8 avril 2025
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« Nous mettons petit à petit un État kabyle en place »

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Ferhat Mehenni (président du GPK)

« Nous mettons petit à petit un État kabyle en place »

Avec Ferhat Mehenni, il y a d’abord le verbe chanté. Guitare en bandoulière, il a très tôt défié le régime de Houari Boumediene, puis celui de Chadli Bendjedid. Il a été arrêté, puis jeté en prison une douzaine de fois, pour avoir revendiqué la reconnaissance de l’identité amazighe. Homme aux convictions politiques et identitaires bien chevillées au cœur, Ferhat Mehenni a, dès le début de son combat pour l’identité amazighe, été confronté à l’arbitraire du pouvoir, aux privations et à la répression. Après avoir chanté et lutté pour la reconnaissance de tamazight, l’Algérie, la démocratie, le pluralisme politique, les droits de l’homme, il consacre désormais son énergie à la Kabylie et son indépendance. Entretien.

Le Matin d’Algérie : Quel regard portez-vous sur le mouvement que vous dirigez depuis sa création ?

Ferhat Mehenni : Le MAK est né d’une succession de drames kabyles dont le plus impardonnable fut celui du Printemps Noir (2001) quand l’Etat algérien avait tiré sur nos enfants qui manifestaient pacifiquement. Il a pour mission de consommer la rupture avec la répression et l’oppression que subit la Kabylie depuis l’indépendance de l’Algérie. L’évidence de cette rupture s’est imposée à nous le jour où nous avons réalisé que l’Etat censé être notre protecteur nous a toujours traités en ennemi, et quand nous avons vu que la communauté « nationale » avec laquelle nous partageons, encore malgré nous, notre destin d’Algériens est non seulement indifférente à nos malheurs mais descend souvent dans la rue pour soutenir d’autres peuples que le nôtre, y compris au moment où nous pleurions 130 Kabyles abattus par les gendarmes, en principe eux aussi, chargés d’assurer notre sécurité. Le MAK est donc le produit légitime de notre histoire. Il est la réponse adéquate à l’exigence de vie de dignité et de liberté du peuple kabyle. Il est devenu la colonne vertébrale de la Kabylie.

Il s’est structuré en Kabylie, au niveau des villes et villages et au sein de la diaspora kabyle. En quelques années, une équipe dirigeante efficace s’est formée et nous sommes passés du concept de l’autonomie vers celui, plus juste, de l’autodétermination. Les rangs des militants et sympathisant grandissent de jour en jour, depuis 2001, dans une ambiance maîtrisée et responsable. En dehors de mon fils aîné que le DRS a fait assassiner en 2004, aucun incident n’est à déplorer malgré les nombreuses provocations dont nos cadres et nos militants ont été victimes. D’un point de vue politique, le MAK est devenu une force vigoureuse et efficiente au service des Kabyles qui se ré approprient leur destin.

Pour autant, je ne suis plus le président du MAK qui est Mas Bouaziz Ait Chebbib, un homme brillant et simple. Je suis le président de l’Anavad, (Gouvernement Provisoire Kabyle) réélu à l’unanimité des 850 délégués au troisième Congrès du MAK qui s’est tenu le 26 février 2016, à At Zellal.

Le MAK a organisé son congrès en Kabylie dans un climat de répression avec des arrestations massives. Que répondez-vous à ceux, notamment les politiques, qui avancent que c’est normal qu’un mouvement non reconnu soit interdit de rassemblement ?

Le grand écrivain Boualem Sansal qui a suivi avec attention ce congrès n’a pas manqué de le comparer à celui de la Soummam du 20 aout 1956. Il s’est tenu au grand jour, avec plus de 800 délégués, au nez et à la barbe de plus de 100.000 hommes déployés par l’État algérien en Kabylie pour l’en empêcher. Malgré quelque 250 congressistes interceptés par les services de répression, ils étaient quatre fois plus nombreux à déjouer les pièges des barrages policiers et à atteindre le village d’At Zellal. La volonté d’indépendance du peuple kabyle est irrésistible. Elle ne se laisse point intimider par la répression par laquelle les tenants de l’Etat algérien veulent la maintenir dans une soumission de type coloniale.

Quant à ceux qui estiment « normal » qu’un mouvement non reconnu soit interdit de rassemblement, ils expriment un point de vue fasciste, contraire à la démocratie au nom de laquelle ils s’autorisent une telle énormité. En démocratie, c’est la légalité qui est conforme au droit et non l’inverse. Le seul agrément qui existe pour un mouvement ou un parti politique est celui attesté par l’adhésion du peuple à son projet et non par un document politico-administratif délivré, de surcroît, par une dictature. Une loi non conforme au droit est une ignominie.

Pour revenir aux « politiques » qui valident la répression contre un mouvement démocratique, nous distinguons parmi eux deux ensembles : Les non kabyles qui, dans leur écrasante majorité, voient en la Kabylie un éternel danger pour l’unité nationale et le caractère islamique de l’état. Pour eux, normaliser par la dépersonnalisation les Kabyles, voir les réduire (y compris physiquement) est la seule solution. C’est cette classe politique qui non seulement s’était tue, à l’unanimité, lors des événements sanglants de 2001 mais avait eu l’outrecuidance de faire le procès de la Kabylie lors d’une séance scandaleuse du parlement algérien. Nous leur dénions le droit de décider à la place du peuple kabyle.

Quant aux hommes politiques kabyles, ceux qui sont au pouvoir ou dans ses coulisses, enserrés dans les mailles du reniement et de la corruption, ils portent en eux-mêmes la honte de leur kabylité comme souvent le Juif portait celle de ses origines avant l’État d’Israël (Voir La haine de soi de Theodore Lessing). Pour parvenir à un « destin national » ils doivent renier le Kabyle qu’ils portent en eux pour devenir cet « Algérien » qu’ils ne seront jamais. En général, au fond d’eux-mêmes, ils nous envient et nous donnent raison, mais publiquement ils nous condamnent, par calcul et par lâcheté. Ils vivent un paradoxe. Leur seule base arrière est la Kabylie au nom de laquelle ils proposent leurs services à un régime qui n’a de mission à leur confier que celle d’assassiner la Kabylie, et ce, depuis 1963. Ils se prévalent de leurs origines kabyles pour agir contre leurs frères kabyles, leurs ancêtres et leurs propres enfants. Intérieurement, ils doivent se maudire, se sentir traîtres quelque part à leur seule patrie : la Kabylie.

Enfin, il y a les partis kabyles que sont le FFS et le RCD. En étant contre le droit du peuple kabyle à son autodétermination, ils ne font que scier la branche sur laquelle ils sont assis. C’est la raison pour laquelle la Kabylie leur a définitivement tourné le dos. Aujourd’hui, la Kabylie est en phase avec le MAK. Quand on réprime ses militants, c’est la Kabylie que l’on violente et que, paradoxalement, l’on renforce dans son combat pour son indépendance.

Votre mouvement n’a pas reçu de soutien des partis dits démocrates et des organisations de défense des droits de l’homme en Algérie au fil des épreuves.

C’est tout simplement scandaleux ! Les droits de l’homme qu’ils pratiquent de manière discriminatoire en fermant les yeux sur les exactions policières en Kabylie sont l’expression d’un racisme antikabyle. Pourtant, les droits de l’homme, selon Ali Yahia, ne sont liés ni à une identité ni à une idée. Ils sont dédiés au respect de l’intégrité physique et morale de la personne humaine. Je le répète, le silence autant des organisations de défense des droits de l’homme que des partis politiques sur la répression des militants du MAK est criminel. Il relève soit d’un réflexe purement raciste, soit d’une couardise, de la peur de déplaire à ceux qui tiennent le pouvoir que l’on assimile par terrorisme intellectuel à une sorte d’ordre militaire. Ce dernier leur fait élever le droit des peuples à leur autodétermination au rang de vertu à l’extérieur, de honte à l’intérieur. Apparemment, la contradiction ne les étouffe pas :

D’un côté, ils soutiennent le Polisario qui veut édifier un nouvel État arabe en terre amazighe, parce qu’il a été créé, organisé et à ce jour financé par le pouvoir algérien ; de l’autre, ils condamnent le MAK enfanté par les luttes démocratiques de la Kabylie, loin de toute influence étrangère, sans aucun autre moyen que la force de conviction de ses membres dans le droit du peuple kabyle à disposer de lui-même. Cherchez l’erreur !

Quelle relation entretenez-vous d’ailleurs avec les partis comme le RCD et le FFS réputés ancrés essentiellement en Kabylie ?

Pour le FFS et le RCD, le MAK est leur face cachée, leur côté ombragé qu’ils ont peur de révéler au grand jour. Ils auraient aimé avoir notre courage et notre aisance à nous assumer avec fierté en tant que Kabyles, appartenant au grand et valeureux peuple kabyle. Malheureusement, le poids de leur passé les plombe et les en empêche. Ce passé les a acculés dans un cul-de-sac politique d’où ils ne peuvent sortir sans mourir. Alors, il ne leur reste qu’à courtiser une Algérie arabo-islamiste qui les méprise et les rejette de toutes ses forces. D’ailleurs, les dernières révélations côtés RCD et FFS nous renseignent sur la réalité de leur incapacité à être des partis algériens d’envergure « nationale ». Ainsi, Karim Tabbou vient de nous apprendre qu’au moment où il était premier secrétaire du FFS, son parti avait accepté que le pouvoir lui accordât, sans les remporter par la voie des urnes, des municipalités et des postes de députés en dehors de la Kabylie, afin de lui donner une envergure algérienne qu’il n’aura jamais, malgré ces compromissions.

Pour ce qui est du RCD, maison que je connais de l’intérieur puisque j’y étais jusqu’en 1995 (officiellement jusqu’en mai 1997), Nordine Ait Hamouda vient de nous dévoiler ce que nous savions depuis longtemps : pour atteindre les 75.000 signatures obligatoires pour la candidature de Said Sadi aux présidentielles de 1995 et de 2004, ce n’était pas le parti qui s’en était occupé, il en aurait été incapable, mais des structures de l’État algérien dont des agents du DRS et des walis.

Pour enfin répondre à votre question, le RCD et le FFS ont peur de nous rencontrer à titre officiel. En dehors d’une invitation du RCD à sa convention en 2012, il n’y a pas de rapports de structures à structures, pas de dialogue entre nous. Nos incessants appels à de telles initiatives n’y ont jamais trouvé d’écho favorable. Même lorsque le RCD avait invité le MAK à sa « Convention nationale », c’était davantage pour servir de caution à l’invitation de l’islamoterroriste Ali Benhadj à la même rencontre où, le vrai rapprochement avec le courant intégriste fut amorcé, que pour entretenir des liens de bon voisinage avec nous.

