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Présidentielles 2019 : Un seul perdant, le peuple algérien

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REGARD

Présidentielles 2019 : Un seul perdant, le peuple algérien

Sorti vainqueur d’une guerre de libération des plus meurtrières, le peuple algérien est en passe de devenir le grand perdant de l’élection présidentielle d’avril 2019.

Des énergumènes se disant hommes politiques s’activent, en plein jour pour certains, dans l’ombre pour d’autres, à organiser des élections présidentielles à leur convenance, comme si le peuple n’existait que pour plébisciter le candidat qu’ils auront choisi entre eux, en catimini. Il est à se demander d’ailleurs à quoi servent des élections dont le vainqueur est connu d’avance.

Décidément, ce peuple ne semble pas près d’en finir avec les déboires. Il en a connu dans un passé récent, et il en connaîtra sûrement davantage à l’avenir, le système en place ayant décidé de se maintenir, quitte à triturer pour la énième fois la constitution.

Décidément, ce peuple n’a pas de chance. Il a un beau et grand pays, mais, manque de pot, ses gouvernants n’ont qu’un souci : se maintenir au pouvoir et advienne que pourra.

Sinon, comment expliquer cet acharnement à vouloir maintenir en poste un homme à bout de forces, qui ne demande visiblement qu’à terminer ses jours en paix. Aux dernières nouvelles, ceux qui décident en lieu et place du peuple algérien semblent vouloir coûte que coûte reconduire Abdelaziz Bouteflika au palais d’El Mouradia, en usant d’artifices les plus invraisemblables.

D’où l’idée machiavélique, selon certains, de recourir à un coup de force, suivi d’une mascarade nommée élection. Et dire qu’entre-temps des gouvernants ne cessent de nous bassiner avec leur discours sur la sécurité et la stabilité, alors que tout indique qu’ils sont plutôt sur le point de verser la goutte qui ferait déborder le vase.

Des affaires ont été étouffées, des fonctions usurpées, des fortunes colossales amassées, et des crimes sont restés impunis. Les vingt ans de règne d’Abdelaziz Bouteflika n’ont pas été un long fleuve tranquille. Vingt ans qui sont sûrement passés trop vite aux yeux des uns et des autres, lesquels feront naturellement tout pour ne pas être inquiétés.

Quant à l’Algérien lambda, celui qui n’a rien à se reprocher, il devra prendre son mal en patience, l’heure de la démocratie et du changement n’ayant pas encore sonné. Mais il ne doit pas désespérer ; on ne sait jamais !

Auteur
Ahcène Bettahar    

 




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De Oued El Hallouf à Miami et pas un portrait de Trump !

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De Oued El Hallouf à Miami et pas un portrait de Trump !

Le soleil est un harraga, il brûle les frontières à chaque nuit algérienne…

Miami nous regarde arriver, d’un soleil grand comme un œil ouvert d’étonnement ; elle semblait surprise de nous voir chercher si loin le même soleil que l’on chasse par-delà nos persiennes, étranger, mendiant, puni à couiner et presque chien. À Miami, je l’ai vu heureux, célébré à larges fenêtres, radieux comme un sourire, torride et tendre à la fois tel un amant qui nous désire, que l’on dévore.

De l’Algérie « terre des origines », la route vers le nouveau monde est longue. Elle se prend comme on traverse le temps, toujours vers le futur, à travers les siècles de l’évolution de l’Homme et de sa mue darwinienne. Et l’on s’adonne sur le chemin à des comparaisons que l’on sait futiles, mais que notre amour aveugle pour une patrie infanticide rendent naïvement possibles.

Oued El Hallouf est une charmante petite plage de l’Ouest algérien qui tient dans le creux d’une main. Avec les années, elle a perdu ses couleurs de joie, l’éclat de son sable et la clarté de ses eaux. Ceux qui s’y sont baignés savent combien elle a été dénaturée et combien, par la disgrâce des cabanons de parvenus, leur laideur révoltante, briques rouges nues, piliers dévêtus et pneus talismaniques, cette plage autrefois flamboyante, a sombré dans la grossièreté et l’anarchie.

Des cases difformes et sans âme ont pris la place des petits cabanons de l’époque coloniale qui l’ornaient comme des oriflammes. Le désordre qui y règne n’est que le reflet du chaos qui habite les têtes de ces nouveaux riches à la fortune douteuse, dont l’exhibitionnisme outrageux a du mal à cacher l’indigence du goût et du savoir vivre. C’est la folie des grandeurs qui jaillit d’un océan de médiocrité. C’est comme lorsqu’à l’aube de l’indépendance, les arrivistes de l’acte premier de ce mélodrame algérien colonisèrent, la smala sous le bras et les bêtes dans les turbans, villes, villas et « biens vacants ».

L’été, cette plage fait l’inventaire de nos incivilités : nuées de sachets bleus, couches culottes enterrées et mégots plus nombreux que les grains de sable. Les détritus fétides et les poubelles débordantes la disputant aux manifestations factices de foi de cailleras en barbe et Qamis qui veulent occuper les derniers lieux où le corps est censé retrouver ses origines. Cette plage autrefois belle et paisible concentre à elle seule les causes et les effets de notre déclin collectif.

Chaque été, nos plages encaissent, meurtries, nos insolences et notre incapacité à construire autre chose que des lieux hideux, des dépotoirs obscènes et des carcasses de mosquées servant, dans l’ombre, d’écoles de la terreur et de casemates à des monstres en devenir. Les « années malheur » ne sont plus si lointaines, et leur résurgence toute proche. Ceux qui enfouissent leur passé vivant sont condamnés à le voir renaître ! Passons !

Impossible, donc, pour un Algérien se rendant à Miami, de ne pas user de risibles comparaisons. Au fond, on est juste jaloux de voir les autres réussir, avec moins de capital de départ, là où nous avons lamentablement échoué. Des nations dont l’âge est plus jeune que nos plus jeunes oliviers. Et pourtant !

Lorsqu’on parcourt 2500 km d’autoroutes, à double, triple ou quadruple voie, du Nord au Sud, sur des tapis déroulés à travers de fabuleux monts boisés, des vallées et des paysages à faire pâlir les jardins bibliques, à traverser des mégapoles pharaoniques, campées, carrées, imposantes, où les rêves des hommes ont bousculé l’art divin, on se sent collectivement responsable de l’échec et presque indigne de notre terre. Le mot indigne peut-être fort, mais notre incompétence l’est tout autant.

Les aménagements d’aires de repos, stations d’essence et restaurants, beauté des ouvrages d’art ; tout y est pour transformer la traversée de près de la moitié de la planète, en paisible randonnée de scouts. Rien à voir avec l’autoroute d’Ammar Ghoul où l’on sent l’odeur fétide du scandale à chaque kilomètre péniblement traversé, et où, pour se vider ou se remplir la panse, l’on est contraint de se dévêtir de notre humanité.

