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Retrait de Syrie et d’Afghanistan : la pantalonnade de Trump

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DECRYPTAGE

Retrait de Syrie et d’Afghanistan : la pantalonnade de Trump

Le 19 décembre 2018 le président américain annonçait qu’il retirait les troupes américaines de Syrie. Sa décision qui correspondait à une promesse de campagne devait s’appliquer dans les 30 prochains jours. Il a aussi ajouté qu’il allait retirer 7000 soldats d’Afghanistan.

Toute la classe politique américaine ou presque a alors repris son antienne : Trump ne respectait pas les alliés des États-Unis, mettait en danger les Kurdes, ne finissait pas le boulot contre l’État islamique et donnait carte blanche à la Russie et à l’Iran. Son ministre de la défense, Mattis, un va-t-en-guerre confirmé et responsable de la destruction de Falloujah en Irak et auteur de phrases dignes d’un psychopathe a démissionné.

On aurait pu croire que les États-Unis avaient toujours respecté leurs alliés, en Irak en 2003 par exemple, et qu’ils étaient soudain en train de gagner la guerre asymétrique en Afghanistan, ce qui s’est avéré impossible en 17 ans de présence militaire dans ce pays. Alors qu’en 2017 les critiques de Trump avaient salué son comportement présidentiel lorsqu’il avait bombardé la Syrie ou lancé la plus grosse bombe (MOAB, Mother of all bombs) sur l’Afghanistan, cette fois-ci, alors que Trump parlait de réduction de la présence militaire, il fut honni et moqué par les Républicains comme les Démocrates.

Moins de deux semaines après, Trump commençait à rétropédaler et début janvier la marche arrière était complète. Après une visite en Israël et une autre en Turquie par son secrétaire d’État, Pompeo, Trump a renvoyé aux calendes grecques le retrait américain. Le président qui théoriquement préside et est le chef des armées préside donc aux reculades et virages à 180 degrés.

Initialement, une partie de la gauche du parti démocrate avait exprimé son approbation de ce qui semblait être la décision du retrait des troupes, impulsive mais bien orientée, du président américain. Elizabeth Warren a déclaré, le 3 janvier 2019, sur MSNBC, que le retrait des troupes était une bonne chose. En moins de trois semaines, les partisans de la guerre permanente ont gagné la bataille, Trump s’est soumis à leurs désirs et a déclaré le contraire de ce qu’il avait affirmé le 19 décembre.

Trump est donc bien le clown, le bouffon qui amuse les foules, les berne grâce à sa maitrise du langage de la télé-réalité mais qui ne décide pas des vraies orientations de la politique étrangère américaine. Il en va de même pour la politique intérieure mais, étant donné le soutien actif des Républicains ploutocrates et anti-écologiques, l’inconsistance et le chaos permanent à la Maison Blanche ne donnent pas lieu à autant de dénonciations dans les médias.

Une journaliste indépendante, Caitlin Johnstone, a inventé une petite saynète sur le sujet :

Trump : On quitte la Syrie

Bolton : On ne quitte pas vraiment la Syrie.

Trump : On quitte la Syrie très lentement.

Graham : Très, très lentement.

Bolton: Ou peut-être jamais.

Trump : Lorsque l’État islamique aura disparu.

Bolton : Et l’Iran.

Trump : C’est moi qui ai embauché Bolton et je ne regrette rien.

L’idée qu’il existe aux États-Unis un « double gouvernement » (Michael Glennon), un Establishment de la politique étrangère, appelé « blob », un complexe militaro-industriel tout puissant ou un « État profond » est souvent combattue. Puisque Trump lui-même dénonce le «deep state» les Démocrates ou liberals en nient l’existence, que pourtant Edgar Snowden certifie en disant qu’il en a fait partie. Mike Lofgren en a fait un livre : The Deep State, The Fall of the Constitution and the Rise of a Shadow Government.

Quelle que soit l’expression choisie, force est pourtant de constater qu’en politique étrangère il est facile de contourner la parole présidentielle. Ceci n’est pas nouveau : dans son livre publié en 2015 avant l’arrivée de Trump au « pouvoir », National Security and Double Government, Michael Glennon mentionnait des exemples où Obama avait dû se plier aux demandes du « gouvernement de l’ombre » dans lequel les services secrets et le complexe militaro-industriel jouent un rôle de premier plan.

Trump est bien le désastre dénoncé par la gauche et les Démocrates et il est effectivement ignare et impulsif mais il donne satisfaction aux forces réactionnaires qui encadrent le pays. Il ne donne des sueurs froides à cet « État profond », que selon Snowden il ne comprend pas, que lorsqu’il semble s’écarter de la ligne militariste dominante.

Lorsqu’il avait parlé, lors de la campagne de 2016, de meilleures relations avec la Russie et mentionné son souhait de faire revenir des soldats aux États-Unis, de façon non structurée ou planifiée, comme à son habitude, il avait fait tremblé les militaristes des deux partis.

Lorsque, début décembre 2018, il finit par approuver une augmentation du budget militaire pour cette année 2019, dix jours à peine avant sa déclaration sur la Syrie, il n’y a pas eu de dénonciations médiatiques importantes. Cette augmentation portera le budget militaire à 750 milliards de dollars, un budget qui dépasse celui des 10 puissances suivantes et dont l’impact social est catastrophique dans un pays où les infrastructures vieillissantes s’écroulent et où de nombreuses écoles publiques sont délabrées.

Un président qui gonfle les dépenses de la « main droite de l’État » (Bourdieu) et poursuit des guerres ingagnables, injustes et inutiles n’est pas mis en cause dans les médias dominants. Un président qui, même pour de mauvaises raisons, car il pense que les États-Unis paient pour les autres, donne l’impression de comprendre le coût exorbitant des dépenses militaires et parle de limiter, très légèrement la présence militaire des États-Unis est un fou dangereux.

Un certain nombre d’observateurs évoquent le retour des néo-conservateurs américains autour de Trump. Pompeo et Bolton en sont deux exemples. Ainsi la politique étrangère de George W. Bush qui a mené à la catastrophe et au développement des groupes terroristes qu’il s’agit de combattre en Syrie aujourd’hui refait surface.

Daech est l’émanation d’Al Qaida en Iraq, grandement aidé par la création du camp Bucca, après avoir bénéficié du soutien américain en Afghanistan lors de l’occupation soviétique. Les fauteurs de guerre de l’époque Bush-Cheney, les partisans démocrates de la guerre en Irak, sont aujourd’hui les plus critiques des déclarations apparemment moins militaristes de Trump (il ne s’agit que d’apparence, bien sûr).

Les guerres coûtent cher au États-Unis, presque 6000 milliards depuis 2001 et ce pays ne les gagne pas il faut se demander donc pourquoi le complexe militaro-industriel ne dévie pas de sa ligne exceptionnaliste, impérialiste et désastreuse. Les guerres ingagnables ne sont bien évidemment pas perdues pour tout le monde : le secteur de l’armement fait des bénéfices quelle que soit l’issue d’une guerre.

Une guerre asymétrique comme en Afghanistan est une source de profits pour un grand nombre d’entreprises, des entreprises souvent dirigées par des proches de responsables politiques. Erik Prince est le frère d’une ministre de l’administration Trump, Betsy DeVos (éducation), qui après avoir dirigé la firme de mercenaires Blackwater dirige le  Frontier Resource Group. Il propose de privatiser la guerre en Afghanistan. Trump pourrait donc être tenté d’annoncer le retrait des troupes américaines puis de céder la place à une entreprise privée pour continuer la guerre ingagnable mais juteuse.

Il est impossible de faire confiance à Trump, ce qui n’est pas d’une grande nouveauté, mais ceux qui le dénoncent pour quelques paroles faussement antimilitaristes, savent très bien qu’il n’est qu’une marionnette facilement recadrable par les va-t-en-guerre néoconservateurs du complexe militaro-industriel. Trump est un bouffon velléitaire qui accepte son rôle, ceux qui l’entourent et lui dictent ses décisions ne sont pas des « adultes » mais des casseurs militaristes qui appauvrissent leur pays et sèment le chaos et la terreur dans le monde.

P. G.

Cette chronique est réalisée en partenariat rédactionnel avec la revue Recherches internationales à laquelle collaborent de nombreux universitaires ou chercheurs et qui a pour champ d’analyse les grandes questions qui bouleversent le monde aujourd’hui, les enjeux de la mondialisation, les luttes de solidarité qui se nouent et apparaissent de plus en plus indissociables de ce qui se passe dans chaque pays.

