25 avril 2024
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Pourquoi le président Tebboune a tort de diaboliser l’endettement (II)

DECRYPTAGE

Pourquoi le président Tebboune a tort de diaboliser l’endettement (II)

Le dinar est né en 1964, une décennie après et malgré l’intensification des investissements pour le montage du tissu industriel dans le cadre de l’industrie industrialisante, modèle de développement choisi par l’Algérie, il était bien côté : 1 dinar pour 1 franc et 1 dinar pour 5 dollars.

 2- Le dinar continue de  subir des crises périodiques à cause de cette réorientation

Une année après sa valeur a été rattachée à un panier de 14 monnaies des pays avec lesquels l’Algérie avait des relations d’échange de toute sorte. L’assise industrielle qui a demandé un endettement interne et externe avait retardé à donner ses fruits et présentait des surcoûts pour être productive et restait désormais fortement dépendante de la vente des hydrocarbures. Il a suffit que le baril du pétrole s’effondre en juin 1986 pour d’abord surprendre le management de l’époque le mettant ainsi face à une crise qui le mènera jusqu’en  2005, année durant laquelle le prix du baril a commencé son redressement.

La première dépréciation a débuté sur la période 1986/1990, le dollar monnaie d’échange  a pris prés de 150% suivi une année après d’une autre de 22%. La fragilité économique de l’Algérie, déjà à cette époque n’a pas permis de surmonter la crise par sa propre immunité et l’a mené vers une cessation de paiement en 1994 pour procéder sur ordre du FMI, devenu co-gestionnaire dans le cadre du programme d’ajustement structurel  à une autre dévaluation de plus de 40%.

La décennie noire et les différentes catastrophes naturelles comme l’inondation de Bab El Oued  et les différents séismes ont par leur dégât humain et matériel accentué cette crise pour un Etat qui s’est désengagé de plus en plus de la vie économique au profit de l’artifice de débrouillardise.

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De nombreuses entreprises privées ont encré leurs ventouses autour d’un secteur public affaibli pour s’emparer de la rente. Leur stratégie est de viser le marché de consommation en Algérie en faisant travailler par l’importation de leurs imputs les étrangers.

Cette situation a favorisé un secteur économique parallèle qui prenait en charge les besoins des citoyens que l’Etat ne pouvait pas assurer. Il s’agit entre autres, des pièces de rechange pour les équipements, les équipements d’occasion jusqu’au usines complètes, les médicaments, les études à l’étrangers et le tourisme etc. Ce marché s’est imposé avec le temps pour dicter sa politique et faire des places algériennes un bazar grâce à la tolérance et parfois la complicité des pouvoirs publics.

A partir de 2005 le prix du baril de pétrole a repris son envolée jusqu’au décembre 2014 soit prés d’une décennie.

Les pics ont atteints parfois jusqu’à 160 dollars par baril mais la moyenne annuel pour le Sahara Blend s’établissait comme suit : de 2004 à 2005 43,56 à 58,64 dollars pour atteindre à 102 dollars en 2008. Un léger recul en 2009 autour de 63,95 puis poursuite de son ascension jusqu’au décembre 2014, année à partir de laquelle il est descendu au deçà des 50 dollars.

Cette période prospère a permis à l’Algérie d’abords de se désendetter par anticipation pour rembourser les 20 milliards de dollars restants, constituer un matelas de réserves d’échange qui dépassait les 200 milliards de dollars, combler le déficit budgétaire annuel et mettre de côté un fond de régulation des recettes qui avoisine les 50 milliards de dollars.

Mais au lieu d’utiliser  cet avantage pour redéployer son économie en la diversifiant pour tirer les leçons du passé, elle a repris son sommeil pour mener la situation économique là où elle est aujourd’hui. L’artifice de la planche à billets n’est qu’une solution provisoire pour surmonter les difficultés de la gestion courante : payer les fonctionnaires, boucher les trous du système de la protection sociale, payer les dettes des entreprises du bâtiment pour reprendre les prés d’un millions de logements en cours de réalisation etc.

