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Violence, l’aïd, le sang et l’enfance : parlons-en, en toute innocence !

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Moutons importés de Roumanie
Des milliers de moutons importés de Roumanie.

Disserter sur la violence chez nous, c’est oser, à titre individuel, une introspection profonde de soi, tant les adeptes du bouddhisme, de la méditation transcendantale et autres Hare Krishna attitude ne constituent qu’une frange (elle existe bel et bien !) qui se recense en quantité négligeable, noyée dans une société dans laquelle ils sont bien rares ceux qui peuvent prétendre avoir su évacuer le caractère impulsif associé à une majorité écrasante de citoyens, y compris vous et moi, bien évidemment.

Quand bien même le degré d’irritabilité varie d’un individu à l’autre, il est fort probable que nous nous situions tous à des niveaux supérieurs à ceux des citoyens de la plupart des autres pays du monde, qu’importe l’échelle de quantification utilisée.

Même si la presse ne semble pas se préoccuper des racines de la violence, sinon la mettre sur le dos de l’islamisme et de l’antisémitisme, il est peut-être utile de scruter le rétroviseur de nos vies et tenter, à travers une self-analyse juste, d’essayer d’en cerner les origines et d’en identifier les sources, sans faire appel à une armada de psychosociologues attitrés et d’érudits en la matière. Se concentrer sur les étapes essentielles de sa propre vie est je crois la meilleure façon d’appréhender les éléments fondamentaux (exit l’école fondamentale) qui font de chacun de nous un agressif potentiel, constamment sur le qui-vive et prêt à en découdre, ne serait-ce que verbalement avec tout homo-sapiens qui ne souscrit pas à notre angle de vison de la vie et des turbulences qui secouent le monde des humains en permanence.

Concernant notre pays, moult analyses de ce fléau national s’accordent à le mettre sur le dos des envahisseurs qui se sont succédé sur nos terres. Ces occupants venus souvent de contrées lointaines auraient fait subir à nos gènes pacifiques une mutation singulière pour activer en chacun de nos ancêtres une espèce de réaction défensive spontanée laquelle se serait transmise d’une génération à l’autre, via un ADN ardent en permanente ébullition !?

Fantaisies que tout cela ! Car si cela était correct, comment expliquer que même les descendants de ceux qui ont fui les plaines pour se réfugier dans nos massifs montagneux, portent en eux les empreintes d’une violence potentielle que pourtant leurs aïeux ne leurs ont pas léguée ? Il est quasiment indéniable que mise à part cette violence islamiste qui ne nous concerne ni peu ni prou, nous les montagnards avons aussi appris à mimer tout le reste en termes de férocité.

Sans constamment revenir aux époques barbares où les uns massacraient les autres dans le seul but de confisquer leurs terres, il est utile de tenter quelque diagnostic de la violence d’aujourd’hui, celle que nous vivons depuis notre indépendance, celle que nos yeux ont vu et que nos corps et nos tympans ont connu, à travers nos proches, nos enseignants ou certains rituels où le sang coule à flots; celle que nos mains ont parfois administré et nos gosiers éructé envers nos propres enfants, si tant est que chacun de nous ose regarder le miroir de sa vie, de son enfance à sa maturité ! Après tout, diagnostiquer un mal, n’est ce pas le premier pas qui mène à la rémission ?

Les premières violences dont je me souvienne, en plus des raclées que je recevais de ma mère pour mater une turbulence chronique à 4-5 ans, ce sont celles de mon premier professeur d’arabe, à Alger, à la veille de l’indépendance, des gifles fortes qui nous faisaient voir les étoiles, juste pour une hemza oubliée au dessus d’un alif solitaire que pourtant nous apprîmes à ne pas perturber de la moindre nokta (alif our’inakdhara, (point de point sur le alif) chantonnait notre bienveillant cheikh el-djamâa, des années avant l’indépendance, ou peut-être à peine quelques mois auparavant !) En cette année 1961, à l’école de la rue Tanger (transformée depuis en appartements), nous eûmes la chance de connaître un vieil enseignant Français, lequel nous menaçait aussi, mais en nous faisant croire qu’une matraque qu’il surnommait Messaouda, était caché derrière le pupitre pour punir tout écart de comportement. 

Mais autant que je puisse torturer ma mémoire, cette Messaouda ne fut jamais utilisée. Ce fut juste une variante efficace de l’histoire du méchant loup qui se promène dans les bois et qu’on raconte aux enfants pour les faire apprécier le confort d’un lit douillet sous le regard attendri de parents bienveillants. Paradoxalement, la classe était beaucoup plus sage sous la menace d’une Messaouda fictive que sous les coups répétés et agressifs de ce prof d’arabe. Comme quoi, la psychologie de l’enfance est une affaire bien trop importante pour la confier à des brutes !

Des coups de poings soutenus portés à une femme par son mari, j’en ai vu souvent, ceux d’un oncle enragé pour une histoire de petites sucreries avariées et ceux d’un frère énervé par la non-vigilance de son épouse suite à une casserole d’eau brûlante que son fils avait malencontreusement manipulé pour se brûler au premier degré. 

Ces souvenirs d’enfance étalés, qui peut prétendre ne pas avoir subi ou été témoin de violences caractérisées inconcevables en plus de s’avérer souvent incontrôlables ?

Il n’est pas nécessaire d’être psychologue attitré pour conclure que la violence n’est pas une affaire de comportement spontané ou de caractère inné. Elle est le produit d’une transmission et d’une assimilation qui s’enclenche dès l’enfance !

Et à propos d’enfance, il est très instructif de lorgner du côté des sociétés qui s’efforcent d’évacuer toute empreinte d’animosité chez le chérubin dès ses premiers rapports avec les autres. Côté USA, on apprend aux petits enfants à l’école et dans la famille qu’il faut respecter les autres, qu’il ne faut pas en dire du mal et même qu’il ne faut pas les fixer du regard. Maintes fois j’ai vu une mère parler à son enfant et lui dire « Don’t stare at him! », « ne le fixe pas ainsi ! » (C’est à dire ne dévisage pas les gens ainsi !)

J’ai été témoin de nombreuses actions pédagogiques, où une maman interpelle son enfant qui s’adressait à un copain en élevant la voix : « Don’t yell at him like that ! » « Ne lui crie pas dessus comme ça ! » Tout récemment, j’ai récupéré mon petit-fils de deux ans et demi à la crèche. Dès qu’il m’a vu, il s’élance dans le couloir à toute vitesse pour venir vers moi. Une course effrénée que les intimations de sa maîtresse, sous forme d’une série de « Don’t run ! » fermes, n’ont pas réussi à ralentir.

Arrivée à notre niveau, la maîtresse le prend par la main, lui refait traverser le couloir en sens inverse en lui demandant de refaire le chemin qui mène à « Grand’pa » sans courir ! J’avoue que devant tant de pédagogie, j’avais l’air vraiment bête, moi qui ai baigné dans le milieu de l’éducation pendant plus de 40 ans ! Eh oui ! Contrairement à feu Chadli et à la plupart de nos hommes politiques qui prennent souvent un malin plaisir à matraquer « wahad ma ye3ttina eddarss, nahnou n’atloubou eddourrouss, yewmane ba3da yewmane ». Et c’est peut-être bien là que réside le drame de toutes les sociétés musulmanes, celui d’être réfractaires à toute forme d’éducation externe à celle véhiculée par un certain message …vide de toute pédagogie !

Tout ça pour dire que comme tout le reste, la non-violence s’apprend, s’assimile et s’intègre dès les premiers balbutiements de vie. Or, force est de constater qu’en Algérie comme dans tous les pays dits arabes, la violence est une sève dont on irrigue abondamment chaque étape de formation de l’individu, celui du mâle en particulier :

– Votre enfance est jalonnée de reproches sous forme de « Fais pas ci, fais pas ça !» hurlés à tout va, lesquels vous font rapidement croire que le monde appartient à celui qui sait gueuler le plus. Bienvenu dans le monde de la violence verbale !

– À un âge où vous prenez conscience du monde qui vous entoure et qu’une certaine lucidité commence à s’installer en vous, on vous coupe le zizi sous des youyous stridents qui vous donnent envie de faire péter la planète pour évacuer la violence d’une douleur que vous êtes le seul à ressentir tandis que tous les autres donnent l’impression de baigner dans un océan de joie absolue !