Site : http://www.recherches-internationales.fr/

Auteur
Pierre Guerlain, Université Paris Nanterre

 




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Le grand Chabab meurt à petit feu …

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Ligue 1

Le grand Chabab meurt à petit feu …

En match de clôture pour le compte de la 17e journée du championnat professionnel de la ligue 1, le CR Belouizdad, a calé une nouvelle fois dans son jardin au stade du 20-Août 55, sur le score vierge de zéro but partout contre l’AC Paradou.

Dans une très mauvaise passe, les Belouizdadis ont entamé ce mini-derby face à l’Athlétique club de Paradou, avec comme ultime espoir de préserver leur chance dans la première division en conséquence au conflit interne qui a profondément moisi la structure des Rouge et Blanc, sauf et au grand dame des Ultras Fanatics Reds, les protégés de Laâqiba, se sont neutralisés une fois de trop à domicile et compliquent davantage la situation du club phare de Belcourt, en attendant la prochaine rencontre devant son rival traditionnel, qui n’est autre que, le MC Alger, encore un gros calibre à défier en forme d’un derby qui sera sans aucun doute intense et très palpitant.

Sortant d’un match de parité lors de la précédente journée suite à leur déplacement soldé sur le score d’un but partout contre l’AS Ain M’lila, cette fois-ci, les poulains du nouveau coach Amrani, n’ont pas su comment exploiter l’option de la maison face aux Capistes et réduire leur retard au classement général.

Pourtant, la physionomie du jeu était plus ou moins favorable aux coéquipiers de l’attaquant Attia, au vue de la possession de balle et aux nombres d’occasions créées, notamment celles de Djerrar (75’) et Balegh (86’) mais sans pouvoir réellement  les concrétisés a défaut de précipitation et le manque d’adresse.

Les héritiers du légendaire Hacène Lalmas, demeurent déjà condamnés dès cette deuxième journée de la phase retour à moins qu’un miracle surgisse à contre-courant de notre soi-disant championnat « professionnel »

Le grand Chabab Zoudj, finit donc, par succomber à la débâcles de ses anciens actionnaires, dont ni l’expérience de Saïd Allik, ni le savoir faire de son entraîneur Amrani et encore moins le renfort de Amir Sayoud, ne semblent parvenir à secourir ce vieux ‘V’ symbole de la victoire.

Auteur
Anes Nazim

 




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Autogestion algérienne : appel à témoignages

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REGARD

Autogestion algérienne : appel à témoignages

« Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse se termineront toujours  en la gloire du chasseur » Joseph Ki-Zerbo.

Cet Appel part d’une constatation : l’effarante ignorance et le néfaste oubli causés par  l’intéressée occultation d’une partie fondamentale du passé du peuple algérien. En l’occurrence, il s’agit en particulier de l’expérience autogestionnaire qui eut lieu en Algérie, tout juste au lendemain de l’indépendance. Contrairement aux allégations des vainqueurs de l’histoire, cette expérience réalisa le miracle d’assurer une certaine continuité de la production industrielle et agricole, en dépit de l’abandon des propriétaires et cadres techniques coloniaux, et malgré l’absence d’un État nouveau capable de gérer le pays tout juste libéré. Cette expérience démontra avec éclat l’absurdité oligarchique du dicton algérien « Ilâ anta mîr ou anâ mîr, achkoun issoug al hmîr ? » (Si tu es maire et je suis maire, qui conduira les ânes ?). En effet, les « ânes » prouvèrent avec éclat leur capacité d’être des « maires », c’est-à-dire des gestionnaires, et cela de manière libre, égalitaire, solidaire et, – cerise sur le gâteau -, efficace !

En Algérie, actuellement, tous s’accordent à reconnaître l’extrême délicatesse de la  période. Les solutions correctes aux problèmes sociaux ne sont pas claires. Aussi, le débat en cours gagnerait à remettre à l’ordre du jour un idéal social et la forme concrète qu’il eut dans le passé, comme il essaie de l’avoir dans le présent : il s’agit de toute réalisation, selon l’expression consacrée, « par le peuple et pour le peuple », plus exactement des  actions autonomes, libres, égalitaires et solidaires, entreprises par des citoyen-ne-s en Algérie, de 1962 à aujourd’hui, en vue du bien commun. Celui-ci implique l’élimination de toute forme d’exploitation économique d’une majorité par une minorité, donc de domination sociale de la première par la seconde ; cela suppose, bien entendu, la suppression de toute forme de conditionnement idéologique. Telle n’est-elle pas la volonté fondamentale du peuple, comme celle de tout authentique démocrate ?

Évitons un malentendu. Cet Appel n’a aucune prétention, évidemment, de s’imaginer comme solution actuelle à la situation présente. Il s’agit simplement d’une mise en perspective à long terme ; elle tient cependant en considération des actions autogestionnaires actuelles, comme possibles semences pour une future récolte plus consistante.

Dès lors, il s’agit de savoir quelles furent dans le passé, et quelles sont dans le présent les caractéristiques de l’autogestion sociale, ses succès, ses limites, ses échecs, ses perspectives et les leçons pratiques à en tirer. Le but est la recherche non pas d’un modèle ni de recettes miraculeuses, servant une minorité, mais d’une piste vers des solutions socialement équitables, pacifiquement réalisables, démocratiquement débattues et acceptées par et pour la collectivité entière. Utopie ?… Peut-être. Aux citoyen-ne-s la décision !

Pour connaître et faire connaître ces propositions de solutions, un Appel est donc lancé à témoignages, sous la forme d’écrits personnels (en dziriya dite « darija », tamazight, arabe classique ou français), de déclarations audio (dans l’une de ces langues), de matériel photographique documentaire (tracts, journaux, revues, photos d’assemblées, d’actions diverses, etc.), éventuellement vidéo..

Le but est de faire le point sur les actions passées et présentes d’autogestion collective en Algérie et, mieux encore, de créer un centre de recherche ou, mieux encore, un observatoire permanent sur l’autogestion sociale. Espérons faire ensemble œuvre utile pour déterminer en quoi cette pratique pourrait être, dans les conditions actuelles de l’Algérie, en dépit des dénigrements intéressés, une bénéfique source d’inspiration dans la recherche et l’instauration d’une société où liberté individuelle soit en harmonie avec une solidarité collective, dans le respect des spécificités culturelles. Le point fondamental est d’examiner si l’autogestion sociale, en Algérie (comme partout ailleurs), est ou n’est pas la réalisation la plus réellement concrète de démocratie populaire dans le meilleur sens de l’expression. Cette autogestion a existé en Algérie, et démontra son efficacité, avant d’être éliminée par la force bureaucratique, laquelle, comble de l’imposture, se manifesta au nom du « socialisme ».

En complément à cette production documentaire de la part des intéressé-e-s, seront prochainement publiés, de ma part, un essai théorique Pourquoi l’autogestion ? (1),  comme perspective actuelle à considérer, ainsi qu’un roman : Quand la sève se lève (2). Ce dernier relatera, juste après l’indépendance, deux expériences autogestionnaires : dans une usine de chaussures à Oran, et dans une ferme des environs, à Gdyel. Par ces diverses productions, l’espoir est d’intéresser aussi bien les lecteurs d’essais que ceux de littérature, en illustrant le très beau vers du regretté ami et compagnon Jean Sénac / Yahia Alwahrani : « Tu es belle comme un comité de gestion ».

Décharger le texte de l’Appel ici : https://www.editionselectronslibres-edizionielettroniliberi-maddah.com/ell-francais-sociologie_appel_autogestion.html

K. N.

Email kad-n@email.com

Notes

(1) https://www.editionselectronslibres-edizionielettroniliberi-maddah.com/ell-francais-sociologie-oeuvres_pourquoi_autogestion.html

(2) https://www.editionselectronslibres-edizionielettroniliberi-maddah.com/ell-francais-roman_quand_seve_se_leve.html

Auteur
Kaddour Naïmi

 




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Les équipes nationales conviées à effectuer leurs stages à l’intérieur du pays

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Sport

Les équipes nationales conviées à effectuer leurs stages à l’intérieur du pays

Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Hattab, a appelé samedi, à partir de Sétif, les équipes nationales à «’exploiter les installations et les infrastructures sportives dont disposent le pays pour effectuer leurs stages de préparation ».

