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mercredi, 12 novembre 2025
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Le président Macron et la bataille de « l’ancien monde »

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Protestation des « gilets jaunes » en France

Le président Macron et la bataille de « l’ancien monde »

Il a pris le pouvoir avec un Mouvement en marche se disant hors des partis politiques et avait promis un « nouveau monde ». Ils ont voulu manifester sans organisations politiques ni syndicales, à partir des réseaux sociaux puisque se voulant une émanation spontanée et directe du peuple. L’un et l’autre nous donnent le spectacle désolant d’un « ancien monde », dans ce qu’il a de plus dépassé.

Il s’était appuyé sur les forces d’un peuple voulant une rupture avec les pratiques des vieux partis politiques et leurs manœuvres stériles. Ils ont marché avec lui jusqu’à la conquête du pouvoir, inattendue pour un inconnu de la politique, à un si jeune âge.

Ils ont cru à la modernité du message et ont « dégagé » tout ce qui pouvait encore rester des structures anciennes. Adeptes d’Instagram, Facebook et des start-ups, la jeunesse et les cadres privilégiés qui l’ont suivi ont détruit tout de ce qui pouvait encore rappeler l’antique monde de la politique.

De ce fait, il voulait un pouvoir « vertical » et même « jupitérien » avait-il dit, pour rompre avec une posture du chef de l’État qui ne portait plus dignement « l’habit présidentiel ». Il commença par remonter les Champs-Élysées sur un véhicule de l’armée et mit en place une présidence qui allait tourner le dos aux tergiversations, aux copinages avec les journalistes et aux négociations sans fin avec des députés de la majorité en fronde perpétuelle.

Il avait connu « l’ancien monde » avec le président Hollande dont il était le ministre de l’Economie, il n’en voulait plus. Il souhaitait une France jeune, dynamique et entrepreneuriale qui colle à la modernité du temps.

Le résultat est lamentable, une courbe de popularité qui s’est effondrée encore plus bas et plus rapidement que son prédécesseur. C’est qu’Emmanuel Macron, en bon Jupiter, avait mis à genoux et réduit au silence tous les corps intermédiaires.

Finis les syndicats, les partis et les journalistes, il est seul devant une foule qui le houspille et lui demande directement des comptes.

Il avait construit un mouvement hors des partis et du militantisme traditionnel. Il s’est écroulé dès les premiers mois de la présidence. A l’exception d’une ou deux personnes politiques, toujours les mêmes, il s’est retrouvé sans relais médiatique pour porter des réformes ambitieuses. Les gentils petits « marcheurs » qui composaient son mouvement n’ont pas les épaules politiques et la compétence aussi large qu’il le faudrait pour conduire le projet de Jupiter, l’expliquer et le défendre.

Quant aux gros bras de « l’ancienne politique », soit il les avait écartés dès le départ, soit ils sont partis d’épuisement comme ce fut le cas de Bayrou et de quelques rares autres qui l’entouraient. Ils ont quitté le navire avant qu’il ne sombre dans cette aventure démentielle de vouloir construire un monde irréel.

Au final, il s’est perverti avec les plus grosses ficelles de « ‘ancien monde », d’une manière encore plus intolérable. Fiscalité à outrance, nomination de « copains » ainsi que des manœuvres politiciennes  que revendiqueraient les vieux loups de la politique.

Emmanuel Macron est seul, désespérément seul, car il a mis à mal ce que la constitution avait prévu de longue date dans les républiques démocratiques, soit des corps intermédiaires. Tout descend de lui et tout remonte à lui. La 5e république, bâtie par le général De Gaulle pour être un empire au service d’un chef, a montré qu’elle pouvait aller aussi loin que sa propre destruction, ce qui apparaît avec Emmanuel Macron.

Mais pour ces adversaires, les gilets jaunes, ce n’est pas mieux car leur combat a démontré la prétention de vouloir écarter « l’ancien monde » sans prendre la précaution de bases solides et efficaces.

Soyons clairs, les réseaux sociaux sont l’une des innovations les plus extraordinaires pour la construction des démocraties. Même si cela n’avait été qu’un feu de paille, nous avions ressenti au moment du « printemps arabe » combien les peuples pouvaient se libérer de leurs chaînes avec la puissance incontrôlable d’Internet. Il n’est pas dit que cela échouera une prochaine fois si les leçons du premier échec sont apprises.

Le mouvement des « gilets jaunes » est une parfaite illustration de cette puissance de mobilisation. Parti d’une simple pétition et voilà que l’empire jupitérien tremble et ne sait plus contrôler un si vaste mouvement spontané que personne n’avait vu venir ni pu deviner le succès considérable.

Tout cela est positif mais l’erreur aura été de la part de ces gilets jaunes de penser qu’on pouvait se libérer de « l’ancien monde » sans préparer les garanties du nouveau. Au final, un mort, quarante blessés dont deux dans un état grave. Un désordre absolu, une débandade et un projet mal défini, mal compris, mal suivi.

Après la très grande mobilisation se sont posés immédiatement les questions traditionnelles de « l’ancien monde ». Que faire ? Où aller ? Comme manœuvrer ? Quoi répondre aux journalistes ? À qui s’adresser et comment convaincre pour durer ? C’est à dire les questions les plus anciennes des vieux corps intermédiaires de la république.

