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mardi 1 juillet 2025
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 Boualem Sansal arrêté en Algérie

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Boualem Sansal
Boualem Sansal arrêté le 16 novembre à Alger.

«Je ne suis pas armé, ce soir, le lion est mort au loin.»

Nous ne pouvons pas nous taire face à l’arrestation arbitraire de Boualem Sansal. On peut trouver dans quelques jours des motifs fallacieux comme l’intelligence avec l’ennemi. Oui, cet ennemi ou cette idée d’ennemi, fonds de commerce du régime depuis 1962. Indignons-nous de cette énième atteinte à la liberté d’expression et de pensée. Levons-nous comme un seul homme pour dire non à cette arrestation de Boualem Sensal,

« Je ne suis pas armé, ce soir, le lion est mort au loin.

 Cette phrase emblématique, tirée du contexte de la lutte pour la liberté et la résilience face aux oppressions, résonne comme un écho poignant dans le roman « 2084 : La fin du monde » de Boualem Sansal. Dans cette œuvre dystopique, l’auteur explore les conséquences du totalitarisme religieux dans l’empire fictif de l’Abistan, mettant en lumière les tensions inhérentes entre l’individu et le système.

« Je ne suis pas armé, ce soir, le lion est mort au loin.

La tension narrative dans « 2084 » se manifeste principalement à travers le conflit entre l’individu et le système oppressif. Le protagoniste, Ati, représente cette lutte en s’opposant aux dogmes imposés par le régime. Sa quête de vérité et de liberté symbolise un acte de résistance face à l’hégémonie idéologique.

Comme l’affirme Zilberberg (1998), la tension narrative est essentielle pour capter l’intérêt du lecteur, car elle met en exergue le dilemme existentiel de l’individu confronté à un pouvoir omniprésent. À cet égard, le parcours d’Ati devient une métaphore de la résistance intellectuelle face à l’oppression.

« Je ne suis pas armé, ce soir, le lion est mort au loin.

Les valences (Valeurs) dans « 2084 » se manifestent par l’opposition entre la soumission collective et la quête individuelle de liberté. L’Abistan impose une uniformité linguistique et religieuse, éradiquant toute forme de dissension. Cette uniformité, comme le souligne Dubois (2015), a pour but de contrôler la pensée et d’éliminer toute possibilité de critique.

En revanche, le personnage d’Ati incarne la recherche de pensée autonome, cherchant à retrouver un langage qui lui permet d’exprimer ses aspirations et ses doutes.

« Je ne suis pas armé, ce soir, le lion est mort au loin.

La dynamique de cette opposition est renforcée par la présence de personnages secondaires, tels que le mentor d’Ati, qui représente une forme de résistance passive. Ces personnages illustrent les différentes facettes de la lutte contre l’oppression, permettant ainsi d’explorer la complexité de la condition humaine dans un contexte totalitaire (Sansal, 2015).

« Je ne suis pas armé, ce soir, le lion est mort au loin.

À mesure que l’intrigue progresse, la tension s’intensifie non seulement à travers les actions d’Ati, mais aussi par les événements extérieurs qui menacent sa quête. Les forces opposées se manifestent dans des scènes de violence et de répression, où la brutalité du régime est mise en lumière. Chaque avancée d’Ati est contrebalancée par des conséquences dramatiques, ce qui accentue le sentiment de désespoir et d’angoisse. Cette dynamique crée un cadre narratif où le lecteur est constamment en état de tension, impliqué dans le parcours de l’individu face à l’oppression.

« Je ne suis pas armé, ce soir, le lion est mort au loin.

Sansal utilise les techniques tensives pour souligner les dangers du radicalisme religieux et du totalitarisme. « 2084 » devient ainsi une fable contemporaine qui met en garde contre les dérives idéologiques, tout en offrant une réflexion profonde sur la liberté individuelle face à l’oppression systémique. En insistant sur les valences et les tensions entre soumission et révolte, l’auteur établit un dialogue entre le passé, le présent et le futur, incitant le lecteur à réfléchir sur sa propre condition face à l’autoritarisme.

Cette œuvre s’inscrit dans une tradition littéraire qui interroge le rapport entre l’individu et le pouvoir, à l’instar d’auteurs tels que George Orwell dans « 1984 » et Aldous Huxley dans « Le Meilleur des mondes« , tout en proposant une critique acerbe des dérives de la société moderne.

Ce roman prémonitoire nous avertit sur notre condition de sujet. Nous sommes les sujets du pouvoir d’Alger. Nous lui appartenons. Il a vie et mort sur nous. Il nous incarcère si on lui désobéit, il nous chasse si on n’oublie pas le traumatisme de la décennie noire. Il décide de notre pensée et notre façon d’appréhender le monde. Nous les soumis ! Sauf si nous crions haut et fort notre colère.

Car chaque cellule d’Algérien est un Novembre potentiel. Les Novembres qui embrasèrent 1954. Et qui consumeront les geôliers de Sensal.

Pour la libération de Boualem

Saïd Keciri

Bibliographie

– Dubois, M. (2015). *Dystopie et résistance : Une étude des récits contemporains*. Paris : Éditions de la Découverte.

– Sansal, B. (2015). *2084 : La fin du monde*. Paris : Éditions Gallimard.

– Zilberberg, A. (1998). *Grammaire tensive et dynamique narrative*. Revue de Linguistique et de Littérature, 12(3), 45-67.

– Orwell, G. (1949). *1984*. Londres : Secker & Warburg.

– Huxley, A. (1932). *Le Meilleur des mondes*. Londres : Chatto & Windus.

