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mardi 1 juillet 2025
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Détention provisoire en Algérie : un outil de contrôle politique sous couvert de légalité ?

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 En dépit des assurances du ministre de la Justice, Lotfi Boumedjamaa, le recours à la détention provisoire en Algérie continue de susciter de vives critiques, notamment pour son usage ciblé contre les voix dissidentes et les activistes.

Si les chiffres avancés par le gouvernement semblent indiquer une proportion « acceptable » de détenus en attente de jugement, les observateurs et défenseurs des droits humains dénoncent une réalité bien plus inquiétante.

Une rhétorique officielle déconnectée des pratiques sur le terrain

Lors d’une session devant le Conseil de la nation, le ministre de la Justice a affirmé que les détenus en détention provisoire ne représentaient que 5,13 % de la population carcérale totale, soulignant que cette mesure, présentée comme « exceptionnelle », s’inscrivait strictement dans un cadre légal. Boumedjamaa a également mis en avant des garanties procédurales telles que le droit à l’appel, insistant sur le fait que la majorité des prisonniers sont des personnes condamnées de manière définitive.

Mais derrière cette communication rassurante, les organisations de défense des droits humains dressent un tout autre constat : celui d’un usage massif et systématique de la détention préventive comme instrument de répression, en particulier dans les affaires d’opinion.

Une « légalité » au service d’un objectif politique

De nombreux avocats, ONG et institutions internationales estiment que la détention provisoire en Algérie est trop souvent utilisée comme un outil punitif à l’encontre des opposants, journalistes, militants pacifiques et utilisateurs des réseaux sociaux. Amnesty International, dans son dernier rapport, qualifie cette pratique d’ »arme politique », régulièrement utilisée contre les voix critiques du pouvoir. L’accusation vague d’ »atteinte à l’unité nationale » ou de « diffusion de fausses nouvelles » permettrait, selon l’organisation, de maintenir des personnes derrière les barreaux sans preuves tangibles, ni jugement rapide.

Ces procédures visent particulièrement les personnes engagées dans le mouvement Hirak ou les journalistes ayant relayé des discours critiques vis-à-vis des autorités. Des détentions qui durent parfois plusieurs mois, voire plus d’un an, sans procès ni accès effectif à un avocat.

Une détention qui ne dit pas son nom

Si le taux de détention provisoire annoncé par le ministre semble modéré dans l’absolu, il occulte, selon plusieurs avocats spécialisés, la réalité des pratiques ciblées. Les chiffres globaux dissimulent la sélectivité du recours à cette mesure : elle touche peu les affaires de droit commun, mais reste systématiquement appliquée aux cas perçus comme « sensibles », notamment politiques.

« Ce ne sont pas les chiffres qui posent problème, c’est l’instrumentalisation de la procédure », dénonce un avocat engagé dans la défense des détenus d’opinion. La détention provisoire, censée prévenir les risques de fuite ou d’entrave à l’enquête, devient dans ces cas une sanction en soi, infligée en amont de tout jugement.

Vers une justice numérisée, mais toujours peu équitable ?

Le ministre a également profité de son intervention pour évoquer les progrès réalisés en matière de numérisation du système judiciaire, citant l’instauration de la procédure électronique et la mise en place d’une Cour des conflits. Si ces réformes témoignent d’une volonté modernisatrice, elles ne sauraient occulter l’absence de garanties fondamentales dans le traitement des affaires liées à la liberté d’expression.

Entre réformes institutionnelles et réalités autoritaires

Ce décalage persistant entre les discours officiels et les constats des observateurs révèle une justice à double vitesse : modernisée dans son fonctionnement administratif, mais largement instrumentalisée dès lors qu’elle touche aux libertés publiques. La détention provisoire devient, dans ce contexte, le symbole d’un appareil judiciaire qui peine à se départir de sa vocation répressive.

Au-delà des chiffres, c’est donc bien une question politique qui se pose : celle de l’utilisation du droit pénal pour faire taire les voix dissidentes, au mépris des principes fondamentaux de la présomption d’innocence, du procès équitable et du respect des libertés individuelles. Un enjeu crucial pour une Algérie qui affirme vouloir réformer son système judiciaire, tout en continuant à criminaliser la contestation pacifique.

La rédaction

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Le Sénégal s’offre l’Angleterre, l’Algérie échoue face à la Suède

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L'équipe d'Algérie

Ce mardi à Nottingham, les Lions de la Teranga ont terrassé les Anglais 3-1 au terme d’un match intense et abouti tactiquement. De son côté, l’Algérie a coulé en Suède, avant de se reprendre… trop tard (4-3).

L’Algérie à réaction mais insuffisante

C’est une Algérie bousculée et à réaction qui s’est présentée à la Strawberry Arena de Solna. Pourtant, Vladimir Petkovic avait aligné un onze prestigieux, qui avait tout d’une équipe type. Avec comme seule petite surprise le retour d’Anthony Mandréa dans les buts des Fennecs, qui ne bousculera pas la hiérarchie des gardiens avec les quatre buts encaissés. 

Pas d’absents de marque donc pour l’Algérie, qui a cependant grandement souffert défensivement. La disposition tactique suédoise a beaucoup perturbé les hommes de Petkovic, incapables de gérer les montées des pistons adverses. Le meilleur exemple pour l’illustrer a été le superbe de match de Ken Sema, positionné dans un couloir, dont les incursions dans l’axe ont fait le plus grand mal aux Fennecs.

Il a d’abord ouvert le score sur une remise astucieuse de Larsson (14e). Avant de profiter des boulevards de la défense algérienne pour filer au but et doubler la mise (39e). En seconde période, il s’est chargé d’un penalty pour inscrire un triplé, puis Saletros a inscrit un coup-franc sublime pour transformer le match en démonstration. Alors même que les deux attaquants stars de la Suède, Viktor Gyökeres et Alexander Isak étaient absents. 

