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Le dernier mot : quand les langues disparaissent

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Langues

À l’heure actuelle, environ 7 000 langues sont parlées dans le monde. Mais leur nombre s’amenuise d’année en année. Au point que l’Unesco estime que la moitié d’entre d’entre elles pourraient avoir disparu d’ici à la fin du siècle.

Si des milliers de langues sont actuellement utilisées sur la planète, une vingtaine seulement dominent le paysage linguistique mondial. Les langues maternelles de plus de trois milliards de personnes sont : le mandarin, l’espagnol, l’anglais, l’hindi, le tamazight dans toutes ses variantes, l’arabe, le portugais, le bengali, le russe, le japonais, le javanais, l’allemand, le wu, le coréen, le français, le télougou, le marathi, le turc, le tamoul, le vietnamien ou l’ourdou. Mais alors qu’en est-il des autres ? 

La grande majorité des langues de notre bonne vieille Terre (95%) ne sont en réalité parlées que par un tout petit pourcentage de la population mondiale (5%). Et ce sont celles-là qui sont en danger. Car elles sont fragiles, menacées d’extinction parce qu’elles ne reposent bien souvent que sur la tradition orale et peinent à se diffuser ou à survivre au-delà de leur région ou ethnie d’origine. 

Les études les plus alarmistes considèrent qu’une langue disparaît tous les quinze jours, quand d’autres, plus mesurées, estiment que c’est une tous les trois mois. Ce qui mène à l’inquiétante perspective de la mort de plusieurs centaines d’entre elles d’ici à un siècle, voire plusieurs milliers dans le pire des cas. Ainsi, l’Unesco juge que si rien n’est fait, la moitié des langues pourrait disparaître au cours de ce siècle. Cet inquiétant constat dressé dans son Atlas mondial des langues se base sur une échelle de six degrés de vitalité des langues en fonction de leur transmission d’une génération à l’autre. 

L’échelle de la transmission

L’agence de l’ONU pour la culture et l’éducation considère ainsi qu’une langue est « en danger » quand elle « n’est plus enseignée aux enfants comme langue maternelle à la maison » et que les plus jeunes locuteurs en sont les parents. Elle est « sérieusement en danger » lorsqu’elle n’est plus parlée que par les grands-parents, et que les parents la comprennent « mais ne l’emploient plus avec leurs enfants ni entre eux ». Le dernier stade avant l’extinction est celle d’une «situation critique », estime l’Unesco, c’est-à-dire que « les derniers locuteurs sont de la génération des arrière-grands-parents » et que la langue n’est « pas pratiquée dans la vie de tous les jours ». 

Le centre de recherche pour l’intelligence linguistique ethnologue, utilise un autre outil pour ses recherches, l’échelle EGIDS (Échelle élargie de perturbation intergénérationnelle) découpée en treize stades pour déterminer le statut d’une langue. Mais ses conclusions sont similaires à celles de l’Unesco : 3 170 d’entre elles sont aujourd’hui en danger (soit 44%), menacées dès lors que « ses utilisateurs commencent à transmettre une langue plus dominante aux enfants de la communauté », précise l’institut, qui rappelle que ce chiffre évolue constamment.

La région Asie-Pacifique est la plus touchée par cette menace, avec les langues indonésiennes et néo-guinéennes en tête de liste, suivies des langues aborigènes en Australie. Les Amériques sont en bonne place, avec de nombreuses langues autochtones en voie de disparition aux États-Unis, au Canada, au Mexique et au Brésil. L’Afrique est le troisième continent le plus affecté, surtout au Nigeria et au Cameroun. Mais toute la planète est concernée : l’Europe non plus n’échappe pas au phénomène, principalement en Russie. 

Domination linguistique

Trois principaux facteurs expliquent cette tendance. La première est sans conteste la colonisation européenne, qui « a entraîné la mort de millions de personnes autochtones, perturbant la transmission des langues d’une génération à l’autre », souligne la linguiste Evangelia Adamou, directrice de recherches au CNRSMassacres et épidémies ont provoqué la disparition de peuples entiers, et les politiques coloniales ont enfoncé le clou, en « dévalorisant les langues autochtones » et « en forçant l’éloignement des enfants de leur famille ». 

La chercheuse rappelle ainsi que les « boarding schools » (internats) mis en place par les colonisateurs en Amérique et en Australie notamment, avaient pour but de séparer les enfants de leurs parents et de les couper de leur langue maternelle. Dans ces colonies de peuplement, les langues locales ont eu beaucoup de mal à résister à la pression des langues coloniales et aux politiques racistes et discriminatoires.

La formation des États-nations a également beaucoup contribué à ces disparitions. L’idée d’un seul peuple parlant la même langue, uni sous le même drapeau et les mêmes valeurs, a abouti dans de nombreux pays « à une éducation de masse monolingue et le plus souvent dans la langue nationale ». Cet imaginaire, avec son objectif d’uniformisation, a engendré « le déplacement linguistique des langues minorisées vers les langues dominantes », pointe la linguiste. C’est ainsi que le breton, le basque, de nombreuses langues de Nouvelle-Calédonie et de Guyane ont failli disparaître ou sont toujours menacées. En France ou ailleurs, le manque de reconnaissance des langues traditionnelles a poussé et pousse encore à les délaisser au profit de langues considérées plus « prestigieuses », synonymes de réussite scolaire et professionnelle.  

Changement climatique

Dernière explication, et non des moindres, selon Evangelia Adamou : les périodes de crise, qui « perturbent profondément l’usage et la transmission des langues ». Pendant les conflits, les pandémies et les catastrophes naturelles, « les populations luttent pour leur survie et donc l’organisation traditionnelle de leur société en souffre beaucoup ». À ce titre, le changement climatique a un impact majeur. Les conditions de vie extrêmes forcent les populations à quitter leur région d’origine, souvent pour rejoindre les zones urbaines où ils sont contraints de s’intégrer, perdant leurs traditions et leur langue avec le déracinement. 

La question du changement climatique est d’autant plus importante que ses conséquences se font le plus ressentir dans les régions du monde où on retrouve la plus grande diversité linguistique. Les îles d’Indonésie ou de Papouasie-Nouvelle-Guinée, viviers et berceaux les plus riches de la planète, sont directement menacées par la montée des eaux. L’Amazonie, elle aussi remarquable en la matière, est de plus en plus sinistrée par la déforestation. Ou encore le Nigeria, avec ses 500 langues, fait face à la montée des températures, la pollution et à l’érosion de ses côtes. Autant de cas qui engendrent des déplacements de populations et menacent la pérennité des langues locales.

