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En réponse à L’Express : « L’Algérie leur dit : chiche, passez à l’acte ! »

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L'Algérie
Les agences officiels répondent aux infos de L'Express

C’est le média public APS qui s’est chargée de répondre aux informations révélées par L’Express. Relayée par d’autres médias publics, l’APS s’est gardée de citer des sources, se contentant de commenter l’article de l’hebdomadaire français.

« Sans donner le moindre signe de ressaisissement qui est pourtant de mise, les officines françaises poursuivent la gestion des relations algéro-françaises par des fuites organisées de manière bien malhabile.

Hier, c’était au tour de L’Express de faire état d’une décision française qui serait en préparation visant à « geler les avoirs d’officiels algériens en réponse aux refus d’Alger de reprendre ses ressortissants frappés de l’obligation de quitter le territoire français ». Il est aussi question, selon cette fuite, de « geler le patrimoine d’officiels algériens en France par une interdiction d’accès à leurs propriétés ou à d’autres biens ».

La gestion par la France de sa relation avec l’Algérie n’est jamais descendue aussi bas. Elle n’a jamais tutoyé autant d’amateurisme. Elle n’a jamais atteint ces sommets dans le manque de sérieux. Encore une fois, tout cela porte la marque distinctive de responsables français qui n’ont que l’Algérie pour viatique politique.

En cette affaire, l’Algérie, son peuple, son Gouvernement et toutes ses institutions confondues leur disent chiche. Passez à l’acte !

Les auteurs véritables de ces menaces, qui ne peuvent provoquer de la part de l’Algérie que du mépris et de l’indifférence, devraient savoir à quoi s’en tenir en l’espèce. Ils ne s’adressent pas à l’Algérie réelle, mais à une Algérie fantasmée. Cette Algérie qu’ils n’arrivent à décrire que par des vocables tels que « régime », « pouvoir », « dignitaires » ou « nomenklatura ».

Cette Algérie-là n’existe que dans leurs délires et leur déraison. 

L’Algérie réelle, et non pas l’Algérie qui alimente leurs fantasmes, est tout autre. L’Algérie réelle est celle qui a sollicité l’entraide judiciaire de la France dans le cadre de biens mal acquis, sans l’obtenir.

C’est celle qui a saisi la justice française de cinquante-et-une commission rogatoire, sans obtenir une seule réponse. C’est celle qui a sollicité l’extradition d’individus convaincus de vols, de dilapidations et de détournements de fonds publics, ainsi que de corruption, sans obtenir satisfaction.

Par de tels manquements, les autorités françaises concernées se désignent elles-mêmes comme complices de toutes ces pratiques et comportements hors la loi. S’il s’agit de nettoyer les écuries d’Augias que la France commence par celles-ci. Elle y gagnerait en crédibilité et en sérieux. Car, pour l’heure, c’est ce dont elle a le plus besoin.

Avec APS

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Traduire l’Algérie : entre mémoire, fidélité et engagement

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Missouri Abbes 

C’est à l’occasion du séminaire qui s’est tenu à Marseille autour de la thématique « Les défis de la traduction de l’histoire : entre fidélité au texte et réinterprétation du passé, et les enjeux de la traduction durant la période coloniale » que nous avons eu l’honneur de rencontrer M. Missouri Abbés, professeur à l’université Djilali Liabès de Sidi Bel Abbès.

Spécialiste passionné de langue et d’histoire, il s’est distingué récemment par la traduction de l’ouvrage du Pr Djilali Abdelkader Chekroun, L’Histoire de l’Algérie, un texte dense, engagé, et profondément ancré dans la mémoire collective du pays. Dans cet entretien accordé au Matin d’Algérie, il revient avec sincérité et acuité sur les enjeux d’un tel travail : comment concilier fidélité au texte source et clarté pour le lecteur contemporain ? Quelle posture adopter face aux passages sensibles de l’histoire nationale ? Et en quoi la traduction, au-delà des mots, peut-elle devenir un véritable acte de transmission, de compréhension, et parfois même, de réparation ?

Le Matin d’Algérie : Qu’est-ce qui vous a motivé à entreprendre la traduction de cet ouvrage du Pr. Djilali Abdelkader Chekroun ?

Missouri Abbes : D’abord parce qu’il s’agit d’un ouvrage qui a trait à l’histoire de mon pays. En plus, il y avait toujours une complicité entre M. Chekroun et moi-même, et, à mon sens, ce sont des raisons qui m’ont motivé pour me lancer dans ce travail de traduction. Je suis aussi fasciné par l’histoire en général, et celle de mon pays en particulier.

Le Matin d’Algérie : Quels ont été les principaux défis rencontrés lors de la traduction de ce livre, compte tenu de la densité historique du contenu ?

Missouri Abbes : C’est surtout l’enchaînement des événements historiques qui m’a poussé à rester accroché à ce travail. Certes, il m’a pris un temps considérable, mais cela n’a pas de prix devant la sainteté de la tâche. À travers la lecture et la relecture de l’ouvrage, j’avoue que j’ai appris beaucoup de choses.

Le Matin d’Algérie : Comment avez-vous abordé la question de la fidélité au texte original tout en le rendant accessible à un public francophone contemporain ?

Missouri Abbes : En vérité, oser affirmer être resté fidèle au texte source ne peut être vrai. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il y avait des passages où je devais emprunter un autre chemin (après approbation de l’auteur, bien sûr) pour que les idées soient plus claires et plus concises. Quant au public, cela va de soi, car tout lecteur pourrait avoir une autre interprétation, notamment à l’égard des événements que l’histoire a toujours retenus.

Le Matin d’Algérie : Avez-vous privilégié une démarche littérale ou interprétative pour certains passages sensibles de l’histoire ?

