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vendredi, 14 novembre 2025
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Nacer Djabi : « Pour Bouteflika, un 5e mandat serait le mandat de trop »

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RENCONTRE

Nacer Djabi : « Pour Bouteflika, un 5e mandat serait le mandat de trop »

Cinq généraux-majors en état d’arrestation, un président de l’Assemblée nationale interdit d’entrée dans l’hémicycle… La classe politique algérienne est en ébullition ces jours-ci. Que va faire le président Bouteflika à la présidentielle d’avril prochain ?

Malgré sa maladie, va t-il se présenter une 5e fois ? Le sociologue algérien Nacer Djabi est, avec le mouvement Mouwatana (Citoyenneté), l’un des signataires d’une lettre ouverte qui demande au président algérien de ne pas s’accrocher au pouvoir. En ligne d’Alger, il répond aux questions de RFI.

RFI : Pourquoi avez-vous signé une lettre ouverte appelant le président à ne pas briguer un cinquième mandat ?

Nacer Djabi : Je crois que c’est l’avis de beaucoup d’Algériens. C’est-à-dire que le cinquième mandat est de trop. Tout le monde le sait, les Algériens, le monde extérieur, que le président est malade et même gravement malade, et qu’il a fait presque vingt ans de règne.

L’Algérie a besoin de changer. Les Algériens veulent un nouveau personnel politique. Ils veulent le changement. On a une société de jeunes qui n’ont plus confiance dans le personnel politique, qui boycottent les élections, qui ne participent pas à la vie politique, qui n’adhèrent pas aux partis politiques. Donc, c’est un retrait pratiquement global de la société algérienne envers la chose politique. Et je crois que le changement au niveau de la présidence peut faire évoluer les choses dans le bon sens.

Depuis un an, de nombreuses personnalités algériennes demandent au président de ne pas briguer un cinquième mandat, comme l’ancien ministre Ahmed Taleb Ibrahimi, le général Rachid Benyelles, l’avocat Ali-Yahia Abdennour et de nombreux universitaires comme le politologue Mohamed Hennad. Qu’est-ce qui vous distingue, vous, les signataires de cette dernière lettre ouverte ?

C’est dans le cadre d’une initiative de Mouwatana (citoyenneté). Donc, les collègues qui sont dans cette initiative ont proposé une charte dernièrement. Ils ont essayé de faire des marches, des sit-in à Constantine. Cela n’a pas marché. A Alger, la même chose. Parce qu’il ne faut pas oublier, il y a une histoire. Les gens de Mouwatana, les personnalités politiques, étaient dans l’initiative de Zéralda en 2014. J’étais moi-même dans ce cas.

Contre un quatrième mandat ?

Contre un quatrième mandat. Et on dit la même chose pour le cinquième mandat. On se dit que l’Algérie a besoin d’une période de transition, d’ouverture politique, pour une plus grande participation des Algériens à la chose politique. C’est-à-dire amener les Algériens à s’intéresser au sort de leur pays.

Mais les deux principaux partis du pays que sont le FLN et le RND [Rassemblement national démocratique] du Premier ministre Ahmed Ouyahia soutiennent la perspective d’un cinquième mandat pour Abdelaziz Bouteflika.

Ce ne sont pas les seuls. C’est des partis de sérail, de pouvoir, qui ne sont pas représentatifs parce que ces deux partis sont imposés. Le RND a démarré en 1997. Deux mois après son congrès en constitutif, il a eu la majorité parlementaire en Algérie. Chose incroyable, anormale.

Le FLN est depuis 1962 au sommet de l’Etat. Il ne bouge pas. Ce n’est pas normal. Les partis sont majoritaires au niveau du Parlement mais sur la base de quelles élections ? Une des revendications de la transition de Mouwatana, c’est de revoir les formes d’élection, de revoir la même force dans l’organisation des élections, de l’administration publique. Ce sont les walis [à la tête d’une wilaya, équivalent d’un département] qui organisent les élections, c’est le ministère de l’Intérieur.

Donc, pas de transition possible sans élections transparentes ?

Bien sûr.

Beaucoup disent qu’en Algérie, c’est l’armée qui fait et défait les régimes.

Je crois que ce n’est pas l’armée, c’est la sécurité militaire. Ce sont les services de sécurité qui appartiennent à l’armée. Quand on parle d’armée, on parle surtout de la direction du service. C’est une petite élite, une direction au sein de l’armée. Et la décision est prise d’une manière qu’on ne connaît pas entre décideurs de l’armée. Cela a été le cas depuis pratiquement 1962.

Officiellement, le chef de la sécurité militaire, le général Mediène, dit « Toufik », a été limogé il y a trois ans, en 2015. Mais qu’en est-il réellement ?

C’est la personne qui est partie, mais la structure est toujours là. Ce ne sont pas les hommes qui sont importants. La fonction politique, toute cette structure militaire, existe et elle est là encore.

Dimanche dernier [le 14 octobre], cinq généraux algériens qui avaient été limogés, ont été arrêtés. Est-ce un signe que les lignes bougent à l’intérieur de l’armée ?

Je crois que c’est un grand événement. C’est la première fois qu’on voit un nombre aussi important. C’est un nombre important de chefs militaires soupçonnés de malversations, d’enrichissement illicite. C’est important pour les Algériens et pour l’institution militaire.

Est-ce le signe qu’il y a des règlements de comptes au sein de l’armée ?

Je ne sais pas. C’est très opaque. L’armée a l’habitude de ne pas communiquer, de ne pas donner trop d’informations. Il faut attendre leur passage devant la justice, c’est-à-dire le démarrage du procès.

Actuellement, qui gouverne en Algérie ?

C’est sûr que Bouteflika est affaibli. Mais la présidence est encore là. La présidence, comme institution, est encore là. La présidence est gérée par le président d’une manière ou d’une autre, mais il y a le chef du gouvernement, il y a quelques conseillers politiques qui sont autour de Bouteflika. Jusqu’à maintenant, ils arrivent à gouverner, même avec les difficultés de la maladie.

