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Election présidentielle anticipée : Bensdira donne le coup d’envoi !!!

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Hier, lundi 2 juin 2025, l’influenceur algérien, Bensdira, installé à Londres lâche sa bombe : de l’urgence d’élections présidentielles anticipées.

L’individu est connu habituellement pour être le portevoix d’une frange de l’appareil sécuritaire. Et hier, il n’a fait manifestement qu’exprimer tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.

Tantôt avec Tebboune, tantôt contre lui, selon les circonstances depuis l’arrivée de ce dernier au pouvoir, il semble définitivement avoir pris son parti : Tebboune et son équipe sont devenus désormais un danger pour la nation dit-il. Le constat n’est pas nouveau. Nul besoin d’être un clerc pour comprendre la profonde crise multidimensionnelle qui ronge dangereusement l’Algérie.

Avant d’en arriver à cela, Bensdira évoque le danger réel que représentent les drogues médicamenteuses pour la jeunesse, « les cachets » comme on dit, et la carence ou la mollesse des autorités face à ce fléau qui menace la société. Là aussi, rien de nouveau dans la « nouvelle Algérie ».

Il enchaine, scandalisé, sur le fait que le chef de l’Etat ait accordé une audience officielle à Rodolphe Saladé, le Franco-Libanais d’origine syrienne patron de la chaine de télévision BFM TV et de la compagnie de transport maritime CMA ainsi qu’à l’artiste franco–algérien DJ Snake. Tebboune ayant fort à faire par ailleurs face aux défis actuels pour consacrer son temps à de telles activités argue-t-il. Mais Tebboune s’ennuie au palais d’El Mouradia ! Plus de visite importante. Et l’agenda présidentiel ressemble à un cahier à la rentrée scolaire.

L’influenceur conclut que le chef de l’Etat et son équipe ont failli et ont échoué sur tous les tableaux : éducation, économie, politique ; diplomatie etc.

Mais que peuvent bien signifier les allégations diffusées sur le web d’un Bensdira, d’un Abdou Semmar ou d’un quelconque autre influenceur, analyste, pseudo-analyste, journaliste ou pseudo- journaliste , opposant ou pseudo-opposant installés à l’étranger

En d’autres temps probablement pas grand-chose. Mais en ces temps d’oppression, de bouclage de l’espace médiatique, de laminage de toute velléité de la moindre activité politique, oui, ces personnages, les préoccupations qu’ils soulèvent et les débats qu’ils génèrent ont leur importance.

Oui ces voies sont vitales en ces temps difficiles car elles sont les seules qui osent exprimer la critique et la désapprobation. Bien sûr à partir de l’Europe car à domicile ce n’est plus possible. La vie politique est étrangement, affreusement, terriblement silencieuse plongée dans un coma profond !

Dans ce cas de figure en particulier, au moment où la maison Algérie est à l’arrêt sur tous les plans malgré les fanfaronnades des uns et des autres, chiffres du FMI et de la Banque mondiale à l’appui et chiffres réels du chômage et de l’activité des entreprises occultés, n’en déplaise au président et à son équipe, force est de constater que Bensdira n’a en rien exagéré. Pas plus que toutes les dernières voix critiques qui osent dire tout haut ce que le peuple pense tout bas.

Depuis 1962, année de l’indépendance, menée par une génération brillante qui a pu gagner face à la France et à l’OTAN, l’Algérie n’a jamais connu telle défaillance en matière de gouvernance jusqu’à menacer jusqu’à son existence. Nous sommes sous la direction d’une équipe dépourvu de tableau de bord et de boussole politico-économique. Sous Tebboune c’est l’improvisation quotidienne et des projections au doigt mouillé.

De ce fait, la question posée par Saïd Bensdira est d’actualité et elle mérite d’être posée : ne faut-il pas envisager sérieusement l’organisation d’élections présidentielles anticipées avant qu’il ne soit trop tard ?

Samia Naït Iqbal

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Universités algérienne et française : naufrages incontrôlés ou délibérés ?

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Université algérienne

L’article « L’université algérienne « en rose », dites-vous ? » d’Ahmed Rouadjia nous donne l’occasion de rebondir sur un sujet qui ne cesse de nous hanter depuis que le pouvoir d’Alger a décidé de façon unilatérale de remplacer le français par l’anglais. La déroute s’annonce encore plus dévastatrice que l’arabisation. C’est du suicide délibéré.

Tout enseignant responsable ne peut qu’adhérer à l’analyse percutante proposée par notre professeur retraité concernant la catastrophe de l’université algérienne. Une catastrophe volontairement initiée par des responsables politiques qui n’ont font qu’à leur tête, quitte à sacrifier des générations d’étudiants.

À cet égard, l’université française n’est pas en reste.

Ci-après, une petite colère adressée à mes collègues, en mai 2013, en guise de témoignage à contre-courant de certaines réformes décalées d’un terrain pédagogique exigeant ! Les journalistes de La voix du Nord, auxquels j’avais adressé le texte, s’étaient contentés de reproduire le dernier paragraphe (!?) Comme quoi, en France aussi règne une atmosphère de « j’menfoutisme » inquiétant au sein d’une élite censée jouer le rôle de locomotive intellectuelle !

Où va l’Université française ?  Réformes raisonnées ou aménagements kamikazes ?

Dans les années 1980, un vent de crise, pour ne pas dire de folie, soufflait sur l’Université algérienne. Cette crise avait commencé quand les représentants d’étudiants de filières « Sciences Exactes et Technologiques » s’étaient rendus chez le ministre de l’enseignement supérieur pour se plaindre de la difficulté de certains modules de physique, notamment celui de physique nucléaire (dénoté P013), dispensé en deuxième année.