– Année après année, on vous habitue à voir couler le sang, et apprécier, en spectacle grandiose, ce rituel barbare appelé sacrifice du mouton. À ce propos, je me souviens qu’aïd sur aïd, pendant que tous les autres enfants de mon âge jubilaient devant cette pauvre bête que les Hommes allaient immoler, je me sauvais pour ne pas assister à ce sacrifice d’un mouton inoffensif, lequel, à peine quelques heures auparavant, broutait encore l’herbe que ma petite main innocente lui tendait. Un jour, ayant bien assimilé les étapes du rituel, et pour imiter les adultes, mon cousin, d’à peine un an de plus, a failli me zigouiller dans mon sommeil avec une lame gillette qu’il avait ramassé de je ne sais où. Sans la vigilance de ma mère, je ne serais pas face à cet écran ce soir pour rapporter l’anecdote. Eh oui ! l’enfant n’invente rien, il apprend à reproduire !

– À votre adolescence, ce sont vos premiers émois que vous êtes bien obligés de refouler face à une société cadenassée qui vous commande « de fille tu ne fréquenteras point, jusqu’au jour d’un mariage hallal et à point ! » Et là, pour la majorité des adolescents c’est une frustration de plus, la frustration de trop, qui peut faire basculer tout être fragile dans l’horreur quand la promesse de moult houris prend des allures de récompense divine accordée à toute vie dédiée à un dévouement aveugle pour Allah !

Est-il besoin de rajouter d’autres exemples pour nous convaincre que la violence n’est pas une manifestation innée mais qu’elle s’acquiert dès le bas âge à travers les interactions de l’individu avec la société dans laquelle il évolue et qui l’a (dé)formé ? Il aura fallu des myriades d’études conduites par des armadas de spécialistes pour trouver des moyens pédagogiques efficaces à même de construire des sociétés saines dans lesquelles les enfants apprennent très vite à interagir sans heurts et sans animosité afin qu’ils évoluent en citoyens aboutis et responsables. Pourquoi ne pas les imiter ?

Question idiote n’est-ce pas ? D’autant que :

– De Ben-Bella à Tebboune, nos présidents n’ont jamais su délivrer le moindre discours sans hausser le ton et gueuler à tout va.

– De Djamaa el-Kebir à Djemaa E’ssghir, nos imams ne font que débiter des hadiths auxquels ils ne comprennent rien, avec des cascades de hurlements à causer l’extinction du loup des bois !

– Les chefs de partis politiques, pour la plupart, ne font qu’éructer des reproches contre un pouvoir sourd, aveugle et muet !

Sans nous étendre sur les rapports parents-enfants qui se traduisent quasiment toujours par une surenchère de cris et de hurlements à tue-tête. Pour autant, peut-on accuser le peuple et lui faire porter l’entière responsabilité de ce fléau de société ? Je ne le pense pas ! Car, à tous les niveaux, force est de constater que dans les circuits du pouvoir, jusqu’au plus haut sommet de l’état, ceux qui sont censés nous gratifier du bon exemple de comportement serein en donnent quasiment toujours le pétulant !

Mais s’il faut un début à tout, alors que tout le monde s’y mette en commençant par éloigner dès le vendredi 6 juin, jour de l’aïd el-Kébir, un maximum d’enfants des lieux de sacrifice du mouton ! Un mouton auquel, ils se sont d’ailleurs attachés des journées durant, comme tous les enfants du monde s’attachent à une bête de compagnie !

Vœux pieux, bien évidemment ! Et c’est bien dommage ! Car imprégner un enfant de ces images de moutons égorgés et de ce sang qui coule à flots est le meilleur moyen de lui faire porter un regard tronqué sur le monde au fur et à mesure qu’il s’habitue à ne rien trouver d’anormal au fait que la barbarie fasse partie d’un jeu à pratiquer, à maîtriser à « excellency », tout au long de la vie….

Pensez-y !

Kacem Madani

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À Gaza, le poète Hamed Ashour écrit pour survivre et se faire entendre

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Empêché de se rendre à Marseille pour une lecture poétique, le Palestinien Hamed Ashour envoie un texte bouleversant depuis Gaza, en proie à la guerre.

Alors que la bande de Gaza vit une des périodes les plus tragiques de son histoire contemporaine, la parole des poètes y devient un acte de résistance. C’est dans ce contexte que le poète Hamed Ashour, résident de Gaza, a fait parvenir un texte inédit lu ce week-end au Centre International de Poésie de Marseille, lors du Salon de la Revue Numéro R.

Invité par la revue Fax, Ashour n’a pu quitter Gaza. Il a donc transmis un texte fort, rédigé en français et en arabe, dans lequel il témoigne des conditions de vie sous blocus et bombardements, tout en questionnant la place de la poésie dans un monde ravagé.

« Je vous écris en ces temps périlleux, à un moment où j’ignore où je pourrais être lorsque ces mots parviendront jusqu’à vous », commence-t-il.

Le texte, daté du 18 mai 2025, évoque la violence du quotidien, l’absence d’avenir, la répétition des pertes. Il raconte aussi le pouvoir fragile mais réel de la poésie : « J’ai haï la poésie quand ça a commencé […] mais j’ai compris qu’elle est une promesse, une voix vivante dans un monde muet. »

Une parole politique et humaine

Sans pathos, le poète livre un message d’une grande lucidité sur la guerre, sur l’indifférence du monde, et sur le rôle de la mémoire.

« Nous avons porté la douleur, faites-vous les porteurs du message. Faites que notre histoire demeure à jamais vivante. »

La revue Fax, en rendant publique cette parole, affirme son rôle d’espace de relais pour les voix empêchées. Son choix d’inviter un poète de Gaza s’inscrit dans une volonté de conjuguer engagement artistique et solidarité politique.

Gaza assiégée, mais debout.

Depuis octobre 2023, Gaza vit sous le feu des bombes dans un silence international de plus en plus pesant. Le témoignage de Hamed Ashour vient rappeler que derrière les chiffres, il y a des noms, des visages, des voix. Et que malgré tout, la création subsiste.

Djamal Guettala

Texte de Hamed Ashour – Gaza, 18 mai 2025

Texte de Hamed Ashour en français 

والنص الأصلي بالعربي في ما يلي

Chers vous tous, 

Je m’appelle Hamed Ashour, Palestinien de Gaza. Je vous écris en ces temps périlleux, à un moment où j’ignore où je pourrais être lorsque ces mots parviendront jusqu’à vous — serais-je dans une file d’attente pour le pain ou à la recherche d’une gorgée d’eau, aurais-je été contraint d’abandonner ma tente pour dormir dehors, m’accorderais-je un moment de répit entre deux enterrements, ou serais-je en train de fuir les bombes ? 

Ce que je sais c’est que je n’ai pas une vie normale. Je ne sais pas à quoi ressemblera demain ni ce que je deviendrai. Tout ce que j’ai, c’est ce long jour qui dure depuis octobre 2023. Un même jour qui n’en finit pas, un jour pesant, fait de répétitions, de la même dureté, la même douleur. 

J’ai appris à vivre, pas parce que la vie est un plaisir, mais parce que la mort est omniprésente. 

J’ai appris des manières pénibles de survivre, j’ai fréquenté l’espoir, malgré la douleur. J’ai trouvé dans l’écriture un recours et dans la poésie, une fenêtre sur la vie, sur ce qui en reste. Je n’ai jamais disposé d’une seule heure pour pleurer, jamais le loisir de m’effondrer puisque, à chaque instant, il y a de nouveau le massacre, de nouveau s’en tirer, et un cri à documenter. 

Chers vous tous, 

J’ai tellement haï la poésie quand ça a commencé. Je l’ai détestée parce qu’elle n’arrêtait pas le sang, qu’elle ne protégeait pas les enfants de la faim et des épidémies, parce qu’elle n’est ni un bouclier ni un remède. Je l’ai haïe parce qu’elle ne secoue pas le monde, parce que des consciences autour de nous restent amorphes malgré l’hémorragie des mots. 

Mais au bout du compte, je vous ai vus. Je vous ai vus brandir nos poèmes et reprendre notre voix, redonner vie à notre récit écrasé qui a disparu dans l’obscurité des médias et de la mauvaise fois. 

J’ai su que la poésie n’est pas une arme, que c’est une promesse, une espérance, une voix vivante dans un monde muet. J’ai su, très chers amis, que je vous dois de vous faire l’écho de nos voix, le pont pour amener notre nakba jusqu’à la conscience du monde. 

Mes très chers,

Souvenez-vous de nous si nous disparaissons, si les visages et les noms sont anéantis, comme cela s’est passé pour les Indiens d’Amérique. Restez profondément attachés à notre vérité, même si le monde entier doit se lever contre vous. Nous ne demandons qu’à vivre libres, à retrouver notre pays, à vaincre la colonisation et à être un peuple comme les autres dans ce monde. 