Aucun dinar imprimé n’aura une contre-partie productive. Tout sera consommé comme d’habitude pour maintenir une paix sociale sans aucun sursaut économique. Quant à l’endettement extérieur, il pourrait être utilisé pour faire tourner des projets jusqu’ici en instance pour redynamiser l’activité économique avec un retour sur investissement garanti.

3- Pourquoi la volonté ne suffit pas pour enrayer le marché parallèle de devises 

La période de transition économique en Algérie qui a débuté les années 90  valse entre une démarche dirigiste et celle d’un désengagement parfois irréfléchi de l’Etat pour favoriser les pôles de Bazar un peu partout dans les régions du pays. Pour réguler ce cafouillage, les pouvoirs publics, édictent des règlent qui n’arrangent pas la sphère commerciale de cet ordre établi. Les acteurs qui ne trouvent leur compte dans l’économie réelle, contournent le circuit formel pour satisfaire leur besoin dans celui informel.

L’Algérie, contrairement à la Tunisie ou le Maroc, pays dans lesquels la différence entre du taux de change de ces deux marchés est minime à cause de la diversification et l’extraversion de leurs économies, est mono exportatrice pour prés de 98% d’hydrocarbures et importe prés de 75% des besoins des ménages et des entreprises. En outre la production nationale est très peu intégrée. Les experts estiment un taux d’intégrations entre 10 et 15%. Là où l’Etat par le biais de son système bancaire est défaillant, le complément se fait dans le circuit informel.

Pour les industriels : le complément de leurs imputs, les pièces de rechanges parfois même la formation. Pour les ménages, la précarité du système de santé, celui de l’éducation, du tourisme pour ne citer que ceux là, les contraint aussi de recourir au marché parallèle pour compléter leur besoin. Cette pratique est devenue une loi imposée par une nécessite pour laquelle les pouvoirs publics ne peuvent rien faire pour y remédier.

Ces dernières années, une autre forme alimente ce marché parallèle de devises, notamment l’euro, c’est le transfert massif de capitaux pour l’achat de l’immobilier à l’étranger notamment en Espagne. C’est un choix de sécurité pour fuir un pays où la transition vers une économie réelle prend du temps, le court du dollar et celui du baril  gouvernent sa destinée.

L’incertitude politique autour de la maladie du président, l’état de  psychose créée par les scandales financiers et la corruption font que de hommes d’affaires et citoyens de classe moyenne  vendent leurs biens pour acquérir des appartements et immeubles commerciaux bon marché dans la cité Ibérique. Même les petites bourses qui avaient pour habitude historique de thésauriser leurs économies dans l’or, se sont mis à le faire dans la devise de part la fluidité à l’échange.

Il n’y a pas une ville en Algérie qui ne dispose pas de bureau de change parallèle parfois plusieurs qui raflent tout ce qui vient de l’étranger et dirigent l’import /import. L’Etat, en dépit de sa volonté d’éradiquer l’informel, restera impuissant par la loi de la force populaire qui en exprime le besoin et la nécessite. Abdelmadjid Tebboune a affirmé à ses hôtes parmi les chefs d’entreprise qu’il a reçus avant son limogeage du poste de chef de gouvernement en 2017 qu’il irait au bout de sa démarche suite aux instructions qu’il a reçues du chef de l’État lui-même.

De quels démarche et dossiers s’agit-il ? « Nous avons la liste des biens achetés en France, en Espagne et ailleurs » leur dira-t-il. Dans le niveau où il était, et sachant pertinemment à qui il s’adressait, il n’aurait pas tenté de s’aventurer sur cette voie s’il n’avait pas de soutien présidentiel et les sommes en jeu aussi importantes. Qu’est-ce qui s’est passé exactement pour entraver son élan ? L’avenir nous le dira.

