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jeudi 18 septembre 2025
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La présidence confirme le retour de Bouteflika en Algérie

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Après six jours de « soins médicaux » à Genève

La présidence confirme le retour de Bouteflika en Algérie

Le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a regagné Alger samedi après un bref séjour à Genève (Suisse) où il a effectué des contrôles médicaux périodiques, annonce la Présidence de la République.

Selon les termes du communiqué intégral de la Présidence de la république « Son Excellence M. Abdelaziz Bouteflika, Président de la République, a regagné Alger ce samedi 1er septembre 2018, après un bref séjour à Genève où il a effectué des contrôles médicaux périodiques ».

Le Président de la République avait quitté Alger lundi à destination de Genève (Suisse) afin d’effectuer des « contrôles médicaux périodiques », avait déjà annoncé la présidence dans un premier communiqué.

Auteur
APS

 




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Le ministre des Affaires religieuses accuse la secte Madkhaliste

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Assassinat d’imams

Le ministre des Affaires religieuses accuse la secte Madkhaliste

Le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, Mohamed Aïssa, a accusé, jeudi 30 août, dans El Khabar, les adeptes de la secte salafiste Madkhaliste d’être responsable de l’assassinat d’imams en Algérie.

Désignant nommément la secte en question, le ministre  a accusé «des partisans de la doctrine Madkhaliste d’être derrière l’assassinat d’imams en Algérie».

Le 30 juin 2018, Mohamed Aïssa avait tiré la sonnette d’alarme quant aux tentatives répétées de groupes radicaux de prendre le contrôle de lieux de culte, rappelant les années 90 où l’ex-Front islamique du salut tenait les mosquées par la force en Algérie.

«Ce n’est un secret pour personne, des radicaux tentent sans cesse de s’emparer des mosquées de la république et de contrôler les pupitres. Ces individus ont réussi à infiltrer des groupes qui paraissaient pourtant pacifistes. Ils sont à l’origine de la mort de deux imams, ils en ont blessé et insulté des dizaines d’autres qui ne partageaient pas leurs idéologies», a fait savoir le ministre sur sa page Facebook.

«Nous avons récupéré les mosquées de la république pour les consacrer uniquement à Dieu. Nous avons saisi la justice, à laquelle nous faisons confiance, et nous souhaitons qu’elle mette un terme aux actions de ces conspirateurs», a-t-il souligné.

Les Madkhalistes sont un courant musulman salafiste de prédication, suivant l’école du maître religieux saoudien Mohammed Al-Madkhali. Son chef autoproclamé en Algérie est Mohamed Ali Ferkous. Ce dernier a, à maintes reprises, attaqué les enseignements de l’islam sunnite algérien, en portant des accusations graves contre l’Association des oulémas (ou savants) et ses dirigeants actuels.

Pour lui, cette dernière «a dévié de la ligne que lui avait tracé son fondateur, Abdelhamid Ben Badis», en s’éloignant de la voie de la prédication et de l’unicité de Dieu.

Auteur
Sputniknews.

 




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Quelle place et quel avenir pour notre engineering ?

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Analyse

Quelle place et quel avenir pour notre engineering ?

Poincaré écrivait : «On  fait la science avec des faits, comme on fait une maison avec des pierres, mais une accumulation de faits n’est pas plus une science qu’un tas de pierres n’est une maison.»

1-. Place de l’engineering en Algérie depuis son indépendance

Après plus d’un demi siècle, l’ingénierie algérienne n’a connu ni consolidation, ni essor sensible. Nous pouvons même constater qu’elle a régressé et n’occupe à ce jour aucun espace dans l’activité économique.

Il est peut être utile de rappeler ce qui définit l’ingénierie d’une entreprise voire d’un pays. Parmi les définitions,  on trouve : étude d’un projet industriel sous tous ses aspects (techniques, économiques, financiers, monétaires et sociaux) et qui nécessite un travail de synthèse coordonnant les travaux de plusieurs équipes de spécialistes techniques et économiques.

Je voudrais y apporter la mienne, propre au cas algérien : c’est d’abord une arme de lutte efficace contre le joug néocolonial,  la dépendance et l’assujettissement puis une ouverture certaine vers le développement durable.

Comment peut-on prôner souveraineté et non alignement politique, sans comprendre que cela passe d’abord par une consolidation d’une ingénierie nationale ?

Où se niche donc l’ingénierie en Algérie : Ministères de l’enseignement, de la recherche, de l’énergie, de l’industrie, du bâtiment et TP et les autres, Instituts de recherche, Universités, les grandes entreprises, les PMI, les start-up, les bureaux d’études, etc.

Qui sont les acteurs ? Qui en a la charge ? Qui veille à sa consolidation et son développement ? Autant de questions auxquelles il faudra bien répondre.

Revenons en arrière : En 1962, l’Algérie indépendante était au niveau zéro. Durant le plan quadriennal puis quinquennal des années 70 des « industries industrialisantes » nous fîmes massivement appel à l’ingénierie de tous les pays industrialisés (USA, Europe, Canada, URSS, pays de l’Est, Brésil et Japon en particulier). Nous n’avions ni expérience, ni les hommes, ni les structures pour accompagner les programmes gigantesques d’industrialisation.

En parallèle, des milliers de jeunes algériens titulaires d’un baccalauréat sciences se virent attribuer des bourses d’études à l’étranger (Europe, Japon, URSS, pays de l’Est, Canada et USA en particulier) pour des formations d’ingénieur notamment. Les grandes entreprises publiques avec Sonatrach en tête et les universités étaient les pourvoyeurs de bourses d’études.

Le seul exemple comparable de formation supérieure que je connaisse dans le tiers monde  à cette époque était l’Iraq mais à un degré moindre. Signalons que, dans les années 80, lorsqu’un cadre irakien revenait de formation, il se voyait attribuer une maison individuelle, un salaire élevé comparable à ceux pratiqués en Europe (le dinar irakien était convertible) et un statut de cadre de la nation. En fait des conditions si attractives, qu’une majorité retournait dans leur pays.

Le but de ce programme de formation à l’étranger était de doter  le pays de forces vives capables d’accompagner et de maîtriser les techniques et technologies modernes dont l’Algérie venait de se doter ainsi que renforcer le corps des enseignants et managers. A priori cela ne pouvait être que louable et appréciable. Les slogans de l’époque : « Algérianisation du corps enseignant et surtout  l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ». Des slogans,  oui seulement des slogans !

Et c’est ainsi que s’enclencha le naufrage.

2.- Vous parlez d’un naufrage, selon vous quelles en sont les causes ?  

Une première cause de cette débâcle, fut la mauvaise gestion des ressources humaines à tous les échelons de l’Etat, des entreprises et des organismes publics. Une première déperdition des diplômés algériens se produisit avant même leur retour au pays. Le niveau d’un grand nombre des directeurs des ressources humaines DRH des grandes entreprises était plus que médiocre.

Aucune prise en charge ni plan de carrière proposés aux diplômés à leur retour de formation. Ainsi une deuxième fraction de cette population quitta définitivement l’Algérie peu après leur retour, au vu des conditions d’accueil, des postes proposés, de la faible rémunération et sans aucun plan de carrière en filigrane.

Ajouté à cela dans les années 1980, un clivage entre compétences locales et compétences venues de l’étranger  ainsi qu’entre les compétences francophones, russophones, anglophones  et arabophones, fut volontairement cultivé par des groupes politiques malfaisants.

Pour le reste,  ils se sont adaptés tant bien que mal dans un environnement hostile et pour les plus exigeants, on leur montrait ostensiblement qu’ils n’étaient pas les bienvenus en Algérie après 5-10 ans d’absence.  

Le Président Boumediene n’avait-il pas clamait haut et fort dans un discours: « ceux qui ne sont pas contents,  n’ont qu’à partir! ». Un aveuglement idéologique qui conduit plusieurs fils de l’Algérie, dès les années 70 à choisir le chemin de l’exil. La communauté de diplômés algériens exilés à l’étranger est depuis estimée, à plus de 300.000.  Eh bien oui, le message du feu Président fut bien entendu !

D’aucuns dignitaires disaient, il restera toujours quelqu’un plus docile et complaisant pour en assurer la  relève. Ce fut la marque d’un pouvoir autoritaire qui ne transigeait point.

Comme contre-exemple, je citerai d’abord, le Général De Gaulle, après la libération et pour reconstruire un pays dévasté par la guerre mondiale, avait mobilisé les élites françaises dans les grandes administrations centrales pour relancer les grands travaux en leur accordant un statut hautement avantageux.

Plus encore, le président Deng Xiaoping, considéré comme étant à l’origine du spectaculaire développement de la RP de Chine actuelle, n’a-t-il pas lancé en 1989, un appel mémorable à l’endroit de son élite non résidente : Chinois de tous les pays venaient vous enrichir en Chine !

Ces deux hommes d’Etat resteront dans l’histoire comme modèle de bâtisseur d’une nation moderne.  

