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Célébration du 30e anniversaire du HCA sous le signe de « la sécurité identitaire en Algérie »

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HCA
Le HCA fête ses 30 ans.

La célébration du 30e anniversaire de la création du Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA) s’est tenue ce 27 mai 2025 au Cercle National de l’Armée de Béni Messous à Alger.

Ce moment fort a coïncidé avec l’ouverture officielle d’un séminaire national placé sous le thème : « Promotion de l’Amazighité dans le cadre de la sécurité identitaire en Algérie : contexte, concepts et Implications socio-cognitives et institutionnelles».

Dans un contexte national où les débats sur l’identité connaissent un regain de tension, marqué notamment par la remise en cause par certains courants arabo-islamistes du statut de tamazight en tant que composante fondamentale de l’identité nationale, cette commémoration prend une portée particulière. Elle vient affirmer, avec force, l’attachement des institutions républicaines à la pluralité culturelle et linguistique du pays.

Lors de la cérémonie d’ouverture, le Secrétaire général du HCA, Si El Hachemi Assad, a qualifié cette rencontre de moment stratégique pour réaffirmer « l’engagement national inébranlable à promouvoir la langue amazighe dans le processus de renforcement de la sécurité identitaire et de construction de l’unité nationale ».

Il a salué les « orientations judicieuses du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune », qui ont, selon lui, permis d’ouvrir « de nouvelles perspectives pour consolider la place de l’amazighité dans un cadre serein, unificateur et intégré au sein du système de l’identité nationale ».

M. Assad a insisté sur le fait que « la souveraineté culturelle ne saurait être consolidée sans la reconnaissance pleine et entière de toutes les composantes de la nation », soulignant que cette reconnaissance est un facteur essentiel de la cohésion nationale et de l’approfondissement du sentiment d’appartenance collective. Il a également rappelé le rôle central joué par le HCA depuis sa création, en 1995, dans « l’ancrage d’une conviction institutionnelle et sociétale en faveur de la diversité linguistique et culturelle, pilier de la force douce de l’Algérie ».

La cérémonie a réuni de nombreuses personnalités officielles, dont Hamid Lunaouci, conseiller du Président de la République chargé des organisations non gouvernementales et des droits de l’Homme, le cheikh Mohamed El Mamoun El Kacimi El Hassani, recteur de la Grande Mosquée d’Alger, ainsi que la ministre de l’Environnement et de la Qualité de Vie, Najiba Djilali.

Étaient également présents des représentants d’institutions nationales, d’organismes consultatifs, ainsi que des universitaires et chercheurs, venus affirmer leur soutien à la démarche de promotion et de reconnaissance de tamazight comme pilier de l’identité algérienne.

En ces temps de résurgence des tensions identitaires, cette célébration s’est voulue un acte de réaffirmation de  la diversité culturelle et linguistique de l’Algérie et une réponse claire à ceux qui contestent la légitimité culturelle et historique de tamazight au sein du socle national.

La rédaction

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Soufiane Djilali alerte sur les dérives du verrouillage politique

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Soufiane Djilali
Soufiane Djilali sort de sa réserve et alerte sur l'arbitraire et le verrouillage politique du pays.

« La fermeture du champ politique pourrait conduire à l’émergence d’une élite qui détruirait le pays. » Cette déclaration, signée du Dr. Soufiane Djilali, président du parti Jil Jadid, sonne comme une alerte grave et réfléchie sur l’état actuel de la vie politique nationale.

Prononcée dans un contexte marqué par un durcissement du pouvoir, elle révèle une évolution significative du positionnement de cet acteur politique, jadis perçu comme l’un des compagnons d’une transition manquée post-Hirak.

La parole de Soufiane Djilali n’est pas anodine. Médecin de formation et homme politique engagé, il a longtemps cru à la possibilité d’un dialogue réformiste avec les institutions.

En 2019, dans le sillage de l’insurrection citoyenne du Hirak, il avait fait le pari risqué de l’« accompagnement » du pouvoir, misant sur une sortie pacifique et progressive de la crise politique.

Mais l’expérience s’est soldée par un échec cuisant, l’appareil sécuritaire reprenant rapidement le dessus, refermant le champ des possibles ouvert par la mobilisation populaire.

Depuis cette rupture, le président de Jil Jadid adopte un ton plus incisif, rompant clairement avec sa posture d’ouverture initiale. En dénonçant aujourd’hui la fermeture du champ politique, il met le doigt sur un mécanisme insidieux : celui d’un repli autoritaire qui ne laisse place qu’à une élite fermée, cooptée, et souvent coupée des réalités sociales.

Cette élite, prévient Djilali, pourrait non seulement confisquer durablement le pouvoir, mais également aggraver la crise multidimensionnelle que traverse le pays. Dans son analyse, la concentration excessive du pouvoir, l’absence de débat pluraliste, et l’exclusion des forces politiques alternatives alimentent un climat de défiance et d’immobilisme. À long terme, c’est tout le système national — économique, social et institutionnel — qui risque d’en pâtir.

En adoptant une posture désormais frontale vis-à-vis du pouvoir, Djilali Sofiane rejoint les voix critiques qui s’élèvent contre une gestion autoritaire du pays et plaident pour une refondation démocratique réelle. Son discours s’inscrit dans une volonté de redonner sens à la politique, au-delà du clientélisme et de la répression, dans un moment où l’Algérie semble à nouveau à la croisée des chemins.

La réflexion du président de Jil Jadid ne se limite pas à un constat d’échec ; elle appelle à un sursaut. Car l’alternative à la fermeture n’est pas le chaos, mais l’ouverture maîtrisée, l’inclusion des forces vives, et la reconnaissance de la diversité des expressions politiques.

À défaut, le pays pourrait, comme il le redoute, sombrer dans les griffes d’une élite qui, au lieu de construire, peut conduire au chaos. 

Samia Naït Iqbal

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RCD : quelques éléments de notre histoire

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Atmane Mazouz
Atmane Mazouz, le président du RCD


Cet écrit est destiné à contribuer à des clarifications que j’espère utiles, maintenant que les luttes pour le contrôle du parti, lors du mouvement de février 2019, sont assumées par le biais de divergences politiques. Sont-elles vraies ou inventées après coup, pour des besoins mercantiles. Cela ne change rien.

Par Ouamar Saoudi

Certaines de ces divergences relèvent de l’orientation stratégique du parti après son troisième congrès, d’autres procèdent de prises de position de nature tactique, voire opportuniste.

Il s’agit de contribuer à lever les confusions, sources d’émergence de médiocrités et d’opportunismes. C’est d’ailleurs ce que veut soutenir un ancien militant et cadre du RCD, auteur d’un procès en règle contre le RCD dans son intervention sur les réseaux sociaux le 21 mai 2025.

