19 mars 2025
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« Le Crocodile » remplace le despote Mugabe

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Zimbabwe

« Le Crocodile » remplace le despote Mugabe

Emmerson Mnangagwa a été ministre de l’intérieur de Robert Mugabe. Photo AFP

 Le nouveau président du Zimbabwe Emmerson Mnangagwa a définitivement tourné la page vendredi des trente-sept ans du règne autoritaire de Robert Mugabe sur le pays en prêtant serment devant des dizaines de milliers de partisans pleins d’espoir. Pour autant, s’il suscite l’espoir, l’homme a été au côté de Robert Mugabe pendant tout son règne. Il a réprimé dans le sang à maintes reprises l’opposition.

« Moi, Emmerson Dambudzo Mnangagwa, jure qu’en tant que président de la République du Zimbabwe je serai loyal à la République du Zimbabwe et obéirai, soutiendrai et défendrai la Constitution et les lois du Zimbabwe, » a-t-il prêté serment dans un stade plein à craquer de la banlieue de Harare.

A 75 ans, M. Mnangagwa prend les rênes d’un pays ruiné, trois jours après la démission historique du plus vieux dirigeant en exercice de la planète, 93 ans, poussé vers la sortie par son armée, son parti et la rue.

Dès l’aube, les habitants de la capitale se sont bousculés aux portes du National Sports Stadium pour acclamer leur nouveau chef de l’Etat.

« Nous sommes très enthousiastes et nous attendons beaucoup de Mnangagwa », a confié à l’AFP une spectatrice, Sharon Mauyakufa, 23 ans, « nous vivons dans une dictature depuis très longtemps ».

« Merci à nos soldats », « le peuple a parlé », proclamaient des bannières déployées dans le stade.

Robert Mugabe a été poussé vers la sortie par un coup de force de l’armée, qui a pris le contrôle du pays dans la nuit du 14 au 15 novembre après le limogeage de M. Mnangagwa.

Cacique du régime depuis l’indépendance du Zimbabwe en 1980, celui qu’on surnomme le « Crocodile » a été remercié sur ordre de la Première dame Grace Mugabe, qui lui disputait la succession de son mari, à la santé de plus en plus fragile.

Après avoir résisté plusieurs jours aux pressions des militaires, de son parti, la Zanu-PF, et de la rue, le « camarade Bob » a fini par capituler mardi en présentant sa démission, sous la menace d’une procédure de destitution devant le Parlement.

A la veille de son entrée en fonction, M. Mnangagwa s’est entretenu jeudi avec son prédécesseur, à qu’il a promis, ainsi qu’à sa famille, les « conditions de sécurité et de bien-être maximales », a rapporté le quotidien gouvernemental The Herald.

– ‘Tourner la page’ –

Trois jours après la chute du régime, le sort, notamment judiciaire, réservé au couple présidentiel restait mystérieux.

« Je ne sais pas ce qui a été négocié mais je peux vous dire qu’aucun Zimbabwéens ne souhaite que Mugabe soit poursuivi en justice ou pendu ou lynché », a déclaré à l’AFP un de ses ministres, Supa Mandiwanzira, « les gens veulent tourner la page ».

Le porte-parole de l’ex-président, George Charamba, a pour sa part catégoriquement démenti que l’immunité lui avait été accordée, ainsi que l’ont rapporté plusieurs médias.

« Il n’y a aucune raison de lui accorder l’immunité, il n’en a jamais été question pendant les discussions », a-t-il assuré à l’AFP.

Un temps annoncé à la cérémonie d’investiture de son successeur, M. Mugabe ne devait finalement pas y apparaître. « Il n’est pas en état d’y venir », a déclaré M. Charamba.

De retour mercredi du bref exil sud-africain qui a suivi son limogeage, Emmerson Mnangagwa a affirmé qu’il ferait du redressement de l’économie sa priorité absolue. « Nous voulons des emplois », a-t-il promis.

Robert Mugabe a laissé derrière lui une économie ruinée par des réformes dévastatrices. L’activité y tourne au ralenti, l’argent manque et le spectre de l’hyperinflation rôde.

Avec un taux de chômage estimé à 90%, les Zimbabwéens vivent de petits boulots dans l’économie informelle. D’autres ont émigré, souvent chez le géant sud-africain voisin.

Les attentes de la population du Zimbabwe, sortie épuisée de l’ère Mugabe, sont énormes.

« Nous voulons que notre économie se redresse, nous voulons retrouver de l’argent dans les banques, on ne peut pas continuer à faire les poubelles », s’est exclamée Alice Mwanjeya, une mère de six enfants âgée de 57 ans venue assister à l’investiture.

– ‘Changements’ –

« J’espère des changements », a renchéri Archiford Gwandiziva, un chômeur de 21 ans. « J’espère que nous allons retrouver la liberté de parole que nous avions perdu sous Mugabe, où nous étions arrêtés à la moindre critique du gouvernement ».

Le profil et la personnalité du nouveau maître du Zimbabwe suscitent pourtant quelques inquiétudes.

Fidèle parmi les fidèles du régime, Emmerson Mnangagwa, proche de la hiérarchie sécuritaire, plusieurs fois ministre, traîne derrière lui une réputation d’exécuteur des basses oeuvres répressives de l’ex-président Mugabe.

Plusieurs ONG ont rappelé le lourd bilan du régime: « des dizaines de milliers de personnes ont été torturées, ont disparu ou ont été tuées », selon Amnesty International.

Soucieux de rassurer, M. Mnangagwa s’est présenté en « serviteur » du pays et a déjà appelé à plusieurs reprises « tous les patriotes zimbabwéens à travailler ensemble ».

Le principal parti d’opposition, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), plaide pour un gouvernement d’union nationale jusqu’aux élections prévues en 2018.

« J’espère que le président Mnangagwa va démontrer que la nation a changé de direction », a déclaré jeudi à l’AFP le chef du MDC Morgan Tsvangirai. « J’espère qu’il évitera de tomber dans la tentation de garder seul le pouvoir ».

Auteur
Avec AFP

 




Délits sexuels : « la parole se libère »

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Armée française

Délits sexuels : « la parole se libère »

26 viols signalés en 2014 au sein de l’armée. Photo AFP

Près de 800 signalements, dont 291 cas avérés d‘infraction, ont été portés à la connaissance de la cellule chargée d‘accompagner les victimes de violences sexuelles au sein de l‘armée française depuis sa création en 2014, a déclaré jeudi le contrôleur général des armées. 

Face à l‘effet de souffle de l‘affaire Weinstein, le producteur de cinéma américain accusé de viols et d‘agressions sexuelles, l‘armée souligne son exigence de “tolérance zéro” dans ses rangs, où sexisme et agressions ont longtemps été tues.