Lors d’une conférence de presse tenue à l’Ecole nationale des sports olympiques  »El Baz  » de Sétif, au terme de sa visite dans cette wilaya, le ministre a précisé que de nombreuses wilayas « disposent d’installations et d’équipements de pointe permettant aux équipes évoluant dans différents disciplines sportives d’effectuer leurs stages dans les meilleures conditions ».

M.Hattab a plaidé, en ce sens, en faveur de l’encadrement des fédérations par des personnes compétentes et d’une gestion ayant recours à des plans d’action bien ficelés, rappelant æ’le droit » de son département ministériel  »à l’accompagnement positif de ces fédérations ».

Il a également ajouté que æ’le sport algérien doit se hisser au niveau mondial compte tenu des efforts déployés par l’Etat en matière de financement et de moyens humains mobilisés à cet effet », soutenant que  »les participations des équipes nationales dans les différentes compétitions doivent etre porteuses de résultats ». 

Le ministre de la Jeunesse et des Sports a mis l’accent, en outre, sur la nécessité de procéder à une bonne gestion des services au niveau de toutes les installations sportives pour créer, selon lui, de la richesse et développer le sport national.

Il a souligné, par ailleurs, l’importance d’investir dans la formation destinée aux formateurs et aux gestionnaires et dans le secteur du sport, appelant à l’implication du privé à travers l’investissement dans le sport qu’il considère comme un complément aux efforts déployés par l’Etat.

Rappelant que 7 398 établissements de jeunesse et de sports ont été réalisés dans tout le pays depuis 1999, M. Hattab a estimé que cela traduit les efforts déployés par l’Etat dans le domaine du sport.

Auparavant, le ministre s’était rendu dans la commune de Saleh Bey, ou il a inauguré une piscine semi-olympique, assisté à la mise en exploitation d’un terrain de jeu de proximité et inspecté, dans la commune de Ain Oulmène, le pôle sportif Abdelhamid Kermali, ainsi qu’un projet de piscine semi-olympique et la maison de jeunes.

Auteur
APS

 




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Un sursaut de la Wilaya IV héroïque

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Mémoire

Un sursaut de la Wilaya IV héroïque

Le  symposium du 08 janvier 2019, tenu à la Bibliothèque nationale par la fondation de la wilaya IV historique avait comme générique « L’affaire de l’Elysée entre la vérité et la propagande ».

Ce que d’autres qualifient de « l’affaire Si Salah », en revanche, pour les services secrets français, elle est connue sous le nom de code Tilsit parce qu’elle est aussi l’affaire de l’Elysée ! En reprenant le même intitulé, la fondation inscrit ce « sursaut » de la Wilaya IV comme un des événements internes de la France à l’instar de ceux qui intitulent notre Révolution de « Guerre d’Algérie » alors qu’elle reprend dans sa brochure en arabe distribuée à l’occasion que de Gaulle rencontrera le GPRA quelques jours après son entretien avec les trois officiers de la 4 à l’Elysée le soir du 10 juin 1960.  

A ce sujet Mohamed Téguia écrit dans son livre « L’Algérie en guerre » que de Gaulle «leur fi part de faire appel aux dirigeants de l’extérieurs le 14 juin ». Il est utile de signaler que la rencontre de Melun, à la fin du mois de juin avait échoué et que la politique de « pacification» s’intensifiait  durant l’été et l’automne 1960 par les grandes opérations Cigale et Ariège en Oranie, dans le Nord-Constantinois puis dans les Aurès. Comme il est nécessaire de rappeler que cette année-là l’indépendance est tour à tour proclamée au Cameroun le 1er janvier, au Togo le 27 avril, au Mali le 20 juin, à Madagascar le 26 juin, au Dahomey le 1er août, au Niger le 3 août, en Haute Volta le 5 août, en Côte d’Ivoire le 7 août, au Tchad le 11 août, en République Centrafricaine le 13 août, au Congo le 15 août, au Gabon le 17 août et en Mauritanie le 28 novembre. C’est comme si pour de Gaulle il avait fait le choix d’élaguer toutes ces colonies, juste pour pouvoir se préserver l’Algérie.

 Si on enserre l’Etat-major de la Wilaya IV  dans la période de l’histoire de 1954 à 62 on ne peut qualifier sa démarche de juin 1960 que d’un faux bond mais si on le considère pour ce qu’il est un des organes de Direction de la Révolution qui anticipe dès 1960 sur ce qui allait se passer inéluctablement l’été 62 s’il n’agissait pas avant  que  les 3 B  qui se sont embourgeoisés jusqu’à ne pas s’entendre sinon pour éliminer Abane et confier le gouvernement  à Ferhat Abbas.

Pour la wilaya 4 ce crime et cette concession à la bourgeoisie ne seraient-ils pas fatals et leur devoir n’est-il pas d’y remédier ? C’est ce qui a été tenté peut-être par la Wilaya IV et a échoué dans sa récupération du cours de la Révolution face à une direction coloniale qui avait à sa tête le sanguinaire Général de Gaulle qui s’était fixé comme tâche la capitulation des combattants des djebels sous la forme dite « paix des braves » utilisant un rouleau compresseur aux mains du général le plus étoilé qui a, à ses ordres un million de soldats, et autant d’auxiliaires dont le seul but d’affaiblir l’ALN jusqu’à lui imposer des cessez-le-feu partiels par-dessus la tête du Nidham

Ceux qui qualifient la lutte de libération nationale de guerre militaire font une erreur aussi grave que ceux qui la qualifient de guerre civile. La Révolution ne peut être réduite à un problème d’armement car il a été prouvé que la manifestation de décembre 1960 à elle seule était plus  bénéfique que la plus grande des victoires de l’ALN.

Si on paraphrase Hadj Ahmed Keddar qui disait : « lebsoulhoum leâbaya taâ-islam oubach iâ rouhouh ». On peut dire, en ce qui concerne les responsables du FLN : ils les avaient galonnés pour les dégrader, car pourquoi un colonel ou officier de l’ALN ne serait-il pas considéré d’abord comme un dirigeant de la Révolution ? Nous savons qu’aucun des officiers n’a fait d’Ecole de guerre mais tous ont été formés au sein des partis politiques. Les  Novembristes étaient plutôt de la gauche, n’en déplaise à cet historien anglicisant

 L’état-major, ici le conseil de la Wilaya, est comme un être vivant et comme tout être vivant il a une conscience, une intentionnalité et une autonomie

Si on connaît l’intention de l’ennemi qui est, dans ce cas, de damer le pion à l’ALN pour contourner le FLN, on ne connait toujours pas, à ce jour, l’intention exacte de la Wilaya IV sinon celle de tâter le terrain, à la recherche d’un cessez-le -feu !

En attendant l’accès à nos propres archives, nous pouvons affirmer sans se tromper que l’intention n’était rien d’autre que de faire avancer la Révolution. Dans ce cas, l’injuste exécution des  officiers n’a comme sous-bassement que le mépris de certains dirigeants envers le peuple qui au lieu de voir la solution dans sa mobilisation se figent sur le manque d’armement et en font la clé de voûte. Il suffit de lire la brochure de la fondation pour s’en convaincre.

A la tête d’une Wilaya il y a normalement un wali. Pourquoi un colonel ? Là se situe peut-être le  paradigme qui a été fatal à ces officiers de la 4 et qui  est néfaste à tout le peuple à ce jour.

La diplomatie, cette arme redoutable de la Révolution a pris le relais de la lutte héroïques des djounouds et s’est hissée au niveau des manifestations du peuple de décembre 60 et de juillet 61, ne pouvait avoir comme siège que l’extérieur.

Oublier ou sous-estimer le rôle de la diplomatie est comme faire fi de la  mobilisation du peuple pour faire de la récupération des armes un mobile  déterminant et asseoir le paradigme de la guerre militaire ou civile et non celui de la Révolution.

Auteur
Saadeddine Kouidri

 




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Affaire Khashoggi : l’hypocrisie des investisseurs internationaux (I)  

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DECRYPTAGE

Affaire Khashoggi : l’hypocrisie des investisseurs internationaux (I)  

Il y a quelques mois, le royaume était dans la tourmente. Et l’assassinat du dissident et éditorialiste au Washington Post dans les locaux du consulat d’Arabie Saoudite à Ankara avait dégradé son image.

Le coût de son Credit Default Swap (CDS), un indice de  protection contre un défaut de paiement d’un emprunteur, avait même bondi de 10 points de base pour atteindre 100 points de base après la disparition mystérieuse du journaliste. Un certain nombre de dirigeants de grandes entreprises et institutions financières avaient boudé la deuxième édition du « Davos du désert».