À la suite de cela, notre ministre (Abdelhak Brerhi) eut l’idée « génialissime» de supprimer, de façon unilatérale, ce P013, perçu comme rempart infranchissable dressé sur le chemin de la réussite de certaines filières scientifiques ! (?) Toutes les tractations qui s’en suivirent pour mettre en garde nos responsables de cette façon de laisser le dernier mot revenir à des étudiants connus pour leur niveau moyen, pour ne pas dire médiocre, sont restées vaines. 

Toujours dans cette décennie annonciatrice de la folie intégriste des années 1990, des lois exhortant la généralisation de la langue arabe, en remplacement du français, furent appliquées de façon si anarchique et expéditive que, en à peine quelques années, l’Université algérienne laquelle, jadis, dispensait des cursus de formation de niveau universel, s’est retrouvée à livrer des fournées d’analphabètes bilingues, dans la plupart de nos centres de formations.

La raison est toute simple, l’Algérie n’avait pas les moyens d’une politique d’arabisation raisonnable, de surcroît irréfléchie. Les enseignants ayant pris la relève des francophones n’étaient pas assez formés pour faire face à l’immensité d’une telle tâche, et les étudiants qui arrivaient à la fac ne maitrisaient pas suffisamment le français pour s’accrocher aux derniers bastions « gaulois ». Ils s’engouffraient, de ce fait, en grande majorité, dans des sections arabisées plus que douteuses. Les enseignants francophones, quant à eux, n’avaient plus d’autres choix que celui de rendre le tablier ou de prendre le chemin de l’exil.

Les derniers débats concernant les propositions d’aménagements des programmes universitaires français appellent à quelques commentaires et interrogations, loin de toute empreinte démagogique, sur la mission de l’Université Française et la mutation perverse qu’elle subit depuis la réforme LMD. Laquelle réforme nous force, d’une année sur l’autre, à reléguer l’intérêt de l’étudiant aux dernières loges de nos préoccupations. À cet égard, il nous semble plus que nécessaire de formuler les questions de fond que soulèvent les réorientations qui se profilent et qui engagent non seulement l’avenir de pans entiers du système éducatif français, mais aussi celui de générations entières d’universitaires :

– En l’état actuel des formations proposées, a-t-on vraiment jaugé le niveau des étudiants qui sortent des lycées afin d’en localiser les lacunes et d’y engager les moyens nécessaires, à même de les combler ?

– Maîtrisent-ils suffisamment la langue de Molière pour nous permettre une deuxième langue en quantité frisant la surdose ? 

– Qu’en est-il alors de leur niveau d’anglais au sortir du lycée ?

Il est bien connu que la non-maîtrise d’une 1ère langue prend des contours de handicap majeur dans toute quête d’assimilation d’une autre. 

– Avons-nous le droit de nous contenter d’un cheminement de nivellement par le bas, des formations universitaires, tel qu’il semble être dicté par la haute hiérarchie, quitte à empiéter sur des valeurs déontologiques que le métier d’enseignant exige ?

– Niveau de formation n’est-il pas tributaire, en premier lieu, de ceux du Lycée, Collège et Primaire ?

– Que reproche-t-on donc à la langue française pour ainsi chercher à la noyer dans une hégémonie linguistique dont il est facile de percevoir les effets dévastateurs à long terme ? 

– Comment peut-on croire que remplacer le français par une autre langue est un gage de réussite et non d’échec, voire de chaos généralisé ?

Autant de questions sur lesquelles il est, me semble-t-il, urgent de se pencher si l’on veut éviter que la déroute du système éducatif algérien ne se reproduise en France.

Du Primaire à l’Université, le système d’enseignement français est souffrant ! Si rien n’est fait, à contre-courant des réformes proposées, il sombrera sous peu dans un état végétatif profond. Alléger les programmes de matières scientifiques dispensées en français, au profit d’une autre langue, conduirait à terme, à une euthanasie irréversible. J’espère me tromper !

Pourtant, à y bien réfléchir, des solutions existent. Parmi ces solutions, une idée partagée par la plupart des collègues des filières scientifiques consiste à combler les lacunes des bacheliers en proposant, dès la première année universitaire, une carte de modules de mathématiques, de physique et de chimie, reprenant les bases de trigonométrie, de calcul vectoriel ainsi que celles de l’analyse fonctionnelle dont l’assimilation constitue le prérequis par excellence à tout programme de sciences appliquées de niveau universitaire. 

Afin d’éviter tout impact psychologique négatif, il ne s’agit évidemment pas de faire perdre une année aux étudiants en proposant une sorte d’année zéro, mais de confectionner des programmes de remise à niveau adaptés et des enseignements complémentaires repartis avec équilibre et pertinence sur les deux premiers semestres des diverses filières scientifiques. Cela ne peut se faire que dès lors que l’idée d’une surdose en langues étrangères est abandonnée au profit des matières fondamentales.

Dans l’intérêt des étudiants, dans celui de l’Université française : Shakespeare oui, mais Molière d’abord !

Concernant l’Algérie, l’évacuation du français au profit de l’anglais est tout simplement suicidaire. Nous l’avons suffisamment mis en relief sur ces colonnes :

Il est temps que nos dirigeants retrouvent la raison pour redresser la barre d’un système éducatif qui ne cesse de péricliter. Ce n’est pas l’anglais baragouiné par quelques illuminés en mal de prestige qui l’en sauvera.

Kacem Madani

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Plaidoyer pour un régime déclaratif

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Tribunal d'Alger

Aujourd’hui encore, en Algérie, des citoyens s’exposent à des ennuis judiciaires et risquent même la prison rien que pour avoir exercé pacifiquement leur droit fondamental à s’organiser collectivement. Leur délit est d’avoir créé ou participé à des associations non agréées par l’administration.

Des poursuites peuvent ainsi être engagées à leur encontre pour « exercice illégal d’une activité associative », un délit artificiellement construit, et souvent qualifié de menace à l’ordre public, alors même qu’il s’agit d’initiatives citoyennes œuvrant à défendre des causes d’intérêt général et le bien commun.

