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dimanche 6 juillet 2025
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Ligue 1 Mobilis: l’USM Khenchela pour rejoindre le leader, le MC Oran

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Football

L’USM Khenchela aura une belle occasion de rejoindre, provisoirement, le CS Constantine en tête du classement de la Ligue 1 Mobilis de football, en recevant l’ES Sétif, alors que le MC Oran, sur une courbe descendante, tentera de redresser la barre, à l’occasion de la réception de l’US Biskra, lors de la 12e journée du championnat, prévue samedi et dimanche.

Métamorphosée depuis l’arrivée à la barre technique du nouvel entraîneur, Chérif Hadjar, l’USMK (3e, 16 pts), auteure de deux victoires et un nul lors des trois derniers matchs, aura à cœur de préserver la dynamique, face à une équipe sétifienne (5e, 15 pts), tenue en échec lors de la précédente journée à la maison par le MC Alger (0-0).

Une victoire des « Siskaoua » leur permettrait non seulement de confirmer leur retour en force, mais aussi de rejoindre provisoirement le CSC aux commandes de la Ligue 1, d’où l’enjeu important de cette opposition.

L’USMK bénéficiera des faveurs des pronostics à domicile, d’autant qu’elle est la troisième meilleure équipe « at-home » avec 13 points pris sur 18 possibles, derrière le MC Oran et le CS Constantine.

De son côté, l’Entente espère réussir cette sortie périlleuse, pour pouvoir se racheter après la prestation mi-figue mi-raisin face au « Doyen ».

A l’Ouest du pays, le MC Oran (5e, 15 pts), qui reste sur deux défaites et un nul, aura l’occasion de redresser la barre devant son public face à l’US Biskra (14e, 10 pts).

Les Oranais, invaincus dans leur antre de « Miloud-Hadefi » depuis le début de saison, n’auront pas le droit à l’erreur s’ils veulent rester au contact du podium. Un succès pourrait leur permettre de prendre provisoirement la position de dauphin.

Pour sa part, le nouvel entraîneur de l’USB, Si Tahar Chérif El-Ouezzani, qui a échoué dans son premier test lundi dernier à domicile face au CSC (1-1), retournera dans sa ville natale pour tenter de bousculer son club formateur, et faire extraire son équipe de la zone rouge.

La JS Kabylie (7e, 14 pts), revenue avec le nul lundi de Béchar face à la JS Saoura (1-1), partira, à priori, favorite à domicile face au « Nedjm » de Magra (9e, 13 pts), qui semble traverser une bonne période avec un bilan de deux succès et un nul, lors des trois dernières journées.

Les « Canaris » seront au rendez-vous ainsi avec un match piège, alors que le NCM effectuera le déplacement du côté de la Djurdjura avec l’intention de confirmer son réveil et poursuivre son redressement.

Dans le bas du tableau, le stade Mohamed Boumezrag de Chlef abritera l’un des derbies de l’Ouest du pays, entre l’ASO et l’ES Mostaganem, deux équipes qui se partagent la 11e place, en compagnie de la JSS avec 12 points chacun.

Les Chélifiens, qui font du surplace (une défaite et un nul, NDLR) après deux succès de suite, devront impérativement réagir pour éviter la crise, devant une bête blessée, puisque l’Espérance reste sur un triste bilan de deux défaites et deux nuls.

Le nouvel entraîneur de l’ESM, Slimane Rahou, qui a débuté son aventure sur le banc des « Hawata » avec deux nuls, abordera ce match avec un esprit conquérant, pour se relancer à Chlef.

Cette 12e journée sera tronquée de quatre matchs : Paradou AC – CR Belouizdad, CS Constantine – MC El-Bayadh, Olympique Akbou – USM Alger, et  MC Alger – JS Saoura, reportés à une date ultérieure en raison de l’engagement du MCA, du CRB, de l’USMA, et du CSC, dans la deuxième journée de la phase de poules des compétitions africaines interclubs, dont les matchs se joueront samedi et dimanche. 

APS

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Syrie : le scénario cauchemardesque pour Damas se précise

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Syrie

Après la ville de Hama, dans le centre de la Syrie, tombée le jeudi 5 décembre, aux mains des hommes armés de Hayat Tahrir al-Sham et des rebelles pro-turcs, c’est au tour de Deir Ezzor (est du pays) d’être rapidement évacuée par l’armée syrienne.

Les forces fidèles à Bachar el-Assad semblent maintenant se replier vers le centre de la Syrie. Pour le chef des forces kurdes en Syrie, l’avancée des rebelles impose une « nouvelle » réalité politique.

Les forces syriennes et leurs alliés soutenus par l’Iran ont « soudainement » quitté la ville de Deir Ezzor et ses environs, ce vendredi 6 décembre, a indiqué une ONG à l’AFP, en pleine offensive des rebelles dans le pays. « Les forces du régime syrien et les commandants des groupes alliés soutenus par l’Iran se sont soudainement retirés de la ville de Deir Ezzor et de sa campagne, avec des colonnes de soldats se dirigeant vers le centre de la Syrie », a déclaré le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel Rahman.

Au cours des dernières heures, les rebelles « sont entrés dans les villes de Rastan et Talbisseh », situées dans la province de Homs, en l’absence totale des forces du régime, a encore indiqué l’OSDH. Selon cette ONG basée au Royaume-Uni et qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie, le contrôle de Homs permettrait aux rebelles de « couper la route principale menant à la côte syrienne », bastion de la minorité alaouite du président Assad.

Plus tôt, la chute de Hama montrait déjà les signes d’effondrement de l’armée syrienne et son incapacité à déployer une contre-offensive efficace, écrit notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh. Les troupes régulières syriennes sont démoralisées et démotivées, elles battent en retraite de manière désordonnée en abandonnant armes et matériels.

En revanche, les combattants rebelles font preuve d’une grande motivation, d’une bonne organisation et disposent d’un armement sophistiqué, y compris des drones d’attaque et de surveillance.

Renverser le régime d’Assad

La prise de Hama fait surgir des scénarios dramatiques pour le pouvoir syrien. La ville se trouve à 180 kilomètres de Damas et la voie vers la capitale est désormais barrée par une seule ville, Homs, située à 46 kilomètres. En prévision d’une avancée des forces anti-gouvernementales vers Homs, l’aviation russe a détruit jeudi un pont reliant la province éponyme à celle de Hama.