La cellule Thémis, du nom de la déesse grecque de la justice, a vu le jour le 21 juillet 2014, à la suite de la publication de “La guerre invisible, révélations sur les violences sexuelles dans l‘armée française”, une enquête de deux journalistes sur le harcèlement et les agressions subis par des “féminines” mais aussi une minorité d‘hommes.

Les forces armées françaises – près de 203.000 membres – comptent 60.000 femmes, dont 31.424 militaires.

Depuis sa création, “Thémis”, dont le caractère inédit et “sincère” a été salué mais dont l‘efficacité est mise en doute par certaines des victimes qui ont confié anonymement leur désarroi sur les réseaux sociaux, a enregistré 791 signalements, dont 291 ont donné lieu à l‘ouverture de dossiers, a précisé Erick Dal lors d‘une conférence de presse.

“90% des plaignants sont des femmes, 10% des hommes”, a dit le contrôleur général des armées, qui anime la cellule avec quatre autres personnes.

De la radiation aux jours d’arrêt

Erick Dal cite à grands traits, pour des raisons de confidentialité, le cas de ce sous-officier récidiviste qui prenait clandestinement des photos dans les vestiaires féminins de son unité. Une enquête de commandement et une enquête parallèle de gendarmerie ont été ouvertes.

Le gradé a été sanctionné par sa hiérarchie de 60 jours d‘arrêt puis condamné par la justice à dix mois de prison avec sursis, cinq ans de mise à l’épreuve et obligations de soins. “C’était la fin de sa carrière. L‘intéressé a demandé à partir en retraite”, indique le contrôleur.

Ou encore cette jeune femme victime d‘un chantage sexuel de la part d‘un supérieur, qui a produit 700 SMS auprès de la cellule.

Si ces situations, qui surviennent en France ou en opérations extérieures, font systématiquement l‘objet d‘une enquête interne de commandement, elles ne sont pas toujours suivies d‘une procédure judiciaire. “La moitié des femmes ne veulent pas porter plainte”, concède Erick Dal.

La peur de représailles, d‘une mutation, d‘incidences sur la carrière explique en partie la persistance d‘une “omerta”.

“Un abcès a été ouvert”, veut croire Erick Dal. “Dès qu‘une potentielle infraction nous est signalée, très tôt des murs de protection sont mis en place. Nous veillons à ce que l‘agresseur soit muté ou retiré de son poste, pas le contraire”.

“Des dossiers sont classés sans suite pour absence de preuves, mais cela n‘exclut pas une sanction disciplinaire”, dit-il. Les sanctions peuvent aller jusqu’à la radiation dans les cas les plus graves. Des exclusions temporaires, des mutations, des jours d‘arrêt sont également possibles.

“La parole se libère”

Selon le recensement de la cellule, 26 viols ont été signalés entre le second semestre 2014 et fin 2016, ainsi que 40 agressions sexuelles. Les chiffres pour 2017 ne sont pas encore disponibles.

Les signalements pour harcèlement sexuel sont au nombre de 63, dont 32 pour l‘année 2016; 12 pour atteinte à la vie privée (captation et diffusion d’images sans consentement); 53 pour discrimination.

“Il n‘y a pas plus de cas mais il y a une meilleure connaissance du phénomène, la parole se libère”, affirme le contrôleur, qui a mis en avant l‘organisation prochaine de formations sur le sujet au sein des armées.

“Nous faisons attention à ne laisser personne en cours de route, nous accompagnons les victimes sur trois, quatre ans”.

Un “tumblr”, plateforme de témoignages et d’échanges sur internet, a été lancé en février dernier sous l‘intitulé “Paye ton treillis” et dessine un environnement moins conciliant.

De l‘anecdote au récit glaçant, il fait état de dérapages sexistes, racistes, homophobes, mais aussi transphobes dans les armées. “Nous condamnons avec la plus grande fermeté tout comportement déplacé et ne tolérons aucune impunité”, souligne-t-on au ministère des Armées.

Une mission d‘enquête interne avait été menée en 2014 à la suite de la publication de “La guerre invisible”. Des victimes réclament, sous le sceau de l‘anonymat, une initiative indépendante, telle une commission d‘enquête parlementaire.

Le harcèlement sexuel a été inscrit dans le code de la Défense et dans le code du Soldat, ainsi qu‘un renforcement des sanctions, à la suite du rapport de 2014.

 

Auteur
Reuters

 




Campagne contre les violences faites aux Femmes

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11ème édition (novembre – décembre 2017)

Campagne contre les violences faites aux Femmes

Pour la mémoire de Zoubida Hagani Khaldi !

Pour que les réserves émises par l’Algérie à la CEDAW soient levées

Pour l’Egalité entre les femmes et les hommes !

Cette année, nous plaçons notre 11ème campagne contre les violences faites aux femmes sous une triple exigence : la réflexion sur l’état d’application de la Loi sur les violences envers les femmes de 2015, la levée de toutes les réserves émises à la CEDAW pour que plus aucune discrimination frappant les femmes ne soit plus possible dans notre pays et la sauvegarde de la mémoire de Zoubida Hagani Khaldi effacée par des forces lâches et misogynes.

L’école de pêches de Béni Saf a eu, pendant plus de 21 ans, l’honneur de porter le nom de Zoubida Hagani Khaldi, mais des forces que le nom même d’une femme révulse ont décidé de baptiser l’école d’un autre nom.

Nous serons donc samedi 25 novembre à Béni Saf pour nous recueillir sur la tombe de Zoubida et poursuivre les démarches auprès de la direction des moudjahidine et de la pêche de la wilaya d’Aïn Témouchent afin de réparer cette atteinte inacceptable à notre mémoire.

Parce que l’engagement et le combat féministe de Zoubida est encore vivant et présent, nous persévérons et renouvelons l’action initiée il y a une année pour la levée des réserves émises par l’Algérie à la ratification de la CEDAW. Nous soumettons notre lettre ouverte à la signature des organisations et nous poursuivons nos rencontres d’information et de sensibilisation sur la CEDAW y compris sur les réseaux sociaux.

Nous avions mené campagne pour la Promulgation de la Loi contre les Violences faites aux Femmes et le collectif constitué à Oran avait mené une formidable mobilisation en faveur de cette loi finalement adoptée en 2015. Pour mesurer son impact et les moyens de sa mise en œuvre, nous organisons un atelier d’échanges sur la prise en charge des femmes victimes de violences avec des professionnel-le-s d’institutions comme les services de médecine légale.

Par ailleurs, une rencontre-débat sera consacrée à la polémique sur les droits des femmes et des violences à leur encontre ayant marqué le Salon international du livre d’Alger : Quelle avancée dans les luttes pour l’égalité entre les femmes et les hommes et la lutte contre les violences faites aux femmes ?

Le 10 décembre, journée internationale des droits humains, nous diffuserons des textes d’information sur la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne et son initiatrice Olympe de Gouges.

