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vendredi, 31 octobre 2025
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Gaza : les massacres de l’armée israélienne continuent, 55 Palestiniens tués en un jour

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Enfants à Gaza
Les enfants de Gaza, premières victimes des bombardements israéliens.

L’armée israélienne a intensifié jeudi ses bombardements sur le nord de la bande de Gaza, tuant au moins 55 Palestiniens, dont des enfants, selon la Défense civile et des sources médicales locales. Ces attaques s’inscrivent dans une campagne militaire qui, jour après jour, écrase la population civile palestinienne sous les bombes et les décombres, dans une impunité totale.

Les habitants de Beit Hanoun et du quartier de Cheikh Zayed avaient reçu, plus tôt dans la journée, un ordre d’évacuation de l’armée israélienne, prévenant d’une « frappe puissante ». Quelques heures plus tard, les frappes ont dévasté plusieurs zones, ciblant, selon Israël, des positions du Hamas – une justification systématique qui masque mal la réalité : des familles entières sont massacrées.

À Jabalia, l’hôpital indonésien a recensé neuf corps après une frappe sur un commissariat. Ailleurs, une maison a été soufflée par un missile israélien : un couple et leurs quatre enfants ont été tués sur le coup. « La destruction n’épargne personne », a déclaré Nidal al-Sarafiti, un parent des victimes. Dans la ville de Gaza, 12 personnes ont péri dans une autre maison ciblée. Des témoins parlent de scènes d’horreur, de corps mutilés, de familles en larmes ne reconnaissant parfois que des morceaux de leurs proches.

Depuis la reprise de l’offensive israélienne le 18 mars, après une trêve de deux mois, près de 2.000 Palestiniens ont été tués. Le bilan total depuis octobre 2023 dépasse désormais 51.000 morts, en immense majorité des civils. Des chiffres glaçants, qui traduisent l’ampleur des massacres méthodiques commis par l’armée israélienne, sous prétexte de lutter contre le Hamas.

Pendant ce temps, le chef d’état-major israélien, le général Eyal Zamir, a menacé d’« une opération plus vaste » si les otages détenus à Gaza ne sont pas libérés. Une déclaration qui, une fois de plus, fait planer la menace d’une punition collective, illégale au regard du droit international, mais banalisée depuis le début de cette guerre.

La situation humanitaire à Gaza est catastrophique. Les points de passage pour l’aide sont fermés depuis début mars. La famine guette, les réserves alimentaires s’amenuisent, les hôpitaux sont à l’agonie. Les habitants, épuisés, survivent dans des conditions inhumaines.

Et même les institutions internationales sont touchées. Un employé de l’ONU, de nationalité bulgare, a été tué en mars par un tir de char israélien. Après avoir nié toute responsabilité, l’armée a admis les faits et présenté ses « excuses officielles » à la Bulgarie. L’incident illustre une tendance inquiétante : les violations du droit humanitaire sont devenues la norme, pas l’exception.

L’attaque du 7 octobre par le Hamas a causé 1.218 morts côté israélien, et l’enlèvement de 251 personnes. Mais la riposte d’Israël a désormais coûté la vie à plus de 50.000 Palestiniens. Les bombardements, menés au nom de la sécurité, frappent indistinctement civils, enfants, personnels humanitaires et infrastructures vitales.

Dans Gaza aujourd’hui, chaque jour est une hécatombe. Chaque nuit, une menace de mort. Et le silence de la communauté internationale devient, lui aussi, assourdissant.

La rédaction/AFP

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L’Algérie se dote d’avions Su-35 : un tournant stratégique

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Sukhoi 35

L’Algérie a réceptionné, selon plusieurs sites spécialisés dans l’information militaire, ses premiers chasseurs multirôles Su-35 de fabrication russe sur la base aérienne d’Oum El Bouaghi, dans le nord-est du pays. Cette acquisition marque un jalon important dans la modernisation des Forces aériennes algériennes et illustre, une fois encore, la solidité du partenariat militaire entre Alger et Moscou.

Un Su-35 a été filmé à Oum El Bouaghi. On ignore rappelle le site spécialisé Opex, s’il fait partie d’un lot livré à l’aviation algérienne ou s’il a été envoyé en Algérie des fins de tests et d’évaluation.

Une autre source indique que ces appareils de quatrième génération ++, étaient initialement destinés à l’Égypte. Ils ont été redirigés vers l’Algérie après l’annulation du contrat égyptien, consécutive aux pressions exercées par les États-Unis dans le cadre de la loi CAATSA (Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act). L’Algérie, qui n’est pas soumise à ces sanctions, a profité de cette opportunité pour renforcer ses capacités de supériorité aérienne.

