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L’acte poétique face au silence : Hamma Meliani, voix de la résistance et de la mémoire

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Hamma Meliani

Dans un monde où l’injustice et la censure cherchent à étouffer les voix, Hamma Meliani se dresse comme un dramaturge engagé, un passeur de mémoires et un poète révolté. À travers son théâtre, porté par l’urgence et la vérité, il donne vie aux tragédies contemporaines, de Gaza aux terres ravagées de Duel au lointain, enracinant son art dans les langues et les douleurs des peuples. Du tamazight à la dramaturgie grecque, il tisse un dialogue entre l’intime et l’universel, entre la résistance et la poésie, pour briser les murs du silence.

Dans cet entretien, Meliani dévoile sa vision d’un théâtre populaire, vibrant et subversif, qui refuse l’indifférence et célèbre l’espoir d’un renouveau humain, porté par la justice et la liberté.

Le Matin d’Algérie : En 2025, écrire sur Gaza, c’est écrire dans l’urgence. Avec L’Axe du monde, vous convoquez la tragédie antique pour évoquer un drame contemporain. Pourquoi ce détour par la Grèce des origines pour évoquer l’actualité la plus brûlante ?

Hamma Meliani : Oui, l’actualité est terrible. D’abord, je tiens à exprimer ma profonde tristesse et ma solidarité aux militantes et militants de la Flottille de la liberté, arraisonnés par Israël dans les eaux internationales. J’adresse également toute mon admiration et mes encouragements aux marcheuses et marcheurs du monde entier, ainsi qu’aux Algériens, Marocains et Tunisiens qui prouvent, par cet acte de résistance, la possibilité de l’unité du grand Maghreb. La menace est partout. Aujourd’hui, c’est l’enfer qui se déchaîne sur les Palestiniens, sous le regard impassible du monde.

Quelques jours après l’insurrection du 7 octobre 2023, dans un accès de colère, j’ai publié sur les réseaux sociaux un article d’alerte sur les crimes de guerre commis par l’armée d’occupation, article qui a été partagé et republié le 25 octobre 2023 dans les colonnes du journal national algérien L’Expression. Aussitôt après cette publication, ma colère n’a pas cessé. Je me suis alors mis en syntonie avec mes personnages en création pour trouver rapidement, en fonction de nos moyens et de nos possibilités, la forme dramaturgique et le langage théâtral idéaux pour exprimer ce drame.

Pourquoi la dramaturgie grecque des origines ? C’est pour donner vie à cette tragédie. Parce que le drame palestinien est une tragédie humaine qui nous bouleverse tous ; chaque jour, nous voyons le désastre que subit l’ensemble de la population palestinienne. C’est un fait historique qui me révolte. J’ai donc d’abord tenté d’aborder le sujet dans un oratorio, ainsi que dans un montage poétique en forme d’épopée, mais le temps manquait et il fallait agir vite. La dramaturgie grecque convenait parfaitement pour faire entendre et montrer la tragédie de la Palestine. C’est dans l’urgence que le Théâtre d’Urgence est né en novembre 2023 autour de L’Axe du monde, journal d’un génocide, une tragédie moderne, montée par des comédiens bénévoles et des militantes et militants d’Urgence Palestine.

Le Matin d’Algérie : Votre pièce est portée par un coryphée, figure rare aujourd’hui au théâtre. Que symbolise-t-il dans votre dramaturgie ? S’agit-il de la conscience d’un peuple, de la voix des absents ou de celle du poète ?

Hamma Meliani : En effet, le Coryphée de L’Axe du monde joue le rôle du narrateur qui fait le lien entre les individus en désarroi au sein de la société dans son ensemble. Il est tout à la fois la conscience humaine, la voix des vivants et des morts, et la rage du poète.

Le Matin d’Algérie : Vous êtes l’un des rares dramaturges algériens à écrire en tamazight et à mettre en scène cette parole minorée. En 2025, quel espace reste-t-il pour cette parole, sur scène comme dans la société ?

Hamma Meliani : Tamazight est la langue de nos parents. C’est la langue de l’avenir. Je pense que la société algérienne dans son ensemble a pris conscience que notre identité nationale est foncièrement amazighe. Tous, dans toutes les régions d’Algérie, souhaitent la généralisation de l’enseignement du tamazight dans les écoles et les collèges du pays.

Le théâtre peut jouer un rôle d’unificateur auprès de ces nouvelles générations. Il peut les amener à s’exprimer en tamazight, en derja, en arabe ou en français. Toute langue est une richesse et le tamazight est l’âme et la voix de l’Algérie. Il faut rendre notre identité encore plus belle, à l’écoute du monde, éveillée, juste et rebelle. Quel espace reste-t-il pour le théâtre en tamazight ? Il y a certes un public et des créations qui, je l’espère, ne cesseront de se développer. Je ne connais pas la situation du théâtre en Algérie cette année, mais j’espère qu’il se développera.

Le Matin d’Algérie : Dans Duel au lointain, deux errants se confrontent dans un monde ravagé par les guerres et le chaos climatique. Cette pièce est-elle pour vous une fable sur l’humanité survivante ou une mise en garde ?

Hamma Meliani : C’est exact, c’est une fable, et comme toutes les fables, elle nous met en garde. Duel au lointain est une pièce drôle et dystopique dans laquelle une femme et un homme, fuyant le monde et errants dans l’immensité d’une terre ravagée, se rencontrent. Le climat est imprévisible et les rapports humains sont marqués par la suspicion et la violence. J’adore cette pièce. Je me suis beaucoup amusé à l’écrire en lui donnant des dialogues vifs et drôles qui mettent en valeur le traitement théâtral de ces deux personnages émouvants : une vieille femme au vocabulaire décalé et un vieux guérillero en fuite.

Je devais la monter avec mon ami Ahmed Benaïssa, mais il est décédé depuis. Il aimait l’échange de situations entre les deux personnages et voulait interpréter le vieux guérillero. Mais le temps était sans pitié, et un mois après, Ahmed Benaissa est décédé. Qu’il repose en paix. Par ailleurs, mon ami Hachimi Kachi a traduit la pièce en tamazight et, si les moyens le permettent, elle sera créée en 2026.

Le Matin d’Algérie : Vous écrivez depuis plus de quarante ans. Comment votre regard sur le théâtre et le monde a-t-il évolué depuis vos débuts dans les années 1980 jusqu’à aujourd’hui, où le sentiment d’effroi semble permanent ?

Hamma Meliani : En effet, c’est un monde où l’on se bat contre le temps perdu à se perdre, des décennies de bouleversements multiples qui nous font perdre la vision globale de la réalité, qu’elle soit festive ou morbide. Et qu’en est-il de mon regard sur le théâtre et la culture en général ? Le théâtre a perdu sa langue. Il a zappé sa fonction sociale, sa voix atone est inaudible et se perd dans les cris du monde. C’est l’inutilité du théâtre au théâtre.

Il est vrai que dans les années 80, les troupes étaient nombreuses et la parole était multiple. Les sujets abordés étaient tous ceux de la société, avec un langage théâtral aussi multiple que le nombre de troupes. C’étaient les idées progressistes de 68 qui continuaient d’irradier la créativité des artistes.

Après 1991, tout change dans les institutions culturelles et le politiquement correct sera exigé dans toutes les expressions artistiques. D’ailleurs, tout comme dans les médias qui semblaient auparavant animés par la soif d’éduquer, d’apporter la culture dans chaque foyer et d’informer, tout y a changé. Les médias sont devenus des organes de propagande et de désinformation.

Quelle est alors la portée de ma démarche artistique ? Mon théâtre est celui d’un dramaturge engagé. Et puis, être algérien et dramaturge engagé, c’est, aux oreilles des experts de la culture et des gardiens de la pensée unique, le son d’un bourdon de subversion. Oui, je mène un combat culturel et politique à travers mes créations théâtrales et mes publications. La censure étouffe nos voix ; elle se manifeste dans les commissions de lecture, l’attribution des subventions et les réseaux de diffusion. Il existe un écart scandaleux entre la population et les « sanctuaires de la culture » où l’art n’a plus de sens. Quelques théâtreux qui ont la jouissance de cet outil de travail ne conçoivent d’autres spectateurs qu’eux-mêmes et leurs amis. Ils admirent leur nombril dans leur théâtre impassible au rideau de roses, alors que le monde est en mouvement constant et que le génocide ronge l’âme de la Palestine. Il est temps de créer des œuvres qui parlent le langage d’aujourd’hui et véhiculent les idées, le génie et les espoirs des femmes et des hommes d’aujourd’hui.

Parfois, on a l’impression qu’une caste refuse de laisser la place aux artistes de la périphérie et aux créations nouvelles. Cette inutilité du théâtre est favorisée par la censure, le manque de contrôle des responsables de la culture et par le manque d’intérêt des élites à l’éducation et à la créativité des vivants. Le théâtre est un bien commun et sa parole nous manque. Les démarches artistiques portées par l’acte poétique sont le plus souvent mal interprétées, voire malvenues, dans les objectifs du développement culturel des communes et de l’État. Le marché de l’art, avec sa cour et son fric, nous inonde de sa culture du loisir éphémère. L’art facile et futile nous anesthésie chaque jour un peu plus.