Le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, est-il un homme clé dans le dispositif actuel ?

Oui. Il est chef de gouvernement et il est chef de parti politique, le RND, dans la majorité présidentielle. C’est un vieux routier de la chose politique en Algérie. Il est chef du gouvernement pour la quatrième ou la cinquième fois. Il est là depuis 1993. Donc, il devient un homme clé de la vie politique en Algérie.

Auteur
RFI

 




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APN : la Commission des Affaires juridiques confirme la fin de l’ère Bouhadja

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CRISE DU POUVOIR

APN : la Commission des Affaires juridiques confirme la fin de l’ère Bouhadja

La messe est dite. Toutes les composantes de l’APN se sont mises en branle pour le débarquement de Saïd Bouhadja. Après la décision du bureau de l’APN, la Commission des Affaires juridiques, administratives et des libertés à l’Assemblée populaire nationale (APN) a confirmé, jeudi, « la vacance » du poste de président de l’APN, indique le président de cette commission, Amar Djilani.

M.Djilani a précisé dans une déclaration à la presse que « la Commission a élaboré un rapport confirmant la vacance du poste de président de l’APN lors d’une réunion consacrée à l’examen de la saisine qui lui a été adressée par le bureau de l’Assemblée, lequel avait déclaré mercredi la vacance du poste lors d’une réunion d’urgence ».

A l’issue de la réunion, la commission a indiqué dans son communiqué que « tous les éléments juridiques de l’état de vacance sont réunies pour incapacité du président de l’APN (Said Bouhadja) à assurer ses fonctions, du fait de son désaccord avec les députés et son refus de démissionner ».

« Ce cas de figure s’inscrit dans le cadre des dispositions légales prévues par l’article 10 du règlement intérieur de l’APN, lequel prévoit qu’en cas de vacance de la présidence de l’APN par suite de démission, d’incapacité ou d’incompatibilité ou de décès, il est procédé à l’élection du président de l’APN suivant les mêmes modalités prévues par le présent règlement intérieur dans un délai maximum de quinze (15) jours à compter de la déclaration de la vacance », précise le communiqué.

« Le bureau de l’APN se réunit obligatoirement pour constater la vacance et saisir la commission chargée des affaires juridiques. Cette dernière élabore un rapport confirmant la vacance et le soumet en séance plénière au vote de la majorité des membres de l’Assemblée ».

Dans ce cas, « le vote est dirigé par le doyen des vice-présidents non candidat assisté des deux plus jeunes membres de l’Assemblée populaire nationale ».

Auteur
Avec APS

 




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En Algérie, le péché est partout, le sourire n’est nulle part

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REGARD

En Algérie, le péché est partout, le sourire n’est nulle part

On dit de moi que je suis un poète qui se laisse lire avec un plaisir non dissimulé et des artistes talentueux ont aimé mes écrits. Tahar Djaout, Mohamed Kacimi, Arezki Metref et Mohammed Khair Eddine ont dit du bien de mes textes.

J’écris des poèmes sur divers thèmes comme l’amour, le désespoir, la nature, bref les éternels refrains des poètes… La poésie est ma musique et les mots sont les cordes de ma guitare. Je n’utilise aucune arme sinon celle de la beauté. Je parle avec le vent et il me chante des berceuses qui résonnent entre les branches des arbres.  Je regarde le trèfle au milieu d’une prairie et les herbes qui la tapissent me disent la splendeur de la nature. J’admire le ciel flamboyant et le cosmos infini me renvoie l’incommensurable poids de mes doutes, de mes interrogations, de mes questionnements sur tout ce qui m’entoure : la vie, le bonheur à partager avec celle dont je rêve, l’homme qui investit la planète en écrasant toutes les autres espèces, pourquoi la nuit est noire et le jour est lumineux, la mer s’arrêtera-t-elle un jour de fouetter les plages, comment se fait-il que Rimbaud et Omar Khayyâm aient pu exister…

J’ai le privilège de vivre à Paris, la plus belle ville de monde, cette capitale si ouverte sur la planète, cet endroit d’où, il y a plus de deux siècles, on a enflammé la mèche pour que la Lumière illumine le monde. Je ne cherche noise à personne et, à mon âge, l’expérience aidant, j’ai fait mes choix, même s’ils sont discutables, surtout s’ils sont discutables. J’ai visité Central Park à New York et la mosquée Mohamed Al-Amine de Beyrouth, je me suis promené dans la Souika de Tunis et dans la forteresse Pierre-et-Paul de Saint Pétersbourg, j’ai fréquenté les bidonvilles d’Haïti et les souks de Bagdad, j’ai traversé la Liffey à Dublin et la Corne d’Or à Istanbul, j’ai apprécié la tandjia à Marrakech et le biryani au poulet sur le lac Pichola à Udaipur.

Toute architecture, quel que soit l’endroit où l’homme a construit des palais et des masures, est une partie intégrante de la nature du sol sur laquelle elle est dessinée. J’aime le poil luisant d’un chat roux se lustrant les moustaches à coups de pattes. Je suis, depuis toujours, un enfant qui rêve d’un monde meilleur pour ses contemporains.  Et mes voyages, qui forcément m’enrichissent, s’ils mènent mes pas au bout du monde, me ramènent également toujours à Sétif dans la ville où je suis né, en Algérie, dans le pays de mes ancêtres, pour revoir mes sœurs Nadia et Ratiba.

L’Algérie est une terre multiple qui n’accepte pas l’uniformisation que le pouvoir veut à tout prix imposer à quarante millions d’individus qui ne sont pas, loin s’en faut, tous des Arabes et tous des musulmans. Malgré l’obligation qui leur est faite de se comporter en arabo-musulmans.

Et je me pose plein de questions sur ce pays qui va d’Oum Teboul à l’est à Maghnia à l’ouest, de Tipasa sur la Méditerranée jusqu’à In Guezzam à la frontière du Niger, ce pays qui m’a offert l’immense joie de fréquenter des hommes d’une valeur considérable comme Kateb Yacine ou Jean Sénac ou Youcef Sebti, et je lui demande comment en est-il arrivé à ce stade d’infortune ? Comment ces terribles ténèbres ont-elles pu, en l’espace d’une génération, envahir autant les hautes plaines qui, autrefois, étaient baignées d’une lumière aussi aveuglante ?