Rejoignez-nous ! Pour plus d’information : contact@afepec.org

AFPEC Oran 21 novembre 2017

Auteur
AFPEC

 




D’un exil au pire des exils (VIII)

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Yaha Abdelhafidh : témoignage d’un homme vrai

D’un exil au pire des exils (VIII)

Dans l’itinéraire de Abdelhafidh Yaha, nous voici arrivé à la partie que j’aurais souhaité ne jamais écrire. Parce que nous parvenons à la plus amère des vérités, selon l’expression de Si Lhafidh. Bien entendu, elle surprendra totalement beaucoup ; mais pas les personnes conscientes que la vérité historique n’est jamais racontée par les vainqueurs, mais par les vaincus.

L’éternel problème : démocratie contre autoritarisme

De retour d’exil en France, Abdelhafidh Yaha reprend contact avec les cadres et militants du F.F.S. L’heure est à la démocratie, non seulement parce que le régime, suite à la révolte citoyenne d’octobre 1988, s’est vu contraint de concéder quelques libertés, mais, également, parce que les partis, du moins leurs militants sincères envers le peuple, veulent établir une réelle démocratie au bénéfice du peuple.

C’est ainsi que Si Lhafidh parvient, avec ses compagnons, à constituer, de manière démocratique, notons-le, un Conseil National Provisoire. Ensuite :

« Le 10 juillet 1989, le Conseil national provisoire a choisi et élu à la majorité de ses membres présents un Comité exécutif provisoire composé de seize membres dont la coprésidence est confiée à Si El Hocine [Aït Ahmed] et Si El Hafidh.(…)

Le 21 juillet 1989, le Comité exécutif a avancé dans ses travaux d’organisation en inscrivant à l’ordre du jour de sa réunion un schéma de structuration future du Front. Cette proposition pose le principe de la question collégiale à l’aide de deux organes : consultatif et délibérant d’une part, exécutif d’autre part, à tous les niveaux de la hiérarchie. »

Nous nous trouvons donc dans une situation de pouvoir bicéphale (Aït Ahmed et Si Lhafidh), et s’affirme le principe de la collégialité. Autrement dit, deux aspects favorisant le fonctionnement démocratique du parti.

Malheureusement, par une lettre de réponse, Hocine Aït Ahmed n’y consent pas. Facile de deviner le motif de sa missive : pas deux coqs dans un poulailler.

Les membres du CNP se révoltent

« Lettre ouverte à Monsieur Hocine Aït Ahmed, en réponse à sa lettre circulaire au CNP, au CE et aux cadres du FFS. (…)

C’est un crime de lèse-majesté qu’a commis le CNP en informant le «zaïm » des objectifs et des perspectives qu’il s’est fixé. C’est nouveau pour toi, n’est-ce pas, les instructions quand elles viennent de la base ? Il faut s’y faire car c’est ça l’avenir et n’y vois aucune sommation.

Tous les militants et militantes du FFS veulent te voir rentrer en Kabylie. Ils pensent qu’en qualité d’ancien premier responsable du FFS, tu leur dois quelques explications. Ils ont beaucoup de questions, longtemps restées sans réponse, qui leur brûlent les lèvres et tu es le seul à qui ils veulent les poser.

– Il y a les interrogations des veuves et des orphelins, qui souhaitent connaître le visage du « capitaine sauvé miraculeusement » du naufrage qui a coûté la vie à leurs maris, à leurs pères.

– Il y a les questions des maquisards du FFS qui n’ont jamais compris pourquoi Si Mohand Oulhadj, homme de parole et d’honneur, a cessé le combat.

– Il y a le doute ravageur chez les militants et les maquisards de la première heure qui ne s’expliquent pas ta « capture », d’autant plus qu’à l’époque il y avait des rumeurs.

Des questions, il y en a de toutes parts.

– De ceux qui t’ont connu de près, qui connaissent ton vrai personnage, ta vraie dimension.

– De ceux qui t’ont vu à travers le prisme diffractant de l’histoire et ont de toi plusieurs images différentes entre elles et la réalité.

– De ceux qui t’ont suivi, courageux et confiants, et qui ont aujourd’hui tout perdu dans ton sillage.

– De ceux qui veulent comprendre la stratégie du mariage contre-nature avec Ben Bella, notre tortionnaire, et mesurer les conséquences bénéfiques pour la démocratie.

– De ceux qui veulent que la lumière, la clarté, la transparence soient une réalité au FFS.

Pour tout cela, quoique tu penses, tu es plus utile en Algérie qu’à Lausanne, à moins que la « démocratie » que tu incarnes ne soit différente de celle à laquelle nous aspirons. Auquel cas, il y aurait un fâcheux malentendu ! »

Les détails de ces griefs se trouvent exposés dans l’ouvrage de Abdelhafidh Yaha.

Résultat du conflit entre la « base », où se trouve Si Lhafidh, et Aït Ahmed ?

Ce dernier manœuvre de telle manière (les détails sont dans le livre) que le jour du congrès du parti, l’entrée à Si Lhafidh est… interdite ! Vous avez bien lu : in-ter-di-te ! Pourquoi, comment et par quelle malédiction ?

La fin de l’ouvrage ne fournissant pas les éclaircissements nécessaires, je me suis adressé à celui qui a recueilli les mémoires de Si Lhafidh : Hamid Arab. Voici ses explicitations.

Question : Quelle fut la procédure pratique qui justifia le refus de laisser entrer Si Lhafidh au congrès du parti, alors dirigé par Hocine Aït Ahmed ?

H. A. : « Il n’y a pas eu de procédure pratique précise. Tout est parti du différend qu’il y a eu déjà en France. Et Si Lhafidh a exigé une explication devant les militants. A partir de là, Aït Ahmed s’est employé, avec l’appui de quelques cadres intéressés par des postes, à minorer l’importance du rôle de Si Lhafidh. Il faut rappeler aussi que la perspective de l’ouverture démocratique a fait naître des ambitions démesurées auprès de nombreux cadres du parti. Et ceux-là, Aït Ahmed a su les capter.

« Et, en l’espèce, je pense que le rôle de la police politique a été aussi déterminant dans la fracture au sein de la direction du FFS en cette année 1989. Si Lhafidh a refusé d’attendre plus longtemps en France ; il est rentré avec de nombreux cadres du parti qui croyaient à un certain FFS historique, fidèle à la ligne sans concession de 1963. La direction du parti est entrée en Algérie en ordre dispersé.

« En Algérie, la fracture ne s’est pas résorbée. Il y a eu quelques tentatives de conciliation qui ont malheureusement fait échoué faute d’une volonté politique affirmée d’Aït Ahmed mais aussi d’un certain activisme diabolique de la police politique qui n’entendait sans doute pas voir ce parti faire la synthèse entre les anciennes générations de militants et les nouvelles.

« Un deuxième élément important. Le pouvoir a interdit à la presse de relayer les déclarations de si Lhafidh quand il parle du FFS, donc il y a eu un black-out sur ses activités à son retour.

