17 mars 2025
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L’Arabie saoudite rappelle son ambassadeur à Berlin

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Crise diplomatique

L’Arabie saoudite rappelle son ambassadeur à Berlin

L’Arabie saoudite va rappeler son ambassadeur à Berlin pour protester contre des déclarations du ministre allemand des Affaires étrangères laissant entendre que le Premier ministre libanais démissionnaire Saad Hariri était retenu contre son gré à Ryad, a annoncé samedi l’agence officielle saoudienne SPA.

« L’Arabie saoudite a décidé de rappeler son ambassadeur en Allemagne pour consultations et va remettre une lettre à l’ambassadeur d’Allemagne auprès du royaume protestant contre ces déclarations malencontreuses et injustifiées », a indiqué la SPA en citant un porte-parole du ministère saoudien des Affaires étrangères.

Peu avant de quitter Ryad pour Paris, M. Hariri a affirmé, dans un tweet adressé au ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel, qu’il ne lui était pas interdit de quitter l’Arabie saoudite. Le désormais ancien premier ministre libanais est arrivé aujourd’hui samedi en France, accueilli en fanfare par le président Emmanuel Macron.

Dans un communiqué diffusé samedi, le ministère allemand des Affaires étrangères a « expressément salué (…) le voyage de M. Hariri à Paris et son retour imminent au Liban ».

Jeudi, M. Gabriel a déclaré lors d’une conférence de presse à Berlin avec son homologue libanais Gebran Bassil que « le Liban risque de retomber dans de graves confrontations politiques et peut-être militaires ».

« Afin de prévenir ceci, nous avons en particulier besoin du retour du Premier ministre actuel », a-t-il souligné, en estimant que le Liban « ne doit pas devenir un jouet de (…) la Syrie, de l’Arabie saoudite ou d’autres ».

« Le signal commun doit venir d’Europe que nous ne sommes plus prêts à accepter en silence cet aventurisme qui s’est propagé ici ces derniers mois », avait également déclaré M. Gabriel.

« Cet aventurisme a maintenant atteint son apogée avec cette façon de procéder (…) avec le Liban », avait ajouté le ministre.

« Ces déclarations sont hasardeuses, basées sur des informations erronées et ne servent la stabilité dans la région », a commenté le porte-parole du ministère saoudien des Affaires étrangères, cité par l’agence SPA.

« Elles ont provoqué l’étonnement de l’Arabie saoudite (…) qui considère qu’elles ne représentent pas la position du gouvernement allemand ami, qui est un partenaire sûr dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme et dans l’action pour établir la sécurité dans la région », a ajouté le porte-parole.

« Nous avons en raison de la situation actuelle (au Moyen-Orient) de grandes inquiétudes quant à la stabilité de la région et appelons toutes les parties à réduire les tensions », a indiqué un porte-parole du ministère, cité dans le communiqué.

« Parler de cela de façon ouverte est possible et naturel entre partenaires internationaux proches », a-t-il ajouté.

Auteur
Avec AFP

 




Bouteflika, Mugabe et putschiste à la fois (I)

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Chroniques du temps qui passe

Bouteflika, Mugabe et putschiste à la fois (I)

Ses conseillers préparent une nouvelle communication du mensonge : le scénario Mugabe n’a aucune raison de produire en Algérie où le coup d’État est impensable. Bouteflika, « légitimement élu », est le symbole de l’État de droit. La vérité est toute autre. Le président algérien est une créature du pouvoir militaire.

Historiquement, Abdelaziz Bouteflika a toujours été présent dans les épisodes où le pouvoir civil a dû céder du terrain au pou- voir militaire.

« Est-ce que vous pensez que je suis un civil ou un militaire ? Voilà des notions bien relatives… », s’interroge-t-il, faussement dubitatif, devant le journaliste du Die Welt (2) avant de clarifier ses propos par une très significative parabole :

« Peu importe que le chat soit gris ou noir, l’essentiel, me semble-t-il, c’est qu’il attrape les souris. » Etre militaire ou civil ne serait, en somme, qu’une question de couleur !

Cette nature bicéphale qu’il n’a pas résolue intérieurement et qu’il n’a jamais assumée allait déteindre sur tout le premier mandat présidentiel 1999-2004 et en expliquer en bonne partie la déconfiture : Bouteflika cumulait dans une même performance les tares du militaire et du civil sans disposer de quelque grâce de l’un ou de l’autre. Il a oublié d’avoir du militaire, n’en ayant pas accompli les sujétions, le sens de la subordination aux devoirs majeurs, une certaine grandeur dans l’humilité et l’attachement à la discipline. Il a soigneusement hérité du reste : l’arrogance, le mépris, la tentation totalitaire, le penchant monarchiste et le goût des règlements de comptes. Il en usera et abusera durant cinq ans jusqu’à en faire la griffe principale de son règne.

