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L’université Paris-1 Panthéon-Sorbonne augmente les frais d’inscription pour certains étrangers

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Université Panthéon Assas 1
Université Panthéon Assas 1. Crédit image : @Université Panthéon Assas 1

Le conseil d’administration de la célèbre université parisienne a voté lundi 1er décembre en faveur d’une augmentation des frais d’inscription de certains étudiants étrangers extra-communautaires. La mesure est contestée par une partie des étudiants et des enseignants.

Le vote a eu beau être serré – 18 voix pour, 15 voix contre et trois abstentions -, le résultat s’annonce radical. Dès la rentrée 2026, certains étudiants étrangers paieront plus cher leurs frais d’inscription à l’université Paris-1 Panthéon-Sorbonne. La mesure concerne tous les étudiants étrangers, sauf les ressortissants des pays membres de l’Union européenne, les étudiants en exil et ceux provenant de 44 pays définis par l’Organisation des Nations unies (ONU) comme les « moins avancés ».

Une large majorité de ces pays se situent en Afrique. Ainsi, les étudiants issus du Sénégal, de la République centrafricaine (RCA), de la République démocratique du Congo (RDC) ou de Madagascar continueront à bénéficier des mêmes tarifs que les étudiants français. En revanche, d’autres États, notamment africains, ne figurent pas sur la liste établie par l’ONU, comme l’Algérie, le Maroc, la Tunisie ou l’Égypte. Leurs étudiants seront concernés par la hausse des frais d’inscription : à la rentrée 2026, ils devront débourser 2 900 euros pour une inscription en licence, contre 180 euros actuellement, et près de 4 000 euros pour une inscription en master, contre 250 euros aujourd’hui.

Difficultés budgétaires

Sollicité par RFI, l’établissement parisien justifie cette hausse par la dégradation de sa situation budgétaire : « L’université subit depuis plusieurs années les effets de décisions prises par l’État, pour certaines nécessaires dans l’intérêt des agents de l’établissement, mais qui n’ont été que partiellement ou pas compensées financièrement par l’État. » En déficit, l’université a été sommée par le rectorat de réaliser un plan d’économies de 13 millions d’euros d’ici à la fin de l’année.

Un contexte similaire à celui que connaissent d’autres établissements supérieurs en France. Depuis le début de l’année, plusieurs responsables d’universités alertent sur leurs difficultés budgétaires. Les trois quarts d’entre elles seraient en déficit. Et si le projet de financement de l’enseignement supérieur pour l’année 2026 prévoit une rallonge de 175 millions d’euros, celle-ci ne permettra pas de compenser la hausse de l’inflation, estime la Fédération de l’éducation, de la recherche et de la culture, affiliée au syndicat CGT, dans un communiqué.

« Les universités sont à l’os », admet auprès de RFI Marie-Emmanuelle Pommerolle, enseignante-chercheuse en sciences politiques à l’université Paris-1 Panthéon-Sorbonne. « Notre université a stoppé 90 % de ses investissements dans la documentation, nous n’achetons plus de livres. » Pour autant, faire payer davantage les étudiants extra-communautaires n’est pas la solution, estime cette professeure, qui juge la mesure discriminatoire : « Cette différenciation selon l’origine est inacceptable, d’autant que ces étudiants auront les mêmes conditions de travail et d’enseignement que leurs camarades qui auront payé leur année pour quelques dizaines d’euros. »

Conséquences « catastrophiques »

Plusieurs enseignants – dont Marie-Emmanuelle Pommerolle – et étudiants de l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne contestent la mesure. Ils sont une centaine à avoir signé une lettre ouverte adressée à la présidente de l’université, Christine Neau-Leduc. Ces derniers redoutent les conséquences « catastrophiques » d’une mesure qui précariserait davantage ces étudiants étrangers déjà confrontés à des difficultés économiques et administratives : « Certains ont des difficultés à réunir le budget pour venir en France, d’autres font face à des restrictions d’accès aux visas ou patientent des jours avant d’obtenir un titre de séjour. Cette hausse ne va rien arranger », cingle Marie-Emmanuelle Pommerolle.

Une autre difficulté pourrait noircir le tableau : le projet de loi de finances 2026 prévoit, en l’état, la suppression des aides personnelles au logement (APL) pour les étudiants extracommunautaires non boursiers. Ce coup de pouce de quelques centaines d’euros permet aux étudiants les plus précaires de se loger décemment.

Mis bout à bout, ces obstacles pourraient, à terme, décourager certains étudiants étrangers de venir réaliser leurs études en France, estime Marie-Emmanuelle Pommerolle, qui dit craindre pour l’attractivité des universités françaises : « Il se peut qu’on ne voie plus ces étudiants, car ils se dirigeront vers d’autres pays. Et c’est déjà le cas : lorsque je me rends dans certaines universités africaines, je constate que les destinations privilégiées par ces étudiants, c’est la Turquie, la Chine, la Russie et très peu la France. »

Un millier d’étudiants visés par la hausse des frais d’inscription

L’université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, prestigieuse université de sciences humaines et sociales, accompagne 45 000 étudiants à l’année. Environ un millier d’entre eux seraient visés par la hausse des frais d’inscription, en majorité des étudiants marocains, algériens, chinois, égyptiens et tunisiens, qui représentent les plus gros contingents d’étudiants extracommunautaires au sein de l’université.

Cette possibilité de différencier les droits d’inscription a été ouverte par la stratégie « Bienvenue en France », mise en place en 2019 par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Mais nombre d’universités, dont Paris-1 Panthéon-Sorbonne, ne l’avaient jusque-là pas adoptée, jugeant la mesure discriminatoire. De son côté, France Universités, qui rassemble les dirigeants des universités françaises, avait également émis des réserves à ce sujet, craignant que ces frais d’inscription différenciés ne créent d’importants obstacles financiers pour les étudiants des pays les plus vulnérables.

