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Le monde de Steinbeck en ses trois entrées (III)

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La Perle

3. La Perle. Nous voilà dans le troisième livre de l’auteur américain John Steinbeck. Un choix qui avait été présenté comme trois entrées possibles dans son œuvre. Nous aurions pu en trouver bien d’autres mais la subjectivité est toujours une cause du choix sinon à reproduire les fiches de lecture tellement nombreuses et faciles à recopier.

Reprenons la signification de la progression du choix en rappelant que Steinberg est le romancier de la Grande dépression des années 30 :

Dans Des souris et des hommes elle n’apparait pas, elle est suggérée à travers l’innocence du personnage Lennie, un faible d’esprit qui est victime du drame sans en avoir conscience.

Dans Les Raisins de la colère, Steinbeck nous plonge dans la réalité de la Grande dépression des années 30. Nous la vivons et la ressentons à travers une famille chassée de sa terre qui rejoint la terre promise à leurs yeux, la Californie.

Dans La Perle, Steinbeck prendra de nouveau du recul avec une histoire qui est extraite de la réalité de la période, dans un lieu et des circonstances imaginaires mais dont la toile de fond reste l’extrême pauvreté des personnages. L’auteur essaie donc de revenir à la méthode du premier roman, ne pas évoquer l’actualité de la crise, pour, cette fois-ci nous mener vers une réflexion philosophique globale de la question de la fatalité de la misère.

Et la boucle est bouclée. Résumons l’histoire de ce troisième roman d’une manière très courte (presqu’un pléonasme) pour un roman qui d’ailleurs est très court.

Le bébé Koyotito d’un couple vivant dans une très modeste hutte près de la mer, Kino et Juana, est piqué par un scorpion. Si Kino, le père, arrive à tuer la bête, son fils reste en grand danger de mort.

Ils se précipitent vers la maison d’un docteur dont le comportement est connu pour être étrange et les compétences, douteuses  Méprisant envers les pauvres, il donne ordre à son domestique de les renvoyer vu leur incapacité à le payer.

Dans son désespoir Kino part pêcher des huitres dans l’espoir d’y trouver un revenu suffisant afin de soigner le bébé. Le miracle arrive, dans l’une d’elles se trouve une perle d’une grosseur qui ressemble au visage de la fortune.

Dès cet instant, tout le village, après avoir été émerveillé, s’est pris d’une compassion à leur égard. Le docteur accourt et les offres d’achat se multiplient, y compris celles des courtiers de la grande ville.

Et ce qui devait arriver est arrivé. Petit à petit apparaissent les médisances, les ragots et les convoitises. Non seulement le paisible et pauvre village fut pris d’une frénésie mais la vie du couple en fut également bouleversée.

Dans cette explosion, il était inévitable que la cupidité transforme radicalement Kino qui va connaitre une transformation de sa personne. La fuite de Kino et de Juana pour protéger leur fortune les mènent au meurtre.

Pour respecter la promesse d’un très court résumé, nous en arriverons jusqu’à la mort du petit Coyotito. Tout cela pour un résultat dramatique, la fortune qui devait apporter le salut et l’aisance s’est révélée être le fossoyeur de leur vie.

Dans ce mécanisme effroyable apparaît l’avidité humaine y compris pour ceux qui en étaient éloignés. Kino avait une âme humaine et un amour pour son bébé en réagissant désespérément pour le sauver. Mais le proverbe nous dit que l’enfer est pavé de bonnes intentions.

Il en fut de même pour les habitants du village, pour le docteur et pour les marchands de perles. Pour ces derniers l’avidité en est la nature et le réflexe.

C’est ainsi que nous déchiffrons dans cette histoire le message philosophique de John Steinbeck. Sans jamais évoquer la Grande crise des années trente mais uniquement par suggestion, il nous décrit ce qu’est le capitalisme sauvage, une pieuvre qui pervertit les hommes et engloutit les plus démunis

Que chacun essaie d’en trouver leçon dans son entourage, dans son pays ou… dans sa propre personne.

Boumediene Sid Lakhdar

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Israël et le sionisme arabe face aux Perses

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Ahmed Rouadjia
Ahmed Rouadjia

Comme je l’ai indiqué dans un article précédent, les Etats-Unis ne connaissent que le langage de la force et lorsqu’ils décident de cibler un ennemi ou un adversaire qui se mettrait en travers de leur chemin, ils le font sans crier gare.

En matière de guerre et d’agression contre les nations récalcitrantes, comme l’Iran, ils n’éprouvent aucun état d’âme, comme en témoignent les bombardements des trois centrales nucléaires qu’ils viennent de pulvériser dans ce pays.

Les USA et la sanctification de la force 

Lorsqu’ils s’agit de défendre leurs intérêts-et leur honneur-, à tort ou à raison, les Etats Unis font tout pour mettre en veilleuse  leur proclamation démocratique, juridique et humaine, notions dont ils ont cure  dès lors que les moyens justifient  la fin. L’usage inconsidéré de la force et la brutalité avec laquelle ils usent et abusent contre leurs adversaires, surtout faibles, sont les deux critères principaux qui déterminent leur stratégie de l’action militaire.  Pour eux, terroriste ou ennemi de la liberté et du « monde libre », tout peuple ou minorité  nationale opprimée qui lutte justement pour sa liberté, comme les Palestiniens.

Cette représentation étrange qu’ils ont de la démocratie, du droit et du monde libre, les conduit à s’ériger en un gendarme du monde et à imposer par la force et par  l’idéologie démocratique dont « le rêve américain » n’en est qu’une variante, leur modèle culturel et politique aux nations exogènes.

Le sionisme arabe en marche

La « sionisation  du monde, autrement dit la propagation, la défense  et l’exaltation de l’idéologie sioniste en tant que dérivée de l’Ancien Testament ( Thoura ),fait partie intégrante du projet politique américain de domination du monde non « libre ». Le« Peuple élu » d’Israël qui fascine et gagne le cœur des millions de sectes, de chapelles, de  partis politiques, de sénateurs et des  membres du Congrès aux Etats-Unis, s’est fait investi et s’est investi lui-même d’une mission quasi sacrée : celle de rendre sioniste au sens politique ce qui n’est pas juif de naissance, et d’en faire un instrument au service de l’action messianique sous tendu par un projet d’extension politique et militaire qui doit  déborder le territoire d’Israël, territoire dont l’exiguïté s’oppose au rêve du Grand Israël

Qui, au Moyen-Orient, s’oppose à ce dessein expansionniste ? L’Iran, bien entendu. Depuis plus quarante ans, l’Iran qui ne reconnaît pas l’existence et la légitimité de cette entité imposée par la force par les puissances occidentales, n’a de cesse de vouer aux gémonies Israël  tout en jurant sa perte ou son effacement définitif de la carte de la Palestine. Cette haine plus politique que religieuse a provoqué en retour, chez les Israéliens, une haine envers la République islamique, haine doublée d’une peur « existentielle. »

L’islam chiite contre l’islam sunnite ? 