Perdre sa langue

Et cette perte a des conséquences non négligeables. Car avec chaque langue qui disparaît, c’est une identité culturelle, des savoirs traditionnels et une richesse humaine qui s’éteignent. « Une langue, à travers ses mots, leur étymologie et la syntaxe, véhicule une philosophie. Les toponymes [les noms propres qui désignent un lieu, NDLR] portent les caractéristiques de la région. Et la cosmologie – comment on conçoit l’univers – passe par des mythes dans la langue ancestrale », souligne la linguiste Evangelia Adamou. L’extinction d’une langue emporte avec elle cet héritage et appauvrit le patrimoine de l’humanité.Je m’abonne

Mais cela a aussi des conséquences très concrètes sur les locuteurs. Être coupé de sa langue, c’est être coupé de son rapport au monde, perdre ses repères. Ce qui peut provoquer des difficultés à rejoindre la société dominante, des problèmes d’isolement, de dépression et d’alcoolisme, auxquels viennent souvent s’ajouter le racisme et la pression sociale. « Des études montrent comment ne plus parler sa langue a un impact important sur la santé. Les populations ont besoin de ce cadre traditionnel pour être en bonne santé, que ce soit physique ou mentale », souligne la chercheuse.

Prise de conscience

Leur préservation est donc essentielle à bien des égards. Et de plus en plus d’initiatives vont aujourd’hui en ce sens, car la prise de conscience est réelle. L’Unesco a proclamé la décennie des langues autochtones (2022-2032) afin de sensibiliser et promouvoir des programmes de préservation et de réhabilitation. Des chercheurs et institutions mettent à disposition des milliers d’archives et d’informations sur les langues en danger, comme le site Pangloss du CNRS ou le catalogue de l’Endangered Language Project (ELP). Un matériel précieux pour les communautés locales qui se lancent dans des projets de revitalisation linguistique. 

« Il y a actuellement un vrai mouvement de revendication de sa culture et de son identité, souvent porté par les jeunes autochtones, qui multiplient les efforts et les tentatives de revitalisation de leur langue un peu partout dans le monde », insiste Evangelia Adamou. La linguiste précise que cette jeunesse n’apprécie guère le pessimisme véhiculé par les statistiques et l’usage d’expressions comme « les derniers locuteurs ». Car cela suppose la mort de leur culture, l’impossibilité de s’adapter au monde moderne et ferme leur horizon en niant les initiatives pour réhabiliter leur langue. 

« On peut réagir avant qu’il soit trop tard et, même quand une langue n’est plus parlée, il y a toujours de l’espoir », insiste la directrice de recherches au CNRS. Il est d’ailleurs plus exact de parler d’une langue « dormante » que d’une langue « morte ». Car le langage n’est pas un organisme biologique mais une réalité sociale capable de se « réveiller ». Certaines langues éteintes ont ainsi été réactivées, comme le wampanoag aux États-Unis et le livonien en Lettonie, entre autres. Mais l’exemple le plus frappant est sans doute l’hébreu. Après avoir disparu pendant des siècles, il est aujourd’hui la langue officielle d’un État et la langue maternelle de plusieurs millions de personnes. Malgré le danger bien réel, les langues n’ont pas dit leur dernier mot.

Avec Rfi

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Salah Goudjil fait ses adieux au Conseil de la nation

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Salah Goudjil

On le croyait indéboulonnable, et le voilà qu’il quitte le perchoir du Conseil de la nation. Arrivé en plein révolution du Hirak, Salah Goudjil aura passé 6 ans comme deuxième personnage de l’Etat.

Le président sortant du Conseil de la nation, Salah Goudjil, a tiré sa révérence dans une lettre d’adieu adressée aux membres de la chambre haute. Cette sortie, empreinte d’émotion calculée, marque non seulement la fin de son mandat parlementaire, mais aussi celle d’un chapitre emblématique d’un appareil institutionnel largement perçu comme verrouillé et déconnecté des aspirations populaires.

Arrivé à la tête du Conseil en avril 2019, en pleine crise politique provoquée par le Hirak, le vénérable Salah Goudjil (94 ans) n’a jamais réellement incarné une volonté de rupture ou de réforme. Bien au contraire, sa nomination par Abdelmadjid Tebboune s’inscrivait dans une logique de continuité avec un système politique rigide, gérontocratique où les réels leviers de changement restent aux mains d’un cercle restreint d’héritiers du système crypto-politique qui dirige le pays depuis l’indépendance.

Dans sa lettre, Goudjil se félicite, bien sûr, de la cohésion du Conseil et de sa prétendue contribution à la consolidation de la démocratie, un discours convenu, déconnecté du scepticisme ambiant à l’égard des institutions.

Son appel à l’héritage du 1er Novembre et à la mémoire des martyrs, bien que récurrent dans la rhétorique officielle, sonne creux dans un contexte où ces références sont souvent instrumentalisées pour légitimer le statu quo plutôt que pour incarner un véritable projet démocratique.

Parallèlement, la succession s’organise sans surprise : le chef du groupe du tiers présidentiel, Saïd Arous, a désigné Azouz Nasri comme candidat favori à la présidence. Au chapitre des bonnes nouvelles, on a connu mieux. Azouz Nasri, ancien membre du Conseil constitutionnel et ex-président de la Cour suprême, est une figure bien connue du système judiciaire.

Le retrait d’autres prétendants, comme Belkacem Boukhari ou Dahou Ould Kablia, laisse présager une transition parfaitement orchestrée, loin de tout débat démocratique réel. Nasri, soutenu par la toute-puissante majorité du tiers présidentiel — mécanisme de nomination opaque hérité du régime —, devrait être confirmé sans encombre lors de la séance de ce 19 mai.

En somme, cette « transition » institutionnelle ressemble davantage à un simple jeu de chaises musicales au sein d’un pouvoir qui se recycle, qu’à un renouveau politique inspiré par les idéaux du Hirak ou les attentes d’une jeunesse en quête de changement réel.

Rabah Aït Abache

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Conseil des ministres : importation en cabas, partenariat…

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Conseil des ministres

Abdelmadjid Tebboune a présidé, dimanche, une réunion du Conseil des ministres consacrée à des projets de loi et à des exposés concernant l’état civil, la protection de la santé animale et le Plan national autisme, indique un communiqué du Conseil des ministres, dont voici la traduction APS :

« Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, Chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, a présidé, ce jour, une réunion du Conseil des ministres consacrée à des projets de loi relatifs, entre autres, à l’état civil, à la médecine vétérinaire et à la protection de la santé animale, ainsi qu’à des exposés dont le Plan national Autisme.

Après présentation, par Monsieur le Premier ministre, des activités du Gouvernement au cours des deux dernières semaines et suite aux interventions de Messieurs les ministres sur les projets de lois et les exposés, Monsieur le président de la République a donné les instructions, directives et orientations suivantes :

A l’entame de la réunion, Monsieur le président de la République a instruit le Gouvernement de renforcer davantage son action sur le terrain avec plus de rigueur pour répondre concrètement aux préoccupations réelles des citoyens, loin de tout folklore médiatique, rappelant, dans ce sens, que le traitement et la mise en œuvre des grands dossiers sociaux s’effectuent en coordination directe avec le Premier ministre.