Le chef des rebelles islamistes en Syrie a affirmé que l’« objectif » de leur offensive fulgurante dans le pays était de « renverser » le régime du président Bachar al-Assad. « Lorsque nous parlons d’objectif, le but de la révolution, c’est de renverser ce régime. Nous avons le droit d’utiliser tous les moyens nécessaires pour atteindre cet objectif », a déclaré Abou Mohammed al-Jolani à CNN, dans une interview publiée ce vendredi.

Pour les Syriens issus de différentes minorités, qui s’inquièteraient de l’avancée des rebelles islamistes, l’homme se veut rassurant : « Personne n’a le droit d’effacer un quelconque groupe. Les différentes communautés ont coexisté dans cette région durant des centaines d’années. Et personne n’a le droit de les éliminer. Il doit y avoir un cadre légal qui protège et qui assure les droits de chacun. Pas un système qui serve une seule communauté, comme ce qu’a fait le régime d’Assad. »

Les combats ont déjà fait 280 000 déplacés depuis le 27 novembre, a indiqué l’ONU vendredi, qui craint que ce nombre puisse s’élever à 1,5 million. « Les chiffres dont nous disposons sont de 280 000 personnes depuis le 27 novembre. C’est le chiffre mis à jour en date d’hier soir. Et cela n’inclut pas le nombre de personnes qui ont fui le Liban, lors de la récente escalade » des combats entre le Hezbollah et Israël, a déclaré Samer AbdelJaber, directeur de la coordination des urgences du Programme alimentaire mondial, lors d’un point de presse à Genève.

De son côté, le ministère turc des Affaires étrangères a confirmé, ce 6 décembre, la tenue, le lendemain, d’une réunion avec les ministres russe et iranien consacrée à la situation en Syrie, en marge du Forum de Doha. « Le ministre Hakan Fidan rencontrera les ministres russe (Serguei) Lavrov et iranien (Abbas) Aragchi pour une réunion au format Astana samedi à Doha », a indiqué une source au ministère, signale l’AFP.

Forte inquiétude au Liban 

Mais l’avancée fulgurante des groupes islamistes radicaux suscite également de fortes inquiétudes au Liban, car la province de Homs est adossée à la frontière libanaise sur une longueur de 50 kilomètres. Dans le nord, elle est limitrophe à une région sunnite où une partie des habitants sympathise avec les mouvements rebelles et jihadistes syriens. Plus au sud, elle jouxte une région à majorité chiite fidèle au Hezbollah, qui a combattu aux côtés de l’armée syrienne. L’approche des groupes rebelles risque donc de raviver les tensions entre sunnites et chiites au Liban.

Consciente de ces dangers, l’armée libanaise a annoncé avoir renforcé son déploiement le long de la frontière. Mais elle dispose de faibles moyens et d’effectifs insuffisants, surtout qu’elle doit déployer 6 000 hommes dans le sud du Liban dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu négocié avec Israël.

De son côté, la Jordanie a annoncé la fermeture de sa frontière avec la Syrie. Mazen al-Faraya, le ministre de l’Intérieur jordanien, a annoncé « la fermeture du poste-frontière de Jaber, en face du poste-frontière syrien de Nassib, en raison des conditions de sécurité dans le sud de la Syrie ».

Qui contrôle quoi ?

Jusqu’au 27 novembre dernier, il y a une semaine, la coalition de rebelle menée par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham était contenu à la province d’Idlib, avec elle de nombreux déplacés qui avaient fui la reprise de contrôle par le régime d’une grande partir du pays en 2016. En une semaine donc, cette coalition a fait reculer le régime et pris le contrôle de la région d’Alep pour continuer ensuite vers le sud et entrer jeudi dans Hama. Deux des quatre plus grandes villes de Syrie, toutes les deux sur la route de Damas. 

Autre conflit simultané, celui des forces pro-turques rassemblées sous le nom d’Armée nationale syrienne face aux forces démocratiques syriennes majoritairement kurde. Au nord d’Alep, une coalition de groupes rebelles soutenus par Ankara contrôle en effet une bande de territoire le long de la frontière turque. Leur principal ennemi sont les Forces démocratiques syriennes liées au PKK. Elles contrôlent tout le nord-est syrien. Face à l’offensive d’Hayat Tahrir al-Sham, les FDS se sont retirées d’une poche de territoire qu’elles contrôlaient au nord d’Alep.

Des affrontements sont encore en cours face au groupe pro-turques. Les autorités kurdes syriennes s’inquiètent d’une possible offensive sur la grande ville de Manbij. 

Rfi

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Le roi républicain : comment Macron transforme la République en monarchie

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Emmanuel Macron

« L’État, c’est moi, le peuple c’est vous. » Cette phrase, que l’on pourrait attribuer à Louis XIV, semble aujourd’hui résonner comme une triste réalité dans le discours et la pratique d’Emmanuel Macron. Si l’on remplace « le roi » par « le président », le parallèle avec l’absolutisme monarchique semble frappant.

Dans un contexte politique où la fracture entre l’exécutif et le législatif s’élargit, Emmanuel Macron semble tout à fait décidé à réinventer la monarchie sous couverte de république.

La République, ou la domination sans partage ?

L’élection législative anticipée du 7 juillet 2024 a mis en lumière une nouvelle donne politique en France : une opposition parlementaire plus hostile que jamais et un pouvoir exécutif de plus en plus isolé. Pourtant, au lieu de dialoguer, de rechercher un compromis ou de modérer ses réformes, Macron a choisi une trajectoire d’autorité renforcée. Sa stratégie ? Imposer sa vision, coûte que coûte. Car à la fin, qui a réellement le pouvoir quand un président décide seul de l’orientation politique du pays, malgré une Assemblée nationale de plus en plus insubordonnée ?

La motion de censure du 4 décembre 2024, votée à la majorité absolue, a été le sommet de cette crise politique. Le gouvernement Barnier, fragilisé dès son installation, a cédé sous la pression d’un Parlement qui, déçu par l’incapacité de l’exécutif à gouverner, à pris la décision radicale de mettre fin à son mandat. Mais Macron, plutôt que de reconnaître l’échec et d’entamer une remise en question, a choisi de se maintenir dans sa logique de pouvoir vertical. Il n’a pas réfléchi. Son message est clair : les réformes continuent, que le peuple le veille ou non.

Une monarchie républicaine ?