4- Comment l’exclusion de l’endettement réduit les marges de manœuvres du manager

Le fait que l’entreprisse notamment les plus grandes d’entre elles ne disposent pas d’excédent de trésorerie les contraint à des compromis partenariaux pour de nombreux projets sans risque. Pour le cas de Sonatrach par exemple, l’étude qui a lancée les jalons du mégaprojet SH30 a montré que 80% des investissements les hydrocarbures depuis l’indépendance sont consentis soit à côté des gisements déjà découverts (Near Field) ou prés des installations pétrolières et gazières.

En 34 ans soit depuis la promulgation de la loi sur hydrocarbures de 1986 qui a instauré le régime de partage de production à ce jour, les associées ont investi moins de 10 milliards de dollars pour transférer le triple alors que Sonatrach a investi en effort propre plus de 20 milliards de dollars pour un résultat non satisfaisant.

La prospection dans le frontier lui est laissée mais une fois les découvertes, le partenaire viendra juste pour partager le projet à forte croissance et valeur ajoutée sans prendre de risque. Le champ de TFT, très connu par les équipes de Sonatrach est mis en association pour des broutilles de 85,236 millions de dollars pour Total 73,224 millions de dollars pour Repsol pour un investissement global de 324 millions d’un programme additionnel de recherche et d’exploitation.

La part de Sonatrach est évaluée à 165,54 millions de dollars. Tout cela est nécessaire pour faire quoi ? Le forage de 11 nouveaux puits, l’installation d’une unité de compression de basse pression en amont de l’usine, et en l’optimisation du réseau de surface et de fonctionnement de l’usine.

Pour le projet d’Ahnet gaz, permis donné à Sonatrach depuis 2006 pour lequel elle a dépensé plus de 121 millions de dollars pour faire 11 découvertes dans les niveaux conventionnel (Dévonien) et non conventionnel (Tight au combro- ordovicien) compacts et fissurés pour des réserves totales en prouvées (P1) Probable (P2) et Possible (P3) évaluées à plus de 1654,184 milliards de m3 pour que 4 ans plus tard, Sonatrach le mette en partenariat avec Total pour 49/51% puis la française avait cédé 2 % à Partex pour que le tout traîne à ce jour suite au désistement des partenaires en 2014.

Si Sonatrach avait accès aux crédits bancaires pour le développement sans risque de ses découvertes, elle n’aurait pas eu recours au partenariat là où il ne le faut pas. Les exemples ne manquent pas.

5- Conclusion

Pour les gisements découverts dont les réserves ont été évaluées et ne comportent aucun risque parfois même leurs plans de développement (POD) ont été établis, le partenariat est moins rentable en comparaison à l’endettement avec des taux d’intérêt négociés car dans ce cas l’associé viendrait partager la rente pour une prospection déjà réalisée et le risque supporté par Sonatrach. Il faut dire aussi que dans le moyen terme, Sonatrach qui agit pour le compte de l’Etat devra compter plus sur le gaz que le pétrole brut qui servira feedstock pour les raffineries algériennes.

Contrairement à ce qui est colporté ici et là par les lobbies, Sonatrach jouit d’une réputation de fournisseur commercialement crédible en Europe qui est son marché traditionnel. Il se trouve que ces derniers temps, une mauvaise gestion de la maintenance  des gisements a accentué le déclin qui l’a rendu parfois défaillante en donnant la possibilité à la concurrence qatarie et aux gaz de schiste américains de chasser sur son terrain (03).

Avec cette chance qui à quelque chose malheur est bon, le projet Nord Steam 2, ce gazoduc dont la capacité est supérieure au total des exportations algériennes 55 contre 45 milliards de m3  est retardé pour probablement le long terme, Sonatrach devra faire tout son possible pour satisfaire la demande de ses clients à travers les trois points de sortie du gaz algérien vers l’Europe.

Rabah Reghis                                                                                                           

Renvoi

(03)-https://www.mees.com/storage/tPw9QG2n22pFqMba3jxzrtB3l77S3rmWWb4wFqnh.pdf

Auteur
Rabah Reghis

 




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