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Didier Aubourg : « Écouter ce que le monde dit quand il se tait. Écouter les voix anciennes »

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Didier Aubourg
Didier Aubourg

Didier Aubourg, ingénieur de formation, n’est pas un auteur issu du monde littéraire classique. Son apport unique vient précisément de cette bascule tardive, presque initiatique, vers l’écriture, provoquée par une crise personnelle liée à la maladie.

Ce passage de l’univers rationnel de l’ingénierie à une expression littéraire très symbolique et poétique lui permet d’aborder la transmission du savoir sous une forme inattendue. Sa démarche évoque un pont entre science et mythologie, entre raison et intuition, entre technologie et spiritualité. Dans une époque marquée par le désenchantement et la fragmentation des savoirs, cette approche peut apparaître comme profondément réconciliatrice.

Dans Anunnaki – Murmures Cosmiques, Aubourg ne se contente pas de revisiter les mythes mésopotamiens, il les réinterprète comme des archétypes intemporels, des récits fondateurs qui parlent encore à l’inconscient collectif. Son texte, richement symbolique, s’apparente à une poésie cosmologique où les dieux primordiaux deviennent des métaphores des forces fondamentales de l’univers : chaos, ordre, création, mémoire, oubli. En cela, son texte se situe dans une veine proche de l’œuvre de Jean-Pierre Vernant ou Mircea Eliade, mais avec une sensibilité plus moderne, voire quantique.

Son écriture, portée par sa maison d’édition Murmures Cosmiques, participe d’une mouvance contemporaine où la poésie devient un support de pensée cosmologique et philosophique. Ce croisement permet à Didier Aubourg de toucher un public en quête de sens, de lien entre savoirs disparates et d’une vision intégrative du monde.

Son impact est profond auprès d’un lectorat composé de chercheurs de sens, de passionnés de mythes, d’amateurs de poésie visionnaire, de lecteurs ésotériques et de scientifiques ouverts aux dimensions philosophiques de leur discipline. Son œuvre s’inscrit dans un courant de pensée alternatif et exigeant, à la fois intellectuel et sensible.

En somme, Didier Aubourg n’écrit pas pour divertir, mais pour révéler, éveiller et transmettre, à la manière d’un « scribe du cosmos », selon ses propres mots.

Dans cet entretien, Didier Aubourg nous livre une réflexion profonde sur son parcours atypique, qui l’a conduit du monde de l’ingénierie à une écriture poétique et symbolique. Il évoque sa vision d’une transmission du savoir mêlant science, mythologie et spiritualité, et revient sur son ouvrage Anunnaki – Murmures Cosmiques, où il réinterprète les mythes mésopotamiens à travers une approche cosmologique et philosophique. À travers ses réponses, il dévoile son processus créatif, ses influences et son ambition de réconcilier des savoirs souvent perçus comme opposés, offrant une perspective originale sur la pensée contemporaine.

Le Matin d’Algérie : Qu’est-ce qui vous a poussé à passer de l’univers rationnel de l’ingénierie à une écriture poétique et symbolique ?

Didier Aubourg : Je n’ai pas quitté l’ingénierie, j’ai simplement changé d’outil. Là où l’équation modélise, le poème écoute. Depuis toujours, je suis fasciné par les extrêmes : l’infiniment grand, les origines de l’univers, la danse des galaxies, et l’infiniment petit, les particules, les quanta, les zones d’indétermination. Ces deux champs extrêmes nous parlent d’un monde invisible, mais bien réel.

Einstein disait que la science sans religion est boiteuse, la religion sans science est aveugle. Je fais mienne cette tension féconde. Pour moi, science et spiritualité ne sont pas opposées : elles avancent sur deux lignes parallèles, parfois si proches qu’on croit qu’elles vont se rejoindre. La poésie est peut-être l’espace entre ces lignes. Elle me permet d’exprimer ce que la logique ne peut pas démontrer, mais que l’intuition reconnaît comme vrai.

Le Matin d’Algérie : Votre ouvrage Anunnaki – Murmures Cosmiques revisite les mythes mésopotamiens. Pourquoi avez-vous choisi ces récits en particulier, et que représentent-ils pour vous ?

Didier Aubourg : Tout a commencé en classe de sixième, il y a longtemps. J’ai eu la chance d’avoir une professeure d’histoire-géographie passionnée, et les premiers cours de l’année portaient sur le berceau de notre civilisation : la Mésopotamie. Ce mot seul me faisait rêver. L’invention de l’écriture, la naissance des villes, les premières formes d’art, de religion, de justice… Pour moi, c’était une révélation.

Un peu plus tard, j’ai découvert l’Épopée de Gilgamesh, qui est sans doute la première œuvre littéraire de l’humanité. Ce texte m’a bouleversé. J’ai alors lu tout ce que je pouvais sur les Sumériens, les Akkadiens, les Babyloniens, les Assyriens. Plus j’avançais, plus je comprenais que ces civilisations anciennes avaient forgé des éléments fondamentaux de ce que nous sommes encore aujourd’hui.

Et puis il y a eu les mythes. Des récits d’une richesse inouïe, poétiques, profonds, vertigineux. Certains décrivent la création du monde avec des images d’une beauté sidérante, parfois plus évocatrices que nos métaphores scientifiques contemporaines du Big Bang. J’ai eu envie de transmettre cela. De faire connaître ces textes oubliés ou méconnus, non comme des vestiges du passé, mais comme des murmures encore audibles, pour peu qu’on sache les écouter.

Anunnaki est né de ce désir : faire dialoguer ces voix anciennes avec notre regard d’aujourd’hui, mêler le souffle du mythe à celui de la science, et redonner à ces textes leur pouvoir d’émerveillement.

Le Matin d’Algérie : Vous parlez de créer un pont entre science et spiritualité. Comment ces deux mondes, souvent perçus comme opposés, se rejoignent-ils dans votre travail ?

Didier Aubourg : Je ne crois pas qu’ils soient opposés. La science m’aide à comprendre comment les choses fonctionnent, mais elle ne dit rien de ce que je ressens face au mystère de l’existence. Et inversement, la spiritualité ne me donne pas de lois physiques, mais elle m’aide à rester relié à quelque chose de plus grand.

Dans Ce que l’univers murmure, j’ai essayé de faire dialoguer les deux. J’y parle de cosmologie, de mécanique quantique, mais aussi de silence, de lumière intérieure, de ce qui nous traverse quand on ne cherche plus à tout maîtriser.

Parfois, ce que je ressens en lisant un verset du Coran sur la création ou une parabole de l’Évangile est très proche de ce que je ressens en regardant une photo d’étoiles prise par un télescope spatial. C’est la même stupeur, la même impression d’être minuscule… mais vivant.

Je ne cherche pas à mélanger les traditions. Je les mets simplement en regard. Parce qu’elles ont, chacune à leur manière, tenté de dire ce que la science commence à peine à formuler autrement. Et la poésie, pour moi, c’est l’espace où ces langages peuvent coexister sans se contredire.

Le Matin d’Algérie : Votre écriture s’inspire de concepts scientifiques comme la théorie du chaos ou la mécanique quantique. Comment ces idées influencent-elles votre vision poétique ?