Quand l’exécutif devient aussi dominant, que reste-t-il de la séparation des pouvoirs et de la démocratie ? Macron, à travers ses décisions unilatérales, semble incarner une version moderne du roi. Sans l’ombre d’un doute, il mène le pays avec la certitude qu’il détient la vérité absolue. Le Parlement ? Un instrument simple, une formalité qui peut bien exprimer des désaccords, mais qui n’a ni poids ni influence. L’opposition, quant à elle, semble condamnée à une marginalisation systématique, comme dans les cours royales d’antan.

Les ministres eux-mêmes, souvent relégués à de simples exécutants des ordres présidentiels, n’ont guère plus d’indépendance qu’un conseiller royal. La République, censée être un régime fondé sur des principes de représentation et de gouvernance partagée, se transforme sous Macron en un pouvoir à la fois concentré et absolu. Une république, certes, mais une république où le monarque est de plus en plus seul, où les contre-pouvoirs sont annihilés, où l’opposition parlementaire est vue comme une nuisance à l’idéologie présidentielle.

Le peuple, ce spectateur passif

Le peuple, lui, n’est plus qu’un spectateur. Ses préoccupations, ses demandes, ses désirs de changement sont balayés d’un revers de main. Le président, comme un souverain, continue à gouverner selon ses propres désirs, convaincu que ses réformes sont d’intérêt général, agissant des voix qui s’élèvent contre lui. Les débats parlementaires, qui devraient être le lieu d’un véritable échange d’idées, sont réduits à un théâtre d’ombres où les décisions sont déjà prises à l’avance.

Le président Macron semble se considérer comme le seul à pouvoir incarner la volonté générale, et ce, sans l’accord explicite des institutions censées le contester. La motion de censure, pourtant un moyen fondamental d’expression démocratique, est ignorée comme un simple obstacle temporaire qu’il convient de contourner.

Le paradoxe de la démocratie

Ce qui frappe, dans cette dérive vers une « monarchie républicaine », c’est l’illusion de démocratie qu’elle cache. Macron, tout en prônant les vertus républicaines, multiplie les actions qui transgressent les principes de représentation, de dialogue et de compromis. En agissant ainsi, il ne fait pas que fragiliser les institutions ; il érode aussi la confiance du peuple dans la capacité de la République à réellement les représenter.

Le paradoxe est flagrant : un président, élu démocratiquement, qui applique une vision autoritaire en se drapant dans les habitudes de la République. Cette « monarchie républicaine » qu’il semble instaurer risque de transformer le citoyen en simple spectateur passif, qui devra s’accommoder des décisions imposées sans qu’il ait son mot à dire. Mais attention : la patience populaire, aussi grande soit-elle, à ses limites. L’histoire de France est pleine d’exemples de monarchies qui, croyant être intouchables, ont été renversées par un peuple qui en avait assez.

Macron semble vouloir imposer sa vision à tout prix, mais à quel prix pour la démocratie ? Sa tentative de réinventer la monarchie sous couvert de république pourrait bien le mener là où il ne s’y attend pas : dans une crise institutionnelle majeure, où la démocratie ne sera plus qu’un leurre et où le peuple, fatigué de ne plus être écoutez, pourrait réclamer bien plus que des réformes. Peut-être alors que la république, telle qu’il l’entend, finira par imploser sous le poids de son propre absolutisme.

La république, c’est l’art de partager le pouvoir ; la monarchie, c’est l’art de le concentrer » selon Alexis de Tocqueville

Dr A. Boumezrag

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La France redécouvre la normalité

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Marine Le Pen

Jamais je ne m’attribuerais la même pensée que Marine Le Pen. Pourtant, dans instant très furtif, que je vais essayer d’oublier aussitôt, elle aurait raison sur un point. Je sais, commencer par trouver un seul point et la porte est ouverte pour l’ensemble des points. Il n’y a aucun risque car son affirmation est guidée par un objectif tout à fait hypocrite.

La censure qui a bouleversé le monde entier, à en croire les titres internationaux, serait l’assurance d’une catastrophe, d’une descente aux enfers et d’un recul de la France sur l’échiquier international des grandes ou moyennes puissances.

Marine Le Pen qui a voté la censure prétend le contraire mais pour des raisons machiavéliques de construire un destin national pour sa propre personne. Ce qu’elle souhaite, comme Mélenchon, est le chaos pour provoquer une démission du Président de la république, seule condition pour tenter de prendre son siège dans une élection anticipée. Et de toute façon, les extrêmes ne se nourrissent que du chaos et des peurs.

L’affaire est urgente pour elle pour rajouter au désordre, les juges vont rendre une décision en mars qui peut être fatale pour elle s’ils suivent les réquisitions du procureur. Sa crainte est surtout dans la demande d’une exécution immédiate de la peine, c’est-à-dire sans attendre un éventuel jugement en appel.

D’autant que le jeune loup trentenaire, star de Tik Tok, est aux aguets pour donner l’estocade de Brutus à celle qui l’empêche d’arriver au sommet de ses ambitions.  

Pour autant, elle n’a pas tort pour dire que la censure n’est pas le tremblement de terre qui ferait vaciller la France malgré les menaces d’un déluge annoncé par le Premier ministre sortant.

Il faut avouer que le catastrophisme est partagé, il est dans toutes les bouches, hommes politiques, journalistes et autres chroniqueurs. Tous estiment que le désordre institutionnel et politique ne peut engendrer que drames et pleurs.

C’est vrai que cela rend les choses encore plus compliquées qu’elles ne le sont. C’est même probable que le risque de cette censure soit désastreux autant que fut la dissolution, incompréhensible et matrice de tout le chaos qui s’en est suivi.

C’est vrai que l’économie va entrer dans une tempête que présageront les déclassements de la France par les agences de notation et les marchés financiers. Tout cela est vrai, Marine Le Pen en serait l’une des deux coupables.

Mais pour autant doit-on avoir peur de ce qui est normal ? La France avait oublié que les institutions de la cinquième république, avant qu’elles ne soient dévoyées par la décision d’une modification en 1962 par le général de Gaulle pour introduire l’élection du Président au suffrage universel, étaient et restent dans la matrice d’un régime parlementaire.

Ce fut le cas des deux républiques précédentes lorsqu’on prend en compte une période longue et continue à l’exception de la courte rupture du régime de Pétain.

La France avait oublié que si l’apparence de la surpuissance du Président qualifiait les institutions de « monarchie républicaine », ce qui est vrai, elles restaient installées sur un socle parlementaire.