Le paysage change au fur et à mesure que l’on s’enfonce dans le sud américain, et les érables archi dominants au nord cèdent peu à peu la place aux pins des marais à l’écorce rougeâtre. La chaleur suffocante de la Caroline du Sud annonce les États du Sud et la fin de l’emprise du cercle polaire.

Les Palmettos aux coiffes de plumes d’Indiens sont les premiers à saluer les visiteurs de l’État balnéaire de la Floride qui caresse de son extrémité Sud, le sable de Cuba et les îles Ouest des Caraïbes. Miami, fruit d’une collaboration harmonieuse entre les mains divines et les sueurs des hommes, se dévoile sous nos yeux comme un trésor. Elle s’offre à nous, après 25 heures de route, tel un paradis qui a trébuché du ciel, une dette soldée par les dieux pour nous avoir chassés de l’Éden.

Le sable blanc et l’eau turquoise nous font presque oublier que l’on se trouve dans une mégapole futuriste de 500 000 habitants! Un demi-million d’âmes et deux fois plus de touristes, mais les plages demeurent incroyablement propres, belles et paisibles.

Les estivants et les femmes à moitié nues se prélassent au soleil, sans les groupes de sauvageons en darbouka, sans les meutes de misogynes et autres frustrés sexuels en mode prédation qui les entourent, collent, insultes ou agressent.

Les plages sont gratuites à Miami, et aucun « parkingeur » armé ne vient vous réclamer une rançon. Aucun camé ne vient vous racketter pour un parasol, une chaise, ou un bout de sable. Les gens viennent pour avoir « du Fun » et rien d’autre. Ni bagarre qui éclate, ni combats de sabres, ni gendarmes en godasses et mitrailleuse, ni racailles qui hurlent, ni tomates ni « zit-zitoune ».

Les gens semblent voguer paisiblement comme ces embarcations lointaines réduites à l’état de décor qui n’ont pas le droit de pénétrer un espace dédié exclusivement aux Hommes et à leur quiétude. Personne n’importune personne. Tous sont là pour profiter du soleil et des bienfaits de la mer. Un lieu qui invite à la méditation, sans l’aide de la mosquée de la plage, du haut-parleur du muezzin, ou des prières collectives sur le sable.

À Miami, sous un soleil majestueux, j’ai senti que Dieu était libre et qu’il était plus grand que celui mis aux arrêts par quelque religion que ce soit. Avec le soleil, il semble partager le rêve américain où tout devient possible, où un Africain peut devenir président, une multinationale trembler face à une sénatrice, et le portrait du bête et méchant Trump n’est accroché nul part!

 

Auteur
Hebib Khalil

 




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Ahmed Gaïd Salah face à une responsabilité historique

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Présidentielle

Ahmed Gaïd Salah face à une responsabilité historique

«Je ne pense pas que le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah puisse permettre à qui que ce soit de violer d’une manière aussi outrageuse la Constitution. Il n’est pas sans savoir qu’il est le dernier de sa génération et que l’histoire est fortement attentive à ce qu’il fait ou fera. Je reste persuadé qu’il sera au rendez-vous de l’histoire, comme il l’a été hier, alors qu’il n’avait que 17 ans.»

– Vous avez publié trois tribunes successives dans lesquelles vous vous êtes adressé aux «aînés, au frère Bouteflika…» Qu’est-ce qui a motivé ces interpellations ?

Depuis que je suis à la retraite et à chaque fois qu’il y a eu un événement qui m’a interpellé, j’ai tenté d’apporter mon point de vue. Il en a été ainsi lorsque la moudjahida Zohra-Drif Bitat a été attaquée d’une manière aussi violente qu’incorrecte.

J’ai pris sa défense. J’ai donné mon point de vue lors de l’incarcération du général Hocine Benhadid et également lorsque l’on s’est attaqué au DRS (Direction du renseignement et de la sécurité), non pas pour défendre des individus mais l’institution.

S’agissant des tribunes que vous venez de citer, je ne peux rester indifférent à ce qui se passe dans mon pays et sur la scène politique. Je fais partie des millions d’Algériens qui n’ont pas de pays de rechange. Et si je me suis exprimé, c’est parce que j’ai estimé que la situation est grave et requiert autant un avis qu’une prise de position de ma part.

Voilà ce qui a motivé mes appels. Pour ce qui est de l’élection présidentielle de 2019, je considère que, plus que toutes les autres précédentes, les joutes à venir sont d’une importance capitale, en ce sens qu’elles sont à la fois porteuses d’espoir et de péril.

Elles placent l’Algérie sur une ligne de crête, entre ubac, le côté sombre, et adret, le côté ensoleillé. Si nous arrivons à les organiser sans encombres, nous aurons réussi notre pari, à défaut, le pays risque gros. Mais je demeure optimiste.

– Pourquoi interpeller les aînés ?

Parce que j’estime qu’ils ont leur poids historique, affectif et culturel et qu’ils peuvent de ce fait influer sur le cours des choses dans le bon sens. Parce qu’ils sont censés être le relais du message du 1er Novembre 1954 et des valeurs qu’il incarne dans notre imaginaire collectif. Ils sont aussi empreints de la sagesse qui a été le trait dominant de cette génération.

J’entends par sagesse, cette culture qui a fait de  la collégialité la marque de fabrique de la Révolution algérienne et qui n’a eu de cesse de déteindre sur notre système politique depuis l’indépendance jusqu’à un passé tout récent.

J’ai interpellé mes aînés, ou plutôt nos aînés, afin qu’ils usent de leur poids au sein de la société et du pouvoir pour appeler les uns et les autres à reconsidérer leurs positions et pour ne prendre en considération que le bien de cette nation, de ce pays, de ce peuple. Le bien de notre Algérie.

– Pensez-vous que l’interpellation adressée au président de la République trouvera un écho ?

Celle adressée au Président, c’était pour lui rappeler un engagement qu’il avait pris devant moi lors d’un entretien qu’il avait bien voulu m’accorder dans le cadre de mes fonctions.

Il m’avait alors semblé percevoir, à travers ses paroles, une volonté de changement au profit de la jeunesse du pays. Son rappel du discours de Sétif m’avait convaincu que telles étaient ses convictions.

Et je reste persuadé que s’il avait la plénitude de ses capacités physiques, il aurait peut-être opéré les changements qui s’imposent. Ce n’est plus un choix, mais une impérieuse nécessité, le seul à même d’espérer un sauvetage du pays.

– Mais, entre-temps il est demeuré au pouvoir en se présentant pour un 4e mandat. A-t-il changé d’avis depuis ou bien les dynamiques du pouvoir en ont-elles décidé autrement ?

Je ne veux pas revenir sur les conditions dans lesquelles il avait brigué un 4e mandat. Un proverbe bien de chez nous dit : «Celui qui revient sur ses pas s’épuise», aussi, je préfère focaliser sur l’avenir et comment l’envisager autrement, au moment où certains parlent d’un 5e mandat. C’est cela le problème.