Didier Aubourg : Ça m’a profondément marqué. Je me souviens quand j’ai découvert la théorie du chaos : l’idée qu’un petit changement au départ peut tout bouleverser… Ce n’est pas du désordre, en fait. C’est une forme d’ordre qu’on ne voit pas tout de suite. Ça m’a fait penser à la poésie. Parfois, un mot, un silence, change tout le sens d’un texte. 

Et la mécanique quantique… Là aussi, c’est fascinant. Le fait qu’on ne puisse pas tout savoir en même temps. Qu’on doive accepter l’incertitude. Qu’un objet puisse être plusieurs choses à la fois, selon la manière dont on le regarde.

Ça m’a libéré. Dans l’écriture, je n’ai plus cherché à tout contrôler. J’ai accepté les zones floues, les choses qui se contredisent un peu. Ce que je ressens quand j’écris un poème, c’est souvent très proche de ce vertige-là. Une impression que tout peut basculer, qu’un mot peut changer l’équilibre, comme dans un système instable.

Le Matin d’Algérie : À travers votre maison d’édition Murmures Cosmiques, quel message souhaitez-vous transmettre à vos lecteurs ?

Didier Aubourg : Pour être franc, ce n’est pas une vraie maison d’édition au sens habituel. C’est juste moi, pour l’instant. J’ai essayé de contacter quelques éditeurs au début, mais c’est compliqué. Ils sont débordés, et je ne rentre pas forcément dans les cases.

Du coup, je me suis dit que j’allais faire ça moi-même. Et j’ai choisi ce nom, Murmures Cosmiques, parce qu’il me parle. Parce que j’ai l’impression que, malgré le bruit permanent dans lequel on vit, il y a encore des choses qui se disent doucement. Des choses qui ne crient pas mais qui comptent.

Ce que je publie sous ce nom, ce sont des textes qui prennent le temps. Qui ne cherchent pas à convaincre ou à faire le buzz. J’essaie juste de relier des choses que je sens proches : la science, la poésie, un peu de spiritualité aussi… et peut-être la mémoire, la trace qu’on laisse.

Ce n’est pas une entreprise commerciale. Je ne cherche pas à faire nombre. Mais si mes textes trouvent quelqu’un qui les entend vraiment, alors je me dis que j’ai eu raison de les publier.

Le Matin d’Algérie : Selon vous, quel rôle la poésie peut-elle jouer dans une époque marquée par la fragmentation des savoirs et le désenchantement ?

Didier Aubourg : La poésie, pour moi, est un lieu de résistance. Résistance au bavardage, à l’urgence, à la saturation des écrans. Elle ne cherche pas à convaincre, ni à plaire. Elle dit. Elle écoute. Elle tisse des liens que d’autres langages ont oubliés.

Dans un monde fragmenté, elle réunit. Elle ne simplifie pas, mais elle rend sensible. Elle permet de tenir ensemble la beauté et la douleur, le réel et l’invisible. Ce n’est pas un refuge, c’est un passage.

Le Matin d’Algérie : Quels sont vos projets en cours ou à venir ?

Didier Aubourg : Pour le moment, je n’ai encore rien publié. J’écris depuis longtemps. Mais tout est resté dans mes tiroirs jusqu’ici. Il y a des thrillers, une trilogie que j’ai intitulé Le Sorcier, une grande fresque historique sur Hammurabi, et aussi un entre un historien d’aujourd’hui et le roi Assyrien Assurbanipal

L’idée, maintenant, c’est de sortir tout ça petit à petit. D’essayer de les faire exister. À mon rythme.

Actuellement, je termine un nouveau recueil, Le Souffle et la Courbe. C’est un travail très important pour moi. C’est dans la lignée de Ce que l’univers murmure, mais cette fois les poèmes seront écrits directement, en cinq langues : français, anglais, arabe, espagnol et italien. C’est un gros projet, assez ambitieux.

Et puis j’ai aussi un projet pour un nouveau roman, sur une panne totale d’internet. Et là, je me demande : qu’est-ce qu’il reste ? Est-ce qu’on se retrouve ? Ou est-ce qu’on s’effondre avec ? J’essaie d’explorer ça, doucement.

Le Matin d’Algérie : Un dernier mot peut-être ?

Didier Aubourg : Écouter. C’est peut-être le mot qui résume tout. Écouter ce que le monde dit quand il se tait. Écouter les voix anciennes. Écouter ce qu’on porte en soi depuis toujours, mais qu’on n’a jamais pris le temps d’entendre. Et parfois, écrire, c’est simplement ça : essayer d’écouter autrement.

Et puis… si je peux me permettre un rêve un peu fou : marcher sur la terre de Sumer, d’Akkad, de Babylone, de Ninive. Même s’il ne reste que des ruines, de la poussière et des noms. Ressentir les lieux. Me tenir là où d’autres ont rêvé les premiers récits du monde. Juste pouvoir dire : j’y suis allé.

Entretien Réalisé par Brahim Saci

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Rodolphe Saadé chez Tebboune : simple rencontre économique ou manœuvre diplomatique ?

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Tebboune Saadé

Le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, a reçu dimanche à Alger Rodolphe Saadé, président-directeur général du groupe maritime français CMA CGM, leader mondial du transport maritime de conteneurs. La rencontre, à laquelle ont assisté le directeur du cabinet de la présidence, Boualem Boualem, et le ministre des Transports, Saïd Sayoud, suscite de nombreuses interrogations quant à son timing, ses motivations et ses objectifs.

Un rendez-vous à forte portée symbolique

À en juger par la présence du ministre des Transports à la réception présidentielle accordée à l’homme d’affaires français, il s’agirait d’un échange autour du renforcement des investissements et de la coopération dans le secteur des transports maritimes, un domaine stratégique pour l’Algérie, qui cherche à moderniser ses infrastructures portuaires et à améliorer la fluidité de son commerce extérieur. Présente en Algérie depuis plusieurs années, CMA CGM apparaît comme un acteur clé pour appuyer cette ambition.

Mais au-delà de l’aspect économique, c’est la dimension politique de cette visite qui retient l’attention. Rodolphe Saadé n’est pas un homme d’affaires comme les autres. Proche du président français Emmanuel Macron et à la tête de gros médias français, il est souvent présenté dans les médias comme l’un des relais officieux de l’Élysée dans les cercles économiques et diplomatiques à l’étranger. Dans un contexte de relations tendues entre Alger et Paris, sa présence à la présidence algérienne ne peut qu’alimenter les spéculations.

Vers une médiation discrète ?

Depuis plusieurs mois, les relations entre la France et l’Algérie traversent une phase de crise inédite, marquée par des différends persistants sur la mémoire coloniale, les questions migratoires et un manque de synchronisation diplomatique. L’affaire de l’enlèvement d’Amir Dz en région parisienne fin avril 2024 est venue percuter de plein fouet la dernière tentative de réchauffement entre les deux capitales. La crise a atteint une telle intensité que les ambassadeurs respectifs des deux pays ont été rappelés, et que les gouvernements ont procédé au renvoi réciproque de près de 30 diplomates.

Dans ce climat glacial, la venue de Rodolphe Saadé pourrait-elle s’inscrire dans une tentative de médiation informelle, à la demande de l’Élysée ? La question mérite d’être posée. L’homme d’affaires, dont l’influence dépasse largement le monde maritime, pourrait être chargé d’initier un canal de communication indirect entre les deux capitales, là où les voies traditionnelles semblent aujourd’hui bloquées.