Pour preuve, nous déplorons

1) l’absence de condamnation par lui de l’arrestation de nos militants par l’État algérien,

2) la dernière sortie de Mohsin Belabbas traitant le MAK de parti extrémiste, n’ayant pas sa place en Kabylie où, selon lui, il n’y a pas d’existence d’un problème d’autodétermination.

Apparemment, pour lui, les islamo-terroristes sont plus fréquentables que les démocrates pacifiques du MAK. La Kabylie apprécie.

Quels sont vos rapports avec le pouvoir ? Avez-vous été approché par ses émissaires ?

En dehors de ma convocation par le DRS en février 2003 pour me menacer, il n’y a aucun rapport entre nous et le pouvoir algérien.

Qu’est-ce qui vous guide sachant que rares étaient ceux qui croyaient à votre combat quand vous aviez lancé le MAK aux lendemains du printemps noir.

Vous posez là une question philosophique. Qu’est-ce qui fait qu’un homme, un jour, se dresse seul contre tous, pour imposer une idée, un idéal, un nouvel ordre, aller au bout de lui-même et conquérir le respect et l’adhésion des siens ? L’histoire des peuples et de l’humanité regorge de cas similaires. Il me semble qu’il existe une force intrinsèque à la marche de l’humanité et qui se manifeste sous forme d’une volonté personnelle insufflée par une impérieuse nécessité de l’Histoire à se réaliser dans un sens politique, plutôt que dans un autre. L’objectif, souvent inconscient de chaque acteur, est d’amener le genre humain à tendre vers son unité et son humanité. Abraham, Moïse, Jésus, Mohammed, Bouddha, Alexandre Le Grand, César, Jugurtha, la Kahina, Gengis Khan ou Catherine de Russie, Christophe Colomb, George Washington, Napoléon, Mao, Lénine, Churchill, de Gaulle, Gandhi ou Ho Chi Min… ne sont que les instruments de cette impérieuse nécessité poussant l’humanité à se connaître et à s’unir. Pour en arriver à la mondialisation, cette Histoire a poussé des hommes à établir des ordres, des religions, des royaumes, des empires et des civilisations, avant de recourir à la colonisation qui deviendra la pierre angulaire de la mondialisation que nous vivons de nos jours, avec ses institutions et ses technologies de plus en plus sophistiquées. Chacune de ces étapes a apporté, certes, son lot de malheurs, mais aussi, et surtout sa part de progrès. Celui qui a, en partie, percé le secret de cette marche du monde est Tocqueville. Selon lui, plus le monde se développe économiquement plus la démocratie égalise les conditions de vie des hommes ; plus la démocratie se renforce plus elle redresse les torts et les injustices, disqualifie l’iniquité et l’oppression des peuples.

La démocratie a, aujourd’hui à travers le monde, besoin de plus de liberté afin qu’elle profite à tous les peuples. Tout ordre, tout État qui se dresse contre elle finira par être balayé par ces instruments de réalisation de l’Histoire que sont les femmes et les hommes politiques chargés de guider chaque peuple vers son destin de liberté.

Ce qui m’anime se trouve donc est avant tout dans cet idéal de liberté et de dignité pour le peuple kabyle que j’avais longtemps confondu avec le peuple algérien. C’est cette nécessité vitale de réaliser une phase historique de la Kabylie, mais aussi de l’Afrique du Nord et de son environnement international, qui me donne le courage de dire et la force d’agir, formule que j’avais donnée au RCD dès les premiers mois de son existence.

Un gouvernement provisoire, des instances… quelle est la prochaine étape ?

La mission du MAK-Anavad est de doter la Kabylie de tous les attributs de souveraineté d’une nation dont le point d’orgue sera la proclamation de l’indépendance de la Kabylie. Nous mettons petit à petit un État kabyle en place. Nous avons déjà mis sur pied un gouvernement provisoire, un hymne national, un drapeau, un journal officiel, une agence d’information et une carte d’identité kabyle. Beaucoup reste à faire comme un Conseil consultatif, une sorte de parlement, de cadre de concertation et de délibération qui aura entre autres mission de 1) réaliser un consensus le plus large possible sur le droit à l’autodétermination de la Kabylie en aplanissant les divergences entre élites, 2) de proposer un projet de constitution. Il y aura bientôt, tel qu’annoncé par le président du MAK, une Ligue kabyle des Droits humains. L’Anavad travaille à la mise sur pied d’une académie de langue kabyle, d’une institution dédiée à la protection de l’environnement, d’un service d’ordre pour sécuriser le terrain en Kabylie où le pouvoir fonctionnarise les terroristes islamistes. Il faudrait que nous puissions avoir une télévision, une banque, un État-civil… en attendant d’avoir une justice qui nous soit propre ! La feuille de route reste encore étoffée. Nous sommes ouverts à son enrichissement par les citoyens kabyles.

Vos sorties sont systématiquement boudées par la presse nationale et dans certains cas, vous êtes la cible d’attaques haineuses… Votre combat semble incompris par les Algériens.

Pour disposer d’un média en Algérie, il vous faut un agrément que vous n’obtenez que si vous montrez patte blanche vis-à-vis du pouvoir en place. Ceux qui ne jouent pas le jeu auront le sort du « Matin » et de Mohamed Benchicou. C’est donc un système qui fait des médias des auxiliaires de propagande du régime en place. Globalement, en Algérie la presse est aux ordres des tenants du pouvoir. Ceci, étant, nous disposons de sympathies réelles au sein de nombreuses rédactions parmi les médias francophones, où depuis quelques mois, nous avons de temps en temps droit à des articles neutres, quand ils ne sont pas légèrement favorables. En revanche, dans la presse arabophone, la haine du Kabyle passe pour une vertu et une règle. C’est de l’infamie.

Je dois dire aussi que cette censure qui s’exerce, en Algérie comme en France d’ailleurs, contre nos activités et notre actualité prête à sourire. Quand la presse refuse de nous médiatiser, elle ne nous diminue en rien, elle se mutile et se ridiculise. Elle piétine son principe fondamental, le devoir d’informer, et donne l’image de la personne qui casse le thermomètre pour faire baisser la fièvre. Or, la censure aujourd’hui est impossible. Honte donc à tous ceux qui, délibérément, refusent de nous médiatiser.

Vous êtes un homme politique, un essayiste et maintenant un narrateur avec votre dernier livre sur le détournement d’avion d’Air France (Noël en Otage). Vous mettez aussi la chanson au service de votre combat. Comment trouvez-vous le temps pour composer ? Y aurait-il un album en préparation après celui sorti l’été dernier ?

Moi, j’ai plutôt l’impression d’être un peu distrait, voire paresseux. Le temps que je consacre à mon travail d’écriture, de composition et de réflexion est relativement court par rapport à celui de l’amitié et des relations publiques. Je suis un hyperactif nonchalant.

Je travaille depuis trois ans à la composition d’œuvres musicales de type classique et à leur orchestration par un ami breton, marqué par les 5 ans qu’il a passés en Kabylie au début des années 70. Monsieur Le Roux. Il y a près d’une trentaine de titres achevés et dont l’orchestration peut rappeler autant Tchaïkovski, Brahms ou Mozart… L’essai en valait la chandelle. Nous aurons le temps d’y revenir à sa publication. Je prépare également un livre sur l’indépendance de la Kabylie.

Que pensez-vous de la déclaration en tamazight de Ban Ki Moon qui a obligé Abdelmalek Sellal à répondre dans la même langue ?

Ban Ki Moon qui ne connaît pas le kabyle a fait l’effort d’apprendre une formule de politesse pour nous saluer dans notre langue. Bouteflika qui est soi-disant le président des Algériens refuse jusqu’à l’idée de reconnaître aux Kabyles qu’ils ont une langue à eux.

Ce geste est historique. Le Secrétaire général de l’ONU qui s’exprime en kabyle, est une victoire révolutionnaire pour les droits des peuples en général, et du peuple kabyle en particulier. Il valide de fait le droit de la Kabylie à son autodétermination.

Avec un acquis de cette taille, nous préparons le 20 avril 2016 avec plus de légitimité et de détermination pour dire comme un seul homme, à Vgayet, Tuvirett et Tizi-wezzu, qu’en tant que peuple kabyle et en tant que nation, nous avons le désir et la volonté de vivre libres, sur la terre de nos ancêtres. Je saisis cette occasion pour appeler toute la Kabylie à marcher tous ensemble pour un Etat kabyle indépendant.

Je mets en garde le pouvoir colonial algérien contre toute tentation de répression ou de perturbation de ces marches historiques. Nous savons qu’il souhaite récupérer l’événement afin de spolier la Kabylie de sa mémoire et de ses symboles. Le peuple kabyle ne l’admettra jamais.

En France, la commémoration aura lieu le 17 avril 2016, avec une grande marche qui ira de Bastille à République où un concert de clôture sera organisé. J’appelle toutes les associations kabyles de France à se joindre à cette manifestation en prenant d’ores et déjà leurs dispositions.

Auteur
Hamid Arab

 




L’ancêtre sans prophète

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Surprenant, déroutant, fascinant est ce roman fleuve de Mohamed Benchicou qui, après Les geôles d’Alger, témoignage de ses deux années d’incarcération, héritier de L’Arbitraire de Bachir Hadj Ali, semble vouloir prendre du recul par une savante intrusion dans le roman de genre épique sans se dessaisir toutefois de son regard vif et pénétrant de journaliste impénitent qui a exercé le droit de la liberté d’opinion sur l’actualité politique de l’Algérie de ce dernier quart de siècle marqué de profonds bouleversements.

Le Mensonge de Dieu met en contigüité deux récits évoluant, l’un dans l’Histoire des tragédies de la fin du 19ème siècle à la deuxième moitié du 20ème ; l’autre dans l’Algérie du 3ème millénaire. Partis de l’insurrection agraire de Aït Mokrane (Mokrani, El Mokrani) le chef confrérique de la zaouïa Rahmania que l’auteur écorche au passage, ces récits vont porter les personnages au cœur des batailles sanglantes de Verdun, des résistances vaines au franquisme, du soulèvement du Rif marocain dont désespérait son chef de file Abdelkrim, de l’horreur fasciste, dans les retournements surprenants de l’histoire, une famille d’origine kabyle, de père en fils et petits-fils, jusqu’à la tragédie du terrorisme islamiste au cœur d’Alger.