– Mais on a l’impression que cette question est évacuée du débat et on susurre l’idée d’un report carrément de la présidentielle…

Je dis à ceux qui sont en train d’œuvrer ou de manœuvrer pour qu’il y ait autre chose que la tenue d’une élection présidentielle dans les délais et conformément à ce que prévoit la Constitution : dans quel cadre s’inscrivent-ils ? Forcément dans un cadre anticonstitutionnel. Je considère qu’il serait dangereux pour l’Algérie d’entrevoir quoi que ce soit en dehors du cadre constitutionnel.

Il faut impérativement respecter la Constitution. Le pouvoir a été remis au président Bouteflika en 1999 dans un cadre constitutionnel, je ne pense pas que cela l’honorerait, historiquement parlant, de partir et de céder le pouvoir en dehors de ce cadre.

Que ceux qui parlent en son nom se posent la question suivante : si tel devait être le cas, qui va assumer cet échec politique ? Et, il s’agirait bien d’échec et pas d’autre chose.

Qui va l’assumer face à l’histoire ? Eux ou le Président ? Le pays a été sorti d’une décennie sanglante grâce à des sacrifices que les Algériens avaient consentis et le pouvoir lui a été remis en bonne et due forme, il lui appartient aujourd’hui de faire en sorte pour qu’on ne sorte pas du cadre constitutionnel, à défaut, deux décennies de règne n’auraient servi à rien.

Qu’on respecte la légalité et qu’on ne cède pas aux caprices des uns et des autres. Il y va de notre stabilité sociale et de notre image à l’international.

– C’est tout de même curieux, à moins d’un mois de la convocation du corps électoral, que rien ne laisse transparaître que nous sommes à la veille d’une présidentielle…

Le problème de l’alternance est devenu subsidiaire pour la classe politique au pouvoir. Ils ne l’envisagent qu’après épuisement biologique alors que dans les Constitutions de 1996 et de 2016, l’alternance se situe dans un cadre bien précis. Un cadre politique et non biologique.

Il y a une minorité qui considère qu’il ne peut y avoir d’alternance que lorsque l’actuel Président ne serait plus de ce monde. Ce n’est pas normal. Il faut que la raison prévale sur toute autre considération de quelqu’ordre que ce soit, personnel, clanique ou autre. Que ceux qui prônent la continuité ou le prolongement assument publiquement les retombées de leur obstination.

Et ce serait insulter leur intelligence que de croire qu’ils ne sont pas conscients du risque potentiel qu’ils feraient courir à la nation dans pareil cas. Lorsque j’entends certains affirmer que le peuple algérien est échaudé par la décennie noire et donc il ne peut recourir à la violence, je leur rappelle que les jeunes qui ont aujourd’hui moins de 30 ans n’ont pas vécu cette période.

– Y a-t-il un risque d’explosion sociale violente ?

Je ne le souhaite pas pour le pays. Mais j’estime nécessaire et vital de prendre en considération ce risque là. En politique, l’intention est variable, mais en tant que potentiel elle est constante. Le risque potentiellement est là.

– Quel regard portez-vous sur le pays sur le plan politique et géostratégique ?

Je voudrais répondre en parlant de ce que l’Algérie n’est pas. Elle aurait pu être une puissance régionale. Tout la prédestine à ce rôle.

Sa position géopolitique, son histoire, ses ressources naturelles, son potentiel humain. Elle aurait pu être cette puissance régionale qui aurait pu contribuer à la stabilité de toute la région, le Maghreb, le Sahel et la Méditerranée, être un Etat-pivot avec lequel les grandes puissances auraient pu compter dans le cadre de la sécurité globale. L’Algérie aurait pu être la locomotive économique de toute l’Afrique.

L’Algérie appartient à un ensemble régional où elle aurait pu – si elle avait transformé son potentiel en puissance – avoir une place de choix et imposer ses points de vue et contribuer de manière efficiente à stabiliser toute la région.  Malheureusement, elle n’est pas du tout cela. Affirmer le contraire, c’est se voiler la face. Je ne suis pas de ceux-là, je suis réaliste et pragmatique.

– Est-ce à cause de son système de pouvoir qu’elle n’est pas ce qu’elle doit être ?

Pour moi, le système politique qui a fait fonctionner ce pays depuis l’indépendance, bon ou mauvais c’est selon, avait une certaine cohérence d’ensemble, il avait ses acteurs, son mode de fonctionnement, sa logique et une finalité. Ce que nous sommes en train de vivre dénote d’une manière flagrante la finitude de ce système.

Et ceux qui prétendent le contraire, je leur réponds que pour qu’il y ait système, il faut que ses attributs soient ; sans ces derniers, on ne saurait parler de système. Pour faire court, je dirais tout simplement qu’un homme, quel qu’il soit, ne saurait faire système. Je précise. Que le pouvoir qui a, volontairement ou non, cassé le système en place, est en soi louable.

Ce qui ne l’est pas, c’est de n’avoir rien prévu en substitution. Il a créé un vide. La crise que le pays est en train de vivre émane justement de ce vide. La cacophonie qui entoure l’élection  présidentielle, les va-et-vient des uns et des autres et le désemparement qui caractérisent la scène politique nationale dénotent la légitimité des appréhensions qui nourrissent le débat sur la place publique.

– Pour nommer les choses, vous faites référence à trois hommes, qui sont le président Bouteflika, le général Toufik et le chef d’état-major Gaïd Salah. Le premier est en retrait en raison de sa maladie, le second est rentré chez lui, il reste le troisième…

Au-delà des personnes, ce qui a prévalu jusqu’à un passé récent, c’est le fonctionnement par solidarité générationnelle. Tant que le système avait ses trois pieds, il pouvait prétendre à un équilibre. Mais une fois qu’il n’a plus ses trois pieds, son équilibre est devenu bancal. Tout le reste n’est que conséquence.

– Dans ce dispositif à trois, il ne reste que le chef d’état-major, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, comme seul pilier et c’est le seul que vous n’avez pas interpellé jusque-là. Son rôle sera-t-il décisif dans la période politique actuelle ?

D’après ce qui s’écrit et se dit, certains demandent un report de la présidentielle, d’autres, la continuité. Tous les schémas anticonstitutionnels sont mis sur la table. Connaissant de près le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, je me défends de croire qu’il puisse avaliser la démarche d’aventuriers.

Il peut être conciliant sur nombre de choses, mais lorsqu’il s’agit de la nation, de la stabilité du pays, là il redevient le moudjahid et reprend sa figure de maquisard. Je ne pense pas qu’il puisse faire le jeu de ceux qui sont nourris par des instincts autres que nationalistes.

Je m’interdis d’imaginer que le général de corps d’armée Gaïd Salah puisse permettre à ces gens-là de transcender ce qui est prescrit par la Constitution pour assouvir leur désir, leur instinct et leurs ambitions. Je ne pense pas qu’il puisse trahir sa devise qu’il ne cesse de nous répéter : «Le pays avant tout.»

