès les invasions dans l’antiquité (Grèce, Chine, Inde), ne tenait-il pas le même discours par la voix de ses politiciens, idéologues, écrivains et artistes ? Apporter la « civilisation » aux « barbares » : là était et là demeure aujourd’hui l’ « argument ».

Quand au colonialisme visant spécifiquement les peuples musulmans, et cela dès les croisades, les arguments employés étaient de la même substance. Il a suffi de remplacer un mot par un autre particulier : Islam rétrograde, domination inacceptable de l’homme sur la femme, sexualité « débridée », « mystérieux harem », « danse du ventre langoureuse à la limite de la décence », « sultan » et « peuple » « fourbes » (les nazis ont appliqué l’adjectif aux Juifs, et les « Occidentaux » à tous les peuples du « Tiers-Monde »). Non pas que, dans les sociétés musulmanes, des problèmes, et graves, n’existaient ou ne perdurent pas, mais ce qu’il faut bien comprendre, c’est que les arguments et la méthode de les présenter par les néo-colonisateurs et leurs harkis servent uniquement à légitimer une « supériorité civilisationnelle » contre une « barbarie », pour justifier une domination coloniale passée et une autre néo-coloniale présente et future. Cette « supériorité civilisationnelle » finira par se manifester par l’agression militaire (4).  

Second cas : la société actuelle

Rappelons-nous, récemment, le co-pilote allemand qui se suicida, en entraînant dans sa mort tous les passagers de l’avion. Si cet homme avait été musulman (et/ou arabe, pakistanais, afghan, asiatique, latino-américain), les auteurs harkis (et leurs mandataires) auraient affirmé : « C’est parce qu’il est musulman (et/ou arabe, pakistanais, afghan, asiatique, latino-américain) qu’il a commis ce crime ! » Donc, procédé généralisateur sans nuance. Cependant, on se limita à déclarer une carence individuelle psychique, sans procéder à une généralisation abusive, par exemple en rattachant le geste du co-pilote au fait qu’il était : 1) chrétien, en évoquant  les Évangiles où on trouve une notion permanente et fondamentale : le « sacrifice » ; 2) allemand, en évoquant le récent passé nazi de l’Allemagne et sa pratique de la « punition collective », puisque le co-pilote entraîna dans sa mort celle des passagers de l’avion ; 3) de culture germanique, en se basant sur la philosophie de Nietzsche : « volonté de puissance », « Sur-homme », mépris de la foule.

Personne n’a présenté ce genre d’«analyse». Pourquoi ?… Simplement parce que personne ne songeait à légitimer une néo-colonisation de l’Allemagne par ce genre d’article de presse. Cependant, avant la première guerre mondiale, des articles pullulaient en France, accusant l’Allemagne de « barbarie germanique » : alors, il fallait justifier la guerre de l’oligarchie française contre l’Allemagne.

Autre exemple. On sait que les viols de femmes par des hommes existent partout, y compris dans les pays dits civilisés. Néanmoins, a-t-on jamais lu un article de presse, écrit par un journaliste de ces pays, affirmer que tel viol, commis par un individu ou un groupe, est le produit d’une société entièrement malade, tarée, où la femme est réduite à un objet érotique commercialisée systématiquement dans la publicité, où la sexualité est envahie par la pornographie, où les valeurs éthiques sont méprisées au profit du gain financier, etc., etc. ?… Non ! Le journaliste se limite à examiner le cas dans sa spécificité circonstanciée, simplement.

Par contre, quand on accusa des Algériens de viol à Cologne, en Allemagne, Kamel Daoud s’est empressé immédiatement, sans même attendre le verdict de la justice, d’affirmer de stupéfiantes généralisations, applaudies et diffusées par des « Occidentaux » que cette présentation de l’événement arrangeait. Pardi !… Mais c’est encore là le « choc des civilisations » entre la « barbarie » et la « civilisation » ; il faut donc, pour sauver la seconde, combattre la première. Précisons qu’à la fin du procès concernant ces viols, les magistrats ont innocenté les inculpés. Mais combien de moyens d’«information», contrôlés par les tenants du « choc des civilisations », ont présenté leur auto-critique ? Aucun, à ma connaissance. Et l’auteur de l’article infamant, Kamel Daoud ?

Signalons une précédente initiative harkie. En 2010, une « caravane » se proposait de légitimer Albert Camus en Algérie (5). Tiens ! Tiens !… Alors, qu’il avait déclaré « préférer » sa mère à la « justice », autrement dit la population coloniale européenne aux indigènes qui voulaient l’indépendance. Et, pourtant, l’écrasante majorité de cette population coloniale était hostile à l’indépendance, quoique le programme qui la décrivait n’excluait pas la présence européenne, une fois le pays libéré du colonialisme. Extrêmement rares furent les Européens d’Algérie qui ont soutenu l’idéal indépendantiste.