Voici une deuxième cause du naufrage de l’ingénierie nationale.

Durant la décennie 75-84 un grand nombre d’ingénieurs et chercheurs regagnèrent SONATRACH départements Engineering &Développement et Production, principaux centres nerveux de l’activité pétrolière et gazière. A cette époque, la moyenne d’âge de l’encadrement était de 50 ans et celle des arrivants (cadres formés à l’étranger) de moins de 30 ans.

Au lieu d’associer ces derniers comme des juniors managers, il y eut une volonté délibérée d’écarter ces jeunes bardés de diplômes arrivant en masse et perçus comme une menace à l’occupation de leurs postes. Cela s’est traduit par une déperdition quasi totale de cette manne inespérée qui fondait pourtant tous les espoirs d’un renouveau.  

Ce schéma désespérant est malheureusement à extrapoler aux autres grandes entreprises publiques.

Voici une troisième cause du naufrage de l’ingénierie nationale.

Par ailleurs, dans pratiquement toutes les grandes entreprises apparaissait dans l’organigramme, une direction Engineering & Développement. Un appendice qui sonne bien, mais d’importance secondaire, le département production était le fer de lance incontesté. Quand ce dernier avait besoin de services d’engineering, il recourait sans aucune hésitation ou contrainte aux services de sociétés étrangères qui fleurissaient en Algérie. L’argument de poids : les nôtres, ils n’ont pas d’expérience ! Nous ne pouvons pas nous risquer à des erreurs ! Cette idée a longtemps résisté à toutes les bourrasques et continue à poursuivre son petit bonhomme de chemin sans entraves sérieuses.

Pourtant, il existait bon nombre de bureaux nationaux publics d’études et d’engineering dans plusieurs domaines. Que sont-ils devenus ? Qui les a supporté et encouragé ? Se sont-ils développés ces 2 dernières décennies où plusieurs centaines d’avis d’appel d’offres nationaux et internationaux ont été lancés ? Quel taux de nos besoins ont-ils couvert ? Certains ont disparu discrètement et d’autres sous grands fracas, à l’instar de Condor Brown & Roots.

En définitive, il y a lieu de constater qu’on a fait place nette pour les firmes  étrangères d’engineering qui ont occupé l’ensemble des segments du marché. Des miettes toutefois ont été laissées aux entreprises locales pour de petits projets d’architecture et génie civil.

Voici une quatrième cause du naufrage de l’ingénierie nationale.

Comment qualifier cette situation sinon de meurtre avec préméditation !

3.- La situation est consternante et semble même avoir été instrumentée ?

Durant ma carrière professionnelle j’ai pu observer quatre (4) phases successives :   

  • 1969-79 Phase d’euphorie de l’industrialisation tout azimut menée par l’administration centrale pour aboutir à un total fiasco.

  • 1980-88, Phase de gabegie des plans anti-pénuries conduisant à une banqueroute

  • 1990-99, Phase qualifiée de décennie noire (ni son, ni images)

  • 2000-18, Phase d’aisance financière autorisant un programme majeur d’investissement.

Durant la première phase, l’ingénierie nationale naissante disposait d’un strapontin au théâtre où se jouait l’industrialisation du pays. Seuls les grands tels : Voest Alpine, Fooster Wheeler, Fluor, SNC Lavalin, Booz Allen Hamilton, Mitsubishi, Kawasaki, Sumitomo, Kobe, Technip, Schlumberger, Tractebel, ABB, Basf, Siemens, Bayer, Impresit, Ansaldo, Danieli, Saipem, ENI, BP, GE, Kellogg, Arco, Halliburton, occupaient les premiers rangs.

Aucune forme d’association ou d’implication avec des sociétés d’ingénierie locales ne fut alors imposée à ces géants.

Durant la deuxième phase de désinvestissement, l’ingénierie nationale accumulant des déficits, s’est vue menacée de disparaître. 

Durant la troisième phase les sociétés d’ingénierie nationale virent peu à peu leur personnel clé s’exiler.

Les événements de 1988, mais plus encore  ceux qu’on appelle communément “la décennie noire” vont occasionner un exode sans précédent dans l’histoire de l’Algérie, de cadres qualifiés vers l’Europe, les USA et le Canada.  

Durant la quatrième phase les sociétés d’ingénierie nationale publiques qui survécurent, étaient fortement affaiblies et durent une seconde fois tenir un strapontin au théâtre des appels d’offre internationaux où de nouvelles sociétés étrangères de différentes tailles  occupèrent les premiers rangs (avec l’entrée en lice de l’Espagne, du Portugal, la Turquie, la Serbie, la RP de Chine, l’Egypte, le Liban, etc.)

Là aussi, aucune forme d’association ou d’implication des sociétés locales d’ingénierie ne fut alors imposée pour l’attribution des marchés.

Pour s’acquitter de tout reproche, une nouvelle disposition introduisit une close de préférence nationale. De la poudre aux yeux, car plus de 80% des attributions étaient confiées en définitive, à des sociétés étrangères.

Il est utile de rappeler que l’Algérie des années 70 était technologiquement bien mieux dotée que la RP de Chine (industries pétrolières, mécaniques, sidérurgiques, chimiques, etc.) et rivalisait avec certains pays européens bien devant la Grèce et le Portugal.

A titre d’exemple, en 1983, lors d’une visite d’un réacteur atomique souterrain en RP de Chine, j’ai pu observé combien certains appareils et équipements que nous disposions au Commissariat aux Energies Nouvelles aux Tagarins étaient plus modernes et techniquement supérieurs à ceux utilisés par les chinois. Cependant, si les équipements étaient désuets, l’engineering nucléaire chinois était bien plus avancé et très solidement consolidé.    

En terme de chronologie en moins de 40 ans la RP de Chine devint la 2ème puissance économique mondiale. A une échelle plus réduite la Corée du sud, sans ressources naturelles, n’a eu besoin que de 25 ans pour se hisser au 11ème rang des nations les plus industrialisées.

Je suis tenté de demander à nos dirigeants, après 50 années écoulées, combien d’années supplémentaires seront-elles nécessaires à l’Algérie pour se hisser au rang des pays nouvellement industrialisés ?

A l’issue de ce constat dantesque de l’engineering nationale, on est en droit de se poser la question suivante : Qui sont les acteurs qui ont orchestré le naufrage de l’ingénierie nationale ?

4.- Avec un tel passé l’ingénierie algérienne peut-elle s’inventer un avenir ?

Le  mal est fait ! Comment peut-on construire durablement notre génie national ? C’est une question fort intéressante que je placerai comme priorité pour notre pays.

Notons d’abord qu’un changement s’est opéré dans ce secteur. En effet, les sociétés privées marquent davantage leur présence sur le marché et certaines sociétés étrangères ont élu domicile en Algérie (sociétés de droit algérien). Ce sont des éléments nouveaux et positifs car toutes emploient en majorité un personnel local.

Pour la suite, la responsabilité incombera totalement à l’Etat car les principaux donneurs d’ordres sont des organismes nationaux centraux ou grandes entreprises publiques parmi lesquelles figurent en tête Sonatrach et Sonelgaz

Il est important de rappeler que se sont des contrats du type : EPC (*) et EPCM (**) qui ont été surtout utilisés dans l’industrie de la construction et de l’ingénierie industrielle et pétrolière. Le rôle principal de ces contrats est d’organiser et de répartir entre les différents acteurs du projet chacune des tâches qu’exige la réalisation : identification des partenaires, études d’engineering, exécution  des travaux, les approvisionements, les fournitures, les livraisons,…

De plus, il faut comprendre comment fonctionnent ces sociétés qui conservent un personnel clé limité et qui disposent de data bases de centaines d’ingénieurs-consultants, à qui, elles font appel selon la nature du projet  et ses besoins.

Enfin, il faut garder en tête quelques chiffres clés sur au moins 2 cas :

  • Une société qui vous facture une étude d’engineering d’un montant de 1.000, gardera 500 pour les propriétaires et/ou actionnaires, 25 pour rémunérer les ingénieurs qui interviendront et 25 pour couvrir les différentes charges

  • Une société qui vous facture un projet en EPC, donc le montant sera bien plus élevé,  en moyenne gardera 25-30% du montant total pour les propriétaires et/ou actionnaires, 50% pour les fournitures, 10-20% pour l’engineering, 5-10 % pour rémunérer les ingénieurs qui interviendront et 5% couvrir les différentes charges.

En définitive, on voit de suite que les marges prélevées par ces sociétés sont bien plus importantes que celles des fabricants d’équipements et se sont elles qui s’imposent sur les marchés. Les plus grandes (USA, RP de Chine, Japon, Europe) opèrent très souvent avec de forts appuis politiques et par l’octroi de commissions et retro commissions. Plusieurs scandales sont apparus en Algérie et à travers le monde et jusqu’au plus haut niveau des états.

Question : Peut-on peu ou prou s’affranchir des fourches caudines de ces sociétés ?