Depuis 2019, une dizaine d’universités en France se sont finalement résolues à établir des frais d’inscription différenciés selon l’origine des étudiants. Celle de Paris-1 Panthéon-Sorbonne « espère revenir sur cette décision dès qu’elle aura retrouvé une situation budgétaire plus stable ».

Frais d’admission à l’université : que font nos voisins européens ?

En Europe, la France est loin d’être une exception sur ce sujet si l’on en croit les dernières données issues d’une étude comparative réalisée par la Commission européenne entre 2020 et 2021. Dans les trois quarts des systèmes d’enseignement supérieur européens étudiés, les universités peuvent facturer des droits d’inscription plus élevés aux étudiants non ressortissants de l’Union européenne ou de l’Espace économique européen. L’Allemagne, l’Italie et la République tchèque font figure d’exception.

Dans les autres États européens, ces frais peuvent varier sensiblement d’une université à l’autre au sein d’un même pays : « Le plus souvent, les frais applicables aux étudiants internationaux ne sont pas réglementés […] les établissements d’enseignement supérieur peuvent fixer leurs propres barèmes pour cette catégorie d’apprenants », pointent les auteurs de l’étude.

L’Autriche déroge quelque peu à cette règle. Le barème est fixe : les étudiants internationaux doivent débourser 1 500 euros par an pour une année universitaire dans une université du pays. Comme en France, les étudiants des pays les plus vulnérables sont exemptés de coûts supérieurs à ceux des étudiants nationaux.

À Chypre, le montant des études pour les étudiants non européens compte parmi les plus élevés du continent. Pour un cursus à temps plein de premier cycle, ils peuvent débourser jusqu’à 7 000 euros par année universitaire et jusqu’à 11 500 euros pour un cursus à temps plein de deuxième cycle.

Enfin, en Slovénie, les étudiants extracommunautaires de pays ayant signé des accords bilatéraux en matière de coopération pédagogique paient des frais identiques à ceux des citoyens slovènes, souligne l’étude. Les autres étudiants internationaux paient des frais de scolarité plus élevés.

RFI

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Tunisie : l’arrestation de l’opposant Ayachi Hammami déclenche l’indignation

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Ayachi Hammami arrêté.
Ayachi Hammami arrêté et envoyé en prison. Crédit photo : DR

La scène politique tunisienne a été profondément secouée mardi 2 décembre 2025, après l’arrestation à son domicile de l’avocat et opposant Ayachi Hammami.

La police est intervenue pour exécuter une peine définitive de cinq ans de prison à l’encontre d’Ayachi Hammami, dans le cadre de ce que les autorités appellent « l’affaire de complot 1 ». Quelques instants après son arrestation, une vidéo enregistrée à l’avance a été publiée sur sa page officielle, dans laquelle Hammami annonce entrer en grève de la faim illimitée dès son placement en détention.

Dans ce message adressé à l’opinion publique, il dénonce un jugement « injuste » et « éminemment politique ». Selon lui, la condamnation pour « appartenance à une organisation terroriste » n’est rien d’autre qu’une décision dictée par le président Kaïs Saïed et son gouvernement. Hammami accuse le pouvoir de « traquer tous ceux qui s’opposent à la dérive autoritaire », affirmant que le chef de l’État, incapable de résoudre les crises structurelles du pays — santé, éducation, transport — se contente « d’étouffer les voix dissidentes en les accusant de trahison ». Il promet de transformer sa cellule en « espace de lutte » et assure qu’il ne suspendra sa grève de la faim qu’à sa libération.

L’indignation gagne les milieux politiques et droits humains

Il n’y a plus une semaine qui passe en Tunisie sans son lot d’arrestations de militants politiques, d’avocats ou d’attaques en règle contre les dernières poches de liberté. La Tunisie de Kaïs Saïed comme l’Algérie de Tebboune sont des prisons à ciel ouvert. Des tyrannie en construction. L’arrestation d’Ayachi Hammami a provoqué un raz-de-marée de réactions indignées dans le pays. Pour le politologue Tarek Kahlaoui, ce placement en détention constitue « un choc » et touche l’une des figures « les plus constantes et désintéressées de la lutte démocratique en Tunisie ». Selon lui, croire que l’on peut régler les problèmes du pays en emprisonnant ceux qui défendent l’action politique pacifique est « une grave erreur ».

L’avocat Sami Ben Ghazi a, pour sa part, salué la stature de Hammami, qu’il décrit comme « un chapitre entier de la résistance civile tunisienne ». À ses yeux، la détermination de l’opposant dépasse de très loin les murs d’une cellule : « Ceux qui pensent que la prison peut effacer l’empreinte de ceux qui ont bâti leur engagement sur le courage ne réalisent pas que ces hommes sont plus grands que les décisions tremblantes du pouvoir. »

Le militant des droits humains Ayoub Ammara a également réagi, dénonçant « l’arrestation d’une conscience libre ». Il rappelle que Hammami a toujours été « une voix ferme en faveur de la dignité, de la justice et de l’État de droit ». À l’adresse de l’opposant, il écrit : « Vous n’êtes pas seul. Nous continuerons le combat, nous porterons votre voix dans les rues et les places publiques jusqu’à ce que la liberté retrouve sa place. »

Cette arrestation intervient alors que la tension ne cesse de monter autour des jugements prononcés en appel dans le dossier dit « du complot », avec des peines allant de cinq à quarante-cinq ans de prison. Plusieurs ONG et formations politiques qualifient ces décisions de « sévères » et « profondément injustes ».

Mourad Benyahia

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Cour de Tizi Ouzou : quel sort pour le journaliste Christophe Gleizes ?

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Christophe Gleizes
Christophe Gleizes victime de l'arbitraire.

Le journaliste sportif français Christophe Gleizes sera rejugé ce mercredi 3 décembre 2025 par la Cour de Tizi Ouzou, plus de six mois après sa condamnation à sept ans de prison ferme pour « apologie du terrorisme » et « possession de publications de propagande portant atteinte à l’intérêt national ».