Missouri Abbes : Plutôt une démarche interprétative en ce qui concerne ces passages sensibles, tout simplement parce que, tout au long du travail de la traduction, je me suis senti partie intégrante de l’histoire. En d’autres termes, et humblement, je me voyais dans cette histoire d’Algérie du fait que beaucoup de membres de ma famille soient des martyrs.

Le Matin d’Algérie : Le livre ouvre de nombreuses périodes historiques. Comment avez-vous géré la diversité des terminologies et des concepts historiques dans votre travail de traduction ?

Missouri Abbes : Sans peine, car il faut d’abord avoir une richesse linguistique en ce qui concerne la langue de départ (source) pour pouvoir maîtriser son sujet d’une manière efficace.

Le Matin d’Algérie : Quelle partie ou période de l’ouvrage vous a semblé la plus complexe à traduire, et pourquoi ?

Missouri Abbes : Difficile à traduire ? Non, je ne crois pas que c’était le cas. Cependant, ce sont surtout ces périodes qui m’ont marqué, plutôt m’ont bouleversé de par leur richesse en enseignements. Tout au long de la pratique de la traduction, j’avais comme l’impression de vouloir vivre des événements en dépit de leur caractère dur et marquant. L’histoire de l’Algérie demeure un mythe où des hommes ont marqué les temps de par leurs positions et sacrifices.

Le Matin d’Algérie : Selon vous, en quoi la traduction peut-elle être considérée comme une « fenêtre sur les cultures », thème de ce salon ?

Missouri Abbes : C’est surtout permettre à l’Autre de découvrir une histoire par le biais de la langue, car on apprend une langue pour pouvoir accéder à la culture de l’Autre et pouvoir traduire pour permettre à l’Autre de découvrir les vérités.

Le Matin d’Algérie : Comment la traduction peut-elle contribuer à une meilleure compréhension de l’histoire entre différentes communautés linguistiques ?

Missouri Abbes : C’est surtout une question d’implication. En faisant ce travail de traduction, non seulement on s’implique davantage, mais surtout on implique les autres. Les idées, les concepts et les dates permettent au lecteur de se ressaisir, de se remettre en cause, car, il faut l’avouer, avant toute lecture, les gens se faisaient des idées et portaient des jugements hâtifs, mais une fois qu’on se lance dans la lecture, beaucoup de choses changent.

Le Matin d’Algérie : Pensez-vous que traduire un texte historique implique une forme de responsabilité particulière par rapport aux faits et à la mémoire collective ?

Missouri Abbes : Absolument, c’est d’abord un engagement personnel et une responsabilité particulière, car, à ce moment-là où la fidélité au texte source interviendra. Le traducteur n’a pas le droit d’apporter des changements ou d’émettre un avis. Son rôle se limite à transposer les idées d’une langue à une autre tout en maintenant le contenu à sa forme initiale.

Le Matin d’Algérie : Comment percevez-vous l’évolution de la traduction historique à l’ère du numérique et avec l’émergence de l’intelligence artificielle ?

Missouri Abbes : L’IA est une mode innovatrice qui a tendance à disparaître un jour. Tout le monde s’est mis à cette mode. En ce qui me concerne, je conçois la chose différemment. Je garde mes anciennes pratiques. Toutefois, j’avoue que pour certaines pratiques, l’IA a beaucoup aidé les gens. Quant à la traduction, le concept est totalement autre. Entre une traduction faite à l’ancienne et celle où on introduit l’IA, la différence est de taille. J’aimerais toujours rappeler que c’est l’homme qui a créé l’IA, alors depuis quand une application pourrait détrôner l’intelligence humaine ?

Le Matin d’Algérie : Quels conseils donnez-vous à de jeunes traducteurs qui souhaitent se spécialiser dans la traduction des textes historiques ?

Missouri Abbes : À vrai dire, la traduction est à la fois un art et une passion. Traduire des textes historiques nécessite doigté, exemplarité, fidélité et surtout abnégation. Il faut surtout aimer ce que l’on fait. Faites-en sorte de maintenir une cadence ascendante où l’on apprend au fur et à mesure.

Le Matin d’Algérie : Que retenez-vous de votre participation à ce salon culturel à Marseille ?

Missouri Abbes : Sur le plan humain, c’était une expérience assez riche où j’ai pu croiser de bonnes gens de la trempe de M. Sellam, M. Hood, Mme Kasdi et vous-même. Aussi, j’ai pu découvrir l’engouement qu’ont les gens pour les traversées historiques. Ce salon m’a permis aussi de m’exprimer sur ce que j’aime (la traduction) mais aussi sur ce que je ne partage avec les autres, avec respect et humilité.

Le Matin d’Algérie : Quels échanges ou interventions vous ont particulièrement marqué lors des conférences et des tables rondes ?

Missouri Abbes : C’est surtout la manière avec laquelle M. Sellam a fait défiler les événements. J’ai été grandement impressionné par cette personne à qui je voue respect et grande considération. D’autre part, l’intérêt que le public a eu pour les thèmes évoqués m’a aussi fait un grand plaisir.

Le Matin d’Algérie : En quoi ces rencontres internationales enrichissent-elles votre travail de traducteur et de chercheur ?

Missouri Abbes : C’est surtout les divergences qu’on pourrait avoir sur certains points. En tant que traducteur/chercheur, ces rencontres m’ont permis d’avoir une autre vision sur la manière avec laquelle il est si important de savoir manipuler les textes historiques, notamment ceux qui présentent des amalgames et autres disparités.

Le Matin d’Algérie : Quels sont, selon vous, les prochains défis que devront relever les traducteurs dans le contexte méditerranéen ou maghrébin ?

Missouri Abbes : Afin d’encourager la découverte de l’Autre et surtout de s’aligner sur le concept du vivre ensemble, les traducteurs sont appelés à échanger les expériences et à se découvrir mutuellement à travers leurs productions.