En février dernier, le chef d’état-major, le général-major Saïd Chanegriha, a supervisé les premières étapes de l’acquisition de l’avion russe, confirmant l’intérêt à long terme de l’Algérie pour la technologie militaire de Moscou, rapporte Agenzia Nova. Il y a longtemps que des rumeurs circulent sur un accord entre l’Algérie et la Russie pour l’achat de 14 chasseurs Su-57 de cinquième génération, qui fait l’objet de spéculations depuis 2019, ajoute la même source.

Transportés en pièces détachées à bord d’avions-cargo Antonov An-124, les Su-35 ont été remontés sur la base d’Oum El Bouaghi, révèle un site spécialisé. Des images satellites datées du 10 mars 2025 ont confirmé la présence d’un Su-35 arborant la cocarde algérienne, validant ainsi son intégration dans l’armée de l’air.

Avec cette acquisition, l’Algérie devient le troisième pays non membre de la CEI à exploiter le Su-35, après la Chine et l’Iran. Elle complète ainsi une flotte déjà dotée de Su-30MKA, version dérivée du Su-30 russe adaptée aux besoins algériens. Ce renforcement témoigne de l’ambition de l’armée algérienne de se doter d’une force aérienne régionale de premier plan, capable d’assurer la supériorité dans le ciel maghrébin.

Au-delà du Su-35, l’Algérie a également signé une commande portant sur 14 chasseurs furtifs de cinquième génération Su-57. Les premières livraisons sont attendues entre 2025 et 2027, confirmant une stratégie de montée en gamme technologique.

Certaines sources évoquent déjà des modifications techniques possibles sur les Su-35 algériens, notamment le remplacement du radar N035 Irbis-E par un radar à antenne active N036 Byelka, dérivé du Su-57. Une telle modernisation renforcerait encore davantage les capacités de détection et de combat des appareils.

Cette coopération avec la Russie s’inscrit dans une relation militaire vieille de plusieurs décennies. Héritée de l’ère soviétique, elle s’est intensifiée ces vingt dernières années à travers l’achat de systèmes de défense antiaérienne, de blindés, et d’avions de chasse russes. La Russie reste aujourd’hui le principal fournisseur d’armement de l’Algérie, qui est elle-même l’un des tout premiers clients de l’industrie militaire russe en Afrique.

Cette dynamique pourrait bien relancer une nouvelle course à l’armement dans la région. Le Maroc, voisin et rival stratégique, investit également dans la modernisation de son aviation, en partenariat avec les États-Unis et Israël. L’arrivée des Su-35 à Alger pourrait donc rebattre les cartes de l’équilibre militaire dans la région.

Yacine K.

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Habib Kazdaghli à nouveau ciblé : quand la haine idéologique s’invite à l’université

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Habib Kazdaghli

Habib Kazdaghli, historien tunisien de renom et ancien doyen de la Faculté des Lettres de La Manouba, se retrouve une nouvelle fois au cœur d’une violente campagne de dénigrement. Cette figure intellectuelle, connue pour ses travaux sur l’histoire contemporaine, les minorités et les mouvements sociaux, dérange — encore et toujours — ceux qui veulent imposer une lecture étroite de l’histoire et de l’université.

Le prétexte ? Une rumeur selon laquelle certains enseignants du département d’histoire auraient envisagé de lui rendre hommage pour l’ensemble de son œuvre académique. Un geste naturel et mérité. Mais qui a aussitôt déclenché l’ire d’un front hétéroclite composé d’islamistes, de nationalistes arabes et de militants d’extrême gauche. Une cabale où se mêlent calomnies, injonctions idéologiques et pressions politiques, visant à étouffer toute reconnaissance envers celui qui incarne une vision libre et inclusive de l’histoire tunisienne.

L’ironie du sort ? Kazdaghli n’était même pas au courant de cette initiative.

Ce n’est pas une première. En 2023, déjà, le Conseil scientifique de sa faculté lui avait retiré son titre de professeur émérite après sa participation à un colloque à Paris portant sur l’histoire des juifs de Tunisie, en présence de chercheurs israéliens. Une participation scientifique aussitôt brandie comme une “trahison”, dans une Tunisie encore prisonnière des réflexes de la suspicion idéologique. Et ce, malgré la position claire et constante de Kazdaghli contre la colonisation et en faveur des droits du peuple palestinien.