Le Matin d’Algérie : Dans vos textes, la poésie est omniprésente. En 2025, alors que le langage est souvent réduit au flux des réseaux et au bruit médiatique, quelle est la place encore laissée à la poésie ?

Hamma Meliani : La poésie évolue avec les nouvelles expressions artistiques. Que peut encore la poésie ? Elle crie, elle interpelle, elle rassemble, elle se bat avec des mots. Certes, cela peut paraître insuffisant, mais les mots sont forts et percutants ; ils touchent le cœur et la raison des gens par leur vérité. Les mots combattent également les maux de la société.

La poésie libre ou subversive est partout autour de nous. Rien que sur le thème du génocide palestinien, d’innombrables poèmes et chants s’expriment dans toutes les langues sur les réseaux sociaux, faute de publication écrite. Il s’agit d’une poésie nouvelle, empreinte de colère et de compassion. Nos mots et nos images combattent les maux du mensonge et de l’intelligence conquérante, chacun le faisant à sa manière. C’est l’énergie du renouveau poétique, accessible à toutes et à tous, qui se développe en marge du marché de l’art et du show-biz pour faire entendre l’appel au secours de la Palestine. Que ce soit le rap, le slam, les clips vidéo ou toute autre forme d’expression, ces performances poétiques résolument tournées vers la libération de la Palestine pétillent d’intelligence et de vie. Si la poésie est une invite à célébrer la gloire du conquérant, elle exprime aussi le désarroi et l’impuissance de l’opprimé. Tout comme la folie, la poésie est l’une des ressources spirituelles de la révolte, de l’indignation, mais aussi de l’amour et de la justice. C’est une intuition, un songe, une colère humaine pour rester fidèle à sa rébellion.

Le Matin d’Algérie : En mettant en scène un couple palestinien, vous humanisez un conflit souvent déshumanisé. S’agit-il d’une manière de résister à l’effacement et à l’indifférence internationales ?

Hamma Meliani : Dans cette tragédie, le couple est la colonne vertébrale du peuple palestinien. Handal est un chrétien et Leila une musulmane. Tous deux attendent la naissance de leur enfant. Symbole d’un renouveau palestinien. C’est un couple comme les autres, avec des hauts et des bas, qui rêve de paix, de liberté et de justice véritable. Résistants acharnés contre la colonisation, ils entraînent compassion et colère dans leur sillage. Le Théâtre d’Urgence est un outil essentiel pour briser le mur de l’invisibilité et de l’indifférence internationale et sensibiliser les gens lors d’événements et de manifestations de solidarité avec la résistance palestinienne.

Le Matin d’Algérie : Vos œuvres parlent d’exil, de mémoire, de silence. À l’heure où les récits se fragmentent, comment votre théâtre parvient-il à recoudre ces mémoires disloquées ?

Hamma Meliani : C’est la magie du théâtre et de la poésie. Parfois dans le conte on évoque la mémoire, avec l’histoire on désigne le 17 octobre 61, en silence on exprime la vie de quartier et la violence policière. C’est difficile, cela dure depuis longtemps. Face à la censure exercée au sein de toutes les commissions culturelles qui étouffe nos voix, et à la désinformation médiatique qui fait de nous des caricatures atroces, nous résistons. Face à la malice des personnalités politiques qui se prennent pour la naïveté et les niaiseries des journalistes, des experts du théâtre et des inspecteurs de la culture, nous résistons. La hantise de la censure est toujours là, elle plane partout, surtout concernant l’édition.

Les éditeurs courageux sont mis à l’index, eux aussi craignent pour leur enseigne. Que reste-t-il à l’écrivain et au créateur ? Il lui reste sa colère et sa plume. Bien sûr, l’écriture en pâtit, c’est comme un corps qu’on ampute, mais elle s’améliore avec ruse, et la ruse parfois joue avec la censure, transforme le manuscrit, reprend avec hardiesse le sens profond des paroles interdites, tourne l’obstacle et prend le risque de n’agir que dans le seul intérêt de la vérité. Oui, il est compliqué de se faire éditer, mais il est également compliqué d’écrire ou de dire ce que l’on veut. Le contrôle social mène la cadence des pas, certains résistent, d’autres trébuchent ou restent dans les rangs de la masse. Il est difficile de s’exprimer librement et de porter sa parole pour être entendu partout. Et dans ce chaos mondial, nous ne devons pas rester sourds et muets face aux malheurs de l’injustice et aux crimes de guerre.

Le Matin d’Algérie : Vous avez longtemps milité pour un théâtre populaire, enraciné dans les langues et les douleurs du peuple. Ce théâtre a-t-il encore une place dans un monde dominé par l’image, l’instantané et le spectacle ?

Hamma Meliani : Je n’ai pas un optimisme débordant concernant la place du poète, de l’écrivain, de l’artiste en général. Aujourd’hui, rares sont les artistes soutenant les contestations contre l’occupation de la Palestine et le génocide qu’elle subit, avec leurs paroles, leurs écrits ou leurs médias.

Les lois relatives à l’apologie ou à l’antisémitisme hantent les artistes, qui ont peur de perdre leur emploi, leurs biens et leur famille. Les audacieux qui s’indignent et crient leur colère sont rares. Les artistes, comme toutes les personnalités publiques, sont muselés. Dans ce monde qui bride les gens et étouffe la parole de vérité, dans ce monde où l’intelligence artificielle et le numérique ont pris d’assaut la créativité humaine, il m’est difficile de prévoir quelle sera la place de l’artiste. Mais l’acte poétique, individuel ou collectif, continuera d’exister pour fustiger nos sociétés qui, fâcheusement, ont de moins en moins besoin de lire, de se cultiver, de connaître l’histoire. Nos sociétés consacrent de moins en moins de temps à l’actualité et aux bouleversements du monde. Franchement, ça va être difficile, mais il faut se battre.

Le Matin d’Algérie : Vous êtes également un passeur entre les générations, les langues et les continents. Quel dialogue souhaitez-vous instaurer entre les jeunes artistes d’Algérie, de France et du reste du monde ?

Hamma Meliani : Un dialogue culturel est essentiel au bassin méditerranéen. Instaurer un dialogue en interaction avec tous les arts est un moyen plus qu’utile pour vaincre l’ignorance, l’exclusion et les discriminations dont souffrent nos villes et nos sociétés, et pour tisser les liens qui fondent la communauté humaine. Des actions pédagogiques sous forme de créations théâtrales, de formations pratiques et de conférences permettront la confrontation d’œuvres pour ouvrir le débat entre créations et créateurs, entre spectacle et public. Ces interactions artistiques sont essentielles dans le cadre de ce dialogue entre les pays.

Le Matin d’Algérie : La pièce L’Axe du monde est créée pendant la guerre, alors que Gaza est détruite et que la douleur palestinienne est souvent censurée. Pensez-vous que le théâtre peut encore briser ces murs du silence ?

Hamma Meliani : Le Théâtre d’urgence reste fidèle à sa révolte, à ses actions de soutien et de solidarité avec les Palestiniens ; il participe également à la lutte contre le mur du silence qui sépare l’humanité en deux mondes. Il est difficile de porter haut la parole de vérité devant la censure. C’est vrai aussi qu’autour de la création et de la diffusion de L’Axe du monde, journal d’un génocide, le théâtre d’urgence, malgré les obstacles, s’est manifesté en un acte poétique porté par des comédiens bénévoles et des militantes et militants d’Urgence Palestine. Dès novembre 2023, nous avons organisé des rencontres, des lectures publiques de la pièce, ainsi que des débats, avant de commencer, en décembre, à former une troupe et à initier l’essentiel de l’expression dramatique aux participants directement pendant les répétitions, pour enfin mettre en scène la pièce.

Depuis janvier 2024, le spectacle a tourné dans plusieurs villes de France, dont Paris, en banlieue et pendant le Festival d’Avignon. Vu et apprécié d’un grand public, il a permis d’ouvrir le débat et de sensibiliser les spectateurs à la tragédie du peuple palestinien. Je remercie ici tous les membres de la troupe pour leur courage, leur dévouement et leur engagement dans cet acte théâtral à contre-courant de la parole de l’establishment. Merci à mes ami(e)s d’avoir tenu bon, malgré les contraintes matérielles, professionnelles, étudiantes et familiales. Je remercie également les structures et organisations associatives qui ont soutenu et accueilli L’Axe du monde, Journal d’un génocide dans leurs villes. Je remercie également l’éditeur de cette œuvre pour son courage et son amitié. Édition Tangerine Nights 2024. L’Axe du monde de Hamma Meliani.

Le Matin d’Algérie : Les figures féminines de vos pièces – souvent fortes, blessées, résistantes – rappellent que vous n’écrivez pas seulement l’Histoire, mais l’intime. En quoi la femme est-elle représentée dans votre théâtre ?