– Vous lui adressez là un message, une interpellation forte ?

J’exprime un sentiment profond. J’ai servi sous ses ordres pendant de longues années. L’Algérie lui est chevillée au corps. Il ne saurait la laisser choir entre les mains de gens qui n’ont d’autres desseins que de sauver leur tête, en se servant de l’institution dont il assure le commandement.

Je peux aussi affirmer qu’il recèle suffisamment de bon sens et surtout de patriotisme et qu’à ce titre, d’instinct, il ne saurait terminer toute une vie consacrée au service de la nation pour sortir de l’histoire par la petite porte, rien que pour faire plaisir à des aventuriers dont l’unique objectif est de rester au pouvoir et de profiter de la rente.

– Il est le garant de la Constitution, le dernier rempart ?

Au point où en sont les choses, il reste le seul, en tant que chef de l’armée. Il pourrait s’inscrire dans l’histoire. Il ne pourrait pas laisser l’armée faire le jeu d’un clan au détriment du pays. Il ne le ferait pas. Je crois pouvoir dire que s’il lui advenait de faire intervenir l’armée, c’est pour consolider les acquis démocratiques en mettant en place un dispositif à même de garantir un scrutin transparent.

Seule l’armée, en l’état actuel des choses et face à la déliquescence des autres institutions et au conditionnement dans lequel est mis l’administration, serait capable d’empêcher les uns et les autres de toucher aux urnes pour frauder et faire passer leur candidat. Je reste convaincu que le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah ne permettra à qui que ce soit de violer d’une manière aussi outrageuse la Constitution.

Il n’est pas sans savoir qu’il est le dernier de sa génération et que l’histoire est fortement attentive à tout ce qu’il fait ou fera. Je reste persuadé qu’il sera au rendez-vous de l’histoire, comme il l’a été hier alors qu’il n’avait que 17 ans.

Ahmed Gaïd Salah connaît finement les hommes. Malgré tout ce qu’on peut raconter sur sa personne, il demeure un moudjahid. Ne serait-ce que sur ce point précis, il mérite la confiance de tous ceux qui ont à cœur de voir l’Algérie réussir son pari.

– L’affaire des 701 kg de la cocaïne et ses conséquences sur les appareils sécuritaires avec des limogeages n’a-t-elle pas impacté l’image de l’armée ?

Jamais. L’armée n’est pas responsable de cette grave affaire. Il faut que la justice fasse son travail et que l’enquête aboutisse à des conclusions pour situer les responsabilités.

Je ne peux pas anticiper sur le travail de la justice. Cependant, cette affaire de cocaïne déstabilise le pays. Elle est d’une extrême gravité. La drogue et la corruption sont une menace pour la sécurité nationale du pays.

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Auteur
Hacene Ouali pour El Watan

 




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Maroc : procès controversé d’un dirigeant du parti islamiste

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EXPRESS

Maroc : procès controversé d’un dirigeant du parti islamiste

Le procès controversé d’Abdelali Hamieddine, un haut responsable du Parti justice et développement (PJD, islamiste) qui mène la coalition gouvernementale au Maroc, s’est ouvert mardi à Fès (nord).

Le procès a débuté en présence de dizaines de personnes –des soutiens de la partie civile et du dirigeant islamiste– et un important dispositif policier était mobilisé aux abords de la Cour d’appel, ont rapporté des médias locaux. Le procès a rapidement été renvoyé au 12 février, selon les médias.

Abdelali Hamieddine est poursuivi dans une affaire pour laquelle il avait déjà été jugé en 1993: des affrontements entre étudiants islamistes et de gauche avaient à l’époque entraîné la mort d’un de ces derniers, Mohamed Ait Ljid. 

Le haut responsable islamiste, alors étudiant à l’Université de Fès, fut condamné à deux ans de prison pour « participation à une rixe au cours de laquelle sont exercées des violences ayant entraîné la mort ». 

En juillet 2017, des proches de la victime ont déposé une nouvelle plainte devant le juge d’instruction, qui a décidé en novembre dernier de poursuivre le responsable islamiste avec requalification des faits, selon le site d’information Médias 24. 

« Ce procès n’a pas lieu d’être. Hamieddine a déjà été jugé et cette décision judiciaire est définitive », a argué mardi un de ses avocats, Abdessamad Idrissi, peu avant l’ouverture du procès.

« Selon les principes élémentaires du droit, on ne peut condamner une personne à deux reprises » pour les mêmes faits, a-t-il noté.

« Il faut laisser la justice faire son travail », a rétorqué l’un des avocats de la partie civile, Jaouad Benjelloun Touimi. 

Le PJD a exprimé son « soutien unanime » à M. Hamieddine, alors que le chef du gouvernement Saad Eddine El Othmani, issu du PJD, a qualifié d' »incompréhensible » la décision du juge d’instruction.

Le ministre de la Justice Mustapha Ramid, une autre figure du PJD, a remis en question l’indépendance de la justice, soulevant un tollé chez les magistrats. Plusieurs associations de magistrats ont dénoncé des « dépassements » et une « surenchère politique ». 

Comme d’autres caciques du PJD, l’ex-chef du gouvernement Abdelillah Benkirane était présent à la Cour d’appel pour apporter son soutien à Hamieddine, avec qui il est réputé très proche.

L’Université de Fès a par le passé été à maintes reprises le théâtre de heurts entre étudiants islamistes et des militants de la gauche radicale. 

En avril 2014, de violents affrontements entre étudiants gauchistes et islamistes, avaient fait un mort parmi ces derniers. 

Auteur
AFP

 




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Samir Bouakouir : pour un sursaut national pour dépasser un statu quo mortifère

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Tribune

Samir Bouakouir : pour un sursaut national pour dépasser un statu quo mortifère

Notre pays se trouve confronté à d’immenses périls qui doivent interpeller l’ensemble des forces saines et patriotiques.

Il serait irresponsable aujourd’hui de fermer les yeux et d’observer un mutisme, par calcul ou par lâcheté, devant les risques réels de dérapages tragiques.

L’impasse actuelle exige un vrai sursaut national pour dépasser un statu quo mortifère qui s’est transformé à l’approche d’une improbable échéance présidentielle en un affrontement sourd, à huis clos, pouvant dégénérer à tout moment.

Les forces patriotiques au sein du pouvoir et de la société ont l’occasion historique d’affirmer leur refus de voir notre nation mise en danger par les manoeuvres et les stratégies qui ont pour finalité la perpétuation d’un système de pouvoir qui a érodé les instruments de la souveraineté nationale. 

Les secteurs prédateurs qui ont colonisé les appareils d’Etat et capté à leurs profits les ressources du pays doivent être mis hors d’état de nuire.