Sachant depuis bien longtemps ce qui différencie un musulman chiite d’un musulman sunnite, Israël s’est mis à étudier  encore plus l’islam sous ses différentes facettes. Grâce à la formation des lettrés juifs  dont la connaissance profonde de l’Islam et de ses discordes passées et présentes, Israël est parvenu en un moins d’un siècle à exploiter de manière fort productive tant sur le plan politique que sur le plan des fantasmes les divergences doctrinales entre ces deux grandes confessions musulmane, et surtout à « sioniser » les monarchies sunnites comme l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unies, Qatar, Bahreïn, Oman, le Koweit ? etc. Outre le chiisme majoritaire en Iran, les Arabes sunnites en général et ces monarchies arabes en particulier se remémorent et ruminent le contentieux millénaire, d’ordre ethnique, ayant opposé les Perses et les Arabes. Pourtant les Perses ont été à l’origine de l’Empire abbasside, qui marqua l’âge d’or de la civilisation arabe : celui de la science, de la culture, de l’expansion du commerce mondiale…

Comment Israël a réussi à « sioniser », autrement dit, à faire épouser par ces monarchies l’idéologie sioniste ? En brandissant l’épouvantail de l’idéologie chiite qui serait à la fois contre l’islam sunnite « modéré », et « pacifique »,  et comme « secte » extrémiste, ces monarchies arabes à qui l’Iran inspire une grande peur et un sentiment d’insécurité permanente, ont fini par tomber dans l’escarcelle d’Israël.

L’idéologie wahhabite, anti-chiite et conservatrice par sa nature même, a contribué grandement à sioniser la pensée, les sentiments et les penchants idéologiques envers Israël considéré par ces Arabes devenus plus sionistes que les sionistes eux-mêmes comme un antidote aux nuisances de ces méchants iraniens.

Les « Républiques » arabes, comme l’Egypte, La Syrie, et même l’Irak ne sont pas épargnés par cette idéologie wahhabite qui enseigne partout, de l’Indonésie au Maroc, en passant par la Tunisie et l’Algérie, mais discrètement, aussi bien aux cervelles juvéniles qu’aux cerveaux adultes, que le sionisme sous ses divers visages, est bien plus préférable au chiisme, « ennemi historique » du sunnisme. Les associations wahhabites s’activant sous couvert d’associations caritatives dans les divers pays arabo-musulmans servent de canaux efficaces à cette propagande sournoise.

 Devenus sionistes par intérêt, par peur et par haine de l’Iran, ces monarchies arabes dont la marocaine marque un nouveau pas dans sa soumission quasi totale  à cette entité sioniste, ont trouvé dans Israël et les Etats-Unis l’Etre providentiel qui les mettrait définitivement  à l’abri de l’Epée de Damoclès  suspendue sur leur tête par l’ennemi perse…

La fiction d’un monde arabe à l’âme vendue au diable ?

Est-il possible de parler de l’existence du monde arabe ? Le croire, c’est croire aux mirages. C’est un « monde » peuplé d’illusions, d’hypocrisie, de turpitudes, de sous-développement culturel et mental. Un monde d’aliénés, de complexés, au sens de Frantz Fanon. Un monde lâche, pusillanime, sans honneur ni dignité. Un monde où ne filtre point de lueur de lumière et d’intelligence. Un monde de soumis. De menteurs. De couards. Et ce qui qui relève du mensonge, de la lâcheté et de la risée, c’est quand on lit les communiqués officiels de toutes ces monarchies et républiques arabes dénonçant les agressions israéliennes et américaines contre Gaza, le Liban, le Yémen, etc.

Alors que toutes ces monarchies abritent  non seulement des bases militaires et autorisent le vol de ces avions de chasse israélienne et américaine à survoler leur espace aérien pour bombarder l’Iran et la résistance Palestine , mais contribuent – ce qui est plus grave encore – à l’effort de guerre israélien contre Gaza et l’Iran ! C’est cela le Monde arabe, complètement drogué d’un islam pollué et d’idéologies fumeuses, pseudo-savantes, mais qui vicient les esprits et les obnubilent. Un islam arabe qui se soumet volontiers au plus fort, aux plus offrants, quitte à se renier en contrepartie d’une protection…

L’argent du pèlerinage à la Mecque

Le pèlerinage à la Mecque, qui fait drainer des milliards et des milliards de dollars dans les caisses du trésor Royal, est une véritable aubaine pour le président  Donald Trump qui, à chaque visite dans ce pays, revient chez lui les poches bourrées de dollars. L’argent de nos pèlerins, comme celui du pétrole, renfloue les caisses du trésor américain, et ceci au grand dam des millions de pauvres dans le monde arabe ! Les Israéliens en profitent aussi. Car ces monarchies arabes frappées d’ankyloses ne sont nullement avares et se montrent très généreux envers les israéliens  et aux familles des victimes « du terrorisme palestinien ». Ils leur offrent sans compter argent, aliments, médicaments et autres objets symboliques, comme les cadeaux…

En contrepartie, Israël forme des soldats au profit  des armées régulières arabes et des mercenaires pour combattre, la cas échéant, leurs frères de « race » sur les divers théâtres d’opérations.

Ahmed Rouadjia, professeur retraité, non « émérite » des universités.

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Jacqueline Brenot : « Je lui dois la vie, je lui rends la mémoire »

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Jacqueline Brenot
Jacqueline Brenot

Dans La dame du Chemin des Crêtes, Jacqueline Brenot retrace avec intensité la trajectoire de sa mère, figure lumineuse et déterminée, entre Algérie, France et Sahara. Entre l’exil, la douleur, l’héritage, l’écriture devient ici chant, résistance et offrande. Ce livre est un hommage vibrant et sans concession, une traversée intime de la mémoire algérienne et féminine.

Le Matin d’Algérie : Votre livre s’ouvre sur cette clameur : “Que la terre s’arrête de tourner, ma mère est morte…” Ce cri inaugural, c’est une révolte, un chant, un adieu ? Quelle nécessité intérieure a dicté cette ouverture ?