A travers cette entrave majeure, il est évident que ce n’est pas l’activité associative, en soi, qui est sanctionnée, ni par ailleurs la nature des actions, souvent éducatives, sociales, culturelles ou environnementales. Mais l’absence de l’agrément administratif devenu un instrument de contrôle politique. En d’autres termes, ce n’est pas l’engagement qui est interdit, c’est l’autonomie. C’est cette volonté de s’émanciper du système politique et de refuser la caporalisation politique.

La bureaucratisation qui codifie l’exercice de la vie associative, fruit d’une logique de méfiance et de surveillance, constitue une profonde injustice. Son but est d’empêcher l’émergence d’une société civile vivante, critique, capable de proposer, de mobiliser et d’alerter. Cette volonté de caporalisation du tissu associatif n’est qu’un aspect dans une stratégie plus large de verrouillage de l’espace public et de neutralisation des forces autonomes.

C’est cette absurdité que certains citoyens dénoncent parfois jusqu’en s’infligeant le sacrifice extrême. Quand un homme s’immole devant le ministère qui symbolise la justice par excellence, c’est qu’il ne reste plus aucun espace d’écoute, aucune voie institutionnelle pour faire entendre une indignation légitime.

La solution est pourtant simple ; elle réside dans le passage du régime d’agrément à un régime déclaratif. C’est-à-dire en l’application effective d’un principe déjà inscrit dans la Constitution mais systématiquement contourné. En supprimant l’exigence de l’agrément préalable, la base juridique des poursuites tomberait d’elle-même. Une simple déclaration suffirait à créer une association, comme dans toute démocratie digne de ce nom.

L’adoption d’un tel régime constituerait un geste politique fort. Il contribuerait à désengorger les prisons en libérant des détenus injustement incarcérés, à alléger la charge de travail des magistrats et permettrait de tranquilliser de nombreuses familles. Mais surtout, il ouvrirait une voie politique nouvelle, apaisée, fondée sur la confiance plutôt que la suspicion.

La liberté d’association, tout comme la liberté d’expression, ne peut pas être une menace pour l’État. Elle est au contraire la condition d’une organisation solidaire de la société, l’expression d’une démocratie participative, d’une citoyenneté réelle.

Sa consécration permet aux citoyens de s’impliquer dans la vie de la cité, de débattre, promouvoir et bâtir ensemble un avenir commun. En la criminalisant, on ne fait que fracturer davantage la société et nourrir le ressentiment.

Refonder le lien entre l’État et les citoyens passe nécessairement par la reconnaissance pleine et entière de ce droit fondamental. Il s’agit là d’une exigence démocratique. Il est temps de cesser de gouverner par la peur et de permettre enfin à la société algérienne de s’exprimer et de forger elle-même son destin. Car une nation forte n’a rien à craindre de ses citoyens engagés. Elle a tout à y gagner.

Hamid Ouazar, ancien député de l’opposition

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Le Jnim mène des attaques simultanées à Tombouctou et intensifie ses opérations ailleurs

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Jnim Mali

Au Mali, après l’attaque du camp de Boulikessi (centre) qui a fait plusieurs dizaines de morts dimanche 1er juin, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans a ciblé quatre sites à Tombouctou ce lundi matin.

Peu après 10h locales, plusieurs habitants de Tombouctou indiquent à RFI avoir entendu une détonation puis des échanges de tirs. Moins de deux heures plus tard, le Jnim revendique une attaque kamikaze contre le camp militaire de la ville, puis des tirs sur l’aéroport, et la prise de deux postes de contrôle aux entrées nord et est de la ville. Une quadruple attaque simultanée, ou « complexe », selon le jargon militaire. Le Jnim n’a indiqué aucun bilan.

Selon plusieurs témoignages, les jihadistes sont parvenus à entrer à l’intérieur du camp militaire. Des établissements scolaires à proximité ont immédiatement été évacués, selon plusieurs témoignages.

Dans un communiqué, le gouvernorat de Tombouctou a rapidement confirmé des « tentatives d’infiltration du camp militaire » et « des obus lancés sur l’aéroport ». « Pas de dégâts majeurs », assure le gouvernorat. De son côté, l’armée malienne affirme avoir « déjoué » la « tentative d’infiltration ». « Les terroristes ont été vite mis en déroute par la promptitude de la réaction », indique le communiqué de l’état-major, qui évoque « treize terroristes neutralisés » et du matériel récupéré. Selon plusieurs sources, le commando suicide du Jnim était composé de six ou sept hommes, qui sont parvenus à tuer plusieurs soldats et à réaliser des dégâts matériels avant d’être abattus. Aucun bilan précis n’a pu être vérifié. 

Le gouvernorat et l’armée précisent que des opérations de ratissage ont ensuite été menées. Des tirs sporadiques ont encore été rapportés à RFI dans l’après-midi par des habitants. « Tombouctou est une ville morte, témoigne l’un d’entre eux, les commerces sont fermés et nous restons confinés chez nous. » 

Plus de 75 à 90 morts à Boulikessi

Hier, dimanche, c’est le camp militaire de Boulikessi, région de Douentza (centre), qui était attaqué par le Jnim. Sur les images diffusées par les jihadistes, les corps de militaires maliens tués au combat sont très nombreux. Plusieurs sources locales, y compris sécuritaire malienne, évoquent un bilan de plus de 75 à plus de 90 morts. Des soldats maliens, pour l’immense majorité, mais aussi des supplétifs russes de Wagner. Les jihadistes ont également diffusé des vidéos montrant plusieurs militaires maliens retenus prisonniers. Dans un communiqué, l’armée malienne a reconnu, sans préciser de bilan, l’attaque meurtrière de Boulikessi.