Subitement, les choses semblent prendre une autre tournure et donne ainsi l’impression que le monde occidental, pays, institutions et bailleurs de fonds ont joué le jeu de l’oubli pour boucler un assassinat odieux dans une enceinte diplomatique.

Ainsi, le royaume a sollicité depuis ce début d’année 2019, pour la première fois, depuis l’affaire Khashoggi les investisseurs internationaux qui cachaient hypocritement leur jeu. Il a obtenu plus que ce qu’il a demandé, près de 27 milliards de dollars de souscription.

Pour Mohamed Ben Salmane, c’est un test réussi. Le mercredi 10 janvier, les investisseurs se sont arrachés les titres. Le succès de l’opération n’était pas garanti il y a à peine quelques mois. Le Royaume est venu solliciter les investisseurs étrangers, avec l’appui de plusieurs banques internationales : BNP Paribas, Citi, HSBC et JPMorgan.

Le plus gros gestionnaire d’actifs saoudien, NCB Capital, a aussi participé à l’opération. Selon Bloomberg, Riyad vise au moins 7,5 milliards de dollars répartis sur deux tranches. La première à 10 ans s’élèverait à 4 milliards de dollars et devrait afficher un rendement de 4,48 % soit 175 points de base de plus que celui des Trésoreries de même échéance. La deuxième, d’un montant de 3,5 milliards à 31 ans, paierait 5,31 % soit 230 points de base de plus que les obligations d’Etat américaines.

Le royaume cherche à mettre toutes les chances de son côté pour mener à bien cette opération. Il est le premier de la région à se présenter, bénéficiant ainsi d’une poche de liquidité non entamée chez les investisseurs. Il a également offert un prix attrayant. Au rendement annoncé pour la tranche à 30 ans, les obligations feraient ressortir une prime de nouvelle émission de 30 points de base.

Un surcoût que Riyad est prêt à payer pour convaincre les investisseurs de participer à cette levée de fonds plutôt que d’acheter sa dette existante.

Si cet objectif de 7,5 milliards de dollars était atteint, Riyad bouclerait en une seule opération près d’un quart de son programme de financement obligataire de l’année, et la moitié sur le marché international. L’Arabie saoudite envisage de lever 120 milliards de riyals (32 milliards de dollars) pour financer un déficit budgétaire de 35 milliards de dollars cette année, lié à une augmentation de 7 % de ses dépenses.

L’opération va également accroître le volume d’obligations saoudiennes, alors que le Royaume devrait rejoindre, d’ici fin septembre, l’indice JP Morgan rassemblant les obligations souveraines sur les marchés émergents.

Après une  première émission record de 17,5 milliards de dollars en octobre 2016, l’Arabie saoudite a progressivement accru son endettement à 50 milliards de dollars. A suivre les arrangements sur les prix du baril entre MBS et Trump au détriment des membres de l’OPEP. 

                                                                                                                                         

Auteur
Rabah Reghis

 




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Contribution de Mouloud Hamrouche: De l’État et de la Gouvernance

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Il critique sévèrement l’État actuel

Contribution de Mouloud Hamrouche: De l’État et de la Gouvernance

Aucune réponse ne peut contenir toute la vérité. Aucune démarche n’est exempte de faille.

Beaucoup n’avaient jamais noté et d’autres, de ma génération, avaient simplement oublié que la Proclamation de Novembre 1954 avait posé comme objectif la restauration de l’État national souverain comme finalité du combat libérateur et comme garantie de l’indépendance nationale.

Or, l’État algérien du XVIe siècle, dépourvu de leadership national, faiblement structuré, pauvrement armé et défendu, a été phagocyté puis détruit. Il est vrai que depuis, l’absence de l’État a été cruellement ressentie à la défaite de chaque résistance et à l’échec de chaque révolte contre une colonisation de peuplement ou une perte d’un droit. Cet Etat était quêté pendant toutes les nuits de la soumission.

Un État qui cristalliserait la volonté de tous les Algériens et leur prodiguerait défense, sécurité et dignité. Cet espoir avait rendu une survie miraculeusement possible pour tout un peuple livré à la déchéance et promis à l’errance et l’extinction. Ces implorations de populations meurtries et humiliées ont été convoquées, de nouveau, après les massacres du 8 Mai 1945. Elles seront saisies avec force et détermination par l’esprit incubateur de l’OS (Organisation spéciale du PPA – février 1947).

L’État algérien sera proclamé par la Déclaration de Novembre 1954, «texte constitutif» assumé par les fondateurs/acteurs du FLN/ALN. Cette quête de restauration de l’État national tenue est devenue, à la fois, l’expression d’un nationalisme identitaire algérien et sa finalité. Un nationalisme de refondation de l’identité, de l’Etat national et de la nation.

En clamant d’emblée ce droit à la restauration de l’État national souverain, les fondateurs avaient opté et ambitionné le modèle contemporain de l’État-nation européen (westphalien 1648, Allemagne). Les organes issus de la Soummam, CNRA et CCE (1956), la formation du GPRA (1958), la constitution des bataillons de l’ALN aux frontières par le mixage des unités de différentes wilayas, décidée par le trio Krim- Boussouf-Bentobal ainsi que la création de l’état-major général ont été des décisions et des actions déterminantes dans la poursuite de ce but et le façonnage futur de l’armée nationale et des contours de l’Etat souverain et de sa diplomatie.

Une activité diplomatique prodigue sur les cinq continents et l’établissement de relations avec tant d’Etats et de gouvernements, notamment avec les pays arabes, les pays du bloc communiste et la Chine, confortaient cette démarche révolutionnaire étatique inhabituelle.

Cette exigence a conduit à l’adhésion volontaire et unilatérale aux Conventions de Genève sur la guerre, à la Croix-Rouge et à d’autres organisations internationales et régionales, comme la Ligue arabe au Caire (ligue d’Etats), l’Organisation des pays non-alignés à Bandung et l’Organisation africaine à Monrovia, ainsi qu’à une présence intense aux Nations unies. Cette démarche conférait au combat des Algériens l’objectif de restaurer leur Etat national plus que celui de lutter pour une simple indépendance.

Ces actions menées par les dirigeants algériens de la Révolution avaient soulevé tant de considérations et de soutiens, en Europe, dans le monde arabe et en Amérique, comme en témoignent soutiens et aides qu’apportèrent concrètement de nombreux hommes politiques et penseurs, français, allemands, autrichiens, suédois, suisses, italiens, grecs, espagnols, américains et canadiens à la cause des Algériens. Certains sont devenus chefs d’Etat, chanceliers, Premiers ministres et ministres, notamment J. F. Kennedy, B. Kreisky, Olof Palme, Pierre Elliott Trudeau et Michel Rocard.

Il est utile de rappeler, pour plus de liens, de contextes et d’éclairages, que le modèle d’Etat westphalien du XVIIe siècle – contemporain de l’Etat algérien du XVIe siècle – avait pour objectif d’instituer définitivement et pacifiquement un lien charnel et indéfectible de la triptyque : population, territoire et volonté nationale souveraine. Et in fine, mettre un terme aux conflits et aux violences communautaires cycliques en interne, rompre avec la continuelle composition et recomposition des populations, des territoires et des modifications des frontières au gré des allégeances, des accessions aux trônes ou des guerres de souverains et de princes aux motivations souvent religieuses.

L’État est une souveraineté du pays et un consensus scellé de ses citoyens

En quoi la révolution anglaise (1688–1689) avait-elle réglé la problématique de la corrélation entre l’Etat, la souveraineté, le Pontife et les autres pouvoirs institutionnels, notamment celui de l’Exécutif ? Comment la révolution française (1789-1799), qui avait donné à l’humanité le texte le plus universel sur la liberté et les droits de l’homme, avait-elle manqué la question de la corrélation entre l’Etat et la religion, demeurée en suspens faute d’avoir rapatrié le Primat ?

En quoi la Grande réforme allemande de l’Eglise et de l’Etat du XVIe siècle avait-elle débouché sur un bornage subtil entre un Etat souverain solide, un Exécutif fort et contrôlé, une implication permanente des citoyens ?

Ces trois exemples ne se distinguent pas par la perception du rôle et de la mission de l’Etat, mais par l’organisation des pouvoirs constitutionnels séparés et par de subtiles articulations des champs et des compétences qu’exerce un Exécutif limité par une durée et un mandat libéré par des électeurs.