Nous avons porté la douleur, faites-vous les porteurs du message et faites que notre histoire demeure à jamais vivante, qu’elle ne meurt pas. 

Merci à vous, toujours, 

Avec un amour inébranlable,

une affection intarissable et une voix qui jamais ne faiblira.

Hamed

Palestine, Gaza – le 18 mai 2025

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Yanis Barka : parcours, performances et avenir au Dijon Football Club

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Ce n’est un secret pour personne : en janvier, le footballeur Yanis Barka a rejoint le Dijon Football Club. Jusqu’à présent, l’athlète s’était illustré dans plusieurs clubs français et européens, attirant l’attention de ses dirigeants actuels.

Un transfert stratégique vers Dijon

Dès son arrivée, Yanis Barka s’est distingué par un engagement sans faille. Il a rapidement trouvé sa place dans le groupe, en s’imposant comme un modèle de rigueur et de détermination. Respecté par ses coéquipiers et admiré par les supporters, il est parvenu à faire l’unanimité, aussi bien dans le vestiaire que dans les tribunes.

Des performances remarquables dès les premiers matchs

Aujourd’hui, Barka totalise déjà 15 matchs avec Dijon, où il a su imposer un style de jeu unique et dynamique. Son influence ne se limite pas à ses propres performances : son énergie inspire ses coéquipiers, qui n’hésitent pas à adopter sa stratégie offensive.

Avant son transfert, Yanis avait porté les couleurs de l’Étoile Rouge de Belgrade et de Chambly, suscitant débats et incertitudes. En effet, son arrivée à Dijon n’était initialement accompagnée que d’un contrat de courte durée, preuve d’une certaine prudence de la direction.

Mais après avoir observé ses prestations et son impact sur l’équipe, les dirigeants du club bourguignon ont décidé de prolonger son contrat jusqu’en juin 2027, selon info foot.

Un contrat prolongé jusqu’en 2027

Âgé de 27 ans, Yanis Barka semble aujourd’hui plus épanoui que jamais. Le club de Dijon a salué cette décision visionnaire, prise au bon moment. Et les résultats ne se font pas attendre : l’équipe enchaîne les bonnes performances, avec Barka comme l’un de ses leaders sur le terrain.

Le joueur lui-même s’est dit fier d’avoir gagné la confiance de ses entraîneurs et de la direction du club.

Le secret du succès de Yanis Barka

La réussite de Barka ne repose pas seulement sur le talent. C’est aussi le fruit de la persévérance, de l’intelligence tactique et d’un mental d’acier. Tout au long de sa carrière, il a évolué dans des clubs comme Nancy, Marignane Gignac FC (-2022), AS Beauvais Oise et Paris 13 Atletico. Il a participé à 89 matchs, inscrivant 16 buts.

Ces chiffres, bien qu’honorables, ne racontent pas tout : blessure après blessure, Barka a su se relever, travailler plus dur, et progresser sans relâche. Son intelligence de jeu lui permet d’anticiper les réactions adverses, de créer des ouvertures et de maîtriser chaque action avec précision.

Aujourd’hui, Yanis Barka est un élément clé du projet sportif de Dijon, un joueur confirmé, influent et ambitieux.

R.N.

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Mort assistée ou l’humanisme de bonne conscience ?

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Crâne
Image par Manfred Antranias Zimmer de Pixabay

La loi française sur la mort assistée vient d’être votée. Je me méfie des personnes qui vont s’insurger par le simple fait d’être en désaccord avec ce pays ou tous les autres qui ont pris la même décision, à bon droit ou non. Je me méfie toujours des envolées mettant en avant la haine, l’émotion et l’idéologie à la place du débat raisonné.

Je me méfie de ceux qui brandissent morale et dogme lorsqu’il s’agit du débat sur le droit à mourir volontairement.  Dans cette lourde question humaine, je me place résolument du côté de l’adhésion. Je ne me dérobe pas car l’abstention ou le bulletin blanc (en cas de referendum) est une lâcheté. En faisant ainsi je permettrais à la position contraire de l’emporter.

Mais je le fais dans un immense trouble humain, presqu’un tremblement à devoir me positionner. C’est un drame pour ceux qui militent pour l’humanisme et devoir répondre par une position qui lui semble si opposée. L’humanisme, c’est effectivement permettre la vie humaine dans sa liberté et dignité, je le sais autant que quiconque. Ma position d’adhésion à la loi votée me glace le dos, elle me tétanise et avait rencontré une vive résistance de l’humain que je suis.

Je respecte ceux qui se positionnent pour le refus. Leur sentiment est des plus légitimes et honorables.  Mais à l’inverse, je me méfie de ceux qui prétendent être dans une certitude du bon droit et de l’humanisme en prenant une position avec le sentiment qu’ils sont dans la certitude de défense de l’être humain et de la vie.

Ce sont en général les mêmes qui permettent aux soldats de mourir comme de la chair à canon en répondant aux appels des dictatures. Ce sont eux qui sont dans des positions qu’on croit être humanistes mais qui sont dans la défense de la grandeur d’une race, d’une confession et d’une histoire qu’ils pensent être civilisatrices.

Ceux-là ne se sont jamais ému des dizaines de millions de morts dans l’histoire humaine au nom de leur position tranchée. Qui étaient les plus fervents opposants à la loi dans l’hémicycle et dans les manifestations extérieures dans la rue, face au parlement ? Tiens, comme par hasard, le parti de Marine le Pen (et une petite partie de la droite très conservatrice) à l’intérieur de la salle. Et qui était dans les hurlements de l’indignation dans la rue ? Tiens, comme par hasard, les militants de la Manif pour tous et autres extrémistes religieux, des mouvements racistes, homophobes et en communion avec tout ce qu’il y a de plus sordide dans l’histoire de la peste noire.

Et c’est moi qui serais un assassin, un ennemi de l’humanisme ? C’est un culot monstre de le dire lorsque qu’ils ont été la cause de tant de soumission, de drame et de sang déversé. Non, je n’ai pas de certitude et j’aurais eu une main résistante en appuyant sur le bouton du oui si j’avais été député à ce moment de la décision. J’aurais tremblé quel que soit ma nationalité à travers le nombre de pays qui ont eu à trancher et les dizaines d’autres qui hésitent,  honorablement ou par dogmatisme hypocrite.

Je ne tourne pas le dos aux personnes malades incurables qui ont donné dans les premiers paliers de la souffrance, ou antérieurement, leur consentement pour qu’on abrège leur souffrance.

Qui est venu à leur secours pour s’habiller d’une vertu morale lancée à notre figure. La médecine ? Elle venait de déclarer son impuissance et la fatalité d’une fin de vie inéluctable. Nous ne lui faisons aucun reproche mais elle n’a rien pu faire. La famille ? Qui pourrait prétendre qu’elle peut abréger les douleurs monstrueuses qu’elle fait subir à l’être humain qui demande leur secours auquel ils ne peuvent ou ne veulent répondre.

Il ne faut aussi jamais oublier que beaucoup de consentements préalables sont le fait du refus de se voir entrer dans un état végétatif. Est-ce de l’humanisme de leur imposer cet état inhumain et dégradant ?

Mais bien entendu que ma position douloureuse et insoutenable et trouve une autre limite argumentaire en plus de mon trouble. Est-on sûr que le consentement par la personne condamnée a été  émis en toute conscience ? Est-on sûr que les garde-fous posés par la loi résisteront ou prendront une décision hâtive. Est-on sûr que la famille ne souhaiterait pas un règlement plus rapide de l’héritage ou l’arrêt des pesanteurs à s’occuper du malade ?

Non, je ne peux pas le garantir et je vais même plus loin, je pense que toutes les garanties exigées par la loi seront inévitablement contournées dans un nombre de cas, minime mais qui rendrait la conséquence terriblement condamnable.

Bien sûr que ma position est effrayante mais l’est-elle moins que la bonne conscience des autres à vouloir être humaniste et perpétuer la terrible souffrance d’un être humain ? En fin de compte ils veulent atténuer leur propre douleur en en lui infligeant la responsabilité d’en supporter le prix.

La recherche de la bonne conscience est toujours suspecte car la conscience n’est ni bonne ni mauvaise, elle n’est pas à rechercher, elle est ou ne l’est pas.

Boumediene Sid Lakhdar

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Jean-Michel Lecocq : mémoires d’encre et d’enquêtes

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Jean-Michel Lecocq
Jean-Michel Lecocq. Photo DR

Jean-Michel Lecocq, écrivain prolifique né à Bogny-sur-Meuse, dans les Ardennes, a suivi des études littéraires et juridiques avant d’entamer une carrière dans l’Éducation nationale, qu’il conclut en tant qu’inspecteur d’académie. Depuis sa retraite dans le Var, il se consacre pleinement à l’écriture, publiant des romans policiers et historiques qui rencontrent un large public.