Le Jnim revendique par ailleurs une attaque à la mine contre un véhicule militaire opéré par Wagner entre Anefis et Kidal, et l’assassinat de deux soldats maliens à Konna, dans le centre du pays, ce lundi. Il y a dix jours, c’est le camp de Dioura, dans le centre, qui était décimé par les jihadistes du Jnim, avec une quarantaine de soldats tués. 

D’autres attaques de moindre envergure ont aussi été rapportées dans les régions de Ségou et de Koulikouro ces derniers jours. Les jihadistes du Jnim intensifient leurs opérations dans le pays et semblent déterminés à augmenter la pression sur l’armée malienne et ses supplétifs de Wagner. Dimanche, dans son communiqué sur l’attaque de Boulikessi, l’état-major demandait aux Maliens de « rester unis dans la cohésion et la prière », pour « soutenir » les forces de sécurité qui défendent la « souveraineté » nationale. 

RFI

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Didier Aubourg : « Écouter ce que le monde dit quand il se tait. Écouter les voix anciennes »

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Didier Aubourg
Didier Aubourg

Didier Aubourg, ingénieur de formation, n’est pas un auteur issu du monde littéraire classique. Son apport unique vient précisément de cette bascule tardive, presque initiatique, vers l’écriture, provoquée par une crise personnelle liée à la maladie.

Ce passage de l’univers rationnel de l’ingénierie à une expression littéraire très symbolique et poétique lui permet d’aborder la transmission du savoir sous une forme inattendue. Sa démarche évoque un pont entre science et mythologie, entre raison et intuition, entre technologie et spiritualité. Dans une époque marquée par le désenchantement et la fragmentation des savoirs, cette approche peut apparaître comme profondément réconciliatrice.

Dans Anunnaki – Murmures Cosmiques, Aubourg ne se contente pas de revisiter les mythes mésopotamiens, il les réinterprète comme des archétypes intemporels, des récits fondateurs qui parlent encore à l’inconscient collectif. Son texte, richement symbolique, s’apparente à une poésie cosmologique où les dieux primordiaux deviennent des métaphores des forces fondamentales de l’univers : chaos, ordre, création, mémoire, oubli. En cela, son texte se situe dans une veine proche de l’œuvre de Jean-Pierre Vernant ou Mircea Eliade, mais avec une sensibilité plus moderne, voire quantique.

Son écriture, portée par sa maison d’édition Murmures Cosmiques, participe d’une mouvance contemporaine où la poésie devient un support de pensée cosmologique et philosophique. Ce croisement permet à Didier Aubourg de toucher un public en quête de sens, de lien entre savoirs disparates et d’une vision intégrative du monde.

Son impact est profond auprès d’un lectorat composé de chercheurs de sens, de passionnés de mythes, d’amateurs de poésie visionnaire, de lecteurs ésotériques et de scientifiques ouverts aux dimensions philosophiques de leur discipline. Son œuvre s’inscrit dans un courant de pensée alternatif et exigeant, à la fois intellectuel et sensible.

En somme, Didier Aubourg n’écrit pas pour divertir, mais pour révéler, éveiller et transmettre, à la manière d’un « scribe du cosmos », selon ses propres mots.

Dans cet entretien, Didier Aubourg nous livre une réflexion profonde sur son parcours atypique, qui l’a conduit du monde de l’ingénierie à une écriture poétique et symbolique. Il évoque sa vision d’une transmission du savoir mêlant science, mythologie et spiritualité, et revient sur son ouvrage Anunnaki – Murmures Cosmiques, où il réinterprète les mythes mésopotamiens à travers une approche cosmologique et philosophique. À travers ses réponses, il dévoile son processus créatif, ses influences et son ambition de réconcilier des savoirs souvent perçus comme opposés, offrant une perspective originale sur la pensée contemporaine.

Le Matin d’Algérie : Qu’est-ce qui vous a poussé à passer de l’univers rationnel de l’ingénierie à une écriture poétique et symbolique ?

Didier Aubourg : Je n’ai pas quitté l’ingénierie, j’ai simplement changé d’outil. Là où l’équation modélise, le poème écoute. Depuis toujours, je suis fasciné par les extrêmes : l’infiniment grand, les origines de l’univers, la danse des galaxies, et l’infiniment petit, les particules, les quanta, les zones d’indétermination. Ces deux champs extrêmes nous parlent d’un monde invisible, mais bien réel.

Einstein disait que la science sans religion est boiteuse, la religion sans science est aveugle. Je fais mienne cette tension féconde. Pour moi, science et spiritualité ne sont pas opposées : elles avancent sur deux lignes parallèles, parfois si proches qu’on croit qu’elles vont se rejoindre. La poésie est peut-être l’espace entre ces lignes. Elle me permet d’exprimer ce que la logique ne peut pas démontrer, mais que l’intuition reconnaît comme vrai.

Le Matin d’Algérie : Votre ouvrage Anunnaki – Murmures Cosmiques revisite les mythes mésopotamiens. Pourquoi avez-vous choisi ces récits en particulier, et que représentent-ils pour vous ?

Didier Aubourg : Tout a commencé en classe de sixième, il y a longtemps. J’ai eu la chance d’avoir une professeure d’histoire-géographie passionnée, et les premiers cours de l’année portaient sur le berceau de notre civilisation : la Mésopotamie. Ce mot seul me faisait rêver. L’invention de l’écriture, la naissance des villes, les premières formes d’art, de religion, de justice… Pour moi, c’était une révélation.

Un peu plus tard, j’ai découvert l’Épopée de Gilgamesh, qui est sans doute la première œuvre littéraire de l’humanité. Ce texte m’a bouleversé. J’ai alors lu tout ce que je pouvais sur les Sumériens, les Akkadiens, les Babyloniens, les Assyriens. Plus j’avançais, plus je comprenais que ces civilisations anciennes avaient forgé des éléments fondamentaux de ce que nous sommes encore aujourd’hui.