L’aïeul Bélaïd est un trublion de l’Histoire. Il conquiert aussi les cœurs de femmes rencontrées sur les routes de son errance guerroyant pour des causes qui n’étaient pas les siennes. Bravant la mort et l’amour, Belaïd se pose comme un ancêtre à la fois bouffon et truculent de vies et de bravades, comme soumis, malgré lui, aux turbulences de son siècle, parti d’une montagne chauve aux plaines embourbées de cadavres.

Le personnage de Bélaïd, l’ancêtre, acteur malgré lui d’un continuum de tragédies qui prennent source de son village kabyle haut perché, introduit, de manière inédite, sur le plan de l’esthétique romanesque, une rupture dans l’image littéraire de l’aïeul souvent décrit comme vecteur d’exotisme, porteur de nostalgies des temps révolus, symbolisant le sage, aguerri aux choses de la vie, moralisateur, référence idoine de la parole souveraine quand il n’est pas une sorte de totem tribal déifié. Or, à cette vision traditionnelle et mortifère de l’aïeul, telle qu’elle apparaît dans les œuvres fondatrices de la littérature maghrébine moderne, de Mouloud Feraoun, Mohammed Dib, Assia Djebbar, Malek Ouary, Mohamed Benchicou donne à lire son antithèse : un ancêtre « qui redouble » de vélocité pour vivre son temps, qui n’a pas peur de l’ailleurs, un ancêtre de guerres, de conquêtes féminines, épicurien, insaisissable, bravant le monde en un siècle de grandes turbulences. Cet aïeul littéraire est sans doute proche du personnage Si Mokhtar de Nedjma qui échappe, lui, aux pesanteurs historiques, et à Sidi Mohamed, l’ancêtre pèlerin, aux haras de juments croisés tel qu’il est construit dans les romans de Rachid Boudjedra, entre autres, Fascination.

Ce nouveau traitement romanesque de l’ancêtre rompt donc avec l’image éculée de la symbolique des racines sécurisantes. Bélaïd est la négation de toute identité sclérosée, de tout pieu solidement planté sur un bout de terre. Il a été aux confluents des races, des langues, des coutumes, des liqueurs, des hommes comme des femmes rencontrées, aimées sur les chemins incertains de l’indigénat. Son héritage est mouvant, volatile, insécurisant, angoissant.

Ses tragédies ininterrompues et ses instants de gloires intimes font de lui non pas seulement un acteur-témoin des guerres qui ont jalonné le 19ème siècle, mais surtout un être d’exception dont la trajectoire ne finit pas avec sa mort au combat. C’est toute l’Algérie qui, comme lui, n’a jamais connu de halte dans les tragédies de l’Histoire, qui se profile dans ce roman aux pages sombres et ensoleillées, sanguinolentes et revigorantes de sève, où les mots de batailles, de fusils, de mortiers, de cadavres côtoient ceux des conquêtes féminines, de l’amour, du goût insatiable aux mets les plus divers, aux origines culturelles défaites, comme le bon vieux couscous de Bélaïd dont les saveurs, à son grand étonnement, ont conquis bien des peuples avant de venir se faire rouler les grains dans son piton kabyle.

Derrière sa carapace de baroudeur, Bélaïd est, pourtant, d’une extrême fragilité. Il n’a pas l’étoffe d’un héros. Cet « indigène » apatride aguerri aux tranchées des obus et des escapades amoureuses, est fait, justement, de ce paradoxe. Ses descendants, éparpillés eux aussi, confrontés au même continuum de guerres, en sont les héritiers de tant de servitudes.

L’autre récit est celui de ses arrières-petits enfants, se retrouvant à Alger, en 2008, bloqués dans une Range Rover au cœur de Bab El-Oued, pris, eux aussi, dans la fournaise d’une autre guerre, des attentats terroristes. Mahla, la jeune Andalouse, d’origine juive, qui tient aux origines de son ancêtre impénitent, Bélaïd, le Kabyle de Souk El Djemaâ, à ses traditions culinaires des fêtes et rites hébraïques dont l’auteur ne tarit pas en détails gastronomiques, Kad, son ami, se cherche aussi dans ce fatras des origines brouillées, au confluent de rites, de réminiscences gustatives, de langues, de paysages, d’histoires d’amours et de guerres, de tragédies et de passions.

Au sein de l’équipée, un agent des services de renseignement, du DRS, est tourné en dérision par ses appareillages d’écoute téléphonique et autres moyens technologiques qu’il emploie pour débusquer un soi-disant complot du Mossad. Dans le même temps, une information le prend de court : un attentat kamikaze raté contre le Président lors de sa visite à Batna.

Alors que le premier récit, se déroulant dans une parfaite et inexorable tension chronologique des faits de guerre, est relayé par différents narrateurs dans leur succession générationnelle, le second qui se signale par un déroulé « Sur la route de Gao » est narré par une double voix : celle du carnet laissé par l’ancêtre Bélaïd que lisent tour à tour Mahla et Kad et sur lequel le DRS n’arrive pas à mettre la main et une autre voix qui s’insinue dans tout le corps du texte, plus « visible » dans ce second récit, celle du mendiant du cimetière, qui n’est autre que l’un des petits-fils de Bélaïd dont l’ombre plane sur le destin d’un pays est soumis aux vents mauvais du quatorzième siècle maudit de l’Hégire.

Ce deuxième récit qui catapulte le lecteur dans l’Algérie des années 2000 avec son lot d’attentats et de massacres du terrorisme islamiste, semble plus tiré vers le passé, la quête des origines d’un Bélaïd éparpillé puisque, Mahla, Kad reprenne le récit de l’aïeul, le saupoudre de détails et apparaissent moins enclin à vivre la situation du moment. Le personnage de Bélaid semble avoir échappé à l’auteur au point où il pèse de toute son ardeur historique sur ses petits-enfants qui oublient qu’ils sont coincés dans un embouteillage à Bab El Oued et abandonnent même cette nouvelle d’un attentat terroriste contre le Président à Batna.

En dépit d’une mise en haleine soutenue dans la partie de la chronologie historique, celle des batailles d’amour et de liberté de l’ancêtre, les personnages sont comme « mécanisés » dans leurs engagements dans les batailles au cours desquelles l’auteur ne les soumet pas à un temps de répit, de réflexion, à leur faiblesse humaine.

Automates, ils s’investissent, à corps perdu, portés, sans doute par un idéal de liberté, dans des guerres homériques et des aventures galantes. D’autres artifices viennent s’ajouter à cet « héroïsme » quelque peu apprêté : les nombreuses notes de bas de page qui alourdissent le récit et démotive le lecteur par des renvois explicatifs, commentatifs, anecdotiques dont le récit aurait gagné en fluidité si l’auteur s’était suffi d’un simple glossaire d’expressions, de mots jugés obstacles à la clarté du texte.

Sur le plan de sa construction formelle, l’auteur échappe avec bonheur et doigté à la construction chronologique spécifique au roman historique. Par la variété des genres (l’épistolaire, le récit pur, la voix-off théâtrale, le fait-divers, les fragments poétiques), le texte est polyphonique et s’offre au lecteur dans ses variations de registre de discours qui en dynamisent la lecture. L’auteur affirme lui-même s’être abreuvé des récits vrais et saignants du pays profond, racontés par ses enfants, et cite volontiers les écrits de Stora sur les juifs d’Algérie, de l’universitaire kateb sur la migration des républicains espagnols ou de Khemissi Nouari sur Colbert (actuelle Ain Oulmane), un émouvant manuscrit trouvé sur le site http://villagedecolbert.unblog.fr. Par une ingénieuse juxtaposition, le récit de Bélaïd et de ses enfants est interrompu par le déroulé « Sur la route de Gao », récit plus dense, plus introspectif, plus angoissant, des petits-enfants de l’inépuisable ancêtre qui, même mort, a le dernier. Le mensonge de Dieu, l’expression pourrait paraître blasphématoire, n’est, en définitive, qu’une vaine quête de la Vérité, aussi prophétique qu’elle soit, d’une ascendance brouillée, des racines défaites, des destins éparpillés, d’une Algérie « multi » aux ancêtres (pré) fabriqués, « mono« , imposés, bâtis sur une fausseté historique, identitaire et politique.

R.M.

Le mensonge de Dieu, de Mohamed Benchicou (Réed. Koukou, Inas, Alger, 2011)

Si Lhafidh, j’irai à Takhlijt

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Si Lhafidh

Si Lhafidh

J’irai là-haut à Takhlijt Ath Atsou, cette terre de rocs, de précipices, de braises et d’eau, me recueillir sur ta dernière demeure.

Je viendrai te rejoindre cher Si Lhafidh là où désormais tu observes notre petit monde. Je te vois, au loin, comme à tes habitudes, m’accueillir avec ce sourire et cette attention que seul toi savais cultiver. Comme nous le faisions depuis des années, tu me raconteras jadis, le temps de tes 20 ans que tu n’avais pas vu passer, trop pris que tu étais par cet idéal qu’était l’Algérie. Cette Algérie que tu n’auras pas vue libre et fière comme tu l’avais toujours rêvée.

Tu me raconteras les femmes et les hommes de ce pays partis trop tôt pour certains, oubliés pour d’autres. Hein Si Lhafidh, tu me parleras avec cette colère contenue des meurtrissures de cette terre. Toi qui avais foulé dans ta jeunesse chaque arpent de ces montagnes, qui ressent le moindre soubresaut de souffrance, qui connaissait villages et vallons, tu me reparleras avec toujours cette flamme inextinguible qui te consumait, de la faim, de la misère et de la soif de liberté qui brident les consciences des Algériens. Tu me donneras des nouvelles de ceux sont morts jeunes, trop jeunes pour l’Algérie.

Toi qui avais refusé de prendre tes enfants dans tes bras parce que, me disais-tu, la vue des milliers d’enfants orphelins à l’indépendance t’a marqué à jamais. «Qui les prendra dans ses bras tous ces enfants orphelins et dont les parents sont morts pour que nous vivions libres aujourd’hui ?», m’avais-tu répondu.

Qui d’autres que toi pour nous dire les sanglots étouffés des centaines de milliers de victimes de cette guerre d’indépendance et de cette autre que tu avais dû mener contre la dictature des usurpateurs de l’indépendance ? Tu ne pouvais supporter de voir le pays s’ordonner dans un autoritaire désordre. Non, il n’y avait que toi pour le faire.