La complicité dont ils bénéficient au plus haut sommet du pouvoir et la passivité des secteurs patriotiques leur assure l’impunité totale et les encourage dans leur stratégie visant à transformer notre pays en une jungle politique et un grand souk où tout s’achète et se vend, y compris l’honneur et la dignité humaine. 

Le drame des jeunes harragas vient rappeler à Bouteflika la réalité de son bilan à la tête du pays. Des milliards injectés dans  l’économie ont fini dans une grande proportion par être engloutis dans des circuits informels. Laissant ainsi un pays exsangue exposé aux plus sombres perspectives. 

Le désastre est total :  la grave détérioration de la situation financière du pays aggravée par un recours irresponsable à la planche à billet ouvrira inévitablement  la voie au recours à l’endettement extérieur avec les conséquences dramatiques que tout un chacun imagine.

Pourtant, rien n’est encore définitivement perdu. Bouteflika peut encore sauver son mandat et même entrer dans l’Histoire en annonçant son départ tout en restituant le pouvoir non pas à l’Armée qui l’a intronisé mais au peuple algérien qui en a été dépossédé depuis l’indépendance.

Ce départ doit s’accompagner de la tenue d’une conférence nationale de consensus souveraine  co-organisée, dans le fond et la forme, avec l’ensemble des forces d’opposition sans exclusive et non pas imposée de manière unilatérale comme le suggère une figure du sérail. L’ordre du jour de cette conférence devra être également établi en commun.

Au préalable, afin de  rétablir un climat de confiance, des mesures urgentes devront être prises pour rétablir les libertés fondamentales, toutes les libertés et fasse respecter les droits politiques, sociaux et syndicaux.

Le harcèlement  policier et judiciaire à l’encontre des militants des droits de l’homme, des journalistes et autres blogueurs doit cesser.

Il est grand temps de tourner la page des des manoeuvres et des magouilles,  préludes aux coups de force et opérer une rupture pacifique avec un système de pouvoir gangrené.

Entre ceux qui proposent le report de la présidentielle à des fins aventurières ou sans s’engager clairement dans une issue politique globale et ceux qui, risquant le ridicule, souhaitent son maintien après avoir annoncé le boycott, il faut créer les conditions politiques d’une sortie par le haut qui réconcilie l’Algérie avec son destin historique. »

Auteur
Samir Bouakouir

 




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Chakib Khelil, vous êtes bien un délinquant

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Tribune

Chakib Khelil, vous êtes bien un délinquant

C’est ainsi que le droit qualifie la prise illégale d’une somme dans un marché public, un délit. Les juges italiens de Milan viennent de le confirmer. Ceux qui nous demandaient depuis des mois d’en apporter la preuve, les voilà servis.

Dans une démocratie, cela suffirait immédiatement pour interpeller la personne et lui demander des explications. Nous attendons autant de zèle des procureurs algériens que celui qui les anime envers des journalistes et des blogueurs.

Voilà maintenant confirmé judiciairement ce que la conscience humaine avait déjà compris depuis longtemps. Monsieur Chakib Khelil a bien commis un acte des plus graves et des plus condamnables. Le fait qu’il ne soit pas le seul est un argument absolument irrecevable pour le droit, la justice et la morale.

Il est reconnu coupable par le droit du point de vue de l’infraction. Il est reconnu coupable du point de vue de la procédure de jugement. Il est reconnu coupable du point de vue moral.

On pourrait maintenant, sans grossièreté, le qualifier d’escroc. On pourrait même, vu le  drame social de millions d’algériens, le qualifier de criminel. Cela nous est enfin autorisé.

Je pense à ces nombreux Algériens qui croupissent dans les commissariats et les geôles pour avoir rédigé des mots, des phrases, considérés comme diffamatoires et contraires au droit, selon la justice.

Je pense à cette fortune dérobée par Chakib Khelil et qui lui vaut encore une cage dorée, dans la plénitude de sa richesse insultante puisqu’elle devrait appartenir aux gens modestes, aux handicapés, aux orphelins et aux mères célibataires isolées ainsi qu’à bien d’autres.

C’est une insulte à l’humanité que cet homme puisse encore jouir de sa liberté et de sa fortune mal acquise, sans la moindre considération pour ceux qui ont trimé afin que la richesse de ce pays puisse se créer. Des milliards et des milliards, par flot intarissable, que des escrocs leur dérobent depuis des décennies avec une effronterie sans honte.

Oui, nous demandons à ce que la justice algérienne ait autant la main lourde pour ce délinquant qu’elle l’a eue pour ceux qui avaient exprimé leur liberté de penser et de manifester.

Chakib Khelil doit, autant que ceux qui devront suivre le chemin derrière lui, ils sont nombreux, rendre des comptes, pas seulement à la justice mais à l’humanité car il l’a meurtrie de son comportement de délinquant de grande envergure.

La somme en cause dans l’affaire jugée par le tribunal de Milan est soustraite à des dizaines de milliers de familles et d’individus dans le besoin. Et ce monsieur a le culot de demander la protection des zaouïas et de ses autres amis protecteurs.

Monsieur Chakib Khelil, ils rendront tous des comptes, autant que vous les rendrez un jour, malgré tout car nous en sommes qu’à l’étape italienne.

Ce qui s’est passé en Algérie n’est pas seulement une corruption massive mais un vomi gigantesque, de ceux qui se sont mis au banc des êtres humains, faisant face sans rougir aux honnêtes gens à la conscience irréprochable.

Maintenant, oui maintenant, on peut vous traiter d’escroc sans que la presse ne puisse écarter notre article pour propos diffamatoires et manque de preuves.

Préparez un coin bien douillet aux autres, ils finiront par venir vous rejoindre dans ces geôles qui ont     hébergé tellement d’innocents et de braves citoyens. Si vous y entrez, car c’est justement cela qui est en cause dans ce drame Algérien, que vous n’y soyez pas encore.

Au moins, pour une fois, vous y seriez en exil au bon endroit.

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar, enseignant

 




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Violents heurts après l’immolation d’un journaliste en Tunisie

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TENSION

Violents heurts après l’immolation d’un journaliste en Tunisie

De nouveaux heurts ont opposé mardi la police à des manifestants à Kasserine, dans l’ouest du pays, peu après l’enterrement d’un journaliste qui s’était immolé par le feu la veille, selon un correspondant de l’AFP.

Les forces de l’ordre tunisiennes ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser des dizaines de manifestants et des affrontements ont opposé les deux camps notamment devant le siège du gouvernorat (préfecture) de Kasserine où avait été déployé un important dispositif de sécurité, selon la même source. Aucun bilan n’était disponible dans l’immédiat.

Le journaliste Abdel Razzaq Zorgui, 32 ans, est décédé lundi soir après s’être immolé par le feu en affirmant vouloir protester contre le chômage et la dégradation de la situation économique dans la région de Kasserine, l’une des plus pauvres du pays. 