Et puis il y a eu les mythes. Des récits d’une richesse inouïe, poétiques, profonds, vertigineux. Certains décrivent la création du monde avec des images d’une beauté sidérante, parfois plus évocatrices que nos métaphores scientifiques contemporaines du Big Bang. J’ai eu envie de transmettre cela. De faire connaître ces textes oubliés ou méconnus, non comme des vestiges du passé, mais comme des murmures encore audibles, pour peu qu’on sache les écouter.

Anunnaki est né de ce désir : faire dialoguer ces voix anciennes avec notre regard d’aujourd’hui, mêler le souffle du mythe à celui de la science, et redonner à ces textes leur pouvoir d’émerveillement.

Le Matin d’Algérie : Vous parlez de créer un pont entre science et spiritualité. Comment ces deux mondes, souvent perçus comme opposés, se rejoignent-ils dans votre travail ?

Didier Aubourg : Je ne crois pas qu’ils soient opposés. La science m’aide à comprendre comment les choses fonctionnent, mais elle ne dit rien de ce que je ressens face au mystère de l’existence. Et inversement, la spiritualité ne me donne pas de lois physiques, mais elle m’aide à rester relié à quelque chose de plus grand.

Dans Ce que l’univers murmure, j’ai essayé de faire dialoguer les deux. J’y parle de cosmologie, de mécanique quantique, mais aussi de silence, de lumière intérieure, de ce qui nous traverse quand on ne cherche plus à tout maîtriser.

Parfois, ce que je ressens en lisant un verset du Coran sur la création ou une parabole de l’Évangile est très proche de ce que je ressens en regardant une photo d’étoiles prise par un télescope spatial. C’est la même stupeur, la même impression d’être minuscule… mais vivant.

Je ne cherche pas à mélanger les traditions. Je les mets simplement en regard. Parce qu’elles ont, chacune à leur manière, tenté de dire ce que la science commence à peine à formuler autrement. Et la poésie, pour moi, c’est l’espace où ces langages peuvent coexister sans se contredire.

Le Matin d’Algérie : Votre écriture s’inspire de concepts scientifiques comme la théorie du chaos ou la mécanique quantique. Comment ces idées influencent-elles votre vision poétique ?

Didier Aubourg : Ça m’a profondément marqué. Je me souviens quand j’ai découvert la théorie du chaos : l’idée qu’un petit changement au départ peut tout bouleverser… Ce n’est pas du désordre, en fait. C’est une forme d’ordre qu’on ne voit pas tout de suite. Ça m’a fait penser à la poésie. Parfois, un mot, un silence, change tout le sens d’un texte. 

Et la mécanique quantique… Là aussi, c’est fascinant. Le fait qu’on ne puisse pas tout savoir en même temps. Qu’on doive accepter l’incertitude. Qu’un objet puisse être plusieurs choses à la fois, selon la manière dont on le regarde.

Ça m’a libéré. Dans l’écriture, je n’ai plus cherché à tout contrôler. J’ai accepté les zones floues, les choses qui se contredisent un peu. Ce que je ressens quand j’écris un poème, c’est souvent très proche de ce vertige-là. Une impression que tout peut basculer, qu’un mot peut changer l’équilibre, comme dans un système instable.

Le Matin d’Algérie : À travers votre maison d’édition Murmures Cosmiques, quel message souhaitez-vous transmettre à vos lecteurs ?

Didier Aubourg : Pour être franc, ce n’est pas une vraie maison d’édition au sens habituel. C’est juste moi, pour l’instant. J’ai essayé de contacter quelques éditeurs au début, mais c’est compliqué. Ils sont débordés, et je ne rentre pas forcément dans les cases.

Du coup, je me suis dit que j’allais faire ça moi-même. Et j’ai choisi ce nom, Murmures Cosmiques, parce qu’il me parle. Parce que j’ai l’impression que, malgré le bruit permanent dans lequel on vit, il y a encore des choses qui se disent doucement. Des choses qui ne crient pas mais qui comptent.

Ce que je publie sous ce nom, ce sont des textes qui prennent le temps. Qui ne cherchent pas à convaincre ou à faire le buzz. J’essaie juste de relier des choses que je sens proches : la science, la poésie, un peu de spiritualité aussi… et peut-être la mémoire, la trace qu’on laisse.

Ce n’est pas une entreprise commerciale. Je ne cherche pas à faire nombre. Mais si mes textes trouvent quelqu’un qui les entend vraiment, alors je me dis que j’ai eu raison de les publier.

Le Matin d’Algérie : Selon vous, quel rôle la poésie peut-elle jouer dans une époque marquée par la fragmentation des savoirs et le désenchantement ?

Didier Aubourg : La poésie, pour moi, est un lieu de résistance. Résistance au bavardage, à l’urgence, à la saturation des écrans. Elle ne cherche pas à convaincre, ni à plaire. Elle dit. Elle écoute. Elle tisse des liens que d’autres langages ont oubliés.

Dans un monde fragmenté, elle réunit. Elle ne simplifie pas, mais elle rend sensible. Elle permet de tenir ensemble la beauté et la douleur, le réel et l’invisible. Ce n’est pas un refuge, c’est un passage.

Le Matin d’Algérie : Quels sont vos projets en cours ou à venir ?

Didier Aubourg : Pour le moment, je n’ai encore rien publié. J’écris depuis longtemps. Mais tout est resté dans mes tiroirs jusqu’ici. Il y a des thrillers, une trilogie que j’ai intitulé Le Sorcier, une grande fresque historique sur Hammurabi, et aussi un entre un historien d’aujourd’hui et le roi Assyrien Assurbanipal

L’idée, maintenant, c’est de sortir tout ça petit à petit. D’essayer de les faire exister. À mon rythme.