Entretien réalisé par Djamal Guettala 

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Kamel Louafi, l’Algérien qui a dessiné les jardins du monde

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Jardin de Babylon - Kamel Louafi
Jardin de Babylon - Par Kamel Louafi

À l’occasion du jubilé des 25 ans de l’Exposition universelle de Hanovre, l’Allemagne rend hommage à l’un de ses créateurs majeurs : l’Algérien Kamel Louafi. Concepteur de plus de 600 000 m2 de jardins et d’espaces publics en 2000, le paysagiste célèbre l’art du jardin comme un pont entre Orient et Occident.

Vingt-cinq ans après l’Expo 2000 de Hanovre, la mémoire de cet événement majeur de l’urbanisme et de l’architecture paysagère continue de fleurir. Parmi les signatures qui ont marqué cette exposition, celle du paysagiste algérien Kamel Louafi occupe une place à part.

Né en Algérie et installé à Berlin depuis de nombreuses années, Louafi avait remporté en 1995 le concours international pour concevoir l’ensemble des jardins et places de l’exposition. En 2000, ce sont plus de 600 000 m² de surfaces végétales, minérales et symboliques qui avaient vu le jour sous sa direction.

Pour célébrer ce jubilé de l’EXPO 2000, une série d’événements est organisée à Hanovre tout au long de l’été 2025, entre autres.

Au programme :

– une excursion guidée dans les « jardins en mouvement » animée par Kamel Louafi le 1er juin à 12h00 à l’EXPOSEEUM (Expo Plaza),

– une conférence publique le 2 juin à 18h00 au GreenLab (Expo Plaza 9a),

– une exposition rétrospective, « Les Jardins de l’EXPO », visible du 28 juin au 26 juillet à la Galerie Kunstladen à Hanovre.

Une affiche dédiée accompagne l’événement (voir ci-joint).

Le jardin comme langage entre les cultures

Le parcours de Louafi est singulier. Formé en Allemagne mais ancré dans les traditions méditerranéennes et arabes du jardin, il conçoit ses œuvres comme des lieux de rencontre entre les civilisations. Pour l’EXPO 2000, ses références sont explicites : l’Alhambra andalouse, les jardins suspendus de Babylone, ou encore la pensée d’Héraclite, et son fameux aphorisme « tout coule ». De ces influences, Louafi tire une vision contemporaine du paysage où les cultures se croisent sans se diluer.

Son projet à Hanovre se distingue dans l’histoire des Expositions universelles par son ampleur, sa diversité et sa philosophie humaniste. Là où d’autres voient un simple aménagement, lui propose une lecture poétique et politique de l’espace : chaque jardin devient un chapitre d’un « livre de jardins entre Alger et Berlin ».

Une mémoire algérienne dans l’espace européen

Dans ses créations, Louafi insuffle un regard du Sud au cœur du Nord. À Hanovre, il a inscrit les cultures du monde dans la géographie allemande. Loin du folklore ou de l’exotisme, ses compositions traduisent une volonté de dialogue. Les pierres, les plantes, les allées parlent une langue universelle : celle de la paix, de la mémoire, et du respect de la diversité.

Cet anniversaire est aussi, d’une certaine manière, une reconnaissance du génie algérien dans le champ de l’architecture du paysage, souvent méconnu. En Allemagne, Kamel Louafi est une référence. En Algérie, son œuvre reste encore à découvrir pleinement, à la hauteur de sa portée artistique et symbolique.

Djamal Guettala

Infos pratiques :

📍 Hanovre (Allemagne)

🗓 Du 1er juin au 26 juillet 2025

– Excursion guidée : 1er juin 2025 – 12h00 – EXPOSEEUM / Expo Plaza

– Conférence : 02 juin 2025 – 18h – GreenLab, Expo Plaza 9a

– Exposition : 28.06 au 26.07 – Galerie Kunstladen

Plus d’infos : www.exposeeum.de | www.kunstladen.de

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Mustapha Yahi se retire de la direction du RND : un départ aussi énigmatique que précipité

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Mustapha Yahi
Mustapha Yahi

Le Rassemblement national démocratique (RND) tourne une page de plus. Mustapha Yahi, Secrétaire général du parti, a annoncé ce jeudi son retrait de la direction, invoquant des « raisons personnelles » pour justifier une décision aussi opaque que soudaine.

Lors d’une rencontre tenue au siège national à Alger, Yahi a également procédé à l’installation de la commission nationale chargée de préparer le septième congrès du RND, prévu d’ici la fin de l’année. La présidence de cette instance revient au député Moundher Boudène, qui assurera par ailleurs la gestion courante du parti jusqu’à la tenue du congrès.

Désigné à la tête du RND en 2022 en remplacement de Tayeb Zitouni — promu ministre du Commerce par le président Tebboune — Mustapha Yahi avait été perçu dès le départ comme un choix par défaut, davantage imposé qu’adoubé. Pendant son mandat, il n’a jamais véritablement imprimé sa marque ni affirmé un leadership à la hauteur d’un parti qui reste, sur le papier, la deuxième force politique du pays en termes de représentation parlementaire.

Son départ ouvre désormais une nouvelle phase, qui verra sans doute émerger une autre figure appelée à incarner la mission originelle de cette formation, souvent qualifiée de « crypto-parti-État ». Conçu dès l’origine comme une caisse de résonance des grandes orientations édictées par les centres de décision, le RND n’a jamais réellement échappé à cette fonction de relais docile du pouvoir exécutif.