Par égard à la situation des différentes catégories juvéniles, Monsieur le président de la République a ordonné la régularisation totale et définitive de la situation des jeunes exerçant dans le cadre de la micro-importation individuelle, tout en les protégeant à travers leur intégration dans le circuit formel du commerce extérieur pour leur permettre de tirer profit des avantages prévus par la loi relative à l’auto-entrepreneur.

Monsieur le Président a également ordonné de leur attribuer le statut d’agents économiques pour leur permettre de profiter d’avantages sociaux et commerciaux en alternative à leur situation actuelle illégale vis-à-vis des opérations de micro-importation via les ports et aéroports, une situation qui a engendré la saisie des marchandises, de certains parmi eux, outre leur déséquilibre social dû à la perte de leurs modestes capitaux.

Monsieur le président de la République a enjoint au Premier ministre, de créer en urgence, une commission chargée de définir les mécanismes d’activité de ces jeunes qui investissent leurs modestes capitaux pour satisfaire des besoins élémentaires, ayant leur impact sur le marché et en quantités limitées.

Monsieur le président de la République a instruit à ce que cette commission, présidée par le Premier ministre, définisse la liste des produits que ces jeunes seront autorisés à importer, en vue de garantir la pérennité de leur activité, dans le respect des règlementations légales et fiscales en vigueur. 

Par ailleurs, Monsieur le président de la République a adressé ses remerciements à Monsieur le ministre de l’Industrie ainsi qu’à l’ensemble des fonctionnaires du secteur pour les progrès significatifs réalisés en matière de production et de fabrication locale de sucre, notamment au vu de l’entrée en service de nouvelles unités et usines.

Monsieur le président a ordonné la prise de nouvelles mesures, avec la possibilité de créer un Office national du sucre, permettant de réguler le marché, en termes de quantité de production, de couverture de la demande nationale, et de quantités destinées à l’exportation, en s’appuyant sur des statistiques précises, à même d’impacter positivement la Banque centrale.

Concernant le partenariat algéro-slovène :

– Monsieur le président de la République a enjoint de préparer la tenue d’une réunion de travail consacrée au suivi de la mise en œuvre de tout ce qui a été convenu entre les présidents des deux pays dans divers domaines, notamment l’industrie pharmaceutique, la recherche scientifique et l’intelligence artificielle. 

– Il a ordonné d’examiner la préparation du lancement d’une ligne maritime reliant l’Algérie à la Slovénie.

Concernant le partenariat algéro-omanais :

– Monsieur le président de la République a instruit d’accorder toute l’attention aux projets d’investissements et à la mise en œuvre des recommandations et décisions émanant des dirigeants des deux pays dans divers secteurs, notamment l’agriculture, l’industrie automobile (Hyundai), le projet de création d’une compagnie de transport maritime algéro-omanaise, outre le lancement d’une ligne maritime reliant Alger et Mascate.

Concernant projet de loi sur l’état civil :

– Eu égard à l’importance particulière que revêt le domaine de l’état civil, Monsieur le président de la République a enjoint le ministre de la Justice d’enrichir ce projet avec davantage de précision et de profondeur en allégeant ses dispositions pour une meilleure prise en charge des différentes préoccupations, d’autant que l’Algérie a franchi des pas importants dans la numérisation du secteur de l’Intérieur, une étape qui doit impérativement être suivie d’une grande rigueur dans la protection de l’état civil en Algérie.

Concernant le projet de loi sur l’utilisation et l’exploitation touristiques des plages:

– Monsieur le président de la République a souligné, à ce propos, l’importance pour tous les acteurs concernés, à leur tête les autorités locales, d’assumer toutes les responsabilités en conjuguant les efforts.

Dans ce contexte, Monsieur le président de la République a insisté sur la nécessité d’une coordination totale entre les secteurs, du Tourisme et de l’Intérieur pour une bonne préparation de la saison estivale.

Exposé sur la mise en œuvre des recommandations du Groupe d’action financière (GAFI):

– Monsieur le président de la République a ordonné l’application des recommandations selon ce que prévoient les lois du GAFI, d’autant que l’Algérie a réalisé des résultats positifs ces dernières années, en témoignent les différentes lois de finances intervenues dans le cadre de la transparence et de l’intégrité et ce de l’avis d’institutions financières internationales, notamment en ce qui a trait à la conformité des données et informations économiques du pays.

Au terme de la réunion, le Conseil des ministres a approuvé des décrets portant nominations et fins de fonctions dans des postes supérieurs de l’Etat.

Avec APS

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Le ministre de la Communication au cœur d’une énième polémique

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Mohamed Meziane

Le ministère de la Communication a « formellement » démenti les informations « fallacieuses et tendancieuses » attribuées injustement au ministre, M. Mohamed Meziane, par le correspondant d’un média étranger et se réserve le droit de recourir à la Justice, conformément à la législation en vigueur, indique dimanche un communiqué du ministère dont voici le texte intégral :

« Faisant suite aux informations fallacieuses et tendancieuses, délibérément diffusées sur les réseaux sociaux, en date du 16 mai 2025, par Harzellah Ahmed, et attribuées injustement au ministre de la Communication, Mr. Meziane Mohamed, le ministère de la Communication tient à démentir formellement ces propos mensongers et insidieux.

Monsieur le Ministre a effectivement rencontré le concerné, lors d’une cérémonie de remise des accréditations au profit des correspondants de la presse étrangère, en date du 9 avril dernier, au cours de laquelle il a eu un court échange avec cette personne qui travaille en qualité de correspondant d’un média étranger.

Lors de ce très bref échange, Harzellah Ahmed s’est plaint d’être sous l’effet d’une Interdiction de sortie du territoire national (ISTN). Ce à quoi Monsieur le Ministre lui a fait remarquer que ce n’était ni le lieu ni le moment pour évoquer ce genre de propos, tout en lui indiquant qu’il n’avait pas à s’inquiéter.

En réponse à ces propos fallacieux et à ces allégations délibérément tenues dans l’objectif de nuire, le ministère de la Communication se réserve le droit de recourir à la Justice, conformément à la législation en vigueur ».

Avec APS

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CAN U20 : l’Afrique du Sud bat le Maroc et remporte son premier trophée

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L'Afrique du sud championne d'Afrique des U20
L'Afrique du sud championne d'Afrique des U20

Pour quelques centimètres… L’Afrique du Sud a remporté la CAN U20 en s’imposant face au Maroc (1-0) en finale au stade international du Caire.

Le but de Gomolemo Kekana (70e) avait été d’abord refusé pour une position de hors-jeu du jeune milieu de terrain de Mamelodi Sundowns. Mais après l’intervention de la VAR, le but de Kekana, en pleine lucarne sur une passe décisive de son gardien Fletcher Smythe-Lowe, était bien accordé. Pour quelques centimètres, l’Afrique du Sud succède au Sénégal…

Les jeunes marocains et sud-africains se retrouvaient en finale de la CAN U20 28 ans après leurs ainés en 1997. Les Amajita, qui n’étaient pas nés lors de cette finale remportée par le Maroc, ont désormais vengé leurs grands-frères. Surtout, ils remportent pour la première fois de l’histoire le trophée sous les yeux de Patrice Motsepe, le président sud-africain de la CAF, qui était à côté de son vice-président, le… Marocain Fouzi Lekjaa.