 » Le jour du congrès, Si Lhafidh fut empêché de rentrer au congrès par le service d’ordre. Celui-ci a agi sur ordre du président du parti et sans doute de la direction en ce temps-là. Personne, parmi les congressistes (et pourtant nombre d’entre eux ont été longtemps couvés et formés par Si Lhafidh à Paris), n’a daigné élever la voix pour signifier son refus de ce grave précédent. Après sa mort, certains sont venus s’épancher, mais c’est trop tard. Ce jour-là, le parti a échoué à réaliser la synthèse des anciens avec les nouveaux militants. »

Comme on le constate, ce qui a lieu au F.F.S. a caractérisé toutes les révolutions et tous les partis « révolutionnaires », sans aucune, soulignons-le, aucune exception. Les premiers combattants sèment l’espoir et obtiennent des résultats favorables au peuple ; après la victoire, les nouveaux venus, manipulés par la frange des anciens combattants (qui avaient une autre visée inavouable) récoltent en accaparant ces résultats dans leur intérêt personnel de nouvelle caste.

Autre question à Hamid Arab : De son vivant, est-ce que Aït Ahmed a répondu, d’une manière ou d’autre autre, aux graves questions qui lui ont été posées, afin de clarifier sa position devant les militants ?

H. A. : « Aït Ahmed n’a, à ma connaissance, pas répondu aux questions de Si Lhafidh. Je pense malheureusement qu’Aït Ahmed ne voulait rendre de compte à personne, c’est pour cela qu’il a refusé cette explication devant les militants. Par contre, il a distillé des informations auprès de ses canaux pour faire dire que Si Lhafidh est manipulé par la police politique afin de le discréditer auprès de la base. Le problème de la transparence dans le fonctionnement de ce parti, comme d’ailleurs pour les autres, reste posé à ce jour. En exigeant une réunion d’explication publique, Si Lhafidh voulait surtout mettre en place, dès l’ouverture dite démocratique, une autre méthode de fonctionnement du parti, sortir aussi du secret qui entourait les activités du parti pendant la clandestinité pour lui impulser une autre pratique qui soit adaptée à la nouvelle situation. »

Quelle tristesse ! Un homme trahi par celui qui lui doit sa place de dirigeant, et trahi, aussi, par ceux qu’il a couvés et formés.

Notons qu’au sujet de l’incroyable, injuste et scandaleux traitement réservé à Si Lhafidh, le témoignage de celui-ci ne montre aucune haine, mais simplement relate la vérité. Quelle leçon ! À propos des partis politiques (se proclamant « démocratiques » et « progressistes »), à propos de leur chef suprême (se déclarant sincère et transparent), à propos d’une majorité de leurs cadres (se prétendant honnêtes) et, malheureusement, à propos de leur base militante (incapable de se rendre compte de la manipulation dont elle est victime). Voilà encore comment un parti, auparavant combattant contre la dictature, dégénère et produit une autre forme de dictature, cette dernière aggravée par l’imposture de se masquer en « démocratie ». Ne dit-on pas : « Dieu ! Sauve-moi de mes « amis » ! Quant à mes ennemis, je m’en charge ».

Et, aujourd’hui, la grande majorité des personnes croit encore à l’utilité des partis pour établir la démocratie ! Et à leur capacité de fonctionner de manière réellement démocratique !

À ce niveau, une hypothèse se présente : dans le cas où Si Lhafidh aurait été au courant  des mouvements (et non partis) politiques et sociaux autogestionnaires, notamment soviétique en Russie (avant la prise du pouvoir par les bolcheviques) et espagnol (lors de la révolution sociale de 1936-1939), Si Lhafidh aurait-il nourri des espérances sur un fonctionnement réellement démocratique d’un parti classique, même se proclamant « démocratique » et « progressiste » ?

Si les intégristes islamiques ignorent, déforment et instrumentalisent à leur manière l’idéologie religieuse, en quoi l’attitude des intégristes « marxistes », « socialistes » ou « libéraux » serait-elle différente, en ce qui concerne l’idéologie démocratique ?… Les uns comme les autres ne se révèlent-ils pas, au-delà des paroles propagandistes (prétendument au service du peuple), rongés par l’ambition personnelle, qui se manifeste par l’obsession de conquérir le pouvoir (au détriment des autres, donc du peuple) ?

Hors, la seule manière de gérer de manière authentiquement démocratique un pouvoir (politique ou social) est de le partager entre toutes et tous. Les partisans des soviets russes et ceux des collectivités  espagnoles (sans oublier l’autogestion algérienne ouvrière et paysanne) l’ont prouvé. Alors, les militants disposent du maximum de conscience pour ne pas se faire manipuler par les « cadres » et le chef suprême. Parce que ces derniers n’ont pas le privilège de la « connaissance supérieure », pour impressionner, écraser et manipuler les militants de base. Réfléchissons ! Sachons prendre les leçons que l’expérience historique, de tous les peuples, nous enseigne. Errera humanum est, perseverare diabolicum (Se tromper une fois est humain, mais persévérer dans l’erreur est diabolique). Disons plus : et stupide.

Rappelons-nous une des conclusions tirées de sa propre expérience par Michel Bakounine, à propos des chefs (je cite de mémoire) : Mettez le révolutionnaire le plus radical et le plus pur au pouvoir ; très vite il deviendra le plus machiavélique tyran. Pour ma part, j’ajoute : plus grave encore, l’imposteur se justifie par les « meilleures intentions » du monde. Qu’on vérifie, pour citer les exemples les plus illustres, comment ont justifié leur pouvoir Karl Marx (sur l’Association Internationale des Travailleurs), Lénine et Trotski (sur la Russie « soviétique »), Mao Tsé Toung (sur la construction du « socialisme » en Chine).

Retournons à Si Lhafidh. Par son élimination « bureaucratique », c’est le peuple authentiquement résistant, réellement démocratique, qui a été éliminé, trompé, trahi. Par une caste inédite, difficile à démasquer (à cause d’une phraséologie machiavéliquement démagogique) comme nouvelle couche sociale parasitaire, jouissant de privilèges au détriment du peuple. Seuls les ignorants et les naïfs, concernant l’histoire humaine, se surprennent de voir un homme, auparavant réellement combattant contre la dictature, une fois devenu « chef », se transformer en vulgaire dictateur, bénéficiant de vils privilèges, tout en prétendant être le « Sauveur » du peuple. Et si un tel homme parvient à dominer, c’est parce qu’il sait, comme l’a déclaré auparavant Hamid Arab, jouer de l’avidité de certains « cadres » auxquels il commande, et qui partagent avec lui les privilèges.

Combat permanent

Finissons le compte-rendu des mémoires de Abdelhafidh Yaha par des informations qu’elles ne contiennent pas, et que nous fournit Hamid Arab.