Dans ce texte, et pour une question de méthodologie, je n’aborderai que la période où je fus secrétaire national à la coordination (cette mission a pris fin lors du sixième congrès du parti en juin 2022) et celle qui l’avait précédée.


Plateforme pour le changement en Algérie datée du 15 mars 2019

La signature de cette plateforme par l’ex-président du RCD est devenue un véritable bourourou aux yeux des détracteurs de l’orientation du parti. Elle est donc érigée en trahison suprême par une sorte de tribunal censitaire.

En plus d’avoir en horreur l’autocritique stalinienne exercée dans les Partkom, j’assume personnellement ce texte dans son fond, sa justesse dans le contexte, son actualité brûlante et son prolongement dans l’orientation du parti, cristallisée dans la plateforme de transition adoptée à la conférence de Mazafran, le 10 juin 2014, à l’initiative de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD). J’aggrave donc le score aux jeux de ceux qui pensent détenir ou découvrir un cadavre dans le placard.

Sur le contenu de la plateforme

Ce texte comprend trois parties:

· Le contexte du soulèvement de 2019 est au centre avec la revendication d’une « Algérie libre et démocratique » comme principal slogan des manifestations à travers le pays ;
· Les objectifs à atteindre, dont la souveraineté du pays et le droit de tous les citoyens d’y vivre libres et dignes, le suffrage universel comme seul moyen de choix des dirigeants et des programmes politiques, les libertés individuelles et collectives, le contrôle démocratique effectif des forces armées et des services de sécurité ;

· La feuille de route ou les actions qui passent par la démission du chef de l’État à l’issue de son mandat le 27 avril 2019, la démission du gouvernement et la dissolution des deux chambres. Enfin, une Présidence collégiale, l’ouverture et l’organisation de la transition à travers un débat général (processus constituant).

À ma connaissance, et jusque-là, personne n’a émis la moindre critique sur le contenu du document qui, au demeurant, est public.

Sur la démarche

Le fait que Mourad Dhina signe ce texte en compagnie d’autres activistes ou militants, à l’instar de l’ex-président du RCD, durant cette période diffère-t-il de la présence des islamistes à la conférence de Mazafran ? Je rappelle qu’à Mazafran, président du parti d’alors, l’ensemble des cadres et de l’encadrement du RCD ont adopté les documents de ce rendez-vous, tout comme Ali Belhadj et Kamal Guemazi.

Qu’est-ce qui a donc changé pour qu’on décrète, cinq ans après cet événement majeur de la vie politique nationale, une interdiction aux militants du parti de mettre leur nom à côté des dirigeants de l’ex-FIS dans un texte qui appelle au respect des libertés et des droits de l’Homme, à l’ouverture des champs politiques et médiatiques, à l’organisation d’une période de transition pour donner la parole au peuple algérien dans un processus défini par l’ensemble des forces politiques du pays, et qui prône un contrôle démocratique sur les institutions de sécurité ? Il serait utile pour tous de relire la feuille de route du RCD dévoilée le 27 mars 2019 lors d’une conférence de presse. L’orientation de la transition démocratique demeure et doit demeurer l’aiguillon stratégique de la politique du parti jusqu’au prochain congrès.

Quant aux aspects tactiques de la mise en œuvre de la transition, ils sont souvent tributaires de la situation politique objective aux échelons national et international. La construction d’un regroupement des démocrates (le facteur subjectif de la situation politique) doit demeurer une constante pour bâtir le seul outil garantissant un poids idoine des forces démocratiques dans la négociation en vue de cette transition, lorsque les conditions objectives sont réunies, comme ce fut le cas en 2019. Je pense qu’un débat sans diktats sur cette construction peut être organisé utilement.

La question vient naturellement à l’esprit est la suivante : une transition démocratique peut-elle être viable sans un processus de vérité et justice sur les massacres, les assassinats et les disparitions forcées des années 1990 ? La réponse est NON. Pour rappel, c’est la charte dite pour « la paix et la réconciliation nationale », imposée lors d’un référendum le 29 septembre 2005 par l’ancien chef de l’État, A. Bouteflika, qui criminalise toute tentative de recherche de la vérité sur la tragédie des années 90. Le RCD, à travers une déclaration de septembre 2005, avait dénoncé ce texte qui institue l’oubli et l’amnésie, mutile la mémoire collective et sème les germes de conflits futurs.

Dans la résolution du Conseil national du RCD, en date du 8 juillet 2005, on lit « Dans le cas de notre pays, des responsables politiques dignes de ce nom se devaient d’assumer et de consolider les acquis démocratiques arrachés par le peuple, d’honorer une résistance citoyenne exemplaire et d’assumer les abus des commis de l’État mis devant des situations intenables et inédites. ».  Cette ligne de « vérité et justice » est largement défendu dans la revue  Tafsut que nous publions dans cette période.

La question n’est pas morale ou seulement morale. En Afrique du Sud, où les Noirs étaient victimes d’un racisme d’État pendant plus de quarante ans, avec son lot de milliers de victimes, d’emprisonnements arbitraires, d’humiliations… l’ANC, tentée un temps par l’amnistie générale, s’est ravisée pour opter pour une amnistie conditionnée à travers les commissions vérité et justice.

Construire la mémoire des conflits est l’unique moyen d’en prévenir d’autres. Cela est d’autant plus urgent que les acteurs et les témoins du drame ont aujourd’hui plus de quarante ans. Œuvrer pour une Algérie apaisée, démocratique et sociale implique des efforts de tous, loin des lieux communs et des fanfaronnades, pour restituer au pays toute sa mémoire. Car, de tout temps, l’aspiration à la liberté et à la justice a été la boussole des luttes de notre peuple.

Refus de retrait de l’Assemblée en 2019

Les députés du RCD qui ont démissionné de l’APN en octobre 2019, huit mois après le déclenchement des manifestations en février, n’étaient pas les premiers à s’incruster dans cette démarche. D’autres ont inauguré ce retrait dès avril 2019.
Je n’ai pas aucunement intention de discuter les raisons avancées dans l’intervention du 21 mai 2025. Cependant, il est de notoriété publique que plusieurs démissions ont été enregistrées après la fameuse réunion du 30 mars 2019. Je ne peux m’étaler sur les circonstances de cette réunion, encore moins sur les suites qui en ont découlé, pour des raisons évidentes de conjoncture et la justice a statué à deux reprises sur cet épisode. Le plan élaboré consistait à traiter la crise par le biais d’une nouvelle Assemblée, pour épargner la présidence de Bouteflika.

Dès lors, il devient évident que la meilleure campagne électorale était le retrait, pour se présenter comme le meilleur opposant. Les reconversions de nombreux acteurs politiques au mot d’ordre de l’Assemblée constituante laissent toujours pantois, car jusque-là, ils estimaient qu’une telle élection donnerait, à coup sûr, une majorité aux islamistes. Le risque n’est effectivement pas nul.