Certes, l’Exécutif gère un droit d’administration des attributs régaliens de l’Etat ainsi que des droits inaliénables des citoyens en tant que gouvernement national non en tant que gouvernement d’une majorité temporaire. Car, ces attributs ne sont pas sujets à interprétations, à modifications, à réductions ou à négociations, car ils sont hors de son champ et hors de sa compétence.

Néanmoins, il peut prendre des mesures en cas de menace pour préserver l’ordre constitutionnel, protéger le pays et défendre les intérêts nationaux, mais nullement pour exercer ses propres pouvoirs et ses mandats. C’est pour cela que l’Exécutif n’empiète jamais sur les champs de l’Etat, sauf si des événements graves et urgents l’y invitent selon des procédures constitutionnelles. Dans ce cas, l’Exécutif agit au nom de l’Etat par des procédures et des habilitations légales.

Ce modèle d’Etat-nation avait libéré les peuples d’Europe de l’acte d’allégeance à des monarchies divines, «monarques tenant prétendument leurs pouvoirs de Dieu ou gouvernant en son nom». Cette transmutation a permis aux citoyens de faire acte de fidélité à la communauté nationale, à l’Etat national de leur pays, à sa Constitution et non plus à ses dirigeants ou gouvernants.

Cette évolution a autorisé les citoyens à se défaire de leurs gouvernants par la voie des urnes ou de la contestation sans être inquiétés, accusés de trahison, d’intelligence avec l’ennemi ou de perdre leur citoyenneté, leurs droits et surtout leurs droits à la protection et à la sécurité. Mieux encore, cette évolution heureuse a mis l’armée nationale hors obligation d’allégeance aux princes et aux monarques ni aux gouvernants. L’armée ne devait plus sa fidélité qu’au pays, à son devoir envers la nation et à sa mission de défense du pays et de ses intérêts, y compris à l’extérieur.

La souveraineté nationale et l’Etat sont des formes d’expressions et d’organisations les plus achevées et les plus subtiles que l’homme ait inventé, après celles de divins monarques et empereurs. Quant au fait religieux, à cause de sa force émotionnelle, son lien identitaire et social fort, il pénétra la nation et l’Etat.

Mais l’Exécutif n’aura plus autorité sur le fait sacré et le religieux n’aura plus d’emprise sur l’exercice du pouvoir de gouvernement. La société et l’Etat avaient ainsi tissé et renforcé des liens et des attaches identitaires et religieux forts en rapatriant le Primat et en l’immunisant de toute influence ou interférence extérieures.

Le modèle d’Etat se fondera sur un pari et une promesse. Une homogénéisation des populations, des territoires et de la pratique religieuse, voire linguistique qui mettrait fin aux violences entre populations, entre populations et gouvernants. Comme elle préviendrait les agressions externes en les rendant injustifiées et illégitimes, et éviterait des guerres entre nations par une réciproque reconnaissance de la souveraineté absolue aux peuples, à leurs Etats et à leurs territoires par des traités, des conventions, et l’établissement de rapports diplomatiques et consulaires.

Il se dotera ainsi de multitudes de traités et de conventions qui permettent à des nations souveraines, quels que soient leurs tailles, leurs puissances et leurs types de gouvernement, de coexister, de vivre ensemble (entre nations-Etat) et d’avoir des rapports réciproquement fertiles et fructifiants.

Il donnera naissance successivement à deux grandes organisations mondiales : la Société des Nations et l’Organisation des Nations unies. Il nourrira et renforcera des sentiments et des cultures identitaires à fort ancrage. Comme il rendra presque impossible toute fusion farfelue entre deux Etats et empêchera toute désarticulation sociétale.

Car pour s’immuniser, durer et se stabiliser sur le plan interne, il s’est inventé un ordre institutionnel démocratique fort, des contre-pouvoirs puissants – outils qui servent à protéger l’Etat et la société – des processus constitutionnels, politiques et sociaux de compromis et de validation en lieu et place d’un droit divin ou d’un diktat de pouvoirs absolus et irresponsables. Chose que nos aïeuls n’ont pas su faire, malheureusement !

En international, le modèle n’atteindra jamais sa promesse et ne mettra pas un terme à la guerre. Pire, il subira deux grandes guerres mondiales des plus meurtrières et des plus dévastatrices.

Il provoquera également une course effrénée à des invasions et des expansions territoriales colonialistes des plus génocidaires et des plus appauvrissantes des zones et des pays riches en matières premières à piller.

Ainsi, il se jouera de toutes les frontières des plus faibles Etats et pays, dont l’Algérie, au nom d’un libéralisme économique d’accroissement, en combinant un nationalisme résolu et sans faille de dedans et une globalisation sans vergogne de dehors, au motif d’une fallacieuse mission civilisatrice.

Mais ces atroces et féroces guerres n’ont pas eu raison de l’idée de l’Etat national ni anéanti la volonté des peuples dominés de continuer à résister et à survivre. Ces échecs et désastres n’ont pas mis fin non plus aux convoitises et aux prétentions de domination et de destruction de l’autre.

Aucune stratégie de domination ou de destruction n’est explicite

Cette dernière cruelle leçon que le temps enseigne depuis le règne de Rome aux mauvais élèves, pour exaucer convoitises et velléités, des stratégies et des démarches sont, tout le temps, en action pour fragiliser et affaiblir élites et gouvernants d’autres pays pour les maintenir sous influence, sous pression et chantages.

Bloquer les conditions de l’émergence de l’Etat national ou empêcher ses institutions de pouvoirs politiques, sociaux, économiques et culturels de s’établir, de s’affirmer, de se responsabiliser et de se discipliner, procède de ce même axiome. Plus qu’une question de démocratie et de droits de l’homme, il est question d’Etat garant et protecteur du peuple souverain, de son territoire et de ses intérêts.

Car l’Etat et ses institutions obligent à ériger la vertu en emblème et en solution de toute question de gouvernance et de politique dont les corrélats sont l’incarnation identitaire et non des intérêts personnels qui évoquent la tentation de corruption.

Une telle vertu étatique n’avait-elle pas manqué et ces maux n’avaient-ils pas prospéré dans la régence Algérie ? Etat national dirigé par des étrangers à cause d’une pauvreté dans le leadership national et d’un manque d’évolutions positives et subtiles à temps dans les aptitudes et les instruments de la gouvernance algérienne de l’époque.

Cette profondeur historique revendiquée, à juste raison, par les fondateurs de l’OS et du FLN/ALN rappelait en fait un droit du sol, des droits et des acquis légaux en international. La quasi-totalité des tracés de nos frontières date de cette époque, comme en témoignent des traités, des reconnaissances mutuelles et des relations consulaires établis en leur temps avec des puissances de l’époque ou lors d’affrontements maritimes et de batailles navales.

Ces legs et ces fragilités de la gouvernance ont visiblement échappé ou étaient négligés par des gouvernants post-libération nationale. N’était-ce pas ce déficit en leadership national et en bonne gouvernance qui avait autorisé et suscité le recours à l’aide de la Sublime-Porte ?

Des expériences plus immédiates d’un demi-siècle dans notre voisinage, pays arabes et autres pays du Sud, ont démontré que tout régime qui ne s’accommode pas d’un ordre national institutionnel, de contre-pouvoirs et surtout de contrôles ne peut pas résister aux conjonctures et aux tempêtes ni lui, ni son armée, ni son peuple, faute de volonté souveraine exercée en interne et incarnée par l’Etat national et une gouvernance comptable.
état et Gouvernance

Ce sont toutes ces raisons qui font que l’Etat et la gouvernance nationale sont deux notions et deux problématiques distinctes. Pour l’Etat et les hommes d’Etat, il n’y a que des missions et des devoirs, point de pouvoir. Le pouvoir et son exercice relèvent d’un gouvernement soumis à contrôle.

Car l’Etat souverain est toujours dans une logique de constance, de continuité, de préservation, de défense, de protection et de sécurité. L’Etat ne peut s’établir ni fonctionner sur des promesses ou des illusions. Car il ne peut dépendre de scrutins ni compromettre ni transiger ni concéder. L’Etat national, par l’entremise de ses fondés, est le seul à même, du fait des principes qui le fondèrent et des misions qui l’animèrent, de protéger, d’accompagner, de sanctionner, de pardonner et de réhabiliter à travers des pouvoirs institutionnels.