Comme exemple édifiant, dans les années 1980, j’ai assisté à la construction d’une centrale électrique thermique de 900 MGW. Plusieurs entreprises algériennes engagées auprès de deux grandes entreprises allemandes, réalisaient 50% des travaux (génie civil, câblerie et chaudronnerie) l’engineering, le montage électronique et la fourniture & installation des turbines étaient de fabrication allemande.

40 années après, à quoi devrait-on s’attendre en terme d’intégration nationale en matière de construction de centrales électriques thermiques de ce type ?  Si vous regardez les contrats signés pour les 5 dernières centrales avec des firmes étrangères, vous comprendrez alors, les motifs qui fondent mon indignation et mon pessimisme.

En Algérie, au stade actuel, il est illusoire de répondre par oui à la question ci-dessus.  Cependant, il est possible d’agir pour réduire leur forme d’intervention et y associer de façon significative des entreprises locales non pas uniquement en sous-traitance de travaux mais aussi dans l’engineering.  

Par exemple, sillonnons autour du secteur de l’énergie et prenons le programme des centrales photovoltaïques. Nous lisons en grands titres :

« L’Algérie s’engage avec détermination sur la voie des énergies renouvelables afin d’apporter des solutions globales et durables aux défis environnementaux et aux problématiques de préservation des ressources énergétiques d’origine fossile ». « Le solaire devrait atteindre d’ici 2030 plus de 37% de la production nationale d’électricité » et enfin « d’ici 2030, il est prévu l’installation d’une puissance de près de 22.000 MW pour le marché national ainsi qu’une possibilité d’exportation allant jusqu’à 10 000 MW. Enfin, un premier appel d’offre national de 150 MW sera lancé avant la fin de cette année. ». 

Entre parenthèses, nous sommes accoutumés à entendre des annonces ubuesques et disproportionnées par plusieurs ministres, auxquelles personne n’y croit bien sûr (planter 1.000.000 d’ha de cultures intensives d’oliveraies en 15 ans, attirer 2 millions de touristes étrangers avant 2020, produire 22.000MW d’énergies photovoltaïques d’ici 2030, construire 1.000.000 de logements avant 2019, autoroute Est-Ouest achevé totalement avant 2010, plus aucun usage de sacs plastiques à la fin de l’année, etc.). Ceux qui lancent ces annonces  savent pertinemment qu’ils ne seront plus là pour justifier leur errance et qu’à fortiori aucun compte ne leur sera demandé.

Un projet de centrale photovoltaïque, c’est d’abord de l’engineering puis de la sous-traitance en fabrication et services.

Arrêtons de considérer les algériens comme des « ignorants », tout le monde sait comment se construit une centrale photovoltaïque raccordée au réseau.  Pour rappel sommaire, on trouve généralement les équipements suivants :

  1. Des panneaux photovoltaïques  

  2. Des structures porteuses ou de fixations : 

  3. Des composants de distribution courant DC ou AC

  4. Des câbles, connectiques, protections, etc.

  5. Des onduleurs

  6. Des systèmes de supervision et contrôle: 

  7. Des compteurs de production  

(Dans certain cas, le système peut aussi être équipé de batteries, destinées à stocker l’électricité)

Seul le point 1 fera l’objet d’importations en kit pour assemblage & montage local mais tous les autres composants peuvent être produits en Algérie.

Voici le test de vérité qui répondra à la question portant sur l’avenir de l’ingénierie nationale. Le Ministère de l’énergie va-t-il imposer que seul le point 1 fasse l’objet d’importations en kits pour rompre avec les anciennes pratiques de projets clés en main confiés à des entreprises étrangères ?  Qu’en fait, les accords de transfert en devises soient strictement et uniquement dédiés à l’importation des cellules photovoltaïques très probablement de la RP de Chine?

En définitive,  je garde mes motifs d’inquiétude, mais nous verrons prochainement si l’Etat persiste et signe ou si notre engineering et nos capacités de fabrication pourront enfin s’inventer un avenir.

5.- Précisez-nous un peu plus vos motifs d’inquiétude

Depuis l’indépendance à ce jour, tous nos dirigeants sans exception ont parlé de l’importance du transfert de technologie et savoir-faire, à tous les niveaux des discours : ce qui revient à dire en public que nous voulons coûte que coûte développer notre propre engineering et savoir faire.

Pourtant, je viens de montrer que depuis un demi siècle à l’opposé, c’est une pratique de déni.

Rappelez vous durant la colonisation dans le cycle d’études primaires la barrière pour les jeunes écoliers « indigènes » privilégiés, était le certificat de fin d’études primaires. Un nombre infime « d’indigènes » franchissaient ce niveau limite. Il n’était pas souhaité par le colonialisme qu’une élite « d’indigènes » puisse éclore. A l’époque, c’était cela le colonialisme !

Mais aujourd’hui, comment interpréter qu’on puisse refuser  l’accès au savoir-faire et aux technologies aux ingénieurs algériens, pour des projets engagés en Algérie, financés par nos autorités centrales?  

Pour ma part, j’ai eu la chance grâce à des missions onusiennes notamment, d’effectuer des « study tours » dans des pays comme l’Inde, le Brésil, la Tchécoslovaquie puis la PR de Chine dans les années 80. L’observation, l’examen et la réflexion durant ces voyages, m’ont permis de déceler le modus operandi du transfert de technologie.

Chacun de ces pays a su trouver un mode opératoire adapté à ses capacités, sa culture, son contexte et son environnement et chacun a réussi à saisir cette matière noble abstraite et à bien la consolider.

L’Algérie, n’a pas pu le faire tout simplement parce qu’elle n’a même pas essayé !

Interrogeons-nous alors qui sont les auteurs de ce « génocide intellectuel »

S’agit-il d’inconscience et d’irresponsabilité ? Ou bien d’intérêts individuels ou collectifs ? Des complots ourdis par des puissances ennemies ? Des hommes de l’ombre, à Paris ou à Washington qui montent des « deals » visant leurs seuls intérêts ?

Notre génération hautement qualifié, ne peut plus se taire lorsque, sans gène ni honte et sans rougir, elle entend aujourd’hui des ministres parler de recours à l’assistance technique étrangère, de signature de contrats d’engineering avec des sociétés d’outre atlantique, comme il y a 50 ans en arrière.

En définitive, on veut nous coincer au sol et rendre notre envol impossible !

6. Mais alors que faire ?

Il s’agit  de comprendre que l’engineering  c’est d’abord un problème de ressources humaines. Cette ressource malmenée, méprisée, mal-aimée à qui nos dirigeants n’ont jamais accordé une quelconque importance. Peut-on leur demander de revoir leur copie et placer celle-ci au cœur de leurs préoccupations ?

Tous les pays que j’ai cités, ont adopté une stratégie de séduction à l’endroit de leur communauté « d’ingénieurs-chercheurs-développeurs ». Il existe un grand nombre d’exemples de transfert de technologie étrangère par le biais des scientifiques expatriés en diffusant la production scientifique à partir de l’étranger, en participant de manière active à la recherche scientifique nationale, en multipliant les activités d’expertise au profit du pays d’origine, ou revenir pour développer des start-up high tech.

Cette stratégie, plusieurs pays l’ont comprise et pleinement appliquée

Les Indiens ont produit des textes légaux, octroyant crédits bonifiés, exonérations  et nombre de facilités aux non résidents qui viendraient s’installer dans le secteur de la production hightech et l’engineering. Les Turques ont fait de même. Les Chinois ont fait massivement appel aux Hongkongais, Taiwanais et Sino-Américains pour s’installer en RP de Chine.  De plus toute société étrangère souhaitant opérer dans le marché chinois doit impérativement s’associer avec un partenaire local. Notons que les entreprises et les instituts chinois peuvent sans entraves faire appel à des consultants étrangers pour compléter leur expertise. De plus, elles usent d’une démarche offensive de rachat d’entreprises de haute technicité dans le monde, ce qui a d’ailleurs ébranlé nombre de pays.   

Ce sont des mesures si évidentes qu’il n’y a pas lieu d’en lister ici davantage : elles inscrivent  à l’encre rouge la volonté d’un pays de bâtir une expertise nationale puissante et compétitive.

Aujourd’hui, que faisons-nous de tout cela? Que nous manque-t-il ? Comment combler nos insuffisances ? Comment booster nos sociétés d’engineering ? Comment agir pour une mise à niveau ? Que faire pour combler le retard cumulé ? Comment s’affranchir progressivement de l’assistance technique étrangère en bâtissant  notre propre engineering ? Qui fait barrage ? Les donneurs d’ordres agissent-ils seuls ou en collusion avec des forces occultes extérieures ? Qui donnera le coup de pied salutaire dans la fourmilière ?

A ma connaissance, aucune de ces questions n’a été sérieusement abordée publiquement par nos députés, nos Ministères techniques, pas même l’esquisse d’un projet-programme permettant de répondre   précisément à ces questions si simples mais fondamentales pour apporter solutions et perspectives.