En réalité, ce que paie Kazdaghli c’est son indépendance d’esprit et de réflexion. Son refus de céder aux injonctions dogmatiques. Son attachement à une université fondée sur la recherche critique, la diversité des mémoires et l’ouverture sur le monde. Ce sont ces principes qui, aujourd’hui encore, provoquent l’hostilité de ceux qui veulent réduire l’histoire à un instrument de propagande.

À travers lui, c’est toute une conception de la Tunisie moderne et savante qui est attaquée.

Mais Kazdaghli tient bon. Digne, sans jamais se poser en victime. Son combat est celui de la connaissance face à l’ignorance, de l’humanisme face aux fanatismes. Et son engagement, bien au-delà des frontières tunisiennes, rejoint celui de tous les intellectuels maghrébins qui refusent de plier face à la censure, à l’oubli, ou à la peur.

Djamal Guettala

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Économie : l’Algérie face au défi d’un nouveau modèle économique

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Pétrole

L’Algérie cherche à tourner la page de sa dépendance aux hydrocarbures, mais la transition vers une économie plus diversifiée reste fragile et incomplète. 

Un constat mis en exergue par le dernier rapport de la Banque mondiale, publié le 18 avril 2025, sous le titre évocateur : « Comment l’Algérie façonne son avenir économique » (*)

L’Algérie amorce timidement sa transition économique, mais reste encore largement vulnérable. Après des décennies de dépendance aux hydrocarbures, le pays peine à bâtir une alternative solide.

Selon le dernier rapport de la Banque mondiale, les exportations hors pétrole et gaz ont certes triplé depuis 2017, atteignant 5,1 milliards de dollars en 2023. Mais elles ne pèsent toujours que 2 % du PIB — un chiffre bien en deçà des ambitions affichées et du potentiel réel de l’économie algérienne.

Malgré  l’amorce d’une dynamique de transition, l’économie algérienne demeure vulnérable. Longtemps portée par les exportations de pétrole et de gaz, elle peine à bâtir une alternative solide.

Certes, selon le dernier rapport de la Banque mondiale(*) les exportations hors hydrocarbures ont triplé depuis 2017 pour atteindre 5,1 milliards de dollars en 2023. Mais elles ne représentent encore que 2 % du PIB, un chiffre modeste au regard du potentiel du pays.

Derrière ces premiers résultats, la réalité est plus nuancée. Le tissu productif algérien reste peu diversifié, la productivité stagne, et les lourdeurs administratives freinent l’investissement. Le climat des affaires, bien que ciblé par des réformes comme la loi sur l’investissement de 2022 et la création de l’AAPI, peine à convaincre les investisseurs étrangers.

Autre défi majeur : l’adaptation à la transition écologique mondiale. Les exportations algériennes les plus dynamiques — engrais, ciment, acier — sont aussi parmi les plus polluantes.

L’instauration du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) de l’Union européenne pourrait pénaliser lourdement ces secteurs si des efforts de « verdissement » ne sont pas rapidement engagés.

Malgré cela, une dynamique se met en place. Des outils modernes comme le Système communautaire portuaire (APCS) améliorent la logistique commerciale. Le nombre de laboratoires accrédités aux normes internationales a progressé de 75 % en trois ans, signe d’une volonté de se conformer aux standards mondiaux. Dans l’agriculture, certaines filières — cuir, liège, produits frais — commencent à se structurer avec l’appui de la Banque mondiale.

L’Algérie amorce ainsi un changement de trajectoire. Mais pour transformer cette impulsion en véritable transition économique, le pays devra surmonter ses blocages structurels, diversifier davantage ses exportations et investir massivement dans les compétences et l’innovation.

Rabah Aït Abache

(*)https://www.banquemondiale.org/fr/news/feature/2025/04/18/how-algeria-is-crafting-a-dynamic-economy-for-tomorrow

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Justice : les avocats sonnent l’alarme contre un Code des procédures « liberticide »

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Ministère de la justice

L’Union Nationale des Ordres des avocats (UNOA) hausse le ton. Dans un communiqué officiel adressé au président de l’Assemblée populaire nationale et au ministre de la Justice, les représentants de la profession d’avocat rejettent catégoriquement le projet de loi portant Code des procédures civiles et administratives, qu’ils qualifient de menace directe pour les droits des justiciables et les fondements mêmes de la justice équitable.

Un projet imposé dans le mépris du dialogue

Le texte, actuellement sur la table du Parlement, suscite une levée de boucliers au sein de la profession. L’UNOA dénonce une démarche unilatérale du Ministère de la Justice, qui aurait fait fi des consultations préalables.