L’Etat national sanctionne le crime d’Etat ou le crime constitutionnel, parce que ce sont des crimes contre l’Etat que ses fondés avaient commis ou n’avaient pas su éviter. L’Etat protège ses serviteurs et ses commis. Et c’est la raison pour laquelle aucun pouvoir et/ou aucune fonction d’autorité d’Etat ne s’exerce dans l’anonymat, sans habilitation, sans autorisation, sans vérification et sans contrôle a priori et a posteriori. C’est aussi, pour que l’Etat ne soit jamais privatisé au profit d’un groupe, un intérêt, une secte ou une influence extérieure.

L’Exécutif, quant à lui, est un pouvoir politique gouvernant, compétent pour engager et mettre en œuvre des politiques et des actions de régulation, des projets d’innovation, de développement, d’ajustement, de changement et de contrôle dans tous les champs d’activités politiques, sociales économiques et culturelles. Mais pour cela, il doit se prévaloir d’un mandat.

Et parce que ses choix, ses décisions et ses non-décisions impactent durablement la société, il doit les soumettre à débat et à approbation pour qu’ils soient toujours compatibles avec les intérêts de la collectivité nationale et qu’il demeure lui-même comptable et responsable constitutionnellement devant l’électorat national de ses faits, de ses méfaits et de ses résultats.

Cette règle permet de fonder et de légitimer le choix d’autres politiques, d’autres visions, d’autres projets, d’autres profils, d’autres équipes et alternatives.
C’est pourquoi, la Constitution est une constitution d’institutions nationales et de pouvoirs séparés qui s’imposent à tout responsable. Car elle transcrit et précise les devoirs, les tâches et les missions que des hommes et des femmes élus ou désignés assument et sur lesquels ils seront interpellés et interrogés de droit.

Toutes ces lacunes et anormalités ainsi que ces prismes déformants empêchent l’État national de transcender, le gouvernement d’agir, la démocratie de s’ancrer et de fonctionner. Ces flous et ces dysfonctionnements ne pouvaient se résorber et se corriger présentement que par des approches graduelles et séquentielles et par la pondération et la lucidité des élites nationales face à de responsables institutions constitutionnelles et de vrais partis de militants.

Face à ce qui s’apparente à des débuts d’échec dans l’édification de l’État et dans la mise en place des conditions de l’exercice de la gouvernance, le déficit en élites politiques et en de vraies forces d’adhésion, notre pays a besoin plus que jamais de discernement pour faire face aux diverses menaces, peurs, désespoirs et résignations.

Des Algériens forgés dans l’OS, mis à l’épreuve du combat par le FLN/ALN étaient capables de s’organiser, de se structurer et de mener une guerre en s’appuyant sur de libres consentements et participations des populations de toutes les régions, enclaves et autres réduits pour réussir. Ils ont vaincu.

La crise de l’été 1962, qui remettra en cause des acquis de cette épopée et changera des priorités opérées durant la guerre, a été un tournant dramatique qui causera un retard préjudiciable pour le projet de l’État au profit d’un système de pouvoir plutôt que de gouvernance. Et quand l’homme du 19 juin a repris ce combat là où il s’était arrêté, le souffle révolutionnaire reprenait ses droits. Beaucoup y avaient cru et s’étaient engagés.

Si la liberté et la sécurité constituent l’âme de l’État national et les fondements de l’indépendance, elles sont des assises légitimant pour tout gouvernement. C’est à l’État national de maintenir vivaces les pré-conditions de la valorisation de l’identité nationale, de la souveraineté, de la liberté et de l’indépendance plus qu’au gouvernement.

L’État veille sur l’exigence de la continuité des pouvoirs régaliens sans s’immiscer dans des décisions et des arbitrages gouvernementaux. Car ces questions se traitent et se règlent par des mécanismes politiques constitutionnels et législatifs.

In fine, c’est aux élites politiques dans des cadres institués et aux électeurs de le faire. Mais l’Etat demeure, dans certaines circonstances graves, l’adjudicateur de tout dysfonctionnement qui mettrait en danger les trois fondements de notre renaissance : la liberté, l’indépendance et la souveraineté. L’Etat ne laissera jamais la confiance nationale citoyenne en ces trois fondements se briser.

La suprématie de la solution nationale en interne demeure de mise. Tout pouvoir de secte, d’ombre ou d’influence non identifiée qui échappe à tout contrôle est une menace traîtresse contre l’Etat et ces trois fondements. Car, dans de tels cas de figure, même le recours à l’armée risque d’être inopérant.

Des forces comportementales émotionnelles antigouvernance, antisociales et antisociétales ont démontré par le passé qu’elles étaient en mesure de contrer les lois et les décisions de régulations et de redressements. Elles sont des survivances de la période soumission/insoumission.

L’Etat, à l’instar de l’armée, ne peut, du fait de sa nature et de la nature de ses missions, de son rôle et de sa finalité, structurer la société.

Ce qui structure une société ce sont les partis, le débat et l’intérêt. Mais le débat ne peut à lui seul avoir de sens et de contenus dans une situation délétère et de légèreté, sans engagement et sans militantisme politique, économique, social et culturel.

Ce sont la militance, la confrontation d’idées et l’affrontement des intérêts qui procurent adhésion, solidarité, dynamisme et vitalité à la société. Mais ceux-ci ne prospèrent que dans un environnement de liberté et de sécurité. Deux fondements qui relèvent de la mission de l’Etat et de la garantie constitutionnelle pour qu’elles soient et demeurent inviolables, inamovibles, illimitées et illimitables. La liberté est un droit inné de l’humain en tout lieu et en tout temps.

Cette liberté inclut la liberté de croyance, de conscience, d’expression et de création. C’est pourquoi, la sécurité et l’intégrité physiques, la sécurité des droits, tous les droits, la sécurité des biens ne doivent souffrir d’aucune faille ni exception. Dans ces champs de droits, on retrouve le droit de vote et l’acte de voter qui bénéficient de ces mêmes garanties de sécurité et de protection de l’Etat.

Ces perspectives n’étaient-elles pas dans le viseur des créateurs/fondateurs de l’OS et du FLN/ALN ? Premières structures et assises pour la restauration de l’Etat national. L’ANP est une création historique, singulière et précieuse du peuple qui ne vient pas d’un legs.

Car l’ADN de l’OS, de l’ALN et de l’ANP est le même et doit le demeurer. Cet ADN indique que les promoteurs de l’OS (1947) n’ont pas uniquement fait le pari de requalifier des Algériens aliénés en militants, conscients, lucides et prêts à se battre pour restaurer l’Etat national, changer la situation du pays, mettre un terme à la condition indigène mais également celui d’en faire des hommes et des femmes libres et responsables.

Aucune armée nationale au monde n’est apolitique, encore moins antipolitique. Toute armée est consciente et au fait des politiques publiques, des choix, des programmes projetés et des alternatives qui se projettent, et surtout des défis et des enjeux sous-jacents.

Le modèle de l’Etat contemporain avait, pour toutes ces raisons, dégagé l’armée de l’emprise des souverains, des hommes et des conjonctures pour qu’elle forme corps avec l’Etat et le peuple, la nation. L’armée avait cessé d’être un instrument entre les mains de souverains, empereurs et gouvernants ou un outil de répression. Les armées ont été et demeurent au cœur de la naissance et de la puissance des nations.

Elles ont profilé des alliances et des relations de leurs pays.
La guerre sous toutes ses formes ou la paix, factice ou durable, sont des appréciations et des choix politiques qui relèvent de la gouvernance, des élites et la hiérarchie militaire.

Car la guerre, comme expliquait Clausewitz, est la continuation de la politique par d’autres moyens. Si le choix de la guerre revient aux élites politiques gouvernantes et institutionnelles, la conduite de la guerre, elle, est l’affaire de militaires et autres experts.

L’histoire des guerres enseigne que déroutes, débâcles et défaites étaient souvent des inconséquences ou des suites de turpitudes, de fragilités ou d’absence d’entente entre élites et encadrements du pays, plutôt qu’un manque de courage ou de sacrifice chez le peuple et son armée. Une gouvernance ou une élite peut être la cause d’une défaite, jamais un peuple.

C’est pourquoi, il s’agit simplement de savoir quelle autorité politique constitutionnelle aurait le droit d’envoyer un djoundi (soldat) pour tuer et se faire tuer sur un théâtre d’opération. L’armée et son commandement ne peuvent à eux seuls se donner cet ordre souverain. Donc, seul un chef d’Etat légitime peut le faire en passant par le gouvernement et le Parlement selon des modes, des modalités et des procédures prévus par la Constitution.