Question : Une fois Si Lhafidh éliminé du F.F.S., qu’a-t-il fait ?

H. A. : « Si Lhafidh a continué la politique en fondant un nouveau parti le FFD, front des forces démocratiques. Il a continué à faire de la politique et a, par exemple, participé à la conférence nationale des partis en 1994. Il n’a jamais renoncé à faire de la politique, en participant à des conférences, des meetings ou des commémorations de la mort d’anciens moudjahidine [combattants de la guerre de libération nationale]. Il a été au côté du mouvement des Arouchs [mouvement social démocratique en Kabylie, basé sur la tradition des conseils de village] en 2001/2002. La politique était tout pour lui.

« Le FFD a activé quelques années juste après 1990 mais, avec la période de terrorisme, il n’y avait pas vraiment d’activité politique. Le parti a fini par disparaître.

« Je pense que la création de ce parti a été une erreur quand on sait le sacrifice de Si Lhafidh pour le FFS, sa mise à l’écart du FFS a été le signe d’une grave dérive autoritaire qui annoncera d’autres exclusions de cadres de valeur. Cependant, Si Lhafidh ne voulait pas en rester là. Il voulait continuer à faire de la politique, ainsi que ses fidèles compagnons, alors il leur fallait une structure. Surtout qu’il ne pouvait plus parler au nom du FFS après ce congrès de la fracture originelle. D’où le FFD »

Là, encore, méditons : pourquoi la fatigue ou la disparition d’un dirigeant provoque la disparition du mouvement ? Et comment agir afin que ce genre de néfaste conséquence soit écarté ? La réponse à cette fondamentale question commence par l’étude des expériences autogestionnaires passées.

Il reste à connaître dans le détail cette dernière phase de l’action politique de Si Lhafidh. Elle instruirait les nouvelles générations sur ses projets, ses actions et les motifs de ses échecs. La personne capable de nous informer à ce sujet est vivement invitée à nous éclairer, pour compléter ce dossier.

Hamid Arab conclut, concernant Si Lhafidh :

« La population a toujours gardé une profonde estime pour lui. Il a connu une renaissance avec la publication de ses mémoires. Des milliers de personnes l’ont accompagné à sa dernière demeure. Il est enterré devant chez lui, près de la route pour permettre aux gens de venir se recueillir. »

Ultime reconnaissance fidèle de Si Lhafidh au peuple. Ultime leçon de sa part.

Le  fidèle « passeur »

Si les mémoires de Si Lhafidh nous sont parvenues d’une manière claire et convaincante, nous le devons également à Hamid Arab. Il a su recueillir les propos du mémorialiste et nous les transmettre en un style simple, dans le meilleur sens du terme, sans fioritures, d’une manière directe, sans digressions inutiles, dans un langage qui reflète fidèlement l’auteur. Hamid Arab a su être un très bon « passeur » pour faire connaître la vie, l’action et les leçons de ce combattant exemplaire du peuple que fut Abdelhafidh Yaha, dit Si Lhafidh.

Une prochaine partie conclusive résumera les aspects essentiels de son action.

K. N.

Email : kad-n@email.com

Auteur
Kadour Naïmi

 




Ils ont tous voté, sauf le peuple !!!

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Des Bouteflika à Sellal, en passant par Haddad et Tebboune

Ils ont tous voté, sauf le peuple !!!

Ils sont venus, ils sont tous là, dès qu’il ont entendu son cri, tous les acteurs de nos malheurs, même Tebboune le fils maudit, elle va mourir… l’Algérie! Même Aznavour ne les auraient pas mieux chantées, ces funérailles électorales. Enchaînons !

Les élections locales, de ce 23 novembre, ont été surtout l’occasion de se faire remarquer. Comme sur les marches de Cannes, il y a les stars du moment et les « Has-been », les « in » et les démodés, qui espèrent un micro, envisagent une caméra ou s’exposent aux objectifs.

Les Bouteflika en meute :

C’est en « famille », que le président de la République s’est déplacé au bureau de vote d’El Biar, accompagné de ses deux frères, Nacer et Saïd, et des deux mystérieux neveux qui semblent se multiplier sans vraiment grandir ! Hallucinant !!! Cette fois, le président a réussi à le mettre au fond, ce fameux bulletin, qui lui avait causé tant d’ennuis en mai dernier. Seul comme un grand, sans l’aide du petit. Le siège bien réglé, la hauteur calculée, le bras tendu : a voté !

Même en causant quelques embouteillages qui auront fait râler plus d’un sur son parcours, le président pouvait rentrer chez lui, sous le soleil et les youyous, avec le sentiment du devoir accompli, agitant le bras, dans un lent mouvement qui rappelle la bénédiction papale ! Magnifique l’exploit ! A rééditer en 2019, si Dieu le veut bien sûr !

Ouyahia : « Comme il a dit lui »

Le Premier ministre était matinal. À peine 8 h du matin qu’il était à son bureau de vote au CEM Pasteur d’Alger. Le premier à voter nous dit-on. Exemplaire qu’il fut. En sortant, avec ce sourire gourmand, Ouyahia se réjouit des circonstances idéales dans lesquelles se déroule le scrutin, en insistant sur les consignes qu’a données le président de la République lors du Conseil des ministres. Ah oui, il a insisté, le président, au point où le Premier ministre a insisté pour que le peuple aille voter, car « c’est un acte qui ne prend qu’une heure ou deux, mais qui a un impact sur notre vie pendant 5 ans » insistait-il encore et toujours. Quel argument !

Tebboune sort « di club du pain » et vante Bouteflika !

Apparition remarquée de Abdelmadjid Tebboune, qui presque tête baissée est allé lui aussi accomplir son devoir de citoyen, à Bouchaoui…muni de son passeport diplomatique ! Il sort ainsi de sa résidence « di club du pain », où, selon Ali Heddad, « il mangi bien » (normal, c’est le club du pain) et « il vivi tri bien ». L’ancien Premier ministre, héros déchu du peuple et ennemi auto-proclamé des bourgeois « prédateurs », n’a daigné faire qu’une seule petite déclaration aux nombreux journalistes qui l’achalaient : « Je suis FLN et je suis Bouteflika » ! En clair, je suis bon pour le service ! A croire qu’ils sont tous masochistes !

Sellal, jamais sans mes blagues

Elles nous avaient presque manquées les blagues à Sellal. Heureusement que le devoir l’a appelé lui aussi. À 11h précisément. Après une belle grasse-mat. Il s’était présenté au bureau de vote de l’école El Ghazali d’El Mouradia. Indulgente, sa femme n’a pas dû le traîner bien fort par les pieds ou l’empêcher ce matin-là, de prendre son café.