Hamma Meliani : Elle représente R’guia, ma mère, elle représente Gaïa, notre mère à tous. Elle est la sœur rebelle, l’amoureuse éperdue qui se cherche. Elle incarne la justice, la tendresse.

Le Matin d’Algérie : Vous avez été membre de jurys, directeur de troupes, metteur en scène et formateur. Comment percevez-vous l’évolution des pratiques théâtrales aujourd’hui, notamment dans les zones de fracture comme les Aurès ?

Hamma Meliani : L’Aurès n’a jamais été une zone de fracture ; c’est le cœur de l’Algérie libre et indivisible. C’est une région en pleine mutation, avec une démographie en augmentation constante, où il est vrai que tout manque pour mieux vivre. Pourtant, l’Aurès connaît un engouement pour l’art en général ; des poètes, des artistes, des chanteurs de talent aimeraient aussi se produire dans les galeries d’art et sur les scènes des théâtres. Ce marasme est peut-être passager. Il est temps de mettre en chantier une politique culturelle nationale et une éducation harmonieuse pour la jeunesse de toutes les régions d’Algérie. Chaque région développera ses activités culturelles, ses structures, ses lieux, la qualité de la pratique artistique et ses liens avec les autres régions pour renforcer la cohésion nationale. Il en va de même pour les sciences et les activités sportives dans les Aurès et ailleurs. Il faut investir dans la jeunesse, ouvrir des gymnases, des stades, des écoles spécialisées, des théâtres, des bibliothèques, des médiathèques, etc. Notre peuple a besoin de respirer et de voir ses enfants s’épanouir dans la joie sociale.

Le Matin d’Algérie : Enfin, dans ce monde troublé, qu’est-ce qui vous pousse à écrire, à témoigner et à croire encore dans le pouvoir de la scène ?

Hamma Meliani : Je ne supporte pas l’injustice. Je lutte et je témoigne avec mon acte poétique. Free Palestine.

Entretien Réalisé par Djamal Guettala  

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Droit à l’image des enfants : des chaînes de télévision sévèrement recadrées par l’ANIRAV 

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Anira

Dans un communiqué publié ce mardi, l’Autorité nationale indépendante de régulation de l’audiovisuel a sévèrement mis en garde les médias contre toute atteinte aux droits des enfants lors des couvertures médiatiques des examens scolaires. Elle appelle à davantage de professionnalisme, de responsabilité et de respect de l’éthique journalistique dans le traitement réservé aux mineurs.

L’Autorité dit avoir constaté « des dérives médiatiques graves » durant les épreuves du brevet d’enseignement moyen, notamment à travers des interviews réalisées à chaud avec des élèves mineurs à la sortie des centres d’examen.

Alors que l’examen du baccalauréat approche à grands pas, elle exprime sa « profonde inquiétude face à la récurrence de ces violations des textes légaux en vigueur », en référence au décret exécutif n°24-250 de l’année 2024, fixant le cahier des charges applicable aux services de l’audiovisuel, ainsi qu’à la loi n°12-15 relative à la protection de l’enfance.

Face à ce qu’elle qualifie de « mépris persistant de certaines chaînes à l’égard du cadre réglementaire national », l’Autorité avertit avec la plus grande fermeté : toute couverture susceptible de porter atteinte aux droits des enfants, en les exposant au voyeurisme médiatique ou à l’exploitation de leur image, sera considérée comme une infraction grave.

Elle rappelle aux responsables de l’audiovisuel qu’aucune apparition médiatique d’un mineur ne peut avoir lieu sans l’accord écrit, explicite et préalable de son représentant légal, et ce, en particulier lorsqu’il s’agit de sujets sensibles pouvant porter atteinte à sa dignité, son identité ou sa santé psychologique.

Ces pratiques, dénonce-t-elle, sont contraires à l’intérêt supérieur de l’enfant et tombent sous le coup de la loi. « Interroger un élève mineur et diffuser ses propos sans respecter les exigences légales constitue une violation flagrante de ses droits fondamentaux », martèle-t-elle.

« La protection de l’enfant n’est ni un luxe juridique ni un simple principe abstrait. C’est une responsabilité morale et sociétale que doivent pleinement assumer les professionnels de l’audiovisuel », insiste l’Autorité.

Elle alerte par ailleurs sur les conséquences psychologiques durables que peuvent engendrer ces expositions médiatiques non encadrées, notamment en matière de cyberharcèlement et de stigmatisation sur les réseaux sociaux.

En conclusion, l’autorité adresse une ultime sommation à tous les opérateurs audiovisuels : le respect des droits de l’enfant n’est pas négociable. Elle les exhorte à privilégier des couvertures responsables, à forte valeur éducative, conformes aux chartes éthiques et aux principes de responsabilité sociale, loin de toute quête sensationnaliste.

La rédaction

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Fraude dans les demandes de visas Schengen : le cri d’alarme de l’Union européenne

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Demande de visas

Le 7 juin dernier, la délégation de l’Union européenne en Algérie, en partenariat avec les services consulaires des États membres de l’espace Schengen, a lancé un cri d’alarme face à la recrudescence de la fraude documentaire dans les demandes de visas.

Une situation préoccupante, d’autant plus que l’Algérie, avec un nombre estimé de 550 000 demandes pour l’année 2024, se classe parmi les pays les plus demandeurs de visas Schengen.

Ce chiffre, bien qu’indiquant une relation solide avec l’Europe, représente également un défi de taille pour les services consulaires.

Une priorité absolue : la lutte contre la fraude documentaire

La lutte contre la fraude documentaire est désormais une priorité majeure pour les ambassades et consulats des pays Schengen. Désormais, tous les documents justificatifs fournis par les demandeurs, qu’il s’agisse de relevés bancaires, d’attestations d’emploi ou de lettres d’invitation, font l’objet de contrôles d’authenticité rigoureux. Les autorités ont constaté une multiplication des dossiers contenant des documents frauduleux ou falsifiés, ce qui compromet la fiabilité de nombreuses demandes.

Les intermédiaires informels : un risque majeur pour les demandeurs

Une partie de cette augmentation de la fraude peut être attribuée à l’implication d’intermédiaires informels. Ces derniers proposent leurs services pour aider les demandeurs à obtenir un rendez-vous et à constituer leur dossier de demande de visa. Cependant, il est crucial de souligner que seuls les prestataires agréés par les États membres de l’Union européenne sont habilités à gérer ces démarches. De plus, ces services sont totalement gratuits.

Recourir à des intermédiaires non officiels expose les demandeurs à un risque accru : la possibilité d’insertion de documents falsifiés dans leur dossier, parfois à leur insu. Un tel manquement entraînera inévitablement un refus de visa. Pour garantir la validité de leur demande, il est donc vivement conseillé de prendre en charge personnellement l’ensemble de la procédure et de se tourner uniquement vers les prestataires agréés.

Des conséquences graves et durables

Les conséquences d’une demande de visa contenant des documents falsifiés sont considérables. Non seulement cela remet en cause la crédibilité du dossier, mais cela nuit également à la relation de confiance entre le demandeur et le consulat. En outre, une telle fraude engendre une méfiance généralisée au sein des services consulaires des pays Schengen, ce qui peut impacter toutes les demandes futures du même demandeur.

La Délégation de l’UE tient à rappeler un point essentiel : l’utilisation d’un intermédiaire non agréé n’exonère en aucun cas le demandeur de sa responsabilité. En effet, la présentation de documents frauduleux expose le demandeur, tout comme l’auteur des falsifications, à des poursuites judiciaires sévères.

Appel à la vigilance et à la transparence

Face à la montée de la fraude documentaire, les services consulaires appellent à une vigilance accrue de la part des demandeurs. Pour garantir le succès de leur demande, il est primordial que chaque demandeur vérifie minutieusement l’authenticité des documents qu’il soumet. Les États membres de l’espace Schengen assurent travailler de concert pour garantir un processus de demande de visa à la fois juste et transparent, tout en contribuant à la sécurité de leurs frontières.

Samia Naït Iqbal

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Caravane « Al Soumoud » : l’épopée des peuples en route vers Gaza

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Marche vers Gaza

Dans le fracas du silence international, au milieu des ruines fumantes d’une terre assiégée, une flamme d’espoir s’est allumée ce lundi 9 juin 2025 à Tunis. C’est une armée pacifique, une colonne de résistance inébranlable, une caravane — « Al Soumoud » — ce mot qui claque comme un serment : ténacité.

Ils sont venus par milliers, plus de 5 000 âmes tunisiennes, rejoints par près de 1 500 Algériens et des délégations libyennes et marocaines. Des médecins, des avocats, des journalistes, des simples citoyens — des porteurs d’humanité et de justice — qui ont décidé de briser les murs du silence et de la complicité.

À bord de 300 véhicules, ils roulent vers Gaza, cette enclave martyre, prison à ciel ouvert où plus de 2 millions de Palestiniens vivent sous le joug d’un blocus étouffant depuis presque deux décennies. Là-bas, la vie s’effiloche sous les bombes, la faim, le manque d’eau, la maladie. Le taux de chômage dépasse les 60 %, et plus de 70 % des habitants vivent dans la pauvreté la plus noire. Pas seulement, l’armée israélienne y mène une guerre innommable avec pour résultat plus de 55000 morts et la destruction massive de toutes les infrastructures du territoire.