Jacqueline Brenot : Cette « clameur » est d’abord une révolte contre l’incompétence humaine doublée de mensonges de médecins et l’économie d’une transfusion exercée à l’encontre d’une dame âgée et confiante. D’ailleurs, quelque temps après sa mort par manque de soins dans cette clinique marseillaise, le scandale des homicides par négligences à l’égard des personnes âgées en milieu hospitalier, a éclaté lors des canicules.

C’est aussi un cri de désespoir et un « refus » face à la violence de la situation ayant entraîné la mort d’une mère, une sorte de mise à mort involontaire qui resterait impunie si ce n’est, dans le cas d’une longue procédure contre le corps médical, un « Rappel à l’Ordre des Médecins ». Mais vous avez raison de proposer une troisième option un « adieu », en deux mots : à-Dieu, je remets la disparition de ma mère dans les mains de Dieu, mais avant je dois accomplir son vœu essentiel, celui d’être enterrée dans le Sahara.

Le Matin d’Algérie : La figure maternelle irradie tout le récit. Qui était cette mère que vous dépeignez ? Une femme libre ? Une survivante ? Une mémoire en mouvement ?

Jacqueline Brenot : Cette mère, au caractère très affirmé, était généreuse de son temps accordé aux siens, à son entourage et à ceux qu’elle croisait, somme toute de sa bonne humeur. C’était un être solaire et très intuitif. Elle avait résisté à beaucoup d’épreuves et savait le prix de la vie. Son éducation très stricte de fille méditerranéenne lui avait instillé le goût de la liberté, mais toujours avec mesure et discernement. Survivante dans les années 40 fascistes à Constantine, puis durant la folie meurtrière des Ultras qui s’exerça à l’encontre de l’engagement de mon père, donc de la famille.

Mon dernier ouvrage « Autant en emporte l’enfance… » le raconte en détails. Votre expression « une mémoire en mouvement » l’évoque parfaitement, puisque cette « dame du Chemin des Crêtes » cultivait les roses et leurs épines de la mémoire familiale et jijellienne dont elle était dépositaire. Ce récit existe car nécessaire après son décès pour conserver les traces de ce trésor mémoriel.

Le Matin d’Algérie : Vous évoquez l’exil de votre mère en terre de France. Comment cet exil a-t-il marqué son corps, son cœur, et la transmission silencieuse qu’elle vous a léguée ?

Jacqueline Brenot : Le sentiment de l’exil est un cancer qui ronge l’esprit quel que soit le traitement curatif. Le départ en 1986 d’Alger motivé surtout pour un rapprochement familial, suivi deux ans plus tard du décès de mon père par erreur médicale, s’était avéré une épreuve supplémentaire. En même temps, sa force vive l’avait guidée à reprendre ses encres et ses pinceaux, et à l’occasion sa cuisine, pour apporter au quotidien un peu des couleurs et senteurs de l’Algérie qui l’habitait.

Le Matin d’Algérie : Alger, Marseille, Tozeur… Trois étapes, trois mondes, trois respirations. Que représentent ces villes pour vous – en tant que fille, écrivain et témoin ?

Jacqueline Brenot : « Alger, Marseille, Tozeur », au niveau du temps, en effet : trois étapes et expériences successives de vie, puis de mort, pour ma mère et pour ses proches. Au niveau de l’espace, le même toujours, ancré, aussi motivant : l’Algérie. La vie apprend que l’on n’habite pas un pays, mais que c’est le pays qui nous habite, surtout si celui-ci demeure le même depuis l’enfance. D’ailleurs le titre eut été trop long, si j’avais respecté les cinq étapes essentielles avec les dénominations anciennes de Djidjelli ou l’enfance, de Constantine ou l’adolescence et l’âge adulte. Mais ces lieux agrémentés d’histoires inédites sont là pour évoquer la richesse que chaque individu porte en soi, sa faculté à tisser les liens avec son territoire intérieur qui sauvent de la tristesse et de l’indifférence.

Le Matin d’Algérie : Le Sahara est sa dernière demeure. Pourquoi ce choix ? Était-ce pour elle un retour aux sources ou une manière de s’ancrer à jamais dans une terre de lumière et de silence ?

Jacqueline Brenot : Le désert, en effet, fut pensé comme ultime demeure sur sa terre natale. Indépendamment de son attraction esthétique et mentale, ce lieu a toujours fasciné l’esprit mystique de ma mère. Pour faciliter le transport et surtout le choix de l’inhumation difficile à obtenir dans les meilleurs délais, ma mère avait imaginé cet espace désertique comme territoire idéal.

Les pérégrinations semées d’embûches qui accompagnèrent la réalisation de ce vœu semblent rocambolesques, mais c’est oublier que ce genre de mésaventures guette celui qui veut accomplir le vœu post-mortem de ses proches. Ce fut un « dernier voyage » hors norme mais compensé par ces lieux de silence, loin du tumulte du monde, et surtout l’accès à une paix intérieure du devoir accompli .

Le Matin d’Algérie : Vous écrivez : “Ma mère portait son pays au cœur et aux nues.” Le lien entre la mère et la terre — l’Algérie — est au centre de votre livre. Est-ce ce double amour qui vous a inspirée, voire poussée à écrire ?

Jacqueline Brenot : Beaucoup d’écrivains ont eu pour première motivation avouée ou non l’hommage à la mère. Celui-ci se doublait de l’amour partagé pour l’Algérie. L’inextricabilité des deux entités m’a conduite à écrire presque d’un seul jet cette histoire, même si l’enjeu de départ me parut vertigineux. Les deux sources d’inspiration ont fini par se mêler comme les fleuves aux mers et océans, c’est-à-dire le plus naturellement possible, avec la douleur et le rire en supplément d’âme. Bien sûr, je me devais d’ancrer les mots d’attachement profond à la terre d’Algérie, devenus plus précieux une fois ma mère disparue, ce fameux devoir de mémoire qui guette chacun. Il fallut dans l’urgence les emperler sur le fil de mes propres certitudes en chapelet de prières.

Le Matin d’Algérie : Votre style est à la fois mordant, incisif et poétique. Pourquoi cette forme ? Est-ce une manière de traduire l’ambivalence des sentiments : douleur, tendresse, colère, nostalgie ?

Jacqueline Brenot : Le style c’est la respiration de chacun. Les sentiments ne sont jamais uniformes et surtout volatils. L’écriture doit saisir la mesure d’événements et de sentiments qui opèrent à l’instant T d’une histoire, d’une phrase. C’est sans doute ce que l’on nomme Poésie, la couleur et le pouls d’un instant. La matière vivante compressée dans l’encre des mots est faite d’écoutes, d’observations, de larmes et de rires libérateurs, de rêves et de toutes les peurs générées par ce monde toujours injuste et cruel. L’existence demeure un grand théâtre oscillant entre rire et larmes.