Cette omniprésence présidentielle avait trouvé des alliés qui la renforçaient. Le mode de scrutin majoritaire et la quasi instantanéité de l’élection présidentielle dont la durée du mandat avait été modifiée pour les porter à cinq ans, donnaient une primauté encore plus impériale au pouvoir du Président.

Ainsi le fait majoritaire s’est imposé en France par un Président qui avait toujours une majorité pour le soutenir. Au début, c’était l’immense notoriété du général de Gaulle qui donnait à cette situation un caractère inéluctable. Puis ce fut une pratique renforcée par les deux circonstances que je viens d’exposer dans le paragraphe précédent. La France des trente glorieuses l’acceptait car la croissance était forte et continue.

La France avait oublié qu’elle était un îlot d’exception en Europe et que toutes les autres démocraties vivent avec la permanence des accords de coalitions. Elles sont devenues une culture politique qui n’est pas dans l’histoire institutionnelle de la cinquième république.

La France vient de se prendre en pleine figure la réalité d’un parlement qui, malgré le scrutin majoritaire aux élections législatives, redécouvre le phénomène de la « chambre introuvable », inhérente à un régime parlementaire, comme on disait du temps de la troisième et quatrième république qui n’avaient pratiquement jamais de majorité. (L’expression naît cependant d’une circonstance tout à fait différente).

Mais pour autant, prétendre que la culture des coalitions explique les stabilités de la majorité des régimes politiques parlementaires en Europe est une illusion. Les exemples sont pléthoriques pour pouvoir tous les citer. Nous ne retiendrons que ceux d’une Italie, il n’y a pas si longtemps, ceux de la Belgique ou de l’Espagne dont la formation des coalitions est aussi solide que les convictions de nos anciens démocrates algériens.

Eh oui, il a suffi d’une simple faiblesse du Président de la république, coincé dans sa possibilité d’utiliser les leviers constitutionnels qui servaient précédemment à sa puissance, pour que le régime parlementaire français ressorte des textes d’une manière visible.

Et comme toute chose qu’on avait cru enterrée et qui réapparait, c’est souvent d’une manière explosive. La France a redécouvert ce qu’était la lutte violente des idées et des partis politiques, surtout ceux des extrêmes. Elle a redécouvert que la démocratie était difficile car elle est par définition la gestion de toutes les contradictions.

Si le réveil violent est salutaire pour le futur, il est vrai que cela fait confronter la France à une situation des plus dangereuses économiquement. La période à venir sera trouble et sans aucun doute mettra à terre toutes les illusions d’un État providence qui compensait indéfiniment les déficits publics par de la dette.

Marine le Pen a raison lorsqu’elle dit que la motion de censure est banale comme outil parlementaire mais il n’empêche que ses raisons sont lourdement condamnables par son désir de puissance politique pour arriver enfin dans des sommets que son père n’avait jamais osé rêver.

Oui, la situation est grave mais elle est d’essence économique, pas institutionnelle. Quant au politique, si on veut une solide stabilité, il faut demander aux experts algériens de venir former la France de ce qu’est une stabilité de régime.

La démocratie est un bien difficile à garder, il faut y mettre de la volonté pour gérer le désordre des opinions et des intérêts contradictoires. Pour le moment la crise institutionnelle est grave mais il faut se persuader que si l’économie en est l’arbitre à court terme, le plus important est  le parlementarisme qui garantit la pérennité démocratique.

Pour conclure, qu’on ne retienne qu’une seule chose de mon article, qu’on ne s’avise pas à toucher à ma retraite. Je rajouterai du désordre au désordre.

Boumediene Sid Lakhdar

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Un sénateur appelle Tebboune à intervenir au Mali

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Tebboune
Tebboune

Le sénateur du tiers présidentiel, l’Amnokal du Tassili N’ajjer, Bakri Ghouma Ben Brahim (fils aîné de l’ex-l’Amnokal, et ancien moudjahid, Brahim Ghouma), a condamné en des termes durs l’attaque aux drones perpétrée, dimanche dernier, par l’armée malienne et  qui a causé la mort de huit cadres dirigeants du  front de libération de l’Azawad (FLA).

Ce mouvement qui lutte pour l’indépendance de l’Azawad venait d’être créé par cinq mouvement rebelles touaregs. Parmi les victimes de cette attaque malienne il y a Fahad Ag Almahmoud, qui venait d’apposer sa signature sur le document portant fusion des différentes factions rebelles de cette région du Nord Mali.

Le dignitaire touarègue et sénateur algérien du tiers présidentiel a appelé le chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune à intervenir d’urgence pour mettre fin à ce qu’il a qualifié de « guerre d’extermination » dans le nord du Mali.

« Nous appelons le Président Tebboune, et,  à travers lui, la communauté internationale,  à intervenir d’urgence pour trouver une solution dans cette région et arrêter la guerre d’extermination avant que les choses ne se détériorent » a déclaré le sénateur Ghouma qui a qualifié l’assassinat des huit dirigeants du FLA qui s’est produit à Tinzaouatine, à la proximité immédiate de la frontière algérienne dans le nord de l’État malien de « l’assassinat le plus lâche ».

« L’incident a laissé dans nos cœurs une grande tristesse suite à la disparition des huit personnes chères à notre nation, et à cette occasion, nous présentons nos condoléances ainsi qu’à toutes les tribus touaregs », dira  l’Amnokal du Tassili Najer qui rappellera le pacifisme mais aussi le sacrifice et la résistance de la communauté touarègue, notamment contre le colonialisme français. 

Faisant référence à l’opération menée par l’armée malienne, le sénateur Ghouma estime que ces « attaques répétées font craindre le pire sur la situation humanitaire dans la région  et risquent d’engendrer  plus de détérioration et de conduire à des conséquences indésirables, à un moment où la communauté internationale attend des mesures pour mettre fin au conflit et revenir à la table des négociations ».

 Il appellera dans ce sens, les dirigeants de la junte malienne à réhabiliter les accords signés à Alger en 2015 entre les rebelles azawadis et l’État malien. 

Samia Naït Iqbal

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Isolement ou non-alignement : quelle boussole pour la diplomatie algérienne?

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Ahmed Attaf

Depuis l’avènement de l’« Algérie nouvelle », une question cruciale se pose : la diplomatie algérienne reste-t-elle fidèle à son ambition historique ou s’enferme-t-elle dans un isolement qui freine son influence ?