Actuellement, je termine un nouveau recueil, Le Souffle et la Courbe. C’est un travail très important pour moi. C’est dans la lignée de Ce que l’univers murmure, mais cette fois les poèmes seront écrits directement, en cinq langues : français, anglais, arabe, espagnol et italien. C’est un gros projet, assez ambitieux.

Et puis j’ai aussi un projet pour un nouveau roman, sur une panne totale d’internet. Et là, je me demande : qu’est-ce qu’il reste ? Est-ce qu’on se retrouve ? Ou est-ce qu’on s’effondre avec ? J’essaie d’explorer ça, doucement.

Le Matin d’Algérie : Un dernier mot peut-être ?

Didier Aubourg : Écouter. C’est peut-être le mot qui résume tout. Écouter ce que le monde dit quand il se tait. Écouter les voix anciennes. Écouter ce qu’on porte en soi depuis toujours, mais qu’on n’a jamais pris le temps d’entendre. Et parfois, écrire, c’est simplement ça : essayer d’écouter autrement.

Et puis… si je peux me permettre un rêve un peu fou : marcher sur la terre de Sumer, d’Akkad, de Babylone, de Ninive. Même s’il ne reste que des ruines, de la poussière et des noms. Ressentir les lieux. Me tenir là où d’autres ont rêvé les premiers récits du monde. Juste pouvoir dire : j’y suis allé.

Entretien Réalisé par Brahim Saci

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Rodolphe Saadé chez Tebboune : simple rencontre économique ou manœuvre diplomatique ?

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Tebboune Saadé

Le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, a reçu dimanche à Alger Rodolphe Saadé, président-directeur général du groupe maritime français CMA CGM, leader mondial du transport maritime de conteneurs. La rencontre, à laquelle ont assisté le directeur du cabinet de la présidence, Boualem Boualem, et le ministre des Transports, Saïd Sayoud, suscite de nombreuses interrogations quant à son timing, ses motivations et ses objectifs.

Un rendez-vous à forte portée symbolique

À en juger par la présence du ministre des Transports à la réception présidentielle accordée à l’homme d’affaires français, il s’agirait d’un échange autour du renforcement des investissements et de la coopération dans le secteur des transports maritimes, un domaine stratégique pour l’Algérie, qui cherche à moderniser ses infrastructures portuaires et à améliorer la fluidité de son commerce extérieur. Présente en Algérie depuis plusieurs années, CMA CGM apparaît comme un acteur clé pour appuyer cette ambition.

Mais au-delà de l’aspect économique, c’est la dimension politique de cette visite qui retient l’attention. Rodolphe Saadé n’est pas un homme d’affaires comme les autres. Proche du président français Emmanuel Macron et à la tête de gros médias français, il est souvent présenté dans les médias comme l’un des relais officieux de l’Élysée dans les cercles économiques et diplomatiques à l’étranger. Dans un contexte de relations tendues entre Alger et Paris, sa présence à la présidence algérienne ne peut qu’alimenter les spéculations.

Vers une médiation discrète ?

Depuis plusieurs mois, les relations entre la France et l’Algérie traversent une phase de crise inédite, marquée par des différends persistants sur la mémoire coloniale, les questions migratoires et un manque de synchronisation diplomatique. L’affaire de l’enlèvement d’Amir Dz en région parisienne fin avril 2024 est venue percuter de plein fouet la dernière tentative de réchauffement entre les deux capitales. La crise a atteint une telle intensité que les ambassadeurs respectifs des deux pays ont été rappelés, et que les gouvernements ont procédé au renvoi réciproque de près de 30 diplomates.

Dans ce climat glacial, la venue de Rodolphe Saadé pourrait-elle s’inscrire dans une tentative de médiation informelle, à la demande de l’Élysée ? La question mérite d’être posée. L’homme d’affaires, dont l’influence dépasse largement le monde maritime, pourrait être chargé d’initier un canal de communication indirect entre les deux capitales, là où les voies traditionnelles semblent aujourd’hui bloquées.

Une stratégie algérienne de diversification des partenaires ?

D’un autre point de vue, cette rencontre pourrait également témoigner d’une volonté algérienne de maintenir une forme de dialogue économique avec la France, en dépit des tensions politiques. En recevant un capitaine d’industrie au profil international, le président Tebboune envoie peut-être un message clair : Alger reste ouverte aux investissements, mais sur des bases redéfinies, respectueuses de sa souveraineté.

Le geste pourrait aussi être lu comme une façon de reprendre l’initiative sur le plan diplomatique, en dictant les termes d’un éventuel « dégel » avec Paris à travers des acteurs économiques choisis.

Une visite à suivre de près

En l’absence de déclaration officielle sur la teneur exacte des échanges, les intentions réelles derrière cette réception présidentielle restent, pour l’heure, dans le domaine des hypothèses. Mais dans le contexte actuel, rien n’est anodin.

Que l’on soit dans le cadre d’un lobbying économique ou d’une mission de bons offices,  la réception de Rodolphe Saadé par le président Tebboune illustre combien les lignes entre économie et diplomatie peuvent se brouiller lorsque les canaux traditionnels de dialogue sont grippés.

Les jours à venir permettront peut-être d’éclaircir les véritables enjeux de cette visite, qui, à défaut d’avoir été bruyante, n’en est pas moins lourde de signification.

Samia Naït Iqbal

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Rodolphe Saadé à Alger : CMA-CGM affiche ses ambitions en Algérie, le pouvoir lui déroule le tapis rouge

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Tebboune et Rodolphe Saadé

Le patron du géant maritime CMA-CGM, Rodolphe Saadé, a été reçu ce dimanche à Alger par Abdelmadjid Tebboune. L’événement, annoncé sobrement via un communiqué sur la page Facebook de la Présidence, masque à peine les enjeux colossaux qui se trament en coulisses : l’Algérie s’apprête à ouvrir ses ports aux ambitions du groupe français.