«Cinq sessions de travail ont eu lieu, des amendements ont été proposés, des accords arrachés… pour être finalement ignorés dans la version soumise au Conseil des Ministres », déplore le Président de l’Union, Maître Ibrahim Tahari.

Pire encore : la commission consultative paritaire censée aplanir les derniers différends n’a même pas été formée. Pour l’UNOA, le message est clair : la voix des avocats ne compte pas.

L’aide judiciaire sacrifiée, la récusation verrouillée

Sur le fond, les critiques sont explosives. Le régime de l’aide judiciaire ? « Inefficace, vidé de sens », tranche le communiqué. Sans financement étatique sérieux, ce dispositif repose sur le volontarisme d’avocats déjà sursollicités, et expose les plus démunis à une justice au rabais.

Autre point noir : le régime de la récusation du juge, qui selon l’UNOA, ne protège en rien les justiciables contre les risques de partialité. « Comment un citoyen ordinaire peut-il démontrer l’impartialité d’un magistrat, alors même que les motifs de récusation sont verrouillés dans la loi ? », interroge-t-on avec inquiétude.

La justice pénale à sens unique

Sur le plan criminel, le projet de loi est perçu comme un recul. L’UNOA martèle son attachement au double degré de juridiction pour les affaires pénales lourdes et exige la mise en place de cinq chambres criminelles d’appel. À défaut, c’est toute la crédibilité de la justice pénale qui vacille.

Un projet de loi « contraire à la Constitution »

Au cœur des préoccupations figure la protection du droit à un procès équitable. Pour les avocats, ce droit constitutionnel est mis à mal par un texte qui restreint les garanties procédurales et affaiblit la défense. L’UNOA va plus loin : elle qualifie ouvertement le projet de « contraire à la Constitution ».

Les articles litigieux sont nombreux — du 08 bis au 383 — et la profession exige leur réécriture pure et simple, selon les amendements déjà remis au ministère.

Ultimatum à l’État

Dans une déclaration qui sonne comme un avertissement, l’Union rejette sans ambiguïté le projet en l’état et exige sa révision complète en commission parlementaire. Elle appelle à une reprise sérieuse du dialogue avec la profession.

La balle est désormais dans le camp des institutions. Mais à écouter les avocats, un passage en force ne ferait qu’aggraver la fracture entre le pouvoir judiciaire et ceux qui en défendent l’accès pour tous.

L’Union nationale des Ordres des avocats (UNOA) hausse le ton. Dans un communiqué officiel adressé au président de l’Assemblée populaire nationale et au ministre de la Justice, les représentants de la profession d’avocat rejettent catégoriquement le projet de loi portant Code des procédures civiles et administratives, qu’ils qualifient de menace directe pour les droits des justiciables et les fondements mêmes de la justice équitable.

La rédaction

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Entre loi et légitimité : le grand divorce

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Mohcine Belabbas

Dans l’Algérie d’aujourd’hui, la réussite inquiète plus que l’échec, et la richesse suscite davantage de soupçons que de respect. Un projet de loi sur les procédures pénales, censé — entre autres — combattre la corruption, pourrait bien institutionnaliser l’arbitraire. Et consacrer la rupture entre la loi… et la légitimité.

L’innocence, en Algérie, n’est plus une présomption : c’est une parenthèse. Et cette parenthèse peut se refermer à tout moment, sur décision d’un fonctionnaire, d’un rapport administratif, ou d’une volonté politique. Ce n’est plus la justice qui juge : c’est la présomption qui condamne.

Dernier symptôme de cette dérive : un projet de loi qui légalise l’arbitraire patrimonial. Il autorise le gel, la saisie, voire la spoliation de biens sur la seule base de “fortes présomptions”, sans qu’aucune condamnation judiciaire ne soit requise. Pire encore, il enveloppe cette logique brutale d’un vernis technocratique : “urgence”, “indices sérieux”, “nécessité préventive” — autant de formulations floues, ouvertes à toutes les interprétations… ou à toutes les vengeances.

Les investisseurs, eux, ne se laissent pas distraire par les discours. Ils lisent les textes. Et ce qu’ils y découvrent, c’est un terrain miné : la possibilité d’être dépossédés sans procès, exposés sans défense, ruinés sans recours. Ce n’est pas un État de droit que l’on construit, mais un état de méfiance généralisée, un théâtre de l’arbitraire, où la richesse devient un risque, et l’initiative privée une cible.