« Pour les fils de Kasserine qui n’ont pas de moyens de subsistance, aujourd’hui, je vais commencer une révolution, je vais m’immoler par le feu », avait déclaré le journaliste dans une vidéo qu’il a publiée avant sa mort. 
 

Ce drame a suscité la colère des habitants de cette ville défavorisée et dans la nuit de lundi à mardi, des dizaines d’entre eux ont brûlé des pneus et bloqué la rue principale du centre-ville, la police répliquant par des tirs de gaz lacrymogènes, selon le correspondant de l’AFP.

Le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Sofiane al-Zaq, a déclaré que six membres des forces de sécurité avaient été légèrement blessés lors des affrontements et neuf personnes arrêtées lundi soir.

Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a affirmé lundi dans un communiqué que l’acte du journaliste reporter d’images visait à protester contre « des conditions sociales difficiles, un horizon fermé et le manque d’espoir » qui frappent cette région.

Kasserine est l’une des premières villes où avaient éclaté fin 2010 des manifestations pour protester contre la pauvreté et la marginalisation. La police avait alors tué des manifestants. 

Provoquées par l’immolation par le feu en décembre 2010 d’un jeune vendeur ambulant de Sidi Bouzid (centre-ouest), excédé par la pauvreté et les humiliations policières, les manifestations s’étaient ensuite propagées à travers tout le pays, et avaient conduit au renversement du régime de Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011.

Malgré les progrès de la transition démocratique et un récent retour de la croissance économique après des années de stagnation, les autorités tunisiennes peinent toujours à répondre aux aspirations sociales des Tunisiens.

Inflation et chômage alimentent les troubles sociaux. Des émeutes avaient éclaté en janvier dernier dans de nombreuses villes du pays.

Auteur
AFP

 




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A propos du livre de Guy Pervillé

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POLEMIQUE

A propos du livre de Guy Pervillé

Guy Pervillé a publié « Histoire iconoclaste de la guerre d’Algérie et de sa mémoire », éd. Vendémiaire, Paris, 2018.

Un peu de sociologie éditoriale, tout d’abord

À propos de l’éditeur : « Vendémiaire » est le mois des vendanges dans le calendrier républicain d’après 1789. C’est aussi un événement historique : tentative d’insurrection royaliste contre la Convention en octobre 1795. Elle a été réprimée au canon, notamment par Bonaparte. Si cette répression a été meurtrière, l’inspiration « réactionnaire » de cette émeute royaliste constitue une référence qui résonne étrangement, en ce début de XXIe siècle.

À propos de l’auteur : « historien reconnu », institutionnel, accordant de fréquents entretiens au journal de droite classique voire dure le Figaro (habituellement rétif aux notions de « repentance » post-coloniale, et plus ou moins discrètement islamophobe).

À propos du titre : le qualificatif « iconoclaste » présuppose la destruction d’icônes. Lesquelles? Subsiste-t-il des icônes s’agissant de la guerre d’Algérie, ses origines, ses suites ? La gloire civilisatrice française ne convainc plus personne. L’héroïsme des parachutistes du « maintien de l’ordre » n’a plus beaucoup de chantres, sinon honteux et discrets dans des sites internets dédiés à la manipulation des ressentiments sociaux, comme on le constate de nos jours sur les Champs-Élysées. En vis-à-vis, le socialisme et la démocratie originels de l’indépendantisme algérien ont été écrasés sous l’immobilisme d’une bureaucratie militaire, et, oubliés depuis longtemps, n’occasionnent plus guère de ces adorations que l’on décerne aux « icônes ».

Il n’y en a donc guère qu’il faudrait détruire par une « histoire ». Et comment une histoire d’historien, objectif, « au-dessus des passions » comme s’annoncent tous les réviseurs intéressés, peut-elle d’emblée s’engager à détruire, plutôt qu’observer, rendre compte, etc. ? Si même il s’agissait d’« icônes », le rôle « impartial » d’un « historien » consisterait à en écrire l’histoire, précisément, et non à les « détruire ». Il serait icônologue, et non « icônoclaste ».

Or cette histoire s’affirme aussi comme celle de la mémoire : le caractère offensif de l’«iconoclasme » se comprend mieux. Histoire de la mémoire à travers les âges, des origines à nos jours ? Non pas, il ne s’agit que de celle de la guerre d’Algérie.

Cette « mémoire » est-elle achevée, qu’on puisse en écrire l’histoire, fût-ce brisant des icônes ? Ne s’agit-il pas plutôt de l’arrêter, d’en finir avec elle, de lui fixer des bornes institutionnelles, officielles ?

C’est justement cet aspect officiel, politique et institutionnel qui préoccupe ce destructeur de son propre objet scientifique de connaissance. La «mémoire » dont il s’agit est celle des discours de responsables, ministres, chefs d’État. Ce que vise l’iconoclaste, ce sont les « reconnaissances » successives, embarrassées, diplomatiques dans tous les sens de cet adjectif, tâtonnantes, contradictoires, incomplètes, souvent euphémistiques, consenties laborieusement par les chefs d’État Chirac, Hollande, Macron, à propos de la colonisation et, notamment, de la guerre d’Algérie.

Or l’histoire, que ce soit comme discipline savante spécialisée ou comme réalité humaine globale et vécue par les sociétés, n’a rien – ne devrait rien avoir – à faire avec les calculs des États, leurs relations variables, leurs intérêts, leurs propres engagements anciens et présents, leur dépendance avec des parties prenantes, économiques, militaires, policières.

Et l’écriture de l’histoire ne devrait pas avoir pour finalité les discours officiels.

G. Pervillé réserve la notion de crime contre l’humanité à sa définition et son emploi juridiques internationaux contemporains. En dehors de ceux-ci, nul besoin de remise en cause critique de procédures dominantes, nul besoin de reconnaître un refoulé douloureux qui pèse sur les relations inter-communautaires.

Il faut même le taire pour ne pas aggraver les divisions, les oppositions, comme si ce refoulé n’était pas en même temps connu, ressenti, éprouvé, dans l’inconscient collectif, et facteur précisément de ces oppositions que l’on prétend conjurer… en aggravant le refoulé.

Dans ce livre ainsi orienté, les faits précis sont inventoriés dans la confusion d’une sur-information qui noie les contradictions. Abordons deux argumentaires. Le premier à propos de Sétif et de mai-juin 1945.

L’affirmation selon laquelle l’enclenchement du drame n’aurait pas été un éclatement imprévu causé par le meurtre d’un porteur de drapeau est présentée comme une prétendue « révélation ». Elle ne résout rien du tout si l’on y réfléchit (c’est-à-dire si l’on ne se contente pas de l’affirmer pour opposer une icône à une autre). Elle ne « révèle » rien puisqu’elle répète, en les orientant, des témoignages d’indépendantistes algériens (Hocine Aït Ahmed, Mohammed Harbi notamment) pour évoquer, en la dénonçant, l’intention insurrectionnelle de manifestants autochtones. Or cette tendance, qu’elle ait existé ou qu’elle ait agi (ce qui est encore différent), n’est pas incompatible avec un processus immaîtrisé.