Abdelmalek Sellal, qui a réussi son éclipse depuis son limogeage, a complètement raté son apparition. Comme à l’accoutumée, on aurait envie de dire. En quittant, et sous l’insistance des journalistes, l’ex-premier ministre se trahit : « Je vous reverrais très bientôt », lança-t-il. Une phrase vite interprétée par tous comme une annonce probable de son retour aux affaires. Lesquelles ? Les rumeurs vont bon train, mais le poste vacant de conseiller du président est celui qui revient avec insistance. Le veinard !

Ali Haddad, l’incolore !

Ça ne s’invente pas : Ali Haddad, le caméléon dit être « incolore ». Incolore ou invisible, il ne l’a même pas expliqué ? Comme l’eau ou comme l’air, le mystère reste entier. Comme le FLN ou comme le RND : l’argent n’a effectivement pas de couleur, mais ça pue parfois lorsque indûment placé dans les paradis fiscaux. Il pourrait y aller pour prendre des couleurs tiens ! 

Et les amis

Il eut également le grand opposant fréro Abdelmadjid Menasra, l’autre boule de poils Abdellah Djeballah, l’énorme brosse à cirer Amar Ghoul, l’impayable Amara Benyounes sans personne sous son burnous, Noureddine Bédoui et tant d’autres amis qui sont venus voter. Tous anonymes :« Grand devoir et fête nationale », avec un slogan pimpant : « Chacun pour soi et Bouteflika pour tous ».

Mais mince : où est donc passé le peuple ?

Auteur
Hebib Khalil

 




Le scrutin a été largement boudé par les Algériens

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Elections locales

Le scrutin a été largement boudé par les Algériens

Le président Bouteflika venu voter avec un de ses petits neveux. Photo AFP

Les Algériens ont largement boudé jeudi l’élection de leurs élus communaux et aux wilayas, affichant leur défiance d’un système politique figé, dans un contexte économique et social morose.

Mohamed, chômeur de 30 ans d’Alger, estime que voter « ne sert strictement à rien. Les choses ne changeront pas ». Kamel, le même âge, refuse lui de voter « dans un pays (…) où les vieux ne lâchent rien et s’accrochent au pouvoir ».

La participation est le principal enjeu du scrutin. Seuls à disposer d’une assise nationale et à être représentés sur l’ensemble du territoire, le Front de libération nationale (FLN), au pouvoir depuis l’indépendance en 1962, et son allié du Rassemblement national démocratique (RND) sont assurés de l’emporter, selon les observateurs.

Aucun des principaux partis d’opposition n’a réussi à présenter des listes dans plus de la moitié des communes du pays, faute d’un maillage national, mais aussi, ont dénoncé ces formations, à cause d’obstacles bureaucratiques à la constitution et à l’enregistrement de leurs listes.

A 17H00, le taux de participation s’établissait à 34,46 % pour l’élection des assemblées populaires communales (APC, conseils municipaux) et à 33,26 % pour celle des assemblées populaires de wilaya (APW, assemblées de wilayas), a annoncé le ministre de l’Intérieur, Nourredine Bedoui, en hausse d’environ 6 points par rapport à 2012 à la même heure.

Lors du précédent scrutin local en 2012, 44,27 % des électeurs au total avaient voté pour les communales et 42,84 % pour les départementales.

Face à l’absence d’alternance, les Algériens se sont rendus peu aux urnes ces dernières années: à peine plus de la moitié des électeurs (51,7 %) se sont déplacés pour la présidentielle de 2014 et à plus d’un tiers pour les législatives de mai dernier (35,37 %), contre 42,9 % cinq ans auparavant.

La campagne des locales a suscité peu d’enthousiasme dans ce pays jeune, dont près de 45 % de la population a moins de 25 ans, mais où 30 % de ces jeunes sont au chômage et où le système politique apparaît figé et immuable, impliquant les mêmes acteurs depuis des décennies.

L’Algérie souffre en outre économiquement de la chute, depuis 2014, des prix du pétrole, source de 95 % de ses devises, qui a notamment ralenti la croissance et fait grimper l’inflation et le chômage (12 % de la population active).

Au pouvoir depuis 1999, le président Abdelaziz Bouteflika, 80 ans et dont l’entourage évoque publiquement une candidature à un cinquième mandat en 2019, avait, la veille du scrutin, appelé les Algériens à « participer massivement ».

Très affaibli depuis un accident vasculaire cérébral (AVC) en 2013, le chef de l’Etat, dont les apparitions publiques sont rares, a voté en fin de matinée à Alger. En fauteuil roulant, il a placé lui-même ses bulletins dans l’urne et apposé son empreinte digitale sur la liste d’émargement, avant de repartir sans faire de déclaration.

Les derniers bureaux ont fermé à 20h00 (19h00 GMT) et le dépouillement a commencé. Les résultats officiels sont attendus vendredi après-midi.

Quelque 22 millions d’électeurs étaient appelés à choisir parmi une cinquantaine de partis politiques, quatre alliances et de nombreuses listes indépendantes, qui s’affrontaient pour les sièges des 1.541 conseils municipaux et des 48 conseils départementaux.

Pour le sociologue Nacer Djabi, « ce n’est pas à travers ce type d’élections (locales) qu’il y a un changement » politique à attendre.

Alors que les électeurs sont traditionnellement plus enclins à prendre part aux scrutins locaux, « les questions relatives au développement local, au rôle des collectivités locales, n’ont été abordées que superficiellement », a indiqué à l’AFP Belkacem Benzenine, chercheur au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) d’Oran.

La campagne s’est surtout concentrée autour de considérations comme « la situation économique difficile ou encore la présidentielle » de 2019, avec la candidature attendue d’Abdelaziz Bouteflika pour un 5e mandat, a-t-il constaté.

« Voter ? Pourquoi faire ? », s’est interrogé Saïd, infographiste au chômage de 25 ans, rencontré par l’AFP dans le quartier populaire d’El Madania à Alger. « J’ai eu mon diplôme il y a quatre ans et je vis toujours aux crochets de ma mère femme de ménage ».

« Je suis femme au foyer. Personne ne s’intéresse aux femmes au foyer alors pourquoi voter ? », a de son côté expliqué Fatima, 57 ans.

Mohamed Lamari, 77 ans, a tenu, lui, à déposer son bulletin dans l’urne à Alger. « C’est important. J’ai toujours voté », a-t-il indiqué à l’AFP.

Fatma Zohra, 40 ans, a également voté, accompagnée de son fils de 12 ans, pour « lui inculquer que le vote est un devoir ».

« Les choses ne peuvent changer que par le vote, le reste on a déjà donné », a-t-elle fait valoir, en référence à la décennie de guerre civile qui a fait 200.000 morts entre 1992-2002.

 

Auteur
AFP

 




33.26% pour les APW et 34.46% pour les APC à 17h00

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Taux de participation aux élections

33.26% pour les APW et 34.46% pour les APC à 17h00

Le dépouillement a commencé. Photo APS

L’opération de vote pour le renouvellement des 1 541 Assemblées populaires communales (APC) et les 48 Assemblées populaires de wilaya (APW) a pris fin jeudi à 20 heures pour le scrutin qui s’est déroulé dans la sérénité, en dépit de quelques incidents mineurs enregistrés dans certaines localités.