Tu me parleras de ces blessures anciennes, de nos exils sans âge, des faux prophètes qui professaient une autre Algérie que l’Algérienne. Tu me diras avec pudeur le feu qui te consume depuis ta tendre enfance.

Toi, qui as tutoyé la mort plus d’une fois, qui a souverainement nargué le danger et refusé de céder devant le pouvoir de l’argent, tu me diras combien cette vie que nous perdons dans nos vanités ne vaut que si nous sommes maîtres de notre destin.

Avec cet éclair dans les yeux, tu me diras aussi l’un de tes seuls bonheurs : celui d’être resté un homme debout, malgré les assauts du temps et des hommes. Lénine avait dit que seule la vérité est révolutionnaire, en ce sens, je reste convaincu que tu étais la vérité.

Si Lhafidh, tu m’as fait partager au plus près le désespoir de vies brisées mais aussi l’espoir de lendemains meilleurs. J’en suis fier. Tes mémoires, tu les voulais comme un dernier baroud contre le mensonge, les outrances du temps et l’oubli calculateur. Aujourd’hui, c’est chose faite, tu as rendu la vie à tout un pan de notre histoire, tu as redessiné des visages oubliés et rendu impérissables ton parcours et celui de tes compagnons. Merci.

Il n’est point de bonheur sans liberté et point de liberté sans courage, c’était le très athénien Périclès qui l’avait écrit. Je puis te confier, aujourd’hui, ma conviction que tu étais le courage et la liberté. La droiture et la noblesse même.

Bientôt c’est le printemps Si Lhafidh, la nature et le pays tout entier se réveilleront de cet hiver qui nous glace. Adieu Si Lhafidh, adieu mon aîné.

Hamid Arab

Si Lhafidh, j’irai à Takhlijt…

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Hommage

Si Lhafidh, j’irai à Takhlijt…

Je viendrai te rejoindre cher Si Lhafidh là où désormais tu observes notre petit monde. Je te vois, au loin, comme à tes habitudes, m’accueillir avec ce sourire et cette attention que seul toi savais cultiver.

Comme nous le faisions depuis des années, tu me raconteras jadis, le temps de tes 20 ans que tu n’avais pas vu passer, trop pris que tu étais par cet idéal qu’est l’Algérie. Cette Algérie que tu n’auras pas vue libre et fière comme tu l’avais toujours rêvée.

Tu me raconteras les femmes et les hommes de ce pays partis trop tôt pour certains, oubliés pour d’autres. Hein Si Lhafidh, tu me parleras avec cette colère contenue des meurtrissures de cette terre. Toi qui avais foulé dans ta jeunesse chaque arpent de ces montagnes, qui ressent le moindre soubresaut de souffrance, qui connaissait villages et vallons, tu me reparleras avec toujours cette flamme inextinguible qui te consumait, de la faim, de la misère et de la soif de liberté qui brident les consciences des Algériens. Tu me donneras des nouvelles de ceux sont morts jeunes, trop jeunes pour l’Algérie.

Toi qui avais refusé de prendre tes enfants dans tes bras parce que, me disais-tu, la vue des milliers d’enfants orphelins à l’indépendance t’a marqué à jamais. «Qui les prendra dans ses bras tous ces enfants orphelins et dont les parents sont morts pour que nous vivions libres aujourd’hui ?», m’avais-tu répondu. Qui d’autres que toi pour nous dire les sanglots étouffés des centaines de milliers de victimes de cette guerre d’indépendance et de cette autre que tu avais dû mener contre la dictature des usurpateurs de l’indépendance ? Tu ne pouvais supporter de voir le pays s’ordonner dans un autoritaire désordre. Non, il n’y avait que toi pour le faire.

Tu me parleras de ces blessures anciennes, de nos exils sans âge, des faux prophètes qui professaient une autre Algérie que l’Algérienne. Tu me diras avec pudeur le feu qui te consume depuis ta tendre enfance.

Toi, qui as tutoyé la mort plus d’une fois, qui a souverainement nargué le danger et refusé de céder devant le pouvoir de l’argent, tu me diras combien cette vie que nous perdons dans nos vanités ne vaut que si nous sommes maîtres de notre destin.

Avec cet éclair dans les yeux, tu me diras aussi l’un de tes seuls bonheurs : celui d’être resté un homme debout, malgré les assauts du temps et des hommes. Lénine avait dit que seule la vérité est révolutionnaire, en ce sens, je reste convaincu que tu étais la vérité.

Si Lhafidh, tu m’as fait partager au plus près le désespoir de vies brisées mais aussi l’espoir de lendemains meilleurs. J’en suis fier. Tes mémoires, tu les voulais comme un dernier baroud contre le mensonge, les outrances du temps et l’oubli calculateur. Aujourd’hui, c’est chose faite, tu as rendu la vie à tout un pan de notre histoire, tu as redessiné des visages oubliés et rendu impérissables ton parcours et celui de tes compagnons. Merci.

Il n’est point de bonheur sans liberté et point de liberté sans courage, c’était le très athénien Périclès qui l’avait écrit. Je puis te confier, aujourd’hui, ma conviction que tu étais le courage et la liberté. La droiture et la noblesse même.

Bientôt c’est le printemps Si Lhafidh, la nature et le pays tout entier se réveilleront de cet hiver qui nous glace. Adieu Si Lhafidh, adieu mon aîné.

Auteur
Hamid Arab

 




Yaha Abdelhafidh, ancien membre fondateur du FFS, est décédé

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Yaha Abdelhafidh

Yaha Abdelhafidh

Yaha Abdelhafidh, militant nationaliste, officier de l’ALN et membre fondateur du FFS est décédé dimanche. Yaha Abdelhafidh est né le 26 janvier 1933 dans le village de Takhlijt Ath Atsou (daïra de Ain El Hammam, wilaya de Tizi Ouzou).

Dès son adolescence, il a rejoint le mouvement scout du MTLD. En 1949, il part en France pour y travailler. C’est dans les milieux nationalistes de l’émigration qu’il affermit ses convictions nationalistes. En 1954, il a fait partie des premiers groupes de maquisards de la wilaya III. Officier de l’ALN doté d’un immense courage, il a été l’un des rares à dire non au purges de la « Bleuite ».

Dès les lendemains de l’indépendance, il a compris que le pouvoir en place a détourné le cours de la révolution. En septembre 1963, il a fait partie des plus actifs fondateurs du FFS.

Après le retrait du colonel Mohand Oulhadj de ce mouvement, c’est Yaha Abdelhafidh qui a assuré la responsabilité militaire de la lutte contre le pouvoir. En mai 1965, il négocie avec les hommes de Ben Bella le cessez-le-feu.

Quelques mois plus tard, il est parti en France où il a poursuivi la lutte politique jusqu’aux lendemains de la répression d’octobre 1988. Yaha Abdelhafidh a laissé deux ouvrages qui retracent son combat ainsi que celui de ses compagnons.

Hamid Arab

– « Ma guerre d’Algérie, au coeur des maquis de Kabylie », édition Inas (Alger) e t Riveneuve (France).

– « FFS contre dictature », Koukou éditions

Abdelaziz Bouteflika a signé la dissolution du DRS

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Espionnage

Abdelaziz Bouteflika a signé la dissolution du DRS

Le chef de l’Etat a signé un décret présidentiel dans lequel il met un terme au département du renseignement et sécurité, apprend une source autorisée à El Hiwar.

Abdelaziz Bouteflika vient d’achever le travail de démantèlement du DRS qu’il a commencé il y a deux ans. Le quotidien arabophone révèle que le chef de l’Etat a signé un décret présidentiel qui dissout le DRS. Dans la foulée, Abdelaziz Bouteflika a acté la naissance d’une nouvelle structure dédiée au renseignement. Appelée direction des affaires sécuritaires (DAS) elle viendra remplacer le défunt DRS avec une nouvelle structuration. Le général Bachir Tartag qui était déjà à la tête du DRS est chargé de diriger cette nouvelle Direction des affaires sécuritaires.

Cette DAS comportera désormais les directions de la sécurité intérieure et extérieure et une troisième direction technique. Par ailleurs, El Hiwar révèle que le chef de l’Etat a désigné le général Bachir Tartag comme son conseiller personnel avec le statut de ministre. Le journal précise aussi que cette DAS sera placée directement sous l’égide de la présidence mais indépendante totalement du ministère de la Défense.

Le quotidien révèle aussi que le général Bachir Tartag aura un pouvoir étendu en matière de sécurité nationale et n’aura de compte à rendre qu’au président de la République. Par ailleurs, cette nouvelle direction des affaires sécuritaire s’installera dans les murs de l’ancien ministère des Affaires étrangères, à deux pas de la présidence.

Le général Bachir Tartag a succédé au général major Mohamed Mediene à la tête du DRS le 13 septembre 2015.

Enfin, certaines sources évoquent, dans le sillage de cette mesure de dissolution du DRS, un prochain remaniement ministériel.

 

Auteur
Yacine K.

 




Le tableau noir des violations des droits de l’homme en Algérie en 2015

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Répression et persécutions

Le tableau noir des violations des droits de l’homme en Algérie en 2015

Dans le cadre de la célébration du 67e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) présente un Rapport annuel sur l’Etat des droits de l’homme en Algérie dans l’année 2015 dans l’Algérie, Le moins que l’on puisse dire est que le rapport établi par M. Houari Kaddour secrétaire national charge des dossiers spécialisés de la LADDH est dramatique et accablant !

Le système algérien a voulu entretenir l’illusion d’un changement là où la réalité est marquée par la continuité dans la répression, les violations des libertés publiques et des droits de l’Homme. Les algériennes et algériens qui revendiquent le respect de leurs droits aussi bien civils et politiques, qu’économiques, sociaux et culturels font l’objet de discriminations, d’arrestations. Depuis 10 décembre 2014 jusqu’à 07 décembre 2015, les revendications sociales sont d’ailleurs de plus en plus nombreuses, et d’importantes manifestations pour réclamer l’amélioration du niveau de vie.

Politique de préférence et le droit à l’égalité

Face à l’égalité formelle proclamée par la loi, on constate en pratique une inégalité réelle dans la vie quotidienne, non seulement pour des raisons de sexe, mais aussi économiques, sociales, régionales et politique.nL’accès au droit, signifie connaître et comprendre les droits reconnus par la législation, renvoie aussi, au plein exercice de citoyenneté par tous les secteurs de la communauté, l’exercice concret de la citoyenneté, implique la participation réelle à la création des normes et aux modifications de celles qui existent.nComment peut-on en effet se comporter en citoyen quand en fait partie du millions de chômeurs ; de sans logements, de les exclus.