Nous avons ainsi assisté à l’une des plus grandes manifestations d’amateurisme qu’il soit possible de voir. Ce mouvement qui se voulait détaché de la politique et des corps intermédiaires s’est mis, avec une incompétence notoire, à rechercher des leaders, organiser des comités et trouver un slogan commun, soit la plus vieille recette pour organiser une protestation populaire.

C’est trop tard car comme le Président Macron l’avait ignoré, les gilets jaunes ont tardivement compris que pour faire la révolution, il fallait des leaders reconnaissables, un programme et un discours percutant ainsi que des relais nombreux et compétents dans la société.

La démocratie, ce n’est ni un seul homme ni une anarchie du peuple. Les deux sont aussi dangereux l’un que l’autre. Les constitutions avaient prévu des corps intermédiaires et leur avaient donné une assise juridique forte car c’était la sagesse d’une expérience de l’histoire.

L’histoire des peuples et de la démocratie viennent de donner une lourde leçon à Jupiter comme au peuple des réseaux sociaux. Elle vient de leur apprendre qu’un nouveau monde ne pouvait naître d’une génération spontanée et que bien des démocrates et bien des peuples ont vécu avant Emmanuel Macron et les « gilets jaunes ».

La révolution française, référence universelle, est née d’une longue préparation de ce qu’on avait appelé le « siècle des lumières » et non seulement d’une insurrection. Elle était une conséquence historique, pas la cause surgie de nulle part.

La prétention du modernisme n’a jamais fabriqué un grand homme à elle seule. La rage du peuple n’a jamais mené à rien sans la structuration d’une doctrine, d’un projet et de grands hommes les incarnant.

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar, enseignant

 




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MBS aurait-il été lâché par le président Trump ?

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ARABIE SAOUDITE

MBS aurait-il été lâché par le président Trump ?

Blanchi par la justice saoudienne, le prince héritier Mohamed Ben Salmane, surnommé (MBS), est à nouveau suspecté depuis les nouvelles révélations, vendredi dernier, de Washington Post et de New York Times. A en croire certaines sources anonymes, l’agence américaine de renseignement, CIA, aurait identifié le puissant dauphin comme commanditaire de l’assassinat de Jamal Khashoggi, l’éditorialiste critique de Riyad.

L’opposant, «drogué, tué et démembré» au sein du consulat saoudien à Istanbul le mois d’octobre dernier, aurait également été contacté en amont par le frère du prince, Khalid Ben Salmane, ambassadeur de l’Arabie Saoudite aux Etats-Unis, pour lui assurer que rien ne lui arriverait s’il pénétrait l’enceinte du consulat de son pays en Turquie. 
 

Un coup de fil qui aurait été demandé par MBS lui-même et dont l’ambassadeur ignore, paraît-il, la portée dans la mesure où il était fort indigné que cette accusation très grave soit relayée par des sources anonymes dans un tweet posté dès l’annonce par les médias de l’assassinat de Khashoggi.

Malgré l’inculpation par la justice saoudienne de 11 personnes d’un lot de 21 suspects et la peine capitale requise pour cinq d’autres, autour du prince, l’étau se resserre de jour en jour. D’ailleurs, depuis la Californie, Donald Trump a haussé le ton, le samedi 18 novembre, sur cette affaire-là, après que le Trésor américain eut annoncé la mise en place, dès le 15 novembre, de sanctions ciblant dix-sept responsables saoudiens pour leur complicité dans le meurtre de l’éditorialiste Khashoggi, dans une volonté à peine voilée de l’administration américaine d’étouffer le scandale et d’épargner des poursuites judiciaires à la dynastie régnante.

Or, Trump a vite changé de fusil d’épaule, allant jusqu’à affirmer qu’il disposait de l’enregistrement du meurtre du journaliste mais qu’il n’a pas écouté parce qu’il est, souffle-t-il sur Fox News, «un enregistrement de souffrance», sous-entendant à l’occasion l’implication du prince héritier dans le meurtre. MBS a-t-il menti alors au président américain ? Et celui-ci, l’a-t-il enfin lâché à la meute ?

Rien ne confirme ni infirme la première ni la seconde l’hypothèse, vu les contradictions flagrantes du prince Mohamed Ben Salmane et la versatilité avérée du président républicain, lequel a fait savoir que les USA seraient capables de prouver l’identité du meurtrier du journaliste saoudien dans les prochains jours.

Une pression supplémentaire pour le prince héritier qui s’ajoute à celle de l’indomptable Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier a déjà, pour rappel, affirmé à plusieurs reprises que l’ordre de tuer Jamal Khashoggi avait été donné «aux plus hauts niveaux de l’Etat saoudien». S’il a écarté la responsabilité du roi Salmane, il n’en demeure pas moins que la presse et des responsables turcs anonymes ont incriminé son fils, le prince Mohamed. 