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Tebboune, en «petit père du peuple» du XXIe siècle

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Boualem Sansal

L’arrestation de Boualem Sansal à sa descente d’avion à Alger samedi 16 novembre démontre que le pouvoir est décidé à en découdre avec toutes les têtes pensantes du pays.

De mémoire d’homme, jamais persécution des élites intellectuelles, à travers le monde, n’a atteint une telle ampleur depuis les années de braise communiste en Chine. Et encore, les élites chinoises ne furent pas des cibles prioritaires de la révolution maoïste.

Si elles ne furent que des cibles secondaires, les élites chinoises, après les dissidents, furent sévèrement persécutées. L’anti-intellectualisme de la doctrine de la révolution rouge fit des « intellectuels » une catégorie noire à éradiquer, surnommée « le neuvième puant ».

Comble de l’ironie, pendant qu’il s’attaquait aux élites intellectuelles affirmées, Mao décide de lancer la révolution culturelle afin de consolider son pouvoir en s’appuyant sur la jeunesse et les étudiants du pays ! ?

Boualem Sansal a donc été arrêté samedi à sa descente d’avion, et à l’heure actuelle, personne, ni même sa femme ne sait où il se trouve. Si le pouvoir ose s’attaquer à telle stature, c’est qu’on a décidé de museler toute discordante à la cacophonie qui règne en haut lieu…

Pour rappel, Muhend Taferka est sorti de prison, il y a une semaine, mais il n’est pas sorti d’affaire pour autant puisqu’il ne sait même pas où et comment récupérer son passeport. De plus, il est rentré en prison debout, il en est ressorti en fauteuil roulant. Ce qui prouve le très peu de pitié que le pouvoir porte au citoyen.

Quant à Kamel Daoud, il ne sait pas encore à quelle sauce il va être mangé et que lui réserve le futur, proche ou lointain. Après avoir osé remuer le fond de la marmite de la décennie noire, le pouvoir ne lui pardonnera jamais l’affront d’être allé à contre-courant de la loi qui prévoit, pas moins de cinq années de prison à toute personne qui ose faire référence à la période encore floue de notre histoire récente.

Que reste-t-il à faire, comment ramener à la raison un pouvoir qui n’en fait qu’à sa tête ? Sourd à tout appel à la raison, nos décideurs nous réservent encore de nombreuses mauvaises surprises.

Que peut-on bien reprocher à Boualem Sansal sinon ses prises de position courageuses ? Il n’y a que nos honorables responsables le savent.

Seul Mao Tse-Tung, en son temps, avait osé des opérations de grande ampleur pour se débarrasser des intellectuels chinois. Mais lui avait une vision pour la Chine, aussi mortifère qu’elle pouvait être. Les nôtres, en revanche, sont dans l’improvisation à la petite semaine. Tebboune et ses parrains sont assurément déconnectés des réalités algériennes mais aussi du monde. D’où le sérieux péril qu’ils font courir à l’Algérie et la région.

Kacem Madani

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Boualem Sansal, la plume de trop

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Boualem Sansal
Boualem Sansal enlevé. Crédit Gallimard

Boualem Sansal vient de passer dans la machine à laver. Cette redoutable règle du système, cette loi du linge sale, impose de régler ses comptes en famille.

Critiquer l’Algérie, ses tabous, son système, cela passe tant que cela reste entre nous. Mais dès qu’un écrivain ose exprimer ces critiques sur une scène internationale, dès qu’il parle à d’autres, avec d’autres – surtout ceux que l’on accuse de nous détester – la sentence tombe : c’est l’isolement, la répression, et parfois pire. Sansal en est la dernière victime : emprisonné, silencié. Tandis que Daoud avait été pris pour cible par des campagnes de dénigrement.

Critiquer entre nous : acceptable. Critiquer devant le monde : un crime

L’Algérie a toujours eu cette contradiction : glorifier ses écrivains tant qu’ils restent confinés à dénoncer « en interne ». Kamel Daoud, dans Le Quotidien d’Oran, était une star, un génie national, la voix de ceux qui se taisent ou n’osent penser. Mais lorsqu’il a franchi les frontières de la scène algérienne, ses mots ont été jugés comme une trahison. De la même manière, Boualem Sansal, avec des propos pourtant mesurés, devient le bouc émissaire. Les critiques s’acharnent, comme si on traquait des poux dans la peau d’un mammouth. On ne célèbre pas leurs succès, on les démonte.

Plumes sous haute surveillance

Pourquoi ces plumes dérangent-elles autant ? Parce qu’elles pointent un mal profond : l’état d’une nation en déliquescence. Boualem Sansal, Kamel Daoud et d’autres dénoncent des vérités que beaucoup veulent taire.

Ils évoquent une société où l’effervescence intellectuelle et politique post-indépendance a été étouffée par la marginalisation et la répression. Leurs critiques ciblent les tabous sociaux, les préjugés, et surtout l’incapacité de l’État à se réformer.

Le tort de ces écrivains ? Ils refusent de jouer le jeu. Une règle tacite qui tolère tout à condition que cela reste discret, invisible, enfoui. Eux écrivent au grand jour, avec des mots pesés, des idées claires. Et pour cela, ils sont condamnés. Pourtant, ces plumes sont précieuses. Elles alertent, elles empêchent les dérives autoritaires de se transformer en habitudes. Mais au lieu de les écouter, le régime s’enferme dans une paranoïa étouffante.

De Beni 3amisme à 3ami Tebboune

C’est un éternel recommencement : après le règne du « Beni 3amisme » de Bouteflika, voici venu celui du « 3amisme » de3ami Tebboune. Une gouvernance gonflée de promesses pompeuses, alimentée par une embellie financière temporaire. Mais comme toujours, cette montgolfière finira par se dégonfler. Et alors ? Alors, l’Algérie reviendra à ses vieux réflexes : demander l’aumône, blâmer l’histoire, répéter les mêmes erreurs.