Comment des esprits aussi éclairés ont-ils pu être remplacés par des ignares « engandourés » pour lesquels l’éclat de rire innocent d’un enfant est haram, une simple promenade d’un jeune couple qui se tient par la main est péché, qu’une bière fraîche dégustée sous un parasol face à la mer est une offense et les cheveux d’une femme libre qui flottent au vent est un crime.

L’enfant du pays de passage dans sa ville se rend compte que l’on étouffe en Algérie, que l’on suffoque dans ce pays pourtant si vaste, que sa poitrine ne respire plus comme avant et qu’elle se sent oppressée sous le poids des péchés distribués à coups de sermons qui reviennent cinq fois par jour par le truchement de haut-parleurs nasillards et bourdonnants.

Le péché est partout, le sourire n’est nulle part. La souillure et le sacrilège ont envahi les places publiques, l’allégresse et l’exaltation ont désormais peur de s’afficher dans la rue.  Plus aucune joie ne se lit sur les visages.

Les cheveux ne suivent plus les courbes imposées par le vent. Les femmes sont sommées d’habiller leurs boucles avec des serpillières chatoyantes. Il n’y a plus de débats enflammés en Algérie, pas plus de « pagsistes » (1) convaincus que le paradis est à portée de porte-voix pourvu que l’ouvrier se mobilise. Il n’y a maintenant que des dévots qui savent « scientifiquement » que le paradis passe par les obligations d’orienter ses fesses vers le ciel et son front vers le sol cinq fois par jour, qu’il pleuve ou qu’il vente ou qu’il fasse soleil.

La religion a remplacé la raison et le hadith lancé en pleine figure, à tort et à travers, est l’argument suprême qui met fin à toute tergiversation. « Ce n’est pas normal puisque le prophète a dit que… » Plus rien n’échappe à cette inquisition, ni l’école où l’enseignant  d’antan s’est transformé en « taleb »(2) habilité à n’apprendre les termes que d’un seul livre à ses élèves, ni les musées où on insère les pages d’une « sourate »(3) parmi les débris de poteries romaines, ni les murs des administrations qui sont remplies des cadres dorés où seuls apparaissent les noms d’Allah et de Mahomet et pas une seule ligne sur les services à rendre au citoyen qui fait le pied de grue depuis l’aube et qui attend que l’on s’intéresse à son sort, ni les cafés où aucune femme n’a le droit de poser son séant pour prendre un thé à la menthe ou une limonade bien fraîche, ni les rues à la nuit tombée où les couples n’ont pas le droit de prendre le frais…

A Sétif, quatrième ou cinquième ville du pays quand même, aucun des quatre cinémas construits avant 1962 n’a ouvert ses portes depuis bien longtemps – les cinémas Star et Variétés ont été transformés en centres commerciaux, le portail du Colisée est verrouillé depuis des dizaines d’années et les marches qui y mènent sont enduites de graisse sale pour que les jeunes désœuvrés ne puissent pas s’y assoir et le cinéma ABC, suprême offense, s’est métamorphosé en librairie islamiste spécialisée dans des titres comme « Comment se repentir », « La mort, la résurrection et l’enfer » ou « Le pardon des péchés dans l’islam ».  

Pas de « Nedjma » de Kateb Yacine, ni de « Les vigiles » de Tahar Djaout ni « Le village de l’Allemand » de Boualem Sansal ni « Babel Taxi » de Mohamed Kacimi ni aucun roman d’aucun algérien libre. Ni de livres étrangers comme « Neige » d’Orhan Pamuk ou « Suttree » de Cormack Mac Carthy. Ces livres ne sont pas Le Livre. Ils ne peuvent le concurrencer. Ils ne mènent qu’au paradis de l’esprit, pas celui de l’âme.

L’inculture est omniprésente dans la rue. Personne ne se promène un livre à la main. A sillonner les rues, on se rend compte que la saleté est une constante.

A moins de deux mètres d’une rare poubelle municipale, le citoyen qui proclame à tout bout de champ que « la propreté fait partie de la foi » n’hésite pas à jeter le papier dans lequel il s’est mouché par terre. Ne parlons pas du crachat qui est devenu une seconde nature. Et l’aveuglement est une persistance de la cécité. Le citoyen ne se rend même plus compte qu’il habite un pays qui ne ressemble pas aux autres.  La femme n’a pas droit de cité dans les cafés, nous l’avons vu, mais la plage lui est également interdite – sauf si elle consent à s’enfermer sous une bâche lourde et difforme qui en fait une sorte de fantôme voguant sur les flots.

Et les nouvelles autoroutes, ah, les autoroutes est-ouest construites à la hâte par des entreprises turques ou chinoises suivant la portion, ces autoroutes limitées à une vitesse de 120 km à l’heure mais où les voitures roulent soit à 200 pour les plus puissantes soit à 30 pour ceux qui veulent y flâner comme s’ils vaquaient à leurs occupations sur une sorte de promenade. Et le plus beau, c’est qu’il n’y a pas un véhicule qui roule sur la file de droite, pas un seul. Il en va de l’autoroute comme de l’écriture. Les algériens ont transposé l’écriture arabe que le pouvoir leur a imposée à leur façon de conduire : de gauche à droite !

Mon pauvre pays chancelant au bord du précipice, relève-toi de toutes tes forces pour retrouver ta dénomination de toujours qui est la terre des Amazighs, la terre des hommes libres. Secoue les hardes et les frusques avec lesquelles on a affublé tes hommes, dépose cette gandoura saoudisée qui les catapulte dans les ténèbres, arrache ce bout de tissu mortifère que tes femmes ont mis sous la pression des troglodytes arriérés et obscurantistes, relève le défi de la modernité et sois enfin une nation avant-gardiste à la manière de ton petit voisin de l’est, la Tunisie.

K.B.