Que savons-nous faire aujourd’hui ? Que maîtrisons nous ? Comment construire seul nos prochaines centrales électriques photovoltaïques ou thermiques, nos unités de dessalement d’eau de mer, nos centres d’enfouissement, nos tunnels de métro, nos barrages, nos lignes de tramways et chemins de fer, nos aéroports, nos vaccins ? Jusqu’à quand resterons-nous des spectateurs de l’édification de notre pays par les autres ?  Les algériens n’en sont-ils pas capables ? Les algériens d’ici et d’ailleurs réunis n’en sont-ils toujours pas capables ? Qui arbitre et décide ?

Face à l’immobilisme constaté au niveau des politiques publiques en matière d’exode des compétences nationales à l’étranger, une infinité de questions surgissent et qui resteront peut être longtemps sans réponses.

L’enjeu est de taille, car il conditionne notre souveraineté et l’avenir des futures générations.   

Je me permets encore une fois de reposer ici les mêmes questions : Qui sont les arbitres (élus, administrations, ministères, syndicats, société civile, medias, etc.) ont-ils les données et les compétences ? Connaissent-ils les enjeux ? Qui défend nos intérêts communs ? Où nous conduisent-ils ? Le savent-ils ?

En 1954, le Président Nasser amorça  le mégaprojet du barrage d’Assouan en haute Egypte,   pour étendre les surfaces irriguées, améliorer la navigation sur le fleuve et produire de l’électricité. En 1956, pour des raisons politiques l’aide technique et financière, des USA et de la Grande Bretagne fut refusée. Aussi le Président Nasser se tourna alors vers les capacités nationales avec un appui technique soviétique. Toutes les entreprises égyptiennes publiques et privées y prirent part dans l’engineering et la construction du plus grand barrage au monde. Voilà comment l’Egypte a édifié les bases de ses capacités d’engineering, incontestables aujourd’hui.

L’Algérie dispose de plusieurs centres de recherche, d’entreprises privées et publiques du secteur, une diaspora aux quatre coins de la terre et qui ont certainement aussi des solutions ad hoc à proposer, si réellement les pouvoirs publics étaient en quête de solutions pour l’édification d’une ingénierie nationale durable.  

7. En conclusion, quel est votre message    

Arrêtons de traiter la jeunesse algérienne comme des enfants gâtés à qui on achète leur docilité et leur résignation (ANSEEJ, etc.), et les techniciens algériens comme des juniors,  sous classés, inexpérimentés voire incompétents. Ces derniers, sous d’autres cieux, ont fait leurs preuves en Europe, aux USA et au Canada.

Je dis que les projets algériens doivent être confiés aux algériens avec éventuellement un complément extérieur. Ceux qui savent connaissent parfaitement leurs limites et si on leur demandait d’aller au-delà, ils sauront alors mieux que quiconque, aller chercher le chaînon manquant. Cette dépendance endémique entretenue artificiellement doit être maintenant perçue comme une humiliation à notre intelligentsia.   

Il s’agit en définitive d’engager des actions concrètes pour sortir coûte que coûte du sous développement, de la régression et de la récession :

  • Une politique économique fondée sur le compter sur soi  

Les concours internationaux doivent disparaître au profit des concours nationaux. Ouvrir bien grandes les portes aux gens du savoir résidents et non résident.  

  • Mobilisation des compétences : Encourager davantage la création de bureaux d’études, mobiliser les compétences nationales et attirer les techniciens et ingénieurs non résidents.  Faciliter au contractant local, dans le cadre d’exécution de contrats, le recours éventuel à des experts étrangers. Attirer des experts, professeurs, ingénieurs spécialisés et d’autres seniors à venir travailler en Algérie dans des organismes ou sociétés privées et publiques ou créer leurs propres entreprises.

  • Partenariat national : Partenariat Public Privé (PPP) pour des grands projets structurants, notamment dans l’énergie, l’agriculture, l’industrie du pétrole et gaz, l’hydraulique et les TP.  

  • Partenariat international : Engager des Partenariats et coopération technique d’exception à long terme avec les Etats de pays comme les USA, l’UE, la RP de Chine, la Corée du sud, l’Inde, le Brésil… Formations spécialisées, study tours, conférenciers, séminaires, joint ventures, etc.

  • Niveaux d’exigence de qualification : Dans le cas d’une Joint Venture JV avec une société étrangère  spécialisée, donner à la nouvelle JV, la qualification équivalente de celle détenue par  la société étrangère.

  • Qualification et formation continue : Apporter des concours aux formations qualifiantes aux personnels actifs dans les administrations et les entreprises. Formation interne et continue obligatoire dans les administrations et organismes étatiques. Plans de carrière liés à un programme de qualification revalorisée.  

  • Facilitations aux entreprises high tech algériennes d’acquérir des entreprises étrangères pour permettre des sauts qualitatifs et de maîtrises techniques. En particulier dans les TIC, Biotech, GénieSoft, Tech de l’eau, etc.

  • Ouvrir l’enseignement supérieur aux personnels spécialisés étrangers Utilisant tous les moyens possibles (vidéos-conférences, séminaires, workshops, etc.) Inviter les plus grands spécialistes à participer à des mises à niveau cycliques, périodiques.

  • Programmes de R&D jumelés avec des pays avancés cofinancer des programmes de recherches sur les thématiques particulières : irrigation, production agricole & ressources halieutiques, énergies renouvelables, TIC, biotechnologies, contrôle & sécurité, etc.        

 

Quand nos hommes politiques auront-ils le courage de dénoncer la main mise des lobbies internationaux sur notre engineering ? Qui arrêtera le discours paternaliste de ceux qui savent mieux que nous, ce qui est bon pour nous ?

Les gouvernements successifs de l’Algérie indépendante ont échoué à bâtir notre génie national. Notre pays gangrené par le despotisme, les inégalités et l’ignorance a engendré des fils capables de se retourner contre lui, jusqu’à commettre les pires crimes. Les algériens se sont repliés sur eux-mêmes, ont perdu foi en la RADP s’acheminant irrésistiblement à plus d’intolérance et d’indifférence.

Nous devons avec réflexion, effort et énergie, cultiver un sentiment d’appartenance à une grande nation aux héros si grands, issus d’une histoire millénaire et de victoires remportées lors d’innombrables batailles contre tous nos occupants. Cette fierté sera le résultat d’épreuves surmontées ensemble en    réveillant le patriotisme qui nous habite tous, qu’on le taise ou qu’on le confesse !

Assurément, il nous appartient à tous, aujourd’hui d’inculquer dans le cœur et l’esprit de nos enfants la fierté d’être algérien comme au lendemain de l’indépendance dans une renaissance du sentiment patriotique : impulser un second souffle, une orientation assumée et responsable permettant aux  algériens de s’épanouir par le savoir.   

La force de notre pays doit reposer sur la fierté de vaincre nos ennemis, l’ignorance, les obstacles au développement et toutes les forces du mal qui le minent de l’intérieur.

Seule une consolidation de l’ingénierie nationale permettra de reconstruire une fierté, un renouveau ouvert à l’innovation et au développement durable du high-tech conjuguant productivité et modernité.

C’est autour de ce vaste débat que je souhaiterai aujourd’hui réunir les entrepreneurs, experts, politiques, universitaires et tous les acteurs de la société civile, afin qu’ensemble nous puissions poser la pierre angulaire de notre unité.

Pour ne pas rester dans le constat, l’indignation, la consternation voire le rêve, j’invite les forces vives du pays à s’exprimer et proposer des solutions, des actions, des moyens de sortie de cette perpétuelle dépendance pour bâtir nous-même notre maison commune : l’Algérie. Cela me fait penser à une citation du Duc de Sully « Tout homme dévoué à son pays doit payer à sa patrie son tribut de patriotisme en lui disant tout ce qu’il croit en sa conscience, être la vérité ».

Cette question, qui oppose et divise, je souhaite qu’elle devienne l’instrument qui unifiera les Algériens autour d’une règle d’or : Algeria First.

Pour finir, je reprendrai la citation de Poincaré en avant propos, à mon compte ainsi :

On bâtit un génie national en consolidant toutes ses élites, comme on construit une maison en consolidant les pierres, mais la dispersion des élites n’est pas plus un génie national, qu’un lit de pierres n’est une maison.    

L. G.

 (*) Lies Goumiri est docteur d’Etat ès-sciences de l’Institut National Polytechnique de Grenoble (France) et diplômé de Sciences Po Paris. Il a occupé d’importants postes dans l’administration centrale, CEO dans plusieurs entreprises publiques et privées. Il a été associé à plusieurs missions de l’ONUDI et enfin consultant pour divers organismes et sociétés étrangères asiatiques et européennes.

(*) EPC signifie Engineering Procurement and Construction qui se traduit en français par Ingénierie, Approvisionnement et Construction. La spécificité du contrat EPC c’est que le contractant s’occupe de l’ensemble du projet, de l’installation, des matériaux nécessaires puis de la réalisation soit directement soit en sous-traitant une partie des travaux. Il porte la responsabilité du projet.