Le développement local durable

Le citoyen des zones rurales, comme signalé, a très peu bénéficié des atouts du développement en Algérie pour ne pas dire qu’il n’a rien vu venir du tout de toutes ces sommes faramineuses qui ont été dépensées dans des projets qui se sont limités à l’édification d’équipements d’embellissements, dans la plupart des cas et suivant des voies de réalisation divergentes d’une contrée à une autre.

D’après les différentes études menées sur la pauvreté en Algérie ont montré que 70% des pauvres résident en milieu rural. Globalement, la pauvreté touche deux fois plus les zones rurales que les zones urbaines. Au plan des initiatives d’utilité publique au profit du citoyen, comme les équipements publics sanitaires, éducatifs et autres programmes d’habitats appropriés, ces réalisations les Chélifiens n’en ont pas été bénéficiaires jusqu’à ce jour, continuant à subir les affres de l’épineux problème du logement. Et ce qui est surprenant, à ce propos, c’est qu’un parc d’attractions en cours de réalisation ait atteint le cout astronomique dépassant celui de mille logements alors que le reste des équipements vitaux tels que ceux de la santé, de l’éducation, de l’habitat en dur, etc., sont dans le besoin prioritaire de grands apports financiers afin de pallier aux nécessités pressantes qu’exigent les services publics au profit du citoyen

Le phénomène bureaucratique

De même que le bureau national de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH),a relevé l’extension du phénomène de la bureaucratie tentaculaire au point que le citoyen passe la plupart de son temps devant les guichets administratifs pour confectionner les lourds dossiers qui occasionnent bien souvent des malaises et des dépressions du fait des va et vient interminables auprès des services des mairies, daïras, wilayas…, etc.

Ceci à tel point que des observateurs considèrent que l’opération de retrait de la paperasse administrative pour la constitution de dossiers en Algérie, est devenue un sérieux problème qui nécessite le délai approximatif d’un mois pour le régler. Surtout en présence de la bureaucratie gérant comme elle l’entend l’administration, le citoyen n’entendant plus aujourd’hui que ces propos des bureaucrates à son adresse et dont il cherche une interprétation : «dossier incomplet», «le responsable est absent», «revenez demain», etc.

Le phénomène de la corruption

Le phénomène de la corruption continue de ronger les rouages de l’Etat et une grande partie de la société. Il a pris, ces derniers temps, des proportions alarmantes, Il n’y a pas aujourd’hui une institution qui échappe au phénomène de la corruption et de la dilapidation des deniers publics. Le bureau national de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), relève de nombreuses anomalies qui minent la législation algérienne en la matière et qui encouragent la persistance de passe-droits et autres combines dans l’univers, la LADDH donne quelques exemples, parmi d’autres

– Près de 74% des salariés sont recrutés grâce au piston ou bien corruption selon l’office national des statistiques.

– Les anomalies du décret présidentiel n 10- 236 du 7 octobre 2010, modifié et complété, portant réglementation des marchés publics, notamment son article 27.

Dans ce contexte il est devenue un grand obstacle qui empêche le citoyen de jouir de ses droits, entre autres, civils, politiques, économiques, sociaux et culturels et jusqu’à son droit au développement.

La LADDH estime que la lutte contre ce fléau nécessite plus de moyens que ceux mis à la disposition des organes et institutions destinés à cet effet. La LADDH demande aux pouvoirs publics la révision des textes législatifs portant institution de l’organe de prévention et de lutte contre la corruption de façon à élargir ses prérogatives et renforcer son champ d’action, notamment en lui attribuant beaucoup plus de prérogatives pour contrecarrer ce phénomène.

Le droit de réunion et de manifestation

Pour ce qui concerne le droit à la réunion et à la manifestation, le bureau observe que durant cette année diverses manifestations ont été interdites et plusieurs autres réprimées avec recours à l’emprisonnement parfois de manifestants. Citons à titre d’exemple, l’évènement :

  • Des dizaines de jeunes rassemblés dimanche devant le Parlement à Alger pour dénoncer la précarité de leur emploi ont été matraqués par la police et sept d’entre eux ont été arrêtés, selon le chef du groupe parlementaire du Front des Forces Socialistes (FFS Ahmed Betatache. qui affirme avoir subi le même sort.
  • Deux militants, Tedjani Ben Darech et Adel Ayach, n’ont plus été vus depuis dimanche 15 novembre 2015, après s’être présentés au Commissariat central d’Alger pour accompagner une camarade qui était convoquée. La veille de leur disparition, samedi 14 novembre, les deux militants avaient participé à un rassemblement pacifique devant la maison de la Presse en guise de soutien au journaliste Hassan Bourass, arbitrairement emprisonné depuis le 4 octobre 2015.
  • plusieurs dizaines de policiers des brigades anti-émeute se sont intervenus en force le mardi le 24 février 2015 contre des dirigeants de l’opposition qui voulaient manifester à Alger contre l’exploitation du gaz de schiste, où les manifestations restent interdites

Les mouvements de contestation populaire

Le bureau national de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), a enregistré des contestations populaires réitérées de citoyens en divers points de l’Algérie exprimant leur ras le bol de leurs conditions de vie misérables qui ne cessent d’empirer. Principalement dans les zones rurales isolées où le citoyen lutte par tous les moyens qui lui en coutent afin d’assurer sa survie et bénéficier de son droit des implications du développement local sachant qu’il est privé des simples nécessités de subsistance digne tels que l’eau, le gaz, les communications et voies adéquates de transports, ceci sans évoquer le fait que la frange des jeunes ne dispose d’aucune possibilité de travail, de formation, promotion et tout ce qui pourrait les aider à se faire une situation sociale, bâtir un foyer familial, etc.

Aujourd’hui, la situation sociale et économique concernant les diverses catégories de citoyens dans notre pays se caractérise par des disparités flagrantes. Ainsi, le niveau des classes moyennes, des salariés et des couches déshéritées des chômeurs qui ne cesse de déchoir cela aggravé par, entre autres, les vicissitudes du pouvoir d’achat. Alors que leur fait face une catégorie limitée de jouisseurs privilégiés vivant dans l’opulence criarde par certains aspects extrêmement gaspilleurs et immoraux attentant aux bonnes mœurs. Alors que l’érosion du pouvoir d’achat imposé par les lobbys de ces derniers aux citoyens ne cesse de s’aggraver tandis que les salaires des couches laborieuses ne suffisent plus, depuis assez longtemps, à faire face convenablement aux besoins essentiels de larges couches de la société chélifienne. Ce qui impose d’entreprendre des mesures urgentes et des initiatives appropriées à même de réduire de cet écart socioéconomique profond et liquider les différentes formes de pauvreté, de marginalisation et d’exclusion.

Le phénomène du suicide

Par ailleurs, le phénomène du suicide a pris des proportions alarmantes en Algérie, particulièrement au cours de l’année 2014 /2015 durant laquelle son acte s’est dangereusement propagé d’une façon horrifiante qu’elle dépasse 1000 cas parmi les couches des jeunes. Ces derniers passant à l’acte, souvent en proie à la dépression, le sentiment d’échec et de dépréciation de soi, entre autres, qui les empêchent d’envisager lucidement des issues salutaires ou des voies de résolution de leurs accablantes détresses aggravées par leur marginalisation sociale, les refoulements bureaucratiques, le sentiment conséquent de «hogra» éprouvé, etc.

La criminalité et vol prend une ampleur menaçante dans une société inégalitaire

Sur le plan sécuritaire du citoyen, le bureau national de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), attire l’attention sur la criminalité croissante qui assiste à une hausse inquiétante des crimes meurtriers et des vols qui se sont multipliés de façon terrifiante dans les diverses régions de l’Algerie. Ce qui laisse craindre que la situation dans notre pays qui était caractérisée sur ce plan par un cadre relativement paisible, s’est retrouvée plongée dans une spirale de violence délinquante très préoccupante. Cette dernière résultant de la hausse vertigineuse du taux de chômage au sein des couches juvéniles, sans évoquer les nombreux dépravés bénéficiaires des «abondantes séries de mesures de grâce», en maintes circonstances.

D’après les spécialistes la violence meuble le quotidien des algériens avec une moyenne de 700 crimes par jour. Alors que les données vérifiables attestent que la plupart des crimes commis dans l’Algérie sont le fait de repris de justice, ce qui a tendance à encourager certains criminels à commettre des actes délictuels en série malgré qu’ils aient été incarcérés et libérés plusieurs fois.

Augmentation du trafic de stupéfiants et des points de ventes illicites de boissons alcooliques :

Par ailleurs, le bureau national de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), attire l’attention sur l’augmentation dans plusieurs régions de l’Algérie des points de ventes illicites de boissons alcooliques en des endroits qui sont devenus connus et où se répandant les fléaux de la drogue, de la prostitution, etc., selon les chiffres officiels annoncés par l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLDT), qu’il affirme durant les neuf premiers mois de l’année 2015 près 89 tonnes de résine de cannabis ont été saisies et également relevé la saisie de 395.346 comprimés de substances psychotropes de différentes marques, et l’interpellation de 18.190 individus, dont 79 étrangers

Abolition de la peine de mort

La peine de mort figure encore au code pénal, et les juges prononcent des condamnations à mort, seulement aucune exécution n’a eu lieu depuis la fin l’année 1993 malgré La constitution algérienne de 1996 ne traite pas de la peine de mort mais précise dans son article 156 que « Le Conseil Supérieur de la Magistrature émet un avis consultatif préalable à l’exercice du droit de grâce par le Président de la République. La LADDH est conscient que le droit à la vie est sacré et la prononciation de la prononciation de la sentence et la LADDH considère que la peine de mort est un traitement dégradant, injuste et incompatible avec les droits humains injuste et incompatible avec les droits humains fondamentaux.