Heureusement pour l’Algérie, les entrées de Bentaleb, Bounedjah et Benzia à l’heure de jeu ont redonné la vitalité à l’équipe. En tout cas à Bennacer, qui a réduit l’écart à 4-1 d’une frappe sublime (64e). Benzia, lui, a inscrit un but un peu chanceux pour faire 4-2 (71e), avant que Bentaleb inscrive un doublé en toute fin de match sur un penalty accordé assez généreusement. Le scénario d’une remontée spectaculaire était lancé, mais les Fennecs ont manqué de temps, et ont surtout subi trop longtemps dans ce match, pour le réaliser. Le Sénégal n’est plus seulement invaincu depuis quinze matches. Depuis ce mardi, le Sénégal est invaincu depuis seize matches et a placé, comme cerise sur le gâteau, une victoire de prestige contre l’Angleterre à Nottingham. Les Lions de la Teranga sont allés chercher les Three Lions en mode rois de la jungle. Car rien n’a été facile dans ce match, à commencer par l’ouverture du score anglaise, signée Harry Kane, qui a cueilli les hommes de Pape Thiaw à froid, alors que Nicolas Jackson s’était déjà procuré la première occasion du match deux minutes plus tôt.

Mais les Sénégalais n’avaient pas fait le déplacement pour jouer un simple match amical. Les rencontres amicales intercontinentales sont rares, et le prestige de celle-ci a poussé les champions d’Afrique 2022 à se donner à fond. Les Lions de la Teranga, sans Sadio Mané, ont fait monter l’intensité de plusieurs crans alors que les Anglais sont restés en pantoufles

Preuve en est, le laxisme de la défense des Three Lions sur le but de l’égalisation. Jackson s’est arraché pour empêcher le ballon de filer en sortie de but et centrer du bout du pied, sous les yeux d’une arrière-garde qui avait arrêté de défendre, ce qui a permis à Ismaïla Sarr d’accélérer et de devancer Kyle Walker qui était à l’arrêt. Sarr n’a plus eu qu’à conclure à bout portant.

Grâce à une énorme intensité au milieu de terrain mise par le trio Diarra-Gueye-Camara, les Anglais n’ont pas réussi à se procurer un grand nombre d’occasions par la suite. De toute façon, Edouard Mendy veillait au grain, comme sur sa superbe parade face à Bukayo Saka (68e). Et offensivement, les troupes de Pape Thiaw ont été très efficaces. Le jeune Habib Diarra (21 ans), dont la valeur sur le marché des transferts ne cesse de grimper, en a été le parfait exemple : bien lancé par Koulibaly, il a filé au but tout seul comme un grand pour tromper Henderson dans un angle fermé (62e).

Le clou du spectacle ? Le but de l’égalisation de Jude Bellingham sur corner refusé pour une faute (84e), suivi de celui du 3-1 au terme d’une action 100% Ligue 1 entre Camara (Monaco) et Sabaly (Metz), pour plier le match. De très bon augure avant d’attaquer des qualifications pour la CAN corsées en août, avec le Congo et le Nigeria en guise d’entrée.

Avec Rfi

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Energie  : vers une coopération avec Mitsubishi Power Aero

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Arkab et le patron de Mitsubishi aero Power

Le ministre d’État, ministre de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables, M. Mohamed Arkab, a reçu mardi au siège de son département M. Raul Breda, président-directeur général de la société américaine Mitsubishi Power Aero (ex-Pratt & Whitney), en présence du secrétaire d’État chargé des Énergies renouvelables, M. Noureddine Yassa, ainsi que de cadres du ministère, de Sonelgaz et de Mitsubishi.

Cette rencontre a été l’occasion d’examiner en profondeur les perspectives de coopération industrielle et technologique entre les entreprises du secteur énergétique algérien et Mitsubishi Power Aero, en mettant un accent particulier sur plusieurs domaines stratégiques :

La fabrication et la maintenance de turbines à gaz, un secteur clé pour la modernisation et la fiabilité des infrastructures de production d’électricité ;

Le développement de centrales électriques mobiles, capables de répondre rapidement aux besoins urgents en énergie, notamment dans les zones reculées ;

La fourniture d’équipements électriques de pointe, adaptés aux conditions climatiques et géographiques difficiles ;

La mise en œuvre de solutions technologiques innovantes pour produire de l’électricité dans les régions isolées ou à faible couverture énergétique.

M. Arkab a salué la qualité des relations qui unissent Sonelgaz à Mitsubishi Power, soulignant leur dimension historique et stratégique. Il a appelé à aller plus loin en encourageant la localisation industrielle de la production de turbines à gaz en Algérie, en renforçant le contenu local, et en développant des programmes de formation, d’échange d’expertise et de transfert de technologie.

Le ministre a également rappelé que l’Algérie, grâce à ses ressources et à son positionnement géographique, représente un marché prometteur dans le domaine énergétique, capable de rayonner à l’échelle africaine, à travers Sonelgaz et Sonatrach, dans le cadre de la vision nationale de développement des partenariats internationaux multilatéraux.

Pour sa part, M. Raul Breda a exprimé la volonté de son entreprise de renforcer sa présence en Algérie, saluant la confiance des autorités et la solidité des liens déjà établis avec Sonelgaz. Il a réaffirmé l’engagement de Mitsubishi Power Aero à accompagner l’Algérie dans ses ambitions énergétiques, notamment en matière d’innovation et de transition vers une énergie plus fiable et accessible.

La rédaction

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Tentative de suicide de Fawzi Zegout : la justice évoque un « complot orchestré »

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Justice

La Cour de Sidi M’hamed a publié, ce mardi, un communiqué révélant les premiers éléments de l’enquête sur la tentative de suicide de Fawzi Zegout, survenue récemment devant le siège du ministère de la Justice à Alger. L’affaire prend une tournure inattendue, avec la mise en cause d’un réseau organisé accusé de vouloir semer le trouble et perturber le fonctionnement des institutions publiques.

Selon le communiqué officiel, les investigations menées par les services de police judiciaire ont permis de mettre au jour un plan mûrement élaboré par une organisation criminelle composée de cinq individus. Ces derniers auraient réparti les rôles afin de mettre en scène et diffuser la tentative de suicide de Fawzi Zegout, dans le but d’alimenter une campagne de désinformation sur les réseaux sociaux. L’objectif, selon la Cour, était clair : semer le chaos et porter atteinte à l’ordre public.

Des connexions à l’étranger et des flux financiers suspects

L’enquête préliminaire a également révélé que la personne chargée de filmer la scène était en lien avec des parties résidant à l’étranger. Ce dernier posséderait plusieurs comptes bancaires et aurait séjourné durant deux années dans un pays étranger, période durant laquelle il aurait reçu des virements jugés suspects sur son compte postal, sans que les origines exactes de ces fonds ne soient précisées dans le communiqué.