Retournons à la « caravane » en faveur de Camus, l’opposé à l’indépendance. Autorités étatiques algériennes (en la personne de l’officiel  directeur du Centre Culturel Algérien de Paris, qui était… Yasmina Khadra. Tiens ! Tiens !), une partie significative de la presse algérienne, dite d’opposition, et des privés ont soutenu cette tentative de « reconquête culturelle » du peuple algérien, prélude et condition de sa néo-colonisation. Seul, un petit groupe d’intellectuels algériens dénonça cette entreprise, en la mettant dans la stratégie néo-coloniale où elle s’insérait objectivement. La « caravane » avorta. Bien entendu, ce petit groupe de protestataires fut calomnié de toutes les manières, par les « élites » dominantes, en France comme en Algérie. Quels furent les arguments ?… Le « droit à la culture » pour le peuple algérien, et le refus du « ressentiment chauviniste » lié au « passé ». Cependant, voici ce qu’on peut lire :  

« (…) Sartre, lors de sa célèbre conférence de 1956 : « Le colonialisme est un système ». Répondant à une question posée par un interlocuteur fictif, qu’il nomme un « réaliste au cœur tendre qui proposait des réformes » (et on ne peut que penser que Sartre visait Albert Camus), réformes qualifiées de « mystification néo-colonialiste », il ironisait : « Les néo-colonialistes pensent qu’il y a de bons colons et des colons très méchants. C’est par la faute de ceux-ci que la situation des colonies s’est dégradée ». Non, disait Sartre, il n’y a pas de « bons colons » qui pourraient racheter les fautes et les crimes des « méchants », il y a des colons tout court qui, tels les bourgeois de Marx, ont créé leurs propres fossoyeurs : « Les colons ont formé eux-mêmes leurs adversaires ; ils ont montré aux hésitants qu’aucune solution n’était possible en dehors d’une solution de force. L’unique bienfait du colonialisme, c’est qu’il doit se montrer intransigeant pour durer et qu’il prépare sa perte par son intransigeance ». Même si ce n’est plus à la mode, je me range pour ma part à cette conclusion de Sartre. » (6)

On découvre, alors, la méthode des auteurs harkis : partir d’un fait incontestable (sans avouer sa particularité circonstanciée), du passé ou du présent, pour le présenter comme signifiant général et absolu, sans tenir compte d’autres faits qui en relativisent la valeur explicative. Et, naturellement, on occulte totalement l’enjeu fondamental : le rôle de la culture dans le conflit entre dominateurs et dominés. Résultat : on donne de la société visée une image complètement barbare, obscure, cruelle, scandaleuse, donc… inacceptable. Par conséquent, « quelqu’un » de « civilisé » doit apporter la « civilisation » à ce peuple. Camus a-t-il agi de manière diverse ? En dénonçant les violences commises sur des civils européens par les combattants de la guerre de libération algérienne, sans considérer celle-ci dans le cadre des crimes contre l’humanité commis par le colonialisme français (ce que Sartre reconnaît et souligne), Camus ne justifiait-il pas la présence coloniale (sa « mère ») en Algérie, au détriment de l’indépendance nationale (la « justice ») ?

Alors, Camus, comme les auteurs harkis algériens ou d’origine algérienne, se présentent en révoltés contre l’injustice et la barbarie, en défenseurs des droits humains, de la civilisation et du progrès, en les plaçant uniquement d’un côté, celui des colonisateurs puis néo-colonisateurs. Concernant Camus, on évoqua, pour sa défense, sa sympathie pour les anarchistes. Or, ceux-ci ont tous condamné le colonialisme, sans ambiguïté ni réserve. Même ceux des anarchistes qui dénonçaient le caractère totalitaire du F.L.N. et la possibilité de création d’une caste anti-populaire, après l’indépendance, n’allaient pas jusqu’à dénier la légitimité de la lutte du peuple algérien pour abolir le système colonial. Dans la vision de Camus, «L’homme révolté » se divisait, en réalité, en deux catégories : le « bon » et le « mauvais », ce dernier étant l’Algérien, voulant l’élimination du colonialisme.

Notons qu’au sujet des auteurs harkis, les autorités algériennes n’en ont cure, puisqu’elles ne déclenchent pas les habituelles répressions administratrices, d’emprisonnement, ni d’assassinat « mystérieux » (7). C’est que les écrits et les déclarations des harkis ne portent pas sérieusement atteinte aux intérêts des détenteurs de l’État. Au contraire, d’une certaine manière, il les servent. Car, d’une part, dénigrer la guerre de libération nationale, c’est jeter le discrédit sur ses représentants authentiques, et, donc, légitimer les usurpateurs. D’autre part, calomnier la société algérienne présente, c’est affirmer sa « barbarie » et, donc, justifier la nécessité de la dominer par une caste. Ses instruments ?… Une vision asservissante de l’Islam, une « culture » folklorisante dégradée et dégradante, des moyens de coercition administrative.

Mais, il y a d’autres personnes qui trouvent tout leur intérêt dans ces œuvres et déclarations de harkis. Qui ?… Mais, pardi ! Ceux qui se proclament les « civilisés », les défenseurs des droits humains, de la démocratie et du progrès !… Et qui sont-ils ? Mais, encore pardi !… les oligarchies  capitalistes des pays « occidentaux » : États-Unis, Europe (notamment Angleterre et France), Israël. Et leurs chiens de garde « intellectuels » (8).