La LADDH relève avec beaucoup de regrets que le gouvernement algérien ne fait rien pour concrétiser l’engagement pris en signant la résolution qui a adoptée le 21-12-2010 65/206 de l’Assemblée générale des Nations unies traitant de la question. Pis encore, il fait preuve de passivité par rapport aux pressions exercées par des lobbys favorables au retour aux exécutions de la peine de mort. La LADDH demande l’arrêt immédiat de toute condamnation à mort et se mobiliser en faveur d’une abolition définitive de la peine de mort

Le droit au logement

La politique du logement social dont l’Etat cherche à travers elle à alléger la crise dans le secteur n’a point diminué de son ampleur du fait qu’elle n’a pas été à la hauteur des attentes et les revendications contestataires sont demeurées telles quelles, sans évoquer la maffia de l’immobilier prépondérante dans ce contexte. Et ce au moment où le phénomène des constructions anarchiques s’est amplifié par l’intermédiaire de lobbies acheminant des individus déshérités dans le but d’opérations de business et qui continuent d’activer sans que les autorités interviennent pour éradiquer ce fléau.

A tel point que l’extension de ces constructions anarchiques dans le territoire national, suscite des interrogations quant à leur prolifération illicite à plus forte raison que certains particuliers sont passés maîtres dans l’appropriation de la propriété publique et la spoliation, tout autant, de terrains privés et la construction de leurs édifices sans permis d’autorisation légale, contrevenant aux lois en usage.

Le droit à la santé

Le bureau national de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) reproche la gestion anarchique dans ce secteur et ce qui en résulte comme absence totale de statistiques d’évaluations exactes des besoins en matière de santé publique.

De même que le bureau national de la LADDH a relevé la faiblesse du financement du secteur de la santé publique et une hausse relative des dépenses en matière de soins médicaux familles Algériennes, des déboursements avoisinant les 48 % de dépenses sociales pour subvenir aux besoins des traitements sanitaires. Ceci en raison de l’échec des dispositifs de l’assistance sanitaire et des services publics annexes de la prévention dans ce contexte où les frais de traitements sont extrêmement coûteux pour l’humble citoyen aux modestes revenus. Alors que parallèlement, la situation dans les hôpitaux laisse à désirer compte tenu du manque de spécialistes, de moyens logistiques appropriés, de la hausse des frais de traitements et du manque des médicaments, sans évoquer les contradictions relevées dans la gestion financière des centres de santé et des salles de soins.

Les droits de l’enfant

Malgré que l’Algérie ait parafé la convention des droits de l’enfant et ses deux protocoles annexes, force est de constater que la situation de l’enfance à s’est davantage dégradée avec notamment la consommation des alcaloïdes, les agressions sexuelles sur les enfants et leur exploitation dans le travail. De même que le bureau national de la LADDH déplore certains dépassements attentant aux droits de l’enfance, en signalant entre autres :

  • victimes d’abus sexuels recensés 1.800 cas
  • 5.580 cas de violence et de mauvais traitement au cours de la même année.
  • plus de 25.000 enfants sont exposés à la délinquance, à la drogue et à la mendicité, ajoutant que plus de 45.000 enfants en Algérie sont nés sous « X »
  • en plus de 300 à 550.000 enfants travailleurs.
  • La malnutrition engendre la hausse de la mortalité chez les enfants, 174.000 enfants décédés en 2014 contre 168.000 en 2013, auxquels s’ajoutent plus de 470.000 enfants souffrant d’un retard de croissance

Parité entre les sexes

L’égalité entre les sexes et la bonne gouvernance, ne peuvent être soustrait des questions de genre alors la participation de la femme à la vie publique et économique en Algérie reste en déca du rôle qui aurait dû être le sien en l’absence de toute volonté qui intégrerait la femme dans le développement comme acteur et bénéficiaire .D’après les associations des femmes algériennes

Violence contre les femmes

La violence contre la femme est parmi les préoccupations majeures le bureau national de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), elle s’inscrit en droite ligne des revendications féminines et dénonce par tous moyens appropriés, la violation de ces droits et plaident pour l’élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes. Dans ce contexte la majorité des femmes agressé ou battues ne le déclarent pas, Elles s’enferment dans un mutisme fataliste.

La Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a donné des chiffres effarants quant à l’ampleur du phénomène. Plus de 7 375 cas de violences faites aux femmes, dont 5 350 cas ont été enregistrés au cours des 9 premiers mois de 2015

Les droits des travailleurs

A l’instar des années précédentes, l’année 2015 a connu des perturbations sociales avec les nombreuses grèves enregistrées dans nombre d’institutions du secteur public et parapublic, les contestations s’érigeant essentiellement contre la politique d’ignorance et du déni des droits des grévistes qu’affiche le gouvernement vis-à-vis de leurs revendications. Comme l’adoption des fins de non-recevoir envers ces revendications en contradiction formelle avec ce que stipule la loi dans ce contexte en matière des libertés syndicales et de l’occultation des droits acquis des travailleurs, certaines exemples, parmi des dizaines d’exemples que le bureau national de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), il as enregistrer en 2015 tel-que :

– Grève de l’Education (enseignants et travailleurs)

– Grève des paras médicaux

– Grève des agents de sécurité

– Grève des travailleurs Naftal

– Grève des travailleurs d’Algérie poste

– Grève des travailleurs El Hadjar

– Grève des travailleurs du ministère des Affaires étrangères

– Grève des travailleurs de Colaital à Alger

D’autre part, la part énorme des atteintes flagrantes aux droits des travailleurs est enregistrée dans le secteur du privé où ces derniers sont privés de leurs droits les plus élémentaires (carte d’immatriculation de travail, le seuil limite des salaires, l’adhésion aux caisses d’assurance sociale, la détermination des horaires de travail, les congés hebdomadaires et annuels, etc. ). Ajouté à cela la série des licenciements abusifs des travailleurs et leur mise au chômage collective et fermetures illégales des entreprises productives sans préavis aucun avec en surplus la criminalisation inadmissible de l’exercice du droit des libertés syndicales.

Les droits des personnes handicapées

La population des personnes handicapées en Algérie a atteint environs de 04 millions d’après les associations des handicapées mais le chiffre officiel est plus de 02 millions handicapés, répartie comme suit : 284073 handicapés moteurs, 167331 handicapés mentaux, 173362 aveugles, 73937 sourds-muets et 85611 polyhandicapés…etc. Les personnes handicapées font ainsi partie de notre quotidien, mais en Algérie elles appartiennent au clair-obscur de notre société, à ses marges d’ombres et d’indifférence.

La société algérienne vit ainsi dans l’ignorance de ses handicapés. Ils sont là mais on ne les voit pas. Ou on ne veut pas les voir. Les personnes handicapées en âge de travailler sont tant de fois plus touchées par le chômage que les personnes non handicapées. Ceci est dû non seulement à une attitude discriminatoire, mais également à l’inaptitude ou à la mauvaise grâce à adapter les pratiques et lieux de travail.

D’ailleurs le bureau national de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) lors la date du 3 décembre 2015, il a interpelé tous, nous pousse à prendre conscience de la situation de nos concitoyens qui souffrent, et que le destin a condamné à vivre privés de l’une des fonctions sensorielles, visuelles, mentales ou de mouvement dont jouissent les personnes valides.

Le bureau national de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), conscient que la majorité des personnes handicapées ne peut accéder aux immeubles, aux loisirs et à la liberté de circulation. Le constat sur le terrain dans notre pays a montré que les personnes handicapées ne jouissent pas de l’ensemble des droits que les citoyens algériens (iennes) non handicapés considèrent comme acquis et que les personnes handicapées, leurs compagnes/compagnons et leur famille souffrent de discrimination dans tous les aspects de leur vie. Le constat couvre tous les groupes de personnes handicapées, les personnes atteintes de handicaps physiques (y compris les handicaps cachés, comme l’épilepsie), de handicaps sensoriels (par exemple, sourds et malentendants, aveugles et personnes à vision réduite), ou d’incapacité d’apprentissage. Il est important de souligner qu’une approche globale à la politique du handicap est nécessaire, elle ne peut être compartimentée.

Le droit à un environnement sain

Le bureau national de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) croire que l’environnement, dans la présente déclaration, n’est pas seulement à considérer comme l’ensemble des éléments naturels et artificiels qui entourent et influencent la société algérienne. Il y est surtout défini comme un milieu où l’être humain évolue au même titre que toutes les espèces vivantes qui partagent son cadre de vie.

Alors la dégradation de l’environnement en Algérie coûte 1,7 milliard de dollars par an, soit 3,6 pour cent du PIB.

Parmi les causes de cette situation, «Les travaux de galvanisation, les industries chimiques, les industries du papier, les industries pétrolières et les industries médicales, avec des émissions des métaux lourds, hydrocarbures et matière organique, l’extraction d’environ 10 millions de mètres cubes de sable ces 10 dernières années, le dragage de 20 millions de mètres cubes de sol de 18 ports et la surexploitation de la pêche a causé l’érosion de 250 à 300 km de plage.

Les droits de la culture et langues amazighes

Les droits de la culture et langues amazighes ont connu une évolution importante en Algérie, cependant cet acquis reste en deçà des attentes du fait des retards en matière de promotion, de vulgarisation et d’intensification à large échelle de ce patrimoine de tous les Algériens qui bute encore à des obstacle en raison des politiques suivies jusqu’ici des discours prometteurs en contradiction avec les actes sur le terrain.

Les disparus

Les familles des disparus vivent une attente désespérée, lasse de cette situation de doute, sans toutefois pouvoir renoncer à espérer le retour de disparu .Certaines familles subissent cette situation depuis plus de dix ans. Les informations contradictoires qui leur parviennent aggravent cette douloureuse situation, La LADDH, considère que le traitement ainsi infligé aux familles constitué une véritable torture morale

Le phénomène du suicide

Par ailleurs, le phénomène du suicide a pris des proportions alarmantes en Algérie, particulièrement au cours de l’année 2015 durant laquelle son acte s’est dangereusement propagé d’une façon horrifiante dépasse 1000 cas parmi les couches des jeunes environs 75% l’âge moins de 25 ans. Ces derniers passant à l’acte, souvent en proie à la dépression, le sentiment d’échec et de dépréciation de soi, entre autres, qui les empêchent d’envisager lucidement des issues salutaires ou des voies de résolution de leurs accablantes détresses aggravées par leur marginalisation sociale, les refoulements bureaucratiques, le sentiment

Le phénomène de l’immigration

Le bureau national de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) persuader que toute politique de restriction dans ce sens n’a pas de fondements humanitaires et qu’elle touche au pire les groupes de personnes qui ont le plus besoin de solutions concrètes aux écarts et disparités de développement qu’ils vivent au quotidien dans les pays du sud de la Méditerranée.