Son parcours littéraire débute avec un recueil de poèmes en 1972. À partir de 2009, il enrichit son œuvre avec plusieurs romans, dont Le secret des Toscans (Éditions Parole) et Le Christ jaune (Éditions Ex Æquo), qui témoignent de son attachement aux régions qu’il connaît bien, comme les Ardennes et la Provence. Parmi ses romans les plus marquants, 24 (Éditions Ex Æquo), un thriller historique plongeant le lecteur dans le Paris de 1572, est présélectionné pour le prix Cognac du roman policier francophone en 2012. En 2014, Rejoins la meute ! (Éditions Ex Æquo) est sélectionné pour représenter les Cévennes au prix France Bleu-Page des Libraires.

En 2024, il publie La Fille aux semelles de vent (Éditions des Libertés), un roman inspiré par la figure d’Arthur Rimbaud et mis en avant lors d’une tournée littéraire dans les Ardennes. Son dernier roman, L’amnésique de Pont-Aven (Éditions Ex Æquo), constitue la neuvième aventure du commissaire Théo Payardelle. Ce polar entraîne le lecteur dans une enquête mystérieuse mêlant art et intrigue : le commissaire accompagne sa compagne, une galeriste, venue expertiser une toile de Gauguin à Pont-Aven.

Le lendemain, elle est retrouvée inanimée, tandis que Payardelle est victime d’un accident de voiture qui le laisse amnésique. Ce roman explore avec subtilité les liens entre mémoire et identité,  interrogeant la fragilité du souvenir et la construction du passé à travers l’enquête du commissaire.

Lecocq est reconnu pour sa capacité à allier intrigue policière et profondeur historique, offrant à ses lecteurs une immersion dans des lieux chargés d’histoire et des récits minutieusement construits. Son style fluide et précis séduit un large public, faisant de lui une figure majeure du roman policier contemporain. À travers ses écrits, il contribue à la mise en lumière d’un patrimoine culturel et régional, tout en renouvelant le genre du polar avec des intrigues intelligemment tissées. Son dernier ouvrage, en particulier, illustre son savoir-faire dans l’art de mêler suspense et contexte artistique, inscrivant son œuvre dans une continuité qui ne cesse d’enrichir la littérature policière française.

Dans cet entretien, Jean-Michel Lecocq nous dévoile son parcours d’écrivain, marqué par une passion pour l’histoire et le roman policier. Auteur prolifique, il a su captiver ses lecteurs en mêlant enquêtes captivantes et profondeur historique, faisant de ses récits de véritables voyages à travers le temps et les lieux.

Son dernier ouvrage, L’amnésique de Pont-Aven, illustre parfaitement cette approche, offrant une intrigue où l’art et le mystère se conjuguent dans une atmosphère intrigante.

Le Matin d’Algérie : Votre carrière littéraire a débuté avec un recueil de poèmes en 1972, mais c’est à partir de 2009 que vous vous êtes imposé comme romancier. Qu’est-ce qui a déclenché cette transition vers le roman, et en particulier le roman policier ?

Jean-Michel Lecocq : 2009 a précédé l’année de mon départ en retraite. Cette liberté retrouvée allait m’octroyer une disponibilité suffisante pour me consacrer pleinement à ma passion, l’écriture romanesque.  Ecrire des romans policiers correspondait chez moi à un goût prononcé pour le mystère. Sans doute ai-je dû également subir l’influence de mon père qui était un grand amateur de littérature policière. Je portais en moi des idées d’intrigues dues sans doute à une imagination débordante et que j’ai mises en mots en enchaînant les romans, à raison d’une publication par an.

Le Matin d’Algérie : Vos romans sont souvent ancrés dans des régions que vous connaissez bien, comme les Ardennes ou la Provence. En quoi ces lieux influencent-ils vos intrigues et votre écriture ?

Jean-Michel Lecocq : Plusieurs de mes romans se situent dans ma région natale et d’autres sur ma terre d’adoption, la Provence. Certes, mais quelques-uns d’entre eux s’inscrivent sous d’autres cieux, dans des régions ou des pays où j’ai séjourné et qui ont su me séduire.

En fait, j’éprouve le besoin d’inscrire les intrigues de mes romans dans des endroits que j’aime et qui ont su stimuler mon imagination. Il y a une autre raison à cela : on ne peut choisir comme décor à ses intrigues que des lieux que l’on connaît bien et qui vous parlent. C’est une question de respect du lecteur et une question d’authenticité des descriptions. C’est sans doute pour cela que l’on me définit comme un romancier naturaliste qui a le souci de se documenter avant de coucher ses intrigues sur le papier.

Le Matin d’Algérie : Vous avez créé des personnages récurrents, comme le commissaire Théo Payardelle et le commandant Tragos. Comment ces personnages ont-ils évolué au fil de vos romans, et que représentent-ils pour vous ?

Jean-Michel Lecocq : À quelques exceptions près, je compare volontiers mon œuvre littéraire à une toile d’araignée qui se complexifie à mesure que j’avance dans mon travail d’écriture, une toile dont la texture constitue un univers qui se nourrit, à l’occasion de chaque roman, de personnages nouveaux, de lieux mais aussi de récits entre lesquels se créent des liens. Une toile dont les fils sont autant de passerelles. Mon œuvre romanesque n’est pas une juxtaposition d’univers clos, étrangers les uns aux autres, mais qui, au contraire, peuvent à certains moments, communiquer entre eux.

Les meilleurs exemples sont sans doute ceux de « Disparitions » et du « Roman oublié », dans lesquels mes deux personnages récurrents, Payardelle et Tragos, finissent par se croiser et par coopérer dans la résolution de deux enquêtes qui se rejoignent et n’en font plus qu’une seule. Si l’on peut considérer qu’une œuvre romanesque est une accumulation de titres, on peut aussi considérer qu’elle est un univers en expansion qui s’enrichit, au fil des titres, de personnages qui, par moments, s’entrecroisent et de situations qui s’enrichissent mutuellement.

Quant à savoir ce que mes personnages centraux représentent à mes yeux, je serais tenté de répondre qu’ils sont, chacun à sa façon, un part de moi-même vue sous des angles différents. Chacun d’eux, Payardelle comme Tragos, véhicule un peu de ma personnalité, de ma mémoire, un peu de mon ADN et, qui sait, un peu de ce que je ne suis pas mais que j’aurais aimé être.

Le Matin d’Algérie : Dans, La Fille aux semelles de vent, vous vous inspirez de la figure d’Arthur Rimbaud. Qu’est-ce qui vous a conduit à explorer cet univers, et comment avez-vous travaillé pour intégrer son esprit et son parcours à votre récit ?

Jean-Michel Lecocq : Je suis d’origine ardennaise comme Arthur Rimbaud et j’ai suivi mes études secondaires dans les murs où il a accompli les siennes. Cela vous marque un homme. Les Ardennais sont très attachés à ce poète et je ne fais pas exception à la règle. J’ai lu sa poésie et toute la littérature qui lui est consacrée. En tant que romancier, il était tentant pour moi d’en faire le personnage d’un de mes romans, en l’occurrence « Le squelette de Rimbaud ».

Dans un passé récent, j’ai découvert le personnage d’Alfred Bardey qui fut l’employeur de Rimbaud dans la Corne d’Afrique et ses mémoires intitulées « Barr Adjam » sans lesquelles personne n’aurait rien su des dix dernières années de la vie de celui qui avait fui la France, son passé et surtout la poésie.

À Harar, Rimbaud a vécu avec une jeune Abyssinienne qu’il a quittée d’une façon pour le moins inélégante. J’en ai conçu de la compassion pour cette jeune femme et j’ai décidé de leur inventer une fille qui, en atteignant l’âge de dix-huit ans, décide de s’embarquer pour la France afin de découvrir le pays natal de son père et sa famille paternelle. C’est le point de départ de « La fille aux semelles de vent ». C’est aussi une belle occasion de dépeindre la famille Rimbaud, un cercle familial fermé, pratiquant l’exclusion. Par ailleurs, dans un autre ordre d’idées, ce roman a été un facteur déterminant dans la réhabilitation de la sépulture d’Alfred Bardey dans le Doubs et dans sa sortie de l’oubli.

Le Matin d’Algérie : Votre dernier roman, L’amnésique de Pont-Aven, mêle art, mystère et mémoire. Pouvez-vous nous parler de l’inspiration derrière cette intrigue et des thèmes que vous avez souhaité explorer ?