(**) EPCM signifie Engineering, Procurement and Construction Management qui se traduit par Ingénierie, Approvisionnement et Gestion de la construction .Le contrat EPCM est un contrat dans lequel une société d’ingénierie ou bureau d’étude s’engage préalablement à fournir différents services comme :

Les études et la conception du projet l’accompagnement à la gestion du projet et la représentation du MOA aux différentes étapes du cycle (appels d’offres, décomposition du projet en lots…) le suivi de l’approvisionnement des matériaux sur le chantier le pilotage de l’ensemble des documents pour le bon déroulement du chantier. L’assistance au maître d’ouvrage dans la réception des divers composants de l’ouvrage, afin que celui-ci puisse obtenir un ouvrage complet. L’entrepreneur EPCM coordonne les différents points situés ci-dessus, mais il veille aussi à ce que l’ensemble du projet se déroule correctement selon les besoins du chantier. Il peut décider d’entreprendre ou non un travail réel sur le chantier. Les contrats EPCM s’appliquent en particulier dans le génie pétrolier, chimique, mais aussi gazier.

Auteur
Liès Goumiri (*)

 




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Bouteflika serait revenu en Algérie

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Son avion aurait quitté la Suisse

Bouteflika serait revenu en Algérie

Le président Bouteflika serait revenu en Algérie ce samedi 1er septembre après avoir effectué, selon Ennahar, des analyses médicales de plusieurs jours dans un hôpital suisse. Il serait selon le même média en « bonne santé ».   

Par ailleurs, GVA Dictator Alert, le compte Twitter automatique qui enregistre les allées et venues à l’aéroport de Genève des chefs d’États de pays considérés par The Economist comme des dictateurs, indique que l’avion du Président algérien aurait quitté le sol suisse en direction d’Algérie ce samedi à 14h48 heure locale (13h48 heure d’Alger).

Pour rappel, une dépêche APS avait annoncé le 27 août dernier, citant la présidence de la République, que Bouteflika était parti en Suisse pour  » effectuer les contrôles médicaux périodiques ». Une annonce qui a donné lieu, comme à l’accoutumée,  aux rumeurs les plus folles.

Toutefois, quel crédit accorder à cette expression « en bonne santé » quand on sait que le concerné n’effectue plus aucune activité publique et ne reçoit que très rarement des personnalités étrangères.

Auteur
La rédaction

 




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Les néonicotinoïdes désormais interdits dans l’agriculture en France

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Terre

Les néonicotinoïdes désormais interdits dans l’agriculture en France

Les défenseurs des abeilles s’impatientaient, les agriculteurs ne décolèrent pas: l’utilisation des néonicotinoïdes pour débarrasser les plantes des insectes ravageurs est désormais interdite.

En excluant de tout usage phytosanitaire cinq substances (clothianidine, thiaméthoxame et imidaclopride, thiaclopride et acétamipride) accusées de contribuer au déclin massif des colonies de pollinisateurs, la France va plus loin que l’UE qui bannira au plus tard au 19 décembre les trois premières mais uniquement pour les cultures en plein champ.

« Cette interdiction place notre pays en précurseur pour la protection des pollinisateurs, de l’environnement et de la santé », a assuré samedi la ministre de la Santé Agnès Buzyn via Twitter.

Ces molécules, apparues dans les années 1990 et devenues les insecticides les plus utilisés au monde, s’attaquent au système nerveux des insectes, donc des pollinisateurs. Même à faible dose, abeilles et bourdons sont désorientés, ne retrouvent plus leur ruche, le sperme des mâles est altéré…

En France, les « néonics » servent surtout de manière préventive, en enrobant les semences, avant de se propager à toute la plante, y compris le pollen.

Face aux critiques du monde agricole, le gouvernement fait valoir l’existence d’alternatives pour la plupart de usages. Prônant une lutte donnant la priorité aux méthodes non chimiques, il a promis d' »accompagner les agriculteurs dans cette transition ». 

Mais ces derniers dénoncent une « impasse », décrivant des alternatives nécessitant plus de travail et de main d’oeuvre, qui réduiraient leur compétitivité face aux produits importés. 

« Nous souhaitons des dérogations pour deux cultures qui sont sans solution, le maïs, attaqué par la mouche grise, et la betterave », a insisté jeudi la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, évoquant un possible recours en justice de ces deux filières.

Abeilles sauvées ? 

Les producteurs de betteraves qui ont réussi à vaincre le puceron vert grâce aux semences enrobées craignent ainsi que ce bannissement ne mette « en péril » la filière du sucre.

Sans solution efficace contre ce puceron vecteur de la jaunisse, la perte de rendement sera « au moins de 12% en moyenne au niveau national, sur plusieurs années », et jusqu’à 50% sur une parcelle, assure l’Institut technique de la betterave.

« Quelques impasses ont été identifiées par l’Anses sur des cultures rares qui n’ont pas de substituts », répond la secrétaire d’Etat à la Transition écologique Brune Poirson dans une déclaration à l’AFP. « Elles se comptent sur les doigts d’une main et feront l’objet d’une étude approfondie par nos ministères ainsi que d’un usage limité et encadré. »

Pour les abeilles et leurs défenseurs en revanche, l’interdiction est plutôt une bonne nouvelle, même si apiculteurs et ONG s’inquiètent de la possibilité prévue par la loi biodiversité de 2016 de dérogations au cas par cas, jusqu’au 1er juillet 2020. 

Selon le ministère de la Transition écologique, seul l’acétamipride devrait être concerné, et pour de faibles volumes.

Mais avec la démission de Nicolas Hulot, « seul allié » des abeilles au gouvernement, « qui défendra le principe d’une interdiction ferme des néonicotinoïdes ? », s’interroge l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF).

Dénonçant un « écocide », les apiculteurs espèrent aussi que la version définitive de la loi Alimentation entérinera le principe de l’interdiction des substances ayant le même mode de fonctionnement que les « néonics », comme le sulfoxaflor.

Cette mesure vient d’être notifiée à l’UE, a voulu rassurer le gouvernement vendredi.

Mais il ne faut pas penser qu’en interdisant les néonicotinoïdes, « on va sauver toutes les abeilles », souligne Axel Decourtye, directeur scientifique de l’Institut de l’abeille.

« Il y a d’autres combats à mener de front », poursuit-t-il, citant maladies, frelons asiatiques ainsi que tous les autres pesticides que les ONG voudraient voir disparaître pour protéger les abeilles, mais aussi les humains.

Auteur
AFP

 




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Le testament de Nasser Zefzafi

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Lu par son père

Le testament de Nasser Zefzafi

Eu égard à son importance, nous avons décidé de publier cet ultime message du militant Nasser Zefzafi que son père Ahmed Zefzafi a fait diffuser sur les réseaux sociaux. La tonalité est celle d’un homme décidé à sacrifier sa vie pour son combat. Ce texte ci-après est la retranscription de ce qu’a déclaré son père. 

Nasser Zefzafi a contacté sa mère le jeudi 30 août 2018, et lui a transmis qu’il entamera une grève de la faim illimitée, et une grève de l’eau sucrée jusqu’au martyre.

Il a pris cette mesure en raison de la souffrance, de la torture et le non accomplissement de ses exigences, car il est toujours détenu dans un cachot depuis son arrestation, en dépit de sa demande répétée d’être mis dans une cellule au lieu d’être enfermé dans un cachot.

Nasser Zefzafi laissé un testament d’adieu à sa mère, il lui a demandé de dire à tout le monde qu’il leur a tous pardonné et leur a demandé, en retour, de lui pardonner. Il a également prévenu sa mère pour que personne n’interfère, pour tenter de le dissuader de poursuivre la grève de la faim, la grève de l’eau sucrée.

S’il lui arrive de mourir, il a demandé à sa mère de transférer sa dépouille dans le RIF pour qu’il soit enterré dans la terre pour laquelle il a été arrêté et emprisonné et torturé

Ne veut plus d’une patrie qui ne l’honore point, mais l’humilie et lui inflige toutes les injustices, et il veut aller dans un autre patrie où les griefs sont traités promptement et équitablement, il veut aller dans le monde de la démocratie, de la liberté et de tous ses droits.

Le procès ne signifie plus rien pour lui, N.Zefzafi a pris sa décision finale d’entamer une grève illimitée jusqu’au martyre, car il a assez de patienter et d’attendre ».

Auteur
La rédaction

 




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« Les sanctions économiques ne marchent qu’un temps, le Moyen Âge nous l’apprend »

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KRIMOU A LU POUR VOUS

« Les sanctions économiques ne marchent qu’un temps, le Moyen Âge nous l’apprend »

…Un coup d’œil au rétroviseur pour décrypter les résultats « assurément mitigés » du forcing Trumpien en matière de sanctions économiques et commerciales tous azimuts…Europe, Canada, Chine, Russie, Iran, etc…

Les conjonctures comme l’ampleur des enjeux étant différents, l’exercice comparatif reste bien entendu quelque peu aléatoire, tout en demeurant fortement indicatif au plan des dividendes politiques de cette arme de « guerre » que sont le boycott et les sanctions contre les tiers.