Faire la part entre journalisme et criminalité : enjeu central du procès

L’audience en appel doit permettre de déterminer clairement la frontière entre un travail journalistique et une accusation pénale particulièrement lourde. C’est autour de cette ligne que s’articule la stratégie de la défense menée par Me Emmanuel Daoud et Me Amirouche Bakouri. Les deux avocats entendent démontrer qu’il s’agit d’une simple irrégularité administrative et non d’un acte criminel.

Ils reconnaissent que Christophe Gleizes est entré en Algérie muni d’un visa touristique alors que sa mission professionnelle nécessitait une accréditation délivrée par les autorités compétentes. Me Bakouri a d’ailleurs expliqué dans la presse algérienne que cette démarche constitue une violation des procédures administratives, mais ne peut en aucun cas être assimilée à une infraction liée au terrorisme.

La défense insiste donc sur la nature strictement administrative de cette faute, qu’elle oppose à la qualification d’« apologie du terrorisme » ou d’« atteinte à l’intérêt national ».

Le collaborateur des magazines So Foot et Society avait été arrêté en mai 2024 alors qu’il préparait un reportage sur la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK). L’accusation s’appuie notamment sur ses échanges avec un dirigeant du club également responsable du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), organisation classée terroriste par Alger.

Invité le 30 novembre sur France Inter, Me Daoud a rappelé que ces contacts relevaient du travail journalistique et ne traduisent aucune adhésion à des thèses politiques. L’avocat a également cherché à replacer le procès dans son seul cadre judiciaire, en écartant les lectures politiques ou diplomatiques susceptibles d’influencer sa perception.

Il a rejeté l’expression « otage d’État », soulignant que son client dispose de garanties essentielles :

— accès à son dossier pénal,

— possibilité de recevoir sa famille,

— rencontres régulières avec ses avocats pour préparer sa défense.

Ces éléments témoignent, selon lui, d’un cadre procédural normal et d’une justice « indépendante et souveraine ». Il dit attendre un examen du dossier exempt de pressions extérieures.

Me Daoud a enfin souligné que le climat diplomatique plus apaisé entre Paris et Alger — illustré notamment par la grâce accordée à l’écrivain Boualem Sansal — pourrait contribuer à une appréciation plus sereine du cas Gleizes. Il espère que ce contexte permettra à la Cour de se concentrer strictement sur les faits juridiques.

La rédaction

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Le délit d’offense aux symboles de la Révolution ?

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Saad Bouakba
Saad Bouakba condamné. Crédit photo : DR

Le 4 décembre est prévue la décision du juge après l’incarcération provisoire du journaliste Saad Bouakba pour atteinte aux symboles de la Révolution. Raison pour laquelle nous revenons sur cette affaire qui, comme toutes les autres, est une tâche dans l’honorabilité de la justice de notre pays.

C’est assez étonnant qu’on me lance souvent  à la figure un argument alors que je n’ai même pas dit mon opinion sur le sujet. C’est ce qui s’est passé pour cette triste affaire concernant un journaliste innocent de tout délit. 

On me dit « c’est pareil en France ! », « Pourquoi tu ne critiques pas le droit français qui a la même législation ? », « Ta haine viscérale pour l’Algérie te fait concentrer sur l’accusation systématique de ton pays ! » et ainsi de suite dans la bibliothèque du parfait adepte de la secte embrigadée.

Pourtant s’ils ne se jetaient pas sur moi avant d’écouter, ils seraient surpris d’entendre de ma bouche que c’est effectivement la même chose en France (comme dans tous les pays à législation à peu près identique) si on ne regardait que le droit dans sa lettre. 

La réalité juridique est très contestable en France, elle est irrecevable en Algérie. Voyons la différence entre les deux situations.

En France les lois mémorielles se sont empilées créant ainsi une gêne de plus en plus perceptible au regard de la liberté d’expression.

Pour notre époque contemporaine, le principe qui justifie cette entorse à cette liberté prend essentiellement sa source dans l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) et  dans l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (DDHC). Ils prévoient que la liberté d’expression peut être limitée par la loi pour protéger certains intérêts légitimes.

Ainsi la loi Gayssot de 1990  réprime pénalement la contestation des crimes contre l’humanité. C’est le cas de la loi Taubira pour l’histoire de l’esclavage et de quelques autres lois. 

La loi sur la presse de 1881 avait bien avant prévu dans son article 34 de pénaliser l’injure envers la « mémoire » des morts. En fait en ce domaine la loi a toujours trouvé une échappatoire à la liberté d’expression, ce ne serait pas le fait en lui-même qui est répréhensible mais l’atteinte à la dignité de ceux qui se sentent touchés.

Ce n’est pas la critique du drapeau qui est en cause mais cela peut choquer ceux qui en font un symbole national. Ce n’est pas la critique de la religion qui est en cause mais son effet qui peut heurter les croyants et ainsi de suite.

La critique n’a jamais cessé de la part des historiens, c’est à eux à traduire la réalité de l’histoire, pas à la loi affirment-ils.

Bien entendu que nous pouvons avoir un dégout profond envers ceux qui nient l’existence de la Shoa, qui considèrent que le racisme n’existe pas ou qui portent atteintes aux lieux mémoriels et ainsi de suite.

Mais le ressenti et les propos abjects ne doivent pas être une cause de pénalisation lorsqu’ils ne touchent pas des individus ou des groupes d’individus, vivants et identifiables. L’idéologie, aussi repoussante et dangereuse qu’elle soit, ne peut être interdite et sévèrement contrôlée que lorsqu’elle menace l’ordre public et les citoyens. Ce qui est le cas dans beaucoup d’exemples mais pas dans tous.

J’avais dit que la situation juridique en France est très contestable, je le maintiens. Mais il faut la tempérer par quelques exceptions qui restent encore fragiles dans leur pouvoir à nous convaincre. Ils sont très vagues dans le texte de loi et dans la jurisprudence. Je recommande au lecteur de le vérifier, c’est un véritable récital d’ambiguïtés. 