Après des années de flottement dans les relations bilatérales, Alger semble renouer avec les grandes manœuvres économiques… au risque d’une dépendance accrue à des multinationales étrangères.

Un premier voyage avorté, un deuxième sous haute surveillance

Initialement prévu pour le 15 avril, le voyage de Rodolphe Saadé avait été annulé à la dernière minute. En cause : un nouvel accès de tensions entre Paris et Alger, sur fond de déclarations malheureuses et de vieux contentieux mémoriels. Le retour à un dialogue plus apaisé, orchestré dans la discrétion, a permis la concrétisation de cette visite très attendue.

Rodolphe Saadé n’est pas un simple homme d’affaires. À la tête du troisième armateur mondial de transport de conteneurs, il incarne une France des affaires qui entend, malgré les remous politiques, préserver ses positions stratégiques sur le continent africain, notamment en Méditerranée.

CMA-CGM lorgne les ports algériens

Le contenu précis des discussions avec Abdelmadjid Tebboune n’a pas été communiqué, mais plusieurs sources concordantes évoquent des projets d’investissements massifs dans les infrastructures portuaires algériennes, notamment ceux de Djen Djen, Skikda ou encore Oran. Objectif pour CMA CGM : faire de l’Algérie un point de transit et de redistribution maritime vers l’Afrique subsaharienne, en concurrence frontale avec Tanger Med (Maroc) ou Port-Saïd (Égypte).

Un tel positionnement stratégique flatterait l’égo géopolitique du pouvoir algérien. Mais à quel prix ?

Une souveraineté portuaire en question

Derrière les sourires diplomatiques se pose une question cruciale : l’Algérie est-elle en train de brader sa souveraineté économique ? Depuis le code de l’investissement assoupli, les portes sont grandes ouvertes aux multinationales. Si l’entrée de CMA CGM peut apparaître comme un levier de modernisation logistique, elle pourrait aussi signer une perte de contrôle nationale sur des infrastructures vitales.

On se souvient que le port de Djen Djen avait déjà été l’objet de convoitises étrangères. Plusieurs analystes y voient un scénario à la « modèle émirati » : des terminaux portuaires hypermodernes… mais gérés, exploités, et largement profitables à des intérêts étrangers.

Des syndicats absents, une société civile muette

La réception de Rodolphe Saadé s’est faite sans concertation publique, ni débat parlementaire. Ni UGTA ni associations professionnelles patronales n’ont été associées à ce qui s’annonce comme un tournant logistique national. Ce silence interroge.

Quel rôle pour les travailleurs portuaires ? Quelle redistribution des revenus générés ? Quelles garanties de transparence sur les partenariats publics-privés à venir ? Autant de questions que l’État, fidèle à sa logique verticale, préfère esquiver.

Une stratégie française qui s’inscrit dans la durée

Cette visite s’inscrit-elle dans une dynamique plus large ? Celle d’un retour offensif de la France économique en Afrique du Nord. Déstabilisée par la montée des puissances turques, chinoises et émiraties, Paris compte sur des géants comme CMA CGM ou Total pour maintenir son influence. Rodolphe Saadé incarne cette stratégie douce, mais déterminée.

Côté algérien, le pouvoir encalminé et incapable d’imaginer un stratégie économique sérieuse, semble vouloir montrer qu’il reste attractif pour les capitaines d’industrie, et, malgré l’instabilité chronique et les incertitudes juridiques. L’ouverture aux investisseurs étrangers, vantée comme un « signal fort » par les proches du pouvoir, pourrait pourtant accélérer une mise sous tutelle économique de fait, dans un pays où les ressources sont mal redistribuées et l’État souvent incapable de défendre les intérêts de sa population.

Investir, oui. Mais pas à n’importe quel prix

L’arrivée prochaine de CMA-CGM dans le paysage portuaire algérien mérite mieux qu’un communiqué Facebook. Elle exige un débat national, transparent, et des garanties sociales et environnementales. Sans cela, l’Algérie risque d’ajouter un nouvel épisode à sa longue histoire de dépendances économiques… cette fois sous pavillon français.

G. D 

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Tunisie : une stratégie d’éloignement inhumaine, un pouvoir aux abois

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Le CRLDHT exprime sa plus vive indignation face aux récentes décisions des autorités tunisiennes consistant à disperser, sans aucun fondement juridique ni explication valable, les prisonniers politiques impliqués dans la soi-disant « affaire de complot contre la sûreté de l’État ».

Parmi eux, des figures majeures de l’opposition démocratique – MM. Ghazi Chaouachi, Issam Chebbi, Ridha Belhaj, entre autres – transférés brutalement dans des établissements pénitentiaires éloignés de leurs lieux de résidence et de leurs familles, répartis entre les prisons de Nadhour, Siliana, Borj Erroumi, Borj El Amri, le Kef, ou encore Bulla Regia. 

Ces mesures, intervenues après des condamnations aussi absurdes qu’indignes (jusqu’à 892 années cumulées de prison !), ne sont rien d’autre qu’un acharnement délibéré, visant à briser moralement non seulement les détenus, mais également leurs proches et leurs avocats.

Loin de répondre à une quelconque nécessité de sécurité ou de gestion pénitentiaire, ces décisions s’inscrivent dans une logique de rétorsion politique et de cruauté assumée : elles obligent les familles à parcourir des centaines de kilomètres, rendent les droits de visite encore plus difficiles à exercer, et compliquent gravement le travail des équipes de défense. 

