Une équipe de chercheurs internationaux a réussi à identifier un variant du gène OAS1 impliqué dans la protection contre les formes graves de Covid-19. Cette étude publiée récemment dans Nature genetics souligne également l’importance de la collaboration entre chercheurs, l’inclusion et l’étude des profils génétiques autres que ceux d’origine européenne.
Actuellement, la pandémie de Covid-19 est caractérisée par les formes graves de l’infection responsables de décès et d’hospitalisations avec comme conséquence la saturation des services de soins.
Plusieurs facteurs de risque qui favorisent ces formes ont été identifiés comme les maladies cardiovasculaires, l’obésité, le diabète et l’âge. Comme dans plusieurs maladies, les facteurs génétiques ont aussi un rôle très important, ils sont soit favorisant soit défavorisant. L’objectif de cette équipe de recherche était de mettre en évidence le rôle de la génétique dans la maladie de Covid-19.
Auparavant, un segment d’ADN de 17kb hérité de l’homme Neandertal présent chez les populations d’origines européennes, a été déjà identifié. Il comporte 3 gènes OAS1/2/3 codant pour des protéines impliquées dans l’immunité.
Ce segment d’ADN confère une protection à son porteur contre les formes graves. La présence de plusieurs variants a rendu difficile la détection de la séquence protectrice avec précision. La disparité dans l’infection et les formes graves entre européens et africains a attiré l’attention de ces chercheurs qui ont étudié et comparé les profils génomiques.
En effet, cette analyse a inclus des personnes d’ascendance africaine (2 787 patients Covid-19 hospitalisés et 130 997 témoins issus de 6 cohortes de différentes pays). Ils ont constaté chez 80% des personnes avec ascendance africaine la présence d’un variant OAS1 (rs10774671-G) qui est aussi présente chez les individu d’origine européens.
Ce variant protecteur détermine la longueur de la protéine codée par le gène OAS1. Plus la protéine codé est longue plus elle est efficace dans la destruction du virus SARS-coV2.
« Le fait que les personnes d’ascendance africaine aient la même protection nous a permis d’identifier le variant unique de l’ADN qui protège réellement de l’infection au Covid-19 » a déclarée Jennifer Huffman, première auteure de l’étude sur le site de l’Institut suédois Karolinska.
Depuis l’automne 2019, le SARS-coV2 responsable de la pandémie de Covid-19 a suscité une intensification de la recherche avec la mobilisation de moyens humains et techniques important. Des connaissances se sont accumulées au fils des mois et ont permit de mettre au point différents vaccins et médicaments anti-viraux.
De plus, la découverte de cette cible va permettre d’accélérer la recherche pour d’autre solutions thérapeutiques « Le fait que nous commencions à comprendre en détail les facteurs de risque génétiques est essentiel au développement de nouveaux médicaments contre le Covid-19 », déclare le co-auteur, Brent Richards, professeur à l’Université McGill en Canada.
Enfin, cette étude a démontré la nécessité de prendre en considération dans les différentes études la diversité génétique. « Cette étude montre à quel point il est important d’inclure des individus d’ascendances différentes. Si nous n’avions étudié qu’un seul groupe, nous n’aurions pas réussi à identifier le variant du gène dans ce cas », rappelle le Pr Hugo Zeberg l’auteur correspondant de l’étude.
Dr Tarik Yadaden