La caravane du peuple, défi aux oppresseurs

Ils ne transportent pas seulement des marchandises, ils portent une charge sacrée : la voix des sans-voix, la colère des oubliés. Ce n’est pas un simple convoi humanitaire, mais un acte politique, un défi jeté à la face d’un monde sourd, un message lancé à ceux qui ferment les yeux et les portes.

La caravane traverse la Tunisie, longe la côte libyenne, s’arrête à Sousse, à Sfax, franchit la frontière de Ras Jedir. Elle affrontera les barbelés, les contrôles, l’indifférence. Le passage vers l’Égypte, ultime rempart avant Rafah, reste incertain, mais la volonté est invincible.

Une fraternité d’Afrique du Nord indomptable

Cette marche est un cri commun, un chant de révolte qui unit les peuples d’Afrique du Nord. Dans un monde divisé, des frontières tracées dans le sang et les intérêts, « Al Soumoud » est le symbole d’une solidarité qui ne connaît ni frontières ni compromis.

« Nos peuples avancent main dans la main », proclame la Coordination tunisienne pour la Palestine. « La cause palestinienne est notre cause. » Ce combat est celui des peuples opprimés, celui des héritiers de la résistance, celui de l’espoir immortel.

Une épopée contre l’oubli

Au cœur de Gaza, l’humanité est au bord du gouffre. L’eau potable est un luxe raréfié — moins de 10 litres par jour et par personne — les hôpitaux sont à l’agonie, la survie est un combat quotidien. Pourtant, dans cette nuit, la caravane « Al Soumoud » est une étoile filante, une promesse que la dignité ne s’éteindra pas.

Ce n’est pas seulement une route vers Gaza, c’est une légende en marche, un chant de résistance qui portera ses fruits bien au-delà des frontières. Le 15 juin, à Rafah, la grande marche mondiale fera trembler les murs de l’indifférence.

Car là où le silence règne, les peuples en révolte écrivent l’Histoire.

Djamal Guettala

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Mélenchon dénonce un « acte de piraterie » contre Rima Hassan et interpelle l’Élysée

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Jean-Luc Mélenchon, chef des Insoumis, a lancé un cri d’alerte ce dimanche après l’interception de la Flottille de la Liberté par les forces israéliennes. Dans un message diffusé sur Telegram, le fondateur de La France insoumise affirme que Rima Hassan, militante franco-palestinienne récemment élue députée européenne, pourrait être « détenue en prison » après cette opération qu’il qualifie d’« acte de piraterie ».

L’élue participait à la mission de la Flottille, une initiative citoyenne internationale visant à briser symboliquement le blocus imposé à Gaza. Le bateau à bord duquel elle se trouvait aurait été arraisonné dans la nuit par la marine israélienne. Mélenchon accuse directement Israël d’avoir mené une action illégale en eaux internationales et s’en prend vivement au silence des autorités françaises : « Le gouvernement et le Président ne prennent pas la mesure du danger. Ont-ils peur de Netanyahu ? », écrit-il.

Dans un ton à la fois alarmiste et indigné, il évoque « les distributeurs de sandwich israéliens » – une expression énigmatique, peut-être ironique, pour désigner les assaillants – et alerte sur leur dangerosité. Il qualifie la situation d’« insupportable » et appelle à la mobilisation pour faire pression sur l’exécutif français.

Le leader de LFI a également annoncé une prise de parole publique, diffusée en direct sur YouTube, pour réaffirmer son soutien à la Flottille et exiger, une fois de plus, « la fin du génocide à Gaza ».

Une opération hautement politique

L’affaire intervient dans un contexte tendu : l’opinion publique européenne est de plus en plus critique vis-à-vis de la guerre israélienne à Gaza, et la présence d’une députée européenne française à bord de ce bateau donne une résonance politique supplémentaire à cette opération maritime.

À l’heure où nous écrivons ces lignes, ni le ministère français des Affaires étrangères ni l’ambassade d’Israël à Paris n’ont encore réagi officiellement. Mais du côté des réseaux sociaux et de la sphère militante, la mobilisation s’intensifie : plusieurs organisations, dont l’Union juive française pour la paix (UJFP) et le Collectif pour la Palestine, appellent à des rassemblements urgents.

Si la détention de Rima Hassan est confirmée, la tension diplomatique pourrait monter d’un cran entre Paris, Bruxelles et Tel-Aviv.

Djamal Guettala 

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Pétrole : le Brent remonte à plus de 66,5 dollars  

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Pétrole

Les cours du pétrole sont stables lundi, conservant les gains de la semaine dernière avec de nouvelles discussions entre les Etats-Unis et la Chine visant à prolonger la trêve dans leur guerre commerciale.

Dans la matinée, le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en août, prenait 0,11% à 66,54 dollars.

Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate, pour livraison en juillet, gagnait 0,08%, à 64,63 dollars.

Le cours du baril de Brent s’est apprécié de plus de 4% la semaine dernière avec l’espoir d’une avancée dans les négociations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, estiment les analystes.

« Nous souhaitons que la Chine et les Etats-Unis poursuivent sur la lancée de l’accord signé à Genève », a insisté dimanche la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, sur Fox News.

Washington et Pékin sont les deux plus grands consommateurs de pétrole au monde, rendant le cours de l’or noir particulièrement sensible à la santé économique de ces pays. Un accord ou un prolongement de la trêve sur la majorité des droits de douane serait donc perçu comme un facteur de hausse des prix du baril.

Avec agences

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Trois individus arrêtés et 1,5 million de comprimés psychotropes saisis à Batna

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Trois criminels arrêtés et près de 1,5 million de comprimés psychotropes saisis à Batna

Trois criminels ont été arrêtés et près de 1,5 million de comprimés psychotropes ont été saisis, dimanche, au niveau du Secteur militaire de Batna (5e Région militaire) par les services compétents de la sécurité de l’armée, en coordination avec les Douanes algériennes, indique lundi un communiqué du ministère de la Défense nationale (MDN).

« Dans la dynamique des efforts soutenus contre la criminalité organisée multiforme, les services compétents de la sécurité de l’armée, en coordination avec les Douanes algériennes ont arrêté, hier 8 juin 2025, au niveau du Secteur militaire de Batna (5e Région militaire), trois criminels et saisi un camion citerne transportant une quantité importante de comprimés psychotropes s’élevant à un million quatre cent quatre vingt dix neuf mille cinq cent cinquante (1.499.550) comprimés de type prégabaline 300 mg et une somme d’argent qui s’élève à cinq millions quatre cent cinquante-et-un mille (5.451.000) DA », précise la même source.

« Cette opération qui s’inscrit dans le sillage des efforts soutenus dans le cadre de la lutte contre le narcotrafic dans notre pays, dénote du haut professionnalisme, de la vigilance et de l’entière disposition de nos Forces armées », ajoute le communiqué.

Avec APS

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Trump et l’incendie du Reichstag !

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Trump

Le 24 février 1933 un énorme incendie avait ravagé le palais du Reichstag, siège du Parlement allemand à Berlin. C’est un épisode marquant de l’accession au pouvoir du parti nazi. Il fallait un bouc émissaire pour susciter la terreur auprès de la population qui réclamera l’ordre. 

Il fut trouvé en une personne âgée de 24 ans, un Hollandais syndicaliste de gauche et ancien communiste du nom de Van der Lubbe. Faible d’esprit, il était le coupable idéal, il en paya le prix par sa condamnation à mort.

Ce début du mois de juin, Donald Trump envoie 2000 hommes de la garde nationale pour réprimer une manifestation contre sa politique migratoire. Si on en restait sur ce simple événement nous ne trouverions rien  d’anormal sur le plan de l’intervention sinon partager ou non la raison.

Mais comme tout ce que fait Donald Trump se voit comme un éléphant dans la salle ou s’entend comme de gros sabots, l’occasion était rêvée pour lui. Il voulait profiter de cette occasion pour prouver l’insécurité et la violence causée par des immigrés illégaux.

En réalité la manifestation était non seulement circonscrite à une dimension qui ne justifiait pas l’envoi de la garde nationale. Non seulement elle était assez pacifique (en tout cas pas dans la démesure de la colère), donc garantie par le 1er amendement de la Constitution américaine, mais également la majorité des manifestants n’étaient pas dans une situation illégale.

L’événement était béni pour le président américain qui y trouve confirmation de son discours auprès de ses électeurs. En plus, l’occasion était trop belle pour entrer en conflit avec le gouverneur de Californie et la maire de Los Angeles.

On sait que les deux côtés du pays, Est et Ouest, sont depuis toujours les bastions des démocrates. Donald Trump ne pouvait pas rater cette opportunité pour les contrer avec la délicatesse et la finesse de son tempérament.

Au passage, il montre sa force en « fédéralisant » l’appel à la garde nationale puisqu’il en a le droit. C’est pourtant une provocation puisque la compétence a toujours été du droit prioritaire des Etats. L’envoi des troupes par le président ne doit être légitimé qu’en cas de troubles menaçant le pays.