Le taux de participation aux élections locales 2017 a atteint 33,26% pour les Assemblées populaires de wilaya (APW) et 34,46% pour les Assemblées populaires communales (APC) au niveau national à 17H00, a annoncé jeudi à Alger le ministre de l’Intérieur et des  Collectivités locales, Noureddine Bedoui.

Lors des élections de 2012, le taux de participation aux APC à la même heure était de 28,30%, alors que celui des APW était de l’ordre de 27,47 %.

Auteur
APS

 




« Je tiens pour responsable la présidence de la république »

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Nouvelles révélations du journaliste Meziane Abane

« Je tiens pour responsable la présidence de la république »

On en sait un peu plus sur la nature et les circonstances des menaces qu’avait dénoncé notre confrère d’El Watan, Meziane Abane. Ce journaliste, avait posté un commentaire sur sa page Facebook, dans lequel il se disait « menacé par les armes, lui et sa famille. »

Après que le journal El Watan ait publié un article dans lequel, il relatait et dénonçait les faits, Meziane Abane a expliqué sur sa Page Facebook, que son frère « a été braqué à l’arme la nuit du vendredi (17/11/2017), par des individus non identifiés. » Il explique notamment  que ces individus  » qui me cherchaient visiblement, et qui ont l’air très très professionnels, l’ont conduit, dans sa voiture, l’arme pointée sur sa tête, dans un endroit isolé. «Vous êtes un Abane, le frère du journaliste Meziane Abane», ont-ils cherché à savoir. Mon frère a répondu par un « non » : « je ne suis pas un Abane et je n’ai aucun frère journaliste ». L’un d’eux l’a giflé avant de lui demander ses papiers. », rapporte le journaliste, qui poursuit «Voilà, vous êtes bien le frère du journaliste» ont-ils ajouté. «Si vous le cherchez lui, pourquoi venir me voir moi», a répondu mon frère. «Wash dakhlek», ont-il rétorqué. Ces individus l’ont interrogé, par la suite, sur ma famille, ont pris son numéro et lui ont signifié que «ça ne sert à rien de déposer plainte».

Meziane Abane relate que ces faits se sont produits dans son village natale dans la  commune d’Ahnif et considère que l’acte est « une menace réelle » contre sa personne. « Cette histoire a eu lieu près de mon village, dans la commune d’Ahnif, daïra de M’cheddalah, dans la wilaya de Bouira. Je considère cet acte lâche comme une menace réelle contre ma personne et une tentative, de ces derniers et de ceux qui les ont envoyé, d’étouffer ma voix. Fini les interpellations comme j’ai l’habitude de subir. Maintenant, c’est place aux menaces des armes. Si les commanditaires n’ont pas été identifiés, les méthodes, elles, sont connues. Et moi qui pensais, qu’elles étaient révolues », poursuit le journaliste.

Considérant tout cela, Meziane Abane conclut que ce que venait de subir son frère le visait lui-même, et qu’il tenait pour responsable l’ensemble de la caste qui dirige le pays, à commencer par le président de la République. « Pour toutes ces raisons, je tiens pour responsables, la présidence de la république, à sa tête le président de la république et son frère conseiller, le chef des armés, le patron des services secrets, ceux de la gendarmerie et la police nationales, sur tout malheur qui peut arriver à moi ou à ma famille. Je n’accuse personne pour le moment, mais ces derniers sont responsables de ma sécurité et de celle de ma famille. S’il arrive un malheur à moi ou à ma famille, ce sont eux les responsables », conclut Meziane Abane.

 

Auteur
B. Karima

 




Une ville entière se met en grève générale « contre la pauvreté »

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Tunisie: une mère a tenté de s’immoler

Une ville entière se met en grève générale « contre la pauvreté »

Une grève générale pour protester contre la pauvreté a été observée mercredi à Sejnane, dans le nord de la Tunisie, où une femme a tenté de s’immoler par le feu après la suppression d’une aide sociale.

Ecoles, commerces et administrations étaient fermés dans la journée, à l’exception des pharmacies, des urgences de l’hôpital et des boulangeries, ont indiqué à l’AFP un responsable syndical et un militant associatif.
Dans des vidéos publiées sur les réseaux sociaux, on peut voir une large foule défiler.

“Travail, liberté, dignité nationale”, “Nous sommes tous Radhia Mechergui”, ont scandé les manifestants.

Radhia Mechergui est une mère de cinq enfants habitant à Sejnane, dont le mari est malade et qui recevait une aide sociale de 150 dinars (51 euros). Le versement ayant été annulé, elle a fait plusieurs réclamations restées sans réponse. Elle s’est immolée par le feu la semaine dernière dans l’enceinte de la sous-préfecture, et est depuis hospitalisée.

Le sous-préfet de Sejnane a reconnu “qu’il n’y avait aucune raison à l’arrêt de cette subvention”.

“Elle bénéficiait de cette prime jusqu’en 2016, date à laquelle l’assistance sociale de la région a décidé de l’arrêter (…). Il n’y avait vraiment aucune raison de priver cette femme aux conditions sociales difficiles de cette subvention”, a dit à l’AFP le sous-préfet, Ali Hamdouni. “L’assistance sociale doit assumer les conséquences de ce qu’elle a fait”.

Selon Amor Barhoumi, le secrétaire général du syndicat UGTT à Sejnane, “l’acte de désespoir et de colère de Radhia Mechergui est l’étincelle qui a déclenché la colère des habitants de Sejnane”.

Car “la rue est en train de bouillir. Par solidarité avec Radhia et parce que tous les gouvernements qui se sont succédé depuis l’indépendance n’ont rien fait pour Sejnane. Après la révolution, nous nous sommes réjouis en pensant que les choses changeraient, mais c’est de mal en pis”, a renchéri Riadh Ben Cherif Sahbani, un militant associatif.

Entre autres maux, M. Sahbani évoque “une pauvreté en hausse, de plus en plus d’enfants qui quittent l’école et le manque de lieux de loisirs”.

Dans un rapport, le FTDES, une ONG tunisienne, a jugé qu’un réel changement se faisait toujours attendre en termes de droits économiques et sociaux en Tunisie, sept ans après la révolution qui a renversé la dictature.

En dépit d’avancées démocratiques, “le chômage, la misère et les inégalités sociales et régionales se sont aggravés”, a averti le FTDES, en soulignant le risque d’instabilité que cela entraîne.

 

Auteur
AFP

 




Comment mettre fin à l’échec recommencé ?

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Élections locales

Comment mettre fin à l’échec recommencé ?