Une stratégie algérienne de diversification des partenaires ?

D’un autre point de vue, cette rencontre pourrait également témoigner d’une volonté algérienne de maintenir une forme de dialogue économique avec la France, en dépit des tensions politiques. En recevant un capitaine d’industrie au profil international, le président Tebboune envoie peut-être un message clair : Alger reste ouverte aux investissements, mais sur des bases redéfinies, respectueuses de sa souveraineté.

Le geste pourrait aussi être lu comme une façon de reprendre l’initiative sur le plan diplomatique, en dictant les termes d’un éventuel « dégel » avec Paris à travers des acteurs économiques choisis.

Une visite à suivre de près

En l’absence de déclaration officielle sur la teneur exacte des échanges, les intentions réelles derrière cette réception présidentielle restent, pour l’heure, dans le domaine des hypothèses. Mais dans le contexte actuel, rien n’est anodin.

Que l’on soit dans le cadre d’un lobbying économique ou d’une mission de bons offices,  la réception de Rodolphe Saadé par le président Tebboune illustre combien les lignes entre économie et diplomatie peuvent se brouiller lorsque les canaux traditionnels de dialogue sont grippés.

Les jours à venir permettront peut-être d’éclaircir les véritables enjeux de cette visite, qui, à défaut d’avoir été bruyante, n’en est pas moins lourde de signification.

Samia Naït Iqbal

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Rodolphe Saadé à Alger : CMA-CGM affiche ses ambitions en Algérie, le pouvoir lui déroule le tapis rouge

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Tebboune et Rodolphe Saadé

Le patron du géant maritime CMA-CGM, Rodolphe Saadé, a été reçu ce dimanche à Alger par Abdelmadjid Tebboune. L’événement, annoncé sobrement via un communiqué sur la page Facebook de la Présidence, masque à peine les enjeux colossaux qui se trament en coulisses : l’Algérie s’apprête à ouvrir ses ports aux ambitions du groupe français.

Après des années de flottement dans les relations bilatérales, Alger semble renouer avec les grandes manœuvres économiques… au risque d’une dépendance accrue à des multinationales étrangères.

Un premier voyage avorté, un deuxième sous haute surveillance

Initialement prévu pour le 15 avril, le voyage de Rodolphe Saadé avait été annulé à la dernière minute. En cause : un nouvel accès de tensions entre Paris et Alger, sur fond de déclarations malheureuses et de vieux contentieux mémoriels. Le retour à un dialogue plus apaisé, orchestré dans la discrétion, a permis la concrétisation de cette visite très attendue.

Rodolphe Saadé n’est pas un simple homme d’affaires. À la tête du troisième armateur mondial de transport de conteneurs, il incarne une France des affaires qui entend, malgré les remous politiques, préserver ses positions stratégiques sur le continent africain, notamment en Méditerranée.

CMA-CGM lorgne les ports algériens

Le contenu précis des discussions avec Abdelmadjid Tebboune n’a pas été communiqué, mais plusieurs sources concordantes évoquent des projets d’investissements massifs dans les infrastructures portuaires algériennes, notamment ceux de Djen Djen, Skikda ou encore Oran. Objectif pour CMA CGM : faire de l’Algérie un point de transit et de redistribution maritime vers l’Afrique subsaharienne, en concurrence frontale avec Tanger Med (Maroc) ou Port-Saïd (Égypte).

Un tel positionnement stratégique flatterait l’égo géopolitique du pouvoir algérien. Mais à quel prix ?

Une souveraineté portuaire en question

Derrière les sourires diplomatiques se pose une question cruciale : l’Algérie est-elle en train de brader sa souveraineté économique ? Depuis le code de l’investissement assoupli, les portes sont grandes ouvertes aux multinationales. Si l’entrée de CMA CGM peut apparaître comme un levier de modernisation logistique, elle pourrait aussi signer une perte de contrôle nationale sur des infrastructures vitales.

On se souvient que le port de Djen Djen avait déjà été l’objet de convoitises étrangères. Plusieurs analystes y voient un scénario à la « modèle émirati » : des terminaux portuaires hypermodernes… mais gérés, exploités, et largement profitables à des intérêts étrangers.

Des syndicats absents, une société civile muette

La réception de Rodolphe Saadé s’est faite sans concertation publique, ni débat parlementaire. Ni UGTA ni associations professionnelles patronales n’ont été associées à ce qui s’annonce comme un tournant logistique national. Ce silence interroge.

Quel rôle pour les travailleurs portuaires ? Quelle redistribution des revenus générés ? Quelles garanties de transparence sur les partenariats publics-privés à venir ? Autant de questions que l’État, fidèle à sa logique verticale, préfère esquiver.

Une stratégie française qui s’inscrit dans la durée

Cette visite s’inscrit-elle dans une dynamique plus large ? Celle d’un retour offensif de la France économique en Afrique du Nord. Déstabilisée par la montée des puissances turques, chinoises et émiraties, Paris compte sur des géants comme CMA CGM ou Total pour maintenir son influence. Rodolphe Saadé incarne cette stratégie douce, mais déterminée.

Côté algérien, le pouvoir encalminé et incapable d’imaginer un stratégie économique sérieuse, semble vouloir montrer qu’il reste attractif pour les capitaines d’industrie, et, malgré l’instabilité chronique et les incertitudes juridiques. L’ouverture aux investisseurs étrangers, vantée comme un « signal fort » par les proches du pouvoir, pourrait pourtant accélérer une mise sous tutelle économique de fait, dans un pays où les ressources sont mal redistribuées et l’État souvent incapable de défendre les intérêts de sa population.

Investir, oui. Mais pas à n’importe quel prix

L’arrivée prochaine de CMA-CGM dans le paysage portuaire algérien mérite mieux qu’un communiqué Facebook. Elle exige un débat national, transparent, et des garanties sociales et environnementales. Sans cela, l’Algérie risque d’ajouter un nouvel épisode à sa longue histoire de dépendances économiques… cette fois sous pavillon français.

G. D 

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Tunisie : une stratégie d’éloignement inhumaine, un pouvoir aux abois

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Le CRLDHT exprime sa plus vive indignation face aux récentes décisions des autorités tunisiennes consistant à disperser, sans aucun fondement juridique ni explication valable, les prisonniers politiques impliqués dans la soi-disant « affaire de complot contre la sûreté de l’État ».

Parmi eux, des figures majeures de l’opposition démocratique – MM. Ghazi Chaouachi, Issam Chebbi, Ridha Belhaj, entre autres – transférés brutalement dans des établissements pénitentiaires éloignés de leurs lieux de résidence et de leurs familles, répartis entre les prisons de Nadhour, Siliana, Borj Erroumi, Borj El Amri, le Kef, ou encore Bulla Regia. 

Ces mesures, intervenues après des condamnations aussi absurdes qu’indignes (jusqu’à 892 années cumulées de prison !), ne sont rien d’autre qu’un acharnement délibéré, visant à briser moralement non seulement les détenus, mais également leurs proches et leurs avocats.

Loin de répondre à une quelconque nécessité de sécurité ou de gestion pénitentiaire, ces décisions s’inscrivent dans une logique de rétorsion politique et de cruauté assumée : elles obligent les familles à parcourir des centaines de kilomètres, rendent les droits de visite encore plus difficiles à exercer, et compliquent gravement le travail des équipes de défense. 