Bonne lecture !

K H.

Les sanctions économiques ne marchent qu’un temps, le Moyen Âge nous l’apprend

Au XIVe siècle, les villes hanséatiques mettent en place un ensemble de sanctions économiques drastiques contre Bruges. Avec succès… dans un premier temps.

Enluminure extraire de «Voyage en la terre d’Outremer» de Bertrandon de la Broquière. Jean Le Tavernier, enlumineur, Audenarde, après 1455. «Guerre économique»: en quelques jours, le président américain Donald Trump a annoncé l’entrée en vigueur des sanctions économiques contre le régime iranien, le renforcement de celles contre la Russie, puis contre la Chine. Les réticences européennes laissent toutefois planer des doutes sur l’efficacité de semblables mesures qui, à force, risquent de se retourner contre qui en abuse.

À la fin du Moyen Âge, les villes de la Hanse allemande en ont fait l’expérience.

Bruges et les «villes de la Hanse allemande»

La scène se passe au milieu du XIVe siècle, à Bruges. La ville, alors à son apogée, est le plus important marché d’Europe du Nord. Elle dispose d’un droit d’étape, c’est-à-dire que les marchands sont obligés d’y faire halte quelques jours et d’y payer des taxes avant de pouvoir poursuivre vers l’est ou vers l’ouest. On y trouve donc des Allemands, des Anglais, mais aussi des Français, des Espagnols, des Provençaux ou encore des Italiens. La concurrence y est féroce.
Non, Monsieur, la maison ne fait PAS crédit.| Miniature extraite d’un manuscrit du Chevalier errant de Thomas III de Saluces. BNF via Wikimedia commons.

Les plaintes des marchands allemands à Bruges s’accumulent: ils accusent les officiers de la ville de ne pas tenir compte de leurs «privilèges» (en gros, les prérogatives et droits particuliers qui leur avaient théoriquement été garantis par contrat). Les Hanséates reprochent aux Flamands toutes sortes de lenteurs, de taxes indues et d’arrestations arbitraires. Préoccupées par «l’injustice et les nombreux obstacles imposés en Flandre aux marchands d’Allemagne et de la Hanse allemande», les villes allemandes préparent alors une contre-attaque. Le but: étouffer l’économie de la ville jusqu’à ce qu’elle accepte de se plier aux conditions des Hanséates.

Réunies à Lübeck le 20 janvier 1358, les «villes de la Hanse allemande» –qui se servent de ce titre pour la première fois– mettent en place un ensemble de sanctions économiques drastiques: aucun marchand allemand ne doit se rendre en Flandre jusqu’à nouvel ordre; ceux qui s’y trouvent doivent vider les lieux; nul ne doit commercer avec des Flamands ou acheter leurs draps– où que ce soit et à qui que ce soit. Quiconque violerait l’embargo serait exclu de la Hanse, et une amende est même prévue pour quiconque traiterait avec des contrebandiers de ce genre.

Banc! Privée des blés de Prusse, Bruges est au bord de la famine, ravagée par la peste. En 1360, le comte de Flandre doit céder et les nouveaux privilèges qu’il concède aux Hanséates surpassent largement leurs prérogatives antérieures.
Mobiliser et coordonner

Dans les siècles qui suivent, l’embargo devient l’arme par excellence des villes hanséatiques, mais son efficacité est inégale et tend même à s’éroder avec le temps.

Le terme de «sanctions économiques» donne l’impression qu’il n’y a qu’un seul perdant, et qu’il l’a bien mérité. Or c’est faux, l’arme est à double tranchant: en sanctionnant, on se sanctionne, car on se prive de débouchés économiques potentiellement fructueux.

Aussi les mesures se heurtent-elles inévitablement au problème de la mobilisation: pour qu’un embargo soit efficace, tout le monde doit jouer le jeu. Cela se traduit par des menaces répétées à l’encontre des fraudeurs, d’autant qu’en l’absence de concurrence, le marchand qui ose braver l’interdiction a toutes les chances de vendre ses marchandises à très bon prix… En 1358, le Brêmois Tidemann Nanning est accusé d’avoir ignoré l’embargo contre la Flandre. La ville de Brême semblant traîner des pieds pour le sanctionner, tous les marchands de Brême sont instantanément exclus du bénéfice des privilèges de la Hanse, et ce jusqu’à ce qu’elle accepte, enfin, de punir le contrevenant, en le condamnant à mort. Si l’on en croit la chronique de la ville de Brême, la version officielle veut que le marchand, toujours à l’étranger, ait été secrètement prévenu par ses proches et ne se soit pas risqué à revenir.

S’il n’est pas toujours aisé de punir un particulier, la situation se complique encore quand ce sont les villes qui refusent de jouer le jeu. Celles de la Hanse allemande s’échelonnent des Pays-Bas à l’Estonie, autant vous dire qu’il n’est pas toujours facile de s’entendre sur des intérêts économiques communs. Pour susciter l’adhésion, exceptions et compromis sont souvent de mise. En 1405, la morue de Norvège est la seule marchandise non concernée par l’embargo général contre l’Angleterre. Or, c’est le fonds de commerce de l’élite lubeckoise… Coïncidence? I think not…

Qui va à la chasse… perd sa place!

Pendant l’absence des «sanctionneurs», la concurrence fait son beurre, et au cours du XVe siècle, les Hanséates doivent composer avec celle, toujours plus féroce, des marchands anglais et hollandais. Leur marge de manœuvre s’en trouve progressivement diminuée, car quitter le marché dans ces conditions, même momentanément, c’est en offrir les clés aux nouveaux venus.

Devenus remplaçables, les Hanséates eux-mêmes ne sont plus à l’abri de sanctions, comme en Angleterre où les rois monnaient de plus en plus cher le renouvellement de leurs privilèges commerciaux à partir de la seconde moitié du XVe siècle.

À cette époque, princes et monarques ont le vent en poupe et se taillent des ensembles territoriaux d’une ampleur inédite. Au siècle précédent, les Hanséates pouvaient encore transférer leur comptoir brugeois d’une ville flamande à une autre pendant la durée du conflit; en 1451, ils doivent composer avec le puissant duc de Bourgogne Philippe le Bon, qui contrôle alors l’essentiel de la Flandre et des Pays-Bas. Comme le montrent les délibérations internes, il est devenu difficile de faire pression efficacement dans ces conditions, et si les villes hanséatiques maintiennent malgré tout leur embargo pendant six ans, son efficacité et sa popularité demeurent cette fois limitées.

Les «sanctions économiques» ne sont pas une solution miracle: elles dépendent des rapports de force et de la capacité de les mettre en œuvre pour faire plier rapidement leur cible. En tout cas, croyez-en l’expérience des consuls de Lübeck: comme «stratégie à long terme», ça ne marche pas trop.

Pour aller plus loin
– Nils Jörn, Werner Paravicini, Horst Wernicke (dir.), Hansekaufleute in Brügge Teil IV: Beiträge der Internationalen Tagung in Brügge April 1996, Francfort-sur-le-Main, Peter Lang, 2000.
– Jacques Paviot, Bruges 1300-1500, Paris, Autrement, 2002.
– Gisela Graichen, Rolf Hammel-Kiesow, Die Deutsche Hanse. Eine heimliche Supermacht, Hambourg, 2011.
– Donald J. Harreld (dir.), A Companion to the Hanseatic League, Leiden/Boston, Brill, 2015.
– Ulf Christian Ewert, Stephan Selzer, Institutions of Hanseatic Trade. Studies on the Political Economy of a Medieval Network Organisation, Francfort-sur-le-Main, Peter Lang, 2016.

 

Auteur
Krimo Hammada

 




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Monte Cassino, une école de guerre pour les Algériens

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Impressions

Monte Cassino, une école de guerre pour les Algériens

Humiliante et révoltante France coloniale sont les premiers mots qui vous reviennent à l’esprit lorsque l’on se prosterne devant les tombes des 4800 soldats musulmans du Sénégal, de Tunisie, du Maroc et d’Algérie, enterrés au cimetière «français » de Venafro, à 157 km au sud de Rome. Le cimetière compte 4922 sépultures de soldats du Corps expéditionnaire français (CEF) que commandait le général Juin, dit L’Africain.

Les tombes musulmanes portent toutes les noms, prénoms et le régiment militaire d’affiliation du défunt, avec l’injurieuse inscription « Mort pour la France ». Nous citerons parmi ces victimes de la seconde guerre intereuropéenne Benyoub Baadouche, 3é Régiment de tirailleurs algérien, Dahmani Abdelkader, tirailleur tué le 15/7/1944 ou encore Boudjaballah Aissa, du 9e Régiment de tirailleurs algériens, tué le 16/5/1944. Au plus haut de leurs sépultures orientées vers La Mecque, un minaret d’architecture maghrébine, contenant le corps d’un soldat musulman inconnu. Ceux qui sont enterrés à Venafro sont considérés comme « volontaires », indique une des plaques commémoratives pour ce combat contre le fascisme et le nazisme européen.