Ce changement à la tête du parti ne relève donc pas d’un véritable renouveau, mais plutôt d’un jeu de chaises musicales au sein d’un appareil dont l’ambition se limite à jouer le rôle de porteur d’eau dans un paysage politique en pleine anomie. Le congrès de fin d’année ne devrait être, à cet égard, qu’un simple rendez-vous organique sans véritable incidence sur l’identité du RND, ni sur sa capacité à incarner une alternative politique ou à réconcilier la base militante avec quelque projet national de rupture démocratique.

Samia Naït Iqbal

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Marseille célèbre 20 ans de mémoire amazighe : le Festival Tamazgha, un espace de culture vivante

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Tamazgha

C’est une histoire de mémoire et de musique, de transmission et de résistance. Une histoire tissée sur les rives sud et nord de la Méditerranée, et qui, depuis vingt ans, prend corps chaque mois de juin à Marseille.

Du 11 au 14 juin 2025, la cité phocéenne accueillera la 20ᵉ édition du Festival Tamazgha, rendez-vous incontournable pour celles et ceux qui portent, célèbrent et réinventent la culture amazighe en diaspora.

Vingt années, c’est un cycle accompli. Celui d’un festival né dans l’ombre du silence, au lendemain des années noires et du déracinement. Un espace pensé non seulement comme scène artistique, mais comme lieu de parole, d’écoute et de réappropriation. À travers les chants, les langues, les formes graphiques ou les récits de vie, Tamazgha fait entendre ce que l’histoire officielle a trop souvent voulu taire.

L’art comme fil de transmission

Le programme de cette édition anniversaire est fidèle à cet esprit. Il s’ouvrira, le mercredi 11 juin, par un atelier de pratique musicale – lieu de passage de témoin, de gestes et de rythmes anciens. Le jeudi 12 juin, ce sera à l’écriture de se déployer : un atelier de calligraphie en tifinagh, l’alphabet amazigh, permettra d’entrer dans la matérialité des signes, dans ce qu’ils charrient de mémoire et de résistance.

Le vendredi 13 juin, la conférence de Farida Aït Ferroukh, musicienne et chercheuse, viendra poser des balises : celles d’un itinéraire musical entre les deux rives, entre les racines kabyles et les scènes urbaines, entre héritage et création. Une parole rare, à la croisée de l’intime et du politique.

Une constellation d’artistes pour un concert-mémoire

Mais c’est le samedi 14 juin, au Théâtre de la Sucrière, que la fête atteindra son apogée. Une grande soirée musicale réunira plusieurs générations d’artistes amazighs : Yelli Yelli, voix métisse et aérienne ; Ymaï, fusion aux accents poétiques ; Ideflawen, groupe historique engagé ; Hamid MatoubSi MohAli FerhatiChenoud, et Djaffar Aït Menguellet, héritier d’un nom, d’une parole, d’un combat.

Ce concert, loin d’être une simple célébration, s’annonce comme un moment de communion : une traversée musicale des vingt dernières années, des mémoires qu’on exilait aux identités qu’on affirme.

Tamazgha, territoire imaginaire et réel

Tamazgha, ce n’est pas seulement un festival. C’est un mot qui désigne un pays sans frontières étatiques : celui des peuples amazighs, dispersés, parfois niés, mais toujours debout. À Marseille, ce mot devient espace. Il devient scène. Il devient rencontre.

Alors que les vents de l’uniformisation soufflent toujours plus fort, le Festival Tamazgha persiste à opposer à l’oubli la force des voix, à l’effacement la beauté des langues, à la violence de l’histoire officielle les nuances de la culture vivante.

Djamal Guettala

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Examens du BEM et du bac : une cellule de veille pour garantir l’intégrité des épreuves

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Examen

À l’approche des examens de fin d’année scolaire, l’Algérie renforce son arsenal sécuritaire et préventif pour faire face au fléau de la triche, en particulier à travers l’installation d’une cellule de veille nationale.

Mise en place par la Cour d’Alger, cette structure inédite marque un tournant dans la stratégie des autorités pour sécuriser les examens officiels, en particulier le Brevet d’Enseignement Moyen (BEM), prévu du 1er au 3 juin, et le baccalauréat, qui se tiendra du 15 au 19 juin.

Une cellule de veille intersectorielle pour une surveillance en temps réel

Composée de représentants de plusieurs secteurs, notamment des services de sécurité spécialisés en cybersécurité, cette cellule de veille aura pour mission de suivre en temps réel le déroulement des examens et d’intervenir rapidement en cas de tentative de fraude ou de fuite de sujets. Elle regroupe également des représentants des ministères de l’Éducation, de la Justice et de l’Intérieur, créant ainsi une coordination intersectorielle sans précédent.

Cette initiative vise à prévenir les actes de triche devenus de plus en plus sophistiqués ces dernières années, notamment par l’usage de moyens technologiques tels que les oreillettes, les montres connectées ou les applications de messagerie.

Une mobilisation générale des institutions

L’installation de la cellule de veille s’inscrit dans une mobilisation plus large de l’État pour assurer l’intégrité des examens. Une campagne nationale de sensibilisation a été lancée à destination des élèves, enseignants et parents. Elle rappelle les risques juridiques encourus en cas de triche et insiste sur la gravité de ces actes, qui peuvent désormais être punis de peines de prison.

Dans toutes les wilayas du pays, des rencontres ont été organisées avec la participation de procureurs, d’experts en droit, d’agents de sécurité et d’associations de parents d’élèves. Les méthodes de fraude traditionnelles et électroniques y ont été exposées, accompagnées d’explications détaillées sur la loi de 2020, qui a renforcé l’arsenal juridique contre la triche.

Judiciarisation accrue des fraudes

L’article 253 du Code pénal punit sévèrement la publication ou la diffusion de sujets ou de réponses avant ou pendant les examens. Il interdit également l’utilisation de tout moyen de communication dans les centres d’examen et incrimine toute usurpation d’identité. Les peines peuvent aller jusqu’à l’emprisonnement, y compris pour les mineurs dans certains cas.