À la lumière des éléments recueillis, les cinq suspects ont été présentés ce mardi devant le juge d’instruction du tribunal de Sidi M’hamed. Ils sont poursuivis pour plusieurs chefs d’accusation graves, notamment : atteinte au bon fonctionnement des institutions publiques, mise en danger de la vie et de l’intégrité physique d’autrui, diffusion de fausses informations susceptibles de troubler l’ordre public, et abus de fonction.

Le juge a ordonné le placement en détention provisoire de quatre des mis en cause, tandis que le cinquième a été placé sous contrôle judiciaire, en attendant l’achèvement des investigations.

Samua Naït Iqbal

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France : une surveillante tuée par un collégien en Haute-Marne

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Police

Une surveillante a été poignardée ce mardi 10 juin devant un collège à Nogent, en Haute-Marne. La jeune femme est morte. Un collégien de 14 ans a été arrêté.

L’agression s’est produite vers 8h, à l’arrivée des élèves au collège Françoise-Dolto de Nogent. Une assistante d’éducation, âgée de 31 ans, a été touchée « par plusieurs coups de couteau » « au moment d’un contrôle visuel des sacs en présence de la gendarmerie », a précisé le rectorat dans un communiqué. La victime n’a « malheureusement pas survécu à ses blessures ».

L’adolescent, « un collégien de 14 ans qui n’avait pas d’antécédents judiciaires », a été immédiatement maîtrisé par les gendarmes présents, a rapporté le procureur de Chaumont Denis Devallois, précisant qu’un gendarme a été légèrement blessé. Le suspect a été placé en garde à vue. « C’est un jeune d’une famille dont les deux parents travaillent, qui ne présente pas de difficultés particulières, qui était ambassadeur harcèlement », a déclaré sur place la ministre de l’Éducation Elisabeth Borne, soulignant la sidération de ses professeurs. L’adolescent avait été « l’objet en début d’année de deux exclusions temporaires pour perturbation de la classe », mais n’avait pas posé de difficulté depuis, a-t-elle précisé après avoir rencontré des enseignants et élèves.

François Bayrou souhaite l’expérimentation de portiques

Emmanuel Macron a déploré « un déferlement de violence insensé ». « Alors qu’elle veillait sur nos enfants à Nogent, une assistante d’éducation a perdu la vie, victime d’un déferlement de violence insensé. Tous, nous sommes aux côtés de sa famille, de ses proches, de ses collègues et de l’ensemble de la communauté éducative. La Nation est en deuil et le gouvernement mobilisé pour faire reculer le crime », a écrit le chef de l’État sur le réseau social X (ex-Twitter).

« La menace des armes blanches chez nos enfants est devenue critique » et « il nous revient de faire de ce fléau répandu partout, un ennemi public », a réagi sur le même réseau social le Premier ministre François Bayrou. Il sera l’invité mardi du 20 heures de TF1.

François Bayrou a souhaité ce mardi que le gouvernement travaille à « l’expérimentation » de portiques de détection d’armes à l’entrée des établissements scolaires. À l’Assemblée nationale, le Premier ministre a répondu à une question de la cheffe de file des députés du Rassemblement national, Marine Le Pen. Il a dit sa volonté de « durcir la réglementation » en vue d’une interdiction « effective » de certains couteaux qui ne sont pas considérés comme des armes.

« Des portiques avaient été mis en place dans certaines régions françaises. Ils n’ont pas été maintenus partout. Mais je suis persuadé que nous ne pouvons pas rester simplement dans l’observation des accidents qui se multiplient », a développé le Premier ministre. « Et donc le gouvernement a lui aussi l’intention d’aller dans le sens de l’expérimentation de portiques à l’entrée des établissements scolaires ».  Ce drame montre « une décomposition de la société dans laquelle nous vivons », a répondu François Bayrou. « Ce n’est pas seulement un fait isolé, c’est une dérive de la société », avait-il commenté un peu plus tôt.

RFI/AFP

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Appel à un rassemblement unitaire contre les discours de haine, pour la dignité et l’égalité ! 

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Rassemblement pour dénoncer le meurtre d'Ibrahim Ali,

Appel à un rassemblement unitaire contre les discours de haine, pour la dignité et l’égalité ! Le racisme tue. Nous exigeons des actes. Rassemblement jeudi 12 juin 18h  place de la République.

Le meurtre raciste de Hichem Miraoui à Puget-sur-Argens n’est ni un fait divers ni un accident. Il s’agit d’un acte politique, un attentat haineux nourri par des années de banalisation des discours racistes, xénophobes, islamophobes.

Assez !  Ibrahim Ali, tué à Marseille le 21 février 1995 par des colleurs d’affiches du Front national ; Brahim Bouarram, jeté dans la Seine et tué le 1er mai 1995 par des manifestants d’extrême droite ; Djamel Benjaballah, assassiné le 31 août 2024 par un militant néonazi ; Aboubakar Cissé, abattu dans une mosquée le 25 avril 2025 par un raciste islamophobe ; et, aujourd’hui, Hichem Miraoui, tué à Puget-sur-Argens. La Liste est longue.

Jusqu’à quand resterons-nous silencieux ?

Un crime raciste clairement revendiqué dans des vidéos publiées par l’assassin, où il exprimait sa volonté de « tuer des étrangers » tout en se réclamant de l’idéologie d’extrême droite. Le Parquet national antiterroriste (PNAT) s’est saisi de l’affaire, en raison du caractère politique de l’acte.

Ce crime, comme les précédents, sont le résultat direct et tragique de la banalisation des discours de haine. Des partis d’extrême droite, relayés par toutes sortes de figures politiques et des médias nauséabonds alimentent sans relâche un climat de stigmatisation. Des propos racistes, xénophobes, négrophobes et islamophobes sont relayés et normalisés, jusqu’à devenir un bruit de fond quotidien. Et quand la parole haineuse devient la norme, elle prépare le passage à l’acte.

 Nous, organisations issues de l’immigration et des quartiers, les collectifs luttons contre le racisme institutionnel, syndicats, associations, citoyennes et citoyens engagés, nous appelons à une grande mobilisation pour exiger :

  • la fin de l’impunité des discours racistes, xénophobes et islamophobes dans l’espace public ;  
  • la mise en œuvre effective de la loi contre le racisme et l’antisémitisme concernant les actes et propos racistes et islamophobes qui visent les citoyens de culture musulmane ;
  • la mise en place d’un plan national de lutte contre le racisme institutionnel ;
  • la promotion, dans les écoles, les médias et les institutions publiques, des valeurs de fraternité, d’égalité, de tolérance et de respect, indispensables à une société réellement plurielle et solidaire ;
  • une réelle mobilisation des institutions contre les discriminations systémiques ;

Nous n’attendrons pas la prochaine victime pour nous faire entendre.
Le racisme tue. Nous exigeons des actes.

