Le chef de la diplomatie du Royaume-Uni, David Lammy, a annoncé dimanche à Rabat que le plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental était «la base la plus crédible» pour parvenir à une solution pour ce territoire. Cette déclaration marque un tournant dans la position britannique auparavant alignée sur le principe d’autodétermination de ses habitants.
Comme à son habitude, l’Algérie a réagi à cette déclaration du chef de la diplomatie du Royaume-Uni à travers un communiqué du ministère des Affaires étrangères, bien avant que le Front du Polisario ne dise un mot. Ci-dessous la dépêche APS qui reprend le communiqué des AE.
«L’Algérie a pris connaissance de la nouvelle position adoptée par le Royaume-Uni sur la question du Sahara occidental.
L’Algérie regrette le choix fait par le Royaume-Uni d’apporter son soutien au plan d’autonomie marocain. En dix-huit ans d’existence, ce plan n’a jamais été soumis aux Sahraouis comme base de négociation, de même qu’il n’a jamais été pris au sérieux par les Envoyés onusiens qui se sont succédés à ce poste. Ces derniers avaient tous relevé la vacuité de l’initiative marocaine d’autonomie et son inaptitude à offrir une solution sérieuse et crédible au conflit du Sahara occidental», indique le communiqué du ministère.
Le ministère rappelle qu’«en effet, le plan d’autonomie marocain n’a jamais eu pour vocation de servir de base de règlement politique à ce conflit», précisant que «ses visées ont toujours été d’occuper l’espace pour empêcher toute recherche d’un règlement sérieux, de permettre au Maroc de gagner du temps et d’accoutumer progressivement et graduellement la communauté internationale au fait accompli de l’occupation illégale du Sahara occidental».
«L’Algérie relève, néanmoins, que le Royaume-Uni n’a ni évoqué, ni apporté son soutien à la prétendue souveraineté marocaine sur le territoire du Sahara occidental et ne cautionne donc pas l’occupation illégale de ce territoire non-autonome au sens de la légalité internationale. Elle relève, également, qu’à l’occasion de la Conférence de presse, le Secrétaire d’Etat britannique a publiquement et solennellement réaffirmé l’attachement du Royaume-Uni au principe du droit à l’autodétermination», poursuit la même source.
«Au vu de cette double particularité de la nouvelle position britannique sur la question du Sahara occidental, l’Algérie forme le vœu, qu’en sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité, le Royaume-Uni continuera de tenir le Maroc comptable de ses responsabilités internationales et qu’il continuera aussi de veiller au respect de la légalité internationale et en particulier la doctrine des Nations unies en matière de décolonisation», conclut le texte du ministère.
Nous vous proposons avec l’aimable autorisation de l’auteur, quelques extraits du récit « Les larmes de Jimmy ».
6 août
« Tout est bancal, susceptible et vite rabiboché. Tu verras, c’est le soleil dans la nuit, la nonchalance. Bienvenue à toi. Raconte aux autres, dès ton retour, ce que tu as vu ! Les Grecs, les Numides, les Romains, les Africains, les Français et d’autres, l’Algérie est plus au monde qu’à l’Algérie. Tu vois, là, Notre-Dame de la Garde. Va voir sa sœur jumelle Notre-Dame d’Afrique. Entre les deux, ce n’est qu’une petite mer. » Nous sommes enfin sur le bateau.
Six fois le passeport est rentré et sorti de la pochette pour être scruté à chaque fois comme si le sort de la Nation en dépendait. Multiplier les contrôles, contrôler le contrôle. Je rencontre Sarah sur le pont supérieur arrière du navire Méditerranée qui quitte doucement Marseille pour Alger qu’il doit atteindre vingt heures plus tard. Elle vient vers moi, sourire immense et me demande ce qu’il faut pour faire une belle photo. Je passe la bandoulière de mon 40D par-dessus ma tête, lui tends l’appareil et lui dis : « tiens, la prochaine sera la bonne ». Elle rit, accepte le truc encombrant et prend une photo. Voilà, Sarah est ma porte d’entrée vers un pays à cette heure encore inconnu et lointain. (…)
Pas de lumière dans la salle, un clair de lune incertain. Un chaton miaule, un enfant pleure, les deux réclament du lait qu’on ne tarde pas à leur donner. Je n’y tiens pas et pars refaire un tour. Avant que chacune et chacun ne s’abandonnent à la nuit, dans la bête ou sous les relents de fuel qui couvrent les ponts extérieurs, le plus musulman des bateaux négocie ferme alcools et cigarettes. Au Duty Free, zone Islam Free des eaux internationales, billets, cartouches et flacons passent d’abord par de rugueuses virilités et changent de main en éclats de rire.
Mes réveils s’enchaînent au rythme d’environ un à l’heure jusqu’à celui, différent des autres, qui me suivra tout au long du voyage. 4 h 30, je suis réveillé par de longs et caverneux Allahou Akhbar. C’est une affaire de trois minutes, l’homme disparait. (…)
Le bateau vibre de plus en plus, c’est une impression peut-être après avoir été couché à même sa peau comme un nourrisson. La machine doit être énorme, la résistance plus encore. En tout cas, il m’aura tellement bien fait vibrer qu’il m’aura tiré toute ma petite monnaie des poches. Je croise mes nouveaux amis sur le bateau. Nous échangeons des nouvelles de la nuit.
Aux sanitaires, ablutions acrobatiques et vue défilante sur les eaux dont je ne sais si elles sont calmes ou agitées. Nouveau café.
(…)
Le continent Afrique apparaît, gris, brumeux, vallonné, mais surtout gris. Rapidement, les tankers en rade, et surtout l’anguleux et interminable minaret de Djamaâ El Djazaïr, la fameuse mosquée. Ce minaret a tout l’air d’être un message à la mer, aux voyageurs venus d’autres horizons, un marqueur d’entrée en terre d’Islam. Puis, sur les pentes, Alger, très justement appelée la Blanche, se montre en bloc qui plonge vers la mer à l’ouest, interminable à l’est, tentaculaire cité aux 4 millions d’habitants.
Le Mémorial des Martyrs là-bas, à l’architecture si particulière que je ne sais où la caser. Il ne ressemble à rien de connu. Enfin, l’impression existe d’avoir déjà vu quelque chose de semblable, mais où ? Peut-être que je m’en souviendrai plus tard.
(…)
Une connaissance du bateau me donne les dernières recommandations pour changer mes euros au Square Port Saïd, au marché parallèle, marché qui a son propre cours qualifiable d’officiel, ce qui donne d’emblée une idée de l’état de l’économie du coin. « Ne change pas tout tout de suite, vas-y doucement, prends le temps d’arriver, c’est pas comme à la maison », me dit-il. Je prends note, le remercie, sors et me prends une tarte monumentale de pollution sur mon premier trottoir algérois, rue d’Angkor.
(…)
Il s’agit de trouver la rue de l’hôtel, quelque part entre le tribunal Sidi M’Hamed et Amar El Kama. Je mets tout de suite à l’épreuve mon talent pour me perdre, même sur un trajet court et simple. Cela fonctionne parfaitement puisque me voilà béat au croisement du boulevard Mohamed Khemisti et de la rue Asselah Hocine, juste sous la Grande Poste, pour débuter mon activité préférée, demander mon chemin !
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Pour ce soir, en me tendant une serviette de bain trouvée dans la caverne d’Ali Baba sous le comptoir, j’aurai pour moi tout seul une belle chambre sous les toits, avec sanitaires partagés. Ça doit être la chambre joker. J’ai remercié encore et encore de ne pas être laissé à la rue ! À l’hôtel aussi, le passeport fait un stage de vérification complète par les employés, tenus de le faire et de remplir une petite fiche de police pour la sécurité des voyageurs, en cas de contrôle ou mieux, de problème que personne ne souhaite. Je pose mes 15 kilos de barda là-haut et sors voir de quoi Alger centre est faite la nuit tombée et ce que je peux me mettre sous la dent sans aller trop loin.
À côté des marches du Théâtre national, je déniche un sandwich omelette-viande-fromage. Le cuistot, qui a l’air d’avoir 70 ans, me montre sa spatule plongée dans un seau de harissa et laisse paraître son bonheur quand je lui indique que oui, vas-y ! Il y a dans ce bout de baguette plus de harissa qu’autre chose et je ne peux que saluer mon entrainement quotidien des trois mois passés à ajouter à chacun de mes repas cette petite sauce enflammée pour être prêt le jour J ! Le nuage d’échappements a l’air encore plus dense, les détritus encore plus nombreux sans qu’aucun endroit y échappe.
(…)
8 août
(…)
Les pros de l’hôtellerie algéroise sont en place, le combiné du téléphone à l’oreille pour dire en boucle que l’hôtel est complet, les yeux sur la porte qui s’ouvre quatre ou cinq fois par minute pour annoncer là aussi que l’hôtel est complet. Je mesure à quel point je suis veinard de ne pas être à la rue et remercie encore. Je propose de garder cette chambre si cela peut arranger. Et on m’offre ce sourire, ces mots : « Mon ami, soyez le bienvenu, Marcus.