Nous dénonçons avec force : – L’absence totale de notification préalable aux familles et aux conseils, en violation flagrante du droit tunisien et des normes internationales ;

  • L’intention manifeste d’isoler les prisonniers politiques, de les couper de leurs soutiens, et de museler les voix dissidentes ;
  • La multiplication des procédures abusives et des décisions arbitraires, qui témoignent d’un régime acculé, craignant jusqu’à l’ombre de ses opposants même derrière les barreaux. Le CRLDHT réaffirme son soutien indéfectible à ces détenus injustement incarcérés, à leurs familles, à leurs avocats, ainsi qu’à toutes celles et ceux qui, en Tunisie et ailleurs, continuent de se battre pacifiquement pour la justice, la liberté, et l’État de droit.
  • Nous appelons solennellement toutes les forces démocratiques, les organisations de défense des droits humains, les collectifs citoyens, les Tunisiens et Tunisiennes de France et d’Europe à se joindre au : 
  • RASSEMBLEMENT DE SOUTIEN AUX FAMILLES CONTRE L’ÉLOIGNEMENT DES PRISONNIERS Jeudi 5 juin 2025 18h30
  • Fontaine des Innocents, Paris 75001 Parce que l’éloignement ne fera jamais taire les voix libres.
    Parce que l’injustice d’un pouvoir aux abois ne saurait museler la solidarité des peuples.
    Parce que l’histoire retiendra toujours les noms de ceux qui, au cœur de l’arbitraire, ont tenu tête.
    Liberté pour les prisonniers politiques tunisiens !
    Halte aux persécutions et aux pratiques indignes !
    Rendez-vous le 5 juin, pour dire ensemble : assez !
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Affaire Fawzi Zekout : Riposte internationale appelle à une profonde réforme de la justice

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Fawzi Zekout

Riposte internationale dénonce avec la plus grande fermeté les graves dysfonctionnements de la justice algérienne, qui a perdu toute indépendance et crédibilité et toute vocation à protéger les citoyens.

L’affaire de Fawzi Zekout, qui s’est immolé par le feu devant le ministère de la justice algérien, est un cri d’alarme qui révèle le désespoir et la perte de confiance des citoyens dans l’institution judiciaire. Nous condamnons avec vigueur la répression et le harcèlement dont sont victimes les citoyens qui osent s’opposer au pouvoir en place.

La justice algérienne, au lieu de protéger les droits et les libertés, s’est transformée en un instrument de répression au service d’un régime autoritaire.

Nous exprimons notre solidarité avec Fawzi Zekout et lui souhaitons un prompt rétablissement. Riposte internationale appelle les acteurs du monde judiciaire à prendre conscience de leur responsabilité fondamentale dans l’équilibre d’un État de droit et à refuser de devenir les instruments d’une répression politique.

Nous exigeons une réforme profonde de la justice algérienne pour qu’elle puisse enfin jouer son rôle de protectrice des droits et des libertés.

Nous nous solidarisons avec toutes les victimes de cette justice aux ordres, ainsi que leurs familles. Nous nous associons à la famille et aux proches de Fawzi Zekout et leur exprimons notre soutien et notre solidarité.

P/ Riposte Internationale
Ali Ait Djoudi

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Marseille : des voix algériennes et méditerranéennes pour habiter le monde autrement

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Les rencontres de l'Echelle. Marseille

Elles viennent d’Alger, de Rabat, de Beyrouth ou de Suisse. Elles écrivent dans la langue de l’Autre, mais la retournent à leur manière, comme une arme douce, un cri sourd ou une main tendue. À Marseille, ces voix singulières — Sarah Haidar, Mouna Ouafik, Nasri Sayegh, Souad Labbize, accompagnées de la metteure en scène Maya Bösch — feront bientôt entendre une parole collective, entre création littéraire, performance et mémoire.

Pendant dix jours, dans un espace pensé comme un « centre des récits », ces auteur·rice·s d’aujourd’hui — souvent issu·e·s de la marge, des diasporas ou des périphéries — bâtiront une constellation narrative, traversée par les blessures et les promesses de la Méditerranée.

Une scène pour dire l’intime et le politique

Le projet, intitulé « Chantier des nouvelles écritures francophones », entend offrir une scène à des écritures minorées, souvent invisibles dans les circuits littéraires dominants. Il s’agit de faire entendre ce qui, d’habitude, ne s’entend pas : des récits d’exil, de corps féminins, de langues multiples, de résistances sourdes.

Chaque lecture devient une prise de parole. Chaque texte, une tentative de réappropriation du monde. Avec la complicité sonore de Maïa Blondeau, les mots prennent corps, les silences deviennent langage, les frontières se brouillent.

Sarah Haidar, autrice algérienne née en 1987, connue pour ses textes radicaux et puissants, retrouve ici Souad Labbize, poétesse née à Alger en 1965, installée en France, qui écrit « entre deux rives, entre deux silences », comme elle le dit. Deux voix algériennes, deux générations, mais un même refus de l’effacement.

Marseille, carrefour vivant

Dans cette ville-monde qu’est Marseille, la parole circule autrement. Ni colonisée ni figée. Elle se heurte, s’ouvre, se cherche. Le choix de cette ville n’est pas anodin : elle concentre à elle seule les tensions et les rêves d’un monde méditerranéen en recomposition.

Le projet est coproduit par la Friche la Belle de Mai, avec le soutien de la Région Sud, en partenariat avec l’agence Karkadé, engagée dans la promotion de nouvelles formes d’écriture francophone.

Faire récit autrement

À l’heure où les récits dominants écrasent les subjectivités et les nuances, ce projet littéraire et scénique propose un autre rapport au langage, au monde, à l’Histoire. Pas de grande fresque uniforme, mais une multitude de voix, de fragments, de langues blessées et fières.

Et peut-être est-ce là, dans cette polyphonie fragile, que réside l’un des grands enjeux de la littérature aujourd’hui : raconter ce que les archives officielles taisent, faire surgir ce que les frontières voudraient contenir, réconcilier mémoire et présence.

Djamal Guettala

Infos utiles 

Les Rencontres à l’Échelle sont une manifestation produite par les Bancs Publics

Friche la Belle de mai – 41, rue Jobin 13003 Marseille

www.lesrencontresalechelle.com

09 78 06 51 33

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L’université algérienne « en rose », dites-vous ?

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L'université algérienne
L'université algérienne à un point critique

Mon ami le ministre Baddari me presse depuis un certain temps de décrire l’Université algérienne en termes « roses », mais j’ai refusé  de le faire tant par principe éthique que par répugnance à me faire l’apologiste des causes et des projets apocryphes. Plutôt qu’en « rose » ou en « noir », je vais décrire l’état de l’Université en termes objectifs, à défaut d’être impartial, d’autant plus que l’impartialité n’existe absolument pas au plan philosophique. 