En se rendant ce jeudi aux urnes, les Algériens ne se font pas trop d’illusions sur la portée du geste ni sur l’étendue des missions confiées aux élus locaux (exécutif communal et assemblée de wilaya). La raison est toute simple: la commune et la wilaya font partie d’un système institutionnel, ancré depuis plusieurs décennies dans la gouvernance algérienne et en décalage manifeste avec les aspirations de la population en matière de gestion des affaires publiques locales, de cadre de vie et de participation citoyenne à la vie locale. Ce sont autant de notions creuses, qui n’ont presque aucun prolongement dans la réalité, et que l’on ne retrouve que dans le discours officiel et les médias publics.

Le scrutin de ce jeudi, quoi que l’on dise, est moins « politique » qu’il n’y paraît. En d’autres termes, la poids des partis et des discours d’ordre général pèsent beaucoup moins que l’ancienne division tribale de la société, mais aussi moins que les inquiétudes « terre-à-terre » générées par la crise financière qui prend en étau le pays depuis l’été 2014. On revient, sans doute sans grand effort de recherche, aux questions pragmatiques et pratiques de la vie quotidienne, du cadre de vie, parfois de la survie, qui ont déserté le paysage politique et médiatique pendant les longues années d’euphorie et d’embellie financière qu’a vécues l’Algérie.

En effet, les grands clivages partisans et idéologiques ont beaucoup de peine à mobiliser l’électorat, dans un contexte où les ménages sont aujourd’hui affectés par baisse drastique du pouvoir d’achat; vivent avec une terrible hantise le risque de chômage; se mettent, dans plusieurs communes à acheter l’eau potable chez des vendeurs par citerne (en raison de la séchresse qui a presque vidé les barrages), font mille acrobaties pour acheminer un casse-croûte à leurs enfants scolarisés (car des centaines de cantines scolaires sont fermées cette année); font face avec grande appréhension aux rares averses automnales, de crainte de voir leurs maisons inondées ou emportées par les eaux, comme ce fut le cas septembre dernier à Djelfa et Laghouat; vivent avec angoisse les risques de maladies que les dépotoirs sauvages, à travers toutes les communes du pays, sont susceptibles de générer.

Ainsi, la gestion de proximité commence à devenir un des éléments de poids dans le choix des candidats. Mais, visiblement, cela ne suffit pas à dégager une voie nouvelle, celle d’un scrutin régulier, rationnel, supposé être un point d’appui à l’accès à la modernité politique. Les raisons en sont nombreuses, et la camisole de force dans laquelle est engoncée la gestion communale n’est pas des moindres. Une camisole faite d’hypercentralisation institutionnelle, de déséquilibre régional, de déficit de rationalité dans l’aménagement du territoire, de manque de formation d’un grand nombre d’élus et d’administrateurs territoriaux,…etc.

Dans pareil scrutin, où l’on demande aux électeurs de choisir leurs élus locaux, aussi transparente et propre que soit l’opération électorale, il est manifestement difficile de lutter simultanément contre les vieux reflexes, la médiocrité et le « tribalisme » imposé par un système rentier.

Sur l’ensemble des éléments qui obèrent la libération des énergies et des initiatives locales, les médias ont légitimement traité à satiété la problématique des codes de la commune et de la wilaya datant de 2012. La révision intervenue à cette date, qui pouvait pourtant recevoir les leçons et les « éclairages » du Printemps arabe qui avait atteint alors sa vitesse de croisière, n’a pas été à la hauteur des aspirations des populations et des ambitions de la démocratie locale participative. À peine les élections passées, que les blocages ont commencé à se manifester un peu partout y compris par la fermeture forcée des sièges de mairies par les citoyens protestataires. Ce « procédé »- qui touche également des structures de service public, comme la Sonelgaz, l’Algérienne des eaux,…etc.-, est devenu une « sunna hamida » (sainte tradition) dans le bréviaire de la protesta juvénile algérienne.

La révision des codes de la commune et de la wilaya en 212 n’a, malheureusement, rien apporté de nouveau en matière d’élargissement des prérogatives des élus, depuis longtemps réclamé, et sur le plan du rapprochement de l’idéal de la « démocratie participative » qui est revenue comme un leitmotiv sur la bouche des derniers ministres de l’Intérieur (Zerhouni, Ould Kablia, Belaïz et l’actuel Bedoui). Le code communal, tel qu’il est actuellement, n’énonce que des principes et des professions de foi qui ne possèdent pas d’instrument d’exécution sur le terrain de la réalité.

Le scrutin de ce jeudi n’a pas pour vocation de faire une révolution dans ce domaine. Les deux questions -élargissement des prérogatives des élus et initiation de la démocratie participative- restent pendantes et évasives. L’occasion ne leur est même pas offerte pour être posées clairement et sereinement au sein de l’institution la plus indiquée, à savoir l’Assemblée populaire nationale (APN). À ce niveau d’observation, la camisole de force dont il a été question tout à l’heure, ne fait que confirmer l’acharnement des ses tenailles.

Un tel contexte, caractérisé par un grave déficit d’ouverture sur la société, ne peut sécréter que des pratiques vénéneuses au sein de la « corporation » des élus locaux. L’illustration n’a pas besoin d’être recherchée très loin. Au moment même où se déroulent les élections, des élus croupissent en prison et d’autres font l’objet de poursuites judiciaires, suite à leur implication dans des affaires de corruption et de détournement de fonds publics.

Et c’est précisément à ce moment-là, crise financière oblige, que le gouvernement sollicite les communes pour créer de la richesse et de l’emploi! Le gouvernement Sellal en fait son cheval de bataille, avant de se rendre compte de l’inanité d’une vision peu portée sur le réalisme et la dimension prospective. Aux dernières statistiques officielles, deux tiers des communes algériennes sont classées « pauvres », n’ayant pas de ressources propres.

L’on sait que, déjà, avec l’aisance financière qu’a connue le pays pendant plus d’une décennie, les différentes protestations sociales induites par la médiocrité et la faiblesse des prestations des différents services publics, la persistance du chômage, particulièrement au sein de la frange juvénile et des diplômés de l’université, le manque de logement, les disparités sociales, le népotisme, ou d’autres motifs aussi légitimes les uns que les autres, ont souvent pour point d’impact la mairie, dans son double aspect : comme Assemblée populaire communale et comme infrastructure abritant cette assemblée.

En effet, au cours des mouvements violents menés par les jeunes, et parfois même par de grands adultes, cette structure, la mairie, devient non seulement le « mur des lamentations », sollicité par la collectivité pour recevoir et examiner ses doléances, mais aussi l’objet de la colère populaire. Ce qui, dans bien des cas, se matérialise par de la casse, des destructions et même des prises d’otages (maire ou autres élus communaux).

Cette institution de la République, la mairie, censée être la plus proche des citoyens, semble cristalliser en son sein tout le mal-être des jeunes Algériens, bien que ses missions et prérogatives soient réduites à la portion congrue.

Auteur
Amar Nait Messaoud

 




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