Renvois

  1. PAGS = Parti d’Avant-Garde Socialiste, fondé par les militants de l’ancien PCA (Parti Communiste Algérien).

  2. Taleb = Littéralement étudiant mais le mot a glissé vers celui qui enseigne le Coran

  3. Sourate = Chapitre ou ensemble de versets.

Auteur
Kamel Bencheikh

 




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5 généraux accusés de corruption ! Le juge doit avoir un souci de calculette

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COUP DE GUEULE

5 généraux accusés de corruption ! Le juge doit avoir un souci de calculette

Dans une publication sur Facebook, j’avais publié le salaire moyen d’un général en France, entre 6 000 et 8000 euros, en brut, soit une rémunération nette inférieure. Bien sûr, j’avais tenu compte des premiers échelons dans le grade et sans compter les avantages, souvent assez substantiels, j’en conviens.

Je reçus des réponses estomaqués d’Algériens qui baignaient dans les fantasmes quotidiens en milliards lorsqu’on parle de gens importants, sans oublier qu’ils sont parmi les derniers à compter en  centimes de dinar, ce qui rajoute à l’énormité des sommes.

Dans mon post, j’avais prétendu que Gaȉd Salah était tombé sur ces chiffres et qu’il avait été foudroyé d’apoplexie. Vous rendez vous compte, avec un simple calcul très approximatif des biens « visibles », d’eux-mêmes et de leur progéniture, il faudrait quatre siècles pour pouvoir se les offrir. Et je ne parle que du « visible ». Ces quatre siècles, il faudrait ensuite pouvoir les vivre sans se nourrir, sans acheter le moindre vêtement, se chauffer ou voyager. Car autrement, il faudrait bien mille ans pour les totaliser.

Ces chiffres sont pourtant tout à fait dans la norme de n’importe quelle estimation faite par n’importe qui, juste avec des données facilement consultables. Alors, je m’interroge sur la calculatrice des juges qui arrivent au chiffre incroyablement ridicule de cinq généraux accusés de corruption.

La caste militaire a engrangé depuis 1962 l’équivalent du PIB de nombreux pays africains pour au moins deux décennies. Une simple constatation par des additions, des soustractions et des divisions à la portée d’un élève de CM2 et le chiffre de 6 serait contredit, même par le moins doué de la classe.

Chacun l’aura compris, tout cela n’est qu’un énième règlement de comptes entre les loups, il y en eut tant d’autres, même durant l’époque feutrée des colonels. J’ai rédigé au moins quatre articles en vingt ans portant le même titre « Les loups se battent entre eux mais ne se dévorent jamais ».

Si les juges ont trouvé les preuves pour cinq généraux, c’est donc qu’ils peuvent recouvrer la vue pour des centaines d’autres officiers, ministres, leurs familles et leurs amis. Je ne vois pas comment il pourrait en être autrement.

Qu’on nous laisse donc tranquille avec la bataille de ces assoiffés d’argent, de pouvoir et de sang. Ce n’est pas notre monde ni même notre humanité. Les tribunaux et prisons ne suffiraient pas à loger cette armée de corrompus, même en réquisitionnant toutes les casernes du pays. Car aux militaires, il faudra associer les juges et les milliardaires offshore, en tout une population immense à loger.

Et pourtant, il faudra le faire, ce sera fastidieux mais absolument nécessaire pour amorcer un avenir algérien débarrassé de l’odeur pestilentielle de la corruption en treillis. Des handicapés, des mères isolées et bien d’autres personnes fragiles attendent ce patrimoine immobilier immense pour un refuge républicain, quelle que soit la destination des biens.

Une villa au Club des Pins comme centre de loisirs pour handicapés, c’est une idée, non ?

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar, enseignant

 




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Les rêveries de l’ambition et le train de la mort de Bouknadel

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EMMANUEL MACRON ET LE MAROC

Les rêveries de l’ambition et le train de la mort de Bouknadel

Après moult péripéties, Emmanuel Macron se rendra bien au Maroc le 15 novembre, comme nous l’avions annoncé en août. Dernier obstacle au voyage, le cas de Thomas Gallay, incarcéré au Maroc pour terrorisme, a été réglé le 16 octobre avec l’annonce de son transfèrement en France. Mais aussitôt ce problème réglé, le thème du voyage a dû être revu in extremis.

Au départ, Emmanuel Macron devait inaugurer le train à grande vitesse (TGV) Tanger-Casablanca au côté de Mohammed VI. Mais la catastrophe ferroviaire de Bouknadel (sept morts et plus de 80 blessés), le 16 octobre, a poussé le Palais à annuler.

D’autant que le chantier du TGV est accusé de phagocyter le budget qui devrait servir à l’entretien des lignes classiques… Macron – qui devrait être accompagné du nouveau ministre de l’intérieur Christophe Castaner – devrait donc plutôt s’exprimer sur la Méditerranée, avec l’aide de sa conseillère pour la francophonie Leïla Slimani. (1)

L’écrivaine qui a rejoint l’armée des vassaux de Jupiter, devrait relire et dans une opération à reluire, avant le voyage, son ode énamourée au TGV marocain, intitulée Le train de l’espoir, publiée en janvier 2017 sur le site d’information Le360.ma, mais qui en réalité est juste un gouffre qui engraisse les entreprises françaises.

Extrait qui fait réfléchir sur l’accident de Bouknadel (2) :

« Le TGV au Maroc, il y a de quoi me faire rêver ! Si tout se passe comme prévu, à la mi 2018, il sera possible de faire Rabat-Tanger en deux heures, contre presque cinq heures aujourd’hui. Oubliés les compartiments surchargés, les trains retardés, les arrêts interminables en rase campagne… D’autant que, si l’on en croit les deux patrons des cheminots, le TGV marocain ne sera pas un train de luxe mais sera au contraire abordable pour les classes moyennes. »

Justement, les compartiments surchargés, les trains retardés, les arrêts interminables en rase campagne… parlons-en Madame et sans polémique aucune !