Le Matin d’Algérie : La musique traverse le récit — darboukas, violons, flûtes… Est-ce un moyen de faire parler ce qui ne peut l’être autrement, de restituer l’invisible ?

Jacqueline Brenot : La musique c’est le fond sonore attaché au cortège des souvenirs d’enfance. Mes parents m’ont communiquée ce goût du chant pour ma mère et des airs d’harmonica pour mon père. Le bas de la Casbah relayait aussi des chants, des mélodies, des psalmodies, des habitants des lieux. Ils m’ont bercée comme la musique des vagues pas très loin de ma première école.

Le Matin d’Algérie : La mémoire est très présente, mais jamais figée. Elle circule dans les gestes, les silences, les paysages. Comment avez-vous travaillé cette matière vivante ?

Jacqueline Brenot : J’ai toujours beaucoup lu depuis ma prime enfance. J’étais et je reste une boulimique de livres, tout genre confondu, d’essais philosophiques et historiques aussi. Enfant, la littérature m’a sauvée des angoisses de la guerre. Sa compagnie m’a libérée du poids de l’autorité parentale, donné aussi le goût du savoir universel et de la réflexion. Cette stimulation continue de la lecture doublée de mon enseignement de la littérature impose une rigueur de l’écriture et une exigence de chercheur au plus de la réalité qui nous échappe.

Le Matin d’Algérie : Diriez-vous que ce récit est une forme de réparation ? Ou plutôt un passage obligé pour continuer à vivre, à transmettre, à vous tenir debout ?

Jacqueline Brenot : Rien ne peut « réparer » l’erreur et la négligence humaines qui conduisent à la mort comme ce fut le cas du décès de ma mère, puis de mon père. Ce récit avait pour but de partager les dons dont je pus bénéficier en ayant une mère aimante, attentionnée et artiste dans l’âme. Son don de conteuse, comme celui de sa mère, ne pouvait disparaître. Il est des trésors qui doivent se transmettre de génération en génération. D’une certaine façon, j’ai poursuivi ce travail de partage avec mes chroniques littéraires algériennes.

Le Matin d’Algérie : En guise d’au revoir – si votre mère vous écoutait aujourd’hui, depuis les dunes de Tozeur, quels mots ou quel silence lui adresseriez-vous ?

Jacqueline Brenot : Je la remercierai de m’avoir donné la vie et l’immense attention et vitalité sa vie durant, son attachement et son culte de l’Algérie. Pour retrouver son sourire et l’éclat bleu de ses yeux, je lui raconterais tout ce que l’écriture de ce livre a engendré depuis son départ, dont les marques nombreuses et indélébiles d’amitié.

Entretien réalisé par Djamal Guettala

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Le président iranien promet une «riposte» à l’attaque américaine

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Khamenei, le guide suprême de l'Iran
Khamenei, le guide suprême de l'Iran dans le viseur israélien.

Les États-Unis ont mené une attaque « très réussie » sur trois sites nucléaires iraniens, larguant notamment une « charge complète de bombes » sur celui de Fordo, a annoncé dans la nuit du samedi 21 au dimanche 22 juin le président américain Donald Trump, se joignant ainsi à l’offensive israélienne contre l’Iran. Son homologue iranien promet une « riposte ».

Des attaques qui en font craindre d’autres au Moyen-Orient. Après les frappes américaines de l’opération « Marteau de minuit », menées dans la nuit du samedi 21 au dimanche 22 juin sur plusieurs sites cruciaux du programme nucléaire iranien, Téhéran a prévenu que cette opération aurait « des conséquences durables ». « Conformément à la Charte des Nations unies et à ses dispositions autorisant une réponse légitime en cas de légitime défense, l’Iran se réserve toutes les options pour défendre sa souveraineté, ses intérêts et son peuple », a prévenu sur X son chef de la diplomatie, le ministre Abbas Araghchi, ajoutant que la fenêtre des négociations était « fermée » jusqu’à nouvel ordre, selon l’agence officielle Mehr.

Alors qu’il avait affirmé samedi encore donner « au maximum » deux semaines à l’Iran pour éviter d’éventuelles frappes américaines, Donald Trump a annoncé quelques heures plus tard seulement que les États-Unis avaient bombardé trois sites nucléaires iraniens, notamment celui de Fordo.

Déjà engagée depuis neuf jours dans un duel constant de frappes aériennes avec Israël, qui a visé des installations nucléaires dès le 13 juin, la République islamique réfléchit à ses prochaines actions. Dimanche, les Gardiens de la Révolution, qui dépendent directement du guide suprême iranien, ont déclaré que les Etats-Unis étaient « en première ligne d’agression » et subiraient une réponse « regrettable » à leur opération. Mais de quelle manière et contre quelles cibles pourraient-ils mettre leurs menaces à exécution ?

Pour Téhéran, l’Etat hébreu est un ennemi indissociable des Etats-Unis et doit être tenu responsable au même titre que Washington de l’opération menée dans la nuit de samedi à dimanche. En réaction aux attaques conduites par les bombardiers furtifs américains, la République islamique a d’ailleurs déclenché une série de frappes sur le territoire israélien, faisant une vingtaine de blessés, selon l’Etat hébreu. Lors de cette nouvelle vague de tirs de missiles, menée dans le cadre de l’opération « Promesse honnête 3 », l’Iran dit avoir ciblé l’aéroport de Tel-Aviv ainsi qu’un « centre de recherches biologiques » et des bases logistiques, ce qu’Israël n’a pas confirmé. 

Face au risque de nouvelles frappes, le commandement du front intérieur israélien a émis de nouvelles restrictions pour la population dans toutes les régions du pays, rapporte le journal Haaretz. Les écoles doivent garder leurs portes closes et les rassemblements publics ainsi que les travaux non essentiels sont interdits. L’espace aérien, fermé depuis le 13 juin, n’a été rouvert que pour quelques heures dimanche, et seulement pour des vols de rapatriement.

L’inquiétude concerne désormais la capacité du « Dôme de fer », le système de défense antiaérienne d’Israël, à parer des attaques iraniennes aussi fréquentes que massives, mêlant missiles et drones. « Plus cette guerre dure, plus Israël va devoir choisir ce qui doit être défendu », explique Joe Truzman, analyste de la Fondation pour la défense des démocraties, à la radio publique américaine NPR. Au cœur de ce bras de fer, l’Etat hébreu vise dorénavant avec insistance les « lanceurs de missiles », comme il l’a fait dimanche matin dans l’ouest de l’Iran.