L’ONU, qui est une organisation supranationale fondée et composée par des Etats souverains, est également chargée de préserver la paix et d’accompagner toutes les guerres, toutes les formes de solutions et d’ententes.

Si toute révolution est un bouleversement d’un ordre structuré et hiérarchisé, la Révolution algérienne avait ambitionné en plus la restauration d’un ordre étatique national, né de résistance pour conserver et préserver nos côtes maritimes des tentatives d’occupations espagnoles.

Cet ordre n’a pu être instauré ni immunisé faute d’une adhésion populaire unifiée, de la fragilité des élites et l’absence d’un leadership national capable d’exploiter ce succès, du fait des structures sociales trop enfermées et enclavées datant du XIVe siècle, que la conquête coloniale du XIXe a su exploiter, affaiblir et détruire, malgré de farouches résistances et de généreux sacrifices.

La restauration d’un Etat qui ne soit pas celui d’hier mais un Etat souverain démocratique et social dans le cadre des valeurs de l’islam. Un Etat à l’instar d’un Etat westphalien libéré au XVIIe siècle du droit divin et de souverains émotionnels, devenu un «monstre froid».

Depuis, aucun humain ne peut plus prétendre être cet Etat ni l’incarner par lui-même, encore moins pour lui-même, son groupe ou un groupe d’intérêt particulier. Même si le chef d’Etat légitime est fondé à l’incarner à l’étranger pour manifester une souveraineté nationale face aux autres souverainetés d’Etat et non face à d’autres pouvoirs.

Ce schéma a permis aux citoyens libres, aux gouvernements et aux politiques de jouer avec leurs émotions, ambitions, peurs, audaces, innovations, tolérances, interdits et coercitions, voire contestations en jouant aux chaises musicales ou en cherchant à établir d’autres rapports de force.

Quant à la problématique de la religion, ses dogmes non sujets à modération, à modification ou à remise en cause et ses fortes doses d’émotionnel, elle ne peut relever du jeu politique et de gouvernement, car elle relève de la liberté de la foi, de la liberté de conscience plus précisément. Là est le corrélat d’autrefois avec le droit divin des monarques et l’acte d’allégeance qui ne pouvaient être remis en cause sans déclencher les foudres de la répression ou de la guerre.

C’est pourquoi l’Etat se fonde sur une volonté nationale collective et une volonté individuelle libre, d’où la Charte des droits de l’homme, plus opposable aux gouvernements qu’aux Etats-nation. Cela explique pourquoi c’est l’Etat national qui bénéficie, non les hommes et les gouvernements, de la soumission et la fidélité de l’ensemble des citoyens, tandis que le gouvernement obtient des adhésions et des soutiens de moments et de conjonctures.

Là est le cœur de la question dynamique du gouvernement par le peuple et pour le peuple, qui doit demeurer en concordance totale avec l’Etat national et la nation. Il doit être et rester sous un contrôle constitutionnel et en harmonie avec les intérêts de la majorité des citoyens.

Équation état, Armée et gouvernance politique

Beaucoup d’auteurs, de chercheurs et d’essayistes placent la question de l’armée parmi des sujets de société ou de politique. Cette approche controversée est due à son implication parfois dans des champs de maintien de l’ordre et de pouvoir, ou de répression suite à un désordre social grave ou une faillite institutionnelle manifeste.

La composante humaine de l’armée fait partie des sujets de société. L’armée, elle, par sa nature et son organisation, est une sphère de l’Etat dont elle est la colonne vertébrale du fait de sa mission et sa finalité, qui se recoupent et se confondent latéralement avec celles de l’Etat.

Des expériences et des études, y compris dans de vieux pays structurés socialement et démocratiquement, où l’armée avait servi de base un temps pour gouverner, ont démontré que cela nuit à sa mission et à sa finalité.

De même que cela brouille ses rapports avec la société, menace ses articulations et son organisation, affaiblit sa cohésion et sa discipline. Bien plus, cela force ses composantes, particulièrement le corps des officiers, à adhérer à des idéologies et à devenir partie prenante des conflits internes.

Tous ces risques peuvent la faire chavirer d’une institution nationale à une institution anti-establishment. Un demi-siècle d’observations en Amérique latine, en Afrique et dans le monde arabe ainsi que les guerres coloniales indiquent qu’une armée nationale trop impliquée dans des conflits avec des civils ou des groupes armés perd de son agilité et de sa capacité opérationnelle. La nature de ces conflits et de ces confrontations ne procure pas de batailles décisives ni de victoire définitive.

Que nos failles, nos erreurs, douleurs et malheurs d’hier, que nos errances post-libération et que nos violences et crises du pouvoir nous aident à tirer le maximum d’enseignements pour le parachèvement de la mise en place de l’Etat national.

L’instauration d’une gouvernance fondée sur un exercice institutionnalisé des pouvoirs séparés, la garantie de l’existence des contre-pouvoirs, des contrôles et des voies de recours.

 

Par Mouloud Hamrouche
Ancien chef de gouvernement
(6 septembre 1989-3 juin 1991)

Auteur
Mouloud Hamrouche

 




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1, 2, 3 Kabylie : Formidable,… fabuleux à revivre…

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Concert-événement Yennayer à l’AccorHotels Arena

1, 2, 3 Kabylie : Formidable,… fabuleux à revivre…

Le trio d’artistes de yennayer 2969. Crédit photo Hayet Aït Menguellet

En ce soir de yennayer 2969, un vent d’espoir s’est comme levé des cimes de la Kabylie pour faire vibrer les gradins et la fosse de la salle de spectacle de l’Accord Hotels Arena de Bercy. Des milliers de jeunes, de moins jeunes et d’enfants se venus danser et écouter Aït Menguellet, Idir et Allaoua. 

Des femmes, beaucoup de jeunes femmes et de jeunes, des hommes et des enfants étaient là. Trois générations pour trois artistes et un concert son et lumière diablement orchestré.

Crédit photo : Hayet Ait Menguellet

Crédit photo : Hayet Ait Menguellet. 

Ce soir du 12 janvier, des anges ont aussi plané au-dessus de ces milliers d’âmes en communion. Quand Idir a rendu hommage à Matoub Lounès, Izri Brahim, Slimane Azem et tout ce que le gotha de la chanson kabyle recèle de meilleur. Des cris venus de loin sont montés au ciel quand l’image du Rebelle est apparue en grand sur scène. 

Le trio a entamé la soirée avec une chanson inédite écrite par Aït Menguellet, mise en musique par son fils Djaffar. C’est Idir qui a enflammé en premier la salle avec ses inusables titres repris en choeur par toute une salle en lévitation. Il y a décidément quelque chose d’immortel dans la voix de ce chanteur.

Mohamed Allaoua reprend le micro et le contrôle de la scène. Son public plutôt jeune répond à ses sollicitations avec beaucoup de complicité. La synthèse opère entre la bête de scène et ce public de plusieurs âges avide de communion et de joie. 

Par un étrange accord tacite avec son public, un calme souverain est tombé quand Lounis Aït Menguellet a entamé sa première chanson sur l’exil. Fidèle à son habitude, il enchaîne les titres. Ce soir de Yennayer, les plus anciens auront la part belle et feront valser les coeurs et verser quelques larmes des nostalgiques. 

Ce soir de Yennayer, j’ai vu des larmes de joie et des pas de danse endiablée quand Idir a laissé s’échapper les premières notes de musique de sa guitare, j’ai des regards complice d’amour quand Allaoua a entonné Houria, j’ai vu trois générations se tenir côte à côte et chanter quand Lounis, les pieds bien rivés au sol et le regard droit, a enfilé ses immortels textes chantés. 

Mention spécial pour l’orchestre qui a donné le change avec une grande maîtrise aux trois chanteurs. La révélation de la soirée, c’est aussi la chanteuse Cylia et sa voix cristalline qui a chatouillé les oreilles et fait vibrer les coeurs. 