Que dire, ou plutôt que peut-on dire et penser à propos de l’approche adoptée par M. Baddari, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique pour réformer ce secteur qui n’en finit pas de pâtir depuis des décennies d’une foule de handicaps, dont le plus saillant est la régression constante en matière de qualité d’enseignement et de recherche scientifique et technologique ? D’emblée, on peut répondre à cette question en disant qu’elle est d’autant plus volontariste et  ambitieuse qu’elle se heurte pour sa concrétisation à un certain nombre d’obstacles parmi lesquels on peut citer : 

-L’impréparation et le manque de compétence des acteurs auxquels ont été confié les missions des projets annoncés à son de trompe : (startup, numérisation,  intelligence artificielle…) ;

– L’insuffisance des moyens financiers alloués à la réalisation de ces projets qui paraissent à l’observation attentive plus grandiloquents que grandioses ;

 – Le primat accordé à l’effet d’annonce, à l’ « évènement », au sens de l’immédiateté, au détriment de l’analyse et de la réflexion critique portant sur la durée, sur le long terme ;

– La tolérance de l’apologie et de l’esprit courtisanesque ;

– L’allergie à l’esprit critique.

Tels sont, entre autres, les pierres d’achoppement, sur lesquelles bute « la politique de réforme », si tant qu’elle existe, de M. Baddari. Discutons donc les cinq points qu’on vient d’énumérer.

L’impréparation et le déficit des compétences 

La réforme de l’enseignement et de la recherche entamée par Baddari a été faite dans la précipitation. Grisé par l’euphorie suscitée par sa nomination à la tête de ce secteur vital, il s’est fait leurrer par ses propres certitudes et par le sentiment qu’il ne peut compter, pour réussir son pari de « réforme », que sur l’auto médiatisation, comme en témoigne la multiplication de ses interventions sur les plateaux de télévision et les entretiens accordés à la presse écrite. Pour lui, la réforme de l’Enseignement supérieur, et donc la performance de l’université, relève plus d’une affaire de « publicité » et de visibilité de sa personne sur la scène publique, que d’une affaire très sérieuse renvoyant à l’efficacité, au refonte des structures pédagogiques et aux méthodes d’enseignement rigoureuses qu’elle implique.

C’est cette manière étriquée qu’il a de concevoir la « réforme », mot impropre pour qualifier sa démarche, qui l’a poussé à porter son dévolu sur des hommes aux profils discutables pour exécuter son programme et celui du « Président ». Ces profils «utiles » de son point de vue,  se sont révélés aux observateurs avertis et indépendants d’une incompétence ahurissante. Exception faite de quelques- uns, la quasi-totalité de ces profils, ternes et desséchés, auxquels il a fait appel se signalent, en outre, plus par leur esprit courtisanesque que par un savoir-faire éprouvé. Comment peut-on se fier à de telles personnes dont l’unique souci est de se faire-valoir par le biais de la flatterie et de l’éloge à rallonges du « Prince » ?

Nous y reviendrons.

L’insuffisance des moyens financiers 

Pour qu’une entreprise puisse être novatrice, et réussir son pari technologique et économique, il lui faut d’abord des compétences capables d’imaginer et d’innover dans le domaine de son activité spécifique ; ensuite, il lui faut surtout des moyens financiers conséquents qui lui permettent de mettre son concept en application immédiate, et, enfin, il lui faut un environnement administratif réceptif aux créateurs et à tous les porteurs de projets innovants. Or, si l’imagination et les compétences ne manquent pas chez certaines catégories de jeunes entrepreneurs  fortement motivés par l’aventure entrepreneuriale, tel n’est pas le cas des deux autres facteurs  que sont, d’une part, les moyens financiers qui sont chichement alloués aux jeunes innovateurs, et, d’autre part, l’environnement administratif  et ses contraintes qui achèvent d’empêcher ces entreprises naissantes ou à naître de donner libre cours à leur ardente action.

L’effet d’annonce

Annoncer de façon fracassante que le ministre ou le Ministère va changer de fond en comble l’état de l’enseignement et de la recherche, dans le sens du meilleur ; qu’il va rompre avec les façons de penser et d’agir du passé ; qu’il va engager plus que jamais l’université sur la voie du progrès et de l’innovation, et qu’il va, enfin, introduire  dans le secteur, et au -delà, le système de numérisation ( zéro papier), les start-up, l’Intelligence artificielle, l’anglais comme langue « scientifique et technologique » en lieu et place du français, etc., tels sont les effets d’annonce auxquels il recourt et sur lesquels il mise pour soigner son image de Ministre « réformateur », et un « pionnier » en matière de promotion de la numérisation, comme le progrès, et l’intelligence artificielle.

En faisant passer ce qui a existé et ce qui a fait ses preuves ailleurs depuis des décennies comme une innovation de sa personne, il escompte élargir la sphère de sa popularité et s’imposer aux yeux du public, et du président de la République, comme la figure emblématique de la science et de la technologie.

La tolérance aux courtisans et la quête de la gloire

Mû par le prurit de la célébrité et de la gloire, mon ami le Ministre Baddari, qui n’écoute que ceux qui le caressent dans le sens du poil, pense in petto que les éloges à rallonge que son entourage empressé déverse sur sa personne suffisent à réformer de fond en comble le système de l’enseignement et de la recherche qui s’enfonce  jour après jour dans un état comateux quasi-irréversible.

Faute de vision politique claire, et d’une stratégie pérenne de  réforme  de l’enseignement et de la recherche dont le contenu et les modalités de transmission s’appauvrissent au fil des jours et des ans, M. Baddari se laisse bercer par les douces illusions que lui inspirent les concepts importés, tels que start up, intelligence artificielle, numérisation, enseignement à distance, université de la quatrième génération, concepts qui ont fait leurs épreuves depuis longtemps sous d’autres latitudes.

L’importation de ces concepts et les tentatives de les faire appliquer n’est pas sans rappeler l’importation du LMD par l’ex-ministre Harraoubia et dont l’application de manière hâtive et mécanique au contexte algérien s’est révélée, au bout du compte, un vrai fiasco.

L’allergie à l’esprit critique

Monsieur le ministre Baddari a horreur de l’esprit critique comme la nature a horreur du vide. Il n’aime pas que l’on critique, même de manière constructive, certaines de ses décisions, et n’apprécie guère ceux qui ne font pas l’éloge de sa politique ou qui s’abstiennent d’applaudir  sa personne.

En refusant de manière catégorique de faire la louange de sa personne et d’écrire, comme il me l’a demandé à maintes reprises, des articles décrivant l’université en termes « roses », il ne m’a pas seulement blâmé mais il s’est fâché contre moi en se plaignant auprès des tierces de mes refus réitérés d’obtempérer à ses demandes…

En mettant l’accent sur les start-up, la numérisation, et l’intelligence artificielle, domaines qui relèvent  en principe du ressort d’autres départements ministériels, Monsieur le ministre Baddari a non seulement négligé les aspects pédagogiques de l’université et les carences multiples dont elle souffre depuis des lustres,  mais il a accéléré aussi la déliquescence  de cette dernière en en faisant un lieu de formation bâclée et de délivrance de diplômes démonétisés.