Pour le parti, qui ne partage pas cette démarche (voir notre feuille de route), le processus constituant ne peut démarrer par une élection de ce type sans être précédé de préalables sur la liberté de conscience, la séparation du religieux et du politique (laïcité), les libertés fondamentales, la question linguistique, les modalités d’accès au pouvoir et l’alternance démocratique. Ces préalables ne peuvent être confiés à une Assemblée qui risque effectivement d’être dominée par les islamistes et leurs alliés conservateurs.

Il s’agit pour nous de peser pour garantir les libertés et l’alternance démocratique avant de procéder à toute élection. C’est le sens de l’initiative du Pacte pour l’Alternative Démocratique (PAD).

L’histoire du groupe de pression

L’auteur de l’intervention s’offusque que la direction du RCD ait, en ce temps-là, usé du terme « groupe de pression » dans l’une de ses déclarations pour défendre son orientation dans un contexte d’extrême adversité. Pour rappel, le RCD, dans un communiqué daté du 18 octobre 2019, déclarait : « Le RCD… est la cible d’une déstabilisation par ceux qui conçoivent le parti comme un simple groupe de pression. »

Lors du quatrième congrès du parti, une question quelque peu introduite en tapinois a divisé les congressistes : celle du changement de sigle. Les arguments affichés par les  partisans du changement étaient qu’il fallait passer à une autre étape pour rassembler les progressistes à l’échelle nationale  (le nouveau sigle proposé était « Les Progressistes » ; dans les faits, ce changement signifiait qu’il fallait passer d’un parti qui fait pression ou influence le pouvoir et les institutions à un parti qui aspire à exercer le pouvoir. Ceux qui refusaient cette proposition (majoritaires) estimaient qu’il aurait fallu avoir un débat dans les pré congrès (pas de désaccord de fond dans l’argumentation).

Étant président du congrès et, après que cette proposition avait été repoussée, j’ai fait ce que j’ai pu pour qu’une résolution soit adoptée afin de reprendre ce débat sereinement dans les nouvelles instances du parti. En vain : les uns étaient démobilisés par la « défaite » et les autres, grisés par la « victoire », voulaient rester totalement libres tout au long d’un nouveau mandat.

J’estime que les manifestations populaires en 2019 et notre popularité dans la rue nous ouvraient la voie à devenir un véritable parti national, tout en consolidant nos fiefs historiques. Les arguments à la carte ne peuvent faire avancer notre cause commune : construire un outil capable d’influer durablement sur le cours des événements.
Au demeurant, le bilan moral et politique de cette gestion a été adopté sans réserve par le cinquième congrès du parti, tenu en juin 2022.

Je ne peux terminer cette contribution sans dénoncer et condamner les attaques dont est victime Atmane Mazouz en tant que président du RCD. L’instance présidentielle du parti n’est sous le contrôle que des militants du parti à travers les structures statutaires du Rassemblement. Dans ce cas d’espèce, le Conseil national, en attendant la tenue du congrès statutaire.

Pourtant, les auteurs de ces jugements savent que les invectives et les attaques personnelles venues de l’extérieur produisent immanquablement, chez les militants, un patriotisme de parti pour resserrer les rangs autour de la direction légitime.

Enfin, il faut croire que l’objectif recherché n’est ni un “redressement” ni une récupération, mais le discrédit et la dislocation pour laisser place… À quoi ? C’est la question.
Cette question prend tout son sens au moment où les menaces sur le multipartisme ne relèvent plus de la spéculation. Une fois promulguée, la nouvelle loi sur les partis comporte des exigences difficilement surmontables pour une organisation qui aspire à être ou à demeurer autonome.

C’est ma contribution pour apporter des clarifications à ceux qui se posent sincèrement les questions que j’ai abordées. Je n’ai nullement l’intention d’entretenir une quelconque polémique en rappelant des faits vérifiables.


Alger, le 27 mai 2025

Ouamar Saoudi

Ex-secrétaire national du RCD à la coordination

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Instabilité et ingérences étrangères au Sahel : l’Algérie revendique son rôle de puissance stabilisatrice

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Terrorisme Sahel

À l’occasion de la Journée de l’Afrique, célébrée le 26 mai à Alger, l’Algérie a réaffirmé, par la voix de ses plus hauts responsables diplomatiques et militaires, une vision stratégique résolue face aux turbulences sahéliennes. Entre dialogue, solidarité régionale et fermeté souveraine, le tandem Chanegriha–Attaf a défini une doctrine sans équivoque : sécurité partagée, coopération africaine et tolérance zéro face aux ingérences.

Plus que jamais, Alger entend jouer son rôle de rempart stabilisateur au cœur du Sahel et défendre une approche africaine des défis sécuritaires et de développement.

À l’occasion d’un colloque national organisé à Alger à la veille de la Journée de l’Afrique — qui s’est tenue le 26 mai au siège du ministère des Affaires étrangères — les deux principales figures de la diplomatie et de la défense algériennes, le général d’armée Saïd Chengriha, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), et le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf, ont exposé une vision stratégique cohérente de l’engagement algérien face aux crises multidimensionnelles qui secouent la région sahélo-saharienne.

Une réponse pragmatique à une instabilité persistante

Intitulée « Le Sahel africain : défis sécuritaires et de développement à l’aune des rivalités géopolitiques dans la région », cette rencontre s’inscrit dans un contexte marqué par la recomposition stratégique au Sahel : montée en puissance des groupes armés, désengagement de certains acteurs internationaux, et compétition accrue entre puissances étrangères. Face à ce paysage fragmenté, l’Algérie réaffirme sa doctrine : non-ingérence, respect de la souveraineté des États et priorité au dialogue.

Dans son allocution, le général Chengriha a mis en exergue le rôle de l’Algérie dans le cadre du Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC), aux côtés du Mali, du Niger et de la Mauritanie. Un dispositif régional de coopération sécuritaire qui illustre, selon lui, la volonté d’Alger de coordonner les efforts face aux menaces transfrontalières. Le chef d’état-major a également souligné la nécessité d’une approche intégrée articulant sécurité, diplomatie et développement.

Une diplomatie ancrée dans la solidarité africaine

Intervenant à l’occasion de la Journée de l’Afrique, Ahmed Attaf a réaffirmé l’attachement de l’Algérie à ses engagements régionaux malgré les turbulences actuelles :

« Malgré des tentatives de perturber nos relations avec nos voisins du Sahel, l’Algérie ne tournera pas le dos à son voisinage. L’Algérie n’acceptera pas que l’on touche ou que l’on porte atteinte à la sécurité de l’espace géographique auquel elle appartient. »

Ces propos fermes, mais inclusifs, visent à la fois les pays du Sahel et les puissances extérieures tentées de tirer parti des différends régionaux. Pour Attaf, la stabilité de l’Algérie est intimement liée à celle de ses voisins sahéliens. Une manière de rappeler que la sécurité collective passe par une vision panafricaine, fondée sur la solidarité et le respect mutuel.

