Ahmed Amzal est le reflet d’une âme passionnée, c’est un chanteur de grand talent, très discret, qui chante depuis de longues années. Ahmed Amzal est de la Kabylie profonde, de Djebla d’Aït Ksila, un village qui domine majestueusement la mer, l’un des plus beaux villages kabyles soigneusement préservée.
L’artiste émerveille par ses créations musicales de qualité, il a une voix qui apaise, qui force le respect, car elle vient du cœur, elle émeut, elle envoûte ; elle captive chargée d’émotion, c’est le ciel touchant la mer, c’est la montagne fière, c’est aussi la fascination et l’élévation spirituelle du désert.
Même s’il se fait rare sur scène, il continue discrètement à composer dans un effort sans cesse passionné soucieux de la qualité et du bon travail.
Sans crier gare, ce chanteur originaire du célèbre village de Djebla éblouit l’oreille par un chant harmonieux qui fend les airs comme par magie pour laisser une empreinte poétique élevée, pour que nul n’oublie.
Le Matin d’Algérie : Vous chantez depuis de longues années, qui est Ahmed Amzal ?
Ahmed Amzal : Je suis un artiste d’expression kabyle passionné de musique, né et élevé dans le magnifique village de Djebla d’Aït Ksila, en Kabylie maritime. Mon nom d’artiste, « Amzal », est tout simplement un clin d’œil à ma région natale de l’Aarche Imzalen.
J’ai commencé à composer et à chanter dès mon adolescence. Les débuts de carrière des artistes tels que Amar Ikhenoussen et Hamid Ouagrani, mes compagnons de l’époque, m’ont beaucoup inspiré, mais la condition de chanteur était très mal vue par le contexte social de cette période. En outre, comme beaucoup d’artistes, je devais trouver un équilibre entre ma passion pour la musique et les responsabilités de la vie quotidienne.
Cependant, c’est lors de mon exil que j’ai réellement renoué avec ma passion pour la musique, où j’ai rencontré et côtoyé de nombreux artistes talentueux, qui m’ont encouragé à poursuivre mes aspirations musicales, à l’image du regretté Mouhoub Ali, paix à son âme, originaire du village Taguelmimt d’Ait Ksila. La chanson est devenue pour moi une échappatoire, un exutoire, face aux difficultés de l’exil, un moyen d’exprimer mes émotions, mes expériences et mes réflexions sur l’amour, la société et bien d’autres sujets.
Je suis un fervent défenseur de l’authenticité et de la sincérité dans la musique, et je m’efforce toujours de partager des histoires vraies et des émotions profondes avec mon public.
Ma musique est l’expression profonde de mes sentiments, de mes expériences et de mes valeurs, et j’espère qu’elle continuera à toucher les cœurs et les esprits de ceux qui m’écoutent.
Le Matin d’Algérie : Vous avez beaucoup de talent, pourtant vous êtes si discret, à quoi est-ce dû ?
Ahmed Amzal : En ce qui concerne ma discrétion, je pense que cela découle de ma personnalité et de ma vision artistique. Pour moi, la musique est avant tout une forme d’expression authentique et personnelle, plutôt qu’un moyen de recherche de la renommée ou de la célébrité.
Je préfère laisser ma musique parler pour moi-même. De plus, je suis profondément attaché à ma vie privée et à ma famille, ce qui peut également contribuer à ma réserve en tant qu’artiste. En fin de compte, je crois que la qualité et la sincérité de mes compositions artistiques parleront d’elles-mêmes, et je préfère me concentrer sur la création de belles œuvres plutôt que sur la recherche d’une certaine forme de gloire.
Le Matin d’Algérie : Quels sont les chanteurs kabyles qui vous influencent ?
Ahmed Amzal : Des artistes légendaires tels que Slimane Azem, Cherif Kheddam et El Hasnaoui, ont profondément influencé ma musique et mon approche artistique. Leurs chansons ont nourri mon inspiration et ont contribué à façonner mon identité musicale. Slimane Azem est l’une des figures les plus emblématiques de la musique kabyle. Ses chansons engagées et poétiques, souvent inspirées par les thèmes de l’exil, de l’amour et de la nostalgie, ont eu un impact profond sur moi. Son style unique et sa capacité à capter l’essence de notre identité à travers sa musique m’ont inspiré à chercher ma propre voie artistique.
Le Matin d’Algérie : Quel regard portez-vous sur la scène artistique algérienne, particulièrement kabyle d’aujourd’hui ?
Ahmed Amzal : La scène artistique kabyle d’aujourd’hui est dynamique et diversifiée, avec de nombreux artistes émergents apportant de nouvelles perspectives et des sonorités innovantes à la chanson kabyle. Cependant, malgré ces avancées, il reste des défis à relever, notamment en ce qui concerne la promotion et la diffusion de la musique kabyle au-delà des frontières régionales.
Les réseaux sociaux jouent un rôle crucial dans cette évolution, offrant aux artistes de nouvelles plateformes pour partager leur musique et interagir avec leur public à l’échelle mondiale. Mais cette montée en puissance des réseaux sociaux a également contribué à une ruée vers la chanson commerciale, parfois influencée par d’autres genres, caractérisés par un langage moins raffiné et des compositions moins soignées. Cette tendance, peut diluer les valeurs et les traditions culturelles profondément ancrées dans la chanson Kabyle.
Je pense qu’il est donc important que nos artistes maintiennent un équilibre entre l’innovation et la préservation de leur héritage culturel, en veillant à ce que leurs créations reflètent toujours nos valeurs et nos traditions.
En naviguant habilement entre les nouvelles possibilités offertes par les réseaux sociaux et les défis posés par la commercialisation, nos artistes peuvent continuer à jouer un rôle central dans la préservation et la promotion de la chanson kabyle, tout en s’adaptant aux réalités de notre époque numérique.
Le Matin d’Algérie : Avez-vous des projets en cours ou à venir ?
Ahmed Amzal : Actuellement, je suis concentré sur la création de nouvelles compositions. J’aspire évidemment à continuer d’explorer les thèmes qui me sont chers, tels que l’amour, l’exil, la société …, à travers ma chanson. En parallèle, je suis ouvert à de nouvelles collaborations avec d’autres artistes talentueux, à l’instar du poète-parolier Hamid Ait Said que je salue au passage, car je crois en l’enrichissement mutuel que peuvent apporter ces échanges créatifs.
J’espère pouvoir me produire sur scène dès que les conditions le permettront. En somme, je reste passionné et engagé dans mon travail artistique, et je suis très enthousiaste à l’idée de partager de nouvelles créations avec mes fans dans un avenir proche.
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Le Matin d’Algérie : Un dernier mot peut-être ?
Ahmed Amzal : Je voudrais simplement exprimer ma gratitude envers tous ceux qui m’ont soutenu, aidé et encouragé au fil des ans, ainsi que pour cette opportunité de partager un peu de moi avec votre lectorat. La musique est une force puissante qui unit les gens et transcende les frontières, et je suis honoré si j’ose dire par ma très modeste contribution à cet héritage en tant qu’artiste.
Je reste déterminé à continuer à créer, à partager et à célébrer la richesse de notre culture à travers mes chansons. Merci à tous pour votre soutien et votre amour.
Entretien réalisé par Brahim Saci
PS : Je remercie le journaliste Hamid Banoune pour son aide précieuse.
Tiens, On lui a pas demandé si la musique n’est pas haram ou comme soûl king il fait de la musique propre. C’est pour les auditeurs… moi , je m’en fous, je n’écoute que les chant des cigales le jour et des grillons la nuit.