On vous prépare une très belle chambre. Tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésite pas, je suis là pour toi. » Et on papote et on papote et je m’en fais le premier copain. Le gars est jeune, intelligent, lit entre les lignes à la vitesse de l’éclair et sera, en plus de son professionnalisme, bon compagnon. Mes balades au Square Port Saïd vont, quant à elles, vite m’offrir un lot d’interlocuteurs et interprètes précieux pour m’aider à la lecture de sujets compliqués rencontrés çà et là. Une canicule insistante est installée sur le pays, assez pour enterrer définitivement mes projets de balades dans le sud. De plus, dix jours sur place, c’est beaucoup et peu à la fois. Je me connais, je mets un temps infini pour quitter une conversation et je n’ai nulle envie de me limiter dans les rencontres.
De plus, si par hasard j’étais arrivé dans un pays où les transports prennent leur temps et sont ponctuels comme le laisse présager leur réputation, mieux vaudrait calculer au plus juste les kilomètres. Je me dis, n’oublie pas mon garçon que ce pays est grand comme quatre fois la France, le sud, c’est loin, un voyage à part entière. Un tour à la gare s’impose pour prendre des infos pour un éventuel tour à l’est, côté Béjaïa. Ce n’est pas la bonne gare. Le prétexte de balade en ville est trop bon, je tire vers Agha, gare d’où partent quotidiennement les autorails me dit-on, je note.
(…)
En bonne forme grâce à cette petite balade, équipé de pâtisseries et de fruits, j’entreprends sans tarder d’aller là où je brûle d’aller depuis des semaines, Djamaâ El Djazaïr, la Grande Mosquée ! Où, comment ? Demandons le chemin ! C’est la mosquée à 2 milliards de dollars. Je vais vite me rendre compte que les Algérois ont ce chiffre en tête plutôt que les mètres carrés ou de hauteur de la chose.
Je dois filer jusqu’à la station Pont El Harrach avec un tram aussi joli que le métro. Je m’en sors tellement bien avec l’achat de mon billet métro-tram à 70 DA que le truc refuse de fonctionner et que l’employé dans sa guérite finit par m’en offrir un. Les locaux croisés dans le tram se doutaient bien qu’en me voyant aller dans cette direction, je ne me rendais pas au stade. Un homme m’aborde : « Tu vas à la nouvelle mosquée ? — Oui. — C’est la mosquée de la honte, c’est une honte. Avec l’argent qu’elle a couté, on peut faire un hôpital dans chaque wilaya. On a besoin d’hôpitaux et d’écoles, pas de mosquées inutiles ! À peu près tout le monde dans la rame acquiesce. Je demande s’il l’a déjà visitée. — Non, et je n’irai pas. Je voudrais qu’elle ne soit pas là. — Mais maintenant qu’elle y est on ne va pas la détruire, il faudra bien faire avec, dis-je. — Monsieur, allez visiter la Grande Mosquée et quand vous rentrerez chez vous, dites que nous avons une belle mosquée, mais que nous avons besoin d’écoles et d’hôpitaux.
L’Algérie se fâche avec le monde entier, avec ses voisins, avec l’Europe, la France. Même les équipes de foot africaines refusent de venir jouer chez nous et nous on construit une Grande Mosquée à 2 milliards pour montrer au monde que nous sommes les meilleurs musulmans. Cela ne sert à rien. » Je promets de rapporter ses propos. Il doit descendre. Sitôt dehors, les autres, et il y a du monde dans cette rame, m’encouragent à bien répéter tout ce que l’homme vient de dire.
(…)
Un jeune homme, petite trentaine, vient vers moi pour discuter. Il pense lui aussi que je suis journaliste français. On se serre la main, on ralentit le pas. Il me raconte être monteur vidéo de métier, au chômage ici et sans aucune perspective avec ce métier qu’il aime. Il a pu exercer et se perfectionner en France où il est resté quelques années, clandestin, sans papiers, avant d’être renvoyé en Algérie. Il avait réussi une traversée vers les eaux espagnoles.
Dans son regard semblent s’être accumulées toutes les eaux noires du monde. Il est profondément déprimé par sa situation. Il dit : « Vous voyez, l’Algérie tue sa jeunesse, c’est une prison à ciel ouvert. Je ne sais pas comment je vais m’en sortir, je vais repartir c’est certain. Ici il n’y a rien, on ne peut qu’y mourir. Je vais repartir. » Il est désespéré, me remercie de l’avoir écouté. Je suis très touché par cet homme qui ne me demande rien d’autre qu’être écouté un instant, juste être écouté. Il ajoute, avant que nous nous séparions : « Haraka, tout le monde veut faire Haraka ». Non seulement je ne connais pas ce mot et ne peux comprendre ce qu’il veut me dire, mais je ne tarderai pas à découvrir que j’avais mal compris.
(…)
Vendredi 9 août
(…)
Je demande des infos sur Tipasa, comment y aller. L’aventure en bus est vivement déconseillée un vendredi. Les bus ne rouleraient que le matin et poireautent à chaque station, espérant se remplir pour poursuivre la route.
Tipasa n’est qu’à 80 petits kilomètres à l’ouest d’Alger, mais risque d’être inatteignable par cette voie aujourd’hui. Au petit déjeuner j’ai mangé autant de crêpes qu’il est possible de manger, hypnotisé par la grande télé qui anime les lieux. Le vendredi, le petit déjeuner se prend à l’image et au son de La Mecque, diffusés en direct. Il faut dire que cette foule qui tourne autour du grand cube noir fait son petit effet à cette heure du jour où les premières gouttes de café cherchent leur chemin dans le touriste. Pff, je n’ai qu’à aller du côté du Bardo, me dis-je, mais sans conviction. Je veux bouger, sortir d’Alger, changer d’horizon pour voir et écouter autre chose. J’appelle un taxi pour me renseigner du prix de la course. 3 000 DA, vendu ! 10 minutes plus tard, un solide gars se présente, on saute dans la Dacia. 80 km avec un taxi qui tient on ne sait comment, ça vaut le détour.
(…)
Les déchets, oui. Il y en a vraiment beaucoup, c’est une décharge. Il y en a tellement dans ce lieu qui mérite un tout autre traitement que cela m’interroge une nouvelle fois sur l’image qu’ont les Algériens d’eux-mêmes, sur leurs possibilités à se projeter dans l’avenir comme si cette action d’envisager une suite était difficile, voire incongrue. Je me dis tout autant que c’est catastrophique et que ce ne sont pas quelques déchets qui doivent effrayer.
Il y un paquet de boulot pour en venir à bout, c’est certain, et la satisfaction du résultat sera énorme. Typiquement, le bon moment pour ne pas trop la ramener avec des y’a-qu’à et des faut-qu’on. (…)
Crédit Marcus Hönig
10 août
4 h 30 le matin, appel à la prière… j’en profite pour charger
les batteries de 40D qui veut bien jouer en toute circonstance. À cette heure les pensées se baladent en file indienne dans ma tête. On m’indique amicalement que de ne pas aller à Tizi Ouzou, alors que j’allais passer dans son ombre, ne pouvait qu’à peine s’envisager. Je crois que je vais faire ça, remplacer la virée vers Constantine et Sétif par une durée prolongée en Kabylie.
De toute manière, tout le monde me saute dessus, les Kabyles aux sourires larges comme la mer, pour me dire et me répéter qu’à Constantine comme à Sétif il fait beaucoup trop chaud et que je n’y ferai rien du tout. Je veux aussi me garder du temps pour flâner un peu en terre connue, Alger, et trouver en toute tranquillité des cadeaux pour mes proches, juste avant de partir. Je n’y suis pas encore. Pour l’instant, il s’agit de voir comment ça se passe pour arriver à Bejaïa, ensuite je verrai.
(…)
Agha, la gare. La chaleur est intolérable. Le hall est plein à craquer de gens qui patientent, l’ambiance est calme et les files de clients devant les guichets ne diminuent pas. Je range le billet pour Béjaïa dans ma poche au moment où s’effondre au sol un très grand jeune homme, terrassé par une crise d’asthme. Tout le monde appelle, crie Pumpa, Pumpa, qui a une Pumpa. Arrive un homme avec sa Pumpa de Ventoline. Il fait trop chaud et, dans cet endroit où ne vient aucune brise, la pollution est encore accentuée.
Encore une heure d’attente, je pars patienter sur le quai qui ne tarde pas à se remplir de voyageurs en partance pour Oran. Une ambiance bizarre s’installe. Des parents sont dépassés par les jeux débiles de leurs garçons qui sautent du quai sur les voies jusqu’à ce que le premier prenne une tarte qui ne sert pas de leçon au second. Il y a sur ce quai une fréquentation notable de personnes atteintes de maux divers et variés. Une certaine tension règne dans les dernières minutes avant l’arrivée de leur train et cette impression est nouvelle.