Une vision stratégique portée au sommet de l’État

Dans cette même dynamique, le général Chengriha a mis en avant la vocation de l’Algérie à jouer un rôle stabilisateur dans la région. Un rôle basé non pas sur une logique de domination, mais sur la confiance, la coopération régionale et la promotion de solutions africaines aux défis africains. Cette vision, selon lui, repose sur trois piliers : le respect strict de la souveraineté, une stratégie de sécurité collective construite avec les États concernés, et un engagement constant en faveur du développement humain et économique au Sahel.

L’Afrique au cœur d’une stratégie globale

La tenue de ce colloque à Alger, alors que les rivalités d’influence s’intensifient entre la Russie, la Chine, la Turquie, les Émirats arabes unis et les États-Unis dans la région, témoigne de la volonté de l’Algérie de proposer une alternative africaine, souveraine et inclusive. Cette démarche contraste avec les approches militarisées ou les interventions extérieures souvent critiquées pour leur manque de résultats durables. Pour autant, au-delà de cette volonté, a-t-elle les capacités de s’imposer devant ces puissants pays ? Et pourtant il y va de sa stabilité.

Dialogue, solidarité et fermeté face aux menaces

Pour Ahmed Attaf, la Journée de l’Afrique ne doit pas se limiter à la célébration des luttes passées. Elle doit aussi être l’occasion d’aborder les défis actuels qui minent le continent : désintégration des structures étatiques, insécurité alimentaire, effets du changement climatique, et chômage endémique. Face à ces enjeux, l’Algérie défend une approche pragmatique, ancrée dans la patience stratégique, le dialogue et la solidarité interafricaine.

Ce positionnement est accompagné d’un discours de fermeté. Le chef de la diplomatie algérienne a rappelé que :

« La sécurité et la stabilité de l’Algérie dépendent de celles de son entourage et de son voisinage. »

Un message qui s’adresse tout autant aux partenaires africains qu’aux acteurs extérieurs. En filigrane, Alger affirme sa volonté de rester un acteur fiable, fidèle à ses principes, et profondément attaché à la stabilité et à la souveraineté de l’espace sahélo-africain auquel elle appartient.

La rédaction

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Algérie-Libye : deux manœuvres militaires,  un même théâtre stratégique 

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Exercice de l'ANP
Exercice de l'ANP

Alors que l’Algérie accueille l’exercice militaire “Paix en Afrique du Nord”, la ville de Benghazi, sous contrôle de Khalifa Haftar, célèbre en grande pompe l’inauguration de la “Cité Militaire”. Deux démonstrations de force apparemment distinctes, mais qui traduisent des dynamiques régionales profondément interconnectées.

Parallélisme militaire, antagonisme politique

La concomitance des deux événements – à Cherchell en Algérie et à Benghazi en Libye – ne semble pas relever du simple calendrier. Elle s’inscrit dans un contexte de rivalités géopolitiques marquées, où l’Algérie cherche à affirmer son rôle de puissance stabilisatrice au Maghreb et au Sahel, tandis que le Maréchal Khalifa Haftar tente de consolider sa légitimité au plan local ( intérieur) et sur la scène internationale.

À Cherchell, l’exercice “Paix en Afrique du Nord”, mené sous l’égide de l’Union africaine, rassemble jusqu’au 29 mai des contingents de plusieurs pays : Égypte, Libye ( gouvernement de Tripolie),  Mauritanie, Sahara occidental et Algérie. Objectif affiché : renforcer les capacités opérationnelles communes face aux menaces transfrontalières. Le chef d’état-major de l’ANP, le général d’armée Saïd Chengriha, a insisté sur l’engagement de l’Algérie à “œuvrer pour la paix et la sécurité en Afrique”.

Une diplomatie militaire active

La participation égyptienne à ces manœuvres mérite d’être soulignée. Alors que certains médias marocains avaient évoqué un retrait du Caire en raison de la présence sahraouie, les forces égyptiennes ont bien pris part à l’exercice. Ce maintien est interprété à Alger comme  un revers symbolique pour le Maroc, engagé dans une stratégie de marginalisation diplomatique de l’Algérie autour de la question du Sahara occidental.

Cet épisode illustre la capacité d’Alger à maintenir ses alliances malgré les tentatives de fragmentation régionale. En inscrivant ses actions dans le cadre africain, l’Algérie entend se positionner non seulement comme une puissance militaire, mais aussi comme un acteur diplomatique incontournable du continent.

Benghazi, une vitrine de puissance pour Haftar

À l’est, la cérémonie présidée par Khalifa Haftar à Benghazi s’inscrit dans une logique différente. L’inauguration de la “Cité Militaire” à l’occasion du 11e anniversaire de la “Révolution de la Dignité” a été accompagnée d’un imposant défilé militaire et de la présence de délégations venues de plusieurs pays : Russie, Biélorussie, Égypte, Maroc, Jordanie, Tunisie, Turquie, Italie, États-Unis, entre autres.

La participation marocaine a particulièrement attiré l’attention, notamment sur les réseaux sociaux, où elle est interprétée comme un signe de rapprochement entre Rabat et le camp de Haftar. Une évolution qui, si elle se confirme, ne manquerait pas d’ajouter une nouvelle ligne de fracture dans la configuration régionale.

Enjeux croisés et recompositions en cours

Ces deux manifestations militaires révèlent la complexité des rapports de force au Maghreb et au Sahel. L’Algérie, en promouvant des exercices multilatéraux sur son sol, cherche à renforcer son image de garant de la stabilité. Haftar, en multipliant les démonstrations de puissance, s’efforce de légitimer son autorité, en dépit de son absence de reconnaissance officielle par une partie de la communauté internationale, notamment Alger.

Plus inquiétant pour l’Algérie : les signaux en provenance de l’est libyen. Des mouvements militaires signalés à proximité des frontières algériennes et des discussions autour d’un éventuel soutien à Saddam Haftar – le fils du Maréchal – en échange d’un rapprochement avec Israël, font craindre une instrumentalisation régionale de la Libye, notamment par des acteurs extérieurs.

Vers une reconfiguration du champ sécuritaire régional

Au-delà de leur portée symbolique, ces manœuvres traduisent une lutte d’influence de plus en plus explicite. Elles soulignent aussi l’émergence de nouveaux axes géopolitiques – comme l’alliance entre les régimes militaires du Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso), eux-mêmes proches de Moscou – qui redessinent les équilibres traditionnels.