Vous est-il passé par l’esprit que la priorité devrait d’abord être portée à la sécurité des passagers qui payent un service pour se rendre au travail ou pour affaire pour qu’au final ils assurent leurs vies ou leurs survies, avant de vanter l’objectivation de vos rêves, et faire passer de l’état de vos délices intérieurs à celui d’une réalité extérieure qui est loin d’être partagée et susceptible de servir objectivement le maximum de personnes et à un coût raisonnable ?

Vous est-il passé par la tête que les vœux d’infrastructures gigantesques coûteraient presque 12 fois le coût kilométrique (9 millions d’euros au KM) que le plus cher kilométrage TGV en France (19,7 millions d’euros pour LGV Méditerranée comparable à la ligne Tanger-Casa) ?

Mais, peut-être pour vous la devise de Paulo Coelho est une hygiène de vie, qui dit que « le monde est de deux sortes : Celui dont nous rêvons, et celui qui est réel. » ?

Le journal le DESK écrit « le drame de Bouknadel fait remonter à la surface des dysfonctionnements structurels de l’ONCF. Alors que des témoignages abondent pour décrire une situation alarmante de la maintenance des trains et des rails, c’est toute la stratégie de l’Office focalisée sur le projet pharaonique de la LGV qui est mise en accusation. […] Nombre très élevé de trains journaliers ont accusé des retards ces derniers mois » (3)

Et il poursuit « la stratégie de l’ONCF qui s’est lancé malgré un endettement conséquent dans des projets de construction de la ligne et des grandes gares LGV dotées d’installations commerciales, alors que ni la qualité des infrastructures de base, ni le service aux passagers ne sont au rendez-vous. »

Votre ode pleine de rêves avait-elle inspiré votre démarche pour en toucher un mot à Jupiter sur le mal que la France fait à votre pays de naissance, même si je ne peux vous reprocher la forfaiture de la gouvernance de l’Office?

Et enfin, vous choisissez la voie, autant le dire, qui vous déroule des tapies et qui dérailles les parcours de précaires réinventant leur survie tous les matins. Vous en avez le droit !

Vous avez écrit « Le train est depuis toujours l’allié des écrivains, un lieu propice à la rêverie ou aux rencontres fortuites. En France, je passe énormément de temps dans les gares et sur les lignes de TGV pour rejoindre les librairies de province où j’ai la joie d’être invitée. Au Maroc aussi, je préfère toujours le train à la voiture. Un moyen d’éviter les désagréments de la route, la peur des chauffards et de m’adonner tranquillement à la lecture ou au travail. »

Des choix de vies qui ne profitent pas à tout le monde. Votre vie est une chance, saisis-la. Disait Mère Teresa. Ce n’est pas le cas de tous.

M.B.

Renvois

(1) © Copyright Maghreb Confidentiel.

(2)https://www.huffpostmaghreb.com/entry/ce-que-lon-sait-sur-laccident-ferroviaire-de-bouknadel_mg_5bc5ea12e4b0d38b5871c5c3

http://fr.le360.ma/blog/le-train-de-lespoir-102589

(3) https://ledesk.ma/2018/10/17/accident-de-bouknadel-lgv-et-mafias-du-rail-pointes-du-doigt/

Auteur
Mohamed Bentahar

 




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Ecole algérienne : une aliénation réussie

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REGARD

Ecole algérienne : une aliénation réussie

Par manque de conscience de repères identitaires certains parents (à l’exemple d’Hussein Dey et de Jijel) refusent d’inscrire leurs enfants dans l’enseignement de tamazight au collège et au lycée.

A l’évidence, c’est la conséquence de l’idéologie arabo-baathiste puis wahhabite de la société, victime du matraquage des esprits durant plusieurs décennies orchestré par un pouvoir algérien, vassal du Moyen-Orient.

L’officialisation de tamazight reste partielle, partiale et non aboutie. Cela a entraîné certains parents, inconscients de l’intérêt de cette langue pour l’avenir et l’équilibre psychique de leurs enfants à dédaigner cet enseignement.

Le pouvoir est naturellement le premier responsable de cette situation.
C’est la conséquence de la non prise en charge sérieuse de l’enseignement, de cette langue tamazight, à l’échelle nationale. Un enseignement resté, à ce jour, facultatif.

L’Etat algérien, comme d’habitude et de façon délibérée, fait son travail à moitié puisqu’il refuse de rendre obligatoire la langue de nos ancêtres.

Pour preuve, il s’évertue à priver celle-ci d’un budget financier qui aurait dû être le sien (formation d’enseignement, matériels pédagogiques, recherches, etc.).

Cette langue reconnue nationale et officielle doit être obligatoire et non dépendre des états d’âmes des parents.

Faut-il rappeler que « l’arabe classique » (qui n’est pas une langue Algérienne) a été imposé et les parents ne pouvaient pas empêcher l’inscription de leurs enfants pour l’étudier, y compris quand ces parents y étaient opposés.

Cela me rappelle une phrase du feu écrivain Kateb Yacine, à propos de cet arabe classique :
«Chez nous, on importe une langue comme on importe du coca-cola».

Plus de cinquante ans d’arabisation zélée au contenu idéologique néfaste et destructeur pour la société, ont conduit le pays à toujours vivre sous le joug de la domination.

Notre civilisation qui fait preuve d’endurance et de résistance malgré les vicissitudes de l’histoire dont elle a été victime, mérite une meilleure reconnaissance des gouvernants.
Il y va de l’intérêt de tous, des enfants, de tous nos enfants.

C’est de cette façon que le retour à nos valeurs historiques, culturelles et civilisationnelles est possible. Sans ce retour, nous vivrons toujours sous la dictature.

La réaction d’un certains nombre de lycéens (Aurès, Kabylie) qui boycottent en ce moment les cours d’arabe est un pas vers ce retour aux sources.

Ce boycott est une interpellation légitime pour illustrer l’ostracisme et la discrimination envers leur langue ancestrale, tamazight.