Dans un monde de rivalités géopolitiques croissantes et de recompositions stratégiques rapides, l’équilibre entre souveraineté et pertinence est devenu vital. Pourtant, l’Algérie semble osciller entre la défense de principes intransigeants et des choix qui peinent à répondre aux exigences contemporaines.

L’héritage révolutionnaire demeure le socle de la politique étrangère algérienne. Fidèle à ses principes de non-alignement, l’Algérie a longtemps incarné la voix des opprimés, se positionnant comme un acteur clé des luttes de libération et un défenseur acharné de la souveraineté des États.

Ce positionnement, symbolisé par la Conférence d’Alger de 1973, reste central. Cependant, dans un monde multipolaire où les alliances se redéfinissent constamment, cette posture apparaît figée.

Le soutien indéfectible à la Palestine, l’appui à l’autodétermination du Sahara occidental et le refus de rejoindre des blocs dominants illustrent cette continuité, mais révèlent aussi la nécessité de repenser la manière de traduire ces principes dans une stratégie diplomatique plus efficace face aux réalités du XXIe siècle.

L’insistance d’Alger à investir dans des organisations comme la Ligue arabe reflète cette tension entre héritage et adaptation.

Cette institution, affaiblie par son inefficacité chronique et ses divisions internes, limite la capacité de l’Algérie à exercer une influence décisive. Bien qu’elle conserve une présence significative au sein de la Ligue, l’Algérie semble davantage marginalisée que véritablement influente.

Les tensions au sein de l’organisation, notamment avec l’Arabie saoudite, les Émirats et l’Égypte, rendent difficile la formation de consensus, reléguant souvent la position algérienne à un rôle symbolique. En persistant dans cette voie, Alger pourrait détourner ses ressources d’autres priorités stratégiques, notamment en Afrique, où son influence historique pourrait encore être un atout.

Les rivalités régionales, notamment avec le Maroc, exacerbent ces défis. Tandis que Rabat élargit ses alliances avec des puissances comme les États-Unis, Israël, la France et des partenaires africains influents, l’Algérie privilégie des relations plus proches de Moscou et Pékin. Si ces partenariats servent des objectifs économiques et sécuritaires précis, ils restreignent la diversification des alliances et contribuent à l’image d’un pays en retrait.

De plus, la crise diplomatique avec l’Espagne, exacerbée par le soutien de Madrid au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, a fragilisé une coopération énergétique essentielle, soulignant les tensions entre principes affichés et pragmatisme diplomatique face aux réalignements géopolitiques européens.

L’Europe, quant à elle, reste un partenaire clé mais ambivalent pour l’Algérie. La relation avec l’Union européenne, marquée par des enjeux énergétiques et des questions migratoires, peine à évoluer vers une véritable coopération stratégique.

Alors que l’Algérie reste un fournisseur énergétique incontournable, son rapprochement avec certaines puissances mondiales semble nuire à une relation plus équilibrée avec l’Europe. L’influence de l’UE en Afrique du Nord et sa pression en matière de droits de l’homme, notamment en ce qui concerne la situation interne en Algérie, compliquent la dynamique diplomatique.

L’Algérie pourrait tirer davantage parti de ses atouts économiques pour renforcer ses relations avec l’Europe.

Cependant, la région sahélienne représente une opportunité stratégique majeure. Face aux crises sécuritaires croissantes et aux ingérences étrangères, l’Algérie pourrait s’imposer comme un acteur central, en capitalisant sur son expérience dans la lutte contre le terrorisme et ses compétences diplomatiques.

Mais cette ambition nécessite une approche proactive et des alliances renforcées, un aspect encore insuffisamment exploité.

Un autre écueil majeur réside dans le décalage apparent entre la politique étrangère de l’Algérie et ses priorités internes. Les défis socio-économiques, la frustration croissante de la jeunesse, le drame des harragas, ainsi que la répression des voix dissidentes et l’incarcération de détenus politiques et d’opinion ternissent l’image du pays et nuisent à sa crédibilité internationale.

Une diplomatie ambitieuse ne peut ignorer ces réalités internes ; elle doit s’appuyer sur des réformes structurelles et un respect renforcé des droits fondamentaux pour offrir une image cohérente, juste et moderne sur la scène mondiale.

Pour retrouver un véritable élan international, l’Algérie doit transcender les postures figées de son passé révolutionnaire. Elle gagnerait à se concentrer sur le terrain africain, où son rôle historique de leader est encore respecté, tout en adoptant une diplomatie plus agile et diversifiée.

Plutôt que de se limiter à des arènes symboliques, elle pourrait renforcer son influence à travers des partenariats pragmatiques au sein de forums multilatéraux, tels que l’Union africaine, et en intensifiant sa diplomatie énergétique.

Loin de renoncer à ses principes, l’Algérie doit les réinterpréter à la lumière des défis contemporains. En conciliant souveraineté et pragmatisme, mémoire historique et adaptation stratégique, elle pourra se positionner comme un acteur incontournable, capable non seulement de défendre ses intérêts mais aussi de répondre aux attentes de ses citoyens, tout en consolidant sa place sur l’échiquier mondial. Une action diplomatique audacieuse, enracinée dans une vision rénovée, permettra à l’Algérie de dépasser son héritage et d’écrire une nouvelle page de son histoire internationale.

Mohcine Belabbas, ancien président du RCD

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Mali : 11 opposants à la junte ont été remis en liberté provisoire

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Assimi Goïta,
Le général Assimi Goïta, autoproclamé chef de l'Etat malien

Cinq mois après leur arrestation au domicile de l’un d’entre eux pour avoir tenu une réunion politique non autorisée, 11 opposants aux militaires qui dirigent le Mali ont été remis en liberté provisoire dans la soirée du jeudi 5 décembre.

Plusieurs anciens ministres et dirigeants de partis signataires d’une déclaration appelant la junte à rendre le pouvoir aux civils figurent parmi eux. Une décision de la justice qui prend également en compte le contexte politique.

Leurs proches parents et leurs amis qui ont déjà pu les rencontrer sont unanimes : les 11 opposants politiques à la junte au pouvoir au Mali remis en liberté provisoire ce jeudi 5 décembre sont très fatigués mais n’ont pas subi de traitements physiques dégradants en détention. Le minibus de fortune à bord duquel les désormais ex-détenus se sont entassés en quittant leur prison de la localité de Kéniéroba est arrivé à Bamako après deux heures de route environ.