 « On s’est fixés deux objectifs avant de venir ici, annonçait avant la finale Houssam Essadak, le capitaine de l’équipe marocaine. Le premier, c’était de décrocher notre qualification pour la Coupe du monde U20 au Chili. C’est fait. Le second, c’est de soulever ce trophée. C’est ce que veulent les supporters, ce que notre président attend de nous, et ce que nous nous sommes promis entre nous. »

Le Nigeria troisième

Le Maroc pensait réussir ainsi le doublé, un mois après la victoire des U17, mais les Lionceaux ont manqué de réalisme avec de nombreuses occasions gâchées ou en butant sur un excellent gardien sud-africain. Aucun de leurs 15 tirs, dont 6 cadrés, n’a réussi à faire mouche

En face, les Sud-africains, donnant l’impression d’être habités ou en mission, ont défendu vaillamment, tout en se montrant menaçants avec les raids de Shakeel April ou de Mfundo Vilakazi.

Un peu plus d’un an après la troisième place des Bafana Bafana à la CAN 2024, une semaine avant la finale de Mamelodi Sundowns contre Pyramids en Ligue des champions, le football sud-africain ne s’est jamais autant bien porté.

Un peu plus tôt, le Nigeria s’est adjugé la troisième place du tournoi en s’imposant aux tirs au but (1-1 ; tab : 4-1) face à l’Égypte, pays organisateur. Les jeunes Pharaons avaient ouvert le score par Omar Osama dès la troisième minute avant de se faire rejoindre par une réalisation de Bidemi Amole (47e).

Les quatre équipes demi-finalistes (Afrique du Sud, Maroc, Nigeria, Égypte) sont qualifiées pour la Coupe du monde U20 au Chili du 27 septembre au 19 octobre 2025.

Rfi

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Bijou kabyle : l’Algérie entend l’inscrire au patrimoine de l’Unesco

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Bijou kabyle
Bijou kabyle, un patrimoine inestimable.

L’Algérie a déposé par envoi électronique un  dossier d’inscription de « l’art de l’ornementation avec des bijoux en  argent émaillé de l’habit féminin de la région de Kabylie : fabrication,  conception et port » sur la liste du patrimoine culturel immatériel de  l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture  (Unesco), a indiqué, mercredi, un communiqué du ministère de la Culture et  des Arts.

Cette démarche intervient dans le cadre « des efforts constants de l’Etat  algérien visant à protéger et à valoriser son patrimoine culturel matériel  et immatériel », précise le texte.

Le ministre de la Culture et des Arts, Zouhir Ballalou a, ainsi,  présidé, dimanche dernier au siège du Centre national des recherche en  préhistoire, anthropologie et histoire (CNRPAH) à Alger, la cérémonie de  l’envoi électronique du dossier de candidature de l’Algérie pour  l’inscription de « l’art de l’ornementation avec des bijoux en argent  émaillé de l’habit féminin de la région de Kabylie: fabrication, conception  et port » sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de  l’humanité de l’Unesco, et ce, en coordination avec le ministère des  Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des  Affaires africaines conformément aux procédures en vigueur, ajoute le  communiqué.

Cette nouvelle candidature intervient « en parachèvement des succès obtenus  par l’Algérie dans le domaine de l’inscription d’éléments de son patrimoine  culturel immatériel auprès de l’Unesco, au nombre de 8 éléments nationaux,  le dernier en date étant le +costume festif féminin de l’Est algérien+ dans  toute sa composante gandoura, melhfa et caftan et les bijoux traditionnels  assortis », selon la même source.

L’Algérie a également inscrit cinq éléments patrimoniaux communs avec des  pays arabes et africains, se plaçant ainsi parmi « les pays leaders en  matière d’inscription du patrimoine culturel vivant », ce qui confirme son  engagement à préserver son identité culturelle et à mettre en avant son  patrimoine séculaire à l’échelle mondiale.

Le présent dossier a été préparé à travers la mobilisation d’une équipe de  travail élargie regroupant les directions de la Culture et des Arts, les  établissements culturels, les musées relevant du ministère de la Culture et  des Arts, des chercheurs universitaires, des artistes, des artisans, des  ateliers de couture et de confection de bijoux et des associations de la  société civile avec la coordination du CNRPAH, l’objectif étant d’assurer  l’opérationnalité de l’Algérie pour le rendez-vous annuel fixé par l’Unesco  le 31 mars de chaque année ».

Le ministère de tutelle veille à parachever le recensement général  d’autres éléments patrimoniaux proposés à l’inscription, englobant les  genres musicaux algériens des différentes régions du pays, les costumes  traditionnels féminins et masculins de la région centre et du Grand sud,  a-t-on précisé.

Ces dossiers sont actuellement soumis à l’examen et à la préparation, en  prévision de leur dépôt lors des prochaines sessions du comité  intergouvernemental du patrimoine immatériel de l’humanité, et ce  conformément au système adopté par l’Unesco, permettant à chaque pays de  soumettre un seul dossier par an.

APS

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Ligue 1 Mobilis : l’ESM tenu en échec par le MCEB (0-0)

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Foot

L’ES Mostaganem, avant-dernière au classement de la Ligue 1 Mobilis, a laissé filer deux précieux points après avoir été tenue en échec par le MC El Bayadh, ce dimanche, à l’occasion de la suite de la 26e journée.

À la suite de ce résultat, qui fait beaucoup plus les affaires des visiteurs que des locaux, l’ESM remonte à la 14e position (27 pts), mais compte le même nombre de points que le NCM (15e), premier relégable.

À l’image de son hôte, le MCEB gagne une place et passe du 8e au 7e rang (35 pts).

Cette 26e manche se poursuit en ce moment avec le match CS Constantine – US Biskra, dont le coup d’envoi a été donné à 18h00 au stade Chahid Hamlaoui (Constantine).

Dans les quatre autres matchs de cette journée, disputées vendredi et samedi, la JS Kabylie, coleader, a été piégée dans son antre par la JS Saoura (1-2), le Paradou AC a surclassé l’USM Alger (3-1), l’Olympique Akbou a renoué avec la victoire en disposant de l’USM Khenchela (2-1), alors que le MC Oran a pris ses distances avec la zone de turbulences en battant le NC Magra (2-1).

Suite et fin ce lundi

Scindée en quatre parties, cette 26e journée connaitra son épilogue ce lundi (17h00) avec le déroulement des deux derniers matchs au programme. Coleader avec la JSK, le MC Alger sera l’hôte de l’ES Sétif, alors que son dauphin, le CR Belouizdad, ira défier l’ASO Chlef.

