3 mai 2024
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 Promo phare de l’Aïd al-Adha : le mouton de « panne-urge »

REGARD

 Promo phare de l’Aïd al-Adha : le mouton de « panne-urge »

Puisque la crise politique perdure, que le blocage constaté risque d’impacter fortement une hausse du chômage atteignant déjà les 11%, de plonger gravement l’économie algérienne dans le rouge, il apparaissait donc urgent (aux yeux du pouvoir) de débloquer la situation en mettant sur orbite optimale un panel désormais segmenté en « commissions » chargées d’aller faire les emplettes nécessaires à la confection de la grande chakchouka.

Pour la réussite du plat, les professionnels conseilleront aux cuisiniers en herbe de se procurer 1 piment (doux ou fort), 2 œufs, 2 tomates, 2 oignons, 2 poivrons (rouge et vert), 4 merguez, de la coriandre fraîche et de l’huile d’olive, soit presque autant d’ingrédients que le nombre des membres composant l’arrière cour, ou antichambre, d’El Mouradia.

Bien qu’en odeur de sainteté du côté de l’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), ses moutons de « panne-urge » seront tondus avant l’heure pour avoir osé pâturer dans le champ de la justice, chasse gardée du généralissime Ahmed Gaïd-Salah, « chef d’inculpation » en ligne directe avec les procureurs du magistère. À l’écoute de ses ultimatums, ces juges d’instruction appliquent des charges aux géométries variables, rédigent les procès-verbaux pendant que des intercesseurs supposés attitrés dressent le couvert des consultations comestibles, la table des négociations au dessus de laquelle sera, en ultime ressort, reformulée la recette royale de l’auberge espagnole : la Présidentielle.

Toutes les brigades de la précieuse alliance demeurant braquées sur cet objectif, les plus mordants du « Hirak » se disent prêts à aiguiser les couteaux, à sortir, à la veille de l’Aïd el-Kébir, les tripes, pas uniquement pour respecter le rituel à suivre juste après le sacrifice animalier, mais aussi en vertu d’une prononcée « désobéissance civile » à même de prouver ce que chacun a vraiment dans le ventre. Viatique essentiel, le déterminisme in situ ne sera pourtant pas le facteur avantagé au moment de la cooptation des postulants enclins à concrétiser la naissance de l’instance ou office ad hoc. C’est ce que précisera d’ailleurs l’économiste Smaïl Lalmas lorsque, approché par le quotidien El Watan, il révélait avoir « (…) été sollicité pour participer à trouver une solution à la crise (…) », cela non pas en regard à des actions antérieures connues, répertoriées et vérifiables via la lecture de quelques sources documentaires, mais parce que son patronyme « (…) a circulé dans plusieurs wilayas ».

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L’entretien accordé audit périodique révèle bien le manque flagrant de gages sélectifs, qu’il « (…) n’y a(vait) pas de critères (…) », que certaines figurent furent appréciées car plus ou moins connues alors que d’autres se détacheront subitement de la « toile » une fois le patronyme apparu « (…) sur les réseaux sociaux » (S. Lalmas, in El Watan, 04 août. 2019). Circuits d’influences, ceux-ci serviront donc de guides, permettront de livrer (aux internautes ou pas) le profil des bons clients, ceux suffisamment malléables pour adhérer au processus conduisant à accepter un scrutin garantit « libre et transparent », termes remémorant les législatives amorcées en décembre 1991 et brutalement stoppées dès janvier 1992 en raison de l’inévitable victoire du Front islamique du salut (FİS).