Présentés dans la foulée à un juge du tribunal de la Commune V de la capitale malienne, ils ont pu y prendre connaissance des détails de leur ordonnance de remise en liberté : non soumis à un contrôle judiciaire, ils sont libres de voyager où bon leur semble.

À leur sortie du tribunal, ces derniers ont ensuite brièvement rencontrés un ex-Premier ministre qui a conduit une médiation. Selon lui, leur libération « est également un signe de décrispation politique et rentre dans le cadre de la réconciliation nationale » voulue par la junte.

RFI

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Entre l’Élysée et El Mouradia : même décor, mêmes illusions !

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Présidence

De Paris à Alger, des palais d’apparat dominent des républiques où le pouvoir semble bien plus concentré qu’il n’y paraît. L’Élysée en France, El Mouradia en Algérie : deux lieux symboles d’une république moderne et démocratique. Mais derrière leurs murs, la réalité prend des accents de monarchie.

Dans ces deux capitales, les institutions démocratiques peinent à exister face à des chefs d’État qui, chacun à leur manière, incarnent la tentation de tout contrôler.

L’Élysée, trône républicain

En France, Emmanuel Macron, surnommé Jupiter, a redéfini les contours de la Ve République. Initialement pensée pour un président arbitre, la Constitution s’est transformée, au fil des mandats, en une mécanique où l’exécutif règne en maître. Macron en a fait un art : ordonnances, centralisation, et mépris à peine voilé pour un Parlement qu’il considère comme un obstacle plus qu’un partenaire.

Le dernier épisode, marqué par la chute du gouvernement Barnier après une motion de censure historique, illustre ce déséquilibre. Le Parlement a parlé, et pourtant, rien n’a changé. Macron reste, impassible, presque sanctifié par un système qu’il domine. Comme dans une tragédie classique, les seconds rôles tombent pour préserver la stature du héros principal. La république, ici, ressemble davantage à un décor soigneusement entretenu qu’à un espace de réel partage du pouvoir.

El Mouradia : un système à façade

En Algérie, El Mouradia est un lieu où le pouvoir se masque sous des allures de république depuis des décennies. Depuis l’indépendance, le pays a oscillé entre autoritarisme assumé et illusion démocratique. Le président Tebboune, comme ses prédécesseurs, occupe une fonction à la fois symbolique et stratégique, dans un système où les vrais leviers sont souvent ailleurs : dans l’armée, les cercles de pouvoir informels, et les réseaux économiques opaques.

La révolte du Hirak en 2019 a pourtant soulevé un espoir : celui d’un renouveau, d’un véritable passage de l’apparence à la réalité démocratique. Mais quatre ans après, les Algériens constatent que la façade reste intacte. Les élections se succèdent, les discours changent, mais les structures du pouvoir demeurent immuables. À El Mouradia comme à l’Élysée, la république semble plus un prétexte qu’une promesse.

Les institutions : entre ombre et lumière

Le point commun entre ces deux systèmes réside dans le rôle des institutions. En théorie, elles incarnent la démocratie, le partage du pouvoir et le contrepoids à l’autorité exécutive. En pratique, elles sont souvent réduites à des instruments pour légitimer les décisions prises ailleurs.

En France, le Parlement, fragmenté et affaibli, peine à s’imposer face à un président omnipotent. La motion de censure contre le gouvernement Barnier aurait pu marquer un tournant. Au lieu de cela, elle s’est heurtée à une Constitution qui protège le président à tout prix.

En Algérie, les institutions fonctionnent comme une vitrine. Elles existent, mais leur impact réel est limité par une concentration du pouvoir dans les sphères informelles. Le peuple, pourtant acteur principal du Hirak, reste en marge des décisions qui orientent son destin.

Même décor, mêmes illusions

Ce parallèle entre l’Élysée et El Mouradia met en lumière une vérité troublante : quand les républiques se réduisent à des décors, elles perdent leur essence. Elles deviennent des outils pour maintenir un système qui ne vit que pour lui-même, au lieu de servir ceux qu’il prétend représenter.

Les illusions d’une république parfaite, d’un président au service du peuple et d’institutions fortes, s’effacent des deux côtés de la Méditerranée. Ce qui reste, c’est un sentiment croissant de déconnexion entre les citoyens et leurs gouvernants. En France comme en Algérie, les révoltes, qu’elles prennent la forme d’un Hirak ou d’une motion de censure, ne suffisent plus à restaurer une véritable démocratie.

Et après ?

La question qui se pose est universelle : combien de temps un décor peut-il tenir avant de s’effondrer ? Dans une république, les institutions ne sont pas là pour faire joli ; elles sont là pour fonctionner. Si elles ne remplissent plus leur rôle, si elles ne protègent plus la voix du peuple, alors elles deviennent obsolètes.

Entre l’Élysée et El Mouradia, le parallèle est audacieux, mais il pointe une vérité essentielle : la démocratie ne se nourrit pas de symboles, mais de pratiques réelles. Et tant que ces pratiques seront éclipsées par la concentration du pouvoir, les républiques, qu’elles soient au nord ou au sud de la Méditerranée, risquent de n’être qu’un jeu d’ombres et de lumières, sans substance.

Le miroir des illusions : la république en crise de confiance

La question centrale qui émerge de cette analyse, c’est celle de la légitimité. Dans deux républiques qui se veulent démocratiques, la légitimité ne repose plus sur la capacité des institutions à représenter le peuple, mais sur la force de la concentration du pouvoir entre les mains d’un petit nombre. Que ce soit Emmanuel Macron à l’Élysée ou Abdelmadjid Tebboune à El Mouradia, la véritable question est : qui détient le pouvoir réel ?

Si le peuple est l’architecte théorique de la république, il semble souvent n’être que spectateur des grandes manœuvres politiques. Le système électoral, les institutions, tout cela semble exister davantage pour légitimer un pouvoir préexistant que pour en construire un véritableement démocratique. On peut alors se demander si le peuple est toujours le souverain, ou s’il n’est plus qu’un figurant dans une pièce dont il ne contrôle plus le script.

La centralisation du pouvoir : symptôme d’une démocratie malade

Le constat est amer, mais nécessaire : dans ces deux républiques, la centralisation du pouvoir est le symptôme d’une démocratie malade. Ce n’est plus un partage du pouvoir entre les différentes branches de l’État, mais une course à l’accumulation d’une toute-puissante présidence. Cette concentration exacerbe la tension entre l’État et les citoyens, et bien souvent, les révoltes qui en résultent sont comme des appels à un changement de décor. Mais à chaque fois, la machine politique semble ne jamais se fissurer réellement.