Résultats partiels de la 26e journée :
MC Oran – NC Magra2 – 1
Olympique Akbou – USM Khenchela2 – 1
JS Kabylie – JS Saoura1 – 2
Paradou AC – USM Alger3 – 1
ES Mostaganem – MC El Bayadh0 – 0
CS Constantine – US Biskra18h00
Lundi 19 mai :
MC Alger – ES Sétif17h00
ASO Chlef – CR Belouizdad17h00
Classement de la Ligue 1
#EquipesPtsJ
1MC Alger     4624
2JS Kabylie4626
3CR Belouizdad4425
4Paradou AC  3826
5ES Sétif  3825
6USM Alger3625
7MC El Bayadh  3526
8JS Saoura3526
9ASO Chlef3225
10MC Oran  3025
11CS Constantine2922
12Olympique Akbou2825
13USM Khenchela 2825
14ES Mostaganem  2726
15NC Magra2726
16US Biskra   2025

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Benjamin Stora : « Je ne vois pas comment cette crise peut se dénouer »

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Benjamin Stora
Benjamin Stora chez lui. Crédit photo : Benjamin Stora

Benjamin Stora est un historien français reconnu pour ses travaux sur l’Algérie contemporaine, la colonisation et les mémoires postcoloniales. Né à Constantine dans une famille juive, il porte les traces profondes de l’exil et des silences entourant la guerre d’indépendance, ce qui a façonné son travail d’historien.

Professeur des universités, il a enseigné à Paris XIII et à l’INALCO, et a occupé le poste d’inspecteur général de l’Éducation nationale. Il a présidé le Conseil d’orientation du Musée national de l’histoire de l’immigration, contribuant à la mise en lumière des récits souvent invisibilisés.

Auteur de nombreux ouvrages, il a bouleversé notre compréhension de la guerre d’Algérie en intégrant la mémoire et la transmission des blessures. La Gangrène et l’Oubli (1991) analyse l’effacement de ce conflit dans le récit national, tandis que Ils venaient d’Algérie (1992) explore l’immigration algérienne en France. Plus récemment, il a codirigé Histoire des relations entre juifs et musulmans, mobilisant plus d’une centaine de chercheurs.

En 2021, il remet à Emmanuel Macron un rapport sur les mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie, dont il tire France-Algérie. Les passions douloureuses, un texte suscitant débats et initiatives comme la création d’une Commission « Mémoires et vérité ». 

En 2023, L’Arrivée revient sur son itinéraire d’exilé, mêlant autobiographie et réflexion sur l’histoire. 

Benjamin Stora a contribué à la reconnaissance des mémoires plurielles de la guerre d’Algérie, faisant dialoguer des récits longtemps cloisonnés. Il a œuvré à lever les tabous et encourager une lecture lucide et apaisée de l’histoire, articulant exigence académique et engagement civique. Son travail démontre que l’histoire n’est pas seulement affaire d’archives, mais aussi de transmission et de reconnaissance des mémoires blessées.

Dans cet entretien, l’historien Benjamin Stora revient avec une rare densité sur les fils entremêlés de son itinéraire personnel et intellectuel. De Constantine à Paris, de l’engagement militant à la rigueur académique, il déploie une parole lucide et habitée sur la guerre d’indépendance, les silences de la mémoire coloniale et les enjeux contemporains du récit historique.

Alors que son nom reste étroitement lié aux avancées mémorielles franco-algériennes, Stora interroge ici les limites du travail historien face aux crispations identitaires, tout en ouvrant des perspectives sensibles autour de l’exil, de la transmission et du rapport à l’histoire. Une parole à la fois intime et politique, qui éclaire les fractures d’hier et les défis de demain.

Le Matin d’Algérie : Votre parcours personnel étant intrinsèquement lié à l’histoire franco-algérienne, en quoi votre départ de Constantine a-t-il façonné votre vocation d’historien et influencé votre approche de la mémoire coloniale ?

Benjamin Stora : Ce n’est pas mon départ de Constantine, avec mes parents en 1962, qui a conditionné mon travail sur l’Algérie. Comme je l’ai déjà expliqué dans mes livres récents (Les clés retrouvées, ou l’Arrivée), c’est mon engagement politique à l’extrême-gauche dans les années 1970, à l’université de Nanterre, qui m’a poussé à m’intéresser à la guerre d’indépendance algérienne.

Dans mon engagement trotskiste de l’époque, j’ai alors pu rencontrer de nombreux militants révolutionnaires et nationalistes algériens comme Hocine Ait Ahmed, Mohamed Boudiaf, Ali Haroun, ou la fille de Messali Hadj qui m’a aidé dans ma connaissance de l’histoire du nationalisme algérien. Avec l’historien Mohammed Harbi, j’ai aussi beaucoup travaillé en particulier pour l’élaboration de mon Dictionnaire des militants nationalistes algériens, 600 biographies, parues en 1985. Dans les années 2000 ; j’ai commencé à « regarder » mon parcours intime, familial, personnel, avec la parution du livre en 2006, Les trois exils des juifs d’Algérie.

Le Matin d’Algérie : Votre contribution à l’historiographie de la guerre d’Algérie a marqué un tournant dans la manière de l’étudier. Qu’est-ce qui vous a conduit à intégrer les récits personnels et la mémoire dans votre démarche historique ?

Benjamin Stora : Effectivement, à partir de la rédaction de l’ouvrage, La gangrène et l’oubli publié en 1991, j’ai commencé à considérer la façon dont se construisait la mémoire algérienne avec les blessures, les silences, les non-dits de l’histoire. Je me suis aperçu que la production académique, à partir de sources écrites, comme les archives étatiques, que j’ai beaucoup regardé à Aix-en-Provence ou aux archives de Vincennes, ne suffisait pas. Il fallait aussi se diriger vers le vécu des différents acteurs. Comprendre l’histoire de cette histoire, pour tenter d’expliquer les mémoires de revanche, de ruminations, de nostalgies. 

Le Matin d’Algérie : Dans La Gangrène et l’oubli, vous décrivez un refoulement collectif autour de la guerre d’Algérie. Pensez-vous que ce silence s’est estompé au fil du temps, ou reste-t-il encore des non-dits dans la mémoire nationale ?

Benjamin Stora : Oui, la guerre d’Algérie a longtemps été refoulée dans l’espace public en France. En particulier par l’absence d’enseignement de cette histoire. Pendant trente ou quarante ans, cette mémoire ne s’exprimait que de manière « souterraine » par les récits personnels notamment, d’acteurs algériens ou français.

Par exemple, du côté algérien, je pense aux récits de Mohamed Lebjaoui, Vérités sur la révolution algérienne, paru en 1970, et qui décrivait l’assassinat d’Abane Ramdane par d’autres dirigeants du FLN ; aux Mémoires d’un combattant d’Hocine Ait Ahmed, paru en 1982,  ou aux Mémoires de Messali Hadj, que j’ai aidé pour la publication (Messali Hadj avait rédigé ses mémoires sur la naissance du nationalisme algérien, juste avant son décès en 1974, au moment, précisément où je commençais à travailler sur l’histoire d’Algérie).