Boualem Sansal n’a fait qu’écrire ce que d’autres pensent tout bas. Il met en mots une Algérie où les urnes transparentes deviennent opaques en deux heures, où la réalité est tordue par des tours de passe-passe. Une Algérie où, dans les stades, les frustrations sociales éclatent en chaises volantes. Une Algérie où une partie de la population peine à acheter de la viande, où le dessert est un luxe, où l’alimentation devient un défi.

L’illusion du « vivre d’amour et d’eau fraîche »

Et que répond le régime ? L’amour inconditionnel de 3ami Tebboune. Une illusion digne d’un mauvais sketch : « vivre d’amour et d’eau fraîche ». Une Algérie nourrie de promesses creuses, qui rappelle l’histoire du mari qui, rentrant les mains vides, annonce à sa femme : « On vivra d’amour et d’eau fraîche. » La blague tourne au tragique quand la femme, désespérée, se présente nue, un verre d’eau à la main, pour réaliser le rêve absurde de son mari.

Voilà où mène ce système du Beni 3amisme, du 3amisme de Ta3zam et de l’A3ma. Une Algérie qui se prive de ses meilleurs penseurs, qui réprime ceux qui disent la vérité, et qui préfère la façade aux réformes profondes. Boualem Sansal, comme Kamel Daoud avant lui, est une victime de ce système. Mais leurs plumes, trop lourdes pour être effacées, laissent des traces que l’histoire, elle, ne pourra pas laver.

NB : Pour nos amis francophones : Beni 3amisme désigne l’esprit de clan (issu de l’expression Beni 3ami, les fils de mon oncle). 3amisme évoque une relation paternaliste ou protectrice (de 3ami, mon oncle). Ta3zem fait référence à la magie, et La3ma symbolise l’aveuglement.

Za3im

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Il est temps que le passé cesse de dévorer le présent et d’hypothéquer l’avenir ! 

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Tebboune se recueille à El Alia.

Aussi glorieux soit le passé, s’il n’est pas convoqué pour mieux valoriser l’avenir, il sera toujours un fardeau pour le présent, et empêchera la compétition générationnelle de se faire au profit d’un avenir radieux et mieux construit.

En effet, continuer à dire que le passé révolutionnaire, ou un autre, est le seul à même servir de terreau pour toute glorification inhibe toute vision lointaine et réduit le champ d’action de ceux qui ont pour véritable vocation de bâtir le présent qui lui-même servira de socle pour l’avenir.

Surtout quand ce passé sert surtout à distribuer une rente et à privilégier une partie du peuple au détriment des autres, au motif que la légitimité révolutionnaire est éternellement indétrônable.

Kamel Daoud, puisque c’est lui qui fait l’actualité actuellement, a été agréablement surpris de découvrir et d’écrire (ce qui lui a valu de fortes inimitiés) lors de son voyage au Viêtnam qu’il n’y avait aucun ministère des combattants, et encore moins des ayants-droits à n’en plus finir.

Leur révolution, symbolisée par la bataille Dien-Bien-Phu qui a ébranlé les certitudes du colonialisme et posé les jalons de la décolonisation dans le monde entier, est restée comme simple date historique, rayonnante bien sûr et source de fierté nationale, mais le présent et l’avenir n’y sont jamais arrimés de manière inamovible.

Le risque des privilèges tirés sur des décennies par des révolutionnaires est que les nouvelles générations ne croient plus à leur idéaux, car il les voit comme de simples fonctionnaires rémunérés pour une mission qu’ils ne cessent eux-mêmes de définir par le vocable de « devoir ».

Et quand leurs descendants sont aussi récipiendaires des mêmes subsides, la pilule ne passe plus auprès de leurs contemporains qui ne s’y reconnaissent plus et finissent par désespérer de tout ce qui vient de l’Etat.

Il est primordial, voire vital, de traiter les gens sur le même pied d’égalité et qu’ils aient les mêmes chances dans tous les domaines, sans qu’aucune autre considération que la compétence et l’honnêteté ne s’y immiscent.

Même les révolutionnaires concernés en sortiront grandis, glorifiés et portés au panthéon, car leurs actes passés seront ainsi perçus comme sacrifices faits pour leur nation, dans le désintéressement le plus total, et non pour de quelconques revenus pécuniaires ou matériels. Ils gagneront ainsi une aura de grands héros que personne ne pourra leur disputer.

Le passé doit servir de rampe de lancement pour le progrès au profit des générations présentes et futures. Il ne doit pas se servir avidement en dévorant tout sur son passage.

La génération présente comprendra subséquemment qu’elle pourra, elle aussi, servir d’exemple pour celles à venir, en étant maître et « héroïne » d’une autre révolution : à la fois politique, économique, industrielle, culturelle, technologique, scientifique, etc.

Il est inconcevable de jouer aux dés avec le temps. Il faut respecter la conjugaison de chaque temps.

Le passé ne doit pas empiéter sur le présent, et ce dernier ne peut faire que se surpasser pour se réaliser et se projeter dans le futur en tirant le meilleur du passé.

Il faut laisser chaque génération vivre son temps. Les liens intergénérationnels se feront tout seuls, naturellement.

 Ce n’est qu’ainsi que l’espoir renaîtra, le véritable amour de la patrie l’emportera et que la harga cessera !

Youcef Oubellil, écrivain

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Loi de finances 2025 : la Cour constitutionnelle invalide 4 amendements votés par les députés

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Cour constitutionnelle

La Cour constitutionnelle a déclaré recevables, ce jeudi, les deux saisines portant sur les quatre amendements de la loi de finance 2025, présentées par le président du Conseil de la nation, Salah Goudjil, et le Premier ministre, Nadir Larbaoui, le 16 novembre.