Auteur
Kamal Guerroua

 




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L’AIE prédit un avenir prospère de l’énergie fossile d’ici 2040 mais…

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DECRYPTAGE

L’AIE prédit un avenir prospère de l’énergie fossile d’ici 2040 mais…

Dans son rapport annuel publié la semaine dernière, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) livre un avenir prometteur pour le pétrole et le gaz mais pas seulement en Occident. En termes simples, d’ici à 2040, les pays actuellement consommateurs verront leur approvisionnement en hydrocarbures diminuer progressivement mais resteront relativement  en augmentation en Chine, Inde et en Moyen-Orient.

Avant ça, la demande devrait augmenter de 12 % pour atteindre 106,3 millions de barils par jour dans 22 ans. Légèrement supérieures aux prévisions précédentes. L’Agence a notamment pris en compte cette année l’assouplissement des normes d’émission de carbone pour les constructeurs automobiles américains annoncée par Donald Trump. Plus optimiste voire même rassurant, le rapport annonce l’inéluctabilité de la croissance de la demande qui changera de direction.

Jusqu’en 2025, la demande mondiale de pétrole va s’accroître au rythme d’un million de barils par jour supplémentaires par an. Ce n’est qu’ensuite que la cadence devrait ralentir, à seulement 250.000 barils par jour.

Mais derrière cette croissance générale se cachent des inégalités d’évolution. En réalité, dans les pays développés, la consommation sera à la baisse, d’environ 400.000 barils par jour chaque année jusqu’en 2040. Et ce, grâce aux efforts d’économies d’énergie. Pour l’agence «l’époque où le podium des plus gros consommateurs de pétrole était occupé par l’Amérique du Nord, l’Union européenne et la Chine est donc révolue ».

Dans l’Union européenne, la baisse est drastique. D’ici 22 ans, la consommation aura reculé de 42,3 % pour atteindre 6,4 millions de barils par jour.

Mis à la diète également, avec un recul de la demande de 16 %, les Etats-Unis garderont toutefois une place sur le podium mais seront rétrogradés au second rang, derrière la Chine, dès 2035. La bonne nouvelle, est que ces déclins en Occident seront largement compensés par des progressions exponentielles de la consommation en Chine, en Inde et au Moyen-Orient. L’Empire du milieu aura ainsi atteint un rythme de consommation de 15,8 millions de barils par jour, soit 28,5 % de plus qu’actuellement.

Le Moyen-Orient, avec une hausse de 43 % de la demande, devrait s’octroyer la troisième place du podium. Juste devant l’Inde, dont la consommation sera a priori équivalente à celle de l’Union européenne et de la Russie réunies.

Enfin, avec environ 6 millions de barils par jour consommés en 2040, l’Afrique va connaître, elle aussi, une forte croissance de la demande pétrolière. Notamment à cause de l’intensification du trafic routier.

Le nombre de voitures en circulation devrait ainsi plus que doubler sur le continent entre 2017 et 2040.

Encore une bonne nouvelle, l’offre sera en deçà de la demande estimée à 103,4 millions de barils par jours pour une demande de dépassant les 106 millions de barils par jour.

Auteur
Rabah Reghis

 




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L’artiste Reda City 16 en grève de la faim illimitée

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S’en prenant à Ennahar

L’artiste Reda City 16 en grève de la faim illimitée

Hamimed Reda, connu sous le surnom d’artiste Reda City 16, est entré dans une grève de la faim illimitée, informe un communiqué rendu public par sa famille.

L’artiste a été arrêté le 18 octobre dernier et placé en détention provisoire à la maison d’arrêt d’El Harrach. Il est accusé de faire partie d’un réseau du cyberactiviste Amidz.

Par cet acte ultime, l’artiste entend dénoncer son incarcération, estimant qu’il est innocent de toutes les accusations dont on le charge.

Par la même occasion la famille de Hamimed Reda rappelle que le traitement médiatique que lui a infligé « un média » – Ennahar, sans qu’il soit cité dans le communiqué – l’a profondément affecté. La famille estime qu’il a été traîné dans la boue par cette chaîne de télévision et a porté atteinte à son intégrité.

Cette chaîne de télévision a porté des accusations et prononcé son verdict contre Reda Hamimed avant que la justice ne se prononce, crie dans son communiqué la famille. « Il (cet organe médiatique, ndlr) s’est transformé en procureur faisant régner sa loi à la place de la justice», ajoute le communiqué de la famille. « Ce média viole la justice algérienne », ajoute-t-elle. Il y a quelques jours la famille a écrit une lettre pour le président Bouteflika afin qu’il intervienne et libère son fils. En vain.

Depuis début octobre, la rue algérienne assiste à des arrestations puis à des libérations à tour de bras. Il y a eu les cinq journalistes dont trois croupissent toujours en prison. Les cinq généraux-majors placés en détention préventive puis libérés et des artistes comme Hamimed Reda, arrêté dans le cadre de l’affaire Amir Dz dont le principal accusateur est Anis Rahmani, patron d’Ennahar TV. 

Auteur
Yacine K.

 




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Répression violente à Béjaïa: Gravissime ! Très inquiétant !

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COUP DE GUEULE

Répression violente à Béjaïa: Gravissime ! Très inquiétant !