Rassemblement place de la République, à Paris,

Jeudi 12 juin 2025, à 18 heures 

[Meeting avec la présence des familles des victimes : date à définir.]

Premiers signataires :

FTCR – CRLDHT – ADTF – UTIT – Assemblée des Quartiers- Femmes Plurielles – ATMF – AMF – ACORT – Cedetim – FFF – ASDHOM – APEL Egalité – DAL – Droits devant – Réseau féministe « Ruptures » – GISTI – UJFP – Ensemble Vivre Travailler Coopérer – Forum Palestine Citoyenne – REF – ATTAC- MRAP – Femme Egalité – Syndicats Solidaires – (ODJ) du Burkina – – AEBF – REMCC

LFI – PEPS – Ensemble – NPA-A – PCOF –

Fédération des Tunisiens citoyens des deux rives (FTCR)

Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT)

Association démocratique des Tunisiens en France (ADTF) 

Union des travailleurs immigrés tunisiens (UTIT) 

Assemblée des quartiers

Femmes plurielles

Association des travailleurs Maghrébins de France (ATMF)

Association des Marocains en France (AMF) 

Association des citoyens originaires de Turquie (ACORT) 

Cedetim/IPAM 

Fondation Frantz Fanon (FFF) 

Association de défense des droits de l’Homme au Maroc (ASDHOM) 

Appel Egalité 

Droit au Logement (DAL) 

Droits Devant 

Réseau féministe « Ruptures »  

Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI) 

Union juive Français pour la Paix (UJFP) 

Ensemble vivre travailler coopérer (EVTC) 

Forum Palestine Citoyenneté (FPC) 

Réseau Euro Med France (REF) 

ATTAC 

Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) 

Femme Egalité 

Organisation démocratique de la jeunesse du Burkina (OJD) 

Association des étudiants burkinabais en France (AEBF) 

Réseau Euro-Maghrébin Citoyenneté et Culture (REMCC) 

Syndicats Solidaires 

La France insoumises (LFI)  

Pour une écologie populaire et sociale (PEPS)

Nouveau parti anticapitaliste – Anticapitaliste (NPA-A) 

Ensemble 

Parti communiste des ouvriers de France (PCOF) 

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Déshumanisation et bonne conscience

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Famine à Gaza
Les habitants de Gaza crient famine

Déshumaniser un peuple c’est par exemple pouvoir éviter de traiter les Palestiniens d’êtres humains. C’est plus facile à la conscience d’avouer vouloir les éliminer comme des bêtes ou des insectes. La déshumanisation est le fait de tous les régimes génocidaires dans l’histoire pour justifier l’immonde. 

Les Tutsi avaient été dénommés par les Hutu de cafards et de serpents. Les Arméniens étaient des parasites à la société turque. Au Cambodge les minorités ethniques devaient être éradiquées come des animaux nuisibles. Les musulmans bosniaques étaient traités de cafards, la même expression qu’au Rwanda. Et ainsi de suite dans beaucoup d’autres exemples dans l’histoire.

Mais l’exemple le plus  inlassablement répété  est celui des juifs qui étaient assimilés à des rats par le régime nazi. Pour lui,  ils étaient d’immondes bêtes.  L’événement le plus connu à ce sujet est une exposition sous le régime de Vichy sous l’appellation, Le juif et la France, un rat au cœur de la nation. 

Le loup doit être combattu car il menace les troupeaux, les rats parce qu’ils sont des vecteurs importants des maladies, les insectes car ils dévastent les champs. Tout cela, Israël l’a oublié ou semble vouloir l’oublier.

La bonne conscience d’être qualifié de poste avancé de la démocratie au Proche-Orient et de la conduite morale exemplaire de ses troupes militaires l’a rendu inattaquable par les pays qui ont encore une mauvaise conscience envers lui dans l’histoire. Par culpabilité, ils détournent leur regard dans la réponse au 7 octobre. Ils ne se rendent pas compte que le 7 octobre, c’est chaque semaine dans la bande de Gaza. 

L’écrasante majorité des citoyens israéliens et leurs soutiens, de moins en moins nombreux dans le monde, sont enfouis dans la bonne conscience de l’excuse du massacre du 7 octobre qu’ils rabâchent nuit et jour. Ils savent que s’ils ouvraient leurs yeux ils seraient confrontés à la terrible barbarie de la déshumanisation d’un peuple qu’on veut déporter ou éliminer.

Les Israéliens se bouchent les oreilles pour ne pas entendre prononcer un mot qu’ils ont tellement brandi depuis des décennies pour alimenter la perpétuelle immunité du pays. Ce mot holocauste, c’est eux qui le font subir maintenant à un peuple colonisé et déshumanisé.

Ils trembleraient d’entendre un autre mot qui est associé au premier pour le caractère juridique des faits, celui de génocide, celui que la Cour internationale de justice ainsi que les organisations internationales ont enfin prononcé. Celui qu’Emmanuel Macron refuse de prononcer, même s’il annonce la reconnaissance prochaine de l’Etat palestinien, laissant les historiens et les juristes débattre sur cette qualification. 

Ce mot qui est depuis quatre-vingt ans leur assurance vie, le maintien d’un Etat colonial et sans limite dans sa violence. Alors, devant le renversement de l’histoire, ils ferment leurs yeux, bouchent leurs oreilles et enterrent le peu d’humanité qui restait pour plonger dans le massacre et les tueries de masse.

Déshumaniser les Palestiniens ne leur sert en fin de compte qu’à réveiller l’humain qui se trouve encore dans la majorité des peuples du monde. Les bêtes, ce sont eux maintenant. 

Les pierres de la construction de l’Etat d’Israël ont été cimentées par le sentiment de culpabilité de l’histoire à leur égard. Mais ce sentiment de culpabilité s’estompe avec le temps et Israël essaie de maintenir la flamme avec le sang des Palestiniens.

La société israélienne commence à faire apparaitre chez de rares citoyens la gêne d’une atrocité qui se commet en leur nom. On perçoit des frémissements de réveil, des silences là où il y avait des appels à la vengeance, des retenues de langage à peine murmurés là où il y avait des indignations outrancières et bruyantes.