(…)
Le sentiment m’habite que les Algériennes et les Algériens sont des gens à qui on n’a pas dit depuis trop longtemps à quel point ils ont de la valeur. Tous les moyens sont donc bons pour le rappeler, pour le leur dire et le faire savoir aux autres. Je repense une nouvelle fois à Sarah, « en Algérie tout va doucement ». Un homme dans le train s’interrogeait sur ce qu’il fallait pour aider ce pays.
« Faut-il une aide d’autres nations ? Même un tout petit appui serait déjà bien. Le gouvernement doit ouvrir lui-même le pays avant qu’il n’éclate. Nous avons besoin des autres et sommes trop seuls. Si l’Algérie ouvre ses frontières ce soir, le pays sera vide demain matin. » Algérie, dernier bouchon avant éclatement du continent ? Qui a la réponse ? Sait-on que c’est à ce point ardent, à 800 kilomètres de Marseille ? Encore Harraga. Petit bateau noir à 4 000 € ou 8 000 €, Oran, Espagne ou pas. Mais combien sont-ils réellement ? Que se passe-t-il au-delà du désert ?
11 août
J’écris dans mon lit, à Béjaïa, il est 4 h 20, nous sommes déjà le jour suivant. L’appel résonne depuis 4 heures, les journées sont longues en terre d’Islam. Je dirai tout à l’heure à Haroun que je reste encore une nuit au Bon Accueil. Je n’arrive pas à dormir avec la clim. Je l’allume 10 ou 15 minutes toutes les deux heures. À 20 heures il fait encore 30 °C. Peut-être irai-je à Sétif, va savoir. Déjà l’envie pointe d’aller à la mer, ce que je ne ferais jamais pour me baigner à Alger, hors de question. Puis gravir un peu ces collines aperçues hier. Cap Carbon ? Dis, monsieur Haroun, pourquoi tu ne fais pas les petits déjeuners ? Très tôt, je suis à la cafétéria de la gare. Ça chauffe, tôt et fort à la cafète.
Les bus passent juste devant la porte. Le gars qui presse les cafés sur la Conti se fait piller son stock de pâtisseries et presse et presse. Non seulement il ne peut rien faire d’autre pendant qu’il a un bras occupé à maltraiter ce levier, mais cela demande force, endurance et méthode pour tenir le coup toute la journée. Mais quel délice encore une fois ce café.
J’ai faim et me jette aussi sur les pâtisseries. Des cafés, j’en bois trois, deux de trop, les pâtisseries grasses, je ne les compte pas, je démarre la journée sucré et caféiné jusqu’au plafond. En une demi-heure de temps les températures intérieures et extérieures se sont équilibrées, elle est aussi élevée sur le trottoir que devant la Conti, élevée, et gazeuse.
Crédit Marcus Hönig
(…)
12 août
(…) Je reprends le récit, ici au calme, à ce qu’il faut appeler le petit déjeuner avec les deux cafés de trop à Bougie, la biennommée, c’est l’ancien nom de Béjaïa. J’attaque la montée par la ville pour m’orienter vers le fort de Gouraya d’où la vue sur le golfe promet d’être extra et d’où je pourrai rejoindre le pic des Singes, un peu plus loin. La courte nuit n’a pas été excellente, je m’en accommode et vais un peu plus doucement que d’habitude, le temps de me réveiller complètement.
Je tire vers l’Hôtel du Nord et la petite gare routière, boulevard Colonel Amirouche. La rue est bordée de bijouteries, les unes à côté des autres, ce qui rend le contraste avec le dépotoir continu qu’est le bord de route encore plus insupportable. C’est clair, la ville kabyle n’est pas plus propre, pas moins sale, comme on voudra, qu’Alger.
(…)
Quelquefois les événements se composent avec un rythme qui leur est propre, il faut faire avec à son tour. Une parole d’une autre fille du désert m’avertissait : « Le seul moyen de supporter la chaleur, c’est l’accepter ». Si je veux réussir l’opération quitter Bougie, je vais devoir m’y prendre tôt. À 6 h 30 je quitte ma chambre pour une autre cafétéria qui propose 35 bons °C, des pains sucrés et, bien sûr, le délicieux ! Les semelles ont l’air de tenir. Une nouvelle fois, c’est le modèle routard qui attire les sympathies et je ne tarde pas à être assisté de toutes parts pour m’aider dans mon périple.
Tout s’enchaîne. Un jeune homme m’accompagne dans le bon bus, me fait descendre au bon arrêt à la gare routière. L’endroit est encore plus enfumé que le reste. Sur un banc, un homme rondelet aux grandes boucles fume sur fond de panorama montagnard. Il a l’air de mauvais poil. Il fait la bonne cinquantaine, même si je me méfie à présent de mes estimations d’âge avec lesquelles je me suis systématiquement planté d’une décennie de trop. Il me dit avec un accent à couper au couteau : « Tigzirt, c’est une sacrée course ! » Je lui demande combien il voudrait pour la faire, la sacrée course. Il me répond d’un air qu’on prendrait pour dissuader et lance : « 8 000 DA ».
(…)
La ville est tout en pentes. Tigzirt a immédiatement l’air moins sale et un brin moins chaud. Le bon chauffeur me dépose Avenue Ahmed-Chefai, plein centre. Sa mauvaise humeur le reprend juste avant le demi-tour pour Béjaïa. Dès que je quitte la voiture, il entame sa série de cigarettes roulées à l’aller, confiant pendant les travaux de roulage la direction de l’engin à une cuisse leste et précise calée sous le volant.
(…)
Tigzirt, c’est un vrai petit paradis si on parvient à décrocher son regard du sol quelques instants. Le paysage est aussi beau que ses lumières et une coloration de la mer que je n’ai vues qu’ici. Il faut dire que mon point de vue est des meilleurs ! Donc, plus d’argent, ah bon, voilà une bonne question qu’il va falloir régler. Je comptais rester à Tigzirt pour trois nuits et avoir le temps d’explorer un peu la campagne alentour. Mais je dois me rendre à l’évidence en riant de mes petits problèmes, que je n’ai plus de sous.
Le reste du capital suffira juste pour une autre nuit, quelques petits frais et le long trajet retour vers Alger. Dans la capitale, à tous les coups, je trouverai un endroit où jouer avec ma carte Visa et si ce n’est pas le cas je trouverai une autre solution, mais pour ça je dois être sur place. Si en Algérie vous frottez une lampe, c’est tous les numéros de téléphone des gens croisés qui en sortent ! Je contacte le patron de ma chambre algéroise au planning archiplein, lui explique ma petite situation et que je rentrerai sûrement un jour avant la date prévue, si je peux avoir un endroit où poser mon sac. Dans l’instant il m’arrange ça. Voyageur, je te le dis, s’il te prend l’idée de jouer les routards en Algérie, si on te donne un contact, accepte-le, ces gens ont une parole et te sauvent la mise !
13 août
Que c’est bon de voyager avec pour seule règle de pallier les impératifs du repas, du gîte et de laisser tout le reste s’orchestrer par la disponibilité aux imprévus. Comme une bille dans un flipper. Certes, c’est un peu plus fatigant que ce que certains s’imaginent être des vacances. Qu’ils se rassurent, je sais que ça ne ressemble pas à grand-chose, mais cela n’a aucune importance. Que chacun trouve son plaisir, c’est fantastique.
(…)
Une de mes plus grandes appréhensions avant de partir pour l’Algérie était l’immense carnage causé par les accidents de la route. Devoir monter dans une voiture me semblait être un des plus grands défis à relever. En quelques jours, cela a bien changé. Je me réjouis ce matin de me laisser faire par un taxi qui connait son affaire et sait déjouer et prévenir les dangers que sont à peu près tous les autres sur la route. Le slalom est garanti sur le moindre petit trajet. Celui vers Alger tiendra une nouvelle fois sa promesse.
La Dacia aux portières défoncées affiche 500 000 bornes au compteur, c’est la première chose que je vois en m’installant le plus lascivement possible. La deuxième chose qui me saute aux yeux est l’exacte réplique du miniCoran acheté hier chez le bon libraire. Je repasse en revue les bienfaits de la chose et imagine, pour me rassurer, que quelque part sur la notice figure aussi la protection contre tous les débiles dangereux qui iraient vers Alger ou en viendraient ce matin.
(…)
Je suis content de retrouver Alger, d’une certaine manière, de n’avoir plus rien d’autre à faire que d’explorer ce lieu que j’aime. Il y a bien des endroits encore que je souhaite visiter, cette ville ne manque pas de trésors. Mais d’abord, si je ne veux pas payer ma chambre en faisant la vaisselle, ce qui me prendrait une semaine à temps plein après une rapide conversion, je dois dénicher un peu d’argent frais.
(…)
Un œil sur la montre, le temps doit fuir quelque part comme d’un tuyau percé. Un œil sur le calendrier indique qu’il est temps de ralentir encore, penser à Sarah « tout va doucement », je dois aller doucement aussi. Ce pays a encore des choses à raconter.