Il ne faut donc pas s’étonner si les capitaux prennent le large. Ce texte n’attirera aucun investissement sérieux : il les fera fuir. Il poussera ceux qui ont quelque chose à perdre à sécuriser leur patrimoine ailleurs — dans des comptes étrangers, des holdings offshore, des juridictions où l’État n’est ni prédateur, ni capricieux. La peur n’est pas un moteur économique : c’est un accélérateur d’exil.

Ce projet donne un nouveau sens au succès : toute richesse devient suspecte. La croissance devient un délit, la réussite une preuve. L’administration devient juge et partie, le parquet bras armé, et le juge — lorsqu’il intervient — arrive trop tard, après les gels, les saisies, l’humiliation publique.

Le pouvoir ne veut pas d’un secteur privé fort. Il veut un capital obéissant, apolitique, dépendant. Des fortunes sous contrôle, des entrepreneurs réduits au silence. Mais il oublie une chose essentielle : le capital est mobile. Il fuit l’arbitraire, le chantage et l’opacité. Et quand il part, il ne revient pas.

Ce projet de loi ne combattra pas la corruption. Il l’institutionnalise autrement, en instaurant une culture de la peur et une justice d’exception. Il ne restaurera aucune confiance : il détruira ce qui en reste.

Il ne fera pas revenir l’argent volé. Il fera fuir ce qui restait encore.

Oui, il faut une justice forte. Mais une justice forte n’est ni brutale, ni expéditive, ni opaque. C’est une justice qui respecte les droits, garantit les procédures, et inspire confiance — même à ceux qu’elle poursuit.

Aujourd’hui, ce ne sont pas les délinquants économiques qui tremblent. Ce sont les innocents prospères. Les entrepreneurs honnêtes. Les citoyens prévoyants. Le pouvoir en place rêve d’un “Nouvel État”. Mais on ne construit pas un État moderne avec les outils du soupçon, les méthodes de l’intimidation, et les lois de l’exception permanente.

Il n’est pas trop tard pour retirer ce projet de loi — et pour repartir sur des bases saines. L’Algérie a besoin d’un texte qui ne soit pas un instrument de domination, mais l’émanation d’un débat large, transparent, contradictoire. Pourquoi ne pas ouvrir la voie à des Assises nationales pour un État de droit, où juristes, avocats, magistrats, entrepreneurs, syndicalistes et citoyens pourraient définir ensemble les principes d’une justice crédible, respectueuse des droits, au service de l’intérêt général ? Ce serait un premier pas, non seulement vers la réconciliation entre l’État et la richesse, mais surtout entre la loi et la légitimité.

Mohcine Belabbas, ancien président du RCD

Cette tribune est aussi publiée par l’auteur sur les réseaux sociaux.

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Juba II : fin de l’énigme de l’archéologie espagnole

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Juba II

Un article de l’historien Vicente G. Olaya publié le 19 avril 2025 dans le quotidien El Pais nous rappelle combien l’Europe méditerranéenne et  les pays du Maghreb sont liés par l’Histoire. Il traite de ce qui fut pendant longtemps l’énigme de l’archéologie espagnole  :  la Tour de Cadix

La ville de Cadix se situe sur la côte atlantique près de la Méditerranée, au carrefour entre l’Europe et l’Afrique (Maroc) dans une large baie bien abritée facilitant l’occupation humaine depuis plus de 3000 ans. Faisant face à l’Océan, près de la pointe sud de l’Espagne, elle fait partie de la province du même nom qui vient de Gádir en berbère  et en phénicien, terme qui signifie littéralement « château » ou « forteresse”  et dont on retrouve, par exemple, la racine dans Agadir, une ville du Maroc.

Un gigantesque monument trônait  au milieu de cette péninsule. Il était constitué  d’une tour à gradins de plus de soixante mètres de hauteur, couronnée par une grande statue dorée représentant un être à figure humaine, orienté vers  l’océan, portant un objet à la main et levant une jambe en avant comme pour commencer une longue marche..

En 1145, le général almoravide Ali Ibn Issa Ibn Maymun qui croyait pouvoir y trouver un trésor à l’intérieur détruisit ce monument, n’en laissant  que des ruines. 

Seules une trentaine de descriptions datant du premier siècle de notre ère ont été retrouvées. De nombreuses  sources chrétiennes et musulmanes de l’époque médiévale renseignèrent sur son existence. Les Arabes appelaient le monument tour ou phare et la statue idole ou oracle. Plusieurs tentatives commandées par d’éminents spécialistes ont eu lieu pour le reconstruire mais elles ont toutes échoué car on ne connaissait ni sa fonction ni sa destination ce qui aurait pu aider les archéologues dans leur recherche.