Pour les lois mémorielles algériennes, la légitimité n’est pas seulement contestable mais irrecevable. Tout d’abord un pays qui emprisonne des opposants n’est absolument pas légitime de nous opposer son droit pour juger Saad Bouakba.

D’autre part, si on listait tout ce qui est répréhensible pénalement, il ne resterait pas grand-chose aux langues pour s’exprimer.

On n’a pas le droit de critiquer l’État, ses dirigeants, ses institutions, ses lois, sa religion officielle, ses valeurs (autoproclamées), la mémoire de ses morts, celle des vivants qui pleurent leurs morts, le Raϊ et même le couscous de tata H’lima. (Attention pour ce cas, la sanction serait très lourde pour celui qui s’aventurerait dans ce crime).

Les symboles et la mémoire de la république, c’est un chef d’accusation des plus irrecevables et la mise en incarcération provisoire est un crime et une honte pour les juges qu’ils l’ont décidé.

Ce 4 décembre, si la relaxe est prononcée, nous ne les féliciterons pas ni ne les remercierons. Et si la condamnation est prononcée, nous les confirmerons dans leur honte et leur indignité.

Boumediene Sid Lakhdar

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Coupe arabe : Doha en état de choc, la Palestine renverse le Qatar !

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L'équipe de Palestine
La Palestine victorieuse.

La sélection palestinienne a créé la surprise en s’imposant 1‑0 face au pays hôte, le Qatar, lors du match d’ouverture de la FIFA Arab Cup 2025, lundi soir au majestueux Al Bayt Stadium. Une victoire historique, obtenue dans les arrêts de jeu, qui marque un tournant pour l’équipe palestinienne et fait trembler le favori de la compétition.

Le but décisif est intervenu à la 95ᵉ minute, sur une déviation involontaire du défenseur qatari Sultan Al‑Brake, offrant à la Palestine un succès inattendu mais amplement mérité.

Cet exploit est bien plus qu’une simple victoire sportive : il s’agit de la première victoire de la Palestine en Coupe arabe depuis 59 ans, un délai qui rend ce triomphe encore plus symbolique. Longtemps marginalisée sur la scène footballistique régionale, la sélection palestinienne a su faire preuve d’une discipline remarquable, d’une organisation défensive rigoureuse et d’une cohésion collective exemplaire, face à un adversaire pourtant dominant et largement soutenu par ses supporters.

Durant une grande partie du match, le Qatar a contrôlé le ballon et multiplié les offensives, mais la Palestine a résisté avec courage et sang-froid. Plusieurs occasions franches ont été manquées, mais la vigilance et la concentration des joueurs palestiniens ont payé jusqu’au coup de théâtre final. Ce scénario, improbable au départ, illustre parfaitement la résilience et la détermination de cette équipe, qui a su transformer la pression en énergie positive.

Au-delà du sport, cette victoire revêt une dimension symbolique forte. Pour de nombreux Palestiniens, c’est un moment de fierté et d’espoir, une bouffée d’air dans un contexte marqué par les difficultés et les frustrations. Le football devient ainsi un vecteur d’émotion et de dignité, rappelant que la Palestine peut briller et surprendre sur la scène internationale, malgré les obstacles.

Cette première victoire place la Palestine provisoirement en tête du groupe A et lui offre un avantage psychologique non négligeable pour la suite de la compétition, avec un prochain match décisif face à la Tunisie. Si le chemin reste encore long, cette performance restera gravée dans les mémoires comme un exploit historique, marquant le début d’une nouvelle ère pour le football palestinien et un symbole de persévérance pour ses supporters.

La Palestine, par ce succès éclatant, démontre que le courage, la discipline et la cohésion peuvent renverser les géants, et qu’un simple match de football peut parfois dépasser le cadre du sport pour devenir un moment profondément symbolique.

Djamal Guettala 

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Alerte météo : perturbations majeures attendues en Algérie

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Pluie
Pluie et neige attendues en Algérie. Crédit image : DR

 
Une perturbation atmosphérique d’ampleur est attendue ce mardi 2 décembre, impactant significativement plusieurs wilayas du pays.

Les services météorologiques ont émis un bulletin d’alerte de niveau jaune, signalant l’arrivée de phénomènes intenses : fortes pluies, chutes de neige abondantes en altitude, et des épisodes de vents violents accompagnés de tempêtes de sable dans le Sud et le Hauts-Plateaux.

Les fortes averses concerneront une zone étendue, s’étendant principalement sur le littoral et ses régions intérieures proches. Les wilayas mises en garde sont :

Est : El Tarf, Annaba, Skikda, Jijel, Souk Ahras, Guelma, Tébessa, Oum El Bouaghi, Khenchela.

Centre : Béjaïa, Tizi Ouzou, Boumerdès, Alger, Tipaza, Bouira, Blida, Médéa, Aïn Defla.

Ouest : Chlef, Mostaganem, Oran, Aïn Témouchent, Tlemcen, Sidi Bel Abbès, Mascara, Relizane.

Intérieur/Sud : Saïda, Naâma, El Bayadh, Tiaret, Tissemsilt, Djelfa, Laghouat, Biskra, Ouled Djellal, El M’Ghair, Touggourt.

Des chutes de neige notables sont prévues, ciblant les reliefs et les plateaux intérieurs. Les wilayas concernées devront anticiper des conditions de circulation difficiles, notamment : Est et Centre : Tébessa, Khenchela, Batna, Tizi Ouzou, Bouira, Médéa, Aïn Defla.

Ouest et Sud : Tissemsilt, El Bayadh, Naâma, Laghouat, Tlemcen.
​Le Sud et certaines zones intérieures seront touchés par des vents forts, susceptibles de générer des tempêtes de sable (sirocco). Ce phénomène pourrait entraîner une réduction significative de la visibilité et affecter la qualité de l’air. Les wilayas concernées sont :
​Hauts-Plateaux : M’sila, Djelfa, Laghouat, El Bayadh, Saïda, Naâma.
​Sud : Ouled Djellal, El M’Ghair, Ghardaïa, Ouargla, El Ménéa.
​Ouest : Tlemcen, Sidi Bel Abbès.