D’abord l’hypothèse d’une insurrection était ancienne, délimitée par des foules de tendances contradictoires, et demeurait plutôt à l’état de mythe impratiqué (et considéré par beaucoup d’Algériens comme impraticable). À titre de comparaison, rappelons que l’insurrection, le grand soir, etc., ont constitué un mythe rêvé durant plus d’un siècle en France, sans qu’il s’en soit jamais produit une seule d’importance.

En outre, que des manifestants aient nourri l’hypothèse d’actions offensives n’exclut pas que des forces ultras-coloniales, des responsables plus ou moins fascistes de services anciens ou encore actifs, aient aussi pesé pour en provoquer l’éclatement et, ainsi, une répression de grande ampleur.

S’agissant de Sétif en 1945, l’auteur procède à une relativisation tous azimuts. On ne sait plus qui a tiré le premier, ni même si quelqu’un a tiré le premier (sic).

Cependant, juge l’auteur, arborer un drapeau algérien constituait un passe-droit condamnable, une « illégalité » relativement à la « légalité » anti-démocratique jusqu’au fétichisme des autorités françaises (elles répétaient ce fétichisme particulier qui, à la fin du XIXe siècle, faisait tirer sur des grévistes en France pour peu qu’ils arborent un drapeau… rouge, à l’époque).

C’est avec des présupposés de ce type, répétés comme une évidence normale, que l’on prétend aujourd’hui faire œuvre « iconoclaste » d’« historien ».

Évidemment, l’existence plus ou moins avérée de tendances insurrectionnelles ou seulement émeutières (qu’il faudrait contextualiser) n’a jamais légitimé humainement parlant la barbarie des répressions de masses.

Au bout du compte, la préoccupation de G. Pervillé est uniquement celle-ci : Opposé à ce que la répression française de 1945 soit désignée comme « crime contre l’humanité », il y voit un « simple crime de guerre ». Sans me soucier ici d’aucune incidence juridico-institutionnelle, je soulignerai que cette notion n’est pas si simple. Elle fait l’impasse sur une condition qui était alors une conséquence directe du fait colonial : il ne pouvait y avoir de guerre puisque l’Algérie était « française » ; il ne s’affrontait pas deux armées belligérantes ; mais deux catégories de « Français »… J’ai proposé déjà la notion de crime de guerre sociale : elle me semble adaptée en l’occurrence.

Le second argumentaire que j’évoquerai ici porte sur le 17 octobre 1961 à Paris.

Guy Pervillé prétend « peser » les différents recensements des victimes. Il tiendrait balance objective entre le pro-figarotiste Jean-Paul Brunet, « historien » pro-policier ancien dépendant de M. Papon, et, d’autre part, Jean-Luc Einaudi, ancien maoïste, est-il rappelé – il ne l’était plus depuis longtemps lorsqu’il a entrepris sa recherche historique. Si l’un dit au moins deux cents morts (avec des approximations qui, en vérité, ne portent pas nécessairement à réduire ce nombre, mais que l’on souligne à plaisir), l’autre dit trente à soixante : allons, neutralisons, une bonne moyenne, quatre-vingts, au jugé. D’ailleurs, bien des sources ont disparu, si elles ont jamais existé.

Dans cette même objectivité documentaire, G. Pervillé rappelle avec un respect révélateur les travaux de Rémy Valat à propos d’une autre « mémoire » controversée, celle de la Force de police auxiliaire (FPA, supplétifs algériens réputés pour leurs pratiques tortionnaires en France et patronnés par la préfecture).

Selon G. Pervillé, il s’agirait d’un « jeune historien » qui a bénéficié pour sa formation d’une expérience exceptionnelle, en « qualité d’archiviste à la préfecture de police, chargé depuis 1998 de classer les archives du préfet de police Papon ».

Dit autrement, comme je l’ai mentionné dans la chronique Une réaction mémorielle à propos du 17 octobre 1961 à Paris (publiée sur ce site en juillet 2018), Rémy Valat a trié les archives de la Préfecture avant leur ouverture conditionnelle et sélective au public (ce sont les Archives de la Mémoire »)…

G. Pervillé (comme aussi le journaliste du Monde Bernard Legendre qu’il cite) rapporte sans commentaire critique, pour une fois, le pseudo-témoignage de Raymond Montaner rapporté dans les livres de R. Valat, selon lequel la FPA qu’il dirigeait n’a quasi jamais pratiqué la torture. Comiquement, c’est la mention du journaliste qui sert d’appui, qui étaye la source citée dans ce nouveau livre… qui se borne en cela à répéter le premier. C’est un peu comme si les dénégations d’un assassin valaient preuves historiques dès qu’un journaliste les a rapportées quelque part.

À peine notera-t-on ici que Montaner avait moins de cynisme qu’Aussaresses – ou un cynisme différent. Mais ce pseudo-témoignage a valeur d’« iconoclasme » suffisant. On mesure le sérieux de l’historien « objectif ».

Pour conclure, reprenons la méthode sociologique appliquée en introduction à l’édition de cette Histoire iconoclaste… Cette fois à propos des « travaux » du « jeune historien » à la formation digne d’éloges pour G. Pervillé : Rémy Valat.

Son dernier éditeur : Dualpha (maison fondée, après d’autres de même inspiration, par un pseudo Philippe Randa, polygraphe d’extrême droite, ancien du GUD entre autres, ex-auteur de romans de gare d’espionnage machistes, très présent dans presse et réseaux propagandistes de ces tentacules, etc.).

Quant aux sites où Valat a placé ses entretiens et la publicité « démythifiante » de ses hagiographies pro-« harkies de Paris », ce sont Riposte laïque (ultra « français » jusqu’à la crédulité obsessionnelle, anti immigration, etc.), Eurolibertés (réseau anti-migratoire ouest- et centre-européen), Stop-islamisme (anti-arabe et anti-maghrébin bien plus que critique d’une religion — choisie parmi d’autres…). Liste sans doute non exhaustive.

Il existe ainsi en France une porosité brouillonne entre d’une part le « réactionnisme » bon chic bon genre de clans universitaires haut de gamme, d’instituts ayant droit de cité dans les journaux « objectifs » et les cénacles conférenciers, d’autre part la droite revendiquée du Figaro, et enfin l’extrême droite la plus virulente.

On est select ici, élégant, rationnalisateur, tempéré, raciocineur. Et là on négationnise sans vergogne dans l’apologie vindicative des pires atrocités. Au-delà de cette porosité symptomatique, ce petit monde entretient de vieilles rancœurs pour alimenter et promouvoir un bellicisme plus ou moins avoué et revendiqué. Ceci va bien au-delà de la guerre d’Algérie et de sa « mémoire ». Aujourd’hui.

