23 avril 2024
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Un peuple et un rendez-vous avec l’histoire d’une jeunesse

Marche du 1er mars

Un peuple et un rendez-vous avec l’histoire d’une jeunesse

Énorme et grandiose était la manifestation ce vendredi 1er mars.  Telle qu’ils l’ont voulu, ils l’ont fait : ils étaient des centaines de milliers à travers le territoire national à battre le pavé et à braver l’interdit, les menaces et les tentatives d’intoxications et de manipulation.

Comme ils l’ont imaginée et dessinée, la marche contre le système Bouteflika était pacifique, populaire et en familles. Femmes, hommes, vieux et vieilles, jeunes et moins jeunes, tous sont descendus dans la rue. Ceux qui sont restés chez eux, ils avaient les balcons et les terrasses pour apporter leurs encouragements à la grande procession, applaudie et accompagnée de youyous tout le long du parcours. Une répartition des tâches spontanée et volontiers. Ils n’avaient pas besoin de réunions, chacun connaissait son rôle dans cet ultime tournant de sauvegarde de l’Algérie. C’est comme la Chine en commune !

Appréhendant les coups fourrés du régime et confronté à l’équation à plusieurs inconnues, celle de l’état de mobilisation, la nuit était très longue pour un nombre, parmi ceux qui comptaient manifester aujourd’hui. Mais il y avait de la détermination et de la conviction pour transformer la nuit en veillée d’armes, comme c’est la dernière, celle qui précède la chute de la dictature. C’est le rendez-vous avec l’histoire, revendiqué et clamé par beaucoup de jeunes pour mobiliser et renforcer les rangs.  

Des familles entières ou des groupes d’amis s’attelaient à confectionner des banderoles et à préparer des pancartes. Les cuisines ont été transformées à l’occasion en ateliers. Katia, 22 ans de Tizii-Ouzou s’affaire avec les membres de sa famille aux derniers préparatifs dans la cuisine ou s’entassent pancartes, aux mots d’ordre « non au 5ème mndant » «  l’Algérie est une République, pas une royaume »,  et des packs de bouteilles d’eau.

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À Oran, Majda, Raja, Akram et Redouane, étudiantes en médecine et membres d’association citoyenne, mettaient en forme les mots d’ordre et ils répétaient des chants. Car ils comptaient accompagner la manifestation en fanfares et avec un orchestre. Et d’autres jeunes, de toutes les villes, étaient occupés à diffuser massivement, via les réseaux sociaux, les consignes à observer pendant les manifestations.

C’est la commune de Imechdalen, dans la wilaya de Bouira, qui ouvre le bal aux environs de 10 heures puis Ghardaïa au sud de l’Algérie. À Annaba, les premiers groupes ont commencé à se former au niveau du Cours de la Révolution. Ghazi, un jeune étudiant, joyeux de participer à sa première manifestation, s’apprêtait à s’y rendre avec sa mère et des amis. Au même moment, les premières images de la manifestation à M’Sila commencent à circuler sur les réseaux sociaux.  Et aussi la fronde à l’intérieur de certaines mosquées, dont l’Istiqlal à Constantine et celle de l’université de Bab El Ezzouar, contre les imams du régime qui prêchaient « l’obéissance au tuteur (le gouvernant) ».

Et loin de cette guéguerre, Amira, étudiante, tente à Constantine d’organiser le départ des filles en groupe pour y être à la fête, pour « disputer » la rue aux hommes et lui donner d’autres couleurs. Car il s’agit de construire demain : « l’Algérie démocratique et des libertés ». Pari tenu : elles étaient nombreuses dans toutes les manifestations. Majda arborait fièrement à Oran son pancarte où on peut lire, « pour la justice sociale ». Djamila Bouhired

À Alger, la police essayait vainement de disperser les premiers groupes de manifestants à la place du 1er Mai avant la déferlante, des marées humaines qui déversaient de Bab El Oued et sur la rue Didouche Mourad, plein centre d’Alger.  La présence de la moudjahida Djamila Bouhired était le moment culminant de la procession au niveau de la rue Didouche Mourad. Elle a été accueillie par «  Djazair Chouhada ( Algérie des Martyrs ) »  et des youyous qui fusent de partout, de la rue et des balcons. À cette heure-ci, toute l’Algérie, à travers plusieurs villes, Bejaia, Tizi Ouzou, Setif, Batna, Annaba, Constantine, Ghardaia, Thenès, Mila…, était mise en branle. Les mêmes mots d’ordre et slogans qui sont devenus un chant, un hymne : «  Djazair hora democratia ( Algérie libre et démocratique ) », « makenech al khamsa, jib le BRI wa zid al saaka ( pas de 5ème mandat et vous pouvez faire appel au BRI, Brigade d’intervention, et les forces spéciales ) », «  makenech al khamsa, la Said la Bouteflika ( il n’ y a pas de 5eme mandat, ni Said ni Bouteflika ) », «  kelitouha ya sarakine ( vous l’avez pillé, voleurs ) ».

Un nouveau slogan vient de voir le jour s’adressant à Ouyahia, le premier ministre, à la suite de ses menaces et son chantage : «  Ouyahia, Dzair machi sourya (Ouyahia, l’Algérie n’est pas la Syrie ) où «  koulou el Ouyahia wa hadhak Bouchouareb, aw makach khamsa fadhou lekwaleb ( dites à Ouyahia et l’autre Bouchouareb, chef du FLN et président de l’APN, il n’ y a pas de 5ème et les malices sont finies )».

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Des manifestants qui se sont organisés parfois en bouclier pour éviter des frottements entre la police anti-émeute et le reste des manifestants. Il semble qu’à la tombée de la nuit, des échauffourées se sont éclatée entre des jeunes de quartiers d’Alger et les brigades de la police. Il serait à la suite de la circulation d’une information faisant état du décès d’un jeune, victime d’une chute. Nombreux jeunes souffrant des effets de gaz de lacrymogène sont cantonnés et secourus, selon certaines sources, au niveau du siège de la télévision nationale et l’hôtel Djazair (Saint Georges). Des appels relayés dans les réseaux invitaient les jeunes de rentrer chez eux pour éviter les provocations et les tentatives de pourrissement menées par certains cercles du pouvoir.

Le peuple vient de remporter encore une bataille dans la rue contre le régime dictatorial et mafieux. De quoi sera fait demain ? Il ne peut être qu’enchantant, comme il est rêvé par Ghazi, Assia, Zoulim, Raja, Akram, Majda et toute la jeunesse algérienne, qui a fait le serment à travers un slogan, scandé à Oran, « de juger les voleurs, Ouyahia, Haddad et les autres, et de ne plus tenter la fuite dans une barque », qui signifie la fatalité et la mort. Mais il est temps d’essayer la vie en chassant la cause de leurs malheurs.

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Auteur
Youcef Rezzoug

 




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