Du côté français, dominaient alors les récits des partisans de l’Algérie française, comme les livres autobiographiques des généraux Salan, Massu, Challe, ou ils tentaient de justifier leur comportement. Le livre de Massu sur « la bataille d’Alger » a d’ailleurs été vivement réfuté par l’historien Pierre Vidal Naquet, en 1972.

Puis nous sommes sortis de ce silence « public » au début des années 2000, en particulier grâce aux enquêtes de journalistes, comme Florence Beaugé, qui, dans Le Monde, a publié des articles sur l’attitude de Le Pen et la pratique de la torture ; ou le rôle du général Aussaresses dans l’assassinat des dirigeants algériens comme Ali Boumendjel ou Larbi Ben M’hidi. Et puis, les travaux de jeunes universitaires sont arrivés en grand nombre, en particulier grâce à l’ouverture d’archives nouvelles. Je pense en particulier aux travaux de Raphaëlle Branche, Sylvie Thenaut, Linda Amiri, Tramor Quemeneur, Naima Yahi, Marie Chominot, Emmanuel Alcaraz, ou Lydia Ait Saadi. Du côté algérien, on pourrait citer les travaux de Hassan Remaoun, Omar Carlier, Fouad Soufi, Amar Mohand Amer, Tahar Khalfoune, et, bien sûr, les écrits de mon ami Abdelmadjid Merdaci, récemment décédé. J’en oublie sûrement…  Toute cette production n’a pas empêché les saignements autour de la mémoire algérienne, mais nous sommes enfin passé à une connaissance scientifique plus grande.  

Le Matin d’Algérie : Votre rapport remis à Emmanuel Macron a engendré des réactions contrastées. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur ces réactions ?

Benjamin Stora : Ce rapport, rédigé à la demande du président de la République française Emmanuel Macron, et remis en janvier 2021, devait traiter de la mémoire de la guerre d’Algérie, et les blessures mémorielles provoquées par cette histoire, en France.

On m’a expliqué à l’époque, qu’un rapport devait être fait du côté algérien, mais cela ne s’est jamais produit. J’ai été critiqué par une partie de la gauche française pour n’avoir pas publié un rapport de condamnation global du système colonial, et qu’il ne fallait pas procéder par application de reconnaissances particulières par l’état, sur des questions portant sur l’utilisation de la torture, ou l’assassinat de militants algériens. J’ai, surtout, était vivement attaqué par la droite et l’extrême-droite, ce sont les groupes les plus influents en France aujourd’hui, qui ne veulent pas toucher à « la mission civilisatrice de la France » dans les colonies. Dans leur langage, cela signifie qu’il ne faut pas de « repentance ».

Pour l’Algérie, à la différence de la Seconde Guerre mondiale et du régime de Vichy, il ne faut jamais « regarder dans le rétroviseur » comme l’a expliqué le ministre Retailleau. En dépit de toutes ces difficultés, à la suite de mes recommandations, la République française a reconnu officiellement les assassinats des militants Maurice Audin, d’Ali Boumendjel, et de Larbi Ben M’hidi ; une reconnaissance officielle également des massacres des travailleurs algériens le 17 octobre 1961 à Paris ; l’ouverture plus grande des archives de la guerre d’Algérie ; l’érection d’une statue de l’Emir Abdelkader à Amboise, la ville où il avait été retenu en captivité….

D’autres recommandations n’ont pas abouti, par exemple l’entrée de Gisèle Halimi au Panthéon, avocate des militants algériens, à la suite d’une pétition de filles harkis ; également, le nettoyage par la France des déchets atomiques laissés au Sahara. J’espérais poursuivre ces recommandations, notamment par la mise en place d’une commission mixte des historiens français et algériens en 2022.

L’objectif était, non pas d’écrire une histoire commune, mais de partager le savoir sur l’histoire coloniale, en commençant par la terrible conquête coloniale du XIXe siècle. Nous nous sommes réunis à quatre reprises, mais les aléas de la vie politique entre la France et l’Algérie sont venus percuter cette activité en 2024. J’espère que tous les acquis de reconnaissances obtenus à la suite de tout ce travail mémoriel ne seront pas remis en question dans l’avenir.

Le Matin d’Algérie : L’Arrivée revient sur votre jeunesse entre Constantine et Paris. Qu’est-ce qui vous a poussé à dévoiler cet aspect plus intime de votre parcours à ce moment précis ?

Benjamin Stora : En juin 1962, c’est le départ d’Algérie. Seuls les adultes débarquent en France avec dans leur mémoire les tombes des aïeux qu’ils ne reverront jamais plus, mais pas les enfants. J’ai onze ans en juin 1962.

Pour l’enfant que je suis, le voyage est excitant, prometteur d’aventures. Mes parents, eux, se demandent comment ils vont faire bouillir la marmite. Et la France, qu’ils ne connaissent pas, est bien peu accueillante. L’arrivée – De Constantine à Paris est plus qu’un livre mémoriel, plutôt un « album-miroir ». Sur 240 pages, c’est tout un monde qui défile. De Gaulle, les Trente Glorieuses, Mai 68, une décennie à peine mais si riche en événement. Ce monde qui défile, le lecteur peut l’effeuiller page après page à travers le prisme d’un gosse de Constantine, devenu chercheur de la question algérienne, après avoir été un trotskyste membre de l’Alliance des Jeunes pour le Socialisme. Cet engagement à gauche a été celui de beaucoup de jeunes de ma génération.

J’ai donc raconté les heurs et malheurs de ces sixties mais aussi mes parents, déclassés après l’exode et vivant dans un HLM de Sartrouville. Je découvre la condition ouvrière par ma mère qui travaille comme OS à l’usine Peugeot, et qui maintient à la maison la tradition juive constantinoise, par le biais de plats cuisinés qui correspondent aux nombreuses fêtes religieuses. J’ai donc opéré une sorte de travelling arrière en revisitant surtout le regard de mes parents, mais il me faudra plusieurs années encore avant de comprendre le poids du déracinement, la brûlure de leur arrachement. 

Le Matin d’Algérie : Quels leviers pourraient permettre une réconciliation durable des mémoires franco-algériennes ? Le travail des historiens suffit-il ou d’autres initiatives sont-elles nécessaires pour combler les fractures du passé ?

Benjamin Stora : Je ne peux que répondre sur le plan des actes mémoriels, qu’il faut poursuivre. Mais avec la montée en puissance d’un courant néo-nationaliste en France qui s’appuie sur la nostalgie de l’Empire perdu, ce travail est difficile. Notamment sur le plan médiatique où se développe une stigmatisation de la population d’origine algérienne. Avec la circulation de stéréotypes très négatifs. Je crois qu’il faut mettre en valeur les apports de cette immigration à l’histoire de France. D’autres initiatives peuvent être prises, notamment sur les échanges culturels entre universités. Mais pour l’heure, je ne vois pas comment cette crise peut se dénouer sur le plan politique entre les deux Etats.