En Algérie, ce phénomène est exacerbé par l’histoire du pays : une indépendance acquise dans la lutte, mais une gestion politique restée captive des héritages du pouvoir militaire. Le pouvoir n’a jamais totalement quitté les coulisses, même après la chute de Bouteflika. Le Hirak, pourtant puissant, n’a pas suffi à déraciner un système aussi solidement ancré dans les rouages de l’État.

À l’Élysée, la France semble avoir pris un tournant similaire. Le président n’est plus seulement un arbitre : il est devenu un acteur omniprésent, l’alpha et l’oméga de la politique nationale. Et tout cela, dans une république censée être le modèle de la séparation des pouvoirs.

La révolution de l’indifférence

Ce qui est encore plus préoccupant dans cette dérive, c’est le désenchantement populaire. Loin de la scène des grandes révolutions, où le peuple se lève pour renverser un régime, nous assistons à une forme de révolution de l’indifférence.

L’indifférence des citoyens face à des institutions qu’ils jugent inefficaces et déconnectées de leurs préoccupations quotidiennes. L’indifférence des électeurs, désillusionnés par des promesses de renouvellement qui ne se réalisent jamais.

Que ce soit en France, où la popularité de Macron, après des années de réformes contestées, s’effrite, ou en Algérie, où le Hirak s’essouffle malgré son immense mobilisation, il est clair que la fracture entre le peuple et ses dirigeants ne cesse de se creuser. Et dans ce contexte, une question essentielle demeure : qui représente vraiment le peuple ?

Le défi démocratique : restaurer la confiance ou sombrer dans l’illusion ?

À la croisée des chemins, la France et l’Algérie se trouvent face à un même défi : celui de redonner du sens à la démocratie. Celle-ci ne peut exister sans une véritable séparation des pouvoirs, sans une volonté politique de déconcentrer la prise de décision, de rendre l’élu responsable devant les citoyens, et non plus devant une élite restreinte. Les républiques, qu’elles soient françaises ou algériennes, ont tout à perdre si elles continuent à se limiter à un décor de façade.

La véritable réforme, celle qui réconciliera les peuples avec leurs institutions, devra passer par une transformation radicale des rapports entre l’État et les citoyens. Il ne suffit pas d’élire un président, il faut lui rendre le pouvoir de gouverner en collaboration avec un Parlement véritablement indépendant. Une république ne peut être un simple décor, ni un espace où se jouent des stratégies de pouvoir. Elle doit être un lieu où l’exercice du pouvoir s’effectue au service du peuple, et non contre lui.

Un appel à la refondation

Le défi est grand, mais il est aussi une chance. France et Algérie, malgré leurs divergences historiques et culturelles, peuvent tirer les leçons de leurs crises actuelles pour imaginer une démocratie qui, enfin, soit véritablement partagée. Cette république-là ne sera ni une illusion ni un décor. Elle sera, espérons-le, une réalité vécue par ceux qu’elle est censée servir : le peuple.

Les révoltes, petites ou grandes, les motions de censure, les manifestations populaires, sont autant de signes avant-coureurs d’une république en quête de sens. Il appartient aux dirigeants de saisir ce moment pour remettre en question un système devenu obsolète. La démocratie, c’est l’art de partager le pouvoir, et non de le concentrer. Si la France et l’Algérie veulent renaître démocratiquement, elles devront regarder au-delà du décor et remettre au cœur de l’État ce qui a fait leur raison d’être : le peuple.

« La démocratie, c’est l’art de partager le pouvoir ; la monarchie, c’est l’art de le concentrer. » Cette citation illustre parfaitement la dynamique à l’œuvre dans les républiques contemporaines comme la France et l’Algérie, où le pouvoir semble être de plus en plus concentré entre les mains de quelques-uns, et où les institutions démocratiques apparaissent comme de simples façades. Elle met en lumière la tension fondamentale entre un idéal démocratique de partage du pouvoir et une réalité politique où le pouvoir est souvent monopolisé, affaiblissant ainsi la véritable nature républicaine des systèmes.

Dr A. Boumezrag

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Emmanuel Macron nommera «dans les prochains jours» un Premier ministre 

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Emmanuel Macron

Le président français Emmanuel Macron a promis jeudi de nommer « dans les prochains jours » un Premier ministre chargé de former un gouvernement « resserré » et « d’intérêt général », dans une allocution aux Français prononcée au lendemain de la censure du gouvernement de Michel Barnier.

Ce futur chef du gouvernement, « je le chargerai de former un gouvernement d’intérêt général représentant toutes les forces politiques d’un arc de gouvernement qui puisse y participer ou, à tout le moins, qui s’engage à ne pas le censurer », a expliqué le président de la République.

La dissolution « n’a pas été comprise »

Emmanuel Macron a reconnu jeudi que sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale en juin « n’a pas été comprise », assumant « sa responsabilité » dans une allocution aux Français au lendemain de la censure du gouvernement de Michel Barnier.

Cette décision, « beaucoup me l’ont reprochée et je sais, beaucoup continuent de me le reprocher. C’est un fait et c’est ma responsabilité », a affirmé le président de la République.

Dans la journée, Emmanuel Macron a déjeuné à l’Élysée avec François Bayrou, dont le nom circule pour prendre la succession de Michel Barnier à Matignon, a-t-on appris de source proche du dirigeant du MoDem, confirmant une information de RTL et du Parisien.

Le patron du MoDem avait auparavant rencontré l’ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve, ont indiqué à l’AFP deux de ses proches.

Avec AFP

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Une démocratie à bout de souffle, une dictature au souffle coupé

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Tebboune Macron
Tebboune et Macron, main dans la main : loin est ce temps.

Deux nations, deux systèmes politiques, deux héritages différents. Et pourtant, une même respiration saccadée. D’un côté, la France, cette vieille dame démocratique, jadis fière et souveraine, aujourd’hui haletante, peinant à retrouver son souffle dans une cacophonie parlementaire sans fin. De l’autre, l’Algérie, cette jeune république née dans les douleurs de la lutte, figée dans une stabilité de façade, le souffle court sous le poids d’un héritage militaire omniprésent.