Rituel pour rituel, le minaret en question est l’œuvre de la famille marocaine Ben Rahlate dont l’un des membres est président-fondateur de l’Union Nationale des Anciens combattants musulmans, « morts pour la France » sur le sol d’Italie. Le cimetière «français » de Venafro est une portion du territoire de France sous bannière tricolore et à 25 km au nord, s’élève l’abbaye de Monte Cassino, vulgairement traduite par les Français en Mont-Cassin. A 520 m. d’altitude, l’abbaye a été totalement reconstruite après avoir subi l’enfer du bombardement de quelque 250 avions américains, tout juste pour déloger 14 soldats nazis, nous affirme-t-on.

Monte Cassino

Une page bien douloureuse pour les populations italiennes et les quelques témoignages écrits ne pourront décrire le courage et la bravoure des soldats tunisiens du 4e Régiment de tirailleurs tunisiens qui ont été décimés à 60 % de leur effectif lors de l’assaut du mont Belvédère (en italien), un col de 718 m. d’altitude, une attaque hivernale qui eut lieu les 25 et 26 janvier 1944.

C’est à s’interroger si les Italiens, aujourd’hui, se rendent-ils compte de ces affres langagiers que la France coloniale leur a infligés à jamais sur leur propre terre ? Mourir pour la France et non pour la libération de l’Italie et le reste de l’Europe du joug fasciste et nazi.

Monte Cassino : le « Stalingrad » pour les Algériens

L’abbaye surplombant le mont Cassino est une autre page de l’histoire contemporaine italienne, qui n’ose pas dire son nom, sauf sous couvert de chuchotement : la collaboration du Vatican avec les Nazis. Ne jamais le rappeler aux Italiens puisqu’ils sont « sujets » de la republica vaticana. Le monastère bénédictin dépend directement de l’autorité du Vatican. A l’installation de la ligne de fortification militaire, nommée « Gustav » et dont 20000 ouvriers italiens y participèrent à sa construction, le premier responsable du monastère de l’époque du débarquement Alliés avait reçu l’ordre du Saint-Siège de transférer les biens et les archives du monastère vers Rome et sous protection des S.S. Le Vatican et son service secret, Opus Dei, étaient très collaboratif avec tous les mouvements politiques antibolchéviques et dans un contexte de guerre mondiale. Les « volontaires indigènes » d’Afrique et d’Afrique du nord n’étaient que de la chair à canons, puisque nous enregistrons 16000 Algériens tués pendant cette folle guerre sous la responsabilité des généraux de France et de Navarre. La même abbaye reçut en 1995, la visite de l’ex-tirailleur marocain du 5e Régiment de tirailleurs marocains, Ahmed Ben Bella, venant de Rome où il assistait à la rencontre réactionnaire de Sant‘Egidio sur l’Algérie d’après 1992. Ben Bella ne se rendra pas au cimetière de Venafro pour ne pas être gêner sous la bannière tricolore.

Au-delà du monastère, c’étalent les reliefs qui ont vu débarquer les Algériens de la 3e Division d’Infanterie algérienne (D.I.A.) et son célèbre 7e RTA, regroupé par la suite au sein du 4e RTA, qui avait fait ses preuves de jeunes combattants de la survie, durant la campagne de Tunisie. Une fois cette dernière libérée, les tirailleurs algériens de la 3e foulèrent le sol italien à partir de la Sicile pour se retrouver sur les plages de la Ciociara (au nord de Naples).

La 3e DIA est une véritable école militaire pour les futurs nationalistes-révolutionnaires algériens. Les opérations militaires vécues au sein des 3e et 7e régiments, les embuscades, les assauts nocturnes contre les fortifications nazis et les batailles de tranchées seront retenues par des milliers d’enfants de paysans Algériens.

Du 25 mai 1944, entre les monts Belvedere et les monts Abate (915 m. d’altitude) les Aurès et la Petite Kabylie ne sont pas si loin. Comment ne pas reconsidérer à sa juste mesure cette grande école des prises de conscience d’une future lutte armée d’indépendance politique ? De l’Italie à l’Allemagne, en passant par la France, ces Algériens des bataillons se retrouvèrent aussi à Madagascar (on n’en parle jamais) et au sein d’un autre corps expéditionnaire d’Indochine cette fois. Les cours s’achèvent par une expérimentation finale au sein d’une ALN de paysans et remises à l’heure des pendules de la France et de l’OTAN.

Au sein de cette armée du général Juin, on compte 230 000 hommes dont seulement 17800 d’origine européenne des colonies. Leurs officiers étaient des Français, entre anciens des promotions vichystes et gaullistes libéraux tous étaient animés par une seule mission : libérer l’empire coloniale du nazisme et le prévenir de la « coqueluche bolchévique ». Durant ce « Stalingrad » italien, d’autres armées de paysans étaient enroulées pour défendre des couronnes coloniales. Indiens, enfants de fermiers néo-zélandais, Canadiens et Américains de toutes les couleurs humaines, se retrouvèrent unis dans de nombreux cimetières d’Italie. A chacun son cimetière et à chacun son arrêt du temps.

Mais la Ciociaria est aussi ce souvenir bien douloureux encore présent et que l’on remémore à chaque fois que l’on évoque Monte Cassino. Les Italiens le nomment la ciociaria ou marochinaria (maroquinades). De la Toscane aux confins de la Sicile, on n’évoque que cela en assimilant les Algériens à travers le terme de maroccini, tout en sachant que la communauté marocaine en Italie est de 150 000 habitants et dont la troisième génération est entièrement assimilée au pays de Garibaldi. Nos concitoyens ne forment que les quelques 3000 et ils sont à la première génération et sans aucun signe d’adaptation avec la culture de Dante.

Depuis l’accession au pouvoir du populisme fascisant, la question de la Ciociaria revient à l’ordre du jour. On s’attaque certes à la France et Dieu seul sait combien ce coq hardi est aimé en Italie ! Les Bourbons et les Lombards du parti de la Liga Nord (néo-fasciste) sont totalement assimilés au sud au point où Prince Salvini exhaussé le volcan Vesuvio (Vésuve) de laver les gens du Sud. Au mois de juin dernier, les douloureux évènements des villages de la Ciociara sont désignés comme des actes commis sur des femmes, enfants et adultes, par les tirailleurs algériens, après avoir indexé les Goumiers marocains. Les Italiens que nous avons rencontrés dans cette région voulaient comprendre le pourquoi de toute cette bestialité, violence et homicide qui s’étaient abattue sur des êtres innocents et désarmés. Les innocentes victimes qui ont subi l’innommable avaient leurs pères, maris et frères sous l’emprise des travaux militaires forcés des légions nazis.

Les Goumiers marocains avaient-ils fait, à eux seuls et en une soudaine prise de conscience, le lien entre les nazis qu’ils combattaient et la considération que ces villages italiens sont ceux des collaborateurs fascistes ? Est-ce que les campagnes italiennes étaient aussi acquises aux nazis, au point qu’elles constituaient une réelle entrave à l’avancée des tabors marocains du général français, Augustin Guillaume ? Les crimes de la Ciociaria est une affaire franco-italienne et le point de vue algérien est difficilement admissible dans une question de bestialité tout humaine à la fin.

Ceux qui ont été clairement accusés ce sont les Goumiers avec leurs convois de mules, transportant armes et vivres dans la bataille des monts Aurunces, réputés infranchissables et qui se trouvent derrière la Ligne « Gustav » des nazis. Evoquer les Goums et les Muliers, c’est revenir sur l’organisation militaire de l’époque et de son effectif sur le terrain. Les Goums marocains faisaient partie des Régiments de tabors marocains et dont l’état-major du commandement des goums marocains est appelé aussi 2e Goum et dépendait directement du général Augustin Guillaume, sans intervention du 1er responsable du CEF, le général Juin. Cette armée de « baroudeurs », répondait uniquement aux adjoints du général Guillaume, à savoir le colonel Piatte, qui sera remplacé par le colonel Jacques Hogard (1918-1999), tristement célèbre durant “sa” guerre d’Algérie. Les soldats Goums sont subdivisés en régiments tabors, regroupés au sein de trois unités présents sur les champs de batailles, sauf pour le 2e Groupe de Tabor marocain commandé par le colonel de La Tour qui ne participera qu’à la bataille de l’île d’Elba et ne dépendait pas directement du général Juin.