Réagissant à l’opération « Marteau de minuit », le président iranien, Massoud Pezeshkian, a accusé dimanche les Etats-Unis d’être derrière toutes les attaques essuyées par l’Iran ces derniers jours, y compris les frappes israéliennes. Son ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a prévenu que le régime utiliserait désormais « tous les moyens possibles et nécessaires » pour se « confronter militairement » aux Etats-Unis. Si l’Iran ne semble pas avoir les capacités de frapper directement sur le sol américain, le pays pourrait tout de même s’en prendre à des intérêts militaires présents dans sa région proche. 

Comme le souligne le Washington Post, les Etats-Unis disposent d’une quinzaine de bases dans des pays proches de l’Iran, dans une zone s’étirant de l’Egypte aux Emirats arabes unis en passant par la Syrie, l’Irak et le Koweït. « Des dizaines de milliers de soldats américains sont stationnés au Moyen-Orient », rappelle le quotidien. Certaines de leurs bases ont d’ailleurs déjà été visées par l’Iran, comme l’aérodrome Al-Asad en Irak, en janvier 2020, en réaction à l’assassinat par les Etats-Unis du général iranien Qassem Soleimani. Comme le rapportait France 24, la riposte forte d’une dizaine de missiles avait alors fait plusieurs blessés dans cette base tenue par les Américains en coopération avec l’armée irakienne. 

Avec Francetvinfo/Rfi

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Que sait-on de l’attaque américaine contre les installations nucléaires iraniennes ?

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Trump et son cercle proche
Trump et son cercle proche

Les États-Unis ont bombardé, dimanche 22 juin, trois sites névralgiques du programme nucléaire iranien, des frappes qui auront des « conséquences éternelles », a prévenu Téhéran, au dixième jour de la guerre entre l’Iran et Israël. Donald Trump a qualifié l’attaque de « très réussie » et a affirmé que les installations essentielles d’enrichissement nucléaires de l’Iran avaient été « intégralement détruites ».

Après des jours de flou autour d’une possible intervention, les États-Unis ont attaqué ce dimanche trois sites nucléaires de l’Iran, Donald Trump affirmant que les capacités d’enrichissement du pays étaient désormais « complètement détruites ». 

Le président américain avait d’abord opté pour la voie diplomatique, avec plusieurs cycles de négociations Washington-Téhéran pour tenter de parvenir à un nouveau pacte sur le programme nucléaire iranien. Mais il avait ces derniers jours soufflé le chaud et le froid, soupesant une potentielle intervention de son pays dans la guerre qui oppose l’Iran à Israël depuis le 13 juin, tout en avançant la possibilité d’en revenir aux négociations.

Donald Trump a annoncé ces frappes lors d’une allocution vidéo de quatre minutes depuis la Maison Blanche. Il est rarissime que Donald Trump soit à Washington un samedi soir, lui qui préfère en général passer ses weekends dans son golf de Mar-a-Lago en Floride, rapporte l’envoyé spécial de Rfi à Washington. Preuve de l’importance de la situation, le président est rentré en début de soirée à la Maison Blanche et c’est depuis l’aile est qu’il a prononcé son allocution. 

Le même endroit où, il y a 14 ans de cela, Barack Obama avait annoncé la mort d’Oussama Ben Laden par les forces américaines dans un raid au Pakistan. La symbolique de l’endroit choisi est donc forte et en filigrane l’administration Trump veut faire comprendre que cette soirée pourrait profondément changer le cours des choses au Moyen-Orient. 

Trois sites frappés

Selon Donald Trump, des avions ont frappé trois des principaux sites nucléaires iraniens : Ispahan, Natanz et Fordo, sur lequel a été larguée une « charge complète de bombes ». Construite en violation des résolutions de l’ONU, l’installation souterraine de Fordo a été présentée par Téhéran comme une usine d’enrichissement d’uranium à taux élevé pouvant accueillir quelque 3 000 centrifugeuses. C’est là qu’avaient été détectées début 2023 des particules d’uranium enrichies à 83,7%. L’Iran avait invoqué des « fluctuations involontaires » au cours du processus d’enrichissement.

L’usine de Natanz, elle, est sans doute le plus connu des sites nucléaires iraniens. Son existence a été révélée en 2002. Elle compte deux bâtiments, l’un souterrain, l’autre en surface, pour un total de près de 70 cascades de centrifugeuses – soit plus de 10 000 de ces machines utilisées pour enrichir l’uranium. L’installation d’Ispahan (centre) est pour sa part une usine de conversion. Elle permet de produire des gaz nécessaires à l’enrichissement d’uranium.

La bombe GBU-57 utilisée pour la première fois au combat

Lors de son allocution, Donald Trump n’a pas donné de détails sur les armes utilisées pour frapper le programme iranien. Mais compte tenu de la configuration souterraine de Fordo, des bombes anti-bunker de type GBU-57 ont probablement été larguées. La GBU-57 a été conçue pour pénétrer jusqu’à 60 mètres sous terre avant d’exploser. Ces ogives antibunker s’enfoncent d’abord dans le sol afin de détoner uniquement une fois l’installation souterraine atteinte.

Ces armes comportent une gaine en fait très épaisse d’acier renforcé. C’est d’ailleurs ce qui fait son poids, près de quatorze tonnes à peu près, ce qui les aide à traverser les couches de roches et de béton et de blindage, explique Franck Alexandre, journaliste spécialisé dans les questions de défense à RFI. Le test de ces armes a débuté en 2004 et Boeing a remporté en 2009 un contrat pour les monter sur des avions.

D’après des sources rapportées par les médias américains, une douzaine de bombes GBU-57 auraient été tirées sur les installations nucléaires de Fordo depuis sept bombardiers B-2, les seuls avions capables de transporter ces armes. Ces bombardiers américains ont volé 37 heures non-stop depuis la base aérienne de Whiteman dans le Missouri en étant plusieurs fois ravitaillés en vol avant d’atteindre leur cible en Iran, a affirmé une source officielle au New York Times sous condition d’anonymat.

Dans le même temps, des sous-marins américains ont lancé 30 missiles Tomahawk contre les installations nucléaires de Natanz et d’Ispahan. Deux bombes GBU-57 auraient également été lâchées sur les installations de Natanz toujours selon une source officielle américaine.

Quels dégâts après les frappes ? 