La Californie possédait des forces policières suffisantes pour contenir le nombre de manifestants. De plus, l’envoi de 2000 hommes de la garde civile est ridicule si on admet que les manifestations sont d’une ampleur qui justifie la mobilisation par le Président. Ce serait le cas d’une insurrection, nous en étions loin. 

Donald Trump savait que l’envoi de la Garde civile provoquerait beaucoup plus de troubles et donnerait aux manifestations de rue un caractère insurrectionnel par l’effet des images médiatiques auprès de la base de sa secte qui lui est déjà dévouée pour moins que cela.  

Donald Trump a voulu son incendie du Reichstag. En fait, le but de son incendie du Reichstag était de le légitimer davantage dans la fuite en avant vers un régime qui se dirige jour après jours dans les territoires du fascisme et de la guerre civile.

Mais Donald Trump ne connaît pas son histoire car tout cela se termine toujours très mal pour ceux qui ont l’hystérie de la domination. Il ne sait pas que l’histoire réhabilite toujours les victimes et enterre les despotes.

Un premier pas fut fait à titre posthume pour cette réhabilitation d’un innocent par  un tribunal de Berlin qui avait commué la condamnation à mort du malheureux van der Lubbe à huit ans de prison pour « tentative d’incendie avec effraction ». 

Justice fut rendue complètement lorsque par la suite, Van der Lubbe fut acquitté par le tribunal de Berlin Ouest en RFA au même titre posthume. Il fut définitivement acquis par les archives que la procédure avait été manipulée par les autorités nazies.

Trump se rêve sans doute en Hitler, il finira en piteux joueur de golf, jugé par le tribunal de l’histoire. Et pour ce tribunal c’est la perpétuité de l’indignité qui sera sans aucun doute le verdict.

Boumediene Sid Lakhdar

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Comment défendre l’Algérie sans défendre Tebboune !

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Tebboune

Qu’est-ce qu’être loyal ? À qui doit-on loyauté, à quoi? À une cause, un pays, un clan ou un dogme? Il est des semblants d’évidences qui ont besoin d’être souvent remises à plat! Déconstruites! La loyauté des hommes se mesure-t-elle uniquement à leur degré d’allégeance au chef de la tribu et à ses règles, à la soumission à l’ordre, même liberticide, oppressant, cannibale et injuste?

En Algérie, à chacun sa définition : pour le régime, être loyal c’est idéalement n’être personne. Deux choix s’offrent à toi: être une limace sous la pierre, ou la pierre sur la limace. Concrètement, on te demande de naître et de vendre l’âme sous un drapeau d’une cour d’école en chantant kassamen. Ou la sous-louer au noir en re-regardant la bataille d’Alger jusqu’à épuisement de la dernière seconde de ton forfait mektoub! Comme ça, tu ne t’appartiens plus et tu déménages de ton propre corps pour que le pays l’habite. Et tu en baves comme un SDF, parce que dans le pays qui t’habite il y a les âmes du clan, le chef, le dogme, la tribu et ses règles! 

Et tu te dis que c’est peut-être mieux ainsi, car avoir une âme c’est avoir une fin et il vaut mieux ne jamais naître que vite mourir! Surtout pour une limace! Avec sa vie absurde d’escargot, même pas entêté, sans la maison, condamnée à ramper à perpétuité sous sa propre bave, à errer sans GPS, à lécher le granito des administrations ou à cirer les dalles de sols espagnols des walis en priant le Dieu des mollusques de ne jamais se faire écraser!

Puis tu essaies d’être la pierre sur la limace ! Tu penses que c’est meilleur d’être l’outil du Dieu des mollusques. D’être celui qui écrase plutôt que celui qu’on broie. Tu te répètes que la pierre, elle, au moins, est crainte, ne bouge que si la 2e loi de Newton le lui permet et ne s’arrête que si la 3e le lui ordonne. (Cf. Cours de physique de terminal).

La pierre est l’arme parfaite d’un gardien d’une Bhira de pastèques avec le tire-boulette et qui joue au dictateur : la pierre ne craint pas la mort, ne réfléchit pas, ne souffre pas, n’a pas d’âme (et donc pas d’état d’âme) ni de karma lorsqu’elle se prend pour un Sarmate russe et tue massivement et indistinctement. Et si, en plus, on grave dessus le kit de survie des trois singes, on en fait l’arme absolue, LA mythique pierre philosophale, capable de contaminer les autres âmes pétrifiées, d’enrichir le clan, de prolonger le mandat d’un Tebboune ou de guérir un Mohammed VI de son délire de s’emparer du Sahara : « Ouvrir les yeux sans jamais rien voir, écouter et feindre la surdité et puis se couper la langue à la glotte et les doigts et les orteils (sait-on jamais) pour ne rien hurler ou écrire. » (Lois à graver sur la croûte de chaque pierre sans âme algérienne.)

Être loyal c’est être, au final, le soldat de nos chants patriotiques qui apprend « El mime » arabe: « Ahfad el mime » qu’on nous dit. (Apprends à te taire). Celui qui apprend à se transformer en viande hachée. Celui qu’on tranche en Cachir d’âne pour servir de repas aux étudiants à 24 dourous.

Si j'aime mon pays sans aimer Tebboune, suis-je alors un renégat ? Si je renie un régime véreux, serais-je le prototype le plus avancé du Harki 2.0 ou l'incarcération du Bachagha Boualam ? 

L’Algérie a été promise à un avenir qui la fuit. Un avenir compromis à plusieurs égards. Mais elle a été aussi promise à une paix et à une nation et nous n’avons, encore, durablement, réussi ni l’une ni l’autre. 

Le pays est-il menacé? Évidemment que oui, comme tous les pays riches de ce monde, comme depuis la Rome antique et les Arabes, les vandales et les Ottomans. Menacée par les nostalgiques de l’Algérie-francaise, les  » Rotaillards », ceux qui rêvent du retour des « Fatma » et des « Yawled » pour leur servir le couscous du dimanche arrosé d’un muscat gorgé de soleil de la Mitidja! Menacé par les complotismes belliqueux des royaumes médiévaux. Menacé par les puissances mondiales ultra-financiarisées à la quête d’une autre victime à saigner. Menacé par un ordre mondial sans ordre ni légitimité internationale.

Mais surtout, l’Algérie est menacée parce qu’un régime mafieux a lié son sort à celui d’un pays. Dans le contexte actuel où le plus fort anéanti impunément le plus faible et que les portes des enfers sont promises aux faibles et aux abrutis, la nécessité de s’unir sera encore une fois de plus, la trappe à rats du régime en place.

Il nous fera encore une « Benbellade », une « Hagrouna l’Mrarka, » et proposera un armistice. Et comme El mektoub est toujours écrit d’avance et qu’il a tendance à se répéter alors, on sait déjà que le peuple algérien, les Kabyles en premier, les Sahraouis, les Chaouis, comme en 1963, se mettront du côté des dieux des mollusques en se faisant les pierres de lance, les chairs à canon et le Cachir d’âne avant de redevenir des limaces. C’est écrit sur la croûte de la pierre que nous sommes, sur nos fronts, par loyauté aux âmes des ancêtres : Tahia l’Jazaïr !

K.H.

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Cinéma : l’Algérie des «Jardins d’Allah»

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- Le jardin d'Allah (1927) - [www.imdb.com]

Il a fallu que la NASA diffuse et à une échelle mondiale, une image satellite du Tassili N’Ajjer algérien dont la ressemblance porte sur un des paysages de la planète rouge pour que les accrocs algériens des réseaux virtuels s’enflamment de merveilles. 

Nos exclus du monde rationnel se contenteront de consommer ces quelques images, comme du temps de l’apparition des ciné-bus de l’ère coloniale. Entre une Djanet sous le regard du National Geographic et la jeune fée française dégustant ce qui reste comme gastronomie algérienne, il y a tout cet imaginaire européen qui a été façonné et fasciné par l’image du cheikh du désert.

Après plus d’un siècle, la très continentale Algérie et à l’ère du néo-chadlisme hagard, renoue avec l’imagerie des Jardins d’Allah. Les quatre jardins en question sont ceux de la dénomination que l’on a lancé jadis sur les palmeraie de Biskra et des trois films réalisés sur le Sahara algérien. À savoir, le film muet de James Colin Campbell (1859-1928) en 1916, celui de l’Irlandais Rex Ingram en 1927 et enfin la version colorée de Richard Boleslawski en 1936. C’est cette dernière version qui a réellement marqué l’esprit du large public occidentale d’antan et dont le scénario est inspiré du romancier britannique Robert Smythe Hichens (1864-1950), ami d’Oscar  Wilde et grand amoureux de l’Égypte.

Dans le scénario de Gilson Willets (1916), il est question de l’histoire d’une Anglaise sentimentale qui promenait ses tourments de touriste dans une Algérie saharienne offrant çà et là, ses compensations descriptives. La Ghardaïa telle qu’elle est évoquée n’est pas celle de la porte de notre Sahara, mais une insignifiante cité du désert égyptien et ses fantasmes orientaliste, façonné par l’entreprenante industrie cinématographique yankee.