Aujourd’hui, dans son article intitulé “Juba II et l’idole de Cadix : un possible monument funéraire numide aux confins occidentaux de l’Empire Romain”, le professeur Manuel Alvarez Marti-Aguilar de l’Université de Malaga nous donne enfin une explication réaliste de la construction de la tour de Cadix, de sa fonction et de son intention.

Il s’agirait d’une chambre funéraire numide érigée pour le roi Juba I de Numidie par son fils Juba II roi de Mauritanie, explorateur des Canaries et des Îles Purpuraires (Maroc), promoteur de grandes œuvres publiques dans la baie de Cadix. L’Espagne semble en avoir enfin fini avec cette énigme qui torturait l’esprit de ses archéologues déroutés devant l’histoire

Quant au roi Juba II, qui a grandi dans la maison de Jules César et épousa Cléopâtre Séléné II, fille de la reine d’Egypte, il fut enterré, selon certains historiens, dans le Mausolée royal de Maurétanie, à Sidi Rached, dans la wilaya de Tipasa. D’autres prétendent que ce mausolée aurait été construit deux siècles avant la mort de Juba II.

Une autre énigme pour les archéologues.

Emile Martinez

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Une découverte génétique révèle des échanges entre Européens et Nord-Africains

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Chasseurs cueilleurs

Une étude récente met en lumière des traces d’ADN de chasseurs-cueilleurs européens dans des restes humains datant de 6 000 à 10 000 ans en Afrique du Nord, pointant vers des interactions inédites entre ces populations.

Une découverte qui redéfinit l’histoire des migrations humaines

Une étude révèle des traces ADN européennes dans des restes humains en Afrique du Nord, prouvant des interactions préhistoriques entre ces deux régions.En effet, des chercheurs de l’université de Vienne  ont récemment identifié des preuves génétiques indiquant des échanges entre chasseurs-cueilleurs européens et populations du Maghreb, permettant la compréhension des migrations humaines à l’époque préhistorique. Cette découverte s’appuie sur l’analyse de restes humains en Afrique du Nord fouillés sur plusieurs sites archéologiques comme Afalou Bou Rhummel, Doukanet el Khoutifa, Djebba et Hergla, datent de 6 000 à 10 000 ans, une époque où l’Afrique du Nord était encore marquée par des sociétés de chasseurs-cueilleurs et ouvre un nouveau chapitre sur les interactions entre ces deux régions.

Des traces ADN révélatrices

L’étude, publiée dans la revue Nature, analyse des ossements découverts dans le Maghreb. L’un d’eux appartient à un homme ayant environ 6 % de son ADN d’origine européenne. Ce chiffre constitue la première illustration directe d’interactions entre Européens et Nord-Africains durant la préhistoire. “Nous avons enfin des preuves tangibles de ces mouvements de population, qui étaient jusqu’ici peu documentés”, explique Dr. Elena Moreno, l’une des auteures principales de l’étude.

Une traversée maritime

Les chercheurs avancent l’hypothèse que ces contacts étaient facilités par la traversée de la Méditerranée, probablement à bord de bateaux. Cette idée d’une migration maritime remet en question les perceptions traditionnelles des interactions préhistoriques, souvent conçues à travers une lentille continentale. Les voyages maritimes, bien que périlleux, auraient permis à ces groupes de se rencontrer, d’échanger des ressources et des connaissances.

L’Afrique du Nord, un espace préservé

Malgré cette influence européenne, le versant ouest de l’Afrique du nord semble avoir conservé son intégrité culturelle et alimentaire, expliquant l’adoption tardive de l’agriculture dans la région. “Cette découverte ne signifie pas que l’agriculture européenne s’est imposée, mais plutôt que des contacts éphémères ont eu lieu sans transformer radicalement les modes de vie locaux”, précise le Dr. Moreno.

Une nouvelle vision des échanges culturels

Cette recherche met en lumière la complexité des migrations et des échanges culturels au cours de la préhistoire. Les interactions entre populations étaient certainement plus nuancées que ce que l’on pensait jusqu’à présent. Les nouvelles données génétiques suggèrent une dynamique d’échanges qui pourrait enrichir notre compréhension de l’histoire humaine.

L’analyse de ces traces ADN ouvre des perspectives fascinantes sur les mouvements humains et remet en question des idées préconçues. Au fur et à mesure que les chercheurs continuent d’explorer ces questions, de nouvelles narrations émergent, révélant la richesse et la complexité de notre passé partagé.