Jean-Michel Lecocq : Il est clair que l’art et les artistes tiennent une place importante dans mon imaginaire et sont une puissante source d’inspiration. Sans doute, est-ce là la conséquence de ma formation littéraire et, plus largement, en sciences humaines. Gauguin, Rimbaud, Gaboriau et bien d’autres constituent le matériau privilégié de ma création romanesque. Ils étaient déjà plusieurs grands peintres à apparaître dans un de mes premiers romans, « Le Christ jaune ».

Leur succédera bientôt un personnage historique, Lapérouse, car le roman historique m’a toujours attiré comme ce fut le cas de « 24 » ou, plus récemment, de « La fille aux semelles de vent ». S’agissant de Gauguin qui se situe en arrière-plan de « L’amnésique de Pont-Aven », il est à lui seul, comme bon nombre d’artistes de son temps, un personnage romanesque. Dans cette intrigue bretonne, j’ai aussi cherché à réinvestir les acquis de ma formation universitaire sur le thème de la mémoire, de sa construction mais aussi de sa reconstruction.

On retrouve dans mes romans ce qui justifie le titre de la collection des éditions Lajouanie : « Romans policiers mais pas que… ». Derrière l’enquête policière au sens strict du terme, on trouve un arrière-plan qui évoque, selon les titres, un problème de société, un thème artistique, un volet historique ou encore un sujet scientifique.

Le Matin d’Algérie : Vous êtes reconnu pour votre capacité à mêler intrigue policière et contexte historique. Comment parvenez-vous à équilibrer ces deux dimensions dans vos récits ?

Jean-Michel Lecocq : C’est sans doute la question à laquelle il est le plus difficile d’apporter une réponse. Je serais tenté de répondre spontanément que c’est dans un sujet historique qui retient toute mon attention que je puise l’idée d’une intrigue policière. Encore faut-il que le fait historique en question en vaille la peine.

Détourner une réalité historique nimbée de mystère, même si ce mystère ne relève pas du domaine policier, est toujours tentant. C’est ce que je me prépare à faire avec mon prochain roman historique autour de la disparition de Lapérouse à propos de laquelle sont propagées, depuis plus de deux siècles, toutes sortes d’explications parfois fantaisistes. Je vais leur substituer la mienne.

Le Matin d’Algérie : Après quinze ouvrages publiés, quel regard portez-vous sur votre parcours littéraire, et quels projets ou envies d’écriture nourrissez-vous pour l’avenir ?

Jean-Michel Lecocq : Mes projets à venir sont de deux ordres. Je vais tout d’abord poursuivre la série des enquêtes du commissaire Payardelle et, parallèlement, republier celles du commandant Tragos dont j’ai récupéré les droits et dont j’ai écrit un nouvel opus. Ensuite, je vais continuer à explorer la voie, ouverte avec « La fille aux semelles de vent », vers la littérature générale. 

Le Matin d’Algérie : Avez-vous des projets en cours ou à venir ?

Jean-Michel Lecocq : Cet été, je vais publier aux éditions Campanile une fantaisie romanesque qu’on peut qualifier pour partie de roman de terroir sous le titre « Le fabuleux destin de Victor Derda » et qui sortira officiellement le 10 juillet de cette année. Une autre enquête de Théo Payardelle paraîtra en octobre prochain et, pour 2026, j’envisage la réédition, dans une maison d’édition provençale, d’un premier tome des enquêtes du commandant Tragos. Enfin, un roman historique est en cours d’élaboration. Je suis plongé dans la phase de recherche documentaire.

Le Matin d’Algérie : Un dernier mot peut-être ?

Jean-Michel Lecocq : S’il fallait ajouter un dernier mot, ce serait pour dire que la plupart des grands écrivains ont été ceux ne se sont pas laissé enfermer dans un seul genre littéraire. Georges Simenon, Frédéric Dard ou encore Pierre Magnan et bien d’autres, tenus pour des grands noms de la littérature policière, ont excellé en s’essayant à un autre genre. C’est du moins l’avis des spécialistes. Sans avoir la prétention de chercher à me comparer à ces géants, je partage avec eux la même envie de quitter les sentiers battus du polar pour explorer ceux de la littérature générale et, qui sait, peut-être d’autres genres. Ainsi, j’ai, sous le coude, un recueil de vingt nouvelles qu’il va bien me falloir publier un jour. 

Entretien réalisé par Brahim Saci

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Rafles, expulsions, discours de haine : la dérive anti-migrant·e·s en Algérie

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Migrants

22 organisations internationales et nationales publient un communiqué dans lequel elles s’alarment de l’ampleur des expulsions de migrants du Sahel et du discours de haine normalisé envers ces populations voisines de l’Algérie.

Depuis plusieurs années, une montée alarmante des discours de haine et de stigmatisation visant les migrant·e·s subsaharien·ne·s est observée dans l’espace public algérien. Ces discours xénophobes, souvent relayés par certains médias ou amplifiés sur les réseaux sociaux, légitiment les abus et alimentent un climat de rejet généralisé. Les organisations signataires condamnent fermement ces discours et appellent les autorités algériennes à cesser les expulsions collectives arbitraires et la criminalisation de la société civile solidaire.

Depuis les tensions diplomatiques entre l’Algérie et le Mali,  amorcées en 2022 autour du rôle d’Alger dans la médiation de l’accord de paix malien, et intensifiées en 2024–2025 par une série d’accusations croisées d’ingérence, de soutien à des groupes armés et de rupture de coopération sécuritaire, les migrant·e·s originaires d’Afrique subsaharienne sont devenu·e·s les cibles d’un déchaînement de discours racistes et de stigmatisation. Cette vague haineuse est alimentée de manière systématique par certains médias audiovisuels, des pages Facebook, des comptes influents sur les réseaux sociaux, qui diffusent sans retenue des propos discriminatoires, parfois ouvertement haineux, appelant à la méfiance, au rejet, voire à l’expulsion. Cette campagne violente et déshumanisante s’abat actuellement sur les personnes migrantes, sans aucune réaction sérieuse de la part des autorités.

Loin d’être marginale, cette escalade a façonné un climat de peur, d’insécurité et d’humiliation pour des personnes déjà en situation de grande vulnérabilité. Plus préoccupant encore : l’attitude de l’État algérien, qui n’a pris aucune position officielle, n’a tenu aucun discours apaisant, et n’a mis en place aucune mesure réelle de protection.

Pire, les autorités ont répondu positivement à cette campagne en menant des arrestations massives, des rafles dans les quartiers, et des expulsions collectives vers le Niger dans des conditions inhumaines, en violation flagrante du droit international.

L’Algérie s’est pourtant dotée en 2020 de la loi n° 20-05 relative à la prévention et la lutte contre la discrimination et le discours de haine, censée marquer un engagement contre toute forme de racisme. Or, cette loi n’a jamais été appliquée pour réprimer les discours racistes ou xénophobes visant les personnes migrantes.

À l’inverse, des cas documentés montrent qu’elle a été utilisée de manière sélective à l’encontre de militant·e·s des droits humains, notamment pour réprimer l’expression politique ou la dénonciation de discriminations.

Dans ce climat de stigmatisation et d’hostilité, l’État algérien a mis en œuvre une politique répressive et systématique d’expulsions. Depuis l’accord bilatéral de réadmission signé en 2014 avec le Niger, ces pratiques se sont intensifiées. En 2024, plus de 31 000 personnes ont été expulsées vers le Niger selon plusieurs organisations humanitaires ( selon Alarme Phone Sahara) — un chiffre record, illustrant une logique de purge migratoire, sans garanties procédurales. 

Plus récemment, entre le 1er et le 21 avril 2025, l’Algérie a expulsé plus de 4 900 personnes vers le Niger. Parmi elles, 2 753 Nigérien·ne·s ont été renvoyé·e·s par des convois officiels, dont 308 mineur·e·s et 196 femmes. En parallèle, 2 222 autres personnes, de diverses nationalités africaines, ont été expulsées par des convois non officiels, abandonné·e·s au lieu-dit « Point Zéro » et forcé·e·s à marcher près de 15 km dans le désert jusqu’à Assamaka, souvent sans eau ni nourriture, dans des conditions inhumaines.( selon Alarme Phone Sahara) 

Ces actes révèlent non pas une simple inaction, mais une participation active et systématique des autorités algériennes à cette vague raciste, à travers une politique répressive menée depuis 2014, bien avant les événements récents.

Face à cette situation alarmante, nous :

· Condamnons fermement : les discours de haine ; les expulsions collectives sans  garanties légales ; les violences et détentions arbitraires ; la criminalisation des militant·e·s solidaires.