Le manque de perspectives d’avenir, l’instabilité, le chômage et la misère incitent certaines personnes à quitter leur pays au sud de la Méditerranée. Les restrictions dans la délivrance de visas les contraignent à rechercher des moyens illégaux d’entrer en Europe. Les conditions dans lesquelles ces personnes passent clandestinement d’Afrique en Europe sont effrayantes et ne pourront s’améliorer que si un certain nombre de mesures sont prises rapidement. Les Etats membres du Conseil de l’Europe doivent se rappeler que l’émigration est un droit fondamental de l’homme, et se préparer en conséquence à accepter le phénomène d’une migration stable et durable, ainsi qu’à régulariser la situation des migrants clandestins. D’ailleurs la LADDH sentant seul dans le terrain sans moyen face à cet afflux de migrants vers l’Europe d’après l’agence européenne de contrôle des frontières que plus 3150 algériens arrêter dans les frontières européennes durant les 06 mois derniers de 2015

Comme on signale aussi que les Etats européens refoulent des citoyens algériens plus de 1259 personnes ; parmi ces personnes refoulées, la LADDH elle a suivi l’affaire de près comme le dossier de treize touristes algériens (12 hommes et une femme) étaient en détention dans une prison maltaise ont lancé un cri de détresse le 24 avril 2015 a M. Houari Kaddour Secrétaire national chargé des dossiers spécialisés de la LADDH pour leur venir en aide. Les ressortissants algériens ont été arrêtés jeudi matin à leur descente de l’avion d’Air Malta qui assurait le vol Alger-La Valette. Les détenus originaires de plusieurs villes du centre et de l’est du pays (Alger, Blida, Médéa, Boumerdès, Batna, Constantine, Sétif et Oum El-Bouaghi) ne savent plus à quel saint se vouer malgré leur possession de visas.

Dans le même sens la LADDH signale également que les états européens elle a fait d’expulsion plus 3217 algériens ainsi 636 algériens étaient extrader forcer malgré le jugement de la justice, par exemple le cas où la LADDH suit attentivement l’affaire de prés, c’est que le 27 février 2015 les autorités françaises ont expulsé arbitrairement un ressortissant algérien «A.A.M» 39 ans, marié et père de deux enfants, bien que les conditions n’étaient pas réunies, le concerné a utilisé les voies de recours contre l’arrêté d’expulsion en vertu des lois en vigueur en France et a également saisi la Cour européenne des droits de l’homme. Cette dernière a saisi de son côté les autorités françaises, le Quai d’Orsay, les informant d’être destinataires du dossier et leur demandant de ne prendre aucune mesure à son encontre. Malgré cela, les autorités hexagonales ont mis à exécution leur décision d’expulsion arbitraire du ressortissant algérien, soit le même jour où une missive lui est parvenue de la part de la Cour européenne, et ce de manière à décliner toute responsabilité devant cette dernière.

L’immigration subsaharienne

Bien qu’elle ne cesse de prendre de l’ampleur, l’immigration subsaharienne «illégale» ce que donne à notre bureau national de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) une préoccupation principale malgré peu moyens dont dispose notre bureau, mais avec la volonté et la conviction permet de se lancer, dans l’immédiat, dans une action de soutien actif à ces immigrés.

Cet attrait a fait qu’Algérie enregistre presque quotidiennement l’arrivée de nouveaux ressortissants étrangers en situation irrégulière environs 50 000 clandestins subsaharienne. Pour préparer leur passage vers la rive nord de la méditerranée, ils s’adonnent, pour certains d’entre eux, à la vente d’amulettes,, d’autres travaillent au noir comme manœuvres dans les nombreux chantiers mais malheureusement s’adonnent à toutes sortes de trafic dont notamment la prostitution, le faux et l’usage de faux et le recel de fausses monnaies. Ceci étant dit, pour de nombreux clandestins, n’est qu’une escale qui parfois se prolonge indéfiniment faute de ressources suffisantes pour aller au-delà de leurs rêves.

Le bureau national de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) dénonce certain pseudos activistes ou bien faux défenseurs des droits de l’homme qu’ils appellent dernièrement à la présidence de la République à la fermeture des frontières algériennes devant les flux des migrants irréguliers, et exige l’interdiction d’accès au sol algérien pour tout migrant africain ainsi que l’expulsion et le refoulement de tous ceux qui sont en situation irrégulière.

ces faux défenseurs des droits de l’homme oublier que tous les migrants doivent jouir de droits qu’il faut respecter et que la règle générale stipule que ces droits devraient être garantis sans discrimination entre les nationaux et les étrangers. Et que si les Etats sont libres de prendre des mesures pour contrôler l’entrée des non-nationaux et empêcher le franchissement illégal des frontières, ces mesures ne doivent en aucun cas être incompatibles avec les droits de l’Homme. Des obligations stipulées par la Déclaration universelle des droits de l’Homme dans les articles 9 et 13 qui édictent que «Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé

Persécutions des défenseurs des droits humains

Des poursuites pénales continuent d’être ouvertes contre les défenseurs des droits de l’homme qui expriment sur la situation de ces droits en Algérie. Ces poursuites sont facilitées par un climat dans lequel la promotion et la protection des droits de l’homme sont trop souvent considérées comme des activités subversives par exemple le détenu Hassan Bouras et des dizaines d’autres défenseurs droits de l’homme.

La promotion d’une culture des droits de l’homme

Le bureau national de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) constate à l’évidence que la diffusion de la culture des Droits de l’Homme auprès des citoyens Algeriens nécessite davantage de prise de conscience de la société et son éveil à la question vitale des droits et libertés que la Constitution et les conventions internationales ont consacrés.

La question des droits de l’homme constitue un tout harmonieux aux données interdépendantes et complémentaire, l’ignorance d’un seul aspect de cet ensemble unitaire se répercutera fatalement de façon négative sur les droits et libertés qu’il convient d’assurer à l’ensemble des membres de la société de manière équitable. Ce qui sous-entend que le droit de l’individu dans l’exercice de ses libertés dans une large proportion constitue un fait légal imposant le devoir du respect des droits et libertés réciproques des autres.

La législation répressive des contradicteurs des autorités algériennes

L’Algérie, Dieu merci jouit d’une société civile assez vivace et d’une presse indépendante honorable mais malgré cela, les autorités avec le recours aux procédures de la Justice, utilise la législation répressive pour sanctionner les opposants pacifistes. Et en se prenant tout particulièrement à ceux qui cassent le tabou de la critique des autorités. Si bien que le recul des Droits de l’Homme en Algérie est devenue une évidence claire au cours de l’année 2015, l’instance gouvernementale s’appuyant sur un arsenal de lois répressives sanctionnant par la prison les accusés de «discours propagandistes» ou «attentatoires» aux institutions étatiques, cachant machiavéliquement par-là les déficiences déviationnistes des autorités locales et centrales.

Conclusion

On peut alors conclure que l’état actuel des choses, ne peut s’accommoder de la gouvernance et encore moins de la bonne gouvernance, en conséquence de ce qui précède, le bureau national de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) souligne :

– Sa totale désapprobation de l’état dans lequel se trouve aujourd’hui la situation dégradante des Droits de l’Homme en Algérie.

– Son entière solidarité avec l’activité militante des différentes catégories travailleuses et le soutien de leurs justes revendications légitimes

– Sa condamnation ferme de la violence qui est devenue courante dans le milieu social et sa solidarité agissante avec les victimes.

– Son rejet total et indigné des pratiques scandaleuses de la corruption et de tous les agents vecteurs de proliférations de maux sociaux et fléaux attentant aux bonnes mœurs et menaçant de dépravation les jeunes générations montantes de notre pays en peine de reconstruction et en quête de projets promotionnels multidimensionnels aux fins d’une mise à niveau plus ou moins équitable, au diapason de l’évolution des autres wilayas et contrées de l’Algérie souveraine.

H. K.

P/ Bureau National

Secrétaire National chargé des dossiers spécialisés.

 

Auteur
Houari Kaddour

 




11 autres généraux limogés par le général-major Athmane Tartag

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Direction du renseignement et sécurité (DRS)

11 autres généraux limogés par le général-major Athmane Tartag

 Athmane Tartag, nouveau patron du Département du renseignement et sécurité vient de mettre fin aux fonctions de nombreux officiers supérieurs au sein de l’appareil de sécurité.  

Le général major Athmane Tartag vient de procéder à la deuxième opération de limogeage après celle réalisée par le chef de l’Etat, selon El Khabar. Le chef du DRS a mis fin aux fonctions de onze officiers supérieurs dont des généraux. Ainsi, le général Redouane, chef de cabinet du général Mediene a été démis de ses fonctions ainsi.

Le général-major Ali Bendaoud, responsable de l’inspection générale, le général-major Hemami, responsable du service du parc et des équipements, le général Seghir responsable du service technique, le général Amine, chargé de la surveillance audiovisuelle, le général Abdelkader Khamel responsable du service d’intervention, le général Touati, directeur des ressources humaines, le général Lotfi chargé des sports, des affaires sociales, le général Achour, responsable du service économique et le colonel Salim Belazoug chargé de la police judiciaire ont tous été démis de leurs fonctions sur décisions du nouveau patron du DRS. Cependant, le général major Othmane Tartag a maintenu à leurs postes les chefs du département du contre-espionnage et celui de la sécurité intérieure (DSI). Cependant, aucune information n’est encore divulguée sur les noms des éventuels remplaçants de ces officiers supérieurs.

Cette énième opération de départs massifs d’officiers hauts placés du DRS est un prolongement du limogeage du général Toufik. Elle obéit sans nul doute à une volonté d’installer de nouvelles têtes qui n’avaient rien à avoir avec l’ancien cercle qui dirigeait le DRS.

Athmane Tartag a succédé, le 13 septembre, au général Mohamed Mediène, à la tête du Département du renseignement et sécurité.

Auteur
La rédaction

 




11 autres généraux limogés par le général-major Athmane Tartag, patron du DRS

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Armée

11 autres généraux limogés par le général-major Athmane Tartag, patron du DRS

Athmane Tartag, nouveau patron du Département du renseignement et sécurité vient de mettre fin aux fonctions de nombreux officiers supérieurs au sein de l’appareil de sécurité. 

Le général major Athmane Tartag vient de procéder à la deuxième opération de limogeage après celle réalisée par le chef de l’Etat, selon El Khabar. Le chef du DRS a mis fin aux fonctions de onze officiers supérieurs dont des généraux. Ainsi, le général Redouane, chef de cabinet du général Mediene a été démis de ses fonctions ainsi.