Dans cette région instable, où la question libyenne demeure un facteur de déséquilibre majeur, la capacité de l’Algérie à anticiper et à contenir les recompositions en cours sera déterminante. Au-delà des démonstrations militaires, c’est bien  l’organisation de la sécurité régionale qui est en jeu.

Samia Naït Iqbal

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Fraudes aux retraites : des pertes entre 40 et 80 millions d’€ en Algérie, selon la Cour des comptes française

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Cour des comptes
L'immeuble de la Cour des Comptes

La Cour des comptes a révélé, dans un rapport publié, lundi 26 mai, que la fraude aux pensions de retraite françaises en Algérie, notamment par la non-déclaration de décès, pourrait représenter entre 40 et 80 millions d’euros. Ces montants sont à mettre en perspective avec les 1,1 milliard d’euros versés chaque année dans ce pays au titre des pensions de retraite.

Au Maroc, autre pays régulièrement mentionné dans les signalements de fraude, le préjudice serait estimé à 12 millions d’euros, sur un total de 400 millions d’euros de pensions versées, indique également le rapport 2025 sur l’application du budget de la Sécurité sociale.

L’Algérie, premier pays bénéficiaire hors de France

Selon la Cour, l’Algérie est le principal pays bénéficiaire de pensions de retraite du régime général versées à l’étranger. Elle est suivie du Portugal (800 millions d’euros), de l’Espagne (500 millions d’euros) et du Maroc (entre 300 et 400 millions d’euros, en incluant les retraites complémentaires).

Depuis le dernier audit réalisé en 2017, des avancées significatives ont été réalisées, notamment dans les pays européens, grâce à la généralisation des échanges de données numériques entre les régimes de retraite français et locaux, note la Cour des comptes.

Renforcement des contrôles hors Europe

En dehors de l’Europe, les autorités françaises prévoient de renforcer les contrôles physiques à partir de 2025. Ces opérations seront confiées à des partenaires locaux, qui devront être étroitement supervisés, insiste le rapport.

Par ailleurs, depuis 2022, des contrôles documentaires ont été intensifiés dans plusieurs pays comme la Turquie, l’Algérie, le Maroc et, prochainement, la Tunisie. Ces actions, menées par des agents spécialisés dans la détection de fraudes, ont permis de repérer entre 2 et 5 % de décès non déclarés dans les échantillons analysés.

Le cas des centenaires à l’étranger

La Cour des comptes s’est également penchée sur une polémique récurrente : celle du nombre supposé excessif de centenaires parmi les retraités vivant à l’étranger, souvent avancée pour illustrer l’ampleur des fraudes.

En réalité, le taux de centenaires chez les bénéficiaires de retraites françaises à l’étranger est légèrement supérieur à celui observé en France : 0,23 % (soit 2 445 personnes) contre 0,19 % pour les pensionnés résidant en France. La Cour met ainsi en garde contre les extrapolations abusives sur ce sujet.

 Rabah Aït Abache

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Niger : une soixantaine de morts après l’attaque d’Eknewane

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Niger

Deux jours après la perte de plusieurs dizaines d’hommes à Eknewane, l’état-major des forces armées nigériennes compte ses morts. Un nouveau bilan fait état de 58 morts, selon des sources sécuritaires.

 Les forces spéciales du BRS, le bataillon de renseignement et de surveillance, ont subi dimanche d’importantes pertes humaines et matérielles après une violente attaque de l’EIGS, l’État islamique au Grand Sahara.

Les groupes terroristes continuent à semer la mort dans les pays du Sahel. Outre le Mali, c’est aussi le Niger qui a essuyé une attaque particulièrement sanglante. C’est une position des forces nigériennes à Eknewane, au nord-ouest de Tillia (région de Tahoua), la zone de défense numéro 4 qui a été ciblée. Elle a enterré lundi ses soldats décédés.

Après le salut aux morts, le chef d’état-major des forces armées s’est rendu à Tillia, plus au nord, pour soutenir le moral des troupes.

Les ratissages engagés depuis 48 heures ont permis de retrouver d’autres corps sans vie. Ce qui porte, selon des sources sécuritaires, le nombre de soldats tués dimanche à 58.

Ces éléments du BRS sont un corps d’élite de l’armée formé par des forces spéciales allemandes à Tillia. La vallée d’Eknewane est depuis 10 ans le fief des jihadistes de l’EIGS, qui contrôle cette zone de part et d’autre des frontières nigérienne et malienne. Ce sont eux qui sont responsables des enlèvements récents à Agadez, dans le nord du pays, des deux ressortissantes européennes Eva Gretzmacher et Claudia Abbt.

Ce n’est pas la première fois qu’Eknewane subit une attaque. En septembre 2024, la même position avait été prise pour cible : 38 soldats avaient été tués au combat.

Avec Rfi

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Quand le RCD devient le champ de bataille des démocrates algériens

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Atmane Mazouz
Le président du RCD est la cible de violentes attaques sur les réseaux sociaux.

Autrefois bastion de la laïcité et des libertés démocratiques, le RCD est aujourd’hui secoué par une vive controverse. Accusations de compromission avec les islamistes, destruction des archives du parti, mise en cause de la légitimité de la direction actuelle : le conflit oppose avec virulence anciens cadres et dirigeants en place.

En toile de fond, des choix stratégiques perçus comme contraires à l’ADN du parti et à ses principes fondateurs. Cette crise interne révèle la fragmentation croissante du camp démocratique algérien et soulève une question cruciale : que reste-t-il de l’héritage politique du RCD ?

Depuis quelques semaines, une tempête secoue la maison du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), un des partis les plus emblématiques de l’opposition démocratique en Algérie. À l’origine de la polémique : une série d’accusations graves portées contre la direction actuelle du parti, accusée de « trahison des principes fondateurs » par d’anciens cadres démissionnaires. En toile de fond, une guerre de mémoire, de légitimité et d’orientation stratégique qui dépasse largement les murs du parti pour interroger l’état du camp démocratique dans son ensemble.

Accusations croisées, fracture assumée

D’un côté, un groupe d’anciens militants se disant proches de l’ex-président et membre fondateur, Saïd Sadi dénonce une « liquidation idéologique » du RCD. Dans une déclaration au vitriol.

Amar Ingrachene, universitaire, éditeur et ancien militant du parti, accuse la direction actuelle d’avoir pactisé avec le mouvement islamiste Rachad, d’avoir effacé les archives historiques du parti et, pire encore, de participer à une entreprise de réhabilitation du Front islamique du salut (FIS), pourtant honni historiquement par le RCD. « Ce n’est pas une dérive mais un plan méthodique d’alignement avec l’islamisme », soutient-il.