Paris : l’asphyxie démocratique

Ah la France ! Terre des droits de l’Homme, berceau de la Révolution, où les débats politiques ressemblent désormais à des matchs sans arbitre. Une Assemblée nationale sans majorité, un président sans mandat clair, et une société qui semble de l’air frais dans les fumées des manifestations. Les urnes parlent, mais personne n’écoute. Les partis traditionnels se sont effondés, laissant place à une mosaïque d’opinions, de revendications et de rancœurs. La Cinquième République, conçue pour un homme fort, se retrouve paralysée par un système incapable de générer du consensus.

La France, jadis fière de son modèle démocratique, se noie aujourd’hui dans ses propres libertés. Chaque décision devient un compromis, chaque réforme une bataille. Le peuple veut du changement, mais rejette toute forme d’autorité. Résultat ? Une démocratie qui piétine, fatiguée de ses propres contradictions. À bout de souffle, elle tosse et s’étouffe, incapable de respirer l’unité dont elle a tant besoin. Les distinctifs de 1789 semblent bien loin, remplacés par une cacophonie où chacun crie plus fort que l’autre sans jamais se faire entendre.

Alger : la respiration contrôlée

Et pendant ce temps, de l’autre côté de la Méditerranée, l’Algérie respire à peine, mais toujours sous contrôle. Ici, pas de place pour les débats interminables ou les jeux d’opposition. L’armée veille, le pouvoir reste en place, immuable comme une montagne.

Depuis 1965, le souffle de la république est mesuré, régulé, surveillé. Mais derrière cette façade de stabilité, le souffle est court, les poumons comprimés. Chaque mouvement contestataire, chaque cri de liberté est rapidement étouffé.

Le Hirak de 2019 a été une bouffée d’air frais, un souffle de liberté longtemps contenu. Mais l’élan s’est heurté à un système solidement ancré, où le pouvoir militaire s’accroche à ses privilèges. Un peuple qui aspire à la liberté, un régime qui retient son souffle. Car derrière les apparences, le régime est lui aussi fragile.

La stabilité autoritaire est une façade qui masque des tensions profondes, des fractures sociales et un désir de renouveau. Chaque contestation est comme une bouffée d’air retenue, chaque appel à la démocratie est étouffé sous le poids des années.

Deux systèmes, un même essoufflement

La vérité ? Aucun des deux modèles ne semble triompher. La démocratie française s’embourbe dans son propre pluralisme. La dictature algérienne vacille sous le poids de son propre contrôle. L’une manque d’autorité, l’autre d’oxygène. Deux visages d’un même malaise : quand le pouvoir perd son souffle, c’est toujours le peuple qui suffoque.

En France, la démocratie est malade de ses divisions. En Algérie, le régime s’asphyxie sous son propre poids. Deux chemins différents, mais une même destination : un peuple en quête de liberté, pris au piège d’un système qui ne lui laisse plus d’espace pour respirer.

Alors, qui retrouvera son air en premier ? La démocratie fatiguée ou la dictature crispée ? Le duel continue. Le cynisme aussi.

Une lutte pour l’air, une course contre le temps

Ce duel n’est pas qu’une simple opposition entre deux systèmes politiques. Il incarne un combat plus profond, plus universel : celui de la légitimité face à l’usure du pouvoir. En France, la démocratie n’a jamais été aussi libre, mais jamais aussi désorientée. La liberté d’expression est totale, mais la voix collective peine à se faire entendre. Les institutions respectent, mais l’esprit républicain vacille. Chaque élection ressemble à une tentative désespérée de reprendre son souffle , chaque réforme à une bataille pour maintenir le cap dans une tempête d’intérêts divergents.

En Algérie, la respiration est réglée, chaque inspiration contrôlée par un pouvoir qui ne veut rien lâcher. Les mots d’ordre sont la stabilité et l’unité nationale, mais à quel prix ? Les aspirations populaires sont étouffees sous une chape de plomb. Le régime respire, mais de manière saccadée, craignant à chaque instant que l’air ne manque. L’oxygène démocratique est rare, les espaces de liberté étroits. Le peuple, lui, aspire à une bouffée d’air pur, à une rupture avec un passé qui pèse encore lourdement sur ses épaules.

Deux peuples face à leurs contradictions

Au-delà des régimes, ce sont les sociétés elles-mêmes qui se retrouvent en tension. La France, fatiguée de ses propres débats, semble chercher un nouveau souffle, une nouvelle dynamique qui lui permettra de dépasser ses clivages. Mais la confiance est rompue, et chaque crise politique renforce un peu plus le cynisme ambiant. Les citoyens réclament plus de démocratie tout en critiquant ses limites. Ils veulent du changement, mais sans les compromis qu’il exige.

En Algérie, la contradiction est tout aussi palpable. Le peuple veut la fin du contrôle militaire, mais redoute aussi le chaos qui pourrait en résulter. La stabilité est perçue comme un mal nécessaire, une sorte de respiration artificielle réalisée par un système à bout de souffle. Le Hirak a ouvert une brèche, mais le chemin vers une véritable démocratie reste semé d’embûches. Le désir de liberté est là, mais l’héritage du passé pèse encore lourd.

Et après ? Une bouffée d’air ou l’asphyxie ?

Le parallèle entre ces deux nations, aussi cynique soit-il, soulève une question fondamentale : peut-on encore croire à un renouveau démocratique ? La France, avec son modèle républicain épuisé, et l’Algérie, avec sa dictature en sursis, semblent toutes deux à la croisée des chemins. L’une risque l’immobilisme, l’autre l’explosion.

La réponse viendra peut-être d’une nouvelle génération, d’un nouvel élan populaire. Car au-delà des systèmes, ce sont les peuples qui détiennent la clé. La démocratie française a besoin de retrouver le souffle, de l’unité. La société algérienne, elle, aspire à une respiration plus libre, plus authentique.

En guise de respiration finale

L’histoire nous enseigne que les systèmes politiques, aussi robustes soient-ils, ne peuvent survivre sans l’adhésion de ceux qu’ils prétendent représenter. L’air manque, partout. La question n’est plus de savoir quel modèle est le plus efficace, mais lequel saura redonner de l’oxygène à une société en quête de renouveau.

Alors, France ou Algérie, qui retrouvera son souffle en premier ? Peut-être que la véritable question n’est pas de savoir qui gagnera, mais comment éviter l’asphyxie.

Note de la rédaction : prenez une profonde inspiration. L’histoire n’a pas encore dit son dernier mot.

Dr A. Boumezrag

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