Le général-major Ali Bendaoud, responsable de l’inspection générale, le général-major Hemami, responsable du service du parc et des équipements, le général Seghir responsable du service technique, le général Amine, chargé de la surveillance audiovisuelle, le général Abdelkader Khamel responsable du service d’intervention, le général Touati, directeur des ressources humaines, le général Lotfi chargé des sports, des affaires sociales, le général Achour, responsable du service économique et le colonel Salim Belazoug chargé de la police judiciaire ont tous été démis de leurs fonctions sur décisions du nouveau patron du DRS. Cependant, le général major Othmane Tartag a maintenu à leurs postes les chefs du département du contre-espionnage et celui de la sécurité intérieure (DSI). Cependant, aucune information n’est encore divulguée sur les noms des éventuels remplaçants de ces officiers supérieurs.

Cette énième opération de départs massifs d’officiers hauts placés du DRS est un prolongement du limogeage du général Toufik. Elle obéit sans nul doute à une volonté d’installer de nouvelles têtes qui n’avaient rien à avoir avec l’ancien cercle qui dirigeait le DRS.

Athmane Tartag a succédé, le 13 septembre, au général Mohamed Mediène, à la tête du Département du renseignement et sécurité.

 

Auteur
La rédaction

 




Limogeage de Toufik : quelques batailles à se remémorer (2e partie)

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DRS

Limogeage de Toufik : quelques batailles à se remémorer (2e partie)

Le général Toufik ne mit pas longtemps à s’apercevoir des arrière-pensées du nouveau président.

La première manœuvre de ce dernier eut lieu quelques mois à peine après son élection et avait, déjà, pour cible… Toufik ! Dans le premier gouvernement qu’il forma en 1999, Bouteflika avait prévu de nommer Yazid Zerhouni comme adjoint du général. Il recevra un niet catégorique. Le DRS constitue, dans ce système politique hermétique, la seule opposition au président, mais une opposition à l’intérieur du système et dans laquelle il ne faudrait pas prêter trop de vertu.

Le nouveau président allait prendre son temps et choisir les alliés sur lesquels il allait s’appuyer dans sa stratégie d’affaiblissement et de déstabilisation de l’armée et du DRS : les forces étrangères, notamment les États-Unis et la France, la pègre pétrolière, les islamistes et les réseaux mafieux de l’économie informelle. En clair, les forces qui l’ont aidé à accéder au pouvoir. Ce sont toutes ces forces coalisées qui ont agi depuis 1999 et contribué aux successives réélections du président.

Pour obtenir un deuxième mandat, le chef de l’État va jouer de la carte américaine. Ou plus exactement la carte de la pègre pétrolière américaine.

Il va promettre quelque chose de tout à fait exceptionnel aux Américains dont nous savons qu’ils ne sont intéressés que par le pétrole. Dès l’année 2001, il fait rédiger la loi sur les hydrocarbures qui dénationalisait dans les faits les hydrocarbures algériens. Une puissante opposition le contrarie, conduite par le DRS. Loin de se décourager, il s’engage à remettre ladite loi sur le tapis s’il est réélu. Il le sera et, comme promis, un an plus tard, en avril 2005, le président Bouteflika fit adopter, à la hussarde, une loi sur les hydrocarbures totalement orientée sur les intérêts étrangers au détriment de l’économie nationale. C’est sans doute ainsi que le président a été réélu en 2004, grâce à la loi sur les hydrocarbures, manifestation concrète de la collusion avec des intérêts étrangers. Elle constitue un cas d’école dans la définition de la corruption comme une forme de trahison au moins parce que les grands groupes pétroliers en ont eu la primeur au début de l’année 2004, bien avant le gouvernement et les élus du peuple. Ladite loi proposait d’attirer par des largesses, qui n’existent nulle part ailleurs au monde, les grandes compagnies pétrolières mondiales afin qu’elles consentent d’investir des milliards de dollars dans le Sahara algérien.

Les observateurs furent stupéfaits de découvrir que les Algériens qui, dans le passé avaient si souvent traité les monarchies arabes de cheval de Troie des USA à l’intérieur de la forteresse de l’OPEP, baisser à ce point la garde et accorder aux grandes compagnies pétrolières, américaines en particulier, des avantages inconsidérés ; des avantages que nul autre pays pétrolier au monde n’avait concédés jusque-là, allant jusqu’à laisser au partenaire étranger la propriété du sous-sol. «Quel pays de contradictions que l’Algérie qui n’autorise pas les investisseurs étrangers à devenir propriétaire du lopin de terre sur lequel ils installeraient leurs unités industrielles mais qui concède, avec une telle légèreté, les milliers de milliards de dollars de ses ressources énergétiques à ces mêmes investisseurs!», ironise un ancien responsable de Sonatrach.

Les partenaires étrangers attendaient comme des fauves, depuis plus d’une année l’entrée en vigueur de la nouvelle loi, afin de se jeter sur la proie qu’ils ont choisie. On parle même de cette très grande multinationale anglo-saxonne avec laquelle le pouvoir négociait depuis une année pour l’associer au développement d’une vingtaine de champs, un projet de quelque trois milliards de dollars, sur lequel on lui a déjà promis 75% de participation.

Devant le juge du pôle financier du tribunal d’Alger et devant les enquêteurs du DRS, certains cadres ont accusé l’ancien ministre de l’Energie d’avoir élaboré la loi sur les hydrocarbures, en 2000 sous la dictée des grands groupes de la pègre pétrolière internationale. Le rédacteur de cette loi ne serait autre que Bob Pleasant, «le juriste» américain que Chakib Khelil a recruté au ministère de l’Energie et des Mines dès son installation à ce département avec l’arrivée d’Abdelaziz Bouteflika au pouvoir en 1999. Cet homme, qui aurait travaillé à la Banque mondiale, a contribué à l’élaboration de plusieurs textes de loi durant «le règne» de Chakib au ministère de l’Energie. Des personnes interrogées par les enquêteurs ont déclaré que Bob Pleasant aurait reçu la somme de 2 millions de dollars pour «confectionner» la fameuse loi sur les hydrocarbures qui autorise un pillage en règle du sous-sol algérien par les majors anglo-saxons moyennant quelques dividendes accordés à leurs amis algériens. Cette dernière n’ayant pas fait l’unanimité au sein du clan lui-même, en raison de son caractère outrageusement capitulard, a été retirée par souci tactique. Bouteflika attendra sa réélection en 2004 pour faire adopter la loi, profitant d’un nouveau rapport de forces favorable.

Certaines déclarations faites au juge et aux enquêteurs laisseraient entendre que le chef de l’État aurait agi sciemment en faveur de groupes étrangers. Les témoignages ont, par ailleurs, reconstitué toute l’escroquerie Sonatrach qui s’est avérée être une action mûrement réfléchie, froidement exécutée, selon un plan méticuleusement élaboré. Le juge d’instruction du pôle financier du tribunal de Sidi M’hamed détient entre les mains une bombe : la preuve que le pillage de Sonatrach est l’œuvre d’une machination concertée en «très haut lieu».

Le général Toufik obtiendra finalement que la loi soit gelée. Il venait de remporter une première manche.

Avec les islamistes

Une succession de parties de bras de fer allait marquer le premier mandat. Premier round : la loi sur la Concorde civile qui ouvrait la porte de la clémence aux terroristes qui désiraient se repentir. Le président voulait aller plus loin et décréter l’amnistie mais, surtout, le retour à 1992, c’est-à-dire à la dissolution du Front islamique du salut (FIS). Il va rencontrer une forte opposition de l’armée et du DRS.

«Dès sa réélection en 2009, Kaiser Moulay prononcera une amnistie générale et permettra au FIS de retourner sur la scène politique ; oui, le champ sera rouvert aux enfants du Front dans le cadre d’un parti politique», avait déjà révélé, en décembre, Ahmed Benaïcha, l’ancien émir de la branche armée du FIS, dans les colonnes du journal arabophone El Bilad.

L’ancien chef terroriste reconnaît l’existence d’un projet politique clairement défini: «Il y a en ce moment plusieurs initiatives pour donner corps à cette solution politique qui va faire l’objet d’un consensus entre les nationalistes et les islamistes.»

Cette solution politique, Benaïcha l’appelle «solution finale», celle qui solderait le contentieux de 1992 né de l’annulation des législatives remportées par les islamistes et de la dissolution du FIS. Elle prévoit une réhabilitation totale et publique du parti dissous et un progressif transfert de pouvoir. C’est dans la bouche de Benaïssa : «Les chefs des deux autres partis de l’alliance présidentielle, le RND et le MSP, ne s’empressent pas de soutenir Kaizer Moulay pour un troisième mandat, parce qu’ils ont eu vent de « la solution finale » préconisée par le président et promise au chef de l’AIS. Ils savent que le retour du FIS dissous sur la scène politique signifie la fin de leur légitimité en tant que représentants du peuple.» Une fois de plus, le général Toufik s’oppose.

L’islamisme avait compris. Il fallait donc faire élire Bouteflika et lui prêter main forte contre les généraux.

Madani Mezrag et les chefs de l’Armée islamique du salut, qui se voyaient déjà aux portes du Palais, sortent du bois avec la délicatesse de l’éléphant et toute la subtilité de l’orang-outan.

Ils auront le mot de trop qui va précipiter les évènements et condamner définitivement Belkhadem.

C’est d’abord Ahmed Benaïcha qui désigne grossièrement les généraux, en soutenant que les auteurs des attentats du 11 décembre 2007, sont à chercher parmi «ceux qui ne veulent pas de troisième mandat pour Kaizer Moulay.» Il parle en expert assassin : «Du point de vue purement militaire, on n’attaque que les cibles qui constituent un danger. Je me pose la question : pour qui le Conseil constitutionnel représenterait-il un danger ? Pour ceux qui sont encore au maquis ? Bien sûr que non, ils n’ont aucun rapport avec lui, par contre, c’est une menace pour ceux qui ne veulent pas de troisième mandat pour Kaizer Moulay».

En mai, Madani Mezrag prend le relais et annonce, toujours dans El Bilad, qu’un congrès de l’ensemble des fractions du FIS est programmé spécialement pour septembre afin qu’il «coïncide avec les élections présidentielles de 2009.» L’ex-chef terroriste signifie par-là que ledit congrès appellera à soutenir un troisième mandat pour Kaiser Moulay et que le parti qui sortira de ces assises se mettra au service du président-candidat.

 

Auteur
Mohamed Benchicou

 




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