La marche des libertés prévue pour ce mardi à Bejaia a été brutalement dispersée par la police, rapportent plusieurs sources. 

Une marche pour la dignité, pour la liberté pour la libération de Merzoug Touati et les autres détenus d’opinion dispersée par la force publique. Où sont donc ces fameuses libertés respectées dont parlent les ministres du gouvernement Bouteflika ?

Alors que lorsque les portes du bureau du président de l’Assemblée, élu et désigné à ce poste par le président de la république, ont été cadenassées, illégalement, violemment, injustement, par des députés putschistes issus des partis soutenant Bouteflika, FLN/RND/MPA/TAJ, aucune autorité n’a été intervenue pour signifier aux putschistes l’illégalité de leur action.

Aucun policier, aucun gendarme, aucun procureur ne se sont manifestés pour dire, au moins, aux putschistes : « Vous êtes dans l’illégalité, vous êtes hors-la-loi! » Et ils étaient dans l’illégalité la plus manifeste.

Cependant, à Béjaia, les policiers étaient nombreux, très nombreux à interdire une expression populaire et pacifique.

Les marcheurs pacifiques, pacifistes, de Bejaia et ceux venus des autres régions, pour appeler à libérer les prisonniers d’opinion ont été interdits, ont réprimés et arrêtés.

Ce qui s’est passé à Béjaia est extrêmement grave, c’est une atteinte, une de plus, à la liberté de marcher, de manifester, de dénoncer, une liberté reconnue, énoncée et défendue par la Constitution algérienne.

Des manifestants, revendiquant pacifiquement le respect des libertés, la libération de Merzoug Touati, un blogueur arrêté pour avoir publié une interview que lui a accordé un diplomate israélien, ont été violemment dispersés, d’autres, et ils étaient nombreux, arrêtés, alors que la télévision gouvernementale, l’entv, offrait généreusement ses micros à des terroristes qui se rendaient aux services de sécurité dans le cadre de la loi sur la réconciliation nationale. 

Le dernier, le seul, l’ultime espace, la rue, qui est naturellement réservée à la colère citoyenne, à l’expression pacifique, publique, politique, syndicale, à la revendication démocratique se voit se rétrécir gravement et dangereusement.

Et ce ne sera pas dans les fauteuils feutrés de l’Assemblée, assis face à un nouveau président intronisé par la loi du nombre, de la force et de la violence que l’opposition gagnerait à faire avancer la cause des damnés, des opprimés, des laissés-pour-compte. L’heure est à la rupture avec ce régime.

Bâillonner l’expression populaire est le summum des répressions, celle qui instaure la dictature dans toute son horreur. Pour longtemps, serions-nous tentés de dire. 

Auteur
Achour Boufetta

 




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Bouteflika, c’est trop tard, le mal est fait

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CRISE

Bouteflika, c’est trop tard, le mal est fait

Les moins amnésiques d’entre nous se rappelleront sans doute que ce président avait commencé son règne en instituant trois commissions chargées de réfléchir sur une nouvelle conduite des affaires de l’État.

Une première commission devait fournir des idées sur la réforme de la justice.

La deuxième avait pour mission de se pencher sur l’éducation la troisième enfin chargée de rien moins que de réfléchir à un nouvel Etat moderne. 20 ans plus tard, les juges sont plus corrompus que jamais, l’école et à ce point naufragée que les sujets des examens sont, la veille, sur Facebook. Quant à l’Etat, on le voit bien, il n’existe plus ou alors sous la forme d’une camarilla qui lave son linge sale publiquement, dans le plus pur style de la mafia des années 30, un président d’assemblée débarqué en dehors de toutes légalité, un ministre qui démolit le chef du gouvernement c’est-à-dire son supérieur hiérarchique sans que personne ne le remette à l’ordre, pour ne citer que ces deux exemples.

Au bout de quatre mandats, le pays est tristement à genoux

Ne tournons pas autour du pot : après 19 ans de règne de Bouteflika, le futur est largement compromis. Et beaucoup pensent que c’est un retard irrattrapable. Le président algérien n’a pas seulement tourné en rond pendant 19 ans ; il a échoué dans une épreuve décisive : réduire, sinon éliminer la forte dépendance aux hydrocarbures.

On le savait : le pétrole n’était pas éternel et il allait commencer à se raréfier dès 2010.

La seule parade était d’industrialiser le pays, d’opter pour une économie de production, développer l’agriculture, assurer une autosuffisance alimentaire, encourager la recherche…  Il aurait fallu, pour cela, un projet, des choix clairs, une ambition algérienne.  Il n’avait rien de tout cela.  En 1999, à sa prise de pouvoir, l’économie algérienne dépendait à 97 pour cent du pétrole et du gaz. Nous étions alors 30 millions d’Algériens. Dix-neuf ans plus tard, en 2018, l’économie algérienne dépend toujours à 97 pour cent du pétrole, mais nous sommes 42 millions d’Algériens qui seront 50 millions à l’horizon 2025, et nous ne savons rien faire d’autre que de vendre du pétrole lequel, entre-temps, a perdu la moitié de sa valeur sur le marché.