Autre excellent prétexte aux balades et rencontres, les quelques cadeaux pour petits et grands. Des épices, incontournables, et pour le reste, je pars voir en ville si j’y suis. Tafourah, d’où il est facile de se perdre dans maintes rues autour et voir ce que la providence a à proposer. Je passe par le Jardin de l’horloge florale qui ne cache pas son monument. La construction à laquelle il semble manquer quelque chose sur le haut est particulièrement claire en bas. Deux mains, poings écartés, éclatent une chaîne solide. À côté, de très jeunes garçons s’entraînent à s’asseoir sur les escaliers. Il est étrange de se dire qu’ils ont, d’une certaine manière, sous leur nez, un certain mode d’emploi de leur vie. Le verront-ils ? Partout des jeunes, des jeunes, des jeunes. (…)
15 août
(…)
La retraite d’un Algérien est d’environ 20 000 DA, voire moins. J’achète une banane, une seule, 100 DA. Lalla Khedidja, 50 centilitres, 40 DA. Un temps plein, qui a des chances d’encaisser environ 40 000 DA mensuels peut se payer 500 litres d’eau fraiche, à peu près trois baignoires pleines. J’ai dû passer devant le marchand d’épices sans faire gaffe, je ne le retrouve pas. Lorsque je retrouve cette bonne adresse, je me laisse guider dans la multitude de bocaux dont une grande partie verra mon nez de près. Tout est délicieux.
On cuisine en paroles, j’ai l’appétit qui explose. Des sacs plastiques odorants, de toutes les couleurs, dont un énorme de poudre de Hrissa, pour presque deux kilos en tout, mes pensées vont à la douane et à la tête du préposé qui lit les images du scanner. Je vais y avoir droit, c’est certain. Bien entendu nous papotons, échangeons, et toujours reviennent les mêmes remarques sur la situation de la jeunesse, le tout pendant que le petit magasin charmant se charge de clients qui sont toutes des clientes. Les petites conversations qui ont l’air de ne pas y toucher s’étendent systématiquement comme des feux de paille, davantage encore quand la présence n’est que féminine.
Dans nos échanges, profitant de l’absence des hommes et de toute autorité religieuse identifiable, la question s’est posée de l’articulation possible entre la religion et la féminité. (…) »
C’est une première en Algérie, et probablement dans l’ensemble de l’espace nord-africain : un ouvrage intégralement rédigé en tamazight, consacré au football.
Adebbux Uḍar, littéralement « Le Livre du ballon », est signé Abdelmadjid Ramdani, auteur et intellectuel enraciné dans les montagnes des Aurès. Ce livre, modeste en volume mais immense en portée, marque une nouvelle étape dans l’usage de la langue amazighe dans les domaines les plus populaires.
L’auteur y présente, en tamazight normée, les règles du jeu, les postes, les fautes, les lois du football, mais aussi des repères historiques et lexicaux qui permettent de mieux comprendre ce sport devenu langage universel. Ramdani y injecte une passion personnelle : « Le sport, la langue et l’identité peuvent cohabiter, s’enrichir et se renforcer mutuellement. »
Un pont entre passion populaire et revendication linguistique
Ce projet n’est pas un simple manuel technique. Il constitue un acte culturel fort, une tentative de faire exister tamazight dans un espace où elle est encore absente : celui du sport institutionnalisé, médiatisé, mondialisé. Pour l’auteur, c’est une manière de dire que la langue amazighe n’est pas confinée à la tradition ou au passé rural, mais qu’elle peut aussi dire le monde moderne.
Dans les pages du livre, chaque terme est précieusement formulé : penalty devient Aẓru n unekcum, arbitre se dit Amalal, but est traduit par Taggara. Ce travail de terminologie contribue à élargir les horizons de la langue, tout en nourrissant les jeunes générations de locuteurs.
Un auteur entre langues et montagnes
Né à Zoui, dans la wilaya de Khenchela, Abdelmadjid Ramdani est diplômé en langue espagnole et en philosophie. Polyglotte et prolifique, il a déjà publié plusieurs ouvrages mêlant réflexion philosophique, mémoire collective et engagement identitaire. Parmi ses titres marquants :
La philosophie à l’époque des Lumières, Les coutumes des Ichaouiyen (Isebren Iccawiyen), La pensée morale dans la philosophie de Leibniz, Apulée, le philosophe berbère algérien de Madaure, Zoui, la confluence des montagnes des Nmâmcha et Le Livre du ballon (Adebbux Uḍar).
Adebbux Uḍar n’est que la suite logique d’un parcours intellectuel au service de la mémoire, de la langue et de l’ancrage territorial. « Ce n’est là qu’un fragment de ce que j’ai offert – et que j’offrirai encore – à ma langue », écrit-il.
Une œuvre utile, un message universel
Cet ouvrage, bien plus qu’un livre de sport, constitue un outil pédagogique, un manifeste linguistique, un objet de transmission. Il pourrait trouver sa place dans les clubs, les écoles, les familles. Dans une Algérie plurilingue, où la jeunesse a soif de repères, Adebbux Uḍar montre qu’il est possible d’aimer le Barça ou le CRB… tout en rêvant, pensant et commentant le match en tamazight.
Une belle passe décisive pour la langue, le sport… et la culture.
À seulement quelques années de sa carrière littéraire, Aïmen Laïhem s’impose déjà comme une voix singulière et puissante de la scène algérienne. Lauréat du Prix Mohammed-Dib 2025 pour son premier roman Taxis, il nous invite à un voyage intime et vibrant à travers les rues d’Alger, observées par un narrateur mystérieux et empreint de mélancolie.
Entre la fièvre du Hirak, les virages nocturnes de la corniche et les réflexions métaphysiques sur la jeunesse algérienne, Laïhem déploie une écriture visuelle et rythmée, nourrie par son regard d’architecte et urbaniste. Dans cet entretien, il revient sur les inspirations, les combats et les espoirs qui animent son œuvre — un récit à la fois âpre et tendre, à l’image même de la ville qu’il aime.
Le Matin d’Algérie : Votre roman Taxis a reçu le Prix Mohammed-Dib 2025. Que représente cette distinction pour vous, en tant que jeune auteur ?
Aïmen Laïhem : Recevoir une telle distinction pour un tout premier livre constitue une fierté et un honneur immense dans ce début de périple littéraire qui oscille entre moments de joies et de combats. Ça me pousse vraiment à puiser au plus profond de mon inspiration et de mon imaginaire pour honorer mon affiliation à un tel nom de la littérature algérienne.
Le Matin d’Algérie : Vous avez commencé à écrire Taxis en 2019, pendant le Hirak. En quoi ce contexte a-t-il influencé votre écriture ou votre regard sur Alger ?
Aïmen Laïhem : Ça a constitué une aubaine pour le projet d’écriture sur deux plans : d’une parce qu’il y a eu du temps qui s’est débloqué avec une liberté au quotidien qui a été découverte, de deux, par une effervescence créative qui s’est emparée de ce qui m’entourait à Alger et au-delà dans le pays. Tout cela m’a porté dans la poursuite du processus du texte en le nourrissant de nombreux souffles qui ont permis d’y transposer plusieurs voix, plusieurs lectures et plusieurs espoirs.
Le Matin d’Algérie : Pourquoi avoir choisi un narrateur anonyme et si peu défini ? Y a-t-il une part autobiographique dans ce personnage ?
Aïmen Laïhem : Le narrateur s’est à la fois imposé lors de l’écriture du texte tout en s’effaçant petit à petit au fur et à mesure que se dessinait dans ma tête la direction vers laquelle le projet s’orientait. Le choix de ne pas lui attribuer un nom ni une réelle description physique relevait du fait qu’il était perçu et imaginé avant tout comme une paire d’yeux qui se détachait du monde qui l’entourait. Comme s’il y avait une observation in situ de ce qu’il relatait, une situation de surcroît contrainte par le fait qu’il soit dans un espace clos – l’habitacle du taxi –, tout en étant mentalement ailleurs à travers les quelques échappatoires que les vitres de la voiture proposaient.
Et puis il y a toujours une part plus ou moins importante de soi qu’on met dans chaque œuvre de création.
Le Matin d’Algérie : La ville d’Alger occupe une place centrale dans le récit, presque comme un personnage. Comment décririez-vous votre relation à cette ville ?
Aïmen Laïhem : Elle est assez frustrante dans l’amour qu’on peut lui porter. Aimer cette ville est autant un déchirement qu’une consolation réelle, elle broie ceux qui savent la regarder à sa juste valeur, ceux qui la vivent au jour le jour en épousant son pouls mais elle reste tout à fait vaine à toute tentative de sophistication intellectuelle. Alger est à prendre comme elle est, de façon crue et directe. Et c’est d’ailleurs dans ce sens qu’au moment d’écrire dessus dans le livre, j’ai voulu prendre du recul sur tous les sentiments contradictoires qui me traversaient en la décrivant. J’ai pris le parti du personnage du narrateur-observateur qui ne connaît pas grand-chose sur sa ville pour l’appréhender avec simplicité, candeur et naïveté. Alger mérite qu’on la regarde avec des yeux d’enfant devenu adulte trop rapidement.