Ces rares Israéliens se rendent compte qu’un monde s’écroule devant eux. Une conscience émerge doucement et avec terreur car ils regardent le désastre de ce qu’ils avaient tellement brandi à la face du monde comme justificatif de la création de leur pays.

Mais hélas, ils sont tellement minoritaires et encore timides dans leur dénonciation qu’ils ne peuvent être audibles dans une explosion de barbarie généralisée.

Israël a toujours voulu déshumaniser le peuple palestinien, c’est ce pays qui est désormais hors de l’humanité.

Boumediene Sid Lakhdar

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Mobilisation pour Georges Abdallah à Marseille : une rencontre publique avant l’audience décisive

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Mobilisation pour Georges Abdallah à Marseille

À quelques jours d’une audience cruciale pour sa libération, le sort de Georges Abdallah, plus ancien prisonnier politique d’Europe, continue de mobiliser. Incarcéré en France depuis 1984, le militant communiste libanais, engagé depuis toujours pour la cause palestinienne, est maintenu en détention malgré l’avis favorable à sa libération délivré dès 2003.

C’est dans ce contexte qu’une rencontre publique est organisée jeudi 12 juin à 18h30 à Marseille, dans les locaux de Solidaires (29, boulevard Longchamp, 1er arrondissement). À l’initiative de la section locale du Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP), cette réunion entend renforcer la mobilisation à la veille de l’audience prévue le 19 juin prochain devant la cour d’appel de Paris.

« Seule une pression populaire forte peut influer sur la décision judiciaire. Chaque action compte, chaque voix pèse », insiste le FUIQP Marseille, qui appelle à élargir le front de soutien autour d’un combat devenu emblématique.

Lors de cette soirée, il sera largement question de Georges Abdallah, de son engagement aux côtés des luttes anti-impérialistes et de son attachement indéfectible à la résistance palestinienne. Mais le débat s’élargira aussi à la répression menée en France contre les collectifs de solidarité avec la Palestine, dans un contexte de criminalisation croissante de la parole critique vis-à-vis d’Israël.

Le gouvernement français, poursuivant sa logique de disqualification du soutien à la Palestine, multiplie depuis des mois les interdictions de manifestations, les dissolutions d’organisations et les pressions judiciaires contre les militants. Tout cela pendant que, sous les yeux du monde, le peuple palestinien subit à Gaza un massacre qualifié de génocidaire par de nombreuses voix internationales.

Saïd Bouamama, sociologue, militant du FUIQP et figure de longue date des luttes anticoloniales en France, interviendra aux côtés de militant·e·s d’Urgence Palestine Paris pour apporter éclairages, analyses et perspectives.

Cette rencontre s’annonce comme un moment fort de solidarité internationale, dans une ville, Marseille, où la mémoire des luttes décoloniales et l’actualité des engagements populaires continuent de résonner avec force.

Djamal Guettala

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L’acte poétique face au silence : Hamma Meliani, voix de la résistance et de la mémoire

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Hamma Meliani

Dans un monde où l’injustice et la censure cherchent à étouffer les voix, Hamma Meliani se dresse comme un dramaturge engagé, un passeur de mémoires et un poète révolté. À travers son théâtre, porté par l’urgence et la vérité, il donne vie aux tragédies contemporaines, de Gaza aux terres ravagées de Duel au lointain, enracinant son art dans les langues et les douleurs des peuples. Du tamazight à la dramaturgie grecque, il tisse un dialogue entre l’intime et l’universel, entre la résistance et la poésie, pour briser les murs du silence.

Dans cet entretien, Meliani dévoile sa vision d’un théâtre populaire, vibrant et subversif, qui refuse l’indifférence et célèbre l’espoir d’un renouveau humain, porté par la justice et la liberté.

Le Matin d’Algérie : En 2025, écrire sur Gaza, c’est écrire dans l’urgence. Avec L’Axe du monde, vous convoquez la tragédie antique pour évoquer un drame contemporain. Pourquoi ce détour par la Grèce des origines pour évoquer l’actualité la plus brûlante ?

Hamma Meliani : Oui, l’actualité est terrible. D’abord, je tiens à exprimer ma profonde tristesse et ma solidarité aux militantes et militants de la Flottille de la liberté, arraisonnés par Israël dans les eaux internationales. J’adresse également toute mon admiration et mes encouragements aux marcheuses et marcheurs du monde entier, ainsi qu’aux Algériens, Marocains et Tunisiens qui prouvent, par cet acte de résistance, la possibilité de l’unité du grand Maghreb. La menace est partout. Aujourd’hui, c’est l’enfer qui se déchaîne sur les Palestiniens, sous le regard impassible du monde.

Quelques jours après l’insurrection du 7 octobre 2023, dans un accès de colère, j’ai publié sur les réseaux sociaux un article d’alerte sur les crimes de guerre commis par l’armée d’occupation, article qui a été partagé et republié le 25 octobre 2023 dans les colonnes du journal national algérien L’Expression. Aussitôt après cette publication, ma colère n’a pas cessé. Je me suis alors mis en syntonie avec mes personnages en création pour trouver rapidement, en fonction de nos moyens et de nos possibilités, la forme dramaturgique et le langage théâtral idéaux pour exprimer ce drame.

Pourquoi la dramaturgie grecque des origines ? C’est pour donner vie à cette tragédie. Parce que le drame palestinien est une tragédie humaine qui nous bouleverse tous ; chaque jour, nous voyons le désastre que subit l’ensemble de la population palestinienne. C’est un fait historique qui me révolte. J’ai donc d’abord tenté d’aborder le sujet dans un oratorio, ainsi que dans un montage poétique en forme d’épopée, mais le temps manquait et il fallait agir vite. La dramaturgie grecque convenait parfaitement pour faire entendre et montrer la tragédie de la Palestine. C’est dans l’urgence que le Théâtre d’Urgence est né en novembre 2023 autour de L’Axe du monde, journal d’un génocide, une tragédie moderne, montée par des comédiens bénévoles et des militantes et militants d’Urgence Palestine.

Le Matin d’Algérie : Votre pièce est portée par un coryphée, figure rare aujourd’hui au théâtre. Que symbolise-t-il dans votre dramaturgie ? S’agit-il de la conscience d’un peuple, de la voix des absents ou de celle du poète ?

Hamma Meliani : En effet, le Coryphée de L’Axe du monde joue le rôle du narrateur qui fait le lien entre les individus en désarroi au sein de la société dans son ensemble. Il est tout à la fois la conscience humaine, la voix des vivants et des morts, et la rage du poète.