Les autorités appellent les citoyens des wilayas mentionnées à la prudence et à se conformer aux consignes de sécurité émises par la Protection civile.

Avec APS

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MSP : derrière la croisade contre les sites pour adultes, un agenda moraliste plus large ?

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Abdelali Hassani Cherif, président du MSP
Abdelali Hassani Cherif, président du MSP. Crédit image : DR

Qu’est-ce qui pousse les députés du Mouvement de la société pour la paix (MSP) à vouloir légiférer contre les sites internet destinés au public adulte ?

Au-delà de l’initiative, en soi légitime et même attendue dans un espace numérique sans garde-fous, la question renvoie à une constante de la mouvance islamiste algérienne : la volonté récurrente de se poser en gardienne des « valeurs morales » et de régenter les productions culturelles au nom d’une conception restrictive de la morale publique.

La proposition de loi déposée par le député Youcef Adjissa, fin novembre 2026, s’inscrit parfaitement dans ce registre. Présenté comme un texte de « protection des catégories vulnérables », il entend encadrer et bloquer les sites et plateformes diffusant des contenus sexuels explicites. Une première en Algérie, où l’encadrement du numérique reste fragmentaire. Mais l’initiative porte les marqueurs d’une moralisation de la vie publique que le MSP défend depuis sa création.

Un texte technique, un discours idéologique

Dans son exposé des motifs, le député justifie la loi par la « nécessité de protéger les valeurs morales et sociales » face à la prolifération des risques numériques et à l’essor des technologies d’intelligence artificielle. Le registre est classique : associer l’immoralité supposée de certains contenus à des menaces contre l’ordre social pour légitimer une intervention étendue de l’État.

Le texte propose d’ailleurs un arsenal lourd :

– définition large des sites concernés (« atteinte à la pudeur publique »),

– blocage généralisé des plateformes nationales et étrangères,

– responsabilité pénale pour toute facilitation d’accès,

– amendes lourdes pour les entreprises,

– obligation pour les fournisseurs d’accès d’exécuter les décisions administratives.

Sous couvert de régulation, c’est une logique de contrôle renforcé des usages numériques qui s’esquisse. Bonjour aux nouveaux directeurs de conscience!

Un parti qui revendique le rôle de gardien des mœurs

Ce qui interpelle dans cette initiative, ce n’est pas tant la volonté de protéger les mineurs – un objectif qui n’est contesté par personne – que l’inscription du texte dans une vision plus large : celle d’un parti islamiste qui aspire à régenter l’espace culturel au nom d’une « identité » dont il s’érige en interprète exclusif.

Ce tropisme n’est pas nouveau. On se souvient de la virulence des attaques contre le roman Houaria d’Inaam Bayoudh, accusé d’« atteinte aux valeurs morales de la société algérienne ». Plus largement, toute œuvre de fiction – cinéma, littérature, musique – s’écartant de la norme conservatrice est susceptible de devenir la cible de campagnes coordonnées.

Le MSP, comme d’autres formations de la mouvance islamiste, étend régulièrement son discours normatif à l’ensemble de la création artistique. La proposition Adjissa apparaît ainsi moins comme une mesure isolée que comme une étape supplémentaire dans une entreprise politique assumée : fixer les contours de ce qui est moralement acceptable et, en creux, instaurer une police des contenus.

Entre protection de l’enfance et contrôle des imaginaires

La proposition de loi invoque de nombreuses études sur les effets de l’exposition des mineurs aux contenus pornographiques : risques d’addiction, isolement, troubles du comportement, baisse des performances scolaires. Des inquiétudes légitimes, partagées par les experts et les institutions internationales.

Mais le flou volontaire qui entoure la définition des contenus visés et la large marge discrétionnaire accordée aux autorités de régulation soulèvent une inquiétude parallèle : celle d’une extension du champ de la censure, qui pourrait englober toute production jugée « contraire aux bonnes mœurs », selon une appréciation éminemment subjective.

Dans un pays où le débat sur les libertés individuelles reste fragile, l’encadrement du numérique ne peut se réduire à une opération de moralisation. Il devrait s’inscrire dans un cadre juridique clair, transparent, garantissant à la fois la protection des mineurs et la préservation des libertés culturelles et créatives.

Un débat législatif à mener, une vigilance à maintenir

En introduisant le premier texte du genre sur la pornographie en ligne, le MSP ouvre un débat nécessaire. Mais il le fait avec une grille de lecture qui, elle, n’est pas nouvelle : moraliser la société plutôt que renforcer l’éducation numérique, cadrer les usages plutôt que promouvoir la liberté responsable, et élargir le périmètre du contrôle plutôt que clarifier les règles.

L’enjeu dépasse de loin la question des sites pour adultes : il touche à la place accordée à l’individu dans l’espace numérique, à la liberté de création et à la tentation, toujours présente, de faire de la morale un instrument politique.

Samia Naït Iqbal

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Comment a fondu le trésor de guerre du FLN » : retour sur une enquête de Philippe Bernet de l’Hebdomadaire VSD (1979)

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Mohamed Khider
Mohamed Khider.

Au moment où l’affaire du « trésor de guerre du FLN » ressurgit dans le débat public, nous mettons en ligne une vieille enquête journalistique, publiée en 1979 par VSD (pour Vendredi – Samedi- Dimanche) – Un hebdomadaire populaire français de type tabloïd anglais, datant de la dernière semaine d’avril à début mars 1979. 

Ce travail d’investigation journalistique très fouillé retrouve une étonnante actualité et  remis au goût du jour à la lumière de l’actualité judiciaire algérienne.