Les faits parlent d’eux-mêmes : il est licite de sauter le master 1 pour aller au Master 2 ; les étudiants  sont autorisés à s’absenter des TD (auparavant trois absence sans motifs entrainent l’exclusion) ; l’étudiant peut désormais obtenir automatiquement 10 /20 en étant absent ou sans fournir le moindre devoir. ( avant on pouvait lui attribuer zéro dans le cas où il enfreint certaines règles…) ; Start-up : tout le monde peut s’y mettre (y compris les sciences islamiques et la communication…) ; soutenance des doctorats le soir, après cinq heures ; création de filiales, sorte  de sociétés par action au nom de l’université associant étudiants et professeurs porteurs de projets ; possibilité d’avoir double diplôme ; enseignement à distance, qui dispense les étudiants et les professeurs  d’une présence physique dans les salles et les amphithéâtres. Tels sont les faits saillants  de cette politique qui prétend  mettre l’université algérienne au diapason de la modernité.

Le plagiat qui avait fait des progrès notables ces dernières années, trouve en la circonstance un moment des plus propices pour se pratiquer sur une échelle  encore  plus élargie. Les logiciels anti-plagiat n’y peuvent rien, tant la tolérance au plagiat est devenue une culture nationale comme le sport et le commerce informel. De plus, la plupart des commissions d’éthique et de déontologie mises en place au sein des universités comprennent bon nombre de plagiaires et d’incompétents qui tiennent comme à la prunelle de leurs yeux, au statu quo ante, et pour qui le moindre changement dans l’ordre interne de l’établissement provoquerait un grand charivari…

Ahmed Rouadjia, Professeur et chercheur retraité

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Ahmed Hidouche : un regard lucide sur l’histoire d’une nation blessée

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Ahmed Hidouche Yacine
Ahmed Hidouche Yacine

Ahmed Hidouche Yacine fait partie de cette génération de diplômés algériens formés après l’Indépendance, qui ont rapidement accédé à des postes de responsabilité. Titulaire d’un magister en management obtenu en France en partenariat avec HEC Montréal, il a mené une carrière riche dans l’industrie, la formation et la gestion publique. Aujourd’hui à la retraite, il consacre son temps à l’écriture.

Dans Survivances – Mémoires d’un anonyme, son premier roman, il explore les souvenirs d’une enfance marquée par les violences de la guerre d’Indépendance, les silences familiaux, les fractures politiques, mais aussi la dignité populaire et la quête de liberté. À travers ce récit intime et universel, il rend hommage aux anonymes de l’Histoire.

À l’occasion de la parution de ce livre bouleversant, il revient sur son parcours, ses motivations d’écriture, et son regard sur l’Algérie d’hier et d’aujourd’hui.

Le Matin d’Algérie : Dès le titre, vous revendiquez une forme d’effacement personnel – “Mémoires d’un anonyme”. Pourquoi ce choix, alors que votre récit est profondément ancré dans une trajectoire singulière ? Est-ce une manière de dire que votre histoire est aussi celle de beaucoup d’autres ?

Ahmed Hidouche Yacine : Ce titre est effectivement un hommage à toutes celles et ceux qui, comme moi, ont vécu cette époque sans avoir eu la chance de voir leur histoire pleinement racontée. Je me considère comme un « anonyme » parce que mon récit n’est pas unique : il est le miroir de tant de parcours semblables, de vies traversées par les mêmes épreuves, les mêmes douleurs, mais aussi les mêmes espoirs. L’effacement personnel est volontaire pour souligner que mon histoire n’est pas seulement la mienne, mais celle d’un peuple, d’une génération. C’est une manière humble d’inscrire mon témoignage dans un collectif souvent oublié ou marginalisé.

Le Matin d’Algérie : Vous avez grandi dans une Algérie coloniale déchirée par la guerre, puis participé à la reconstruction du pays en tant que cadre formé à l’étranger. Comment cette double appartenance – à une époque et à une génération – a-t-elle nourri votre regard critique et votre désir de transmission ?

Ahmed Hidouche Yacine : Cette double appartenance m’a placé à un carrefour complexe entre mémoire et modernité, entre héritage et avenir. Grandir dans une Algérie en guerre a profondément marqué ma conscience, mes valeurs, mon engagement. Puis, partir à l’étranger pour ma formation a ouvert mon regard sur le monde, sur les possibles, mais aussi sur les failles.

Ce parcours m’a donné la distance nécessaire pour analyser sans concession les défis du pays, mais aussi la responsabilité de transmettre ce que j’ai vécu et appris. Mon regard critique est donc nourri à la fois par l’expérience directe de la colonisation et par la capacité à questionner le présent pour bâtir l’avenir.

Le Matin d’Algérie : Votre enfance, traversée par les violences de la guerre, est l’un des fils rouges du livre. Comment trouve-t-on les mots justes pour dire l’indicible sans tomber dans le pathos ou le règlement de comptes ?

Ahmed Hidouche Yacine : C’est un exercice délicat. Trouver les mots justes demande d’abord de respecter la vérité des émotions sans chercher à manipuler le lecteur par le pathos excessif. Il faut raconter avec simplicité, authenticité, sans excès, en laissant parfois parler le silence et les non-dits. Ce n’est pas un règlement de comptes mais une volonté de témoigner pour éclairer, pour transmettre. Parfois, l’indicible se raconte dans ce que l’on ne dit pas, dans les espaces laissés vides, dans les sensations et les gestes. Le défi est de rester fidèle à l’expérience vécue, sans trahir ni enjoliver.

Le Matin d’Algérie : Vous avez exercé des fonctions importantes dans l’industrie, la formation et la gestion publique. Que vous a apporté l’écriture que la vie professionnelle, aussi riche soit-elle, ne vous permettait pas ? Est-ce une forme de revanche ou de réconciliation ?

Ahmed Hidouche Yacine : L’écriture m’a offert un espace de liberté et de réflexion que la vie professionnelle ne pouvait pas toujours permettre. Ce n’est ni une revanche ni un simple exutoire, mais plutôt une forme de réconciliation avec moi-même, avec mon passé, avec mon pays. Par l’écriture, je peux donner une voix à ce qui a été tu, transmettre des mémoires parfois occultées, et partager une part intime de mon histoire. C’est un acte de reconstruction personnelle et collective, une manière de donner sens à ce que j’ai vécu et contribué à construire.

Le Matin d’Algérie : Dans Survivances, vous abordez des thèmes puissants : la mémoire blessée, les promesses de l’indépendance, les désillusions, mais aussi les petits gestes de résistance et d’humanité. Que souhaitiez-vous préserver dans cette mémoire : des faits, des émotions, des traces ?

Ahmed Hidouche Yacine : Je souhaitais avant tout préserver une mémoire vivante, c’est-à-dire non seulement des faits, mais surtout les émotions et les traces humaines qui donnent à ces faits leur profondeur et leur portée. La mémoire blessée contient des douleurs qu’il faut reconnaître, mais aussi des actes de courage, des gestes d’humanité souvent oubliés. Je voulais que le lecteur ressente cette complexité, cette richesse, pour qu’il comprenne que l’histoire n’est pas seulement une succession d’événements, mais une expérience humaine, multiple, parfois contradictoire, mais toujours porteuse d’enseignement.

Le Matin d’Algérie : Votre livre semble profondément habité par les silences – ceux des familles, de l’État, de l’Histoire officielle. Est-ce pour combler ces silences que vous avez écrit ? Et que nous disent-ils, ces blancs dans le récit national ?