Le président du Sénat et le Premier ministre ont décidé des saisir la haute juridiction constitutionnelle, pour faire invalider des amendements apportés par les députés aux articles 23, 29, 33 et 55 de la loi des finances 2025 car jugés contraires à la loi fondamentale du pays.

Les amendements litigieux portent sur des augmentations de taxes et de taux d’imposition, ainsi qu’une augmentation de la taxe sur les véhicules utilitaires.

Dans le texte publié au Journal officiel n°77, la Cour constitutionnelle a rappelé que sa décision a été prise conformément à l’article 147 de la Constitution qui dispose qu’il « est irrecevable toute proposition de loi ou amendement présenté par les membres du Parlement ayant pour objet ou pour effet de diminuer les ressources publiques ou d’augmenter les dépenses publiques, sauf si elle est accompagnée de mesures visant à augmenter les recettes de l’Etat ou à faire des économies, au moins, correspondantes sur d’autres postes des dépenses publiques ».

L. M.

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Saïd Chanegriha nomme le général-major Nacereddine Foudhil à la tête de la 3e région militaire

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Saïd Chanegriha et le général-major Nacereddine Foudhil

Saïd Chanegriha, ministre délégué auprès du ministre de la Défense Nationale, a installé le général-major Nacereddine Foudhil, dans les fonctions de commandant de la 3e Région militaire, à Béchar.

La nommination du général-major Nacerddine Foudhil commandant de la 3e Région militaire vient en remplacement du général-major Mostefa Smaïli. Il y a deux jours, le même officier Mostafa Smaïli est promu à la tête du commandement des forces terrestres à la place du général-major Amar Athamnia.

Ces importants changements surviennent 48h seulement après la nomination de Saïd Chanegriha ministre délégué auprès du ministre de la Défense. Les autres régions pourraient connaître également des changements à leur tête.

La rédaction

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Hamid Mokaddem, « Chroniques de Kanaky » : 80 ans d’économie coloniale brûlés 

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Les Néo-Calédoniens sont en général fortement constitués, mais leurs traits sont peu agréables. Ils sont beaucoup plus noirs que les Polynésiens, beaucoup moins noirs que les nègres. Ont les cheveux crépus, le front peu évasé, les lèvres légèrement saillants, leur nez est épaté artificiellement.

Leurs oreilles sont largement percées au lobe inférieur. Ils n’ont pas les membres grêles des Australiens, leur barbe est fournie. Les enfants sont presque blancs à la naissance, les véritables albinos ne sont pas très rares. Parmi eux, il en est plusieurs qui ont des enfants vigoureusement constituer, C’est ce que nous pouvons lire dans la Revue Algérienne et coloniale du mois d’avril 1860.

C’est ainsi que la science coloniale présentait la nation kanak tout juste après 13 ans d’occupation. De ce lointain pays et à 17 700 km d’Alger, nous avons encore l’image de nos déportés de l’insurrection de 1871 et celle du bagne de l’île des Pins au sud de la Grande île.  L’Humanité du 1er juin 1904, informait sur le retour en Algérie de Mokhtar el-Hadj Mokrani après 33 ans de bagne.

Nouméa en fait ne s’était pas trop éloigné de nous. Dans les faits, le dernier soulèvement de mai-juillet de l’année en cours, nous a replonges dans ceux d’octobre 1988 et dont les prémisses ont débuté dès 1985 où au même moment et à l’autre bout du globe, le GIGN du ministre Edgard Pisani exécute froidement Machora et Nonnara du FLNKS.

Autour de cette histoire, il fallait attendre qu’une « amitié du bout du monde » soit présente au dernier SILA-2024 pour avoir enfin, entre les mains, un véritable document historique sur les « évènements » de Nouméa des derniers mois de mai et juillet derniers. Il est question d’un fils de travailleur immigré algérien, Hamid Mokaddem, philosophe, anthropologue et enseignant à l’Institut de formation des maîtres de la Nouvelle-Calédonie, auteur des Chroniques de Kanaky (Nouvelle-Calédonie). 13 mai -10 juillet 2024.*

A travers les 109 pages de textes, 34 photos et aquarelles (il est aussi artiste plasticien) auxquelles il joindra deux photos de son ami Bernard Haeweg, il retrace le quotidien qu’il a vécu et dont il a été témoin durant les 48 jours qui ont ébranlé le « porte-avion de la route impériale de l’axe indo-pacifique » (p. 5). Une terre, qui, au « nom de la France, on cautionne l’incompétence » (p. 5). La Kanaky est un nom à retenir, elle est bien cette terre où « il y a un peuple premier qui était déjà là, de la civilisation du Lapita depuis plus de 3000 ans », témoigne le poète et écrivain Kanak, Waixen Georges Wayewol. Ce n’est pas ce peuple de « mangeur » de marins venus de France réprimer la révolte des tribus de Monéo et de Mou durant la moitié du XIXe siècle colonial ou encore, ces officiers de frégates pénitentiaires accostant à Nouméa, afin de débarquer les « transportés » (bagnards) afin « d’accomplir des devoirs absolus de leur position » selon les termes du journal Akhbar du 19/8/1864. Il est presque désagréable de lire un tel témoignage, tout en nous référant aux techniques du journalisme français de l’école du Figaro, sans s’impliquer dans le référent historique bien commun aux peuples colonisés.