· Rappelons les engagements internationaux de l’Algérie, notamment : la Convention de Genève (1951), la Convention internationale sur les travailleurs migrants (2005), la Convention (n° 97) de l’OIT sur les travailleurs migrants (ratifiée en 1962), et la Convention de Kampala.

· Exhortons les autorités à mettre fin immédiatement aux expulsions arbitraires, à garantir l’accès à un recours effectif, et à adopter une législation nationale protectrice, en concertation avec la société civile indépendante.

·  Appelons les institutions régionales et internationales suivantes à enquêter sur la situation, établir les responsabilités et formuler des recommandations claires : la CADHP, le HCDH, la Commission d’experts de l’OIT, et le Rapporteur spécial des Nations unies sur les droits des migrant·e·s.

· Appelons à l’application réelle de la loi 20-05, non pas contre les militant·e·s et les opposant·e·s, mais contre les véritables instigateurs de discours de haine. Nous réaffirmons notre détermination à défendre la dignité, les droits et la sécurité des migrant·e·s subsaharien·ne·s en Algérie. Face à la répression, à la discrimination et à l’injustice, nous restons mobilisé·e·s et uni·e·s, pour exiger un changement immédiat et durable des politiques migratoires en Algérie.

Les organisations signataires : 

  •  Adala For All
  • Alliance Transméditerranéenne des Femmes Algériennes ATFA
  • CNCD-11.11.11
  • EuroMed Droits
  • Riposte Internationale
  • Confédération syndicale des Forces Productives – COSYFOP
  • MENA Rights Group
  • La Fondation Pour La Promotion des Droits 
  • Centre Justitia Pour la Protection Légale des Droits Humains en Algérie.
  • Cairo Institute For Human Rights Studies – CIHRS
  • Committee for Justice (CFJ)
  • Statewatch
  • Forum Tunisien pour les Droits Économiques et Sociaux
  • L’Organisation Marocaine des Droits Humains- OMDH
  • Shoaa For Human Rights 
  • Liberté Algérie
  • Collectif Des Familles de Disparus Algérie – CFDA
  • Fédération Internationale pour les Droits Humains FIDH
  • LDH (Ligue des droits de l’Homme)
  • Comité de Sauvegarde de la Ligue Algérienne Des Droits de l’Homme CS-LADDH
  • Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD)
  • Migreurop
  • Alternative Espaces Citoyens (AEC)
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 380 écrivains britanniques et irlandais appellent à qualifier de génocide la guerre menée par Israël à Gaza

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Enfants à Gaza
Les enfants de Gaza, premières victimes des bombardements israéliens.

Ils soulignent que l’utilisation des termes « génocide » ou « actes de génocide » pour décrire ce qui se passe à Gaza « n’est plus contestée par les experts juridiques internationaux » et « les organisations de défense des droits humains ».

Environ 380 écrivains du Royaume-Uni et d’Irlande, parmi lesquels Zadie Smith, Ian McEwan et Irvine Welsh, ont appelé, mardi 27 mai, à employer les « mots justes » en qualifiant de « génocide » la guerre menée par Israël dans la bande de GazaUne lettre similaire a été publiée lundi par près de 300 écrivains francophones, dont les prix Nobel de littérature Annie Ernaux et Jean-Marie Gustave Le Clézio.

« Écrivains d’Angleterre, du pays de Galles, d’Écosse, d’Irlande du Nord et de la République d’Irlande, nous demandons à nos nations et aux peuples du monde de se joindre à nous pour mettre fin au silence et à l’inaction collective face à l’horreur », écrivent-ils dans une tribune publiée dans la soirée de mardi sur la plateforme en ligne Medium où ils « exigent un cessez-le-feu immédiat à Gaza ».

Extraits :

« Nous, les écrivains soussignés d’Angleterre, du Pays de Galles, d’Écosse, d’Irlande du Nord et de la République d’Irlande, demandons à nos nations et aux peuples du monde de se joindre à nous pour mettre fin à notre silence et à notre inaction collectifs face à l’horreur.

Il y a un an et sept mois, la poétesse palestinienne Hiba Abu Nada était tuée par des frappes aériennes israéliennes. Dans son poème « Une étoile a dit hier », elle imaginait pour les habitants de Gaza un refuge cosmique, aux antipodes du danger mortel permanent auquel ils sont aujourd’hui confrontés :

« Et si un jour, ô Lumière,
Toutes les galaxies
De l’univers entier
N’avaient plus de place pour nous,
Tu dirais : « Entre dans mon cœur,
Là tu seras enfin en sécurité. »

Le gouvernement israélien a renouvelé son assaut contre Gaza avec une brutalité débridée. Les déclarations publiques des ministres israéliens Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir expriment ouvertement des intentions génocidaires. L’utilisation des termes « génocide » ou « actes de génocide » pour décrire ce qui se passe à Gaza n’est plus contestée par les experts juridiques internationaux ni par les organisations de défense des droits humains. Amnesty International, Médecins Sans Frontières, Human Rights Watch, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies et de nombreux autres spécialistes et historiens ont clairement identifié un génocide ou des actes de génocide à Gaza, perpétrés par les Forces de défense israéliennes et dirigés par le gouvernement israélien. »

Israël rejette les accusations de génocide

Malgré l’horreur et l’innommable, l’Etat hébreu a ressorti son antienne. Le gouvernement de l’extrême droite que dirige Netanyahou devant cynique et indifférent aux râles des enfants et femmes tués par milliers. « L’utilisation des termes ‘génocide’ ou ‘actes de génocide’ pour décrire ce qui se passe à Gaza n’est plus contestée par les experts juridiques internationaux ni par les organisations de défense des droits humains », soulignent-ils dans le texte signé aussi par Jeanette Winterson, Brian Eno et Elif Shafak.

« Trop souvent, les mots ont été utilisés pour justifier l’injustifiable, nier l’indéniable, défendre l’indéfendable. Trop souvent aussi, les mots justes – ceux qui comptaient – ont été éradiqués, ainsi que ceux qui auraient pu les écrire », ajoutent les auteurs. « Le terme ‘génocide’ n’est pas un slogan. Il implique des responsabilités juridiques, politiques et morales. »

Ils réclament également la distribution immédiate et sans restriction de nourriture et d’aide médicale à Gaza par l’ONU ainsi qu’un cessez-le-feu, avertissant que, sans cela, « des sanctions devraient être imposées ». Les accusations de génocide d’Israël envers les Palestiniens se multiplient, venant de l’ONU, de groupes de défense des droits humains, de plusieurs pays et d’artistes dans le monde entier, mais Israël les rejette.

Plus de 54 000 morts en 19 mois

Plus de 800 experts juridiques du Royaume-Uni, y compris d’anciens juges de la Cour suprême, ont écrit lundi au Premier ministre britannique, Keir Starmer, affirmant qu’« un génocide est en train d’être perpétré à Gaza ou, au minimum, il existe un risque sérieux qu’un génocide se produise ».

Depuis l’attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza, qui a fait 1 218 morts, l’armée israélienne mène une offensive sur ce territoire palestinien assiégé, affamé et dévasté.

Selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU, plus de 54 056 Palestiniens, majoritairement civils, ont été tués dans cette campagne de représailles israélienne.

La rédaction avec AFP/francetvinfos

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Khaled Sahli : « Écrire, c’est résister aux silences qu’on nous impose »

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Khaled Sahli,
Khaled Sahli,

Dans une Algérie où l’intellectuel est souvent relégué à la marge, Khaled Sahli, installé à Ferjioua, incarne une voix rare : libre, rigoureuse, enracinée dans la langue et la pensée critique. Lors de ma visite à Ferjioua, j’ai eu le privilège de le rencontrer. Mon cadeau ? Quelques ouvrages de ceux qu’il admire : Edgar Morin, Michel Onfray, Alain Touraine… Des auteurs dont les réflexions résonnent avec les siennes, et nourrissent son regard aigu sur le monde.

Écrivain de l’ombre mais pas du silence, Sahli interroge la citoyenneté à l’ère numérique, explore les fractures sociales à travers la nouvelle, et défend, contre vents et marées, une écriture habitée par la vérité. Dans cet entretien accordé au Matin d’Algérie, il se livre avec franchise : sur son rapport au langage, à l’engagement, et sur cette Algérie qui peine encore à reconnaître ses penseurs.

Le Matin d’Algérie : Khaled Sahli occupe une place dans le paysage intellectuel et littéraire, n’est-ce pas ?