Le propre de la science économique et de n’être pas réductible aux humeurs, aux approximations et aux jugements subjectifs, et l’on a beau user de concepts creux et de métaphores, on n’échappera  pas à l’implacable vérité qui s’impose à nous : le futur est bel et bien compromis. L’argent du pétrole a été dilapidé dans des dépenses irréfléchies et dans des pratiques coupables et le contexte mondial n’offre pas une seconde chance. Comment nourrir, éduquer, vêtir et accompagner 42 millions d’Algériens, bientôt 50 millions, quand le pétrole ne rapporte qu’à peine la moitié des recettes des années 2001-2013.  

Or chaque année, la population en âge de travailler augmente de 3,4%, et parmi elle, 120 000 diplômés universitaires à la recherche d’un emploi. Pour réduire le chômage et absorber la demande additionnelle, il faudrait, nous dit le PNUD, un taux de croissance de 7% ! Une utopie !

En 2009, on observait une chute de 30% de la création d’entreprises et le Fonds monétaire international lui-même déplore que l’Algérie enregistre le taux le plus bas de création d’entreprises au niveau maghrébin : 30 entreprises créées pour 100 000 habitants contre plus de 300 au Maroc pour la même proportion d’habitants (Rapport du FMI cité par El Watan du 2 octobre 2009). « Il nous faudra plus de 30 ans, pour atteindre un million de PME et créer des postes d’emploi qui pourront ainsi diminuer le chômage », assurait, en 2009 déjà, l’ancien  président du Forum des chefs d’entreprise, ex-ministre de la PME, Réda Hamiani (El Watan).

Autre indicateur : selon le président du FCE, sur les 1 200 milliards de dinars (12 milliards d’euros) de crédits à l’économie octroyés au secteur privé en 2008, 900 milliards (9 milliards d’euros) « sont consacrés à l’importation ».

Le pays a abandonné son ambition pour devenir l’objet de l’ambition des autres. En 2018, on est tout fier d’avoir sur le marché des équipements électro-ménagers montés en Algérie par un opérateur économique, Condor, oubliant que le pays disposait, à la fin des années 70 déjà, des grands groupes industriels tels l’ENIE de Bel-Abbès ou l’ENAPEM de  Oued-Sly qui produisaient téléviseurs, réfrigérateurs, chaînes stéréo et autres articles électroniques avec un taux d’intégration qui approchait les 100 pour cent.

Que de fois les syndicalistes de ce pays ont répété que, pour favoriser la bazardisation de l’économie algérienne et faire prospérer les barons de l’import, on est allé jusqu’à fermer des usines ? C’est le cas du secteur de la tomate industrielle qui emploie des dizaines de milliers de salariés et qu’on a fait taire pour pouvoir importer des tomates en conserve de Chine, de Turquie, d’Italie et même … d’Arabie Saoudite ! Qui ignorait que la production nationale de camions avait été sabotée pour favoriser l’importation ? La société nationale de véhicules industriels (SNVI) qui produisait 40 000 camions, bus et minibus fabriqués à la fin des années 1980, n’en construisait plus que 6 500 en 2009. Entre-temps, l’importation à coups de dizaines de millions de dollars de camions et de bus a explosé.

Alors que se profilent de noires années de crise, eux, Bouteflika et ses hommes, affolés par la perspective d’une remise en question de leur règne, ne pensent qu’à rassurer la population par de fausses promesses qui prolongeraient pour un mois ou pour un an, cette fameuse paix sociale qu’ils appellent stabilité. Écoutons ceux qui se font les relais de ce dérisoire engagement de Bouteflika de ne pas toucher aux subventions des prix, ni aux aides octroyées aux classes sociales démunies.

Autrement dit, « population, ne te soulève pas, j’ai toujours pour toi un peu de sucre ! ».

Mais où trouver les 60 milliards de dollars nécessaires pour les transferts sociaux quand on sait que les recettes totales d’exportation des hydrocarbures pourraient être inférieures à ce montant ? Le gouvernement ne le dit pas. Comme il ne dit pas d’où il puisera les fonds nécessaires pour garder les investissements publics, au cours de l’année qui vient, à leur niveau astronomique de 3 908 milliards de dinars (50 milliards de dollars). Dès lors, le jeu est terminé on ne joue plus, personne ne joue du reste, sauf ceux qui dirigent ce pauvre pays.

Auteur
La rédaction

 




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Faute de réformes, l’Algérie menacée d’une grave crise économique

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CRISE

Faute de réformes, l’Algérie menacée d’une grave crise économique

« Avec un produit intérieur brut estimé à, à peine 156,1 milliards de dollars en 2016, l’Algérie est à l’évidence un pays qui crée peu de richesses. Trop de richesses que dizaines de nations et des centaines de firmes étrangères ayant un potentiel beaucoup moins importants que le nôtre dépassent allégrement », estime l’économiste Nourdine Grim.

Alors ? Des réformes sont urgentes en Algérie pour diversifier une économie dépendante aux hydrocarbures et éviter une crise économique dès 2019, a averti, lundi 19 novembre, le centre d’analyses International Crisis Group (ICG).