Les griefs sont précis : signature d’une feuille de route commune entre l’ex-président Mohcine Belabbas et Rachad pendant le Hirak, présence de cadres du parti sur des chaînes affiliées à l’islamisme, exclusion de plusieurs centaines de militants critiques, destruction des archives… Pour les frondeurs, c’est un basculement complet qui renie la doctrine de la « double rupture » — contre le pouvoir autoritaire et contre l’islamisme politique. Une première question : pourquoi maintenant alors même que le parti fait face à des interdictions de salles, et à des pressions du pouvoir ?

Réponse du camp Mazouz : une manœuvre de déstabilisation

Face à ces attaques, la direction actuelle du RCD, menée par Atmane Mazouz, dénonce une tentative de déstabilisation politique « orchestrée dans l’ombre ». Dans un communiqué relayé par le Forum national pour la convergence démocratique, ses soutiens dénoncent une « cabale personnelle » qui viserait à remettre la main sur le parti. « Le RCD est aujourd’hui dans le viseur du pouvoir, ses meetings sont interdits, ses militants harcelés. S’en prendre à lui maintenant, c’est faire le jeu du régime », peut-on lire dans le texte.

Le Forum, regroupement de plusieurs militants se réclamant du camp démocratique, appelle à la solidarité avec la direction actuelle du RCD et accuse les détracteurs de nourrir des rancunes anciennes et personnelles, voire de vouloir « délégitimer une direction élue démocratiquement ». 

Dans une de ses récentes déclarations, Atmane Mazouz rappelait et avertissait : « Le RCD ne sera jamais un parti de soumission ni de compromission. Nous sommes et nous le demeurerons un rempart contre l’islamisme, l’autoritarisme et toutes les formes d’injustice. Quand d’autres courbaient l’échine ou se vendaient pour quelques privilèges, nous, nous avons résisté. »

Au-delà du cas RCD : une crise de la démocratie algérienne

Au fond, cette querelle interne dépasse la simple gestion d’un parti politique. Elle révèle l’impasse stratégique et idéologique d’une opposition démocratique fragmentée, incapable de s’unir autour d’un socle minimal. La méfiance réciproque entre anciens et actuels dirigeants du RCD est aussi le symptôme d’un déficit de débat interne et d’un manque de clarté sur les alliances à nouer face à un régime toujours aussi autoritaire. Ce dernier ne laisse aucun espace aux partis de l’opposition. Depuis 2020, la scène politique est placée sous formol et l’expression libre est criminalisée. Une glaciation générale qui n’encourage ni débat ni pratique démocratique.

La question de l’islamisme, notamment, reste un point de fracture fondamental. Faut-il dialoguer avec les mouvements islamistes modérés au nom de la convergence contre le régime ? Ou maintenir une ligne rouge intransigeante comme l’a toujours revendiqué le RCD historique ? La réponse à cette question divise profondément le camp démocratique.

Quel avenir pour le RCD ?

À l’heure où le champ politique algérien se réduit comme peau de chagrin, le RCD est à la croisée des chemins. Entre refondation stratégique et fidélité aux principes fondateurs, entre ouverture tactique et refus de compromission, le parti doit trancher sans ambiguïté s’il veut retrouver un rôle moteur dans la recomposition démocratique. Encore faut-il qu’il survive à cette crise existentielle.

Samia Naït Iqbal

1- Repères historiques – Le RCD, un parti pas comme les autres

1989 : Fondation du RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie) par Saïd Sadi, dans le sillage de l’ouverture politique post-octobre 1988. Le parti se distingue par sa défense de la laïcité, des libertés démocratiques et de la cause amazighe.

1991-1992 : Refus clair du FIS (Front islamique du salut) et soutien à l’interruption du processus électoral. Le RCD devient l’un des principaux porte-voix de la lutte contre l’islamisme.

2000 : Participation au gouvernement sous Bouteflika, une décision très critiquée à l’époque. Le RCD quitte l’exécutif deux ans plus tard, a la suite des tragiques événements du printemps noir de Kabylie 

2012 : Départ de Saïd Sadi de la présidence du parti ; Mohcine Belabbas lui succède.

2019 : Le RCD soutient le Hirak, adopte une ligne dure contre le pouvoir, mais reste accusé d’ambiguïtés dans ses alliances.

2022 : Atmane Mazouz devient président du parti lors du 6e congrès, en remplacement de Mohcine Belabbas.

2–Les dates clés du conflit actuel

2019-2020 : Premiers désaccords internes sur la ligne politique du parti, notamment concernant le rapprochement supposé avec des figures islamistes dans le cadre du Hirak.

2021 : Exclusion de plusieurs militants critiques ; montée du malaise interne.

2022 : Élection d’Atmane Mazouz à la tête du parti. Les accusations de « dérive idéologique » deviennent plus virulentes.

Fin 2023 : Destruction signalée d’archives numériques et papier du parti — événement interprété par les anciens cadres comme un effacement délibéré de l’héritage du RCD.

Mai 2025 : Publication d’un communiqué du Forum national pour la convergence démocratique en soutien à la direction actuelle, suivie d’une déclaration incendiaire d’Amar Ingrachene et avant lui,  Yacine Aissiouene, ancien député du parti dénonçant une « liquidation des démocrates » et une réhabilitation de l’islamisme.

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Olivier Bleys : « Ecrire, c’est comme rouler à vélo : si l’on cesse de pédaler, on tombe ! »

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Olivier Bleys
Olivier Bleys. Photo DR

Olivier Bleys est un écrivain aux multiples talents : romancier, scénariste, essayiste et infatigable marcheur. Curieux et passionné d’écriture depuis l’enfance, il a suivi des études en lettres et en histoire, qui ont nourri son goût pour les récits ancrés dans le passé, tout en éveillant une réflexion continue sur le monde contemporain. Son œuvre, foisonnante et éclectique, explore des genres variés, du roman historique au récit de voyage, en passant par l’anticipation et la bande dessinée.

Dès son premier roman, Pastel (2000), couronné par le Prix François-Mauriac de l’Académie française, Olivier Bleys s’impose dans le paysage littéraire. Il y évoque le commerce du pastel au XVIe siècle, dans un récit où l’Histoire dialogue avec l’humain. Il enchaîne avec Le Fantôme de la tour Eiffel (2002), une intrigue parisienne dans les coulisses de la célèbre tour, et Semper Augustus (2007), qui plonge le lecteur dans la folie spéculative des tulipes aux Pays-Bas du XVIIe siècle. En 2013, Le Maître de café, récompensé par le Grand Prix du Roman de la SGDL, aborde les liens filiaux dans un décor africain vibrant. Avec Discours d’un arbre sur la fragilité des hommes (2015), finaliste du Prix Goncourt des lycéens, il livre une fable écologique et méditative sur la place de l’homme dans la nature. Enfin, Antarctique (2022) marque une incursion dans la fiction d’anticipation, imaginant un monde post-effondrement en quête de nouveaux équilibres.