« Les Jardins d’Allah» de Marlène Dietrich

Pour édifier cet imaginaire désertique, on préfère plutôt la blancheur sablonneuse du désert californien de Mojaves pour les vues extérieures et la mission religieuse de Santa-Barbara qui évoquait un certain couvent trappiste situé du côté de Notre-Dame-d’Afrique à Alger. La United Artist préféra ne pas déplacer sa production dans ce Sahara de « la désolation de ses espaces roux, dans le moutonnement de ses dunes aux corniches de sable rose, incurvées comme des lèvres de neige, dans le soudain jaillissement de ses palmeraies» ( Ce-Soir du 1/4/1927). mieux encore, on aime des filtres où l’on peut émailler toute la misère séculaire de ces villes en toub et de leurs peuples haillonneux.

Le très océanique Sahara que nous montre la version de 1936 est peuplé d’Arabes, parés de music-hall et de couleurs arc-en-ciel, un désert nettoyé et astiqué, ornés de toutes les séductions de la figuration d’une opulente firme cinématographique US. Le spectateur de 1936 a eu droit à d’acrobatiques Ouled-Naïls levant la jambe par-dessus les têtes des clients d’un café maure, alors que sur le sable, Mme Marlène Dietrich, au destin angoissant, donne sous sa tente en plein Sahara des réceptions dont le mobilier, l’argenterie et tout l’appareil du décor rappel plutôt, un somptueux palace fixé sur les hauteurs de Los-Angeles.

Dans ce «désert» algérien qui n’a jamais dépassé la ville de Yuma (Arizona), nous avons droit au spectacle d’officiers Français surgissant au milieu de ce Sahara de poche, avec ds cache-nuques et en culottes rouges et pour faire vrai, ils traversent le mini-désert… sans chameaux et sans convoi. Entre l’ensoleillement de l’âme africaine, la splendeur de l’oasis et les eaux couleur du ciel, il y a cette image de la foule des villes «arabes» qui s’agite en un vacarme étincelant. À l’ombre des grands noms du grand écran, la machine des castings et de la distribution occulte bien des mystères qu’il est peut-être intéressant d’élucider.

C’est le cas de cette version des Jardins d’Allah de 1927, dont le réalisateur Irlandais a fait l’effort de prendre des vues extérieures à Biskra et au Marc. Dans son casting, il a eu le courage de faire appel à deux noms «arabes», à savoir Ben Sadour (Le devin des sables) et Rehba Bent Salah ( Ayesha) que l’on présente comme acteur hommes bien que ce dernier a bien une consonance féminine. Des noms qui demeurent méconnus à nos jours.

Dix ans après, arrive la version de Boleslowski qui aligne 10 personnages «arabes» interprétés par un panel d’acteurs euro-américains, tels que Henry Brandon dans Hadj, Robert Fraser (Smain), David Wark Scott (Larbi), Andrew McKenna (Mueddin), Leonid Kinskey (Arabe volubile), Jane Kess (Madame Ouled-Naïls) et enfin 04 filles de l’oasis. Un florilège d’acteurs et actrices qui ignorent tout de l’Afrique saharienne préférant les 50° du désert de Yuma (Arizona), un peu plus proche des réserves amérindiennes. 

Vingt années écoulées dans un cinéma de mensonges et la fabrique de l’opium de rêves des primaires. Un cinéma qui a profondément inscrit dans l’inconscient «blanc» l’image yankee du cheikh arabe et son désert durant tout un siècle, entre 1830 et 1920.

Kaïssa Robba, une slave bien «bronzé»

La Suisse cette fois et bien «française» se réveille afin de revendiquer son petit «jardin d’Allah» et en quelques minutes. On pleine guéguerre raciste provoquée par la préfecture de Constantine dès 1933, un documentaire touristique allant de  Annaba (ex-Bône) pour s’achever à Biskra, en passant par Skikda (ex-Philippeville), Stora, Jijel, Collo, Djamila, Sétif et enfin les Aurès. Quelques exotiques minutes sont consacrés au spectacle d’une troupe de musiciens et danseuses  des Ouled-Naïls afin de montrer toute la «splendeur de la culture indigène qui faisait déjà le bonheur des Expositions universelles en ce début du XXe siècle ! Le documentaire, bien que non signé montre en noir et blanc toute cette œuvre «bienfaisante» de la colonisation européenne, d’avoir donner vie et existence à une contrée primitive et tribale. L’image cinématographique apporte son témoignage à ces «exploits» de modernisme de l’expropriation. 

L’imagerie coloniale avait comme maître à penser, un Français né à Alger et mort à Cannes. André Hugon (1886-1960) qui en 1932 estimait qu’il est temps pour Alger « d’avoir son petit studio, ne fusse qu’un simple dépôt de matériel. Ainsi, les régisseurs traverseront-ils la Méditerranée avec moins d’appréhension et le mouvement cinématographique algérien – et le tourisme! – ne pourra qu’y gagner en intensité». Tout est dit et tout ce fera en ce sens, même si les Frères Lumière en passant par Alger vers la seconde moitié du XIXe siècle, ont estimé le contraire.

En 1926, Hugon choisit d’entrer dans l’univers de la pellicule avec Yasmina un muet adapté du roman de l’écrivain «orientaliste», Théodore Valensi qui a transposé «en des temps modernes, à la limite des civilisations européenne et musulmane, l’impénitence amour d’un Tristan et Iseult», où Yasmina, fille d’une française et d’un Arabe, épouse un vieillard,  Alsen, et s’éprend d’Hector Grondier un médecin. Un thème général basé sur «les conflits de races» que l’actrice Camille Bert (Yasmina) a réussie visualisé avec toute sa blancheur beauté au côté d’un jeune «artiste noir» tenant le rôle de l’ingrat eunuque: Habib Benglia, que nous traiterons plus loin

Le rôle de femme a été attribué à une comédienne d’origine russe, un personnage hiératique et mystérieux, selon les termes de Mostefa Lacheraf, dont le nom parait sous son seul pseudo, Kaïssa Robba. Les médias de l’époque la qualifient de «Française d’Algérie» ou encore cette «étoile du Sud», aux yeux splendides et au visage de jasmin. Elle parait dans trois principales productions des années 1930, La Femme et le Rossignol (1930), Le Marchand de sable et La Croix du Sud (1932) du même André Hugon. Pour le premier long-métrage, c’est un jeune et richissime «blanc» qui fuit la civilisation avec son yacht qui aborde une terre inconnue. Il débarque et arrive dans un village «nègre» où il sauve une jeune captive, Aya, qu’on allait conduire au sacrifice (La Femme et le Rossignol). 

Dans Le Marchand de sable, Hugon s’inspirera un peu plus du roman de Georges-André Cuel afin de filmer les grands espaces, le soleil et l’atmosphère bien mystérieux du Sahara algérien. Kaïssa Robba est à côté de Tahar Hannache parcourant de vastes horizons où l’on côtoie les longues et silencieuses caravanes et ces «races farouches de ces pays brûlés». c’est le monde d’après la crise de 1929, qui s’emplit de charme exotique et d’heureuses imprévus trouvailles. Pour La Croix du sud, ce grand film «africain» on défile de nostalgiques caravanes au milieu d’un Sahara aux horizons de mirages, le tout, garni de la collaboration des «tribus indigènes afin de contenir toute la poésie du désert et de l’oasis !

L’énigmatique Kaïssa de son côté, poursuit sa montée artistique et elle est à Paris où elle paraît sur les journaux de cette «Belle époque» comme danseuse persane cette fois, s’exécutant entre les scènes de la Comédie Française et celle du Vieux-Colombier cristallisant une Ispahan (ex-Persépolis) du rêve européen.

Une Perse faite d’illusion « avec ses roses, ses milliers de roses; c’est une grande maison blanche avec des murs couverts de faïence verte et bleue et une cour intérieure où monte un grand jet d’eau svelte parmi les marbres» (La Griffe, 30/11/1933). La souple et mystérieuse Kaïssa Robba est face à un musicien accroupi qui joue, en s’accompagnant sur le târ, de nostalgiques et d’interminables mélopées vers des imaginations… vagabondes.

Mais que connaît-on de « cette petite sauvage du Hoggar» ?

C’est à travers une de ses rares rencontres avec la presse qu’elle se présenta à son public, dans un français à l’accent légèrement slave et avec des yeux qui s’expriment comme ceux des Espagnoles-nées, aime-t-on noté à Paris sur les pages de Pour-Vous du 9/7/1931. Aux résonances slaves et «algériennes», la comédienne aux yeux félines, dira:

« Mon père est Espagnol et ma mère Russe. Je suis née en Russie où j’ai vécu jusqu’à l’âge de 10 ans. Puis je suis allée habiter Berlin… plusieurs années… Là j’ai densé. Depuis mon plus jeune âge, en Russie, j’avais en moi cette passion de la danse qui n’a point cessé de m’animer. C’est instinctif. Tout enfant, j’inventais une courbe nouvelle et j’apprenais mon corps à la tendre.