Le Matin d’Algérie : Vous êtes l’un des rares dramaturges algériens à écrire en tamazight et à mettre en scène cette parole minorée. En 2025, quel espace reste-t-il pour cette parole, sur scène comme dans la société ?

Hamma Meliani : Tamazight est la langue de nos parents. C’est la langue de l’avenir. Je pense que la société algérienne dans son ensemble a pris conscience que notre identité nationale est foncièrement amazighe. Tous, dans toutes les régions d’Algérie, souhaitent la généralisation de l’enseignement du tamazight dans les écoles et les collèges du pays.

Le théâtre peut jouer un rôle d’unificateur auprès de ces nouvelles générations. Il peut les amener à s’exprimer en tamazight, en derja, en arabe ou en français. Toute langue est une richesse et le tamazight est l’âme et la voix de l’Algérie. Il faut rendre notre identité encore plus belle, à l’écoute du monde, éveillée, juste et rebelle. Quel espace reste-t-il pour le théâtre en tamazight ? Il y a certes un public et des créations qui, je l’espère, ne cesseront de se développer. Je ne connais pas la situation du théâtre en Algérie cette année, mais j’espère qu’il se développera.

Le Matin d’Algérie : Dans Duel au lointain, deux errants se confrontent dans un monde ravagé par les guerres et le chaos climatique. Cette pièce est-elle pour vous une fable sur l’humanité survivante ou une mise en garde ?

Hamma Meliani : C’est exact, c’est une fable, et comme toutes les fables, elle nous met en garde. Duel au lointain est une pièce drôle et dystopique dans laquelle une femme et un homme, fuyant le monde et errants dans l’immensité d’une terre ravagée, se rencontrent. Le climat est imprévisible et les rapports humains sont marqués par la suspicion et la violence. J’adore cette pièce. Je me suis beaucoup amusé à l’écrire en lui donnant des dialogues vifs et drôles qui mettent en valeur le traitement théâtral de ces deux personnages émouvants : une vieille femme au vocabulaire décalé et un vieux guérillero en fuite.

Je devais la monter avec mon ami Ahmed Benaïssa, mais il est décédé depuis. Il aimait l’échange de situations entre les deux personnages et voulait interpréter le vieux guérillero. Mais le temps était sans pitié, et un mois après, Ahmed Benaissa est décédé. Qu’il repose en paix. Par ailleurs, mon ami Hachimi Kachi a traduit la pièce en tamazight et, si les moyens le permettent, elle sera créée en 2026.

Le Matin d’Algérie : Vous écrivez depuis plus de quarante ans. Comment votre regard sur le théâtre et le monde a-t-il évolué depuis vos débuts dans les années 1980 jusqu’à aujourd’hui, où le sentiment d’effroi semble permanent ?

Hamma Meliani : En effet, c’est un monde où l’on se bat contre le temps perdu à se perdre, des décennies de bouleversements multiples qui nous font perdre la vision globale de la réalité, qu’elle soit festive ou morbide. Et qu’en est-il de mon regard sur le théâtre et la culture en général ? Le théâtre a perdu sa langue. Il a zappé sa fonction sociale, sa voix atone est inaudible et se perd dans les cris du monde. C’est l’inutilité du théâtre au théâtre.

Il est vrai que dans les années 80, les troupes étaient nombreuses et la parole était multiple. Les sujets abordés étaient tous ceux de la société, avec un langage théâtral aussi multiple que le nombre de troupes. C’étaient les idées progressistes de 68 qui continuaient d’irradier la créativité des artistes.

Après 1991, tout change dans les institutions culturelles et le politiquement correct sera exigé dans toutes les expressions artistiques. D’ailleurs, tout comme dans les médias qui semblaient auparavant animés par la soif d’éduquer, d’apporter la culture dans chaque foyer et d’informer, tout y a changé. Les médias sont devenus des organes de propagande et de désinformation.

Quelle est alors la portée de ma démarche artistique ? Mon théâtre est celui d’un dramaturge engagé. Et puis, être algérien et dramaturge engagé, c’est, aux oreilles des experts de la culture et des gardiens de la pensée unique, le son d’un bourdon de subversion. Oui, je mène un combat culturel et politique à travers mes créations théâtrales et mes publications. La censure étouffe nos voix ; elle se manifeste dans les commissions de lecture, l’attribution des subventions et les réseaux de diffusion. Il existe un écart scandaleux entre la population et les « sanctuaires de la culture » où l’art n’a plus de sens. Quelques théâtreux qui ont la jouissance de cet outil de travail ne conçoivent d’autres spectateurs qu’eux-mêmes et leurs amis. Ils admirent leur nombril dans leur théâtre impassible au rideau de roses, alors que le monde est en mouvement constant et que le génocide ronge l’âme de la Palestine. Il est temps de créer des œuvres qui parlent le langage d’aujourd’hui et véhiculent les idées, le génie et les espoirs des femmes et des hommes d’aujourd’hui.

Parfois, on a l’impression qu’une caste refuse de laisser la place aux artistes de la périphérie et aux créations nouvelles. Cette inutilité du théâtre est favorisée par la censure, le manque de contrôle des responsables de la culture et par le manque d’intérêt des élites à l’éducation et à la créativité des vivants. Le théâtre est un bien commun et sa parole nous manque. Les démarches artistiques portées par l’acte poétique sont le plus souvent mal interprétées, voire malvenues, dans les objectifs du développement culturel des communes et de l’État. Le marché de l’art, avec sa cour et son fric, nous inonde de sa culture du loisir éphémère. L’art facile et futile nous anesthésie chaque jour un peu plus.

Le Matin d’Algérie : Dans vos textes, la poésie est omniprésente. En 2025, alors que le langage est souvent réduit au flux des réseaux et au bruit médiatique, quelle est la place encore laissée à la poésie ?

Hamma Meliani : La poésie évolue avec les nouvelles expressions artistiques. Que peut encore la poésie ? Elle crie, elle interpelle, elle rassemble, elle se bat avec des mots. Certes, cela peut paraître insuffisant, mais les mots sont forts et percutants ; ils touchent le cœur et la raison des gens par leur vérité. Les mots combattent également les maux de la société.