Le Matin d’Algérie : L’historien Omer Bartov, spécialiste de l’Holocauste, affirme que le gouvernement Netanyahu est passé de l’intention à la mise en œuvre d’actes génocidaires. Il considère que les pays fournissant des armes à Israël se rendent complices de ces actes. Comment interprêtez-vous le silence de nombreux historiens à ce sujet ?

Benjamin Stora : Je me suis très vite élevé contre le massacre en cours à Gaza, et me suis auparavant prononcé contre les massacres de civils israéliens le 7 octobre 2023. Ce que nous vivons en ce moment, les déplacements et l’écrasement d’une population civile palestinienne est très grave et relèvent d’actes génocidaires qu’il faut dénoncer. Dans le même temps, doit s’affirmer au plan politique la création d’un Etat palestinien. Je reste attaché à la solution des deux Etats, position que j’ai toujours défendu depuis une quarantaine d’années.

Le Matin d’Algérie : Quel regard portez-vous sur l’Algérie d’aujourd’hui ?

Benjamin Stora : Il faut, à mon sens, passer dans Algérie actuelle de la recherche de légitimité par le recours à l’histoire-guerre, à l’établissement d’une culture démocratique.

Le recours à l’histoire est nécessaire pour comprendre la séparation avec le système colonial, mais cela ne doit pas consister à s’enfermer dans une culture issue de la guerre. 

Au contraire, à comprendre la pluralité des sensibilités autour de l’histoire longue du nationalisme algérien. C’est pour cela que j’ai publié les biographies de Ferhat Abbas en 1994 et de Messali Hadj (réédité en 2005), qui montrent les chemins différents pouvant parvenir à un même objectif : aller vers plus de citoyenneté, de liberté, et d’indépendance.

Il existe un fossé entre l’accumulation du savoir académique et universitaire, et sa transmission, sa diffusion dans le grand public. Autour de la question d’histoires de la guerre, circulent énormément d’idées reçues, des préjugés négatifs et des stéréotypes sur la primauté de la lutte armée au détriment du facteur politique. 

Le Matin d’Algérie : Avez-vous des projets en cours ou à venir ?

Benjamin Stora : J’ai beaucoup travaillé sur l’histoire sensible, la mémoire, avec également toute une recherche iconographique, que j’ai exposé dans mon dernier livre : Un historien face au torrent des images (Ed de L’Archipel, 2025). Le documentaire, Les années algériennes, trois heures sur la guerre d’Algérie, à partir de la mémoire de ses acteurs a été diffusé en 1991. Avec L’indépendance aux deux visages, diffusé en 2002, j’ai réalisé des entretiens avec dix grands acteurs de la révolution algérienne, de Hocine Ait Ahmed à Youcef Khatib, en passant par Salah Goudjil ou Abderrazak Bouhara. La fabrication des images et leur interprétation a été une source importante. Les images, donc, mais aussi les paysages, à la fois ruraux et urbains.

Sur le thème des voyages, des paysages, voir leurs transformations dans l’histoire est un projet que j’aimerai mener à bien. C’est tout le sens de mon travail sur L’Algérie vue du ciel avec Yann Arthus Bertrand, le documentaire et le film diffusé en 2005. Je reste marqué par mon expérience vietnamienne. Le Vietnam c’est l’Indochine, et on ne peut pas travailler sur la guerre d’Algérie sans connaître l’histoire de l’Indochine.

Quand je suis arrivé au Vietnam en 1995 – ce fut aussi le cas au Maroc en 1998 – mes promenades à travers les villes ont été fondamentales. Elles me permettaient de saisir l’histoire sensible, de voir comment elle s’incarnait. Au Vietnam, je suis évidemment allé à Diên Biên Phu, lieu de la défaite militaire française en mai 1954. Et ce qui m’a sauté aux yeux, c’est que l’image que je m’en faisais ne correspondait pas à la réalité. J’imaginais une « cuvette », les montagnes et les soldats français qui se sont faits encerclés. En fait, Diên Biên Phu, c’est une grande plaine, et les montagnes sont loin. Une idée reçue sautait tout d’un coup.

Les officiers français n’avaient pas prévu que les Vietnamiens allaient réussir à installer des canons très puissants sur ces montagnes si lointaines, si hautes, et « arroser » la plaine de leur artillerie. Voir le paysage exact change la perception. C’est pour cela qu’il est important d’aller dans les villes, de circuler dans les campagnes, d’observer les paysages, c’est également une de mes sources ; le voyage fabrique aussi des imaginaires, contredit des stéréotypes, des fantasmes. Voilà un projet sur les voyages et l’écriture de l’histoire.

Le Matin d’Algérie : Un dernier mot peut-être ?

Benjamin Stora : J’ai réalisé beaucoup de travaux et d’ouvrages sur l’Algérie. Non parce que mon activité de recherches était simplement ce pays, mais surtout par volonté de comprendre la guerre et l’exil. Que cela se passe en Algérie, je n’en disconviens pas, mais ce qui m’a obsédé, mes grandes thématiques, ce sont les chagrins et les bouleversements causés par la guerre, le déracinement et l’exil.

J’ai aussi vécu en exil pendant de nombreuses années et au sujet desquels j’ai écrit deux livres : Voyage en postcolonies et Imaginaires de guerre. Il est vrai que, fondamentalement, je me suis enraciné dans l’histoire intérieure algérienne, mais avec une portée beaucoup plus large, j’allais presque dire universelle. Les thèmes très généraux dont je traite, la mémoire de la violence, du bouleversement né de la guerre sont liés, et on peut les examiner en rapport à différents pays. Il se trouve que l’Algérie et son histoire ont concentré en moi tous ces phénomènes de séparation, de violence, et d’exil. Mais aussi de bonheurs de mon enfance.

Entretien réalisé par Brahim Saci

https://benjaminstora.univ-paris13.fr

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France : Bruno Retailleau s’impose face à Laurent Wauquiez pour la présidence de LR

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Bruno Retailleau
Retailleau prend le contrôle du parti Les Républicains

À l’issue du scrutin de ce dimanche 18 mai, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, s’est largement imposé face à Laurent Wauquiez, député de Haute-Loire, avec 74,3% des voix contre 25,7%, pour la présidence du parti Les Républicains (LR).

C’est la droite dure qui prend le contrôle du parti Les Républicains (LR) désormais. Un peu plus de 80 % des quelque 120 000 adhérents du parti Les Républicains ont désigné ce 18 mai entre Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez celui qui va prendre le poste vacant depuis que l’ancien président du parti, Éric Ciotti, a choisi il y a près d’un an de s’allier au parti d’extrême droite, le Rassemblement national, pour les législatives anticipées qui ont suivi la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024.