Je travaillai, j’étudiai, et à Berlin, je donnai quelques récitals de danse. Puis, je suis venus à Paris où j’habite maintenant, et où je fis mes débuts au cinéma. Lorsqu’il dut tourner La Femme et le Rossignol, M. André Hugon me choisit pour jouer le rôle de la jeune sauvage blanche d’Afrique.

Nous partîmes pour le désert où nous restâmes plusieurs mois. Quelques temps après notre retour, M. André Hugon eut un autre film à tourner en Algérie et dans le Hoggar: je partis encore avec sa troupe et jouai le principal rôle de La Croix du Sud (…).

En rentrant, nous tournâmes aussi à Alger et à Oran un autre film: Le Marchands de sable dont on vient de terminer à Joinville les intérieurs…»

Une très courte rencontre qui se termina sur le souhait de cette actrice d’apprendre l’espagnol afin de chanter des tangos, tout comme le maître de cette musique latino-américaine, Julio de Caro; parlons peu d’elle-même, nous ignorons à ce jour que pouvait caché un tel pseudo ni de son devenir après 1939 où elle s’exécutait comme chanteuse et danseuse dans quelques cabarets parisiens de renom. N’en demeure que cette star a bien partagé ses rôles avec quelques grands noms d’acteurs algériens, dont Tahar Hanache et Habib Benglia.

Habib Benglia, le «Napoléon noir»

Celui qui apparaît avec Kaïssa Robba dans La Femme et le Rossignol, Le Marchand de sable et La Croix du Sud n’est autre que l’enfant de Tombouctou (Mali), fils de Mebarka Gonda et de Messaoud Fatah Benglia un richissime caravanier du grand désert. Habib Benglia est une force de la nature qui mérite respect et reconnaissance. Issu d’une grande famille du peuple Sangaï, il est né «par hasard» à Oran, comme il aimait le rappeler à chaque rencontre avec la presse de l’époque. Il était l’un des beaux noirs « qui vécut ses premières années en nomade», son père se rendait aux portes de la ville d’Oran afin de vendre ses marchandises que l’on exportait à l’ensemble de l’Europe. C’est une famille de Titans relevaient les médias à la recherche de sensations exotiques, son grand-père faisait 2 m 10 et son père 2 mètres. Habib ne faisait que 1m 80 alors que son fils à peine 1 m 75, «notre descendance se perd» rétorque-t-il avec sourire.

Comédien, acteur, danseur, acrobate et auteur dramatique, Habib Benglia est né le 25/8/1895 et décède le 2/12/1960 à Paris, à son domicile du 4e arrondissement. Il débarque en 1912 à Paris avec son père afin de livrer des dromadaires au Jardin d’Acclimatation, il y restera jusqu’à la fin de ses jours et laissant derrière lui un fils et une fille. Dans le répertoire de la SACM, Benglia représente quelque 146 œuvres théâtrales, cinématographiques et radiophoniques où le «Titan d’ébène» n’a été et jusqu’à aujourd’hui, évoqué que par la couleur de son épiderme même le Dictionnaire universelle du théâtre de M. Corvin n’y a pas échappé à ce racisme épidermique lorsqu’il l’artiste afro-algérien.

Le Paris-Midi du 27/12/1923 n’omettra pas de nous signaler qu’un danseur «nègre» est à la Comédie des Champs-Élysées pour donner un spectacle dirigé par Jacques Héberlot dont Benglia introduira une nouveauté bien représentative du «génie de sa race» en tant que noir ! C’est un poème verbal dont la traduction a été mimée, rythmée et rendue bien vivante  à l’instar d’un alphabet nouveau dont chaque lettre serait un geste, une attitude, un moment de rythme. Et le même canard d’indiquer que « ce sont des idées personnelles qui caractérisent la nouvelle étoile, idées qui lui furent révélées, déclare-t-il, un jour  que, lors d’une halte de son régiment en Champagne (NDLR – Durant la guerre de 14-18), il s’était amusé à jouer de l’harmonica et avait provoqué par là une véritable orgie de danses chez quelques-uns de ses compagnons d’armes.»

Habib Benglia a bien débuté au théâtre en 1913 avec comme première pièce celle de Jacques Richepin, Le Minaret, lui qui préparait son ingéniorat en agronomie se fera vite remarquer comme ce corps d’athlète et non cet être voué à un grand avenir de star.

Pour les distributions cinématographiques dans l’art de l’exotisme colonial, Benglia est un concentré de macaquerie à bon marché et permettant des rentrées d’argent pour le bonheur de ce cinéma initié par un André Hugon. C’est ainsi que l’hebdo Cinémonde du 6/11/1932 nous présente la recette de cet écran décadent où l’enfant et le «sauvage» sont les meilleurs acteurs du genre.

Ils ont cette pureté et ce besoin instinctif qui leur permettent de jouer sans arrière-pensée. Pour un réalisateur et producteur de tels films, il y a là un hors-d’œuvre bien exotique: « il suffit d’un lien plus ou moins domestiqué, à crinière soigneusement frisée. Du sable. Quelques palmeraies; des danses, des danses, sueurs coulants, le long de corps d’«ébène», ventres de négresses se soulevant et s’abaissant, colliers de fausses perles sursautant sur les cous, mains tapant au cuisses, cuisses en «gros-plan», cuisses en «plan américain», salade, ragoût, cassoulet, indignation de cuisses. Et voilà !».

L’homme qui a été qualifié durant toute sa carrière de «simple nègre» ne faisait sensation à l’écran que par la beauté de son corps, sa démarche de tigre, affirmant un noble mélange de souplesse et de «bestialité», écrivait la Revue française du 13/ 1/1924. Habib est bien passé par le «zoo» cinématographique, il a imité les cris de presque la totalité de la faune africaine et il le déclara face à la caméra d’Abder Isker en 1959 où il disait qu’il avait pas mal de chose, « j’ai fait le tigre, le lion, le rhinocéros, le crocodile.. et même le loup dans un de tes films!», en s’adressant à Isker.

Au final, nous avons pu recueillir que six interviews entre 1924 et 1951 et la plus représentative, peut-être, de la pensée de ce grand artiste est celle qu’il a donné à l’hebdomadaire Droit et Liberté du 2/10 au 2/11/1950 sur la question du racisme envers les gens de «couleurs» que nous reproduisons ci-contre:

« Le racisme est un fléau moderne, nous dit-il.

Qu’est-ce que le racisme, d’ailleurs, à vrai dire ?

Réponse – C’est une antipathie insondable d’êtres humains envers d’autres êtres humains.

Antipathie tout à fait superficielle et entretenue, par tous ceux qui trouvent intérêt dans la division des peuples.

Réponse Exactement. Nous, luttons pour l’unité et la Paix. C’est le plus simple bon sens, et si une solution ne s’impose pas dans les toutes proches années, nous arriverons à une scission épouvantable, à une rétrogradation dans l’évolution humaine.

Ce qui est inconcevable.

Réponse Oui, ou alors, il faudrait nier qu’il y ait une loi de justice universelle.

Personnellement avez-vous subi des brimades au cours de vos voyages?

Réponse Oui et non. Lorsque j’ai tourné un film au Maroc, La danseuse de Marrakech, j’ai eu du mal à me loger à Casablanca; comme à New-York, les hôtels refusaient de me louer une chambre. Au Soudan ( entendre le Mali ) lorsque des tribunes sont montées pour une quelconque fête officielle, les noirs sont refoulés dans une tribune spéciale pour eux; pas de mélange avec les blancs.»

L’artiste afro-algérien conclura cette rencontre par une profession de foi artistique: « Nous voulons être vrais dans le temps. Reconnaître et fixer l’âme universelle par le prime du verbe, de la couleur, du mouvement, du son, de aspiration, de l’assentiment.

Porter le dynamisme théâtral au sommet de ses possibilités. Notre œuvre étant essentiellement vierge, nous voulons que son image dit la  pureté de nos forêts et la hardiesse de nos chasseurs, en nous gardant bien d’oublier le parfum tenacer de nos fruits». Une méditation qui fait partie de cette grande sagesse bien ancestrale de celui qui a été, pourtant, pris en charge par le général Lyautey durant ses premières années de formations scolaires en France. 

Tahar Hanache face à Djamal Tchanderli 

« Avez vous  entendu parler de M. Tahar Hannache récemment interviewé à Alger ?», questionnait le journaliste d’Afrique-Rafales du 10/4/1947 lors d’une rencontre avec Paul Saffar directeur de Filmafric, sur le devenir du cinéma en Afrique du nord. La réponse fut « Naturellement. C’est d’abord un technicien qui fut formé à l’école de Pagnol. Mais il a écrit un scénario et rien ne dit qu’il ne soit une réussite: c’est du genre Western transposé. Je confirme ainsi mon opinion que les Arabes aiment le film d’action pure; n’apprécient-ils pas les bandes américaines du genre Buffalo Bill ?».