Nous dénonçons avec force : – L’absence totale de notification préalable aux familles et aux conseils, en violation flagrante du droit tunisien et des normes internationales ;

  • L’intention manifeste d’isoler les prisonniers politiques, de les couper de leurs soutiens, et de museler les voix dissidentes ;
  • La multiplication des procédures abusives et des décisions arbitraires, qui témoignent d’un régime acculé, craignant jusqu’à l’ombre de ses opposants même derrière les barreaux. Le CRLDHT réaffirme son soutien indéfectible à ces détenus injustement incarcérés, à leurs familles, à leurs avocats, ainsi qu’à toutes celles et ceux qui, en Tunisie et ailleurs, continuent de se battre pacifiquement pour la justice, la liberté, et l’État de droit.
  • Nous appelons solennellement toutes les forces démocratiques, les organisations de défense des droits humains, les collectifs citoyens, les Tunisiens et Tunisiennes de France et d’Europe à se joindre au : 
  • RASSEMBLEMENT DE SOUTIEN AUX FAMILLES CONTRE L’ÉLOIGNEMENT DES PRISONNIERS Jeudi 5 juin 2025 18h30
  • Fontaine des Innocents, Paris 75001 Parce que l’éloignement ne fera jamais taire les voix libres.
    Parce que l’injustice d’un pouvoir aux abois ne saurait museler la solidarité des peuples.
    Parce que l’histoire retiendra toujours les noms de ceux qui, au cœur de l’arbitraire, ont tenu tête.
    Liberté pour les prisonniers politiques tunisiens !
    Halte aux persécutions et aux pratiques indignes !
    Rendez-vous le 5 juin, pour dire ensemble : assez !
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Affaire Fawzi Zekout : Riposte internationale appelle à une profonde réforme de la justice

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Fawzi Zekout

Riposte internationale dénonce avec la plus grande fermeté les graves dysfonctionnements de la justice algérienne, qui a perdu toute indépendance et crédibilité et toute vocation à protéger les citoyens.

L’affaire de Fawzi Zekout, qui s’est immolé par le feu devant le ministère de la justice algérien, est un cri d’alarme qui révèle le désespoir et la perte de confiance des citoyens dans l’institution judiciaire. Nous condamnons avec vigueur la répression et le harcèlement dont sont victimes les citoyens qui osent s’opposer au pouvoir en place.

La justice algérienne, au lieu de protéger les droits et les libertés, s’est transformée en un instrument de répression au service d’un régime autoritaire.

Nous exprimons notre solidarité avec Fawzi Zekout et lui souhaitons un prompt rétablissement. Riposte internationale appelle les acteurs du monde judiciaire à prendre conscience de leur responsabilité fondamentale dans l’équilibre d’un État de droit et à refuser de devenir les instruments d’une répression politique.

Nous exigeons une réforme profonde de la justice algérienne pour qu’elle puisse enfin jouer son rôle de protectrice des droits et des libertés.

Nous nous solidarisons avec toutes les victimes de cette justice aux ordres, ainsi que leurs familles. Nous nous associons à la famille et aux proches de Fawzi Zekout et leur exprimons notre soutien et notre solidarité.

P/ Riposte Internationale
Ali Ait Djoudi

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Marseille : des voix algériennes et méditerranéennes pour habiter le monde autrement

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Les rencontres de l'Echelle. Marseille

Elles viennent d’Alger, de Rabat, de Beyrouth ou de Suisse. Elles écrivent dans la langue de l’Autre, mais la retournent à leur manière, comme une arme douce, un cri sourd ou une main tendue. À Marseille, ces voix singulières — Sarah Haidar, Mouna Ouafik, Nasri Sayegh, Souad Labbize, accompagnées de la metteure en scène Maya Bösch — feront bientôt entendre une parole collective, entre création littéraire, performance et mémoire.

Pendant dix jours, dans un espace pensé comme un « centre des récits », ces auteur·rice·s d’aujourd’hui — souvent issu·e·s de la marge, des diasporas ou des périphéries — bâtiront une constellation narrative, traversée par les blessures et les promesses de la Méditerranée.

Une scène pour dire l’intime et le politique

Le projet, intitulé « Chantier des nouvelles écritures francophones », entend offrir une scène à des écritures minorées, souvent invisibles dans les circuits littéraires dominants. Il s’agit de faire entendre ce qui, d’habitude, ne s’entend pas : des récits d’exil, de corps féminins, de langues multiples, de résistances sourdes.

Chaque lecture devient une prise de parole. Chaque texte, une tentative de réappropriation du monde. Avec la complicité sonore de Maïa Blondeau, les mots prennent corps, les silences deviennent langage, les frontières se brouillent.

Sarah Haidar, autrice algérienne née en 1987, connue pour ses textes radicaux et puissants, retrouve ici Souad Labbize, poétesse née à Alger en 1965, installée en France, qui écrit « entre deux rives, entre deux silences », comme elle le dit. Deux voix algériennes, deux générations, mais un même refus de l’effacement.

Marseille, carrefour vivant

Dans cette ville-monde qu’est Marseille, la parole circule autrement. Ni colonisée ni figée. Elle se heurte, s’ouvre, se cherche. Le choix de cette ville n’est pas anodin : elle concentre à elle seule les tensions et les rêves d’un monde méditerranéen en recomposition.

Le projet est coproduit par la Friche la Belle de Mai, avec le soutien de la Région Sud, en partenariat avec l’agence Karkadé, engagée dans la promotion de nouvelles formes d’écriture francophone.

Faire récit autrement

À l’heure où les récits dominants écrasent les subjectivités et les nuances, ce projet littéraire et scénique propose un autre rapport au langage, au monde, à l’Histoire. Pas de grande fresque uniforme, mais une multitude de voix, de fragments, de langues blessées et fières.

Et peut-être est-ce là, dans cette polyphonie fragile, que réside l’un des grands enjeux de la littérature aujourd’hui : raconter ce que les archives officielles taisent, faire surgir ce que les frontières voudraient contenir, réconcilier mémoire et présence.

Djamal Guettala

Infos utiles 

Les Rencontres à l’Échelle sont une manifestation produite par les Bancs Publics

Friche la Belle de mai – 41, rue Jobin 13003 Marseille

www.lesrencontresalechelle.com

09 78 06 51 33

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