À l’avenir, pour éviter de se tromper, de se méprendre sur le choix de celles et ceux en mesure d’incarner au mieux le « Hirak », nous recommandons toujours de retenir des protagonistes dont les interventions épistolaires ou engagements politiques témoignent d’une constance d’esprit, d’opter donc en faveur des intellectuels et/ou militants Louisa Dris-Aït Hamadouche, Nacer Djabi, Rachid Tlemçani, Madjid Bencheikh, Mokrane Aït Larbi, Mustapha Bouchachi, Amira Bouraoui et Hakim Addad. Fondateur et ex-secrétaire général du « Rassemblement actions jeunesse » (RAJ, agréé en mars 1993), ce dernier agit présentement au sein du « Comité soutien et vigilance du mouvement du 22 Février ». İnterrogé par le quotidien El Watan du 05 octobre 2018 à l’occasion du trentième anniversaire de la sanglante répression, il soulignait alors que les tenants du soulèvement restent « (…) toujours d’actualité : crise financière, économique et sociale, les Algériens souffrent de la misère, du chômage, de la cherté et de la précarité de la vie, sans oublier la bureaucratie, la corruption à grande échelle, les jeunes qui fuient le pays, les contestations au sud comme au nord du pays se généralisent.

La fuite en avant et le désengagement de l’État mettent en péril la cohésion sociale et l’unité nationale qui n’ont jamais été aussi menacées. ». Une fois émis ce constat, l’interviewé appelait « Les forces vives et progressistes avec toutes leurs composantes – associations, syndicats, partis politiques et l’élite nationale – à conjuguer tous leurs efforts pour créer les synergies nécessaires et engager un débat large et constructif qui autorisera l’avènement d’une République démocratique et sociale».

Quatre mois et demi après cette proposition, la conscientisation générale (à laquelle il est, au même titre que les sept autres visages mis en exergue, partie prenante et agissante) prenait forme et aboutissait non seulement à l’éviction d’Abdelaziz Bouteflika mais aussi et surtout à la totale remise en question du système né après les soubresauts de l’été 1962, période suivie des renonciations de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), la syndicale décidant de rentrer, dès le début novembre, sagement dans les rangs, d’obéir aux caciques de l’Armée des frontières. Beaucoup de généraux à ce jour en fonction sont, par leurs modes de fonctionnement et de pensée, leurs héritiers directs, ne symbolisent à ce titre aucunement les moudjahidine de de l’intérieur, et c’est ce que viendront leur dire, durant le grandiose défilé du 05 Juillet 2019, Djamila Bouhired et Zohra Drif-Bitat, deux égéries autour desquelles nos huit élus distingués ont à se regrouper (pourquoi ne l’ont-ils pas déjà fait, voilà l’une des questions en suspens ?)

Le retrait tactique des moutons de « panne-urge » positionnerait au devant de la mêlée dix convoqués dès lors en mesure de rencontrer les représentants de l’état-major, de les pousser dans leur extrême retranchement, puisqu’il s’agit encore d’appuyer l’hypothèse pertinente de l’anthropologue Abderrahmane Moussaoui arguant que la mentalisation de la population mobilisée dès le 16 février 2019 ressort du « (…) travail de fond de certaines élites, (dont les) éclairages et dénonciations ont fini par être en phase avec une majorité aujourd’hui mieux préparée, plus réceptive et assurément disposée à la rupture ». (A. Moussaoui, in El Watan, 20 mars. 2019).

Cette césure ne pouvant être provoquée ou venir des moutons de « panne-urge », d’une brochette décidée (par opportunisme ou pas) à mettre les pieds dans le couscoussier (quelques uns, notamment Ammar Belhimer, semblent sincères), nous préconisons de sélectionner prioritairement celles et ceux à l’origine de l’espérée décantation. Leur prêter plus d’attentions, c’est séparer le bon grain de l’ivraie, signaler que le « dialogue direct avec l’Armée : c’est vraiment la solution sine qua non ! « , conviction que nous tentons, jusque-là en vain, de valider. Nous la partagerons d’abord à partir des textes « Focus sur des individus et événements contributeurs du Hirak 2019 » et « Un Hirak en attente de guides, de l’homme providentiel ou d’une issue de secours ?  » (publication sortie au sein du Matin d’Algerie, Reporters et HuffpostAlgérie), façon de préciser que sans la nomination liminaire des candidats à la confrontation, il deviendra fort compliqué « (…) d’échapper à une cooptation manigancée d’avance ».