Cette évolution du cadre légal témoigne de la volonté des autorités de judiciariser les actes de triche, longtemps considérés comme de simples infractions administratives.

Des mesures strictes sur le terrain

En plus de l’action judiciaire et préventive, des mesures strictes seront appliquées dans les centres d’examen. Les candidats devront déposer tous leurs objets électroniques à l’entrée, et toute sortie après la remise des sujets sera interdite. Une demi-heure avant chaque épreuve sera dédiée à des consignes d’organisation et à un accompagnement psychologique, pour réduire le stress et prévenir les comportements frauduleux.

Samia Naït Iqbal

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Riposte Internationale dénonce les mesures qui visent le détenu d’opinion Larbi Tahar

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Le détenu d'opinion Larbi Tahar
Le détenu d'opinion Larbi Tahar visé par des pressions insoutenables.

Riposte Internationale alerte sur la situation du détenu d’opinion Larbi Tahar, en grève de la faim depuis presque 40 jours.

Une nouvelle mesure arbitraire et profondément préoccupante a été prise à l’encontre du défenseur des droits humains Larbi Tahar, actuellement détenu à la prison d’Abadla , la direction de la prison a notifié à la famille de M. Tahar qu’il a été sanctionné par la privation de l’ensemble de ses droits, y compris le droit de visite familiale, et ce, le jour même où des membres de sa famille avaient parcouru 500 km pour se rendre à l’établissement pénitentiaire où il est détenu.

Cette décision constitue une forme de répression ciblée et une violation flagrante des droits humains.

Cette mesure intervient alors que Larbi Tahar est en grève de la faim depuis 37 jours, ce qui aggrave encore plus sa situation déjà critique. La privation de ses droits, notamment le droit de visite familiale, est une forme de punition supplémentaire qui vise à briser sa détermination et à entraver son droit à un lien familial. Le fait que la famille ait parcouru 500 km pour rien, ajoute à la cruauté de cette décision et souligne la nécessité d’une action urgente.

Nous appelons à la solidarité nationale et internationale pour soutenir Larbi Tahar et tous les défenseurs des droits humains qui subissent des pressions et des répressions similaires. Il est essentiel que les organisations et les personnes engagées dans la défense des libertés fondamentales se mobilisent pour dénoncer ces pratiques et exiger la libération de Larbi Tahar et de tous les détenus d’opinion.

La communauté internationale doit agir pour mettre fin à ces violations des droits humains et garantir la dignité et la sécurité de tous les citoyennes citoyens ainsi que défenseurs des droits humains.

Paris le 29 mai 2 025

P/Riposte Internationale

Ali  Ait  Djoudi

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Des biens de dirigeants algériens en France visés par les limiers du ministère de l’Intérieur

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Macron et Tebboune
Macron et Tebboune, la glaciation.

Sur plus de 800 pontes du régime algérien ayant des intérêts financiers ou des propriétés, une liste d’une « vingtaine de dignitaires » est dans le collimateur des autorités françaises, révèle L’Express.

Voilà une décision qui pourrait faire monter de plusieurs crans la crise entre l’Algérie et la France. Le ministre de l’Intérieur français, Bruno Retailleau, évoquait auprès de L’Express la possibilité de geler des avoirs d’officiels algériens. « Il peut y avoir des mesures individuelles visant des dignitaires algériens, notamment, qui veulent mettre à mal nos relations bilatérales. Des mesures qui peuvent par exemple être patrimoniales », disait le ministre de l’Intérieur français en réponse aux refus d’Alger de reprendre plusieurs de ses ressortissants frappés d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

Selon des informations rendues publiques par l’hebdomadaire français sur son site, cette piste est aujourd’hui sérieusement explorée, tant à Bercy (ministère de l’Economie) qu’à Beauvau (ministère de l’Intérieur).

Une liste d’une « vingtaine de dignitaires » a été dressée. Ils occupent tous de hauts postes administratifs, sécuritaires et politiques en Algérie, tout en possédant des propriétés ou des intérêts financiers en France. Qui peuvent-ils bien être doit s’interroger la rue algérienne ?

« On estime que 801 membres de la nomenklatura algérienne ont des intérêts financiers en France et viennent en France régulièrement. Et ce sans compter les militaires », détaille cette source à L’Express.

Après les passeports diplomatiques, l’idée au sein du gouvernement français est d’utiliser cette liste de vingt dignitaires comme une arme de pression de dernier recours dans les négociations entre les deux pays. En effet, le premier coup de tonnerre a eu lieu le 16 mai dernier quand le Quai d’Orsay a menacé de suspendre un accord de 2007 permettant aux titulaires de passeport diplomatique de circuler librement entre les deux pays, sans visa.

L’escalade a débuté avec l’interpellation, le 11 avril, d’un agent consulaire algérien en France, soupçonné d’avoir participé à l’enlèvement du youtubeur Amir Boukhors sur le sol français, le 29 avril 2024. Alger y a répondu en expulsant, le 14 avril, douze agents diplomatiques français. Même sentence, le lendemain, à Paris. Enfin, le 11 mai, les autorités algériennes ont renvoyé d’autres fonctionnaires français.

La crise a commencé le 29 juillet 2024 quand la présidence française a annoncé a décision de reconnaître la marocanité du Sahara occidental. Il y a eu ensuite une série d’arrestation de nervis du régime en France qui menaçaient les opposants à Tebboune de représailles.

Puis survient l’incarcération de l’écrivain Boualem Sansal, le 16 novembre 2024 pour des déclarations qu’il a tenu sur un site de l’extrême droite française, qui remettaient en cause l’historicité des frontières ouest algériennes. Boualem Sansal, 80 ans, est depuis condamné à 5 ans de prison. L’Algérie a également opposé une fin de non-recevoir à toutes les demandes d’expulsion de ses ressortissants en France sous OQTF. Ce qui n’a pas été sans irrité les autorités de ce pays.