La poésie libre ou subversive est partout autour de nous. Rien que sur le thème du génocide palestinien, d’innombrables poèmes et chants s’expriment dans toutes les langues sur les réseaux sociaux, faute de publication écrite. Il s’agit d’une poésie nouvelle, empreinte de colère et de compassion. Nos mots et nos images combattent les maux du mensonge et de l’intelligence conquérante, chacun le faisant à sa manière. C’est l’énergie du renouveau poétique, accessible à toutes et à tous, qui se développe en marge du marché de l’art et du show-biz pour faire entendre l’appel au secours de la Palestine. Que ce soit le rap, le slam, les clips vidéo ou toute autre forme d’expression, ces performances poétiques résolument tournées vers la libération de la Palestine pétillent d’intelligence et de vie. Si la poésie est une invite à célébrer la gloire du conquérant, elle exprime aussi le désarroi et l’impuissance de l’opprimé. Tout comme la folie, la poésie est l’une des ressources spirituelles de la révolte, de l’indignation, mais aussi de l’amour et de la justice. C’est une intuition, un songe, une colère humaine pour rester fidèle à sa rébellion.

Le Matin d’Algérie : En mettant en scène un couple palestinien, vous humanisez un conflit souvent déshumanisé. S’agit-il d’une manière de résister à l’effacement et à l’indifférence internationales ?

Hamma Meliani : Dans cette tragédie, le couple est la colonne vertébrale du peuple palestinien. Handal est un chrétien et Leila une musulmane. Tous deux attendent la naissance de leur enfant. Symbole d’un renouveau palestinien. C’est un couple comme les autres, avec des hauts et des bas, qui rêve de paix, de liberté et de justice véritable. Résistants acharnés contre la colonisation, ils entraînent compassion et colère dans leur sillage. Le Théâtre d’Urgence est un outil essentiel pour briser le mur de l’invisibilité et de l’indifférence internationale et sensibiliser les gens lors d’événements et de manifestations de solidarité avec la résistance palestinienne.

Le Matin d’Algérie : Vos œuvres parlent d’exil, de mémoire, de silence. À l’heure où les récits se fragmentent, comment votre théâtre parvient-il à recoudre ces mémoires disloquées ?

Hamma Meliani : C’est la magie du théâtre et de la poésie. Parfois dans le conte on évoque la mémoire, avec l’histoire on désigne le 17 octobre 61, en silence on exprime la vie de quartier et la violence policière. C’est difficile, cela dure depuis longtemps. Face à la censure exercée au sein de toutes les commissions culturelles qui étouffe nos voix, et à la désinformation médiatique qui fait de nous des caricatures atroces, nous résistons. Face à la malice des personnalités politiques qui se prennent pour la naïveté et les niaiseries des journalistes, des experts du théâtre et des inspecteurs de la culture, nous résistons. La hantise de la censure est toujours là, elle plane partout, surtout concernant l’édition.

Les éditeurs courageux sont mis à l’index, eux aussi craignent pour leur enseigne. Que reste-t-il à l’écrivain et au créateur ? Il lui reste sa colère et sa plume. Bien sûr, l’écriture en pâtit, c’est comme un corps qu’on ampute, mais elle s’améliore avec ruse, et la ruse parfois joue avec la censure, transforme le manuscrit, reprend avec hardiesse le sens profond des paroles interdites, tourne l’obstacle et prend le risque de n’agir que dans le seul intérêt de la vérité. Oui, il est compliqué de se faire éditer, mais il est également compliqué d’écrire ou de dire ce que l’on veut. Le contrôle social mène la cadence des pas, certains résistent, d’autres trébuchent ou restent dans les rangs de la masse. Il est difficile de s’exprimer librement et de porter sa parole pour être entendu partout. Et dans ce chaos mondial, nous ne devons pas rester sourds et muets face aux malheurs de l’injustice et aux crimes de guerre.

Le Matin d’Algérie : Vous avez longtemps milité pour un théâtre populaire, enraciné dans les langues et les douleurs du peuple. Ce théâtre a-t-il encore une place dans un monde dominé par l’image, l’instantané et le spectacle ?

Hamma Meliani : Je n’ai pas un optimisme débordant concernant la place du poète, de l’écrivain, de l’artiste en général. Aujourd’hui, rares sont les artistes soutenant les contestations contre l’occupation de la Palestine et le génocide qu’elle subit, avec leurs paroles, leurs écrits ou leurs médias.

Les lois relatives à l’apologie ou à l’antisémitisme hantent les artistes, qui ont peur de perdre leur emploi, leurs biens et leur famille. Les audacieux qui s’indignent et crient leur colère sont rares. Les artistes, comme toutes les personnalités publiques, sont muselés. Dans ce monde qui bride les gens et étouffe la parole de vérité, dans ce monde où l’intelligence artificielle et le numérique ont pris d’assaut la créativité humaine, il m’est difficile de prévoir quelle sera la place de l’artiste. Mais l’acte poétique, individuel ou collectif, continuera d’exister pour fustiger nos sociétés qui, fâcheusement, ont de moins en moins besoin de lire, de se cultiver, de connaître l’histoire. Nos sociétés consacrent de moins en moins de temps à l’actualité et aux bouleversements du monde. Franchement, ça va être difficile, mais il faut se battre.

Le Matin d’Algérie : Vous êtes également un passeur entre les générations, les langues et les continents. Quel dialogue souhaitez-vous instaurer entre les jeunes artistes d’Algérie, de France et du reste du monde ?

Hamma Meliani : Un dialogue culturel est essentiel au bassin méditerranéen. Instaurer un dialogue en interaction avec tous les arts est un moyen plus qu’utile pour vaincre l’ignorance, l’exclusion et les discriminations dont souffrent nos villes et nos sociétés, et pour tisser les liens qui fondent la communauté humaine. Des actions pédagogiques sous forme de créations théâtrales, de formations pratiques et de conférences permettront la confrontation d’œuvres pour ouvrir le débat entre créations et créateurs, entre spectacle et public. Ces interactions artistiques sont essentielles dans le cadre de ce dialogue entre les pays.

Le Matin d’Algérie : La pièce L’Axe du monde est créée pendant la guerre, alors que Gaza est détruite et que la douleur palestinienne est souvent censurée. Pensez-vous que le théâtre peut encore briser ces murs du silence ?