L’incarcération du journaliste Saad Bouakba, sur décision du juge du tribunal de Bir Mourad Raïs, pour atteinte à un symbole de la Révolution après une plainte déposée par la fille adoptive de Ben Bella, a brutalement remis en circulation une question longtemps tue : que sait-on réellement de la gestion du trésor du FLN, et du rôle qu’y jouèrent certains dirigeants de la lutte indépendantiste ?

Saad Bouakba affirme que Ben Bella fut, comme d’autres responsables, l’un des bénéficiaires de ce trésor alimenté par les cotisations des travailleurs émigrés, les soutiens de pays arabes et les réseaux clandestins. Que l’on partage ou non cette thèse, il reste que l’affaire du « trésor du FLN » est l’une des plus opaques de l’histoire algérienne, mêlant argent, clandestinité, alliances mouvantes, rivalités mortelles et imbroglio juridique international.

Voici le texte intégral de l’enquête de Philippe Bernet, publiée dans le magazine VSD de 1979, qui demeure à ce jour l’un des récits les plus précis de cette saga politico-financière. Le  récit est replacé dans son contexte, organisée en séquences pour en restituer la force narrative.

​De l’or, d’étranges trafics, des chasses à l’homme, du sang et des larmes.

L’affaire du « trésor de guerre » du FLN, qui se dénoue cette semaine à Genève, après dix-sept ans de procédures et de chausse-trappes, se présente comme l’un des feuilletons les plus rocambolesques du siècle.

L’État algérien finit par triompher, mais c’est une victoire à la Pyrrhus : le pactole récupéré a fondu comme neige au soleil. Des milliards qui transitèrent sur des comptes secrets, il ne reste qu’une poignée de millions.

​La naissance du trésor : Le hold-up de la Poste d’Oran (1949)

​Tout commence comme dans un film de la série noire. Pour renflouer les caisses de leur mouvement clandestin et acheter des armes, trois militants algériens, Ben Bella, Mohammed Khider et son beau-frère Aït Ahmed, décident de monter un hold-up contre la poste centrale d’Oran, au printemps de 1949.

​Afin de détourner les soupçons, les trois hommes entreprennent de maquiller l’opération : les assaillants sont choisis parmi des militants de type européen, très blonds, habillés avec élégance, et doivent prendre l’accent parisien, se faisant passer pour les hommes de Pierrot le Fou. Ben Bella et Aït Ahmed braquent un médecin, le docteur Moutier, pour subtiliser sa voiture.

​Le hold-up se déroule sans anicroche, sauf que Ben Bella, ému, ne s’empare que d’un seul sac postal contenant trois millions, manquant un autre sac renfermant plusieurs dizaines de millions. Au retour, c’est Mohamed Khider, député d’Alger et déjà trésorier de l’organisation secrète, qui compte les billets. Le futur trésor du FLN vient de recevoir son premier apport de fonds.

​La police, d’abord déroutée par la piste de Pierrot le Fou, découvre la vérité grâce à un fragment de valise retrouvé dans la voiture volée. La traque commence. Ben Bella est arrêté, puis s’évade de la prison de Blida, et rejoint Khider et Aït Ahmed au Caire.

​Croissance du Trésor et Partenaire Financier Suisse

​Toujours confié à Khider, le trésor commence à prendre de l’ampleur avec les premiers pétrodollars de l’Arabie saoudite et du Golfe Persique, ainsi qu’avec les cotisations mensuelles exigées de tous les travailleurs algériens en Europe.

​La Banque commerciale arabe de Genève devient le partenaire financier numéro un de la rébellion algérienne, dépositaire des fonds destinés notamment aux achats d’armes. Les services secrets français surveillent la banque et trouvent un allié en la personne du procureur fédéral de la Confédération, René Dubois, qui se suicide le 23 mars 1957 après avoir été démasqué comme agent français. C’est le premier mort de toute une série tragique.

​L’Imbroglio juridique post-indépendance (1962)

​L’affaire du trésor s’embrase au lendemain de l’indépendance algérienne. Le pouvoir sépare Ben Bella et Khider. Ben Bella veut une république socialiste autoritaire, ayant écarté le dirigeant légal Benkhadda. Khider, en tant que secrétaire général du bureau politique, exige la convocation d’un congrès. Il bénéficie de la confiance des « frères » qui ont fait de lui le grand argentier du régime.

​Le 18 octobre 1962, Khider ouvre un nouveau compte à la Banque commerciale arabe, dirigée par ses amis Zoheir Mardam Bey (Syrien) et François Genoud (Suisse). Sur ce compte, il verse une somme estimée à plus de six milliards de francs français, toute la fortune du nouvel État algérien.

​Khider sera le seul à disposer de la signature, sur un compte personnel établi à son seul nom, sans mentionner le parti FLN ni le gouvernement algérien. Juridiquement, le trésor appartient à l’État, mais Khider en est l’unique bénéficiaire privé. Cette situation ahurissante s’explique par le fait que, légalement, le régime Ben Bella, issu d’un coup de force contre Ben Khedda, n’existait pas. Seul un notable au passé politique solide comme Khider, ancien parlementaire français, pouvait mettre les fonds à l’abri en Suisse.

​Le conflit et la chute de Khider

​L’union des anciens compagnons du hold-up d’Oran prend fin. En avril 1964, Ben Bella crée un nouveau bureau politique à sa dévotion, excluant Khider. Il nomme aussitôt un nouveau trésorier, Aït Hocine, chargé de récupérer les fonds à Genève. La Banque commerciale arabe refuse : « Je suis au regret, mais nous ne connaissons ici que M. Khider ! »

​Khider refuse de restituer l’argent, déclarant publiquement le 7 juillet 1964 : « Ce trésor du FLN, je le mets à la disposition de l’opposition algérienne, car je considère Ben Bella comme un usurpateur. » Pour préserver les fonds, il les transfère sur d’autres comptes encore plus secrets en Suisse et en Allemagne de l’Ouest, les utilisant pour ravitailler en armement et vivres son beau-frère Aït Ahmed qui a pris le maquis en Kabylie contre Ben Bella.