Le Matin d’Algérie : Le taxi devient ici un lieu d’observation, de réflexion et même de fuite. Pourquoi ce choix comme espace narratif ?
Aïmen Laïhem : A vrai dire, ce choix s’est vite imposé parce qu’il y avait matière à explorer énormément d’éléments. Ainsi, le fait d’accorder au récit un seul temps – la course en taxi – et un seul espace – l’habitacle du taxi – posait un cadre formel et conceptuel au projet. Cela a permis de se recentrer sur à la fois l’intérieur mais aussi l’extérieur de l’observation, en étant au-dehors et au-dedans à la fois.
Après l’objet du taxi permettait autant de prétextes pour parler de plein de choses qui nous traversent ou qui nous échappent, parfois suggérées, souvent tues mais jamais réellement écartées. Parce que comme le constate le narrateur au détour d’un virage : « c’est surtout ça un taxi, quelque chose qui vous rattrape alors que vous le fuyez, une sorte de vérité. »
Le Matin d’Algérie : Vous êtes architecte de formation et étudiant en urbanisme. Comment ces disciplines influencent-elles votre écriture ?
Aïmen Laïhem : Au cours de mes études, on nous a toujours poussés à voir au-delà des choses telles qu’elles se présentaient à nous, à développer un esprit critique et une curiosité qui allait puiser dans différents imaginaires pour cultiver notre créativité. C’est quelque chose qui m’a beaucoup aidé en entretenant un terrain préétabli pour les songes, la rêverie, l’originalité dans les pistes à explorer et les allégories en tous genres que j’essaye tant bien que mal de diffuser de mes textes.
Aussi, l’architecture et l’urbanisme, allant de pair avec la ville, comment elle se construit et ce qui la façonne, la capacité de la décrire sous différents angles, de différentes manières et à des temporalités multiples, m’ont aidé à adopter un regard détaché et qui prend du recul sur l’approche de la description et du rapport à l’urbain et à la société.
Le Matin d’Algérie : Le livre alterne entre absurde, tendresse et réflexion métaphysique. Comment avez-vous trouvé cet équilibre de ton ?
Aïmen Laïhem : Cela s’est fait de façon un peu involontaire. Le livre s’est construit avec une logique assez empirique mais ça a conféré diverses interprétations et lectures au texte. A titre personnel, j’aime beaucoup l’écriture qui est teintée d’une épaisseur à lectures diverses qui fait que, quand j’écris, je passe et repasse sur les mêmes phrases, les mêmes mots et les mêmes lancées d’idées en les ressassant et les maniant sous des formes parfois contradictoires, jusqu’à atteindre une sorte d’embrouille avec le monde dans lequel j’écris. Peut-être est-ce là que réside le sordide et l’absurde qui peut transparaître parfois.
Après, pour ce qui est de la tendresse, je pense qu’elle est venue de façon un peu nécessaire à travers le texte pour apporter un contrepoids à la pesanteur qui tournoie autour du personnage. Il fallait lui offrir une échappée, à travers une poésie douce et attachante dans une certaine forme de naïveté, comme s’il était candide et regardait, et découvrait par la même occasion, le monde qui l’entoure avec des yeux d’enfants.
Le Matin d’Algérie : L’amie tunisienne du narrateur crée un pont discret avec Tunis. Aviez-vous la volonté d’inscrire Taxis dans une dynamique maghrébine ?
Aïmen Laïhem : Pas de prime abord en tout cas. Ce personnage s’est imposé dans un souci d’explorer des rapports humains assez singuliers autour du narrateur du récit. Que ce soit vis-à-vis de ses rapports maternel, amoureux ou amical, on sent un certain conflit dans ses relations humaines et c’est dans ce contexte que s’inscrit d’abord le personnage de l’amie tunisienne : on devine que c’est sa seule amie mais c’est une amie qui est dans un autre pays, une relation à distance donc qui vient interroger la nature sociable du narrateur.
Dans un second temps, le fait d’y voir un pont entre les jeunesses des deux pays peut s’établir, en créant un pont justement entre les différents imaginaires et les réalités de chacune des deux sociétés comme autant d’échappatoires dans des univers qui se ressemblent et se distinguent.
Le Matin d’Algérie : Votre style est très visuel, presque cinématographique par moments. Avez-vous des influences littéraires ou artistiques particulières ?
Aïmen Laïhem : L’écriture du mouvement et du déplacement me parle beaucoup, l’itinérance, le fait d’être toujours dans une dynamique, voire dans une course perpétuelle m’inspire beaucoup. En cela, les scènes de films qui usent des travellings et des plans séquences me fascinent et viennent à moi quand j’écris. Ça fonctionne de la même manière avec la musique ; les envolées lyriques, les escalades musicales et les symphonies qui gagnent en intensité crescendo me stimulent beaucoup et sont une source qui me pousse au rythme de l’écriture. Je cherche beaucoup ça.
Pour citer quelques auteurs qui me procurent le même sentiment d’évasion et de pulsations créatives, il y a d’un côté Mustapha Benfodil qui joue littéralement avec la langue en maniant le trait des mots et en érigeant un mille-feuille de créativité intrinsèquement algérienne et inscrite dans une pluralité de mondes et de territoires de pensées tout aussi fascinants les uns dans et au-travers des autres.
D’un autre côté, il y a des écrivains comme Kevin Lambert, Pauline Delabroy-Allard, Annie Ernaux, Assia Djebar, Arezki Mellal, Samir Toumi, Marguerite Duras, ou encore Laurent Gaudé qui me parlent énormément tant par leur justesse que par la rythmique de leur écriture.
Le Matin d’Algérie : Qu’avez-vous voulu dire, en filigrane, sur la jeunesse algérienne d’aujourd’hui ?
Aïmen Laïhem : Qu’elle cherche constamment sa place, et même si elle la trouve, qu’elle doit sans cesse batailler pour la recréer dans des conditions qui lui conviennent. Qu’elle a un espoir et une envie de bien faire énormes mais qu’elle est minée et inscrite dans des réalités qui la plombent et qui lui mettent des bâtons dans les roues. Même s’il y a toujours au loin, en-haut et par-delà les choses des horizons qui attendent à être explorés.
Le Matin d’Algérie : Quel a été le moment le plus difficile – ou le plus libérateur – durant le processus d’écriture de « Taxis » ?
Aïmen Laïhem : Le moment où le rythme a été trouvé, quand la voix haletante qui me taraudait l’esprit depuis quelque temps a embarqué dans une dynamique qui m’a porté tout au long de ce qui restait à faire pour le projet. C’est à la fois euphorique et déroutant, quand on sent que quelque chose nous rattrape alors qu’on a eu de cesse de le convoquer et quand il advient enfin ça nous submerge et nous plante des ailes dans le dos. L’écriture est une bourrasque libératrice.
Le Matin d’Algérie : Avec ce premier succès, pensez-vous déjà à un prochain projet littéraire ? Si oui, pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Aïmen Laïhem : Oui, je travaille sur un deuxième projet d’écriture que je porte depuis plus de deux ans maintenant. Ça parlera toujours d’un sujet en explorant ses différentes facettes et en le tordant dans tous les sens. Je souhaite également accorder plus de place à la poésie qui me suit au quotidien en composant un recueil avec les textes poétiques accumulés au fil des ans. A voir par la suite pour sa publication !
Le Matin d’Algérie : Enfin, si vous pouviez emmener un lecteur, le temps d’un trajet en taxi, dans une rue d’Alger : qui vous tient à cœur, laquelle serait-ce – et pourquoi ?
Aïmen Laïhem : Les taxis à Alger ont quelque chose d’assez frustrant dans leur fonctionnement : ils ne sortent pratiquement jamais des routes qu’ils se sont eux-mêmes constitués dans des circuits fermés, ce qui fait que si l’on souhaite aller d’un point A à un point B, il faut toujours prendre en compte le « sens du vent » du taxi. Ceci pour dire que nous ne décidons jamais par nous-mêmes de notre parcours, le dernier mot revient toujours au taxieur.
Mais pour revenir au choix du trajet, je pense déjà que ce serait une balade nocturne au gré des virages d’Alger pour éviter les embouteillages et apprécier la fluidité de la course en taxi. Et puis ce serait sur les lacets des chemins de la Sfindja ou bien suivant le boulevard Krim-Belkacem ou encore le long de la corniche côté Bologhine. J’aime beaucoup quand il y a des virages et que l’on observe les immeubles à droite à gauche, surtout quand la lune est de sortie. Ça crée une drôle de chorégraphie.
Un bâtiment vieilli par les ans, des murs silencieux, une mémoire figée sous la poussière. Voilà comment j’ai rencontré Ahmed Rédha Houhou pour la première fois. C’était à Biskra, dans une maison de la culture qui porte son nom.