Ahmed Hidouche Yacine : Cette interrogation rejoint votre question relative à la persistance des émotions dont les traces sont gravées dans le marbre de l’histoire de l’Algérie indépendante. L’écriture n’a pas vocation ni à masquer des silences ni à les combler. Le lecteur est en mesure de lire entre les silences mais aussi entre les bruissements du verbe et des mots. Il est toujours des endroits secrets, des jardins secrets dans lesquels tout un chacun, et donc tout auteur de quelque production artistique que ce soit, garde en lui-même des vérités, des fantasmes, des inventions imaginaires qu’il dévoile au moment qui lui semble opportun, parfois par inadvertance ou encore pour se faire plaisir ou séduire à qui il veut plaire. Dans mes prochains livres, j’aurai à dévoiler des vérités et combler quelques silences qui ne manqueront pas de surprendre.

Le Matin d’Algérie : L’écriture de la mémoire peut être un exercice périlleux : entre fidélité au souvenir et mise à distance, comment avez-vous trouvé votre ton, votre rythme, votre posture d’auteur ?

Ahmed Hidouche Yacine : Je n’ai, hélas, pas consommé tout mon réservoir de souvenirs et de mémoires. Bon nombre d’événements vécus ne sont pas relatés alors qu’ils comportent des stigmates méritant d’être connus, des histoires douloureuses méritant de ne pas tomber dans l’oubli. Cet ouvrage apporte le témoignage d’un regard d’un enfant ayant grandi prématurément et qui, en tant qu’adulte au crépuscule de son existence, s’empresse de léguer cette part de vérité qui a marqué l’histoire de notre pays. Une part de vérité tirée d’expériences et d’épisodes authentiques et vécus, même si le narratif est incapable de relater toute la portée du contexte dans lequel ces événements s’étaient produits.

Le Matin d’Algérie : Le livre semble à la fois personnel et collectif, intime et politique. L’avez-vous conçu comme un acte citoyen, une manière de contribuer au récit commun autrement que par l’engagement classique ?

Ahmed Hidouche Yacine : Pour tout vous dire, ce livre ne m’appartient pas en totalité. Il est la propriété du peuple algérien, il est le reflet vivant de nos martyrs. Il est aussi le creuset dans lequel pourraient se reconnaître positivement les autres acteurs de cette confrontation ayant opposé les colons et les indigènes. Y compris les pieds-noirs et les enfants des harkis, les appelés militaires qui, tous, ont laissé derrière eux, en Algérie, une partie d’eux-mêmes.

Vous avez parfaitement raison. Sauf qu’il est plus collectif que personnel. Il est bien entendu politique car comme me l’avait dit notre illustre écrivain Mouloud Mammeri en personne, alors que j’étais encore lycéen, être apolitique est en soi déjà une position politique. Pour être suffisamment clair, c’est un message qui me transcende et s’adresse tant aux vivants qu’aux générations à venir car l’objectif est de faire comprendre que nous vivions dans la misère, la dictature d’une colonisation qui nous considérait comme des sous-hommes, des personnes assujetties à un code abject de l’indigénat alors que les départements de l’Algérie étaient partie intégrante de la France et que les Algériennes et les Algériens, dans leur intégralité, devaient disposer des mêmes droits et des mêmes obligations que les citoyens français. S’il est des velléités de colonisation de par le monde, elles s’aviseraient à ne pas déconsidérer les peuples colonisés car les germes de la révolte poussent à grande vitesse dans les esprits des colonisés.

Le Matin d’Algérie : On sent dans votre prose une grande sobriété, presque une retenue. Refusez-vous la tentation du spectaculaire, du récit héroïque ? Est-ce une manière de vous opposer à la glorification ou à l’amnésie ?

Ahmed Hidouche Yacine : Si vous avez cru entrevoir un rejet de la glorification ou une amnésie quelconque, c’est que je n’ai pas su donner à mon message le contenu que je voulais lui attribuer. Ce n’est pas la mise en valeur d’une attitude d’un enfant, d’une bande de gamins désorientés par la guerre. C’est au contraire un bout du récit glorieux du peuple algérien face à la colonisation. Un peuple qui, avec des fusils archaïques, est arrivé à bout dans sa lutte contre une puissance militaire autrement mieux armée. C’est en fait le déroulement d’une insurrection générale alimentée par un sentiment d’adhésion et d’appartenance à une cause révolutionnaire tout à fait héroïque.

Ma sobriété dans le style ne traduit pas une volonté de minimiser ou d’effacer cette dimension héroïque. Au contraire, elle est une manière de laisser parler l’essentiel sans le déformer. Le spectaculaire, souvent amplifié dans certains récits, risque parfois de masquer la complexité et la vérité profonde des événements. En évitant l’exagération et le sensationnel, je cherche à rendre justice à cet héroïsme discret, populaire, parfois humble, mais d’une puissance morale immense.

Je refuse la glorification à outrance qui peut devenir un mythe déformant, tout comme je combats l’amnésie qui efface ces luttes fondamentales. Mon écriture cherche à préserver la mémoire dans sa vérité, dans ses nuances, dans ses douleurs mais aussi dans ses triomphes modestes. C’est une forme d’hommage sincère, loin des effets de style, pour que cette histoire continue d’être vivante, authentique et digne.

Le Matin d’Algérie : Enfin, si vous deviez adresser ce livre à une seule personne – réelle ou symbolique – qui serait-ce ? Et que lui diriez-vous à travers ces pages que vous ne pouviez dire autrement ?

Ahmed Hidouche Yacine : J’adresserais ce livre d’abord à mes enfants, mes petits-enfants, et plus largement à toute ma descendance. Ce sont eux les véritables destinataires de ce récit. À travers ces pages, je veux leur transmettre non seulement une histoire familiale, mais aussi l’âme d’un peuple, la force d’un combat et les leçons d’une époque. Je veux qu’ils comprennent d’où ils viennent, qu’ils mesurent la valeur de la liberté, et qu’ils sachent que rien n’est acquis, que cette liberté s’entretient par le courage, la vigilance et la solidarité.

Mais ce livre s’adresse aussi à tous les Algériens, présents et à venir. À ceux qui, parfois, regrettent des temps passés sans toujours en comprendre les enjeux, je voudrais dire qu’ils ont la chance inouïe de vivre dans une Algérie libre, portée par l’héritage courageux de leurs aînés. Je veux leur transmettre la fierté et le respect de ce passé, mais aussi les encourager à bâtir un avenir où le vivre-ensemble, la justice et la dignité seront les piliers.

Enfin, à travers ces pages, je m’adresse à l’Histoire elle-même, que je souhaite plus juste, plus attentive aux voix de celles et ceux qui ont vécu et souffert pour qu’elle existe.

Entretien Réalisé par Djamal Guettala  

Ahmed Hidouche Yacine Lounès Ghezali (Préface)
Survivances
Mémoires d’un Anonyme
Paru le 19 mai 2025, Essai (broché)
Editions El Amir Marseille France

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Lutte contre le cancer : l’immunothérapie plébiscitée au Congrès mondial sur la recherche   

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Image par Michal Jarmoluk de Pixabay

Le plus grand congrès mondial sur la recherche contre le cancer a lieu à Chicago, du 30 mai au 3 juin. Et cette année, la grande star de cette réunion de référence est l’immunothérapie. Elle faisait l’objet de trois des cinq études (sur 6 500 en tout lors de ce congrès) mises en avant, dimanche 1er juin, devant une dizaine de milliers de cancérologues.