Ah, bon ! Ils sont donc civilisés et démocrates, les dirigeants de ces pays, et les citoyens qui les ont élus au gouvernement ? Que dire alors de leurs avions et missiles qui, au mépris du droit international, bombardent des populations civiles dans certains pays, sous prétexte de leur donner la « civilisation », la « démocratie », le « progrès », « libérer les femmes » et « combattre l’obscurantisme religieux » ? Et, comme par hasard, les pays victimes possèdent des ressources naturelles ou/et un territoire stratégique pour l’encerclement des adversaires russe et chinois. Et l’oligarchie qui gouverne l’État d’Israël serait, aussi, « civilisée » et « démocratique », défend les « droits humains » des individus et des peuples. Est-ce conforme avec son comportement envers le peuple palestinien, au mépris des résolutions de l’ONU, d’une part, et, d’autre part, avec son soutien aux régimes rétrogrades : Maroc, Jordanie, et, à présent, Qatar et Arabie saoudite ?

Ce qui demeure intéressant à constater c’est que l’apparition de ces harkis algériens ou d’origine algérienne, dans le domaine culturel, est un grave avertissement. Il serait fatal de ne pas le comprendre, en montrant son insertion dans les enjeux fondamentaux actuels de la planète : 1) l’accaparement de ressources naturelles, pour assurer la suprématie économique ; 2) l’occupation de territoires, pour surveiller et, éventuellement, agresser un adversaire ; 3) exploiter une main-d’œuvre sans défense syndicale, asservie par une caste soumise à l’oligarchie mondiale dominante.

Cet avertissement, incarné par des harkis « culturels », montre au peuple algérien qu’il est menacé par une nouvelle forme de domination, néo-coloniale après celle coloniale. Que l’on ne perde jamais de vue cette réalité : jusqu’à peu de temps, l’Afrique, dont l’Algérie est une composante, constituait le « pré-carré » de l’oligarchie française. Voici que la Chine est arrivée en Afrique, et la Russie y retourne. Leurs méthodes sont différentes. Non pas qu’elles soient philanthropiques, mais elles tiennent un meilleur compte des intérêts des peuples africains. Dès lors, l’oligarchie française est contrainte de recourir à tous ses moyens (y compris, comme toujours, services secrets et présence militaire) pour conserver ses profits économiques en Afrique. Et, comme toujours, la « culture » française (celle coloniale et non celle anti-coloniale) y joue un rôle important. Voilà la cause première et principale de l’encouragement et du soutien aux harkis « intellectuels » africains (9).

L’expérience historique le montre, partout et toujours : une certaine « culture » n’est rien d’autre que le signe précurseur de la domination exploiteuse, présente ou prochaine qui se prépare (10). Elle se manifeste d’abord par ce qui la cause : l’hégémonie économique (11). Si celle-ci ne donne pas les profits escomptés, suit l’agression militaire. Bien entendu, au nom de la « civilisation », comme toujours. Aux peuples et à leurs parties éclairées de se préparer à l’affrontement (12), parce qu’ils n’ont pas d’autre choix : être asservi, à moins de combattre pour conquérir la liberté. Et pour qu’elle soit authentique, elle doit se compléter par l’indispensable solidarité entre les dominés-exploités, hommes et femmes, jeunes et vieux. À suivre.

K. N.

Email : kad-n@email.com

Notes

(1) https://lematindalgerie.comdirigeants-de-letat-et-guerre-de-liberation-nationale-algerienne

(2) Voir https://www.revue-ballast.fr/tuer-pour-civiliser-au-coeur-du-colonialisme/

(3) Voir partie 1 https://lematindalgerie.comcontre-lideologie-harkie-pour-la-culture-libre-et-solidaire   et partie 2 https://lematindalgerie.comla-guerre-de-liberation-nationale-algerienn

(4) Voir l’excellent article de Alain Ruscio, cité en note 2.

(5) Lire absolument les très éclairantq texte ici : http://forumdesdemocrates.over-blog.com/article-la-caravane-camus-et-son-debat-inegal-109135301.html

(6) Référence citée en note 2.

(7) Rappelons celle de Jean Sénac, en 1973. Voir https://lematindalgerie.comeloge-au-compagnon-jean-yahia

(8) Il est salutaire de lire ou relire l’essai de Paul Nizan, du même titre, en l’appliquant à la réalité actuelle.

(9) Voir https://reseauinternational.net/pourquoi-la-france-finira-t-elle-par-perdre-lafrique/

(10) Voir http://www.lematindz.net/news/23193-du-role-des-intellectuels-et-des-artistes.html

et http://www.lematindz.net/news/24015-mercenaires-cameleons-et-libres-penseurs.html

(11) Cet aspect sera exposé dans une partie successive.

(12) En Algérie, des représentants de partis politiques d’opposition, et des intellectuels, soucieux de l’intérêt du peuple, ne cessent de le déclarer.

 

Auteur
Kaddour Naïmi

 




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