Youcef Hebib est président de l’Association les Amis de l’Académie Berbère

Auteur
Youcef Hebib

 




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Affaire Khashoggi : l’homme de main de MBS, Maher, n’est rien comparé à El Qahtani

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ARABIE SAOUDITE

Affaire Khashoggi : l’homme de main de MBS, Maher, n’est rien comparé à El Qahtani

Pour prouver l’implication directe du royaume saoudien dans l’enlèvement et le probable assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, le gouvernement turc livre des informations au compte-goutte comme s’il les monnayait avec le royaume wahhabite. Ainsi après avoir laissé fuiter par l’intermédiaire de son institution policière détenir un enregistrement audio où on entend clairement le journaliste gémir sous la torture qu’on lui fait subir en commençant par lui couper ses doigts, on entend aussi le consul général demander aux tortionnaires de sortir pour faire ces choses dehors car cela pourrait lui attirer des ennuis.

Le lendemain, effectivement le 17 octobre au moment de l’enquête, le consul saoudien a fui Istanbul. La presse française s’appuyant sur les vidéos diffusées par leurs confrères turcs et ce qu’a  révélé la veille le journal New York Times qui a publié plusieurs photos pour appuyer ses dires, Maher Abdelaziz Mutreb a notamment accompagné le prince lors de déplacements aux Etats-Unis en mars 2018 ainsi qu’à Madrid et à Paris en avril 2018. Les autorités turques ont diffusé une photo de lui arrivant à l’aéroport d’Istanbul avec 14 autres dont Salah al-Tubaigy, un médecin légiste qui a procédé au démembrement de la supposée victime en écoutant la musique.

La fiancée du journaliste, une Turque de confession musulmane avait déclaré au journal pour lequel collaborait son futur époux que le 18 septembre effectivement, Jamal s’est rendu au consulat de l’Arabie Saoudite à Istanbul, les fonctionnaires ont pris en charge sa demande et lui ont demandé de partir et d’attendre qu’on l’appelle lorsque son attestation de célibataire pour laquelle il s’est déplacé jusqu’en Turquie sera prête. C’est pour elle, la raison pour laquelle, il était confiant lorsqu’il a franchi le pas de l’ambassade le 2 octobre à 13 h 15.

Cela prouve, conclut le journal, que les instructions sur ses déboires sont venues après, directement du cabinet du Royaume ; ce qui explique l’arrivée en urgence en Turquie de 15 proches de MBS le jour même de sa disparition.

L’atrocité décrite par la presse dans le traitement de ce journaliste dans une ambassade, censée être sécurisée et touchée par une neutralité politique même en temps de guerre n’est pas étonnante lorsqu’il s’agit du royaume wahhabite. En effet, un très proche de Mohamed Ben Salmane (MBS) annonçait il un peu plus d’une année sur sa page Twitter le châtiment réservé aux opposants du régime qu’il recommande de tuer même à l’intérieur de la Kaâba. En effet, Saoud El Qahtani comme le montre l’image de sa page s’appuie sur un verset coranique et ce qu’a ordonné le prophète Mohamed (SWS). Il a regroupé dans un hashtag ce qu’il a appelé la liste noire dans laquelle figure tous les opposants au régime du royaume. Le gendre de Donald Trump aurait collaboré à sa confection.

Image retirée.

La question qui reste posée est que ce journaliste Jamal Khashoggi n’a jamais figuré sur cette liste comme opposant farouche. Il s’est opposé à MBS parce qu’il a touché aux fondamentaux, dits piliers du régime à savoir : la réforme de la vision wahhabite, le tripotage du code de la famille par l’émancipation de la femme, la centralisation de la rente pétrolière qui était au mains de tous les membres de la nomenklatura royale. En termes simples, Khashoggi est d’accord avec toutes les règles du régime saoudien traditionnel.

Si donc, cette inhumanité avec laquelle il a été traité dans le consulat de l’Arabie Saoudite à Istanbul se confirme, c’est pour d’autres raisons que ces attaques répétées contre le jeune prince dans ses contributions à Washington Post.

S’agit-il de renseignements confidentiels que le journaliste détient sur la famille royale avec laquelle il a été très proche depuis 1999 ? Il a été l’intermédiaire principal entre le régime et Ben Laden qui lui a accordé plusieurs entretiens. Pourquoi ? Ce n’est pas la première fois  que le régime s’attaque à ses opposants sans offrir ce spectacle international comme c’est le cas de Khashoggi. Depuis fin des années 1980 plusieurs opposants ont été enlevés avec la complicité des principales capitales du monde et disparus à ce jour :

  • Nasser Said Echamsi en 1979  au Liban

  • Le prince Sultan Ben Torki 2003 en plein Paris

  • Le prince Torki Ben Bendek 2015 au Maroc

  • Le prince Saoud Ben Saif Enasr 2015 en Italie

  • Le prince Abdelaziz Ben Fahd par traîtrise l’année dernière.

La liste est longue et ne compte pas ceux qui sont actuellement menacés comme le prince Khaled Ben Farhan actuellement en Allemagne qui se dit s’attendre à son enlèvement tous les jours.

Le plus grave est ce jeu paradoxal entre le prince Mohamed Ben Salmane et le président Donald Trump. Ce dernier le menace, l’autre lui réplique directement au nom de l’OPEP qu’il réduirait la production du pétrole pour faire flamber les prix des carburants dans les principaux pays consommateurs. C’est la preuve par 9 que pour ses intérêts, il est capable d’utiliser son droit de veto pour ordonner aux membres l’OPEP de le suivre et ils le suivront. Les prix à la pompe sont déjà contestés à un baril 80 dollars. On peut se demander si ce n’est sur cette fibre que le royaume mise pour être si rassuré face aux horreurs qu’on lui prête ?  

Auteur
Rabah Reghis

 




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Tarik Aït Menguellet (TAM) en concert à Cannes

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RENDEZ-VOUS

Tarik Aït Menguellet (TAM) en concert à Cannes

Tarik Aït Menguellet (TAM) sera en concert samedi 27 octobre 20h à l’Espace Miramar – Cannes

Ce concert est organisé par l’association E.S.D.A en partenariat avec Sud Culture

Tarik Aït Menguellet (dit TAM) est auteur, compositeur et interprète.

