3 mai 2024
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Les Irakiens attaquent l’ambassade américaine, le Pentagone envoie des renforts

EXPRESS

Les Irakiens attaquent l’ambassade américaine, le Pentagone envoie des renforts

Le Pentagone a envoyé des renforts sur place pour protéger ses ressortissants des manifestants qui ont pénétré dans ce lieu ultrasécurisé.

Dix-sept ans après que les troupes américaines eurent envahi l’Irak de Saddam Hussein, les Irakiens s’en prennent à leur ambassade.

La tension continue de grimper entre les États-Unis et l’Irak. Après des raids américains, lundi, contre les bases d’une faction pro-Iran, le gouvernement irakien s’est déjà dit «  forcé de revoir ses relations » avec les États-Unis. Ce mardi, des milliers de manifestants ont attaqué l’ambassade des États-Unis à Bagdad, brûlant des drapeaux, arrachant des caméras de surveillance et criant « Mort à l’Amérique ! ». La foule en colère protestait contre les raids aériens américains qui ont tué dimanche 25 combattants des brigades du Hezbollah, un groupe armé chiite irakien membre du Hachd al-Chaabi, une coalition de paramilitaires dominée par des factions pro-Iran et intégrée aux forces régulières.

Les participants au cortège funéraire de 25 combattants tués sont parvenus à traverser sans encombre l’ensemble des checkpoints de l’ultrasécurisée zone verte de Bagdad, où siège l’ambassade. Ils ont ensuite organisé un sit-in devant l’ambassade et mené la prière en mémoire des 25 combattants tués, avant de parvenir à franchir la première enceinte du gigantesque complexe ultrasécurisé. Les forces américaines ont alors tiré des grenades lacrymogènes et assourdissantes depuis l’intérieur de la chancellerie. Le Hachd a fait état de 20 blessés. L’ambassadeur américain se trouve actuellement hors d’Irak, selon une source diplomatique. Les manifestants se trouvaient toujours en milieu de journée dans l’enceinte de l’ambassade.

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Les États-Unis ont réagi en dépêchant des renforts militaires pour protéger l’ambassade américaine, a annoncé le ministre américain de la Défense, Mark Esper. « Nous avons pris des mesures de protection appropriées pour assurer la sécurité des ressortissants, militaires et diplomates américains dans le pays, et pour assurer notre droit à l’autodéfense. Nous envoyons des forces supplémentaires pour soutenir notre personnel à l’ambassade », a-t-il déclaré dans un communiqué. Pour l’instant, Washington n’entend pas évacuer les bâtiments. « Le personnel américain est en sécurité et il n’y a eu aucune brèche. Il n’y a aucun plan visant à évacuer l’ambassade à Bagdad », a assuré un porte-parole du département d’État américain dans une déclaration communiquée à la presse. Il a précisé que l’ambassadeur des États-Unis Matt Tueller, absent pour un « voyage personnel », était en train de regagner la mission diplomatique dans la capitale irakienne.

Le président américain Donald Trump a de son côté accusé l’Iran d’avoir « orchestré » l’attaque de l’ambassade et appelé l’Irak à utiliser ses forces pour la protéger. « L’Iran orchestre une attaque contre l’ambassade américaine en Irak. Ils seront tenus pour pleinement responsables. De plus, nous attendons de l’Irak qu’il utilise ses forces pour protéger l’ambassade », a-t-il déclaré sur Twitter.

La présence des dirigeants du Hachd

Avant l’attaque de l’ambassade, les manifestants avaient brûlé des installations de sécurité à l’extérieur de l’ambassade, arraché les caméras de surveillance, jeté des pierres sur les tourelles de ses gardes et couvert les vitres blindées avec des drapeaux du Hachd et des brigades du Hezbollah. « Non à l’Amérique », ont-ils écrit sur un mur. « Fermé sur ordre des brigades de la résistance. »

Les plus hauts dirigeants du Hachd – des officiels de l’État irakien qui interagissent régulièrement avec les officiels américains – étaient présents, ont constaté les journalistes de l’Agence France-Presse. Que Faleh al-Fayyadh, numéro un du Hachd et conseiller du Premier ministre pour la sécurité nationale, ou Hadi al-Ameri, chef du bloc parlementaire du Hachd, « soient impliqués en dit long sur l’échec de la politique des États-Unis et la nature de l’État irakien qu’ils ont aidé à créer », estime Fanar Haddad, spécialiste de l’Irak.

Le Premier ministre démissionnaire irakien Adel Abdel Mahdi les a appelés à se retirer. « Les forces irakiennes interdiront rigoureusement toute atteinte à une représentation diplomatique », a-t-il prévenu.

Représailles américaines

Les frappes américaines ont eu lieu en représailles à la mort vendredi d’un sous-traitant américain dans la onzième attaque à la roquette en deux mois, non revendiquée mais attribuée par Washington aux brigades du Hezbollah. Depuis, le sentiment antiaméricain n’a cessé d’être exacerbé par les partisans pro-Iran en Irak, pays secoué depuis le 1er octobre par une révolte populaire qui dénonce le pouvoir irakien accusé de corruption et d’incompétence, de même que l’influence grandissante de son parrain iranien. Les factions armées et politiques pro-Iran mènent une vaste campagne pour dénoncer l’accord de coopération américano-irakien qui encadre la présence de 5 200 soldats américains en Irak.

Les forces américaines, qui ont envahi l’Irak en 2003 et renversé le dictateur Saddam Hussein, se sont retirées du pays en 2011. Mais des troupes sont toutefois revenues en 2014 dans le cadre de la coalition internationale contre le groupe djihadiste État islamique (EI). Durant les trois années de guerre contre l’EI, ces hommes ont combattu du même côté que ceux du Hachd. Mais aujourd’hui, le Hachd – dont de nombreuses factions sont nées dans le combat contre l’occupation américaine – est une menace plus sérieuse pour les Américains que l’EI, selon des sources américaines.

« Protéger » et « prévenir »

Également dans la zone verte, une autre campagne se déroule : au Parlement, plus d’une centaine de députés ont déjà signé un appel à inscrire l’éviction des troupes étrangères d’Irak à l’ordre du jour. Bagdad a déjà annoncé qu’il allait convoquer l’ambassadeur américain – actuellement hors du pays, selon une source diplomatique –, alors que Washington a accusé l’Irak de n’avoir « pas su protéger » ses soldats et diplomates, « présents à [son] invitation ». Le gouvernement irakien, démissionnaire, rétorque, lui, que « les forces américaines ont agi en fonction de leurs priorités politiques et non de celles des Irakiens.

Le Premier ministre démissionnaire Adel Abdel Mahdi a reconnu avoir été informé par le Pentagone des frappes peu avant qu’elles n’aient lieu. « Nous avons essayé de prévenir « les commandants », a-t-il poursuivi, visiblement en vain, étant donné l’important bilan humain et matériel. Les attaques contre des intérêts américains ou des bases des pro-Iran font aussi redouter ce contre quoi les dirigeants irakiens mettent en garde depuis des mois : que leurs deux alliés américain et iranien utilisent l’Irak comme champ de bataille. À l’étranger, Téhéran et son allié libanais, le Hezbollah, ont dénoncé les raids américains comme un « soutien au terrorisme ». Les alliés des États-Unis dans le Golfe, eux, ont dénoncé les attaques à la roquette contre des bases abritant des Américains en Irak, estimant que l’Iran et les factions qui lui sont loyales étaient une « force de déstabilisation » face à laquelle « les nations ont le droit de se défendre ».

Auteur
Avec AFP

 




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