Rabah Aït Abache

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Le neutre ne tranche jamais

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Vieil homme
Image par Myriams-Fotos de Pixabay

Elle est en retard m’avait dit un ami à l’aéroport. J’étais surpris car c’était un homme que nous attendions et non une femme. Ce jour-là j’avais compris la méprise de cet ami, dont le niveau de culture et de francophonie ne pouvaient être mis en doute. 

Il avait toujours gardé dans son esprit que l’avion se disait au féminin en Algérie, tayara. Et voilà pourquoi elle était en retard, cet avion. Je l’avais déjà entendu auparavant dire, elle a décidé en parlant du gouvernement. Avec le recul je me suis rendu compte de cette autre méprise car le gouvernement se dit au féminin en Algérie, el houkouma. Ce qui d’ailleurs est très étonnant vu l’article masculin. 

C’est lorsque vous découvrez une chose pour la première fois que vous vous apercevez que cela a toujours été les cas autour de vous par toutes les personnes de votre entourage, proches ou lointaines. L’avion n’est pas arrivé, elle est en retard, n’était donc que l’échantillon d’une généralité.

Voilà que le très ancien et banal questionnement réapparaît, pourquoi attribue-t-on un genre aux noms des objets ou des concepts alors qu’ils ne sont ni des être humains ni des animaux qui possèdent un genre physique ?

Des décennies que j’essaie de trouver ou supposer une réponse. Vous allez me dire que je ne suis pas très doué vu les tonnes de références dans les bibliothèques et sur Internet. Je défie pourtant tout lecteur de me convaincre qu’il puisse en trouver une de stable.

La raison est que pour ce sujet, l’érudit qui me parle d’une origine sémantique, sociologique, linguistique, sémiologique, philologique, j’ai une tendance à penser qu’il n’a pas la réponse claire et précise en noyant le poisson avec des mots et des références plus impressionnants qu’efficaces.

Puis ensuite parce que chacun y va de son explication et de ses suppositions, souvent contradictoires avec celles des autres.

Oh bien sûr, ils vous publieront des articles très savants sur l’origine historique des variations lexicales et orthographiques comme par exemple les mots masculins avec pourtant une terminaison du féminin comme lycée ou musée. C’est impressionnant d’intelligence (vraiment) mais expliquer les variations au cours du temps ne nous dit pas pourquoi il y a des genres en toute chose.

Comme toujours en sciences sociales dont la linguistique fait partie il faut se réfugier vers une valeur sûre, l’usage. Mais il est vrai que l’usage part toujours de quelque part. Avec cette remarque de bon sens nous pouvons racheter ces malheureux érudits en leur concédant un point d’accord, tout vient de l’origine latine des mots, elle même issue du grec, de l’étrusque (anciennement dans l’Italie actuelle) ou le phénicien. Tout cela agrégé en Europe dans ce qu’on appelle les langues indo-européennes (de l’Inde à l’Europe).

Là nous détenons quelque chose de plus clair qu’ils nous apportent car le latin avait trois genres, le masculin, le féminin et le neutre. Les deux premiers réservés aux être humains et le neutre pour les autres. Ce fameux neutre que les anglo-saxons utilisent encore.

Jusque là le neutre répondait à notre questionnement du départ, il n’y avait pas d’ambiguïté. Oui mais voilà, le neutre s’est enfuit et a laisser les deux autres genres se débrouiller avec les objets et les concepts. Que serait la neutralité s’il fallait s’engager ? Restés seuls et pour ne pas s’entre-déchirer, le masculin et le féminin ont trouvé un juge de paix pour le partage, se sera l’usage comme nous l’avons déjà dit.

Sous le couvert de l’humour l’explication est très sérieuse et nous sort un peu du brouillard des érudits. Mais ce n’est encore pas suffisant car pour une explication définitive il nous manque les raisons pour lesquelles l’usage a tranché pour chacun des noms.. 

Est-ce par la forme suggestive des objets ou la fonction des objets réservée particulièrement à l’un ou à l’autre ? Nous le saurons un jour peut-être.

En attendant, ce qui est certain est que le partage ne signifie pas l’égalité dans la répartition. Un homme et dix-huit femmes dans une salle, on dira pourtant qu’ils sont tous là, le masculin l’emportant sans aucune explication grammaticale justifiée. Quelles que soient les raisons, il y a toujours la même perdante, c’est la femme.  

Bon, pour le moment je vous quitte, j’ai une tayara à prendre. 

Boumediene Sid Lakhdar

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La Foire internationale du livre de Tunis : l’Algérie à l’honneur

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Du 25 avril au 4 mai 2025, Tunis accueille la 39ᵉ édition de la Foire internationale du livre (FILT), un événement culturel majeur sous le thème inspirant : « Lire pour construire ». Cette année, l’événement prend une tournure particulière, avec une attention marquée pour la littérature algérienne.