Si Donald Trump s’est félicité d’une attaque « très réussie », affirmant que « les installations essentielles d’enrichissement nucléaire de l’Iran ont été intégralement et totalement détruites », l’ampleur des dégâts causés par les frappes reste incertain. Les autorités iraniennes n’ont pour le moment donné aucune information officielle sur l’ampleur des dégâts dans ces trois sites, en particulier dans le site de Fordo, rapporte le correspondant de Rfi à Téhéran.

Un responsable iranien, cité par l’agence Tasnim, a confirmé que Fordo avait été partiellement touché par des « frappes ennemies ». Toutefois, Mohammad Manan Raisi, député de Qom, a déclaré à l’agence semi-officielle Fars que le site n’avait pas subi de dommages sérieux. Les médias iraniens ont rapporté que l’Organisation iranienne de l’énergie atomique n’avait détecté aucune contamination radioactive, ni danger pour les populations voisines. Hassan Abedini, haut responsable de la télévision d’État, a affirmé que les sites avaient été évacués depuis un certain temps et que les neuf tonnes d’uranium enrichi dans à Natanz et Fordo, avaient été déplacés vers d’autres sites tenus secrets avant les frappes américaines.

RFI

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John Steinbeck en ses trois entrées (II)

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John Steinbeck Écrivain américain
John Steinbeck - Écrivain américain

2. Les Raisins de la colère. Dans la fin des années 60’ puis du début des années 70’, avec la chaine nationale unique, nous avions droit aux séries mondiales hebdomadaires et aux rediffusions annuelles de films. 

Pour Dallas, l’Algérie était divisée en deux clans, les  admirateurs de la sympathique Pamela et ceux de  la méchante alcoolique, Sue Ellen (ne le répétez pas, c’était ma préférée). Puis il y avait la séquence politique avec le film de Costa Gravas, Z, abonné à la télévision. Et pour les flots de larmes, c’était la rediffusion du film indien, Les Bracelets d’or

Et nous voilà dans notre sujet, une des rediffusions majeures, un chef-d’œuvre mondial, l’adaptation du roman Les raisins de la colère de John Steinbeck. Le noir et blanc de cette époque sublimait davantage l’effet de ce film que pas un seul algérien ne pouvait prétendre ne pas connaître.

Dans le roman dit social que nous avions appris à l’école figuraient en haut de la liste des œuvres classiques comme ceux d’Émile Zola avec Germinal et de Victor Hugo avec Les Misérables. Pour la période plus contemporaine, Les Raisins de la colère était inévitablement dans les lectures conseillées ou obligatoires.

Dans un premier volet de la série, j’avais présenté un autre chef-d’œuvre du romancier (y en a-t-il un qui ne le soit pas), Des souris et des hommes. C’est l’une des trois entrées dans le monde de Steinbeck (c’est une opinion personnelle, pas celle d’une fiche de lecture scolaire).

Un rappel, Steinbeck est le romancier de la Grande dépression économique des années trente qui avait dévasté les gens humbles, particulièrement ceux de la campagne. Dans Des souris et des hommes, la crise n’était que le fond du récit qu’on devinait mais qui n’était jamais évoquée. Il s’agissait pour Steinbeck de trouver un angle d’approche très suggestif, celui d’un simple d’esprit. Quoi de plus évoquant que d’aborder la vérité sociale avec un personnage qui ne pouvait percevoir le sordide de la situation. Lennie, le simple d’esprit, était l’humanité face à la violence du monde.

Dans Les raisins de la colère l’immersion dans la réalité sociale de la grande dépression américaine est clairement décrite et assumée. C’est elle qui est le personnage principal du roman. Elle sera racontée à travers la famille Joad qui fuit la misère suite à la catastrophe d’une tempête de poussière, une représentation symbolique du malheureux destin qui s’abat sur cette famille.

Steinbeck y rajoute la saisie bancaire qui va les chasser de leur terre. Le décor est planté, au drame général de la crise se greffe l’avidité du monde financier. On sait combien à cette époque il fut l’un des grands responsables. L’auteur américain est dans ce roman réellement dans la critique d’un capitalisme sans limite dans son aveuglement.

Et voilà que la famille Joad, des métayers de la profonde Amérique, qui commencent un long périple à travers les routes pour atteindre la Californie. La terre promise où, pensaient-ils, ils avaient une chance de retrouver, travail, dignité et prospérité. La migration vers l’Ouest, une marque historique du peuple américain, dans sa réalité comme dans son mythe.

Dans ce long voyage parsemé d’épisodes de luttes contre la fatalité, Steinbeck revient à des descriptions singulières à travers chaque membre de la famille, comme dans le roman Des souris et des hommes. Le roman est donc la superposition des caractères humains individuels plongés dans la misère et la description du drame général de la grande crise pour tous les démunis.

Comme on le supposera dès le commencement du long voyage, la déception est lourde à l’arrivée. La Californie n’est pas l’Eldorado fantasmé mais une terre qui n’épargnait pas les populations en masse qui étaient venus le rechercher. 

Cette terre n’était pas le paradis du miel qui coule des arbres et des torrents de rivières qui charrient la richesse pour des plantations d’agrumes, une image si incrustée dans les esprits.

Par cette longue épopée, si le lecteur continuait à douter de l’engagement des idées de Steinbeck dans ce roman, il en aura la certitude dans la lecture des dernières phrases prononcées par Tom Joad, le plus écorché vif des enfants, celui qui refuse la fatalité en voulant se révolter. 

Sortant de prison, il veut continuer la lutte, celle des pauvres gens opprimés. Ces dernières paroles forment l’une des plus célèbres anaphores par « I’ll be there » (je serai là). Certains reconnaitront les paroles de la chanson de Mariah Carey mais c’est sans aucune analogie.

« « Je serai partout dans l’ombre. Je serai partout où tu seras. Partout où il y aura une bagarre pour que les gens puissent manger. Je serai là … 

Partout où il y aura un flic qui frappera un gars je serai là. Je serai là où les types gueulent quand ils deviennent enragés. 

Et je serai là quand les gosses rient quand ils ont faim et qu’ils savent que le souper est prêt. Et quand les gens mangeront les choses qu’ils font pousser et vivront dans les maisons qu’ils construisent. Je serai là aussi ».

Publié en 1939 ce mythique roman lui vaudra le Prix Pulitzer en 1940 puis pour l’ensemble de son œuvre, l’auteur recevra le Prix Nobel de littérature en 1962. Mais paradoxalement, c’est à partir cet instant que John Steinbeck comprendra qu’il est rattrapé, lui aussi, par l’injustice de ce monde.

Si les lecteurs de tous les pays de ce monde reconnaîtront et s’approprieront ses chefs-d’œuvre, il tombe sous le feu d’une critique foudroyante des bien-pensants, intellectuels de la critique  littéraire de salon.