M. Mokaddem est clair : «Je n’écris pas pour satisfaire la curiosité impatiente. Je précise que de là où j’écris, vers 3 h du matin, on entend encore au loin les explosions des lacrymogènes » (p. 72). S’il a choisi ses 48 chroniques du dernier soulèvement kanak, c’est parce qu’il est « suffisamment philosophe pour prétendre ne pas faire de mes analyses une propagande à l’instar des mercenaires qui agissent en consultants pour les puissants de ce monde ! » (p. 72).

C’est à travers le regard de l’anthropologue de la société colonisée que nous traversons la capitale Kanak, entre les barrages-filtrants de la Petite-Normandie (quartier de l’auteur) et le quartier résidentiel de Tina-sur-Mer, où des barricades-forteresses protègent les « Blancs » de France et de Navarre venus s’enrichir sur le dos de la jeunesse kanak.

Les deux types de barricades «reproduisent les cartographies inégalitaires » (p. 31) qui décalquent aussi les clivages économiques sur des bases « ethniques ». La France des expansions capitalistes, puissances aux visages multiples, « marginalisent et mettent des populations dont les jeunes Kanaks urbanisés » (p. 31). La Kanaky n’est pas un territoire français. C’est une colonie. La nation kanak est une « civilisation de l’oralité où les savoirs et connaissances se transmettent de génération en génération », note encore Waixen Georges Wayewol. Mais la France d’Emmanuel Macron ne l’entend pas ainsi, elle préfère expérimenter en Nouvelle-Calédonie « la colonisation dans toute sa médiocrité » (p. 18) et la venue du « souverain empereur » à Nouméa, et après 18 h de vol n’a fait « qu’allumer de plus belle une nuit incendiaire » (p. 18).

Maki Wéa, un Kanak insurgé se souviendra que « lors de sa première venue en territoire kanak, il avait planté un cocotier à Hwadrillo (Ouvéa). A peine un an après, le cocotier est en train de pourrir » (p. 18). Finalement, tout ce qu’entreprend ce Caligula des finances est voué à pourrir (p. 18). « Il vient, voit et vide », notera Hamid Mokaddem. Et à son départ, en compagnie de son 1er policier de France et de Navarre, Moussa-Gérard Darmanin, des maisons appartenant à la bourgeoisie métropolitaine, venue faire du fric au soleil, sont incendiés à Kaméné (p. 18).

Devant un tel entêtement à maintenir les peuples océaniques sous la botte coloniale, Albert Einstein interviendrait bien pour rappeler que « seules deux choses sont infinies. L’univers et la stupidité de l’homme qui prétend tout savoir », lit-on dans le petit livre de M. Mokaddem.

L’œuvre du Caligula de France est de minorer le peuple originel et de briser les difficiles constructions des devenirs intercommunautaires, telles pour lesquelles milite Jean-Pierre-Taieb Aïfa, ce « descendant des transportés algériens » qui entend qu’une citoyenneté calédonienne composée est bien réelle et qu’il faut consolider (p. 20). Ils ne sont pas aussi nombreux ces descendants des quelque 2100 déportés algériens. M. Hamid Mokaddem a mené sa propre prospection d’anthropologue-historien et le démontra dans un ouvrage paru récemment.

Chroniques de Kanaky et après 35 ans du combat de Jean-Marie Tjibaou et de ses camarades, témoigne d’une situation que même « Achille aux pieds ailés ne pourra jamais rattraper la tortue » (p. 9). Dans une France gouvernée par l’incompétence des guichetiers de la finance, n’a rien fait pour se soucier des générations à la dérive.

D’ailleurs, c’est le même constat à faire pour l’ensemble des territoires colonisés. Les Kanak « plafonnent à un niveau de scolarité très bas, alors que les classes sociales supérieures européennes excellent vers le haut » (p. 9). La France serait encore plus belle avec la Nouvelle-Calédonie, selon les dires du Caligula du palais de l’Elysée. Elle le sera certainement, si elle foutait la paix à la future République de Kanaky ! Rétorquent la jeunesse révoltée.

Les officiels des palais parisiens, n’écoutent pas et « comment instituer un dialogue avec le monologue d’un souverain entêté » (p. 17). Les anciens du pays Kanak, de leur côté, « n’ont aucune emprise sur les jeunes. Ils ne sont plus dans leur écoute » (p. 17), et l’auteur des Chroniques se positionne aussi gravement à l’heure des combats de rues. « Je me dis aussi que je ne vais pas servir de pompiers aux incendiaires pour reproduire un système, cautionner un marché, dont les modèles de développement marginalisent la population déscolarisées Kanak ».

Une position de principe bien respectable, totalement à l’opposé de ceux qui s’affirment sur les plateaux TV comme « sapeurs-pompiers militaires » de l’Empire républicain. « La révolution Kanak est une émeute de racisme anti-blanc » et les Kanak « viennent coloniser la Nouvelle-Calédonie « blanche » ? » (p. 24). 40 ans de bureaucratisme politique, relève Hamid Mokaddem, ce sont les incendiaires qui siègent au plus hautes fonctions de l’État (p. 6) et décrètent les assujettissent les destinées des populations.

Moussa-Gérard Darmanin préfère, en enfant de supplétif de l’Algérie coloniale, évoquer « la main étrangère » de Bakou et de Pékin. Néfaste plagiat à l’algérienne ! Sur la terre de France et de Navarre, les médias à la solde des banquiers, projettent « les esprits dans le virtuel. Tournent en boucle les montages faussant le réel des télévisions nationales » (p. 8). Que propose Paris pour les jeunes Kanak de la très galactique Nouméa ? Hamid Mokaddem y relève « des banques, des ronds-points, des surfaces commerciales avec quelques échappatoires spirituelles telles que les Temples d’Assemblée de Jéhovah » (page 8). Des murs donc, pour y inscrire des graffitis de la colère et du dégoût.