À l’entrée, un portrait, accroché là, comme une veilleuse fatiguée. En dessous, des documents, quelques livres emprisonnés dans une vitrine qu’aucune main n’a pensée à nettoyer. J’étais fasciné par l’architecture du lieu — mais choqué par l’abandon.
Je ne connaissais presque rien de lui. En rentrant à l’hôtel, une question m’obsédait : qui était cet homme dont la mémoire semble aujourd’hui ignorée ? Un écrivain ? Un militant ? Pourquoi son nom à Biskra, mais aussi à Constantine ? J’ai cherché, creusé, exploré. Ce que j’ai découvert m’a profondément marqué.
Un pionnier aux racines multiples
Ahmed Rédha Houhou est né en 1910 à Sidi Okba, non loin de Biskra, dans une famille aisée. Il suit une double formation : d’abord l’école coranique, puis l’école française à Skikda où il obtient son certificat d’études, ce qui lui ouvre les portes de l’administration postale. Mais son destin ne s’arrête pas là.
En 1934, un conflit familial pousse les siens à s’exiler à Médine. Là, il entame des études à l’École des sciences légales. Il devient enseignant et collabore à plusieurs journaux locaux, rédigeant des essais littéraires et des nouvelles. Sa plume y devient rapidement influente. Il s’impose comme un réformateur du récit arabe moderne, et sa notoriété le suit jusqu’à La Mecque, où il travaille brièvement comme postier.
En 1940, il signe un article qui fera date : « La littérature arabe va-t-elle à l’extinction ? » — texte de combat et de critique. On le surnomme alors en Arabie « le pionnier du récit ».
Mais c’est en 1945, au lendemain des massacres du 8 mai à Sétif, qu’il décide de rentrer en Algérie. Il s’installe à Constantine, répondant à l’appel du cheikh El-Ibrahimi qui l’invite à rejoindre l’Association des Oulémas. Il y devient directeur d’une école primaire et s’illustre comme journaliste satirique dans les pages de El Bassaïr et Echou’la, où il critique avec acuité la politique, les mentalités religieuses figées, et la condition des femmes.
Le premier romancier algérien d’expression arabe
En 1947, Ahmed Rédha Houhou publie Ghadat Oum el Qora, considéré comme le premier roman algérien en langue arabe. Il enchaîne ensuite les nouvelles, les essais, et fonde en 1949 la troupe théâtrale El Mazher constantinois, avec laquelle il adapte en arabe classique ou dialectal des chefs-d’œuvre occidentaux : Ruy Blas devient Anbaça, Topaze devient Si Achour.
Son œuvre traverse les genres : Sahibat el ouahy (La femme inspirée), Namadhidj bacharia (Spécimens humains), ou encore Maa himar Tewfiq El Hakim (Avec l’âne de Tewfiq El Hakim), recueil de chroniques satiriques. À travers tout cela, il tisse une vision d’une Algérie libre, éduquée, décolonisée dans l’âme.
Le silence imposé : torture, exécution, effacement
En pleine guerre de libération, la plume d’Ahmed Rédha Houhou devient une arme redoutée. Début 1956, il est arrêté et torturé par les militaires français. On le libère, affaibli, mais toujours debout. Quelques semaines plus tard, le 29 mars 1956, il est enlevé une seconde fois, cette fois-ci par les hommes de La Main rouge, une organisation clandestine liée aux services spéciaux français et chargée d’éliminer les intellectuels algériens influents.
On le retrouve assassiné à Constantine, criblé de balles. Son corps porte les marques de la violence et de la haine. Il n’avait que 46 ans.
Son enterrement à Constantine se fait dans une ambiance pesante. Le silence est lourd. L’Algérie pleure, mais à demi-voix. Peu d’hommages publics sont alors possibles sous occupation.
Sa tombe repose aujourd’hui dans un cimetière de Constantine, sans faste, sans mausolée, mais elle reste un lieu de recueillement pour quelques rares connaisseurs, pour des amoureux de la littérature et de l’histoire algérienne. Certains viennent y lire un passage de Ghadat Oum el Qora, ou simplement murmurer son nom à voix basse.
Retour à Biskra : enquête vivante
Poussé par ce parcours bouleversant, j’ai voulu retourner à la Maison de la culture de Biskra pour chercher des documents. Je me suis égaré en chemin, interrogeant les jeunes passants :
« La maison de culture de Redha Houhou ? Euh… ce nom ne nous dit rien… »
Je finis par y revenir. Je me présente. Une employée me conduit vers la directrice, qui me donne accès à la bibliothèque, hélas vide à ce moment-là. Elle me remet alors deux numéros de téléphone. Avant de partir, elle me confie :
« Je suis la fille de Omar El Barnaoui, premier directeur de cette maison et écrivain. »
Le destin parfois se montre généreux. L’un des contacts fournis, Azzedine Betayeb, me répond avec gentillesse et professionnalisme. Il se présente ainsi :
« Je suis un chercheur libre en histoire. J’ai publié une dizaine de livres, je participe à des conférences, et parfois à des émissions radiophoniques ou télévisées. »
Grâce à lui, j’ai pu rassembler les pièces de ce puzzle trop souvent ignoré. Grâce à lui, j’ai compris qu’Ahmed Redha Houhou n’était pas simplement un écrivain, mais un passeur de mémoires, un résistant culturel, un humaniste.
Conclusion : sortir de la poussière
Aujourd’hui encore, des lycées, des centres culturels, des rues portent son nom. Mais qui, parmi les jeunes, connaît son œuvre ? Ses combats ? Sa voix ?
Écrire ce portrait, c’est tenter de souffler sur la poussière, de faire entendre à nouveau sa voix, de rappeler qu’avant d’être un nom accroché à un mur, Ahmed Redha Houhou était une conscience vivante, un homme debout, un rêveur assassiné.
Réunis le 31 mai au Caire, les ministres des Affaires étrangères de l’Algérie, de la Tunisie et de l’Égypte ont relancé le mécanisme tripartite des pays voisins de la Libye.
À travers un communiqué conjoint, ils ont appelé à une désescalade immédiate des tensions à Tripoli et dans l’ensemble du pays, exhortant les parties libyennes à faire preuve de retenue.
Les trois pays ont réaffirmé leur engagement en faveur d’une solution politique « libyo-libyenne », sous l’égide des Nations unies, rejetant toute forme d’ingérence étrangère.
Ils ont également souligné l’urgence de préserver l’unité des institutions libyennes, de garantir la sécurité régionale, et d’organiser des élections inclusives.
Le soutien au Comité militaire conjoint (5+5) a été renouvelé, notamment pour le maintien du cessez-le-feu et le retrait des forces étrangères. Une prochaine réunion est prévue en Algérie, puis en Tunisie avant la fin de l’année.
L’Algérie augmentera sa production de pétrole brut de 8.000 barils par jour durant le mois de juillet prochain, dans le cadre du plan de levée progressive des réductions volontaires appliquées depuis deux ans par huit pays membres de l’alliance OPEP+.
Selon un communiqué publié samedi par le ministère de l’Energie, des Mines et des Energies Renouvelables, cette décision s’inscrit dans la stratégie commune visant à accompagner la reprise de la demande mondiale en hydrocarbures, notamment durant la période estivale.
« La production de pétrole brut de l’Algérie enregistrera une augmentation supplémentaire de 8.000 barils par jour, en juillet prochain. Cette hausse vise à répondre à la progression anticipée de la demande extérieure en pétrole brut et en produits pétroliers, notamment durant l’été », précise le ministère.
Ainsi la production algérienne atteindra 936.000 barils par jour en juillet prochain, pour ensuite s’élever progressivement à 1,007 million de barils par jour d’ici juillet 2026.
Cette hausse « permettra également de soutenir la mise en production progressive de nouveaux gisements récemment développés, contribuant ainsi à une meilleure valorisation des ressources nationales », ajoute la même source.
La décision fait suite à la réunion tenue ce samedi par visioconférence entre les ministres des huit pays de l’OPEP+ ayant mis en œuvre des réductions volontaires de leur production depuis avril 2023, avec la participation du ministre d’Etat, ministre de l’Energie, des Mines et des Energies Renouvelables, Mohamed Arkab.
Sur la base des prévisions relatives à la demande pétrolière attendue pour la saison estivale, les huit pays se sont accordés sur une augmentation collective de leur production de 411.000 barils par jour pour le mois de juillet 2025, précise encore le communiqué.
Les scènes de liesse se sont multipliées à Paris dans la nuit du 31 mai au 1er juin, après la victoire du PSG 5-0 face à l’Inter Milan, à Munich, en finale de la Ligue des champions. De nombreux rassemblements de supporters ont lieu, autour du Parc des Princes et des Champs-Élysées notamment, émaillés parfois d’incidents.