H. A.

Lounis At Menguellet donne rendez-vous à son public le 1er février (14h) à la Coupole d’Alger

Auteur
Hamid Arab

 




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La guerre d’Algérie racontée par un tabloïd britannique de Janvier 1962

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The Guardien publie une archive de l’Observer

La guerre d’Algérie racontée par un tabloïd britannique de Janvier 1962

The Guardian a décidé de publier une archive de l’Observer de janvier 1962. Un article qui décrit l’état dans lequel se trouvaient les populations Européennes de l’époque à Oran et à Alger, pas complètement résignées, et plaçant pour la majorité d’entre elles, leurs derniers espoirs de se maintenir en Algérie, dans l’organisation criminelle de l’O.A.S, qui, comme le montre le reportage, a remplacé l’autorité de l’État français avec la bénédiction des politiques et qui a commis des assassinats de foules « algériennes ». Un important témoignage qui explique en partie, mais sans les excuser, les massacres d’européens dans la ville d’Oran à l’aube de l’indépendance.  

Deux mois avant la fin du conflit entre la France et le Front de libération nationale algérien (FLN), qui a débuté en 1954 et qui a conduit à l’indépendance de l’Algérie, le photographe Stuart Heydinger a été attaqué à Oran, d’après William Millinship.

Tandis que les terroristes (de l’OAS?) continuent de tuer plus de 100 personnes par semaine dans les rues des principales villes algériennes, les hauts responsables français occupent leurs bureaux très protégés entourés d’une population européenne hostile, pesant leurs chances de maintenir un semblant d’ordre public.

Ils ont déjà perdu le contrôle des villes et hésitent à utiliser toute la force dont ils disposent pour rétablir leur autorité, de peur de provoquer la crise qu’ils voient venir de toute façon.

Le commerce a baissé considérablement, mais l’économie, disent-ils, doit être maintenue au maximum, aussi longtemps que possible. D’où la décision de ne pas imposer la loi martiale et l’attitude indulgente de la police anti-émeute à l’égard des manifestants européens.

« Nous devons les traiter comme des enfants et prier pour qu’à long terme, ils comprennent où se trouvent leurs intérêts », a expliqué un responsable. Il a admis qu’il désespérait que les Européens recouvrent leur têtes. Entre-temps, le gant de velours permet à l’Organisation secrète d’armées (O.A.S.) d’extrême droite de fonctionner en toute impunité.

O.A.S

À bien des égards, il remplace les autorités nominales. Les ouvriers de l’électricité ont arrêté la grève ici hier soir sur ordre de l’O.A.S, avant que les fonctionnaires aient le temps de prendre eux-mêmes des mesures de rupture de la grève.

Les murs d’Oran sont recouverts d’affiches, slogans, ordres de mobilisation de l’O.A.S. et portraits de l’ancien général Salan. Personne ne les dérange ou n’ose les effacer. Au centre de la ville, les slogans «l’ O.A.S. va conquérir « et » Oran aime Salan « ornent un stand de cireur tenu par des européens.

La police locale, par peur ou par conviction politique, préfère ne pas intervenir dans les troubles de la rue. Ils ont peu fait pour contenir les lynchages (d’arabes?) qui se forment rapidement dans cette ville où la violence fait partie de la vie quotidienne.

Sur l’une des places principales, les gens marchent indifféremment devant une grande flaque de sang séché qui est là depuis cinq jours.

« brisez sa caméra »

Dans le quartier juif proche de la place, une foule d’adultes européens ont attaqué hier le photographe de The Observer, Stuart Heydinger. Il était sur le point de prendre une photo d’un magasin en feu de musulmans incendié en représailles du meurtre d’un Européen dans la même rue ce matin-là. Un tireur inconnu venait de tirer sur un pompier. Il y avait des troupes et des policiers sur les lieux, mais personne ne s’est déplacé contre la petite mais laide foule autour de Heydinger. Son film a été déchiré au milieu des cris de «brisez sa caméra». Un policier armé d’une mitraillette l’observait. Un Européen d’environ 35 ans vêtu d’une veste noire qui nous avait suivis hors du quartier juif m’avait averti: « Il est interdit de prendre des photos. »

Haine violente

Toute la matinée, quelque 2 000 écoliers ont défilé dans la ville en criant: «protégeons nos écoles» et «l’Algérie française». Ils ont été manipulés avec douceur. Dans l’après-midi, des jeunes et des adultes ont pris le relais et se sont livrés une bataille de trois heures contre la police anti-émeute et les gendarmes. Ils ont lancé des pierres, des bouteilles, des cocktails Molotov et des grenades à percussion. Quelques coups de feu ont été tirés. Les forces de sécurité ont riposté avec des gaz lacrymogènes et des grenades à percussion, mais ont en fait utilisé beaucoup moins de force que celle employée contre la foule à Paris. Il n’a jamais été question d’ouvrir le feu – la pratique habituelle contre les manifestants musulmans.

Guerre algérie OAS

Les Européens ont développé une haine violente et irrationnelle des musulmans. Au cours des six derniers mois, la ségrégation raciale est devenue un fait à Oran. Les districts arabes sont entourés de troupes. Les sorties de nombreuses rues sont en permanence bloquées par des fils barbelés.

Les Européens n’entreront pas dans les zones musulmanes à l’heure actuelle et on ne verra que peu d’Arabes dans le centre-ville. Des milliers d’Européens ont abandonné leurs maisons dans les banlieues où les musulmans sont majoritaires et se sont réfugiés avec des amis dans les districts européens. «Le problème du logement s’est résolu de lui-même», a déclaré amèrement un responsable. «Vous pouvez maintenant choisir votre appartement dans n’importe lequel des nouveaux immeubles que nous avons construits à la périphérie.

Baisse des ventes

La peur mutuelle générée par F.L.N. et O.A.S. Les assassinats terroristes et les assassinats de foule ont aggravé la stagnation économique et le chômage causés par l’incertitude politique.

Environ la moitié de la main-d’œuvre musulmane d’Oran est au chômage. Après le boom des six premières années de guerre, les commerçants sont confrontés à une grave récession dans l’ensemble de l’Algérie.

Un marchand de meubles européen m’a dit à Alger cette semaine que ses ventes avaient chuté de 72% au cours de la dernière année. Le propriétaire d’un magasin de radio a déclaré que son chiffre d’affaires avait baissé de 40%. Il y a deux ans, sa boutique valait au moins 15 000 £. Maintenant, il aurait de la chance d’obtenir 3 000 £ pour cela.

« Les gens, y compris moi-même, n’achèteront rien d’autre que l’essentiel », a-t-il déclaré. «Si une femme au foyer casse trois sonneries de sa cuisinière électrique, elle se contentera de celle qui fonctionne.» Il a déclaré que les commerçants qui gèrent des systèmes de location-vente faisaient faillite parce que les gens ne voulaient pas ou ne pouvaient pas payer.

L’O.A.S. « Seul espoir »

Comparée à Oran, Alger est une ville tranquille. Les patrouilles de l’armée sont plus nombreuses qu’auparavant et le trafic est souvent ralenti par les barrages routiers de la police. Il est possible de vivre dans la ville pendant plusieurs jours sans entendre un coup de feu. Et les explosions de bombes sont devenues rares. Les gens ont néanmoins peur. «Il faut un rétroviseur sur chaque épaule pour marcher dans la rue», a déclaré un homme sans sourire.

Les familles européennes quittent l’Algérie pour la France. La majeure partie des colons préfèrent rester jusqu’au dernier moment et considèrent l’O.A.S. comme leur seul espoir.

Ce à quoi ils s’attendent du mouvement clandestin est loin d’être clair. La politique de l’O.A.S. est vague. Mais peu de gens s’attendent à ce que la situation actuelle dure sans une nouvelle explosion.

Le sang – et les gens qui passent juste devant William Millinship a été publié dans l’Observer du 20 janvier 1962.

Auteur
Traduit du Guardien par Karima. B

 




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Assegas amegaz de Chréa. (Vidéo)

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Bonne année amazigh

Assegas amegaz de Chréa. (Vidéo)

Chréa sous un épais manteau de neige attire des centaines de familles, en ces temps de fêtes amzigh, curieuses de découvrir la beauté sauvage d’une contrée étrangement bien algérienne. 

Les rires innocents des enfants se mélangent dans une atmosphère festive à la blancheur magique des lieux pour épandre comme un parfum de joie, enivrant même pour les plus vieux, que pourtant rien ne devrait plus surprendre.

Mais la beauté a ceci d’inexplicable qu’à mesure qu’on la contemple, on ne cesse de s’émerveiller. Ça ne s’explique pas, ça se ressent tout simplement et ça se vie. 

Assegas amegaz à tous de la part de l’équipe du Matin d’Algérie. 

Auteur
La rédaction

 




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