Il propose un univers musical mêlant des mélodies universelles aux couleurs traditionnelles berbères.

Il choisit une formation instrumentale acoustique qui lui permet d’obtenir la sonorité idéale: l’élégance musicale en toute simplicité, au service des mots, de sa poésie kabyle.

TAM était pour la première fois sur scène en France le 12 octobre dernier, à Paris – La Scène du Canal-Jemmapes, dans le cadre de la 1ère édition du festival Amazigh Legend’s, consacré aux musiques et arts berbères.

Sa prestation fût un grand succès ! Un public charmé dès l’ouverture de son spectacle !

Il revient pour un autre concert, cette fois-ci dans le sud de la France, à Cannes:

Samedi 27 octobre, à l’Espace Miramar – La Croisette -35 rue Pasteur 06400 Cannes

Renseignement et réservation:

Sud Culture

Djamila Lebdiri

067178621

djamila.sudculture@gmail.com

T

 




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Khashoggi : le journaliste aurait été décapité à l’intérieur de l’ambassade saoudienne

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SCANDALE

Khashoggi : le journaliste aurait été décapité à l’intérieur de l’ambassade saoudienne

L’enquête avance sur la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. C’est désormais le quotidien turc Yeni Safak qui explique avoir eu accès à un enregistrement sonore révélant qu’il a été torturé avant d’être « décapité » dans le consulat de son pays à Istanbul. Le journal précise ainsi que ses doigts auraient été coupés par des agents saoudiens. Il a ensuite été « décapité », selon le quotidien progouvernemental, qui ne précise pas comment il a eu accès à ces enregistrements.

Certains médias, dont le Washington Post pour lequel écrivait M. Khashoggi, avaient auparavant rapporté l’existence d’enregistrements audio et vidéo prouvant que le journaliste avait été « interrogé, torturé puis tué » à l’intérieur du consulat, avant que son corps ne soit démembré. Mais c’est la première fois qu’un média turc dit avoir eu accès à de tels enregistrements. Selon Yeni Safak, le consul saoudien Mohammad Al-Otaibi peut être entendu sur l’un des enregistrements, disant : « faites ça dehors, vous allez m’attirer des problèmes ». Ce à quoi un individu non identifié lui répond : « Si tu veux vivre quand tu reviens en Arabie saoudite, tais-toi. » Mohammad Al-Otaibi a quitté Istanbul mardi.

Le site d’informations en ligne Middle East Eye raconte, citant une source qui a eu accès à l’enregistrement sonore des derniers moments du journaliste, que Jamal Khashoggi a été emmené dans le bureau du consul. Selon cette source, « il n’y a pas eu de tentative d’interrogatoire. Ils étaient venus le tuer » et le consul lui-même a été sorti de la pièce. Un médecin légiste, identifié comme Salah al-Tubaigy et qui faisait partie de la quinzaine de Saoudiens dépêchés par Riyad à Istanbul ce jour-là selon plusieurs médias, a ensuite commencé à découper le corps de Jamal Khashoggi encore vivant, d’après la source de Middle East Eye. Pendant qu’il faisait cela, Salah al-Tubaigy a commencé à écouter de la musique à l’aide d’écouteurs. « Quand je fais ce travail, j’écoute de la musique. Vous devriez (le) faire aussi », l’entend-on dire sur l’enregistrement, selon la même source. L’assassinat a duré sept minutes, affirme Middle East Eye.

Un proche du prince héritier saoudien

Plus tôt, le New York Times révélait que l’un des hommes identifiés par la Turquie comme faisant partie des responsables serait un proche du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Lire aussi Turquie : mystérieuse disparition d’un journaliste saoudien

Selon le journal américain qui publie plusieurs photos pour appuyer ses dires, Maher Abdulaziz Mutreb a notamment accompagné le prince lors de déplacements aux États-Unis en mars 2018 ainsi qu’à Madrid et à Paris en avril 2018. Les autorités turques ont diffusé une photo de lui arrivant à l’aéroport d’Istanbul.

Celui qui est surnommé « MBS » et son père le roi Salmane ont nié avoir connaissance du sort du journaliste saoudien, qui s’est installé aux États-Unis en 2017 après être tombé en disgrâce à la cour du prince. Il n’a plus donné signe de vie après être entré dans le consulat de son pays à Istanbul pour des démarches administratives le 2 octobre. Selon les autorités turques, il a été assassiné dans ces locaux par une équipe venue d’Arabie saoudite. Riyad assure jusqu’ici qu’il a quitté la représentation diplomatique peu de temps après, mais n’a pas été en mesure d’en apporter les preuves.

Le New York Times ajoute que trois autres suspects – qu’il identifie comme Abdulaziz Mohammed al-Hawsawi, Thaar Ghaleb al-Harbi et Muhammed Saad Alzahrani – ont été liés par des témoins ou d’autres sources aux services de sécurité attachés au prince de 33 ans. Et un cinquième homme, un médecin légiste identifié comme Salah al-Tubaigy, a occupé des postes à hautes responsabilités au ministère saoudien de l’Intérieur et dans le secteur médical saoudien, poursuit le journal, soulignant qu’« un personnage de cette stature ne pourrait être dirigé que par une autorité saoudienne de haut rang ».

Vers une reconnaissance par l’Arabie saoudite ?

Le quotidien affirme avoir confirmé par lui-même qu’ « au moins neuf des quinze (suspects) ont travaillé pour les services saoudiens de sécurité, l’armée ou d’autres ministères ». Pour le New York Times, la position des suspects au sein du gouvernement saoudien et les liens de plusieurs d’entre eux avec le prince héritier « pourraient rendre beaucoup plus difficile de l’absoudre de toute responsabilité » dans la disparition de Jamal Khashoggi. « Et la présence d’un médecin légiste spécialisé dans les autopsies suggère que l’opération pourrait avoir été préparée avec un objectif fatal depuis le début », relève le journal.