Le principe de l’immunothérapie se base sur des médicaments qui ne combattent pas directement la tumeur. Ils vont aider le système de défense naturelle du malade à combattre le cancer. Un système de défense qui avait été « endormi » par la maladie et qui, grâce à l’immunothérapie, est secoué, est réveillé.

De bons résultats pour certains cancers qui se soignaient mal

Cette immunothérapie est utilisée depuis maintenant une dizaine d’années. Mais c’était souvent pour des malades très avancés, métastatiques, une fois que les médicaments classiques avaient échoué. Désormais, de plus en plus, on la donne dès le diagnostic, en première intention.

Dimanche, ces trois études ont montré qu’administrée en très tôt, comme premier traitement, l’immunothérapie fonctionne bien. Elle améliore la survie des patients pour certains cancers colorectaux, certains cancers de l’estomac et de la jonction œsogastrique, et également des cancers ORL, c’est-à-dire de la bouche, la gorge et du pharynx.

Des patients français atteints de cancers ORL ont participé à l’une de ces grandes études. Elle a montré de très bons résultats chez certains qui avaient de grands risques de rechute, explique le Pr Yungan Tao de l’institut de cancérologie Gustave-Roussy de Villejuif : « On a réussi à réduire le risque de rechute ou décès de 24%. Donc c’est un grand, grand progrès quand même », se réjouit-il.

Ces annonces très prometteuses sur l’immunothérapie concernent des cancers qui se soignaient mal, où il y avait beaucoup de décès et pour lesquels il n’y avait pas d’avancée significative depuis parfois des dizaines d’années.

Autre avancée dans le suivi des cancers du sein

Autre grande annonce de ce congrès, on arrive désormais à repérer si une tumeur grossit, grâce à une simple prise de sang. C’est une étude menée chez des femmes qui ont un cancer du sein hormonodépendant et métastatique qui l’a montré. Certaines participantes étaient d’ailleurs françaises. Chez ces patientes, très fréquemment, le traitement classique fonctionne un moment, et ensuite on constate que la tumeur grossit à nouveau. On le constate soit au scanner, soit parce que la patiente a des douleurs. On peut, désormais, le repérer plusieurs mois avant, avec une prise de sang qui va mettre en évidence dans l’ARN une mutation de la tumeur.

Cette étude montre le temps gagné si on détecte précocement ces signes. Si on n’attend pas et qu’on change tout de suite de traitement – avec un nouveau médicament, une hormonothérapie – les malades gagnent sept mois avant que la tumeur ne progresse à nouveau, et 17 mois avant que leur qualité de vie ne se détériore à nouveau – c’est-à-dire, par exemple, avant qu’elles ne ressentent des douleurs. Et ça change tout, explique le Pr Benoît You, des Hospices civils de Lyon : « On n’attend plus la rechute clinique ou radiologique, on identifie juste les premiers signaux sur l’ADN du sang. C’est vraiment de la médecine moderne. »

Vivre le plus longtemps possible dans les meilleures conditions

Ces médicaments permettent de surveiller grâce à des prises de sang la tumeur, pour permettre à la patiente de vivre le plus longtemps possible avec son cancer. « Aujourd’hui, on n’a pas de traitement curatif qui permette de guérir les patientes, déplore le Pr Benoît You. Par contre, ce que l’on peut faire, c’est essayer de chroniciser cette maladie, c’est-à-dire administrer des traitements souvent successifs, qui vont avoir pour objectif d’éviter que le cancer ne grossisse trop et mette en jeu la vie de la patiente. On va essayer de retarder ce moment le plus loin possible tout en conservant une bonne qualité de vie, pour que ces patientes puissent bénéficier de ce temps de chronicisation de la maladie dans les meilleures conditions. »

La bonne nouvelle, c’est que ce concept de surveiller la tumeur grâce à des prises de sang, d’anticiper des rechutes, pourrait être extrapolé à l’avenir à d’autres cancers, peut-être 10 à 15% d’entre eux, selon Jean-Yves Blay, le président de la fédération Unicancer, comme certaines tumeurs du poumon, de la thyroïde ou du rein.

Francetvinfos

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PSG – Inter Milan : 5-0 et 2 morts

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Psg saccages

Il m’est impossible de ne pas prendre du recul par rapport à l’immense joie légitime et méritée en France suite à la victoire du PSG dans la Coupe d’Europe des champions.

Le match a été sublime et les sensations humaines exultées. Malgré mes très grandes réserves sur les dérives du  football dans ce qu’il a de détestable, débordant souvent jusqu’à la vulgarité, son spectacle me transporte, comme des milliards d’êtres humains, depuis ma jeunesse à Oran.

Supporter un club, c’est au-delà du plaisir, c’est la transcendance, je le reconnais. C’est aller au plus profond de soi pour s’évader un court instant des épreuves de la vie.

Tout cela est vrai et heureusement que l’humanité, depuis l’antiquité, connait et porte le spectacle de la compétition physique comme une compétition avec soi-même. Hier soir, ce rapport a été bien au-delà de tout espoir. C’était beau, c’était grandiose.

Cependant, il faut toujours remettre les pieds sur terre et immédiatement prendre du recul par rapport aux sentiments qui vous emportent. Il y a eu deux morts, certes en marge de la compétition et de la manifestation de joie, mais deux morts tout de même. 5 buts magnifiques, deux morts, c’est ce qu’aura coûté la joie.

Je n’aurai pas l’indignité de mettre sur un pied d’égalité, les blessures, assez graves pour certains ainsi que les vols et les dégâts matériels, même s’ils sont révoltants. Deux vies humaines ont été sacrifiées au temple des débordements des sentiments de bonheur. Le bonheur, ce n’est pas son rôle d’apporter mort et désolation, c’est donner à la vie et à l’espoir humain une force qui les accompagnent.

Je ne pouvais pas éviter d’avoir une pensée, à l’heure de la rédaction de cette chronique, pour les vies enlevées et la destruction de deux familles pour une compétition qui reste malgré tout un jeu de baballe pour milliardaires entourés d’une foule qui hurle la gloire aux dieux du stade comme dans les jeux antiques. Pour moi, ce n’est pas du sport, c’est un spectacle, il devrait porter cette qualification.

Rien ne valait qu’on n’en n’arrive à ce point de danse du veau d’or. Ce qui m’a heurté est le silence des joueurs, pas un mot, en tout cas au niveau exigé par le drame. Ils n’ont pas eu la décence de le faire et auraient dû offrir symboliquement cette coupe aux deux sacrifiés par leurs passions, celles qui enrichit et portent les joueurs au sommet de la gloire et de leur richesse.

Aujourd’hui, par cette chronique, je baisse la tête en respect de ces deux très jeunes hommes (17 et 2à ans, à vérifier), ils ont été fauchés par la mort à un âge où toute une vie leur était promise.

Les footballeurs vont maintenant encaisser une fortune, les deux jeunes ont payé les places les plus chères pour les financer, celle de leur vie.

Aujourd’hui, tout le monde va parler avec enthousiasme de la joie de la grande soirée d’hier. Aujourd’hui, des familles vont parler du malheur de la soirée qui leur a enlevé l’être cher.

Aujourd’hui, les footballeurs les ont oubliés, pas moi.

Boumediene Sid Lakhdar

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