La principale critique était celle d’avoir été un écrivain d’un temps révolu, plus dans les désirs de lecture de la jeunesse. John Steinbeck, selon eux, n’avait plus écrit de roman depuis longtemps avant le Prix Nobel et ses œuvres se sont figées dans l’époque de la Grande dépression. D’autres critiques l’accableront mais il serait fastidieux d’en faire état dans cet article.

Il est vrai que John Steinbeck n’avait pas connu un aussi grand engouement des générations suivantes de jeunes, surtout dans son propre pays. Mais ce sublime romancier aura sa revanche car la critique facile sera submergée par son entrée ultérieure dans le Panthéon des grands. Il est certain qu’il n’est pas prêt d’en être délogé.

Bon, monsieur Steinbeck, j’ai tout de même une toute petite remarque à vous faire. Imaginez l’effroi dans le visage du jeune collégien puis lycéen que j’avais été lorsqu’il avait été mis en face d’un pavé aussi lourd que les devoirs d’une année. J’avais eu des sueurs froides, comme pour Les Misérables de Victor Hugo qui, lui, avait dépassé le plafond avec trois tomes qui avaient chacun l’épaisseur d’une brique d’un maçon. Zola, avec son équivalent dans le roman social, Germinal, avait été plus miséricordieux pour les jeunes, du moins en comparaison.

Mais je vous pardonne car le bonheur de lecture que vous m’avez donné et que vous me donnez encore depuis n’a pas de limite, ni dans le temps consacré, ni dans le plaisir savouré, ni dans la réflexion qui forme les esprits et les citoyens libres.

Boumediene Sid Lakhdar

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Bombardement américain de l’Iran : l’Algérie met en garde mais ne condamne pas

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Le communiqué des AE

Dans un communiqué empreint de beaucoup de prudence, le ministère algérien des Affaires étrangères a réagi à l’exacerbation des tensions au Moyen-Orient, appelant avec insistance à la désescalade et au retour à la table des négociations. Sans adopter un ton accusateur, le document souligne la gravité des développements récents, notamment « l’attaque israélienne contre la République islamique d’Iran survenue dans la nuit de vendredi à samedi. » 

Ce développement militaire, marqué notamment par « un bombardement américain ciblant des installations nucléaires iraniennes », intervient alors même « qu’un consensus international commençait à se dégager en faveur d’une désescalade dans la région. »

La déclaration intervient à un moment où un consensus international semblait émerger autour de la nécessité de contenir les foyers de tension dans la région. Le ministère évoque une « escalade grave et préoccupante », marquée par des évolutions « dangereuses » et un climat régional « chargé de risques inédits et incalculables », sans désigner de manière frontale tous les acteurs impliqués.

Ce choix lexical mesuré et diplomatique reflète la posture algérienne traditionnelle : celle d’un pays qui ne veut pas fâcher l’imprévisible Donald Trump mais aussi attaché au respect des cadres multilatéraux. L’Algérie insiste sur l’urgence de revenir au dialogue, en réitérant son soutien à une solution pacifique du dossier nucléaire iranien, par le biais de la négociation, de la confiance mutuelle et du respect du droit international.

La prudence transparaît également dans l’appel à « éviter toute logique de confrontation » et à privilégier « le règlement pacifique des différends », jugé moins coûteux que les chemins militaires. En rappelant les leçons du passé, le communiqué invite à « une lecture lucide des enjeux actuels » et à un rejet clair de l’unilatéralisme.

En somme, l’Algérie s’efforce, à travers cette communication, à maintenir une position d’équilibre. Elle ne cède ni à la surenchère verbale comme elle le fait habituellement par exemple concernant les attaques meurtrières de l’armée israélienne contre la population de Gaza, ni à l’alignement automatique, tout en alertant sur les dangers d’une spirale incontrôlable.

À l’heure où le climat géopolitique international reste volatile, Alger s’en tient à sa ligne de conduite : défendre la paix par le dialogue, et rappeler, avec retenue, que les dérapages militaires sont rarement sans conséquences durables pour les peuples et les équilibres régionaux.

La rédaction

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Drame au stade du 5-Juillet : 3 morts et une commission d’enquête !

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Stade du 5 juillet
L'état du stade du 5 Juillet est catastrophique

La bousculade meurtrière enregistrée dans l’enceinte  du stade du 5-Juillet, lors du dernier match du championnat  de la ligue 1 Mobilis de football ayant opposé le Mouloudia d’Alger  à l’équipe de Magra, a fait trois morts et 81 blessés, selon le dernier bilan officiel communiqué ce dimanche par le ministère de la Santé.

Le CHU de Beni Messous a accueilli 38 blessés, dont 32 ont pu quitter l’établissement après avoir reçu les soins nécessaires. L’hôpital de Ben Aknoun a, pour sa part, pris en charge 27 blessés, tandis que 16 autres ont été admis à l’hôpital de Bab El Oued. La majorité d’entre eux ont désormais regagné leur domicile.

Le ministre de la Santé a ordonné la mobilisation de tous les moyens humains et matériels disponibles au sein des structures sanitaires concernées pour assurer un suivi optimal des blessés jusqu’à leur rétablissement complet. Il a salué le professionnalisme des équipes médicales, paramédicales et administratives, ainsi que la réactivité des forces de sécurité.

https://twitter.com/ElKhadraFoot/status/1936586011150270616

Une commission d’enquête instituée par le ministère de l’Intérieur 

Face à la gravité de la situation, les autorités ont réagi rapidement. Dans un communiqué diffusé samedi, la Primature a annoncé la création d’une commission d’enquête interministérielle, instruite par Abdelmadjid Tebboune, pour faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame, identifier les éventuels manquements et établir les responsabilités.

Composée de représentants des ministères de l’Intérieur, de la Justice, du Logement et de la Jeunesse et des Sports, cette commission comprend également des officiers de la Gendarmerie nationale, des responsables de la Sûreté nationale, de l’organisme de contrôle technique des constructions, ainsi que des représentants du Mouloudia Club d’Alger.

Elle devra remettre ses conclusions dans les plus brefs délais afin de permettre l’adoption de mesures juridiques appropriées, dans le but de prévenir la répétition de telles tragédies.

Il ne l’aurait pas annoncée, on aurait été étonné. Quoi de plus pratique qu’une commission d’enquête pour étouffer une affaire. La preuve ? Aucune commission constituée par le régime n’a abouti. Rappelons-nous pour l’exemple celles sur l’assassinat de 128 jeunes Kabyles en 2001, celle sur la mort de Mohamed Tamalt ou encore sur l’assassinat de Mohamed Boudiaf.