5-0. Un score jamais vu en finale de Ligue des champions de football. Le PSG a décroché sa première étoile hier soir à Munich face à l’Inter Milan, dans un match ultra-maîtrisé et absolument éblouissant. Une victoire écrasante des joueurs de Luis Enrique, et une deuxième Ligue des champions remportée par un club français après l’Olympique de Marseille en 1993.
Une victoire célébrée dans les rues et les lieux emblématiques de la capitale, comme sur la mythique place de la Concorde, en bas de l’avenue des Champs-Élysées.
Du côté de la Porte de Saint-Cloud, et même sans joueur sur le terrain, le Parc des Princes a résonné comme pour les plus belles affiches et a rugi à chacun des cinq buts des Parisiens. L’enceinte du club de la capitale était garnie de 48 000 supporters qui vibraient à l’unisson de leurs camarades partis supporter le PSG à Munich.
Dès le coup de sifflet final, un son et lumière avec des flammes a illuminé le terrain tandis que quelques kilomètres plus loin, la tour Eiffel a brillé de mille feux aux couleurs parisiennes.
En dehors de l’enceinte, les supporters, regroupés notamment sur les Champs-Élysées, interdits aux voitures pour l’occasion, et sur la place du Trocadéro, ont célébré bien plus tôt le sacre, à grands coups de pétards, de chants et de coups klaxon.
La police évacue violemment les supporters parisiens des Champs-Élysées.
Un CRS jette mon téléphone par terre marche dessus et me met un coup de matraque. pic.twitter.com/GwzjHKGNxk
Les manifestations de joie ne sont pas allées sans débordements. Les 5 400 policiers et gendarmes mobilisés pour la soirée à Paris et son agglomération ont eu recours au canon à eau sur les Champs-Élysées et ont dû évacuer des supporters descendus sur le périphérique alors même que le match se jouait encore.
À 22 h 45, moment de la fin de match, 294 personnes ont été interpellées en marge des festivités dans la capitale, selon un décompte communiqué par la préfecture de police, concentrées Porte de Saint-Cloud et en haut de l’avenue des Champs-Élysées notamment pour « détention de mortiers d’artifice, produits incendiaires », toujours selon la préfecture de police. Sur les Champs, beaucoup de vitrines de magasins avaient été préventivement recouvertes de panneaux en bois léger par crainte de débordements, comme lors de la demi-finale retour.
Vers minuit, la rue de Rivoli, l’une des artères de Paris qui mène jusqu’aux Champs-Elysées, est recouverte par une véritable marée humaine. Toute une ville est en train de converger vers les Champs. À pied, à vélo, en voiture ou à scooter, dans un immense concert de klaxons, de pétards, de fumigènes et de feux d’artifice tirés parfois depuis les toits de la capitale.
« Paris est magique, mais tellement magique. Personne ne s’attendait à cette victoire écrasante. Mais c’est une folie », lance un supporter. « Moi, j’ai pleuré en 2020 quand on a perdu. Et ce soir, j’ai pleuré de joie », reprend un autre. « Même moi qui ne suis pas du tout le foot, je me suis joint à l’évènement parce que c’est magique ! C’est incroyable. Il y a une ambiance de fou », constate un troisième.
« Quel match fantastique et quel bonheur pour Paris ! »
Les célébrations ont duré une bonne partie de la nuit, notamment autour des Champs-Élysées. Une parade est prévue ce dimanche 1er juin pour présenter le trophée. L’équipe parisienne sera également reçue par le chef de l’État Emmanuel Macron, dimanche à l’Élysée. Le président Emmanuel Macron a salué d’un « Champion mon frère ! » la victoire du PSG.
De son côté, Anne Hidalgo, maire de Paris, a salué samedi soir la victoire « historique » du PSG. « Quel match fantastique, quel état d’esprit sur le terrain et quel bonheur pour Paris ! » a salué l’édile socialiste. « Cette victoire nous rend extrêmement fiers de notre équipe » a-t-elle ajouté.
En France, deux morts lors des célébrations de la victoire du PSG
Deux personnes, un mineur à Dax et une femme à Paris, sont décédées dans la nuit de samedi à dimanche et 559 personnes ont été interpellées lors des célébrations en marge de la finale de la Ligue des champions remportée par le PSG, selon le ministère de l’Intérieur.
À Dax, un mineur de 17 ans a été tué à coups de couteau lors d’un rassemblement pour célébrer le sacre du club parisien contre l’Inter Milan tandis qu’à Paris, dans le 15e arrondissement de la capitale, un homme à scooter a été percuté par une voiture et a succombé à ses blessures. Il y a eu au total 559 interpellations -dont 491 à Paris – qui ont conduit à 320 gardes à vue dont 254 à Paris, a ajouté la même source.
À Grenoble, une voiture a percuté la foule, faisant quatre blessés dont deux graves. L’acte n’était pas intentionnel, selon une source proche du dossier. Par ailleurs, un policier a été placé en coma artificiel après avoir été blessé par un tir de mortiers d’artifice à Coutances, dans le nord-ouest de la France. Il a été touché au niveau de l’oeil, par un jet accidentel selon les premiers éléments de l’enquête.
Cette prise à partie tant maladroite que sibylline, se veut une réponse aux critiques que je lui ai adressées il y a quelques semaines mais, tant dans la forme que dans le fond, elle peine à être autre chose qu’une pitoyable acrobatie d’une pensée boiteuse, incolore, inconsistante et manifestement inéligible à la responsabilité politique. La récitation aléatoire de slogans ne fait pas un discours.
Susceptibilité et agressivité
Je suis un citoyen algérien qui revendique l’exercice libre et autonome de son droit à l’expression et c’est en tant que tel que je me suis permis d’émettre des critiques à l’endroit de M. Mazouz dont les propos tenus à Montréal ainsi que sa complicité avec M. Mohcine Belabbas dans la capitulation du RCD devant les islamistes m’ont choqué. Il vient de rééditer l’exercice de l’inconséquence en déclarant qu’il n’y a pas de futur « sans rupture avec le mensonge d’État ». Quel culot ! L’effacement de la mémoire collective est le pire des mensonges.
Je rappelle, que depuis 2009, alors que j’étais encore étudiant en licence à l’université de Tizi-Ouzou, je publie régulièrement des tribunes dans la presse algérienne pour donner mon point de vue, positif ou négatif, sur toute la classe politique nationale. À chaque fois que j’ai estimé nécessaire de m’exprimer, je l’ai fait en mon âme et conscience sans jamais vouloir entrer dans un face-à-face avec un quelconque responsable.
À ce jour, aucun dirigeant ne s’est offusqué de mes interpellations. Que M. Mazouz réduise mon intervention à une volonté de le prendre à parti et de régler un compte personnel est une inqualifiable faiblesse que je perçois comme une tentative désespérée de dissimuler les problèmes que j’ai soulevés derrière une prétendue querelle d’ego. Je ne joue pas dans les eaux troubles et ne consulte, moi, aucun « haut gradé ». Je suis un éditeur connu et reconnu comme tel en Algérie et à l’étranger. Depuis mes débuts dans le métier, j’ai publié plus d’une centaine d’auteurs algériens et étrangers qui m’ont fait confiance et avec lesquels j’entretiens d’excellents rapports.
Tenter d’enfermer mes interventions au sujet du RCD dans la relation d’amitié et de travail que j’entretiens avec M. Saïd Sadi (dont vous avez dit au Canada qu’il était celui qui vous a le plus inspiré, chose que je n’ai pas trop vue dans votre interview) et suggérer que c’est ce dernier qui me pousserait à dire ce que je dis est un pitoyable raccourci qui en dit autant sur votre peur panique du débat contradictoire que sur votre passion pour l’intrigue et le ragot. La nature indigeste de votre entretien, pourtant écrit et donc relu, explique bien votre attitude : Le désert au RCD est si stérile qu’il n’admet plus la moindre contradiction.
En tant que journaliste, universitaire et homme de culture qui se revendique de l’école de Frantz Fanon, d’Edward Saïd, de Jacques Lacan, d’Anthony Giddens, de Paul Celan, d’Alain Touraine, de Jean-El Mouhoub Amrouche, d’Achille Mbembe, de Kateb Yacine, d’Abdelkader Alloula, de Saïd Sadi, de Sony Labou Tansi, de Mohammed Kheiredine, je veille sans cesse à maintenir une distance critique dans mon rapport au monde et cette démarche est une exigence méthodologique inaliénable pour moi. J’ai payé et je paie encore mes choix intellectuels de ma liberté mais ni intimidation ni répression ne pourront me faire changer de ligne de vie. Je fais mien ce propos de Frantz Fanon : « Ô mon corps, fait de moi un homme qui toujours s’interroge ».
Confirmations du naufrage
Dois-je pour ainsi dire vous blâmer ? Pas nécessairement. Parce que, par vos réponses contradictoires et ambiguës à mes interrogations, vous ne faites que confirmer ce qui, dans mes questions, n’était qu’hypothèse. Vous dites que votre projet est de préparer le « RCD à gouverner » alors que sur les ondes de Radio Azul International, vous avez déclaré il y a quelques jours que les institutions algériennes sont « du pipeau ». Vous dites que votre parti est présent sur le terrain et se bat pour une transition démocratique, mais vous dites en même temps que les Algériens sont totalement indifférents à la vie politique.