C’est donc l’actuel ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau que les militants ont choisi pour prendre la tête du parti avec 47,3 % des voix contre 25,7 % pour Laurent Wauquiez, a annoncé Annie Genevard, ministre de l’Agriculture et secrétaire générale du parti Les Républicains, à l’issue d’un vote électronique organisé sur deux jours. LR a engrangé beaucoup de nouvelles adhésions à l’occasion de cette campagne.

Le parti a réussi à multiplier par trois le nombre de ses adhérents à jour de cotisation, passé en quelques semaines de 43 000 à plus de 120 000. Ce sont donc près de 100 000 votants qui se sont exprimés pour l’élection du président du parti et plus de 72 000 ont porté leurs voix sur Bruno Retailleau. Ce qui veut donc dire que ces nouveaux adhérents sont venus pour voter pour le ministre de l’Intérieur.

Après ce large succès du ministre face au chef des députés LR, « une nouvelle page s’ouvre pour les Républicains » et « l’unité est plus que jamais nécessaire », a souligné Annie Genevard lors de l’annonce des résultats au siège du parti. Cette victoire donne à Bruno Retailleau un argument de poids pour se lancer dans la course à l’Élysée à droite.

Laurent Wauquiez a reconnu sa défaite et a appelé à la droite « à ne pas se diluer dans le macronisme. »

Bruno Retailleau, le favori

La campagne pour la présidence du parti de droite a vu les deux hommes rivaliser de formules chocs sur des thèmes comme l’immigration et la sécurité pour prendre la tête du parti. Depuis son entrée au ministère de l’Intérieur en septembre, Bruno Retailleau, sénateur vendéen de 64 ans, a profité d’une notoriété qui lui valait d’être considéré comme favori, même si le chantre du « retour de l’ordre » était attaqué sur son manque de résultats et sa proximité avec le camp présidentiel.

Patron du groupe parlementaire Droite républicaine après avoir présidé pendant huit ans la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, 50 ans, jouait quant à lui la carte de l’indépendance vis-à-vis du gouvernement dont il a critiqué les projets économiques, sur la fiscalité notamment.

Celui qui avait dirigé sa famille politique de 2017 à 2019 a émaillé sa campagne de propositions radicales telles que l’installation à Saint-Pierre-et-Miquelon d’un centre de rétention pour étrangers ayant reçu obligation de quitter le territoire français (OQTF) et la limitation à deux ans de l’accès au Revenu de solidarité active (RSA).

Les Républicains, ex-UMP – parti de l’ancien président Nicolas Sarkozy (2007-2012) – a longtemps été le principal parti de droite en France. Affaibli par la victoire d’Emmanuel Macron en 2017, qui s’est positionné au centre-droit, le groupe Droite républicaine, composé majoritairement de LR, n’a obtenu que 47 députés sur 577 aux dernières législatives. En grande difficulté lors des dernières échéances électorales, le parti est un peu revigoré par cette dernière campagne.

Avec RFI

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Navires algériens bloqués à l’étranger : le ministre Sayoud lève le mystère… mais ne dit pas tout

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Navires

Pendant des années, le silence a prévalu sur le sort de plusieurs navires algériens mystérieusement immobilisés dans des ports étrangers. Aujourd’hui, le ministre des Transports, Saïd Sayoud, commence à lever le voile sur ce dossier épineux, sans pour autant en révéler tous les tenants et aboutissants.

C’est à l’occasion d’une rencontre avec les exportateurs, organisée par le ministère du Commerce extérieur, que le ministre a annoncé le rapatriement imminent de deux navires bloqués à l’étranger. L’un se trouve au port d’Anvers, en Belgique, l’autre à Istanbul. Tous deux devraient regagner l’Algérie « dans les prochains jours » et être rapidement remis en service. Mais cette annonce, bien qu’attendue, suscite plus de questions qu’elle n’apporte de réponses.

Des blocages longtemps inexpliqués

Officiellement, les navires ont été retenus pour des « raisons administratives » ou de « maintenance ». Des justifications floues, peu convaincantes pour les observateurs du secteur. Car comment expliquer que des navires appartenant à la flotte nationale soient restés bloqués des mois, voire des années, à l’étranger sans réaction apparente des autorités compétentes ?

Le ministre a révélé un fait troublant : trois navires, engagés dans un partenariat avec un armateur étranger, ont tout simplement été détournés par ce dernier. Une situation inédite et inquiétante, révélatrice d’un manque criant de contrôle et de suivi. Sayoud affirme que son ministère a réussi à négocier un accord pour que ces navires continuent d’opérer tout en garantissant des bénéfices à l’Algérie, leur propriétaire. Mais là encore, peu de détails sont fournis sur les termes de cet arrangement.

Une opération de sauvetage tardive

Cinq autres navires, également en difficulté à l’étranger, sont en cours de rapatriement selon le ministre. L’initiative, saluée par les opérateurs économiques, survient à un moment où l’économie algérienne affiche une volonté de se tourner vers l’exportation. Une ambition qui nécessite une logistique maritime solide — absente jusqu’ici.

Pour pallier les insuffisances, Sayoud évoque l’affrètement de nouveaux navires et l’ouverture de lignes vers l’Afrique de l’Ouest, le sud de l’Europe, et même les pays du Golfe. Mais il admet lui-même un obstacle majeur : le manque de compétitivité de la Compagnie nationale algérienne de navigation (CNAN) face aux armateurs européens.

Un aveu de faiblesse logistique

Un témoignage d’opérateur économique cité par le ministre illustre crûment la réalité du terrain : il est aujourd’hui plus rentable d’expédier des marchandises vers l’Afrique via un armateur européen passant par l’Espagne que par les voies algériennes. Un constat qui souligne l’urgence de réformer en profondeur la gestion du secteur maritime national.

Le passage des ports algériens à un fonctionnement  24h/24, voulu par le président Tebboune, est présenté comme un premier pas vers plus d’efficacité. Sayoud s’est dit « satisfait » des résultats initiaux, tout en reconnaissant que « beaucoup reste à faire ».

Et le transport aérien ?

Autre angle abordé : le fret aérien. Air Algérie ne dispose actuellement que d’un seul avion cargo, peu sollicité selon Sayoud. Il se dit néanmoins ouvert à l’achat d’un second appareil si la demande augmente, et envisage l’ouverture de bases cargo dans plusieurs aéroports régionaux, à commencer par celui de Tlemcen.

Un dossier encore flou

En dépit des déclarations du ministre, le dossier des navires bloqués conserve une part de mystère. Comment ces immobilisations ont-elles pu perdurer aussi longtemps ? Qui porte la responsabilité de ces errements ? Et surtout, quelles garanties pour éviter que cela ne se reproduise ?

Autant de questions qui restent, pour l’instant, sans réponse.

Samia Naït Iqbal

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