L’extrait des propos diffusés en octobre 2018 par le tabloïd El Watan resitue aussi l’entendement de son auteur (Hakim Addad), lequel méritait plus d’écoutes, mais en assertant que persistent « (…) des associations écrans manipulées par l’ex-police politique comme la LADDH (Ligue de défense des droits de l’homme) ou le RAJ (Rassemblement Action Jeunesse) », le webzine Mondafrique du 20 mai 2019 jetait un pavé dans la mare, participait, à la confusion et division générale. Se référant au rapport prétendu « sans concession » du blog « Strategika 51 intelligence », Nicolas Beau (vérifier ses informations avant de les prendre pour « argent comptant ») affirmait concomitamment que les circuits interlopes de l’ex-Direction du renseignement et de la sécurité (DRS) « (…) rejettent toute idée de présidentielles (…), parce qu’ils ne sont plus en mesure d’en contrôler l’issue par la fraude », voudraient par conséquent reprendre en main les manettes du jeu de dupes, mobilisent à ce titre «(…) leurs innombrables clientèles au sein de la société et des faux partis politiques, repassent à l’offensive ». Bien que démantelée en 2015, la police politique bénéficierait de passerelles souterraines et dormantes : celles de l’État profond.

Jouissant « (…) du soutien et des moyens de l’administration (il) privilégie les cooptations arbitraires ou les désignations de personnes “dociles”, corrompues et faciles à contrôler aux postes exécutifs », une thèse qui réjouira probablement le politologue Bélaïd Abane. Elle dément cependant à contrario ses propres argumentations sur le sujet, les méthodes décrites demeurant celles couramment employées par le Haut commandement militaire (point renforçant l’idée que HCM et DRS, c’est « kif-kif bourricot ») pour mettre en place le transitoire « Panel pour le dialogue et la médiation ».

Comme à l’époque du Haut comité d’État (HCE habilité à diriger, du 14/01/1992 au 30/01/1994, collégialement le pays de l’Émir Abdelkader), ce conglomérat occasionnel adoube un conseil de sages et de salut public. Président de la commission politique, Ammar Belhimer certifie que son rôle est de combler le vide institutionnel et de conjointement « (…) réunir le consensus requis pour une élection présidentielle » (A. Belhimer, in L’Expression, 07 août. 2019) Précisant ne pas parler au nom du mouvement populaire, le professeur en droit fera remarquer que, principal ressort de l’arbitrage, les partis politiques sont victimes « (…) de leur érosion continue dans la production de la médiation » (İbidem).

Créés conjoncturellement dans le but d’assoir un pseudo-multipartisme ou de servir de rampe de lancement à l’adoubé de l’état-major de l’Armée, les nombreux groupuscules satellites n’existent qu’en tant que pions mouvants d’un échiquier à recomposer entièrement.

Ces « coquilles vides » devraient donc disparaître, au même titre d’ailleurs que le Front de libération nationale (FLN), relique à ranger au musée de l’Histoire. Baisser le rideau de cette boutique et autres échoppes de quartier (servant essentiellement de caisses de résonnances) crédibilisera probablement la prochaine élection, rendez-vous que le commandeur Gaïd-Salah souhaite précipiter dans l’optique d’en maîtriser le temps d’élaboration.

Si le comble de tout horloger est de « Reculer devant une pendule qui avance », celui d’Abdelkader Bensalah consiste à transformer un statut de potiche en vases communiquant, tâche éminemment improbable car une telle conversion suppose qu’il ambitionne de s’émanciper de ses tuteurs patentés, de devenir le véritable berger des moutons de « panne-urge », de concrétiser des préalables indispensables au bon déroulement du processus démocratique.

Sans la persistance et clairvoyance de baroudeurs expérimentés capables de fissurer continuellement la chape autoritaire, de lever ou contourner les nombreuses embûches structurelles, il n’y aura pas davantage de Révolution en Algérie. Nous affinerons ce verdict en septembre-octobre 2019 et le posterons sur le canal habituel. 

Auteur
Saâdi-Leray Farid. Sociologue de l’art

 




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