Ces tabors formaient la force de frappe du CEF du général Juin dans cette campagne. Ils étaient composés pour la plupart de Rifains et de jeunes condamnés délaissés par le makhzen de l’époque, à leurs instincts de survie dans de rudes conditions climatiques et sociales. Les razzias et les « expéditions » punitives sont des techniques de la colonisation française «expérimentées » précédemment, de 1832 à 1920 en Algérie. Comment ne pas appliquer ces mêmes pratiques en Sicile et en Ciociaria face à une autre barbarie des Germains, aurait bien dit un colonel comme J. Hogard à son supérieur. Le résultat est édifiant, 2000 femmes et 600 hommes violés, selon un rapport de Sénat italien daté de 1996, 12000 victimes au total selon une association italienne des femmes résistantes. Aujourd’hui la communauté marocaine en Italie est indexée « d’enfants de violeurs » et leurs jours sont comptés par la nouvelle orientation politique migratoire en Italie.

Si l’imaginaire collectif italien déborde sur ce crime de guerre, il passe sous silence ceux des Américains perpétrés sur leur patrimoine culturel. Pourquoi ne rappelle-t-on pas à cet imaginaire insoucieux, que nous devons bien aux généraux du Duche Mussolini ce qu’est la Libye d’aujourd’hui : un désert où s’entretuent les 12 tribus.

La face cachée de Formia-Gaeta

Les Rifains des Tabors de la France coloniale sont ceux de l’insurrection armée de Abdelkrim Khatabi et ceux qui luttaient aux côtés des Républicains d’Espagne, mais l’Italie des années 40 occulte bien des choses sur son histoire. Aujourd’hui il y a parmi les classes moyennes italiennes, un net retour au populisme avec une fixation sur la période fasciste du Duche et sur la côte sud de la région de la Lazio, qui est celle aussi de la façade maritime de la Ciociaria, que « l’œuvre » de ce seigneur de la guerre apparaît. De nouvelles villes et des terres agricoles, jadis des marées asséchées, voient le jour, dont Latina, le chef-lieu de la région et se concentre aussi une communauté algérienne venant récemment de Annaba aux côtés de Libyens et Tunisiens.

A Scauri (appartenant à la commune montagneuse de Minturno), une cité balnéaire sur la côte dite d’Ulysse, les quelques anciens évoquent un « quartier de indigènes » ou ceux qui retournèrent des campagnes coloniales de la d’Abyssinie (Ethiopie) et d’Erythrée. Affamés et habillés en haillons, les déshonorés de cette guerre ont été vite assimilés à des autochtones de la Corne d’Afrique. Distante de 8 km, apparaît la ville au long front de mer : Formia. Une ville sans identité historique et que les habitants conservateurs et nettement religieux, ont inventé un site disant qu’il représente la Tombe de Cicéron ou encore la villa de l’orateur romain, une dérision à l’italienne avec une histoire qui s’écrit avec le « on dit que ». Si la ville est d’un charme époustouflant, et le Grand Hôtel Miramar est bien là pour raconter une page de la royauté italienne. Il fut la propriété de la reine Hélène de Savoie dite Hélène du Monténégro) et épouse du roi Victor-Emanuelle III, qui laissa son trône en 1946, à son fils Hubert II d’Italie. La somptueuse résidence fut aussi une résidence d’été pour le dernier roi d’Egypte, Farouk.

Traversant la Via Appia allant jusqu’à Naples, une route bien romaine à l’origine et distante de 500 km allant jusqu’à l’extrême sud de la « botte italienne », nous regagnons Gaeta qui ouvre ses registres sur l’après-guerre de 1939-1945. Entre 1945 et 1948, 40000 à 50000 anciens déportés juifs des camps de concentrations nazis en Pologne ont transités par Formia-Gaeta pour l’occupation de la Palestine. Sur place l’organisation sioniste, Alyah Bet, s’occupait de la logistique vers les ports palestiniens de Jaffa et Haïfa. Les promontoires de Gianola de Formia et celui de Gaeta ont vu embarquer les colons sionistes avec l’appui des gouvernements italiens et américains, avec une certaine réticence des Anglais. Rome n’avait aucun intérêt à contrarier le puissant monde sioniste. Après avoir hébergé durant les années 20, l’organisation de la jeunesse sioniste le Bétar, c’est autour du Mossad qui évolua en Italie en toute impunité entre Formia et Gaeta. Une base secrète lui a été ouverte au lieudit The Hill, aujourd’hui occupée par les Américains de la National Security Agency (NSA) et le commandement de la 6e Flotte US. C’est à Gaeta que le premier noyau de la marine « israélienne » a vu le jour, ainsi les commandos sous-mariniers du Mossad, qui envoya par le fond le navire-école de la marine égyptienne, de même que beaucoup de cargos qui transitaient aux ports italiens de Bari et de Tarente, pour le compte de résistance arabe et palestinienne jusqu’en 1967.

De Monte Cassino à Formia-Gaeta, l’histoire italienne se refait et se défait au bon vouloir des maîtres de l’Italie qui ont même, aux dernières nouvelles, hébergés 12 familles d’un clan mafieux de la Camorra sur les hauteurs de Formia et de luxueuses villas. Allez voir ce que nous réserve l’avenir d’un pays en ébullition social et politique.

 

Auteur
M. K. Assouane

 




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Libye : suspension des vols dans le seul aéroport en service à Tripoli

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Combats autour de la capitale

Libye : suspension des vols dans le seul aéroport en service à Tripoli

Le seul aéroport en service è Tripoli a annoncé vendredi soir la suspension de tous les vols en raison des combats près de la capitale libyenne qui ont fait au moins 39 morts depuis lundi, selon une source aéroportuaire.

Au moins 39 personnes ont été tuées et une centaine d’autres blessées, pour la plupart des civils, en cinq jours d’affrontements entre milices rivales dans les quartiers sud de Tripoli, d’après un nouveau bilan du ministère de la Santé rendu public vendredi soir.

Les combats ont marqué une pause dans la journée de jeudi à la suite d’un accord de cessez-le-feu, avant de reprendre dans la soirée. Les affrontements à l’arme lourde se sont poursuivis vendredi de façon intermittente.

Selon des témoins et les services de secours libyens, plusieurs roquettes et obus se sont abattus dans plusieurs régions autour et dans la capitale libyenne, faisant davantage de victimes civiles.

Au moins trois roquettes ont ainsi atterri à proximité de l’aéroport de Mitiga, contraignant les services aéroportuaires à suspendre les vols pendant au moins 48 heures, par mesure de sécurité, a raconté un responsable de l’aéroport.

Les vols ont été provisoirement déroutés vers l’aéroport de Misrata, à 200 km à l’est de Tripoli, a souligné la même source.

Ancien aéroport militaire, Mitiga est situé dans l’est de la capitale. Il a été ouvert au trafic civil après la destruction de l’aéroport international de Tripoli, situé au sud de cette ville, au cours de violences en 2014.

Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la capitale libyenne est au coeur d’une lutte d’influence entre milices en quête d’argent et de pouvoir.

Auteur
AFP

 




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Nasser Zefzafi en grève de la faim « sans-retour »

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Hirak du Rif

Nasser Zefzafi en grève de la faim « sans-retour »

Figure emblématique du Mouvement populaire du Rif, Nasser Zefzafi a été condamné à vingt ans de prison. Il a décidé de mener une grève de la faim « sans-retour » pour protester contre ses conditions de détention à Casablanca. La méthode est la plus radicale. Le jeune activiste rifain renonce ainsi à l’eau et à tout produit comme le sucre, comme souvent dans les grèves de la faim.

Le leader du mouvement de contestation sociale du Hirak du Rif, Nasser Zefzafi, a ainsi entamé une grève de la faim « sans retour », jeudi 30 août, pour protester contre ses conditions de détention. Dans un enregistrement vidéo, son père explique les motivations qui ont conduit son fils à se lancer dans une grève de la faim. « Il est décidé à ne plus manger ni boire jusqu’à ce que ses revendications soient satisfaites. C’est une grève de non-retour », a déclaré Ahmed Zefzafi à l’AFP.

Nasser Zefzafi a été placé en isolement. Ce que dénonce ce militant du Rif.

Après plusieurs mois de contestation il a été arrêté en mai 2017 en pleine contestation sociale dans la région du Rif (nord du Maroc). Nasser Zefzafi avait été condamné fin juin à vingt ans de prison pour «complot visant à porter atteinte à la sécurité de l’Etat », au terme de neuf mois d’un procès fleuve réunissant un total de 53 prévenus.

Le mouvement Hirak réclame la construction d’un hôpital, d’établissements scolaires dont une université et des usines pour permettre aux Rifains de travailler sans être obligés de s’expatrier. Pas seulement, le Rif est une région où le taux de cancer est très important. Les Rifains ne trouvent pas où se soigner localement, ils sont de fait obligés de rejoindre les grandes villes pour trouver un hôpital.

Fidèle à ses habitudes, le Makhzen a royalement ignoré les revendications de ce mouvement populaire. Pire encore le Hirak a été durement réprimé. L’armée royale s’est installée dans la région, étouffant la contestation et arrêtant à tour de bras.

Auteur
La rédaction

 




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