Aussi, Paris prévoit de publier sa liste de « vingt dignitaires » si Alger décide de nouvelles mesures hostiles. « Cela se ferait sur le modèle des oligarques russes », précise l’hebdomadaire français.

Mais il est difficile que cela puisse se produire. La raison ? Depuis 2006, le droit français prévoit que le ministre de l’Economie et le ministre de l’Intérieur peuvent par un décret conjoint geler les avoirs de personnes liées à une entreprise terroriste, « mais il est très douteux qu’on puisse parler de terrorisme dans le cas de l’Algérie », estime maître Renaud de l’Aigle, avocat spécialisé dans les affaires de gel des avoirs, rapporte encore L’Express dans son article.

Renaud de l’Aigle fait référence à un nouvelle disposition du Code monétaire et financier français, l’article L562-1, entré en vigueur le 25 juillet 2024. Cette mesure, votée dans le cadre de la loi contre les ingérences étrangères, prévoit que les ministres de l’Économie et de l’Intérieur peuvent également geler les avoirs des personnes qui commettent des « actes d’ingérence ». Un terme que la loi définit désormais comme un « agissement commis directement ou indirectement à la demande ou pour le compte d’une puissance étrangère et ayant pour objet ou pour effet (…) de porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation ». Le gouvernement français pourrait éventuellement, selon l’avocat, utiliser cette réforme pour geler le patrimoine d’officiels algériens en France. Ces dignitaires ne pourraient plus se rendre dans leurs propriétés ou leurs autres biens, ni utiliser leurs comptes bancaires, pour six mois renouvelables.

Encore faut-il, comme pour toute mesure administrative, justifier une telle mesure. Le gouvernement devrait alors démontrer que les personnes sanctionnées ont personnellement et intentionnellement porté atteinte aux intérêts français. Il pourrait s’agir de dignitaires placés dans la chaîne de commandement du renseignement algérien, mis en cause dans l’affaire Amir Boukhors, ou bien dans la chaîne de décision liée aux refus de laissez-passer consulaires.

En théorie. Car comme toute mesure de dissuasion, le but du gouvernement français est surtout… de ne jamais publier cette liste de vingt dignitaires, tant cette décision conduirait inévitablement à une rupture diplomatique irrémédiable. Tant le régime algérien est très chatouilleux dès qu’on évoque la France. Pour autant, tout dépend des noms des dignitaires, si ce sont ceux qui sont au centre de la décision, il faut s’attendre à un prochain fléchissement, mais si cela concerne des seconds couteaux, il est fort probable qu’ils soient sacrifiés.

Sofiane Ayache

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Burkina Faso : plus de 100 civils tués dans plusieurs villages dans le nord, l’armée et des VDP accusés

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La junte militaire
La junte militaire a commis des assassinats de masse, selon plusieurs organisations.

Mercredi 21 mai, plus de 100 civils ont été tués dans plusieurs villages des communes de Dori et Gorgadji, dans la région du Sahel, dans le nord du pays. Selon plusieurs sources locales jointes par RFI, ce massacre a été commis par un convoi de l’armée et des VDP. Parmi les personnes tuées figurent notamment des femmes, des personnes âgées et même des nourrissons. Des photos et vidéos authentifiées corroborent ces faits mais pour le moment, il n’y a eu aucune réaction officielle de la part des autorités du pays.

Le Burkina Faso vit à l’heure des escadrons de la mort de la junte militaire. « Ma femme et mon enfant de deux mois ont été tués », témoigne un homme à RFI. Il a aussi perdu sa sœur et son bébé de moins d’un mois dans ce massacre, qu’il attribue à l’armée burkinabè et aux volontaires pour la défense de la patrie (VDP).

« Dans ma famille, douze personnes ont été tuées », déclare de son côté un autre témoin. « Des femmes, des enfants et même des bébés attachés sur le dos de leurs mères n’ont pas été épargnés. Seuls ceux qui ont pu fuir ont pu échapper à la mort », nous confie-t-il.

« Ils m’ont laissé pour mort »

Un septuagénaire raconte, avec une voix triste et tremblante, avoir été blessé par balles. « Ils m’ont trouvé dans ma case et m’ont tiré dessus. Ils m’ont laissé pour mort, c’est pourquoi je suis encore en vie. Je loue la grâce de Dieu », conclus le vieil homme.

Selon plusieurs sources communautaires, entre Tafagou et Nobiol, 105 personnes ont été tuées. Les victimes ont ensuite été enterrées dans différentes fausses communes.

Les militaires et VDP mis en accusation dans ces massacres font partie d’un convoi qui revenait de la localité de Aribinda, en partance pour Dori, chef-lieu de la région du Sahel. Cette région est en proie à des attaques jihadistes depuis plusieurs années. Pour l’instant, aucune communication officielle des autorités n’a eu lieu sur ce nouveau massacre.

Avec RFI

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Violence, l’aïd, le sang et l’enfance : parlons-en, en toute innocence !

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Moutons importés de Roumanie
Des milliers de moutons importés de Roumanie.

Disserter sur la violence chez nous, c’est oser, à titre individuel, une introspection profonde de soi, tant les adeptes du bouddhisme, de la méditation transcendantale et autres Hare Krishna attitude ne constituent qu’une frange (elle existe bel et bien !) qui se recense en quantité négligeable, noyée dans une société dans laquelle ils sont bien rares ceux qui peuvent prétendre avoir su évacuer le caractère impulsif associé à une majorité écrasante de citoyens, y compris vous et moi, bien évidemment.