​La révolte kabyle s’effondre et Aït Ahmed est condamné à mort. Ben Bella offre alors à Khider le pardon et la libération de tous les détenus politiques, y compris Aït Ahmed, en échange de la restitution du trésor.

Khider refuse : « Je ne traite pas avec un gouvernement illégal. » Il prophétise la fin de Ben Bella : « Oui, l'armée soutient Ben Bella comme la corde soutient le pendu ! » 

Deux mois plus tard, Ben Bella est renversé par l’armée, et Aït Ahmed s’évade et se réfugie en Europe.

​Le nouveau dirigeant, Boumediene, n’a pas les scrupules de Ben Bella. Il part de l’idée simple que si Khider disparaît, le trésor reviendra automatiquement à l’État algérien.

​Dans la soirée du 3 janvier 1967, à Madrid, Mohamed Khider est abattu de trois balles et d’un coup de grâce à la tempe par un inconnu, sous les yeux de sa femme et de son cousin.

​La guerre judiciaire et la mort mystérieuse de Me Bouquet

​Malgré l’assassinat de Khider, l’affaire du trésor n’est pas réglée. Khider avait pris des mesures faisant de sa femme et de son beau-frère Aït Ahmed ses exécuteurs testamentaires. De plus, Boumediene découvre que Khider avait racheté les actions de la banque, le rendant majoritaire aux deux tiers du conseil d’administration de la Banque commerciale arabe. Officiellement, c’était une banque suisse, mais indirectement, elle appartenait à l’Algérie, ce que Boumediene apprend par hasard.

​Boumediene doit continuer à plaider. L’Algérie lutte contre un adversaire particulièrement coriace, l’avocat parisien Me Luys Bouquet, spécialiste du droit international et vieil ami de Khider, qui connaît à fond l’affaire et les dépôts de personnalités algériennes.

​Le dimanche 6 mai 1973, Me Bouquet est retrouvé mort dans son bureau, une arme à la main, la thèse officielle étant le suicide.

​Le jugement de Lausanne et la fin de l’imbroglio

​Le choc de la mort mystérieuse de Me Bouquet est davantage ressenti en Suisse. Le tribunal fédéral de Lausanne, Cour suprême du pays, déboute Boumediene à l’unanimité et dans des termes catégoriques.

​Contre les avocats algériens qui plaident que Khider est devenu un simple politique, la cour estime que le contrat bancaire signé lors de l’ouverture du compte ne fait mention d’aucune représentation, que Khider y apparaît comme titulaire et unique personne habilitée à disposer des fonds.

​Alger est condamné aux dépens : un demi-million de francs suisses

​Se sentant ridiculisé, Boumediene rappelle son ambassadeur de Berne et mijote un procès contre la Confédération. Les avocats algériens, controuvés, demandent aux autorités helvétiques pourquoi elles n’ont rien dit sur la détention de la banque par Khider. Réponse des Suisses : « C’est parce que vous ne nous l’avez pas demandé ! »

​Écœuré, Boumediene parle de rompre toutes relations diplomatiques avec la Suisse. Après sa mort, son successeur Chadli enterre la hache de guerre.

​Les négociations aboutissent : le clan familial Khider renonce à ses droits. L’Algérie hériterait de sa banque et du reste des fonds, soit environ deux millions et demi de francs suisses.

​Le pactole de milliards a fondu comme neige au soleil, laissant une « poignée de millions », la fin d’un feuilleton de dix-sept ans de procédures.

Conclusion de la rédaction, sous forme de postface

​L’histoire du « trésore de guerre du FLN » n’est pas simplement une affaire de détournement de fonds ou de querelle d’État ; c’est une véritable tragédie politique et judiciaire  qui met en lumière les mœurs impitoyables des luttes post-coloniales.

​Ce récit commence par un acte de nécessité révolutionnaire — le hold-up d’Oran — et se termine, dix-sept ans plus tard, par une issue amère. Ce qui devait être le nerf de la guerre d’indépendance, un pactole estimé à des milliards, a été consumé par les guerres intestines pour le pouvoir.

​L’élément central et le plus ironique de cette saga réside dans la figure de Mohamed Khider. Contraint par l’illégalité du nouveau régime de Ben Bella, il fut à la fois le sauveur et le gestionnaire légal mais  controversé de la fortune nationale. 

En établissant un compte privé en Suisse, il a protégé le trésor contre les aléas d’un pouvoir chancelant, mais a simultanément créé l’imbroglio juridique  sans précédent qui allait justifier son assassinat et le maintien des fonds hors de portée d’Alger.

​La réponse des autorités suisses — « C’est parce que vous ne nous l’avez pas demandé! » — résume l’impuissance de l’État algérien face à la souveraineté bancaire helvétique  et aux mesures prises par un homme seul. Les meurtres de Khider et de son avocat, Me Bouquet, témoignent de la brutalité avec laquelle les protagonistes ont tenté d’écourter le débat judiciaire, échouant finalement devant la froide logique des tribunaux suisses.

​La victoire finale d’Alger, bien que reconnue par la justice, fut une victoire à la Pyrhus . Le fonds récupéré — une poignée de millions seulement — ne fut qu’un résidu symbolique de l’immense fortune de départ. L’issue de cette affaire rappelle que, dans la géopolitique post-indépendance, les secrets financiers peuvent conférer un pouvoir plus grand encore que celui des gouvernements, et que parfois,les banques et les juges helvétiques  ont plus de pouvoir sur le destin des nations que les chefs d’État eux-mêmes.

Près d’un demi-siècle après sa publication, cette enquête résonne avec une actualité brûlante. En Algérie, le passé ne cesse de refaire surface, souvent par l’irruption de dossiers que l’on croyait enterrés. L’affaire Bouakba n’est qu’un symptôme : elle montre combien la gestion du trésor du FLN, les zones d’ombre de la période fondatrice et les rivalités d’alors continuent de structurer — et parfois d’empoisonner — le présent.