Selon le Washington Post, Ankara a dit aux États-Unis détenir des enregistrements audio et vidéo montrant comment Jamal Khashoggi avait été « interrogé, torturé puis tué » à l’intérieur du consulat, avant que son corps ne soit démembré. Des médias américains avaient rapporté lundi soir que l’Arabie saoudite envisageait de reconnaître que le journaliste de 59 ans était mort lors d’un interrogatoire qui aurait mal tourné au consulat.

Selon CNN, citant deux sources anonymes, Riyad préparerait un rapport tentant de minimiser son implication dans la disparition du collaborateur du Washington Post. Le rapport, a avancé l’une de ces sources, conclurait que l’opération a été menée « sans autorisation ni transparence » et que « les personnes impliquées seront tenues pour responsables ».

Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo est, lui, attendu ce mercredi en Turquie après avoir obtenu des dirigeants saoudiens l’assurance de leur volonté d’élucider l’affaire. « J’estime, à l’issue de ces rencontres, qu’il y a un engagement sérieux à déterminer tous les faits et à assurer que les responsabilités soient établies, y compris la responsabilité de dirigeants ou de hauts responsables d’Arabie saoudite », a déclaré dans un communiqué le chef de la diplomatie américaine.

Se faisant l’écho de tweets du président Trump, qui s’est invité par téléphone au dîner qu’ont eu M. Pompeo et le prince héritier, le secrétaire d’État a déclaré que les dirigeants saoudiens « ont démenti énergiquement savoir quoi que ce soit sur ce qui s’est passé dans leur consulat à Istanbul ».

Le prince héritier « s’est engagé à ce que le travail du procureur saoudien fournisse au monde entier une explication complète et définitive en toute transparence », a ajouté Mike Pompeo. « J’ai souligné l’importance de mener une enquête approfondie, transparente et rapide, et les dirigeants saoudiens s’y sont engagés », a assuré le chef de la diplomatie américaine.

Un sommet économique compromis

Une conférence organisée du 23 au 25 octobre par le fonds souverain saoudien à Riyad est désormais compromise. Elle devait servir de vitrine aux réformes économiques lancées par le prince héritier Mohammed ben Salmane, considéré comme l’homme fort de l’Arabie saoudite. Mais la liste des entreprises annulant leur venue s’allonge. Le directeur général de Société générale, Frédéric Oudéa ou Jean Lemierre, président de BNP Paribas ont déjà annulé leur venue. Virginie Morgon (Eurazeo), Jean-Bernard Lévy (EDF) et Patrice Caine (Thalès) n’ont pas encore faire de commentaires sur leur participation. Christine Lagarde, la patronne du Fonds monétaire international (FMI), a aussi repoussé son voyage au Moyen-Orient, qui comprenait une étape à Riyad pour la conférence.

Au niveau international, voici ceux qui ont déjà annoncé leur absence. John Flint, directeur général de HSBC, Tidjane Thiam, directeur général de Crédit Suisse et Ajay Banga, PDG de MasterCard sont à ranger parmi les défections. Trois entreprises qui comptent parmi les huit « partenaires stratégiques » de la conférence, tout comme Siemens, dont le patron Joe Kaeser n’a jusqu’ici pas annulé sa venue. On trouve aussi dans cette liste : Jamie Dimon (JPMorgan Chase), Larry Fink (BlackRock), Stephen Schwarzman (Blackstone) ou encore Bill Winters (Standard Chartered).

 

Auteur
Avec AFP

 




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Le conseil local de l’ordre des architectes de la wilaya de Batna dénonce

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DERAPAGE

Le conseil local de l’ordre des architectes de la wilaya de Batna dénonce

Les architectes relevant du conseil de l’ordre de la wilaya de Batna sont mécontents et ont demandé l’annulation de l’attribution du concours national d’études et suivi du projet de réalisation d’un nouveau siège de l’APC d’Ichmoul située à 60 km au sud-est du chef-lieu de la wilaya de Batna.

Selon nos sources d’informations, le maître d’ouvrage c’est-à-dire l’APC  d’Ichmoul, a lancé une concours national d’études et suivi pour la réalisation d’un nouveau siège au niveau de la commune enfreignant, d’abord l’article 48 décret présidentiel 15-247 du 16 septembre 2015 portant réglementation des marchés publics qui exige que soit fixée  l’enveloppe financière prévisionnelle des travaux ainsi que la composition du jury, puis le décret exécutif no 16-224 du 22 août 2016 fixant les modalités de rémunération de la maîtrise d’œuvre en bâtiment et la circulaire no 01 du 15 novembre 2016 relative à sa mise en œuvre, qui fixent les délais minimums des études selon la catégorie de l’ouvrage soit 03 mois pour cette catégorie.

Informé par certains participants au concours, le conseil local de l’ordre des architectes a saisi l’APC d’Ichemoul par écrit pour lever les réserves  citées plus haut, malheureusement cette dernière n’en a pas tenu compte ou, selon nos sources, levé certaines d’entre elles d’une manière contraire à la réglementation puisque au lieu d’annuler le concours comme le stipule celle-ci , elle a préféré saisir les participants par un fax anonyme, deux jours avant l’expiration du délai pour leur communiquer le montant de l’enveloppe financière du projet mais aussi du changement du programme…

Passant outre toutes ces réserves, l’APC d’Ichemoul a validé ce concours en procédant à son attribution sans même avoir fait participer un représentant du CLOA comme membre du jury selon la coutume.

Devant cet état de fait, les architectes en colère ont introduit un recours collectif adressé d’abord au maître d’ouvrage ainsi qu’au Secrétaire général de la wilaya, au président de la commission des marchés de la wilaya et enfin au chef de daïra d’Ichemoul.

Ces architectes sont d’autant plus remontés que cette même APC a décidé, nous dit-on, de lancer un autre concours dans les mêmes formes et avec les mêmes infractions à la loi, concernant l’étude et suivi de gradins et annexes au stade communal, et demandent de ce fait l’annulation pure et simple de l’attribution du concours et l’élaboration de nouveaux cahiers des charges conformes à la réglementation en vigueur.

Auteur
Abdelmadjid Benyahia

 




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