Hamma Meliani : Le Théâtre d’urgence reste fidèle à sa révolte, à ses actions de soutien et de solidarité avec les Palestiniens ; il participe également à la lutte contre le mur du silence qui sépare l’humanité en deux mondes. Il est difficile de porter haut la parole de vérité devant la censure. C’est vrai aussi qu’autour de la création et de la diffusion de L’Axe du monde, journal d’un génocide, le théâtre d’urgence, malgré les obstacles, s’est manifesté en un acte poétique porté par des comédiens bénévoles et des militantes et militants d’Urgence Palestine. Dès novembre 2023, nous avons organisé des rencontres, des lectures publiques de la pièce, ainsi que des débats, avant de commencer, en décembre, à former une troupe et à initier l’essentiel de l’expression dramatique aux participants directement pendant les répétitions, pour enfin mettre en scène la pièce.

Depuis janvier 2024, le spectacle a tourné dans plusieurs villes de France, dont Paris, en banlieue et pendant le Festival d’Avignon. Vu et apprécié d’un grand public, il a permis d’ouvrir le débat et de sensibiliser les spectateurs à la tragédie du peuple palestinien. Je remercie ici tous les membres de la troupe pour leur courage, leur dévouement et leur engagement dans cet acte théâtral à contre-courant de la parole de l’establishment. Merci à mes ami(e)s d’avoir tenu bon, malgré les contraintes matérielles, professionnelles, étudiantes et familiales. Je remercie également les structures et organisations associatives qui ont soutenu et accueilli L’Axe du monde, Journal d’un génocide dans leurs villes. Je remercie également l’éditeur de cette œuvre pour son courage et son amitié. Édition Tangerine Nights 2024. L’Axe du monde de Hamma Meliani.

Le Matin d’Algérie : Les figures féminines de vos pièces – souvent fortes, blessées, résistantes – rappellent que vous n’écrivez pas seulement l’Histoire, mais l’intime. En quoi la femme est-elle représentée dans votre théâtre ?

Hamma Meliani : Elle représente R’guia, ma mère, elle représente Gaïa, notre mère à tous. Elle est la sœur rebelle, l’amoureuse éperdue qui se cherche. Elle incarne la justice, la tendresse.

Le Matin d’Algérie : Vous avez été membre de jurys, directeur de troupes, metteur en scène et formateur. Comment percevez-vous l’évolution des pratiques théâtrales aujourd’hui, notamment dans les zones de fracture comme les Aurès ?

Hamma Meliani : L’Aurès n’a jamais été une zone de fracture ; c’est le cœur de l’Algérie libre et indivisible. C’est une région en pleine mutation, avec une démographie en augmentation constante, où il est vrai que tout manque pour mieux vivre. Pourtant, l’Aurès connaît un engouement pour l’art en général ; des poètes, des artistes, des chanteurs de talent aimeraient aussi se produire dans les galeries d’art et sur les scènes des théâtres. Ce marasme est peut-être passager. Il est temps de mettre en chantier une politique culturelle nationale et une éducation harmonieuse pour la jeunesse de toutes les régions d’Algérie. Chaque région développera ses activités culturelles, ses structures, ses lieux, la qualité de la pratique artistique et ses liens avec les autres régions pour renforcer la cohésion nationale. Il en va de même pour les sciences et les activités sportives dans les Aurès et ailleurs. Il faut investir dans la jeunesse, ouvrir des gymnases, des stades, des écoles spécialisées, des théâtres, des bibliothèques, des médiathèques, etc. Notre peuple a besoin de respirer et de voir ses enfants s’épanouir dans la joie sociale.

Le Matin d’Algérie : Enfin, dans ce monde troublé, qu’est-ce qui vous pousse à écrire, à témoigner et à croire encore dans le pouvoir de la scène ?

Hamma Meliani : Je ne supporte pas l’injustice. Je lutte et je témoigne avec mon acte poétique. Free Palestine.

Entretien Réalisé par Djamal Guettala  

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Droit à l’image des enfants : des chaînes de télévision sévèrement recadrées par l’ANIRAV 

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Anira

Dans un communiqué publié ce mardi, l’Autorité nationale indépendante de régulation de l’audiovisuel a sévèrement mis en garde les médias contre toute atteinte aux droits des enfants lors des couvertures médiatiques des examens scolaires. Elle appelle à davantage de professionnalisme, de responsabilité et de respect de l’éthique journalistique dans le traitement réservé aux mineurs.

L’Autorité dit avoir constaté « des dérives médiatiques graves » durant les épreuves du brevet d’enseignement moyen, notamment à travers des interviews réalisées à chaud avec des élèves mineurs à la sortie des centres d’examen.

Alors que l’examen du baccalauréat approche à grands pas, elle exprime sa « profonde inquiétude face à la récurrence de ces violations des textes légaux en vigueur », en référence au décret exécutif n°24-250 de l’année 2024, fixant le cahier des charges applicable aux services de l’audiovisuel, ainsi qu’à la loi n°12-15 relative à la protection de l’enfance.

Face à ce qu’elle qualifie de « mépris persistant de certaines chaînes à l’égard du cadre réglementaire national », l’Autorité avertit avec la plus grande fermeté : toute couverture susceptible de porter atteinte aux droits des enfants, en les exposant au voyeurisme médiatique ou à l’exploitation de leur image, sera considérée comme une infraction grave.

Elle rappelle aux responsables de l’audiovisuel qu’aucune apparition médiatique d’un mineur ne peut avoir lieu sans l’accord écrit, explicite et préalable de son représentant légal, et ce, en particulier lorsqu’il s’agit de sujets sensibles pouvant porter atteinte à sa dignité, son identité ou sa santé psychologique.

Ces pratiques, dénonce-t-elle, sont contraires à l’intérêt supérieur de l’enfant et tombent sous le coup de la loi. « Interroger un élève mineur et diffuser ses propos sans respecter les exigences légales constitue une violation flagrante de ses droits fondamentaux », martèle-t-elle.

« La protection de l’enfant n’est ni un luxe juridique ni un simple principe abstrait. C’est une responsabilité morale et sociétale que doivent pleinement assumer les professionnels de l’audiovisuel », insiste l’Autorité.

Elle alerte par ailleurs sur les conséquences psychologiques durables que peuvent engendrer ces expositions médiatiques non encadrées, notamment en matière de cyberharcèlement et de stigmatisation sur les réseaux sociaux.

En conclusion, l’autorité adresse une ultime sommation à tous les opérateurs audiovisuels : le respect des droits de l’enfant n’est pas négociable. Elle les exhorte à privilégier des couvertures responsables, à forte valeur éducative, conformes aux chartes éthiques et aux principes de responsabilité sociale, loin de toute quête sensationnaliste.

La rédaction

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