L’enquête de 1979, relue aujourd’hui, n’accuse personne : elle raconte une histoire. Mais cette histoire, elle, demeure encore explosive.

Ce que ne dit pas cette histoire toutefois c’est que l’ensemble des documents donc les fonds ont été restitués par la veuve de Khider au pouvoir algérien. Et l’Algérie a hérité chose rare d’une banque en Suisse (BCA).

Nous y reviendrons

Samia Naït Iqbal

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Rencontre avec Nazim Mekbel à la librairie L’Île des Mots

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Rencontre avec Nazim Mekbel à la librairie L’Île des Mots
Rencontre avec Nazim Mekbel à la librairie L’Île des Mots

La librairie L’Île des Mots (Marseille) accueille le 5 décembre 2025 à 18h30 une rencontre exceptionnelle avec Nazim Mekbel, autour de son ouvrage Saïd Mekbel, chroniques d’une vie (1963-1994).

Cet ouvrage ne se limite pas à la réédition des chroniques de Saïd Mekbel, membre fondateur et ancien rédacteur en chef du Matin (interdit par Bouteflika en 2004). Il rassemble également des manuscrits inédits, rédigés à l’automne 1994, où le journaliste analyse la situation du pays, les méthodes du FIS et des groupes terroristes, et raconte son quotidien menacé de mort. On y trouve aussi photos, caricatures et notes manuscrites intégrées par son fils pour contextualiser et prolonger la voix de son père.

Physicien devenu journaliste par conviction, Saïd Mekbel signa plus de 1 500 billets sous les pseudonymes d’El Ghoul puis Mesmar J’ha, combinant satire, lucidité et engagement. Comme il l’écrivait :

« Mon pays a plus besoin d’un journaliste que d’un physicien ».

Cette rencontre sera un moment de mémoire, de transmission et d’éclairage sur l’histoire récente de l’Algérie, invitant les jeunes générations à redécouvrir la voix d’un journaliste qui refusa de se taire.

Djamal Guettala 

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SNJT : la mobilisation s’amplifie pour la libération de Chadha Hadj Mbarek

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Chadha Hadj Mbarek
Chadha Hadj Mbarek. Crédit photo : DR

La scène médiatique tunisienne connaît une nouvelle secousse. À l’appel du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), un rassemblement est organisé ce mardi devant la Cour d’appel de Tunis pour soutenir la journaliste Chadha Hadj Mbarek, condamnée en première instance à cinq ans de prison dans l’affaire Instalingo. Une affaire devenue, pour beaucoup, le symbole d’un climat répressif visant la presse indépendante.

Un rendez-vous de solidarité qui dépasse la corporation

Le SNJT a choisi un moment clé : l’examen du dossier en appel. Dès 9h30, journalistes, militants des droits humains, syndicalistes, mais aussi simples citoyens, sont appelés à se rassembler pour exiger la libération immédiate de Chadha Hadj Mbarek et l’abandon des charges qui pèsent sur elle.

Pour le syndicat, l’enjeu dépasse le cas individuel : « La condamnation de notre collègue relève d’une instrumentalisation de la justice pour faire taire les voix professionnelles critiques », affirme l’organisation.

Selon le SNJT, le travail de Hadj Mbarek au sein de la société de production Instalingo appartient entièrement à l’activité journalistique, loin des accusations de complot, d’atteinte à la sécurité de l’État ou de diffusion de fausses nouvelles avancées par les autorités.

L’affaire Instalingo, turning point d’une dérive autoritaire

Depuis plus de deux ans, l’affaire Instalingo polarise la société tunisienne. Plusieurs journalistes, blogueurs, influenceurs, avocats et personnalités publiques y ont été arrêtés ou poursuivis.

Pour les défenseurs des libertés, ce dossier s’est progressivement transformé en machine judiciaire visant à intimider les voix dissidentes.

La condamnation de Chadha Hadj Mbarek en février 2025 avait suscité une vague d’indignation nationale et internationale. La Fédération internationale des journalistes (FIJ), Reporters sans frontières (RSF) et de nombreuses ONG ont dénoncé « une répression sans précédent depuis 2011 », pointant particulièrement l’usage du controversé décret-loi 54, souvent mobilisé pour sanctionner des contenus jugés critiques envers les autorités.

Une justice sous pression, une profession en première ligne

Le rassemblement annoncé traduit un malaise profond : la crainte d’un recul durable de la liberté de la presse en Tunisie, pays longtemps considéré comme l’un des rares espaces médiatiques pluralistes de la région.

Les journalistes tunisiens sont désormais confrontés à un double danger : la judiciarisation du travail journalistique et la criminalisation de la critique politique.

Dans ce contexte, la mobilisation du SNJT apparaît comme une tentative de défendre les derniers espaces d’expression encore ouverts. « Le procès de Chadha est aussi le procès de notre métier », affirment plusieurs journalistes tunisiens engagés dans la campagne de solidarité.

Un appel qui résonne au-delà de la Tunisie

L’affaire Chadha Hadj Mbarek trouve un écho particulier en Algérie, où les questions de liberté d’expression et de protection des journalistes restent sensibles.

Pour les observateurs algériens, la situation tunisienne illustre l’urgence de défendre les droits fondamentaux dans la région et de rester solidaires des professionnels visés pour leur travail d’information.

Ce qui se joue aujourd’hui à Tunis

Le rassemblement de ce mardi ne changera peut-être pas à lui seul l’issue judiciaire du dossier. Mais il rappelle une chose : la liberté de la presse, en Tunisie comme ailleurs, demeure un fragile équilibre, constamment menacé.

Pour le SNJT et ses partenaires, la bataille pour Chadha Hadj Mbarek est aussi celle pour l’avenir de toute une profession — et, au-delà, pour le droit du public à être informé librement.

Mourad Benyahia 

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