J. L. M. P.

Guy Pervillé, Histoire iconoclaste de la guerre d’Algérie et de sa mémoire, éd. Vendémiaire, Paris, 2018

Auteur
Jean-Louis Mohand Paul

 




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Campagne de sensibilisation des conducteurs de deux roues à Batna

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Sécurité routière

Campagne de sensibilisation des conducteurs de deux roues à Batna

Dans la matinée de lundi, les services de la gendarmerie relevant de la wilaya de Batna, sous les instructions du commandant du groupement Haddad Karim, ont organisé au niveau d’une intersection située entre Batna et Fesdis, une campagne  de sensibilisation en direction des conducteurs de motos notamment les jeunes afin de les prévenir sur l’importance de la vigilance, le respect du code de la route et surtout le port de casque.

Selon, l’officier, Zohra Hammadi,responsable de la cellule de la communication de ce corps, cette mission intervient dans le cadre des actions de sensibilisation l’ensemble des chauffeurs, notamment les conducteurs à deux roues afin de leur rappeler les règles de bonne conduite en respectant le code de la route sans pour  autant oublier de leur faire rappeler l’importance des  risques qui peuvent  être croisés sans le port  port de casque.

.Cette campagne de sensibilisation a vu  la participation d’Adel Mellal, président de l’association des sports mécaniques et membre au niveau de la fédération nationale, ce dernier a mis en place des ateliers de formation pour les jeunes conducteurs à deux roues.

 Divers équipements de contrôle et de prévention utilisés par l’association des sports mécaniques sont exposés au grand public et des explications sont fournies par le président et les membres lors de cette rencontre. “Notre rôle se résume souvent à des ateliers d’éducation routière destinés aux enfants. Un simulateur de conduite qui leur permettra de comprendre les bases de la conduite et des dangers est mis à disposition du public”, a souligné Adel Mellal, président de l’association. Selon les statistiques présentées dans cette journée par les services de la Gendarmerie nationale de Batna, la wilaya a enregistré 13 cas de mortalité et plusieurs autres personnes blessées grièvement  durant l’année, apprend-on auprès de Zohra Hammadi, responsable de la cellule de communication de la gendarmerie de Batna.

 

Auteur
Abdelmadjid Benyahia

 




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Un million d’Algériens emprisonnés sous Bouteflika   

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Tribune

Un million d’Algériens emprisonnés sous Bouteflika   

Bouteflika, une dictature moulée en dents de scie dans le corps d’une Algérie meurtrie par la corruption et le clientélisme. L’ancrage antisismique du raïs à la chaise du pouvoir, est le résultat indéniable de stratégies planifiées dans les sphères de la main étrangère et ce,  durant son long périple. Ses politiques de retour au sommet du pouvoir conçues et parfumées aux saveurs de pétrodollars, marinées dans le langage du mensonge et épicées à la hantise de la morale.

Bouteflika est revenu au pouvoir pour une Algérie soumise aux caprices d’un homme aux sens contraires des cinq vertus du bien : le courage et la compétence de construire un état au service du citoyen ; la modération et la tempérance de quitter les rênes du pouvoir à la limite et à la raison de la loi ;  la justice au dessus de tous et au service du juste et du droit ; la sagesse de restituer à la loi sa foi et finalement la piété de placer l’amour de la patrie au-dessus des caprices de sa petite personne .

Bouteflika est le dernier sanguinaire avec un million de prisonniers algériens,  le un dixième de la population active est jugés par des juridictions soumises aux ordres de son pouvoir et non aux vertus de la loi, il est a notifié ces dizaines de décès dans les geôles algériennes sous la torture et dans des  conditions inhumaines de séquestration. Avec dix millions de citoyens algériens en fuite aux quatre territoires da la planète, ces milliers d’enfants d’Algérie aux corps déchiquetés par les poissons de la Méditerranée et ces milliers de jeunes et de familles éjectées sur les routes  de l’Occident et des Amériques. Avec mille milliards de dollars confisqués du trésors public pour la pérennité de son pouvoir et pour l’appauvrissement de notre peuple. Bouteflika règne en maitre absolu et règle son compte avec notre citoyenneté en usant et sans vergogne de sentiment de vengeance et de haine. Bouteflika est le dernier dictateur de l’époque contemporaine.  

La machine judiciaire est le seul secteur qui fonctionne avec efficacité et aux taux de productivité dépassant les limites de l’excellence. Le raïs est à la tête de ces institutions de l’Etat pour tous ses états : policières, judiciaires, militaires et sécuritaires et financières.   Ces corps demeurent des armes efficaces et sont soumises à la température de l’homme suprême pour faire taire la voix du peuple et commettre des actes contre nature, contre la loi, contre la morale, contre notre citoyenneté et contre les valeurs de notre histoire et de sa moralité.

Face à une machine judiciaire mécanisée par une dynamique Bouteflikienne de persécution et par un régime opaque, qui ne communiquent avec le peuple que par le langage de la violence, que par de délires mensongers et que par de l’humiliation qui demeure une atteinte à notre identité, des familles de ces prisonniers de la liberté, des millions de mamans et de pères, désarmés devant un destin répressif, ont pleuré des larmes chaudes et ont émis des cris de détresse avec douleur profonde, ces parents de la génération de novembre qui ne pardonneront jamais à Bouteflika, sont désarmés devant ce mélodrame.

Une tragédie historique qui laisse des millions d’épouses et d’enfants abandonnés aux seuils de l’humiliation et de l’exclusion, le mal est profond face à une justice qui trouve sa substance vitale dans le corps de la répression du pouvoir. Des citoyens propres et intègres , des pères de familles  accusés à tort et à travers dans le cycle des enjeux et des intérêts du pouvoir ont été lâchement humiliés sur la scène publique. Des journalistes, des artistes , des cadres d’entreprises, des militants de droit de l’homme, des politiciens et des partisans de la liberté croupissent des les geôles de Bouteflika.

Le silence de la société civile est un crime odieux et impardonnable.  L’assemblé populaire nationale, l’ensemble du cadre consultatif, les organisations associatives et les acteurs politiques ont un rôle et une responsabilité déterminante de premier plan devant ces crimes et ces injustices.

Dans l’esprit des (justes) d’Albert Camus : « Pardonne moi, Dora. Peut être est ce la fatigue. Des années de lutte, l’angoisse, les mouchards, le bagne… Ou trouverai-je de la force d’aimer ? il me reste au moins celle de haïr. Cela vaut mieux que ne rien sentir. »  Dans la perspective de cet état d’esprit que le million de nos citoyens ont été, en grande partie injustement incarcérée, le bagne du bagnard est un espace de liberté et de sainteté.

Au nom de ma citoyenneté et à l’occasion des temps de fêtes, je vous présente mes voeux de sagesse pour restituer notre Algérie à ses enfants. Le reste est entre vous et Dieu.

Auteur
Brahim Gater

 




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