Marcheur passionné, Olivier Bleys s’est lancé en 2010 dans un tour du monde à pied, réalisé par étapes. Cette aventure humaine et physique irrigue ses textes d’une profonde réflexion sur le temps, l’espace et les cultures traversées. Ses récits de voyage et ses essais traduisent cette expérience de l’altérité et cette volonté de voir le monde « à hauteur d’homme », avec humanité et patience.

Parallèlement à ses romans, il écrit pour la bande dessinée, notamment dans la collection La Petite Bédéthèque des Savoirs, où il aborde des sujets historiques et de société avec rigueur et inventivité. Son travail a été salué par de nombreuses distinctions, parmi lesquelles les titres de Chevalier (2014) puis Officier des Arts et des Lettres (2021).

Inspiré par des auteurs tels que Jules Verne, Albert Camus, Stefan Zweig ou Italo Calvino, Olivier Bleys mêle dans ses textes l’Histoire, la géographie vécue, et une sensibilité philosophique tournée vers les grandes questions humaines : la mémoire, le temps, la lenteur.

Plus qu’un auteur prolifique, il se positionne en passeur de savoirs. Il intervient régulièrement en milieu scolaire ou culturel pour transmettre sa passion de la littérature, défendre l’imaginaire, et promouvoir une approche vivante, accessible et ouverte de l’écriture. À travers ses livres comme à travers ses rencontres, il invite à ralentir, à regarder le monde autrement, et à renouer avec la richesse du récit comme outil de compréhension, de rêve et d’éveil.

Olivier Bleys est un écrivain aux multiples facettes, explorant avec talent le roman historique, l’anticipation, la bande dessinée et le récit de voyage. Son œuvre, nourrie par une profonde curiosité pour le monde et ses histoires, se distingue par une érudition accessible et une écriture en mouvement. Son engagement littéraire va bien au-delà des livres : marcheur au long cours, il poursuit depuis 2010 un tour du monde à pied, une expérience qui façonne sa vision du temps, de l’espace et des civilisations qu’il traverse. À travers cet entretien, il revient sur ses inspirations, ses explorations et sa manière de concilier voyage et écriture.

Le Matin d’Algérie : Votre œuvre couvre une grande diversité de genres, du roman historique au récit d’anticipation, en passant par la bande dessinée et le récit de voyage. Comment parvenez-vous à concilier ces univers si variés dans votre écriture ?

Olivier Bleys : Ce n’est pas une contrainte mais une diversion agréable, peut-être même nécessaire. Elle m’aide à combattre la routine, la répétition, qui nuisent sévèrement à mon travail et pourraient même l’empêcher. En abordant de nouveaux genres, même très éloignés de ma pratique ordinaire (j’ai écrit un livret d’opéra, par exemple), je m’aère l’esprit et stimule ma créativité. C’est particulièrement vrai des œuvres collectives ou de collaboration, qui brisent la redoutable solitude du créateur.

Le Matin d’Algérie : Vous avez été nommé Chevalier des Arts et des Lettres en 2014, puis Officier en 2021. Que représentent ces distinctions pour vous et quel impact ont-elles eu sur votre parcours littéraire ?

Olivier Bleys : J’ai grandi dans un immeuble social, au sein d’une famille assez défavorisée matériellement. Les distinctions et les prix qui ont émaillé ma carrière artistique possèdent donc une valeur particulière. Ils ont le goût de la revanche. En revanche, si elles sont un gage de sérieux dans certains milieux, ces décorations n’ont en rien aidé mon parcours littéraire. D’une part, peu de gens sont au courant. D’autre part, il est plus utile d’habiter Paris et de fréquenter les journalistes que d’avoir du talent. Même le prix Nobel n’a pas durablement sorti certains auteurs de l’anonymat.

Le Matin d’Algérie : Vous avez entrepris un tour du monde à pied depuis 2010, par étapes. En quoi cette expérience influence-t-elle votre vision du monde et votre manière de raconter des histoires ?

Olivier Bleys : Ce projet a été suspendu à Moscou, le 5 juillet 2019. La crise sanitaire, puis l’invasion de l’Ukraine que nous avions d’ailleurs traversée à pied en intégralité, n’ont pas permis de le poursuivre. Il s’agit donc d’un tour du monde à pied inachevé, devenu une traversée d’Europe achevée, de France jusqu’en Russie, à travers la Suisse, l’Italie, la Slovénie, la Croatie, la Hongrie et l’Ukraine.

Tout marcheur au long cours développe une vision du monde qui lui est propre, marquée à la fois par une certaine ouverture (réciproque du bon accueil qu’il reçoit, en général, des populations rencontrées en chemin) et une certaine vigilance (il faut garder les yeux ouverts et les sens aux aguets lorsqu’on progresse, seul et sans défense, sur les routes et les sentiers du monde). Je ne crois pas, en revanche, que j’écrive ou raconte différemment depuis que je marche. L’écriture du voyage, d’ailleurs, m’a déçu. Il est difficile d’échapper au tourisme et aux lieux communs qu’il nourrit. Trop d’images encombrent notre esprit, je crois, pour développer de nos jours un regard neuf sur le monde. Que dire d’inédit sur Venise, sur New-York, sur la Chine ?

Le Matin d’Algérie : L’Histoire occupe une place centrale dans vos romans, comme Pastel ou Semper Augustus. Qu’est-ce qui vous attire dans le passé et comment parvenez-vous à le rendre vivant pour vos lecteurs ?

Olivier Bleys : Ce n’est pas le passé qui m’importe, mais la distance au réel. Cette distance peut exister dans le temps ou dans l’espace. Voilà ce qui m’a porté vers le roman historique comme vers le récit de voyage. L’essentiel, c’était d’être loin ! Je ne sais pas parler de l’ici et maintenant. Je n’ai rien à dire sur notre époque. Elle est passionnante à certains égards, mais tragique de bien des façons. Pour qui aime lire et s’est construit à travers la lecture et la fréquentation des grands auteurs, notre siècle n’a pas beaucoup d’intérêt. Pourtant, je ne rejette pas tous les aspects de la modernité. J’ai travaillé pour le jeu vidéo et je suis assez à l’aise, par exemple, avec les technologies.

J’ignore pourquoi j’ai des affinités avec le passé. Peut-être grâce à mes vies antérieures ? Il m’est beaucoup plus naturel de raconter une chevauchée à cheval qu’un voyage en avion. L’expérience de la chevauchée est riche en odeurs, en couleurs, en sensations… Le voyage moderne, au contraire, revient principalement à zapper d’un écran à l’autre, de son téléphone au moniteur diffusant des films à bord. Ça n’a aucun intérêt.