Mais le feu est dans la demeure depuis déjà pas mal d’années. « Durant ces quinze  dernières années le trésor public aurait effet déboursé pas moins de 850 milliards de dollars pour réaliser des équipements publics, des dizaines de milliers de logements et diverses infrastructures de base pour n’obtenir au bout du compte qu’une croissance annuelle moyenne de 3% », constate Nourdine Grim. Ajoutant : « Durant ces quinze  dernières années le trésor public aurait en effet déboursé pas moins de 850 milliards de dollars pour réaliser des équipements publics, des dizaines de milliers de logements et diverses infrastructures de base pour n’obtenir au bout du compte qu’une croissance annuelle moyenne de 3% ».

Puis à l’économiste d’enfoncer le clou avec ce terrible rappel : Pour prendre conscience de l’énormité des capitaux que l’Etat a dépensé sans être parvenu à changer grand-chose à l’état général de l’économie, il faut effectivement savoir que le plan Marshal de 1947 destiné à la reconstruction de tous les pays Europe affectés par les destructions allemandes, ne dépasse guère 17 milliards de dollars de l’époque, soit environ 200 milliards, à la valeur actuelle. Comparée à celles qui ont servi à la reconstruction de de pratiquement toute l’Europe d’après guerre, l’efficience des dépenses algériennes est à l’évidence dérisoire, pour ne pas dire, négligeable !!!

L’Algérie, qui tire l’essentiel de ses revenus du pétrole, a subi de plein fouet la dégringolade des cours entre 2014 et 2017. Or « les nouvelles réalités financières ne permettent plus de maintenir le niveau élevé de dépenses publiques des dix dernières années, qui vide rapidement les caisses de l’Etat », indique l’ICG dans un rapport intitulé « Surmonter la paralysie économique de l’Algérie ».

Un modèle « à bout de souffle »

« Malgré les promesses des gouvernements successifs de faire des réformes et de rééquilibrer les finances publiques, la paralysie politique a fait obstacle à toute mesure décisive », s’inquiète le centre. Cette paralysie est renforcée par l’incertitude autour d’une candidature du président Abdelaziz Bouteflika, 81 ans, à un cinquième mandat en avril prochain. En dépit du « rétablissement du cours du pétrole, la crise économique pourrait frapper le pays dès 2019 » et « se greffer aux tensions entourant la présidentielle », avertit l’ICG.

« Les autorités reconnaissent que le modèle actuel est à bout de souffle mais peinent à le corriger », souligne le rapport, regrettant que les réformes économiques « ont eu tendance à être reportées ». Selon l’ICG, deux facteurs paralysent celles-ci : « des groupes d’intérêt » influents qui « défendent le statu quo » et le souvenir de la guerre civile (1992-2002) née des troubles politico-sociaux ayant suivi les mesures d’austérité des années 1980 et 1990.

Le centre estime insuffisantes les coupes budgétaires et la «politique monétaire expansionniste, qui alimente l’inflation et permet seulement au gouvernement de gagner du temps sans s’attaquer aux problèmes de fond»« A terme, l’Algérie ne pourra pas se contenter d’apporter de petits ajustements techniques à sa politique économique », ajoute-t-il, jugeant inévitable une renégociation du « contrat social implicite » dans le pays, « à savoir que l’Etat pourvoit aux besoins d’une population tenue de s’exécuter ».

Forte intervention étatique

L’économie algérienne reste marquée par une forte intervention étatique. Avec d’importants marchés publiques offerts, par exemple, à toute une pléthore de nouveaux magnats réputés pour leur proximité avec le régime.

La rente pétrolière subventionne notamment le carburant, l’eau, l’énergie, la santé, les logements et les produits de base, ce qui fait que de larges pans de la société dépendent des aides de l’Etat et autres subventions.

«Toute renégociation doit être envisagée avec prudence », souligne l’ICG. Les moins de 30 ans (55 % de la population selon les statistiques officielles) « entrent aujourd’hui sur le marché du travail avec de sombres perspectives d’avenir et une capacité considérablement réduite de l’Etat à les soutenir ».

L’Algérie peut néanmoins compter sur une dette extérieure inférieure à 2 % du PIB et sur des partenaires, européens notamment, « prêts à apporter leur soutien », argue le centre. Les analystes ont appelé Alger à plus de transparence sur l’état des finances publiques, les difficultés économiques, les réformes nécessaires et leurs résultats attendus, et à « mettre l’accent sur les jeunes dans l’élaboration du programme de réformes ». Il l’a aussi invité à élargir son « éventail » d’interlocuteurs, limités à l’ex-syndicat unique UGTA et au Forum des chefs d’entreprises, organisation patronale proche du pouvoir.

Auteur
La rédaction/AFP

 




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Marche des libertés à Bejaia : plusieurs journalistes interpellés

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ALERTE

Marche des libertés à Bejaia : plusieurs journalistes interpellés

La marche des libertés a subi la loi impitoyable de la police dépêchée en force par les autorités à Bejaia. Usant d’une brutalité inouïe, la police a embarqué sans ménagement dès le début de la marche aux alentours de la résidence universitaire de Taga Uzemmour. 