La bureaucratie « démocratique » et macronienne ont réussies à découper le peuple en catégories « de populations composants des corps électoraux les opposants les uns aux autres » (p. 8). Une politique qui a choisi d’entuber la masse kanak dans le consumérisme du capitalisme, les censures et les corruptions en maquillant les jeux des négociateurs par la justification et l’embellissement de la pensée du théoricien du macronisme, le sieur Alain de Touraine, un social-démocrate du néo-libéralisme.

Nous saisissons, en finalité, que la contribution de Hamid Mokaddem nous éclaire un peu plus sur la cause anticolonialiste du peuple kanak. S’il y a eu des morts lors de la dernière révolte, c’est le fait de miliciens ou des gardes-mobiles eux-mêmes, apprend-on. A Nouméa « y a pas de fusils entre les mains des Kanak ». Les jeunes de Kanaky étaient face à trois compagnies CRS, 32 escadrons de mobiles, 160 GIGN, une quarantaine de Raid. Il ne manquait à cette armada, qu’un croiseur ou une frégate pour reproduire le nettoyage ethnique du 8 mai 45 en Algérie.

Aujourd’hui, pour que la paix revienne, cette paix-là elle s’appelle indépendance, pouvons-nous conclure avec l’écrivain kanak et ami de l’auteur des Chroniques de Kanaky, Waixen Georges Wayewol.

Mohamed-Karim Assouane, universitaire.

*- Hamid Mokaddem, Chroniques de Kanaky (Nouvelle-Calédonie) : 13 mai – 10 juillet 2024, La courte échelle. Editions transit, 119 p., prix : 13 euros.

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Si la médiocrité règne : pourquoi changer de cour ?

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Tebboune
Tebboune (79 ans), chef de l'Etat.

Dans une époque où la recherche du sensationnel et de l’apparence l’emporte sur la compétence réelle, il semble que le climat de médiocrité soit devenu la norme. Que ce soit dans les sphères politiques, économiques ou culturelles, la tendance actuelle semble être à la gestion de l’illusion plutôt qu’à la création d’un véritable changement. Mais alors, pourquoi changer de cours si la médiocrité et règne déjà ?

Certes, il est évident que ce système, fondé sur une succession d’erreurs et de compromis, a engendré des frustrations. Les citoyens, toujours plus nombreux à se détourner des institutions traditionnelles, se retrouvent dans une sorte de quête incessante du « moindre mal ». À cela s’ajoute le constat amer que ceux qui devraient incarner l’excellence, que ce soit à la tête des États ou dans le domaine culturel, semblent en décalage avec les réalités du terrain.

Mais faut-il, pour autant, fuir une cour qu’on perçoit comme médiocre pour sauter dans une autre qui, peut-être, ne sera guère plus brillante ? Ce dilemme, qui semble aujourd’hui omniprésent dans nos sociétés modernes, révèle une question fondamentale : si les dirigeants actuels échouent à incarner le changement, n’est-il pas préférable de rester et de tenter de transformer la situation de l’intérieur plutôt que de se réfugier dans l’apparente nouveauté d’un autre système qui, lui aussi, pourrait bien conduire dans la même impasse ?

Les exemples de sociétés en crise où les réformes ont échoué abondent. Les nouvelles solutions politiques ou économiques apparaissent souvent comme des remèdes pires que le mal, conduisant à des dérives autoritaires ou à des régimes où le pouvoir de pouvoir surpasse tout autre principe. Dans ces circonstances, se réfugie dans l’extrême ou dans des alternatives radicales ne semble plus être une solution. Au contraire, c’est par une remise en question profonde de nos propres engagements, valeurs et critères de jugement que la véritable transformation pourrait avoir lieu.

En définitive, se poser la question « Pourquoi changer de cour ? » soulève la réflexion suivante : faut-il vraiment quitter un environnement d’apparence corrompue pour se jeter dans l’inconnu, ou est-il plus préférable de travailler à une réforme interne ? Ce n’est pas en fuyant nos responsabilités que nous réussirons à sortir du cycle de la médiocrité, mais bien en réévaluant nos attentes, en exigeant davantage de ceux qui nous gouvernent, et en nous assurant que la compétence, l’intégrité et l’ engagement ne soit plus seulement des mots en l’air, mais des valeurs concrètes à appliquer au quotidien.

La vraie question n’est donc pas de savoir si nous devons changer de cour, mais bien si nous sommes prêts à assumer notre part dans le changement nécessaire. Se contenter de la médiocrité, c’est accepter que l’avenir soit façonné par l’indifférence et l’inaction. Mais si nous voulons véritablement que les choses changent, c’est à nous de transformer cette cour, de l’intérieur, avec rigueur et responsabilité. Parce qu’au fond, la médiocrité n’est pas une fatalité, mais un choix auquel nous pouvons mettre fin.

Ainsi se conclut cette chronique, qui, en offrant une réflexion sur le statu quo, invite chacun à envisager le changement autrement. Rester ou partir ? L’important est de ne pas se laisser envahir par la fatalité de la médiocrité, mais de chercher, chaque jour, à changer les choses pour le meilleur.

Mais alors, comment opérer cette transformation ? Il est facile de dénoncer les dérives, de pointer du doigt les insuffisances, mais la vraie question demeure : quels sont les leviers à actionner pour faire basculer le cours des événements ? Au-delà de l’indignation, il est nécessaire d’ouvrir la voie à l’engagement et à l’action collective. Cela commence par une implication active dans les processus décisionnels, même à petite échelle, dans la société civile, au sein des institutions, ou au cœur de nos propres communautés.