Le drame du stade du  5-Juillet relance une fois de plus le débat sur la gestion des grands événements publics et la sécurité des infrastructures accueillant des foules importantes. La commission d’enquête annoncée est attendue au tournant pour apporter des réponses claires et des solutions durables.

Samia Naït Iqbal

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Youcef Belaïli, l’anomalie algérienne qui fait trembler les défenses internationales

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Youcef Belaïli
Youcef Belaïli

Algérien de cœur et de talent, Youcef Belaïli n’est pas un joueur comme les autres. Sur le terrain, il dépasse les règles, bouleverse les schémas, et illumine chaque rencontre par une grâce et une créativité incomparables.

Lors de la confrontation opposant l’Espérance de Tunis au Los Angeles FC dans le cadre de la Coupe du Monde des Clubs 2025, c’est bien un joueur algérien qui a fait la différence. Youcef Belaïli, l’attaquant phare de l’Espérance, a porté son équipe vers la victoire grâce à une performance qui force l’admiration.

Un match disputé, un talent éclatant

Malgré un début où les Américains ont imposé un pressing haut et un rythme soutenu, l’Espérance, portée par son maître à jouer algérien, a su prendre le contrôle technique du jeu. À la 63e minute, Belaïli a surgi côté droit, déstabilisant la défense adverse par un débordement fulgurant avant de délivrer un centre précis. Ce mouvement a été le prélude au seul but du match, inscrit par ses soins.

Le Los Angeles FC a tenté de revenir dans le match, obtenant un penalty dans les dernières minutes, mais la parade décisive du gardien tunisien a scellé la victoire de l’Espérance.

L’avis du coach adverse

Steve Cherundolo, entraîneur du Los Angeles FC, n’a pas tari d’éloges à l’égard de Belaïli :

« C’est un joueur exceptionnel, il joue comme un oiseau. Nous l’avions étudié, ciblé, mais rien n’y a fait, on ne pouvait tout simplement pas l’arrêter. »

Un électron libre, un artiste du jeu

Youcef Belaïli ne se contente pas d’un rôle traditionnel. Véritable électron libre, il investit les espaces invisibles du terrain, anticipe, crée le chaos nécessaire pour déjouer les plans adverses. Sa technique, son intelligence de jeu et son audace en font un joueur imprévisible et dangereux.

Une folie maîtrisée

Son style est un mélange rare d’instinct, de créativité et d’efficacité. Il dribble avec la rage d’un poète, frappe avec la force d’un libérateur. Il est cette étincelle qui peut à elle seule changer le cours d’un match.

La clé de la victoire

Sans l’apport d’un tel joueur, l’Espérance de Tunis n’aurait jamais décroché ce succès crucial. Même la brillante parade sur penalty du gardien n’aurait pas suffi sans l’impulsion de Belaïli. Il est l’âme de son équipe, le moteur qui fait vibrer tout un Club 

Youcef Belaïli n’est pas simplement un joueur algérien. Il est une anomalie précieuse, une exception qui rappelle que le football reste avant tout un art, fait de passion, d’improvisation et de liberté. Le football algérien peut être fier d’avoir dans ses rangs un tel joyau.

Djamal Guettala

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L’Île aux mots (Marseille) : une librairie entre deux rives

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L’Île aux mots. Marseille
La librairie l’Île aux mots à Marseille.

À Marseille, dans le quartier d’Arenc, tout près des quais d’embarquement pour Alger, une enseigne discrète porte un nom évocateur : L’Île aux mots. Plus qu’une librairie, c’est un lieu d’ancrage et de passage. Un port d’attache pour les amoureux du livre, les chercheurs de mémoire, les exilés de papier. Un espace rare, au croisement de la littérature, de l’histoire, de l’engagement et du partage.

Fondée par Yasmina et Nadir Yacine, la librairie s’inscrit dans le paysage marseillais comme un refuge pour les voix venues des deux rives de la Méditerranée. Ici, chaque rayon est une traversée : roman, poésie, essais critiques, littérature jeunesse, récits d’exil ou d’enfance. Rien n’est là par hasard. La sélection est exigeante, vivante, nourrie par les convictions profondes des libraires.

Mais ce qui donne à L’Île aux mots son âme singulière, ce sont les rencontres humaines et littéraires. Yasmina, libraire habitée par les textes, en est souvent la cheville ouvrière. Ces derniers mois, elle a animé des échanges d’une grande richesse :

– Avec Sabri Mansouri, autour de Quand la France perd le Sud et les siens, un essai lucide sur les fractures postcoloniales.

– Avec Arezki Aït Smail, pour Afrique, ma mère, récit personnel et politique d’un attachement à la terre algérienne.

– Avec Delphine Mercier et Michel Peraldi, autour de La logistique et ses monstres, plongée dans les coulisses du commerce mondialisé depuis les ports.

Et bientôt :

– Akli Ourad, autour de De Londres à Jérusalem, récit d’errance et de conscience politique.

– Zoubeida Berrahou, pour L’invention du jeu d’échecs à Mascara, brillante traversée de l’histoire intellectuelle algérienne.

– Et Atfa Mameai, le 10 juillet, pour son premier roman, Raï Love, un cri poétique à la fois intime et générationnel.

Mais L’Île aux mots, c’est aussi une mémoire qui s’affiche et se transmet. Dès l’entrée, les murs parlent. On y croise les regards indomptables de Saïd Moukbal, Djamila Bouhired, mais aussi de Federico García Lorca, Mahmoud Darwich, Angela Davis, et du grand Kateb Yacine.

Ces portraits, collés comme des manifestes silencieux, sont signés Moustapha Boutadjine, artiste de la dignité et des résistances. Ici, la librairie devient presque un musée vivant, où les figures de la poésie, de la lutte, de la liberté, accompagnent les pas des lecteurs.

La librairie l’Île aux mots n’est jamais déserte.

Elle bruisse de voix, de lectures, de souvenirs. On y vient pour chercher un livre, mais on y reste pour une parole, une écoute, un instant suspendu. Les rives s’y rejoignent. L’Algérie n’y est pas une nostalgie : elle y est vivante, interrogée, racontée, transmise.

C’est Marseille dans sa vérité : celle des docks, des luttes, des solidarités.

Une ville traversante, où la littérature permet encore de tenir debout.

Franchir le seuil de cette librairie, c’est accepter de dériver, d’apprendre, de se retrouver. Et peut-être, au détour d’une page, entendre battre le cœur du monde.

Djamal Guettala

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