Plusieurs étudiants, activistes et journalistes ont été arrêtés par la police aujourd’hui, mardi 20 novembre, aux à Béjaia à 250 km de la capitale Alger, a-t-on appris de sources locales. Des centaines de journalistes et défenseurs des droits humains ont fait le déplacement des quatre coins du pays pour soutenir « la marche des libertés », organisée par le collectif de militants pour la libération du blogueur Merouane Touati.

Parmi les journalistes interpellés, Abdou Semmar rédacteur en chef du journal en ligne AlgériePart et Said Boudour, éditeur du site ‎Journalistescitoyens d’Algérie.

Plusieurs activiste et initiateurs de la marche des libertés, ont confirmés l’information de l’interpellation de dizaines de journalistes venus soutenir la manifestation en faveur de la libération de Merzoug Touati. 

Ce dernier a été arrêté le mois de janvier 2017 et accusé d’intelligence avec une puissance étrangère et nuire aux intérêts de l’Algérie suite à la publication d’une interview d’un responsable israélien sur son blogue Hogra.

Il a été condamné par le tribunal criminel de Béjaïa, le 24 mai dernier, à dix ans de prison ferme, puis à 7 ans de prison à l’issue de son procès en appel tenu le 21 juin passé devant la cour criminelle de la même ville.
 

Auteur
Khaled Ouragh 

 




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Éternel optimisme

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LE COIN DES POETES

Éternel optimisme

Dans la courbe du tendre arc-en-ciel
Couché sur le dos des collines
Que le soleil arrose de bonne mine
L’éclaircie dévore les larmes nourries de fiel.

Même si le ciel bruine et crachote
L’aube crèvera les nuages nocturnes
Effacera les nuits taciturnes
Pour que les rêves sortent de leur grotte.

Tant que les rayons du soleil 
Percent l’épais rideau des nuages
La lumière jaillira sans ambages
Le lion se réveillera de son lourd sommeil.

Aux flancs des espoirs latents
Les cauchemars dorment dans la douleur
Les rêves prennent des couleurs 
Attendant les semailles du printemps.

© Bachir Djaider 
Dimanche 18 novembre 2018
Cet espace est le vôtre ami(e)s poète(esse)s. Nous vous le réservons pour la publication de vos poèmes avec votre illustration. Adresse mail : redactionlematindz@gmail.com

Auteur
Bachir Djaider

 




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Mohammed Dib selon Anouar Abdelmalik

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REGARD

Mohammed Dib selon Anouar Abdelmalik

Mohammed Dib à Paris en 1963.

Lorsque le sociologue et penseur marxiste égyptien, Anouar Abdelmalik (1924-2012) évoque Mohammed Dib en 1957 ce n’est pas avec un regard du traditionnel lettré arabe qui s’est alité sur le discours nationaliste creux d’une bourgeoisie arabe ne reproduisant que le discours de la culture des maîtres colonisateurs. Bien au contraire.

Anouar Abdelmalik, enfant de la communauté Copte et ex-élève des Jésuites, se décarcasse l’esprit de toutes les pensées nihilistes et obscurantistes en abordant le réel en le décortiquant comme reflet de la matière et un acte historique du vécu des hommes.

C’est sur cet angle qu’il écrira dans les colonnes de la revue culturelle-égyptienne Al-Majalah (n° 8 du 1/8/1957) un article sur Mohammed Dib, sous le titre bien significatif de Lumières sur la littérature d’Algérie. Le numéro suivant, du 1/9/1957, sera consacré à Mouloud Mammeri.

Dans un arabe simplifié et usant de concepts qui traduisent un certain engagement de l’intellectuel, vis-à-vis de la pensée matérialiste dialectique, version du XXe Congrès du PCUS (1956), le jeune Mohammed Dib est qualifié d’exemple prometteur de cette littérature algérienne née dans le front du combat libérateur. Une littérature occultée par ces dépêches d’informations françaises qui ne relèvent que les situations où ne coule que du sang, remarque-t-il (p.65), tout en signalant que la naissance de cette littérature algérienne contemporaine est un plus qu’il faut ajouter à l’ensemble des littératures modernes.

Dib

Mohammed Dib à Alger Républicain.

Anouar Abdelmalik relève dans son article que « la colonisation française était – et le demeure encore – en train d’assimiler l’Algérie au sein même de la France, comme si l’Algérie ne représentait que les trois départements du territoire  français » (Idem), en réussissant à éliminer toute forme d’expression au patriotisme algérien indépendant, en lui interdisant l’utilisation de la langue arabe comme expression des autochtones du pays.

Il est à noter que la culture des marxistes arabes au Moyen-Orient des années 50 est encore marquée par la vision idéologiste arabiste, au point où l’on décèle difficilement l’outil marxiste dans cette amalgame entre patriotisme et nationalisme ou encore bourgeoisie, capitaliste, coloniale et bourgeoisie coloniale colonisée à cette même époque.

Il est d’autant clair pour Anouar Abdelmalik que la langue française en Algérie est devenue la langue des correspondances officielles, des échanges commerciaux et financiers, de l’administration, de l’enseignement, de la presse, de l’université et même… des casinos, note-t-il avec humour et amertume.