La transformation de la cour ne passera pas par une simple substitution des figures qui la composent. Elle nécessitera un changement profond des mentalités, des pratiques et des valeurs. Si nous voulons que nos dirigeants soient à la hauteur des enjeux actuels, il est primordial de rétablir la confiance, d’insister sur la transparence et de promouvoir une politique fondée sur le mérite et non sur les apparences. Chaque citoyen, chaque acteur du secteur public ou privé, doit être acteur d’un processus de renouvellement, prêt à affronter l’inertie du système et à relever les défis de demain.

Les solutions ne sont pas toujours spectaculaires ou immédiates. Elles résident dans les petits gestes du quotidien, dans la capacité à exiger l’excellence et à tolérer moins de médiocrité. Cela implique également un soutien inébranlable aux initiatives qui, loin de chercher à réformer à grands coups de symboles, œuvrent concrètement à l’amélioration des conditions de vie de tous, en se basant sur des principes de justice, d’équité et de développement durable. .

Changer la cour, c’est aussi admettre que la médiocrité n’est pas qu’une responsabilité des autres, mais qu’elle est aussi le reflet de notre propre passivité. Que ce soit par notre silence ou notre incapacité à exiger mieux, nous contribuons tous à maintenir le statu quo. La véritable révolution, donc, n’est pas celle des grands discours, mais celle de l’action quotidienne, là où l’on se trouve, avec les moyens dont on dispose.

Finalement, si la médiocrité règne, c’est aussi parce que nous l’acceptons. Tant que nous serons prêts à nous satisfaire du minimum, à tolérer l’incompétence, à ignorer les injustices, nous continuerons à nourrir ce cercle vicieux. Mais, si nous choisissons d’agir, de refuser la démission, de poser des questions et d’exiger des réponses dignes, alors ce système pourra réellement se transformer.

C’est là que réside l’espoir : dans la capacité de chacun à renverser les logiques de l’immobilisme et à créer un environnement où l’excellence, la compétence et la responsabilité soient enfin les véritables normes.

Le changement est possible, mais il commence par une prise de conscience collective. Alors, au lieu de fuir la médiocrité en changeant de cour, exigeons-nous si nous ne devrions pas plutôt transformer la cour elle-même, avec audace, détermination et l’engagement inébranlable d’un avenir meilleur.

Ainsi se termine cette réflexion sur la médiocrité et le changement. Loin de nous résigner à un destin déjà écrit, il appartient à chacun d’entre nous de tracer un chemin nouveau, plus juste et plus éclairé, à travers la cour que nous fréquentons. C’est dans cet effort quotidien qui réside, à terme, la clé d’une véritable transformation.

Ce changement, cependant, ne sera pas immédiat. Il s’agit d’un processus qui nécessitera du temps, de la persévérance, mais aussi une remise en question constante. L’important est d’instaurer un environnement où les décisions, grandes ou petites, sont guidées par la transparence, l’équité et une réelle volonté de progrès. Les dirigeants du futur ne se contenteront pas de réagir aux crises, mais anticiperont les problèmes avant qu’ils ne deviennent insurmontables.

Les jeunes générations jouent un rôle clé dans ce renouvellement. Les réseaux sociaux et les nouvelles technologies permettent aujourd’hui de faire entendre des voix qui étaient autrefois réduites au silence. Si ces plateformes peuvent être le théâtre de la division et de la polarisation, elles peuvent aussi devenir un outil puissant pour mobiliser, dénoncer les injustices et forcer les institutions à rendre des comptes. C’est un appel à l’action qui dépasse les murs des salons politiques et trouve un écho direct dans les rues, les écoles et les espaces de travail.

En réalité, la transformation de la « cour » repose sur un facteur fondamental : l’éducation. Une population éclairée, bien informée et capable de discerner le vrai du faux, l’utile du futile, aura un impact déterminant sur la direction à prendre. Il est donc crucial de promouvoir un système éducatif qui ne se contente pas de délivrer des connaissances, mais qui forme des citoyens actifs, conscients de leurs droits, de leurs responsabilités et de l’impact de leurs choix.

Derrière chaque révolution, qu’elle soit sociale, politique ou économique, il y a cette capacité de se remettre en question, de refuser de se contenter de l’ordinaire, de lutter contre l’injustice et l’inefficacité. Mais aussi de chercher des solutions alternatives, là où d’autres ne voient que des obstacles. Le changement de la cour, en fin de compte, sera le fruit d’une énergie collective, nourrie par l’espoir d’un avenir meilleur.

Cela n’exige pas que tout le monde devienne révolutionnaire. Parfois, de petites actions suffisent pour amorcer un changement en profondeur. Cela commence par des choix personnels et des engagements pris à l’échelle individuelle, mais qui, ensemble, forment un mouvement d’ensemble. Refuser la médiocrité au quotidien, que ce soit dans la vie professionnelle, personnelle ou publique, est le premier pas vers la création d’une société plus juste, plus compétente, et plus respectueuse de ses citoyens.

En conclusion, si la médiocrité règne et qu’elle semble être partout autour de nous, ce n’est pas parce qu’elle est inévitable. C’est parce que nous avons, trop souvent, oublié qu’une cour, aussi corrompue et stagnante soit-elle, peut être transformée. Et cette transformation commence par nous, par notre refus d’accepter la médiocrité comme norme. Par notre engagement quotidien à rendre la cour plus juste, plus équitable, et plus compétente, à la hauteur des défis de notre époque.

En sélectionnant de ne plus fuir, mais de se battre pour ce que nous méritons, nous pouvons réécrire l’histoire et transformer la cour en un espace de progrès et d’espoir. Voilà le véritable défi à relever. Le changement ne commence pas dans les grands discours, mais dans chaque action, aussi modeste soit-elle, qui pousse un peu plus loin les frontières de ce qui est acceptable. Alors pourquoi ne pas commencer dès aujourd’hui ?