Ne dit-on pas que lorsque cela vient d’aussi bas, il vaut mieux tirer la chasse d’eau ! Sept ans auparavant le même André Saffar était au Maroc, afin de filmer les cérémonies religieuses entourant le congrès du Habous, il était bien en compagnie du m^me Tahar Hanache, « opérateur bien connu dont le nom paraissait encore tout récemment dans le générique de Moulin Rouge, l’un des succès de Maroc-film». 

C’est ce Tahar Hanache ou Hannache, qui sera aussi le responsable de la photo du film Frères d’Afrique dont les extérieurs ont été entrepris en Algérie, selon L’Information nord-africaine du 11/1/1940. un artiste bien complet et «père» du cinéma algérien, totalisant le 7e Art dans ses différents métiers. En 1948, il avait lancé une boîte de production artistique Tahafilm au Maroc en association avec un industriel de Casablanca, Mohamed El-Arbi Essaadi et l’orientaliste algérien, Mohamed Kessous. Apparaissant pour la première fois à l’écran dès 1924 dans L’Arabe de Rex Ingram et poussait son ascension en passant par Le Marchand de sable-El-Guelmouna d’André Hugon jouant avec Kaïssa Robba – citée plus haut -, pour enfin, devenir l’assistant de Jacques Mils dans les Sables mouvants (1929).

Qu’aurait-on de mieux à dire ou à écrire, lorsque nous sommes face à deux géants de notre histoire cinématographique qui se révèlent aux public d’Alger-Républicain du 6/3/1947. Djamel Tchanderli interviewant Tahar Hanache. Par simple noblesse d’esprit  à leur mémoire, nous reproduisons le texte de cette rencontre dans son intégralité:

Premier cinéaste musulman. Tahar Hanache qui tourna Yasmina et La Fille du puisatier est passé par Alger.

De passage à Alger, M. Tahar Hanache a bien voulu retracer pour nous, différentes étapes de sa carrière cinématographique. Il est le seul musulman algérien qui soit arrivé à ce stade dans le cinéma. Son histoire pleine d’imprévus nous le montre gravissant palier par palier les échelons qui le portent finalement aux fonctions délicates et si recherchées de chef opérateur de prise de vue.

Grand, bien découpler, le regard grave, les gestes calmes, Tahar Hanache ne ressemble nullement aux personnages qu’il a incarnés sur l’écran.

La carrière de cet homme est assez curieuse. Né en Algérie, à Constantine, de parents musulmans, il alla à Paris après avoir fait son service militaire. Il avait alors l’intention de se fixer définitivement dans cette ville et ne songe nullement au cinéma.

Vous êtes Arabe ? Je vous engage

Un menu fait décida de son avenir. Un régisseur de Jacques Feyder, qui cherchait des hommes de type arabe pour figurer dans L’Atlantide lui offrit de faire un cacher. Tahar acepta. Ce qu’il vit au studio l’intéressa vivement au point qu’il décida de faire du cinéma. Il fut engagé par Rex Ingram, un producteur américain de l’époque, qui à sa première entrevue se contenta de le regarder attentivement et de lui demander.

– Vous êtes Arabe ?

– Oui.

– Alors revenez demain pour signer.

Le lendemain, Tahar avait un contrat en poche.

Il tourna ensuite dans Yasmina d’André Hugon, qu’il aida de sa connaissance des mœurs et coutumes arabes. Max de Rieux le prit comme aide-opérateur et régisseur pour La-Grande Amie, J’ai le noir et La Cousinette. Diamond Berger et Pierre Colombier l’engagent pour tenir le même emplois dans le Transatlantique et Éducation de Prince. Avec jacques Mils, il acheva Les Sables mouvants, film dans lequel il fut 

Acteur et assistant, et où il mena ses rôles avec maestria. D’ailleurs je me reporte à une critique de l’époque: 

« Tahar Hanache  est d’un naturel frappant. Il incarne ses personnages avec toute la sobriété d’expression et d’énergie désirable. Il se double aussi d’un excellent assistant, et est de ce fait un futur opérateur de grande classe ».

Après avoir terminé le dernier film muet Sables mouvants, il collabora au premier film parlant Chiqué et passe à la série Lévy et Cie, Maxirin des Maures, L’Illustre Maurin, La Bandera, etc… En 1937, il vient de tourner Sarrati le Terrible, d’André Hugon, à Alger, avec Harry Maur, Georges Rigaud, ainsi que le regretté fantaisiste arabe connu dans tous les milieux artistiques, Rachid Ksentini. 

Il termina dans la métropole par La Fille du puisatier de Marcel Pagnol, avec le regretté Raimu, Fernandel, Chapin, Josette Day. Puis ce fut La Vénus aveugle, avec Viviane Romance, où il réussit de très belles images. Car Tahar s’est fixé définitivement. Il n’est plus acteur, mais c’est en technicien qu’il affronte le septième art.

En 1942, il vient diriger les prises de vues du premier film parlant arabe en Algérie Ali fils du Sud, avec Réda Caire le sympathique chanteur de charme. Bloqué en Afrique du Nord par le débarquement allié, il tourne un documentaire sur la ville de Constantine, l’antique Cirtha, sa ville natale, en double version, français et arabe.

En 1943, il fut requis par le Service cinématographique de l’armée pour lequel il dirige les prises de vues pendant trois ans, en qualité de correspondant de guerre.

Libéré en 1945, il rentre à Paris afin de reprendre son activité quand la jeune et nouvelle production marocaine fit appel à son précieux concours, et c’est alors qu’il tourne l’un des premiers films marocains parlant arabe, ainsi qu’un documentaire «Port-Lyautey», pour le compte du Centre cinématographique marocain.

Et actuellement, que comptez-vous faire ? lui demandais-je.

Pour l’instant, je compte réaliser un scénario que j’ai écrit Le Cavalier du foulard vert, dont j’ai déjà procédé au découpage technique avec la collaboration de Mlle Louise Arboguast.

– Avez-vous envisagé les interprètes éventuels de votre prochaine production.

– C’est un problème assez ennuyeux, et pour cela je compte former des jeunes sous ma direction. J’espère arriver à un bon résultat, car alors il y aura des acteurs d’avenir, qui pourront par la suite franchir avec aisance ce métier dur et compliqué qu’est le cinéma.

– Que pensez-vous du cinéma nord-africain?

– Le cinéma nord-africain prend un essor considérable, et fera parler de lui d’ici peu.

Depuis 27 années que je fais du cinéma, me dit Tahar en guise de conclusion, j’ai toujours vécu de cet art, et non de plusieurs ou d’un métier différent de celui que je fais au studio, et en tant qu’ancien du cinéma, je prédis un grand avenir au cinéma nord-africain.

Et l’on voit cet homme au visage énergétique, seul pionnier du cinéma en Afrique du Nord – seul, oui je dis bien, – car les producteurs, en messieurs qui détiennent les bourses, semblent vouloir produire non pas en cinéastes, mais en financiers, c’est-à-dire, qu’ils ne voient en produisant que ce que cela pourrait leur rapporter.

Espérons qu’ils comprendront, que sans oublier le rapport, ils doivent penser à l’Art et épauler ainsi les techniciens afin de produire des films dignes de l’Afrique du Nord. » Djamal  Tchanderli.

Mohamed-Karim Assouane, universitaire.

Références:

1 – Mostefa Lacheraf et Abdelkader Djeghloul, Histoire, culture et société, Alger, 1986.

2 – Nathalie Coutelet, «Habib Benglia et le cinéma colonial», article dans la revue Cahiers d’Etudes Africaines, n° 111/ 2008.

3 – Bonsoir, du 4/1/1924

4 – Revue Française, du 13/1/1924

5 – L’Action, du 27/12/1925

6 – CinéCinéa, n° 72 du 1/11/1926

7 – Annuaire général de la cinématographie, du 1/1/1927

8 – Ciné-Miroir, du 1/3/1927

9 – L’Afrique du Nord-Illustrée, du 30/3/1929

10 – Cinaedia-Cinaedia-Illustrée, du 30/4/1929

11 – Cyrnos, du 6/7/1929

12 – Journal de Berck, du 2/3/1930

13 – La Griffe, du 30//11/1930

14 – Pour-Vous, n° 138 du 9/7/1931

15 – Cinémonde, n° 207 du 6/10.1932

16 – L’Image, n° 31 du 19/3/1937

17 – Revue de l’Ecran, du 27/3/1937

18 – Ce-Soir, du 1/4/1937

19 – Journal du Midi, du 1/10/1937

20 – Les Spectacles d’Alger, du 4/5/1938

21 – Radio-Nationale, du 8/2/1942

22 – 7Jours, du 20/1/1944

23 – Figaro, du 27/3/1945

24 – Dernière-Heure, du 2/4/1947

25 – Afrique-Rafales, du 10/4/1947

26 – Gazette des Tribunaux du Maroc, n° 1022 du 10/9/1948

27 – Libération, du 13/10/1950

28 – Droit et Liberté, du 27/10 au 2/11/1950

29 – Alger-Républicain, du 16/3/1951

30 – France-Afrique, du 30/4/1951

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