«L’arabe ne devenant que la langue d’expression quotidienne du peuple, notamment dans les campagnes, il ne s’exprimait que dans le parler algérien » (Idem), question qui, de jour en jour, affaiblit l’existence de la langue arabe. L’insistance des propos de cet article sur la question linguistique et de la part d’un marxiste arabe, laisse un peu perplexe certains observateurs face à cette insistance sur la question linguistique comme forme identitaire fondamentale au sein de la question nationale.

Mohammed Dib se distingue, néanmoins, par le fait de son appartenance à une génération, la seconde selon Abdelmalik, qui s’imposait comme hors la littérature française qui ne voyait en l’Algérie et ses habitants, qu’un décor plein d’exotisme et de « mystères ».

Mohammed Dib, Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri et bien d’autres sont aussi, pour Abdelmalik, des auteurs ayant cette double culture qui se résume en leur « formation française et mariés à des Françaises » (p.66). Appartenir à cette  culture du colonialiste et non à sa civilisation, estime-t-il encore, est une marque de divergence et d’opposition de la part de ces écrivains, à la culture même du colonisateur et constitue une forme de dire son appartenance à la civilisation arabo-musulmane et à un patrimoine spécifiquement nationale.

Mohammed Dib est d’abord un poète

Anouar Abdelmalik place l’auteur de “L’Incendie” au sein de cette génération née entre 1939 et 1955, la génération d’entre la Seconde Guerre mondiale et la Conférence de Bandoeng, cette génération d’écrivains qui font du peuple leur matière d’écriture et d’esthétique. Mohammed Dib est certes un écrivain réaliste mais il est surtout un poète :

« Il n’observe pas le réel tel qu’il est et ne le décrit nullement comme état de stagnation ou d’immobilisme, mais comme un réel qui prend tout son sens par les sensations. Il représente son peuple dans la forme d’images vivantes et confuses même, s’adressant à nos cœurs et soulevant les émois de son lecteur. Il est un écrivain réaliste dans le sens le plus précis du terme » (Idem).

Le sociologue égyptien avait lu Dib en français et il précisait qu’à la rédaction de son article, aucune traduction arabe n’est encore parue au Moyen-Orient. Il décela en lui, un écrivain très enraciné dans le sol algérien, dans sa terre meurtrie et n’use d’aucun imaginaire cosmique afin de s’élever vers les cimes de l’irréel. Il est parmi des paysans qu’il a connus. Il parle leur langue, respire leur air, ressent leur douleur et écrit pour eux et sur eux, poursuit Anouar Abdelmalik.

Il est cet écrivain qui reste plein d’espoir, Dib ignore ce que stagnation veut dire, de même pour le mot abdication et l’espoir chez lui n’est pas une série de slogans ou d’intempestifs applaudissements, mais le résultat d’interactions au sein de ce peuple, qui reste en étroite relation avec son Histoire millénaire et ses événements les plus douloureux. Mohammed Dib, dira Abdelmalik, est cet écrivain qui affronte et se confronte à chaque angle, un coin sombre ou sanguinaire de toute vie qu’il décrit.

Nous signalons par ailleurs, qu’Anouar Abdelmalik peut susciter quelques déboires à travers certaines de ses prises de positions, à l’égard d’un écrivain algérien n’écrivant que dans la langue du colonisateur. Mais, nous ne devons oublier que nous sommes en 1957 et que l’idéologie du Panarabisme du colonel Nasser est à ses heures de gloire avec comme modèle le «socialisme arabe». A cette époque, les « communistes arabistes» d’Egypte développaient ses thèses, en rompant dans un antimarxisme flagrant. Anouar Abdelmalik évoluera, lui-même, vers un sociologisme made in Althusser, autour du jeune Karl Marx encore Hégélien.

Mais il n’en demeure pas moins que l’article sur Mohammed Dib relève de la critique sociologique intéressante à plus d’un point de vue et toujours d’actualité. Anouar Abdelmalik le qualifie à juste titre de « maître incontesté de l’expression romanesque et poétique » (p.67). Chose rare chez les écrivains de sa génération qui, pour la plupart, ont échoué par le fait d’une guerre mondiale au point de rater leur propre existence.

Le hic de cet article est la courte notice biographique de Mohammed Dib, Anouar Abdelmalik évoque la rencontre de Dib avec Jean Cayrol, lors du Séminaire de Sidi-Madani au moment où il mettait en œuvre La Grande maison. Une rencontre qui marqua notre écrivain tout comme ses lectures d’Aragon, de Stendhal, de Tchékhov et de Gogol. Abdelmalik rappelle que Dib était sur le point d’achever le troisième roman de sa « Trilogie » Algérie, intitulé Frères de l’humanité, de même qu’un autre roman, Hommes sans but  et dans lequel il est question de l’histoire d’une famille conservatrice et propriétaire terrienne. La présentation d’Anouar Abdelmalik, mentionna des passages bien significatif de L’Incendie, du recueil de nouvelles Au Café en citant l’exemple des textes, La Petite cousine et Terres interdites, avec une lecture de l’esthétique dibienne a travers le choix des personnages, leur état d’âme et la force de Dib d’intégrer l’ensemble dans le seul espace de vie.

Auteur
M. K. Assouane

 




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