Khaled Sahli : Je suis un homme qui tente d’écrire, de témoigner et de transmettre ce qui se passe dans ce monde brutal et sauvage. J’ai été fasciné par la langue, les questions de pensée, les univers littéraires. Mon histoire avec l’écriture est longue : c’est une histoire d’espoir et de douleur à la fois, une plaie ouverte sur deux versants — celui de la pensée et de la raison, et celui de l’âme et de la création. Quiconque écrit avec conscience a une place au cœur de quelque chose.

Le Matin d’Algérie : Vous vous intéressez à la notion de citoyenneté et à la société civile à l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle ?

Khaled Sahli : C’est exact. Les définitions de la citoyenneté sont multiples. Ce concept est pluriel dans la pensée libérale avec ses diverses écoles, et son contenu comme son usage évoluent constamment. Il a glissé de la sphère politico-juridique vers celle des droits civiques, puis vers les domaines sociaux et économiques, jusqu’à toucher la justice dans la sphère privée, en réduisant l’écart entre le privé et le public. Il englobe désormais les identités culturelles collectives, voire les revendications corporelles dans l’espace intime qui cherchent une légitimité dans l’espace public. Certains vont jusqu’à qualifier la citoyenneté actuelle de liquide et diffuse — à l’image du projet moderne lui-même, comme l’analyse Heba Raouf Ezzat.

Dans ce monde numérique, les individus y sont pleinement immergés, de manière efficace et adaptée à leur quotidien. L’accès rapide et fluide à l’information et à l’actualité y contribue largement. Il en résulte une réalité virtuelle parallèle qui influe directement sur la réalité tangible. Le monde numérique est devenu un espace inévitable de participation, ce qui exige une formation solide à la citoyenneté numérique, pour une implication responsable et la capacité de produire à la fois des idées et des actions, dans un esprit positif.

La citoyenneté se redéfinit donc dans l’ère de l’intelligence artificielle. L’ambiguïté ne réside plus dans sa définition — l’IA fournit désormais l’information avec une aisance déconcertante — mais plutôt dans l’usage, l’incarnation et le respect de cette information et de ses conditions. Le véritable enjeu reste donc l’application éthique et consciente du savoir. Et qui sait ? Peut-être verrons-nous un jour naître le « citoyen robot »…

Le Matin d’Algérie : Parlez-nous de vos nouvelles...

Khaled Sahli : Mes recueils publiés sont Tableaux diffamants, Le conte au-delà de la millième nuit, L’enfer sous les habits, auxquels s’ajoutent d’autres encore inédits. Tous ont été bien accueillis en Algérie et dans le monde arabophone. Plusieurs écrivains et critiques en ont parlé, comme le romancier Dr. Soufiane Zdadqa, Dr. El Khaldia, la critique spécialisée en littérature numérique Kalthoum Zenina, le nouvelliste Dr. Alaoua Koussa, et Dr. Boumkahla Djilali, entre autres.

Certaines de ces œuvres ont même fait l’objet de mémoires universitaires. Ce sont des récits où le réel se mêle au fantastique, où la vérité flirte avec l’illusion, pour mieux faire passer l’idée, pour mieux scruter les détails du présent en les confrontant à une autre réalité — distante mais étrangement contemporaine. Ces histoires portent en elles les voix de nombreux personnages que je porte en moi : des amoureux, des sacrifiés, des opprimés, des brisés, des bourreaux et des victimes. Certains se sont installés en moi pour raconter leur combat contre la tyrannie, l’oppression, la bureaucratie. Ils ont investi mes récits pour y chercher un salut.

C’est une littérature ancrée dans les préoccupations humaines. J’écris chaque fois qu’une idée m’éblouit, qu’un fil narratif se dessine. Je consigne, je crée une proximité affective avec mes personnages, je leur donne des fins, des conflits, sans jamais les abîmer ; je mets en valeur le tragique que je tisse pour qu’il devienne rêve, pardon, ou l’ébauche d’un nouveau chemin illuminé d’espoir et de renouveau.

Car celui qui écrit ne se lasse pas. Il guérit, s’élève, renaît sans cesse de ses cendres comme un phénix. Il tente, comme Sisyphe, non pas par punition, mais parce que l’effort est une manière de garder vivant l’espoir. Et dans chaque douleur qui se répète quelque part dans le monde, une nouvelle forme de tragédie surgit — à la mesure des injustices qui défigurent ce monde.

Le Matin d’Algérie : Et votre expérience dans la micro-nouvelle ?

Khaled Sahli : Cela relève d’une forme moderne du récit, difficile à inscrire dans les formats traditionnels de la nouvelle. Cette tentative modeste que j’ai embrassée s’est enrichie dans une dynamique moyen-orientale, mais n’a connu qu’un développement limité au Maghreb — à travers deux ou trois expériences, dont la mienne, comme l’a souligné Dr. Charaf Eddine Choukri.

Mes textes prennent souvent la forme d’idées philosophiques, condensées, fulgurantes. J’ai volontairement estompé les frontières des genres, pour produire une écriture qui ressemble à une brève méditation philosophique, une scène, un flash. J’ai ainsi déchargé le lecteur de l’attente formelle, lui offrant à chaque fois un espace libre d’interprétation, sans m’imposer comme guide ou censeur.

Le Matin d’Algérie : Et votre rapport au roman ?

Khaled Sahli : Le Noyé, un roman dont seul un extrait a été publié, attend encore son impression — plus de dix ans après son écriture. Je l’écris, puis je la réécris. J’ai une autre œuvre en attente. J’ai tendance à déconstruire ce que j’ai déjà bâti.

Le Matin d’Algérie : En toute franchise, que signifie pour vous l’acte d’écrire aujourd’hui ?

Khaled Sahli : C’est une conscience, une mission, un fardeau, une responsabilité, une cause, une obsession, une fatigue, un destin lié à une posture.

Écrire ne vous rapproche ni d’un ministre, ni d’un prince, ni d’un ambassadeur, tant que vous vous obstinez à dire la vérité et à nommer les choses telles qu’elles sont. Vous me comprenez sûrement, car vous connaissez mieux que moi la réalité du terrain. Vous donnez la parole à ceux que l’on écarte et marginalise.

En Algérie, le dernier regard qu’on accorde est pour l’intellectuel, l’écrivain, le nouvelliste. Écrire est un choix, même si c’est celui de la faillite, de la pauvreté, de la détresse, et d’un épuisement nerveux permanent.

Beaucoup d’intellectuels sont morts pour que l’Algérie conserve son identité. Et pourtant, que reste-t-il de leurs noms ? Que sont devenues leurs familles ?

Combien d’écrivains sont inconnus chez eux et reconnus à l’étranger ? Les voleurs d’écriture et les opportunistes pullulent. Une simple recherche dans les maisons d’édition et les projets dits culturels suffit pour comprendre.

Le Matin d’Algérie : Et l’écriture, qu’est-elle pour vous ?

Khaled Sahli : Un dialogue fondé sur les idées partagées, jamais sur l’intérêt personnel.

Entretien réalisé par Djamal Guettala 

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L’Assemblée nationale française vote le «droit à l’aide à mourir»

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Assemblée nationale

Lors d’un vote solennel, les députés ont approuvé en première instance ce 27 mai deux textes relatifs à la fin de vie. Le premier, sur le développement des soins palliatifs, n’avait fait que peu de débat et a été adopté à l’unanimité. Le second, ouvrant un droit inédit sur l’aide à mourir, avait été longuement débattu par les députés.

305 députés contre 199 ont approuvé la réforme, mise en chantier en 2022 par le président Emmanuel Macron, et dont la ministre de la Santé Catherine Vautrin espère qu’elle puisse être entérinée avant la présidentielle de 2027. Les députés avaient auparavant approuvé un texte sur les soins palliatifs, cette fois-ci à l’unanimité.

Inscrit dans le code de la santé publique, cette aide à mourir permettra à certains malades d’accéder à un suicide assisté. Un accès réservé aux majeurs atteints d’un mal « irréversible », de nationalité française ou résidents stables dans le pays. Les patients devront présenter « une souffrance physique ou psychologique » liée à leur maladie et être aptes à manifester leur volonté « de façon libre et éclairée ».

Les deux textes vont maintenant être discutés, sans doute l’automne, au Sénat, assemblée plus conservatrice donc à même d’en modifier les termes en profondeur. Une deuxième lecture est ensuite prévue à l’Assemblée nationale.

Un vote dans « le respect des sensibilités » de chacun

Le président Emmanuel Macron a salué comme une « étape importante » le vote par l’Assemblée nationale en faveur du droit à l’aide à mourir, et insisté sur « le respect des sensibilités » de chacun. « Dans le respect des sensibilités, des doutes et espoirs, le chemin de fraternité que je souhaitais s’ouvre peu à peu. Avec dignité et humanité », a-t-il écrit sur X.