Quand bien même le degré d’irritabilité varie d’un individu à l’autre, il est fort probable que nous nous situions tous à des niveaux supérieurs à ceux des citoyens de la plupart des autres pays du monde, qu’importe l’échelle de quantification utilisée.

Même si la presse ne semble pas se préoccuper des racines de la violence, sinon la mettre sur le dos de l’islamisme et de l’antisémitisme, il est peut-être utile de scruter le rétroviseur de nos vies et tenter, à travers une self-analyse juste, d’essayer d’en cerner les origines et d’en identifier les sources, sans faire appel à une armada de psychosociologues attitrés et d’érudits en la matière. Se concentrer sur les étapes essentielles de sa propre vie est je crois la meilleure façon d’appréhender les éléments fondamentaux (exit l’école fondamentale) qui font de chacun de nous un agressif potentiel, constamment sur le qui-vive et prêt à en découdre, ne serait-ce que verbalement avec tout homo-sapiens qui ne souscrit pas à notre angle de vison de la vie et des turbulences qui secouent le monde des humains en permanence.

Concernant notre pays, moult analyses de ce fléau national s’accordent à le mettre sur le dos des envahisseurs qui se sont succédé sur nos terres. Ces occupants venus souvent de contrées lointaines auraient fait subir à nos gènes pacifiques une mutation singulière pour activer en chacun de nos ancêtres une espèce de réaction défensive spontanée laquelle se serait transmise d’une génération à l’autre, via un ADN ardent en permanente ébullition !?

Fantaisies que tout cela ! Car si cela était correct, comment expliquer que même les descendants de ceux qui ont fui les plaines pour se réfugier dans nos massifs montagneux, portent en eux les empreintes d’une violence potentielle que pourtant leurs aïeux ne leurs ont pas léguée ? Il est quasiment indéniable que mise à part cette violence islamiste qui ne nous concerne ni peu ni prou, nous les montagnards avons aussi appris à mimer tout le reste en termes de férocité.

Sans constamment revenir aux époques barbares où les uns massacraient les autres dans le seul but de confisquer leurs terres, il est utile de tenter quelque diagnostic de la violence d’aujourd’hui, celle que nous vivons depuis notre indépendance, celle que nos yeux ont vu et que nos corps et nos tympans ont connu, à travers nos proches, nos enseignants ou certains rituels où le sang coule à flots; celle que nos mains ont parfois administré et nos gosiers éructé envers nos propres enfants, si tant est que chacun de nous ose regarder le miroir de sa vie, de son enfance à sa maturité ! Après tout, diagnostiquer un mal, n’est ce pas le premier pas qui mène à la rémission ?

Les premières violences dont je me souvienne, en plus des raclées que je recevais de ma mère pour mater une turbulence chronique à 4-5 ans, ce sont celles de mon premier professeur d’arabe, à Alger, à la veille de l’indépendance, des gifles fortes qui nous faisaient voir les étoiles, juste pour une hemza oubliée au dessus d’un alif solitaire que pourtant nous apprîmes à ne pas perturber de la moindre nokta (alif our’inakdhara, (point de point sur le alif) chantonnait notre bienveillant cheikh el-djamâa, des années avant l’indépendance, ou peut-être à peine quelques mois auparavant !) En cette année 1961, à l’école de la rue Tanger (transformée depuis en appartements), nous eûmes la chance de connaître un vieil enseignant Français, lequel nous menaçait aussi, mais en nous faisant croire qu’une matraque qu’il surnommait Messaouda, était caché derrière le pupitre pour punir tout écart de comportement. 

Mais autant que je puisse torturer ma mémoire, cette Messaouda ne fut jamais utilisée. Ce fut juste une variante efficace de l’histoire du méchant loup qui se promène dans les bois et qu’on raconte aux enfants pour les faire apprécier le confort d’un lit douillet sous le regard attendri de parents bienveillants. Paradoxalement, la classe était beaucoup plus sage sous la menace d’une Messaouda fictive que sous les coups répétés et agressifs de ce prof d’arabe. Comme quoi, la psychologie de l’enfance est une affaire bien trop importante pour la confier à des brutes !

Des coups de poings soutenus portés à une femme par son mari, j’en ai vu souvent, ceux d’un oncle enragé pour une histoire de petites sucreries avariées et ceux d’un frère énervé par la non-vigilance de son épouse suite à une casserole d’eau brûlante que son fils avait malencontreusement manipulé pour se brûler au premier degré. 

Ces souvenirs d’enfance étalés, qui peut prétendre ne pas avoir subi ou été témoin de violences caractérisées inconcevables en plus de s’avérer souvent incontrôlables ?

Il n’est pas nécessaire d’être psychologue attitré pour conclure que la violence n’est pas une affaire de comportement spontané ou de caractère inné. Elle est le produit d’une transmission et d’une assimilation qui s’enclenche dès l’enfance !

Et à propos d’enfance, il est très instructif de lorgner du côté des sociétés qui s’efforcent d’évacuer toute empreinte d’animosité chez le chérubin dès ses premiers rapports avec les autres. Côté USA, on apprend aux petits enfants à l’école et dans la famille qu’il faut respecter les autres, qu’il ne faut pas en dire du mal et même qu’il ne faut pas les fixer du regard. Maintes fois j’ai vu une mère parler à son enfant et lui dire « Don’t stare at him! », « ne le fixe pas ainsi ! » (C’est à dire ne dévisage pas les gens ainsi !)

J’ai été témoin de nombreuses actions pédagogiques, où une maman interpelle son enfant qui s’adressait à un copain en élevant la voix : « Don’t yell at him like that ! » « Ne lui crie pas dessus comme ça ! » Tout récemment, j’ai récupéré mon petit-fils de deux ans et demi à la crèche. Dès qu’il m’a vu, il s’élance dans le couloir à toute vitesse pour venir vers moi. Une course effrénée que les intimations de sa maîtresse, sous forme d’une série de « Don’t run ! » fermes, n’ont pas réussi à ralentir.