Non seulement la Foire met l’Algérie à l’honneur, mais un programme parallèle, riche et varié, est spécialement consacré au roman algérien, un genre central de la scène littéraire du pays.

Une place de choix pour le roman algérien

Les 26 et 27 avril, en parallèle de la Foire, Beiyt Riwaya (la Maison du Roman) organise un colloque majeur intitulé « Le roman algérien : entre héritage commun et renouveau ». Cet événement réunit des écrivains, chercheurs et universitaires de renom, tels que Mohamed Sari, Zhour Karam, Abdelhamid Bourayou et Farida Belkacem, pour analyser les grandes étapes du développement du roman algérien. De ses premières œuvres francophones aux productions contemporaines, ce colloque explore la richesse de la littérature algérienne dans sa diversité linguistique et thématique.

Un programme structuré en quatre sessions essentielles

Le colloque se déroule sur deux jours, en quatre sessions scientifiques majeures qui offrent un regard complet sur le genre romanesque en Algérie.

Samedi 26 avril :

Première session – Le roman algérien : Concepts de référence

Cette session ouvre le colloque avec une analyse historique du roman algérien, explorant son évolution depuis ses premières fondations jusqu’à son institutionnalisation au fil du temps. Mohamed Sari abordera cette évolution, tandis que Zhour Karam discutera des influences sociales et politiques qui ont façonné les narrations algériennes. Enfin, Pr. Noureddine Al-Khadhraoui proposera une réflexion sur l’engagement des écrivains algériens face aux enjeux historiques du pays.

Deuxième session – La mise en contexte du roman algérien

La deuxième session s’intéresse aux transformations narratives et thématiques du genre, notamment la représentation de la femme et la question de la mémoire collective. Pr. Amal Mokhtar présentera une lecture sémiotique des récits algériens, tandis que Pr. Farida Belkacem mettra en lumière la place des femmes dans le roman algérien, tout en analysant la manière dont elles redéfinissent les rôles féminins dans un espace littéraire dominé par des regards masculins.

Dimanche 27 avril :

Troisième session – Désir et croisements : trois expériences narratives algériennes

Cette session explore les nouvelles formes narratives en Algérie, notamment l’écriture autobiographique et la science-fiction, genres encore marginaux mais en forte évolution. Pr. Saïda Ben Salem se concentrera sur les mondes narratifs dans les récits autobiographiques de Mohamed Sari, tandis que Pr. Fayçal Lahmeur   proposera une réflexion sur les écritures de science-fiction algériennes, qui ouvrent un champ d’imagination et de réflexion nouveau pour la littérature du pays.

Quatrième session – La fiction historique et postmoderne dans le roman algérien contemporain

La dernière session sera consacrée à l’étude de la fiction historique et postmoderne, avec des interventions portant sur des œuvres comme Le pécheur du quartier de Abdelali Djalaoudji et Les coffres du rebelle de Rachid Boudjedra. Ces œuvres questionnent la construction de l’histoire à travers la fiction et abordent des enjeux identitaires et mémoriels dans un cadre littéraire novateur et fragmenté.

Un événement stratégique pour la littérature algérienne

Le colloque sur le roman algérien, organisé parallèlement à la FILT, constitue un moment clé pour mettre en lumière l’évolution et la diversité du genre. Il permet de comprendre comment le roman algérien, tout en restant fidèle à ses racines et à son histoire, continue de se renouveler et d’explorer de nouvelles formes narratives. Ce programme est un espace de réflexion sur les évolutions de la littérature algérienne, notamment en ce qui concerne les enjeux sociaux, politiques et identitaires contemporains.

Une visibilité renforcée pour la littérature algérienne

La FILT, qui met également en avant la Chine comme invitée d’honneur et explore des thèmes variés tels que la mémoire de Tahar Haddad et l’intelligence artificielle, offre une tribune de choix pour la littérature algérienne. Le colloque, organisé en parallèle de la Foire, permet à la littérature algérienne de rayonner à l’international, tout en soulignant son rôle de laboratoire vivant des pensées et des récits maghrébins.

Cet événement montre, une fois de plus, la vitalité et la richesse de la littérature algérienne, capable de dialoguer avec d’autres traditions littéraires tout en gardant une identité forte, portée par des écrivains dont les mots sont des instruments de mémoire et d’engagement dans un monde en perpétuelle évolution.

Djamal Guettala

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