Vous dites que le RCD est un parti laïque mais vous refusez de vous démarquer d’une feuille de route signée par votre prédécesseur avec Rachad, un avatar du FIS dont certains dirigeants ont revendiqué l’assassinat d’intellectuels pendant la décennie noire.
Vous continuez aussi à officier régulièrement dans la chaîne Al Magharibia, organe dont la mission principale est de réhabiliter le FIS et préparer le terrain au triomphe moral et politique de l’islamisme. Vous revendiquez une filiation avec Avril 80 et le MCB mais vous couvrez la destruction des archives du RCD que l’ancien chef de cabinet de M. Mohcine Belabbas, M. Nassim Yassa, alors votre collègue à la direction du parti, revendique publiquement comme une victoire sans que vous ayez réagi….
Autant de contradictions qui donnent à votre discours l’allure d’un charabia qu’aucun esprit sainement construit ne peut saisir. Ceux qui ont trouvé la force d’aller jusqu’au bout de votre verbiage et qui ne connaissaient pas les raisons de l’effondrement du RCD ont la réponse à leur perplexité après avoir lu votre diatribe. Je vous laisse dans ce que vous semblez apprécier par-dessus tout : l’invective, la fuite en avant et la peur de la confrontation d’idées.
Entre-temps, je vous prie de me permettre de déplorer le naufrage en cours d’un parti qui a brillé par la qualité et la dignité de ses productions. Le spectacle est triste mais il a le mérite d’être inédit et de flatter les égos de ses auteurs.
Tanekra n lḥirak n furar 2019, i d-ibdan di temdint n Xerraṭa, akken tessaɣ i tmurt n Lezzayer di yal tamnaṭ, i teldi tabburt i unnay amaziɣ, ittrefrif di yal tikli, nnig yal tazeqqa akked iberdan.
Tanekra tamagdayt n uɣref azzayri tufa azamul iwatan, idis n wannay n tmurt n « waggur d yitri’’, akken ad tbeddel targit ɣer tilawt, ad d-tlal Lezzayer tazzayrit.
Annay amaziɣ iban-d d azamul n tdukli, n tegmat ur nekkis yiwen, ur naâzil yiwen uzzayri neɣ tazzayrit, akken tebɣu tili tutlayt-is neɣ ddin-is ; diɣ, d azamul isduklen akk imezdaɣ n umaḍal amaziɣ n Tefrikt n Ugafa, di tmura n Merruk, Tunes Libya, agafa n Mali (Azawaḍ), akked Niger, zger akkin ɣer Tegzirin Tiknariyin.
Ur illi uẓar n beṭṭu neɣ usmenyif/errya deg uzamul n unnay amaziɣ, ur illi deg-s « relent identitaire » illan ass-a di tmura n Urupa neɣ USA mgal iberraniyen, neɣ ayen illan di Taferka taberkant mgal aḥric n wat tmurt, am twaɣit n imenɣi Hutus-Tutsi di Rwanda, ur nefri.
Icenga n tdukli n Tefrikt n Ugafa.
Tamuɣli-nni n tdukli n Tefrikt n Ugafa, tin i yezwaren si tdukli n uɣref azzayri deg ubrid n tlalit n tmurt tamagdayt, ur illi di tiṭ n wid ur nessarem ad teddukel tmurt tameqqrant, si Libya ar Merruk.
Imelyan-nni n Izzayriyen iteddun di yal tikli n talwit, di Lezzayer, Bgayet, Tizi Wezzu, Wehran, Qsenṭina, Paris, Londres, Montréal… s wannay amaziɣ akked wannay n Lezzayer dduklen, ur illi deg wul n wid d-isseqdacen tiḥila akken ad rren tamurt d ayla-nsen, d amur n waɣlan n « taârabt-tinneslemt » (une partie de la nation arabo-islamique ).
Tiḥila-nni mačči yiwen nsent :
Tafrikt n Ugafa ur telli, isem-is « El Maghreb el arabi », tin i yasen-d-issas ssif n iserdasen aâraben di lqern wis 7, di ṭṭrad n lfutuḥat,
Tamurt tineslemt, ad tili ‘’bessif’’ d tamurt taârabt, tebɣa neɣ ur tebɣi, zun ulac tinneslemt, tella kan ‘’taârabt-tinneslemt’’,
Tamurt n ‘’Camal Ifriqia » ur telli d tamurt n yidles, ur illi uɣref amaziɣ, ur telli tutlayt tamaziɣt, ur telli tira n tmaziɣt… d war aɣref, war idles.
Imaziɣen llan, maca tinneslemt terra-ten d Aâraben, i yenna Ahmed Taleb Ibrahimi…
…
Anwi i d icenga n Tefrikt n Ugafa, icenga n uɣref amaziɣ ?
Icenga n Tefrikt n Ugafa tamaziɣt mačči yiwen wudem-nsen si tazwara n umezruy.
Maca d ayen illan kan, si tmuɣli-nneɣ, si tlalit n Liga aârabiya (Ligue des Etats arabes) (1) akked tlalit n tdamsa tameqqrant n pétrole (pétro-dollars).
D abeddel n usalu n Liga aârabiya, tin d-ilulen akken ad tesdukel timura taârabin, i yessawḍen ɣer tsertit n temharsa taârabt (colonisation par l’arabisme). Di tazwara, tinneslemt ur telli d tagejdit, maca tbeddel abrid ɣer ‘’taârabt-tinneslemt’’, si mi teɣli tezmert n ‘’nationalisme arabe’’ n Gamal Abdel Naser.
Akka tura, d tigelda n pétro-dollars n Qatar, Emirates, Saudya, i yuɣen amkan agejdan di tsertit timnekcemt n taârabt-tinneslemt.
Sin iɣallen i semrasen/sexdamen di tsertit-nsen akken llan, ɣas ma yella umgared gar-asen, tiyita-nsen teddukel, tekkat ɣer yiwet tama : d tasertit n Ixuniyen inselmen akked Iwehhabiyen-Isalafiyen, akked tedrimt n pétro-dollars, akken ad aɣen imdanen/iɣallen di tmura i tekcem twekka-nsen.
I di Lezzayer amek ?
Di tnemmast n tikliwin n Lḥirak i yerzef jiniral Ahmed Gaïd Salah ɣer tmurt n Emirates. Mi d-yuɣal kan, ifka lamer i temsulta n Lezzayer akken ad ittwakkes unnay amaziɣ di tikliwin, di yal amkan. Win i ṭṭfen ad tt-id-yawi deg unekraf/ lḥebs !
Ansi d-ikka lamer-nni n ugdal/interdiction n unnay amaziɣ, ma mačči si tmurt n Emirates ?
Ass-a, di tmurt n Lezzayer si 2019, annay amaziɣ ittwagdel, maca ur illi kra n usaḍuf i t-igedlen : « d asaḍuf ur nuri » (une loi non écrite dans le code pénal).
Di tmura nniḍen, ɣɣaren-s « le fait du prince ».
Ma d adabu azzayri i yellan ass-a di Lezzayer, ad izwir, ad ikkes asaḍuf ur nelli, ad isbedd annay amaziɣ nnig Ugraw Aɣelnaw n APN !
Maca, d ayen illan ass-a di tmurt deg ttwaqqnen yemdanen ɣef tlelli-nsen d tikta-nsen, i yefkan tabɣest/lkuraj i yemdanen am Belghit, Mokri, Djabellah, Bengrina… akken ad ddun d ixuniyen n tsertit i d-ikan si tmura nniḍen, mgal tamurt-nsent nutni.
Di tkerkas-nsen, sduklen aserǧen n umezruy akked txunit n « nekkni yakk d inselmen »…
D tasertit iteddun ad teldi tabburt i temharsa n « grand remplacement », ma fkan afus Izzayriyen akken llan !
Aumer U Lamara
Timerna / Notes :
1. Ligue des Etats arabes, créée en mars 1945, par les Etats fondateurs : Jordanie, Liban, Syrie, Arabie Saoudite, Egypte, Irak, Yémen.
2. Tasertit pangermanique : « Aɣlan almani yella di yal tamurt anida tella tutlayt talmanit » (« la nation allemande se trouve partout où se parle l’Allemand »). D tasertit-nni i yesnekren ṭṭrad ameqqran n umaḍal wis sin / 2eme guerre mondiale.
D tasertit-nni i yesseqdac ass-a Vladymir Poutine s tutlayt tarusit, di Ukrainia, Moldavia, Georgia… (Anida tella tutlayt tarusit, d tamurt n Russia !).
À quelques jours de la déclaration d’indépendance de la Kabylie, les réseaux sociaux s’emballent et sont inondés de commentaires incendiaires, souvent frisant l’insulte, entre...
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