Arrivée à notre niveau, la maîtresse le prend par la main, lui refait traverser le couloir en sens inverse en lui demandant de refaire le chemin qui mène à « Grand’pa » sans courir ! J’avoue que devant tant de pédagogie, j’avais l’air vraiment bête, moi qui ai baigné dans le milieu de l’éducation pendant plus de 40 ans ! Eh oui ! Contrairement à feu Chadli et à la plupart de nos hommes politiques qui prennent souvent un malin plaisir à matraquer « wahad ma ye3ttina eddarss, nahnou n’atloubou eddourrouss, yewmane ba3da yewmane ». Et c’est peut-être bien là que réside le drame de toutes les sociétés musulmanes, celui d’être réfractaires à toute forme d’éducation externe à celle véhiculée par un certain message …vide de toute pédagogie !

Tout ça pour dire que comme tout le reste, la non-violence s’apprend, s’assimile et s’intègre dès les premiers balbutiements de vie. Or, force est de constater qu’en Algérie comme dans tous les pays dits arabes, la violence est une sève dont on irrigue abondamment chaque étape de formation de l’individu, celui du mâle en particulier :

– Votre enfance est jalonnée de reproches sous forme de « Fais pas ci, fais pas ça !» hurlés à tout va, lesquels vous font rapidement croire que le monde appartient à celui qui sait gueuler le plus. Bienvenu dans le monde de la violence verbale !

– À un âge où vous prenez conscience du monde qui vous entoure et qu’une certaine lucidité commence à s’installer en vous, on vous coupe le zizi sous des youyous stridents qui vous donnent envie de faire péter la planète pour évacuer la violence d’une douleur que vous êtes le seul à ressentir tandis que tous les autres donnent l’impression de baigner dans un océan de joie absolue !

– Année après année, on vous habitue à voir couler le sang, et apprécier, en spectacle grandiose, ce rituel barbare appelé sacrifice du mouton. À ce propos, je me souviens qu’aïd sur aïd, pendant que tous les autres enfants de mon âge jubilaient devant cette pauvre bête que les Hommes allaient immoler, je me sauvais pour ne pas assister à ce sacrifice d’un mouton inoffensif, lequel, à peine quelques heures auparavant, broutait encore l’herbe que ma petite main innocente lui tendait. Un jour, ayant bien assimilé les étapes du rituel, et pour imiter les adultes, mon cousin, d’à peine un an de plus, a failli me zigouiller dans mon sommeil avec une lame gillette qu’il avait ramassé de je ne sais où. Sans la vigilance de ma mère, je ne serais pas face à cet écran ce soir pour rapporter l’anecdote. Eh oui ! l’enfant n’invente rien, il apprend à reproduire !

– À votre adolescence, ce sont vos premiers émois que vous êtes bien obligés de refouler face à une société cadenassée qui vous commande « de fille tu ne fréquenteras point, jusqu’au jour d’un mariage hallal et à point ! » Et là, pour la majorité des adolescents c’est une frustration de plus, la frustration de trop, qui peut faire basculer tout être fragile dans l’horreur quand la promesse de moult houris prend des allures de récompense divine accordée à toute vie dédiée à un dévouement aveugle pour Allah !

Est-il besoin de rajouter d’autres exemples pour nous convaincre que la violence n’est pas une manifestation innée mais qu’elle s’acquiert dès le bas âge à travers les interactions de l’individu avec la société dans laquelle il évolue et qui l’a (dé)formé ? Il aura fallu des myriades d’études conduites par des armadas de spécialistes pour trouver des moyens pédagogiques efficaces à même de construire des sociétés saines dans lesquelles les enfants apprennent très vite à interagir sans heurts et sans animosité afin qu’ils évoluent en citoyens aboutis et responsables. Pourquoi ne pas les imiter ?

Question idiote n’est-ce pas ? D’autant que :

– De Ben-Bella à Tebboune, nos présidents n’ont jamais su délivrer le moindre discours sans hausser le ton et gueuler à tout va.

– De Djamaa el-Kebir à Djemaa E’ssghir, nos imams ne font que débiter des hadiths auxquels ils ne comprennent rien, avec des cascades de hurlements à causer l’extinction du loup des bois !

– Les chefs de partis politiques, pour la plupart, ne font qu’éructer des reproches contre un pouvoir sourd, aveugle et muet !

Sans nous étendre sur les rapports parents-enfants qui se traduisent quasiment toujours par une surenchère de cris et de hurlements à tue-tête. Pour autant, peut-on accuser le peuple et lui faire porter l’entière responsabilité de ce fléau de société ? Je ne le pense pas ! Car, à tous les niveaux, force est de constater que dans les circuits du pouvoir, jusqu’au plus haut sommet de l’état, ceux qui sont censés nous gratifier du bon exemple de comportement serein en donnent quasiment toujours le pétulant !

Mais s’il faut un début à tout, alors que tout le monde s’y mette en commençant par éloigner dès le vendredi 6 juin, jour de l’aïd el-Kébir, un maximum d’enfants des lieux de sacrifice du mouton ! Un mouton auquel, ils se sont d’ailleurs attachés des journées durant, comme tous les enfants du monde s’attachent à une bête de compagnie !

Vœux pieux, bien évidemment ! Et c’est bien dommage ! Car imprégner un enfant de ces images de moutons égorgés et de ce sang qui coule à flots est le meilleur moyen de lui faire porter un regard tronqué sur le monde au fur et à mesure qu’il s’habitue à ne rien trouver d’anormal au fait que la barbarie fasse partie d’un jeu à pratiquer, à maîtriser à « excellency », tout au long de la vie….

Pensez-y !

Kacem Madani

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