La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a souligné de son côté « un pas de plus vers le respect de chaque parcours de vie, vers la liberté de choisir, vers une société qui ne décide plus à la place, mais qui accompagne, qui écoute, qui soutient. » 

Elle a par ailleurs insisté en début de séance sur « la qualité des échanges » durant la centaine d’heures de débats qui ont eu lieu au sein de l’Assemblée nationale. « Le débat a été exigeant, digne et respectueux des convictions de chacun. »

Transcender les bords politiques

Le texte voté ce soir est un aboutissement pour le centriste Olivier Falorni, défenseur de longue date de l’aide active à mourir. « Il y a des jours dont on sait qu’on ne les oubliera jamais. Je n’oublierai jamais cette journée. Merci à tous », a-t-il déclaré.

Un tel débat aussi philosophique qu’intime transcende les bords politiques, note Raphaël Delvolvé du service politique de RFI. On trouve des défenseurs du suicide assisté à gauche comme l’insoumis Hadrien Clouet. « Nous croyons que l’être humain s’appartient. Le droit d’être soulagé, c’est aussi lorsque la médecine, la technologie, la pharmaceutique ne peut plus rien », plaide-t-il. « Pouvoir choisir le moment où l’on dit au revoir à ses proches et ne pas être contraint à subir trois ou quatre semaines de véritable torture. »

À l’extrême droite aussi, le RN Jean-Philippe Tanguy a voté le texte. « La liberté de vote est garantie dans notre groupe et j’ai été rassuré sur les garde-fous. »

Pour les détracteurs précisément, les garde-fous ne sont pas suffisants et la nature même du texte dérange, comme l’explique Hanane Mansouri de l’UDR. « Derrière la douleur, une réalité bien plus brute, celle d’un système de santé à genoux, celle de familles épuisées. Et dans ce vide, on propose la mort. Faut-il donc achever ce qu’on ne veut plus porter ? », demande-t-elle.

Une réforme qui divise au-delà des bancs de l’Assemblée

La démarche des malades restera très encadrée, comme le rappelle Jonathan Denis, président de l’association pour le droit à mourir dans la dignité, selon qui tous les garde-fous sont réunis pour éviter les dérives.

« Il y a plusieurs gardes-fous. Il y a le premier garde-fou sur les critères d’éligibilité au nombre de cinq pour pouvoir entrer dans le cadre d’une demande d’aide à mourir », explique-t-il au micro de RFI. « Ensuite, il y a les gardes-fous d’un collège pluri-disciplinaire, pluri-professionnelle pour regarder ce qui peut être proposé aux patients, y compris des soins palliatifs, y compris une rencontre avec un psychologue, et puis s’assurer que la personne rentre bien dans les critères d’éligibilité. Et puis enfin, le dernier garde-fou, c’est évidemment tout ce qui va être sur la procédure, toute la traçabilité de la procédure. Et puis, il ne faut pas oublier qu’aucun médecin ne sera obligé d’accompagner dans le cadre d’une aide à mourir. C’est tout le principe de la clause de conscience. »

Pourtant, pour Claire Fourcade, médecin de soins palliatifs à Narbonne dans le sud de la France et présidente de la SFAP (Société française d’accompagnement et de soins palliatifs), le texte est très mal défini.

« Moi qui suis médecin, je me trouve là, devant un texte de loi tel qu’il est, qui est extrêmement flou. Au contraire, avec des critères qui sont extrêmement larges, c’est-à-dire que le nombre de personnes éligibles est extrêmement large. Et c’est moi, comme médecin, qui vais devoir décider qui a le droit ou qui n’a pas le droit de bénéficier de ce nouveau droit concret », juge-t-elle. « Donc c’est une loi qui est demandée par les Français comme une loi d’autonomie et de liberté. Et en fait, c’est une loi du pouvoir médical, c’est-à-dire que ce sont les médecins qui vont décider. Et pour vous donner un exemple sur ces critères, une personne qui est atteinte d’un cancer métastatique, c’est une maladie en phase avancée, c’est une maladie incurable, c’est une maladie qui engage le pronostic vital, qui peut créer des souffrances. Et donc ces personnes sont éligibles. Il y a 450 000 personnes en France qui ont un cancer métastatique et donc c’est vraiment une loi qui donne aux médecins un gigantesque pouvoir. Et donc c’est nous qui allons nous trouver seuls face aux patients, à devoir prendre ces décisions. »

RFI

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Les militants du Parti socialiste votent pour désigner leur prochain premier secrétaire

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PS

Ce mardi, les militants socialistes sont appelés aux urnes pour un premier vote décisif en vue de désigner leur futur premier secrétaire. Trois candidats sont en lice : le secrétaire sortant Olivier Faure, le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, et le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Boris Vallaud. Au cœur de cette élection : la stratégie du parti en vue de la présidentielle de 2027.

Le duel s’annonce serré, notamment entre Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol, déjà opposés lors du congrès de Marseille en 2023. Mayer-Rossignol se montre confiant et affirme qu’il arrivera en tête, tandis que le camp Faure s’attend à une lutte au coude-à-coude, dont il espère sortir une nouvelle fois vainqueur.

Quelque 40 000 adhérents sont appelés à voter entre 17h et 22h dans leurs sections locales. Ce scrutin vise à choisir le texte d’orientation qui définira la ligne politique du parti. Les deux motions arrivées en tête se départageront lors d’un second tour prévu le 5 juin. Le congrès, quant à lui, se tiendra à Nancy du 13 au 15 juin.

Les résultats de ce premier tour pourraient tomber tard dans la nuit, voire mercredi matin. Des soupçons de fraudes pourraient ressurgir, comme ce fut le cas à Marseille en 2023. Lamia El Aaraje, soutien de Mayer-Rossignol, prévient déjà : « Il est hors de question que 300 voix nous séparent de la victoire », rappelant qu’elle avait accepté sa défaite l’an dernier.

À la tête du PS depuis 2018, Olivier Faure défend l’unité de la gauche, mais en dehors de l’influence directe de Jean-Luc Mélenchon. « Je ne nous pardonnerai pas d’avoir, par nos divisions, facilité l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir », a-t-il déclaré, appelant les militants à poursuivre la ligne qu’il a instaurée pour replacer le PS « au cœur de la gauche ».

Ses adversaires, notamment le camp Mayer-Rossignol, lui reprochent son ambiguïté vis-à-vis de Mélenchon, bien qu’il ait pris ses distances ces derniers mois. Le maire de Rouen milite pour une « affirmation socialiste » à travers la création d’un grand parti (un « GPS ») regroupant les membres actuels du PS mais aussi des personnalités extérieures comme Raphaël Glucksmann, Benoît Hamon ou Bernard Cazeneuve. Il imagine qu’un candidat social-démocrate émergera naturellement de cette nouvelle formation, sans se prononcer pour l’instant sur l’organisation d’une primaire.

Dans un message vidéo adressé aux militants, Mayer-Rossignol a exprimé son ambition de « faire revenir au PS celles et ceux qui n’attendent que ça », et de faire grimper le nombre d’adhérents à 100 000. Il critique également la gestion « clanique » d’Olivier Faure et un manque de travail interne au parti.

Les soutiens de Faure rétorquent que Mayer-Rossignol s’est entouré d’une coalition hétéroclite, unie surtout par leur opposition au secrétaire sortant, avec des figures comme Hélène Geoffroy, Carole Delga, Philippe Brun ou encore Karim Bouamrane. Certains redoutent qu’en cas de victoire du maire de Rouen, l’ancien président François Hollande tente un retour en 2027.

Troisième homme de cette compétition, Boris Vallaud se présente comme le candidat de la « réconciliation » et de la « doctrine ». Promoteur d’un discours critique sur la « marchandisation » de la société, il a lancé un institut de formation et un média interne. Sur France 2, il a affirmé être « le seul à proposer un vrai projet de rassemblement » et appelé à « choisir la perspective du meilleur » face à l’extrême droite.

Côté soutien, Olivier Faure peut compter sur la cheffe des Écologistes Marine Tondelier et l’ancien député LFI François Ruffin, tous deux favorables à une union de la gauche en 2027. À l’inverse, Raphaël Glucksmann, opposé à l’idée de primaires, penche plutôt pour Mayer-Rossignol, tout comme Jean-Luc Mélenchon, qui se voit lui-même comme le candidat de « la vraie gauche » pour la prochaine présidentielle.

Rabah Aït Abache/AFP

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