Ainsi, cette chronique prend fin sur une note d’espoir et d’appel à l’action. L’engagement pour un avenir meilleur, plus juste, plus transparent, est entre nos mains. Il suffit de commencer, un geste à la fois, pour que ce changement se mette en marche.

« Le plus grand défi n’est pas de changer les choses, mais de changer la manière dont nous les percevons. » Albert Einstein.

Dr A. Boumezrag

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Tebboune-Chanegriha : quand le salarié recrute son patron !

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Tebboune /Chanegriha

Il y a souvent des situations insolites dans ce pays militarisé. Abdelmadjid Tebboune vient de nommer le général-major Saïd Chanegriha au gouvernement.

En plus il s’agit d’un ministre délégué auprès du président de la république. En résumé, le grand patron de l’Algérie est sous tutelle d’un homme de statut subalterne dont la carrière fut surtout dans des ministères aux choux farcis (l’expression est connue lorsqu’il s’agit de qualifier les secrétaires d’Etat et ministres avec une importance bien marginale politiquement).

Si le petit stagiaire d’antan a semblé être finalement le grand timonier du régime crypto-civil, il reste encore loin de la caste régnante. Son pedigree est bien modeste et les fils de la marionnette sont manipulés par les vrais patrons de l’Algérie. Le tout puissant patron du clan au pouvoir est pour le moment le vénérable Saïd Chanegriha (79 ans). Rien que ça !

Qu’a-t-il pris au président de nommer un puissant général-major dans un poste faussement sous ses ordres ? La décision a été annoncée par la presse comme une volonté de montrer l’union entre les militaires et le civil. En langage politique algérien, on nomme cela un lien de subordination dans le couple.

Dans un moment de durcissement du président dans les actions violentes contre toute velléité de liberté d’opinion, il fallait lui rappeler la charte du pouvoir militaire. Elle est dans le sens « Mon petit gars, on t’a nommé Prince, tu fais bien ton job de soumission du peuple mais attention de ne pas trop en faire et de penser qu’on va te laisser aller plus loin et que le pouvoir ne te monte pas à la tête ».

Le généralissime Saïd Chanegriha aura l’unique mission de proposer une gestion d’état-major. Que veut dire cela ?

C’est simple, les destinataires des circulaires ministérielles ont intérêt à exécuter les ordres sans même les lire et sans bouger une seule oreille. Une page blanche avec seulement une signature suffirait à leur dire ce qu’il faut exécuter sans même qu’ils en comprennent le sens.

Tebboune continuera à faire le paon dans ses apparitions publiques avec le tintamarre des tambours et drapeaux au vent. Mais un petit gars, accoutré en une tenue bardée d’une quincaillerie fixée sur le torse, les épaules et le képi sera toujours derrière pour le surveiller d’un œil.

Les Algériens savent que le regard est inévitablement aveuglé par cette quincaillerie qui brille au soleil.

Une lumière qui fait de l’ombre au président potiche.

Boumediene Sid Lakhdar

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Mali : le général Abdoulaye Maïga nouveau Premier ministre

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Goita et Maiga
Les généraux Goïta et Maiga

Le général Abdoulaye Maïga est le nouveau Premier ministre de transition du Mali. Il s’est illustré dans une diatribe à l’ONU contre l’Algérie.

La veille, les Maliens avaient appris de la même manière la révocation de Choguel Maïga et de tout son gouvernement. Révocation à laquelle il a réagi de manière offensive, dans la nuit, sur les réseaux sociaux. Après quelques jours de flottement, le rythme s’accélère : la nomination du général Abdoulaye Maïga était attendue. Il a été nommé par un décret signé du putschiste chef de l’État, l’autoproclamé général Assimi Goïta. La junte au pouvoir contrôle tous les leviers.

Le général Abdoulaye Maïga connaît déjà le poste, puisqu’il avait assuré l’intérim à la Primature lorsque Choguel Maïga avait eu des problèmes de santé.

Abdoulaye Maïga était jusqu’à mercredi soir ministre de l’Administration territoriale et porte-parole du gouvernement. Il ne fait pas partie des cinq militaires qui avaient mené le coup d’État d’août 2020, mais il a rapidement su gagner leur confiance, prendre de l’envergure et s’imposer en pilier du régime de transition. Ministre d’État, Abdoulaye Maïga est d’ailleurs passé du grade de colonel à celui de général en même temps qu’Assimi Goïta et que les autres militaires putschistes, au mois d’octobre.

Depuis plus de quatre ans, les Maliens ont appris à connaître son ton martial et ses « phrases chocs » parfois répétées à trois reprises, pour marquer l’auditoire. Une marque de style à laquelle s’est ajoutée l’expression « à bon entendeur, tant pis », récemment prononcée à la tribune des Nations unies, lors d’une diatribe contre l’Algérie.

Quels objectifs, pour combien de temps ?

Sa nomination n’est donc pas une surprise. Le général Abdoulaye Maïga a désormais la charge de former un nouveau gouvernement de transition. Avec quelles personnalités, quelles missions, et pour combien de temps ? Telles sont les questions qui se posent désormais.

Au ministère de l’Administration territoriale, Abdoulaye Maïga était un interlocuteur des partis politiques. Il avait également la charge de la supervision des processus électoraux. Alors que l’annonce de futures élections, notamment présidentielle, semblait proche, certains acteurs politiques maliens craignent que cette nouvelle séquence ne repousse encore la fin de la transition et le retour à l’ordre constitutionnel.

La rédaction avec Rfi

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