Le Matin d’Algérie : Avec des œuvres comme Discours d’un arbre sur la fragilité des hommes et Antarctique, vous abordez des thématiques écologiques et philosophiques. Quelle est votre vision de la place de l’homme dans la nature et de son rôle face aux défis environnementaux ?

Olivier Bleys : Il faudrait plus que quelques lignes pour développer mon point de vue ! J’ai été attentif au témoignage du philosophe Francis Wolff, lu récemment dans Le Monde, qui contestait la vision horizontale et égalitaire de toutes les espèces vivantes, répandue sottement chez nombre de penseurs contemporains. Je crois comme lui que l’homme tient une place spéciale dans ce qu’on appelait autrefois la Création, que des responsabilités particulières lui incombent et que si le monde va en effet à sa destruction, c’est d’abord sa faute. Il a davantage de devoirs que le chien ou la libellule mais, pour pouvoir les remplir, il doit jouir aussi de davantage de droits. 

Pour les besoins de mon dernier livre paru, La Marche aux étoiles, j’ai randonné pendant des semaines dans les montagnes de Californie, où les ours sont nombreux (on en compterait plus de 30 000 dans cet État américain) et la probabilité de les rencontrer, assez élevée. On lit partout que l’ours est « chez lui » dans ces montagnes, sous-entendu que l’homme y serait intrus. Je n’aime pas cette vision des choses, qui réduit l’homme à un admirateur coupable et repentant de la beauté sauvage. Nous abdiquons notre dignité d’espèce objectivement dominante, qui a façonné le monde à son image. En la matière, je suis partisan d’un certain humanisme.

Le Matin d’Algérie : Vous êtes également scénariste et auteur de bandes dessinées. Qu’est-ce qui vous plaît dans ce format et comment diffère-t-il de votre travail romanesque ?

Olivier Bleys : C’est un hommage à mes propres influences, car je suis lecteur régulier d’albums de bandes dessinées. J’aurais aimé développer davantage ce rayon de ma bibliothèque, mais le temps me manque, et peut-être aussi une inspiration vraiment originale. Hélas, je ne sens pas en moi un univers d’auteur assez riche, assez dense pour bâtir une grande œuvre de scénariste BD. Cela reste marginal dans ma création.

Le Matin d’Algérie : Vous intervenez souvent auprès des jeunes publics dans les écoles et médiathèques. Quel rôle attribuez-vous à la transmission de la littérature et de l’imaginaire auprès des nouvelles générations ?

Olivier Bleys : Non, en réalité, j’interviens assez peu dans les établissements scolaires et ce n’est pas un exercice que je prise particulièrement. Certains ont la vocation de transmettre, pas moi. Je trouve difficile de s’adresser au jeune public qui, en majorité, ne lit plus, n’a qu’un accès et une fréquentation scolaire des ouvrages imprimés, et pour qui l’écrivain est une figure étrange et surannée, ce que pouvait être de mon temps un sabotier. C’est même assez humiliant d’être regardé comme une antiquité ! Les jeunes veulent rencontrer des footballeurs, des influenceuses, des chanteurs de rap… Pourquoi les contrarier ? Notre public, hélas, se compose en grande majorité de personnes d’un certain âge. Il vieillit comme vieillit le livre lui-même. Nous devons l’accepter.

Le Matin d’Algérie : Avez-vous des projets en cours ou à venir ?

Olivier Bleys : Fort heureusement, puisque je vis de cette activité. Pas de chômage pour les écrivains, ni congés payés, ni tickets-restaurants ! Ecrire, c’est comme rouler à vélo : si l’on cesse de pédaler, on tombe !

J’ai donc entrepris l’écriture d’un roman à thème scientifique. Comme La Marche aux étoiles, ce récit situé dans l’Amérique des années 1930 traite d’astronomie. Je travaille aussi sur des projets audiovisuels. J’ai pris beaucoup de plaisir à réaliser le film-documentaire de La Marche aux étoiles, et j’aimerais en tourner d’autres dans des conditions plus professionnelles.

Le Matin d’Algérie : Un dernier mot peut-être ?

Olivier Bleys : Visitez mon site, riche d’informations sur mes livres et mes autres activités ! https://olivierbleys.com/

Entretien réalisé par Brahim Saci

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Le PCF lance une campagne de collecte pour « implanter un million d’oliviers » en Palestine

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Gaza
Image par hosny salah de Pixabay

Le Parti communiste français (PCF) a annoncé mardi le lancement d’’’une campagne de collecte’’ pour ‘’implanter un million d’oliviers’’ en Palestine, parallèlement à la visite d’une délégation de l’Organisation de libération de la Palestine prévue le 4 juin à Paris.

‘’Le PCF recevra une importante délégation de l’OLP le 4 juin prochain, en notre siège, pour lancer une campagne européenne pour la reconnaissance de l’État de Palestine’’, a expliqué le patron du parti communiste, Fabien Roussel, sur la radio RTL.

Le dirigeant communiste a annoncé lancer ‘’parallèlement une campagne pour collecter de l’argent et implanter un million d’oliviers dans les territoires palestiniens’’, en ‘’symbole de la terre que les Palestiniens doivent conserver.’’

‘’Nous avons été nombreux à condamner’’ l’attaque du 7 octobre 2023 ‘’mais ça ne justifie pas le génocide d’un peuple, l’effacement d’un peuple’’, a soutenu Fabien Roussel, affirmant que ‘’la famine est utilisée comme arme de guerre’’ et exhortant les Français à ‘’ne pas détourner les yeux’’.

Fabien Roussel a réitéré une nouvelle fois son appel au président Emmanuel Macron pour qu’il reconnaisse ‘’enfin l’Etat de Palestine’’.

’’S’il le fait dans deux mois, il ira le planter où le drapeau palestinien ? Sur une terre exsangue où se construiront des colonies israéliennes’’, a-t-il déclaré.

La reconnaissance de l’État palestinien pourrait être actée lors de la conférence internationale coprésidée par la France et l’Arabie saoudite pour relancer une solution pacifique au conflit israélo-palestinien dite ‘’solution à deux Etats’’, qui se tiendra à New York du 17 au 20 juin.

De son côté, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a estimé que ‘’L’époque des mots est dépassée et ce qu’il faut, c’est des sanctions’’.

Et d’ajouter : ‘’Ce qu’il faut, c’est que Netanyahu et son gouvernement suprémaciste d’extrême droite entendent que le monde entier ne laissera pas faire et que nous ne laisserons pas commettre un génocide à Gaza’’, a-t-il déclaré sur la chaîne France 2.

A. A.

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