Le quiproquo autour du faux civil Bouteflika entraînera, chez les observateurs, une lourde erreur d’analyse : on a interprété les divergences qui l’opposaient aux militaires comme des désaccords classiques qui naissent habituellement entre un président civil, attaché à des réformes démocratiques et une hiérarchie militaire agrippée à ses privilèges et qui mettait tout son poids pour le contrarier. Il n’en est rien des brouilles entre Bouteflika et les généraux : elles sont exclusivement dues à la tenace volonté du président algérien de s’octroyer par la force un pouvoir absolu. Bouteflika ne désirait pas de réformes démocratiques, il cherchait, en bon putschiste de carrière, à asseoir un pouvoir personnel, à changer la Constitution afin d’y consacrer le pouvoir présidentiel, à éliminer les contre-pouvoirs qu’elle prévoyait.

« Il me faut récupérer d’abord mes attributions constitutionnelles qui ont été dispersées à partir de 1989, il faut que je reprenne mon rôle présidentiel, avouait-il déjà en 1999. Ce régime algérien, il n’est ni présidentiel ni parlementaire. Le président est élu sur la base d’un programme, il nomme un Chef de gouvernement qui, lui, présente un programme au Parlement. Donc, cela peut être un deuxième programme. Il y a une contradiction immense, immense. » (Europe 1, le 7 novembre 1999)

Ahmed Benbitour, qui fut, en tant que Chef de gouvernement, victime de ces velléités autocratiques du président, est sans nuance dans son jugement : « Nous vivons sous un totalitarisme d’une autre ère, s’appuyant sur le culte de la personnalité, le mépris du peuple et la profanation permanente de la Constitution et de ses institutions. »

Quant à l’avocat Ali-Yahia Abdenour, ancien président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme, il révélera, en octobre 2003, un décompte déroutant : le président Bouteflika a violé soixante-deux fois la Constitution en quatre ans !

Militaire dans sa tête, Abdelaziz Bouteflika ne croyait rien devoir à la société civile qu’il méprisait précisément parce qu’elle ne disposait d’aucun pouvoir comparable à celui des généraux et dont il eut pu tirer dividende. Il le confirme lui-même en évoquant l’épisode de janvier 1994 celui de la première cooptation ratée :

« Je voulais être en effet le candidat de l’Armée. Uniquement de l’Armée. Je ne voulais avoir de fil à la patte ni avec la société civile ni avec la mouvance islamiste. En tant que candidat de l’Armée, je me présentais en réconciliateur. »(2)

Elisabeth Shemla, qui rapporte ces aveux présidentiels, poursuit :

« Bouteflika confirme qu’au dernier moment, à l’époque, “ils avaient même fixé l’heure et le cérémonial de la prestation de ser- ment”, mais qu’il s’était retiré, refusant de s’incliner devant les civils de la Conférence de l’entente qui, d’une main agile, voulaient faire du chef de l’Etat le fondé de pouvoir d’un conseil d’administration puis- sant qui lui donnerait des instructions! » (3)

Bouteflika, avec son souverain dédain pour ses compatriotes civils, ambitionnait de ne partager le pouvoir qu’avec les militaires.

Historiquement, Abdelaziz Bouteflika a toujours été présent dans les épisodes où le pouvoir civil a dû céder du terrain au pou- voir militaire. Il est l’homme lige auquel les chefs militaires ont fréquemment dû avoir recours pour concevoir, puis mener et, enfin, expliquer et légitimer des pronunciamientos qu’ils soient directs ou maquillés. Il eut souvent une conception plus militaire des événements que les militaires eux-mêmes.

Sa première grande mission réussie au bénéfice des militaires date de décembre 1961. L’indépendance de l’Algérie devenait imminente et le débat sur le futur Etat algérien s’installait alors avec la passion et les calculs qu’on devine. Pouvoir civil ou militaire ? L’interrogation divisait l’état-major général de l’ALN, dirigé par le colonel Houari Boumediène et le Gouvernement provisoire de Benyoucef Benkhedda. Pouvoir civil ou militaire ? (A suivre)

M.B.

Notes

1. Die Welt du 27 août 1999.

2. Elisabeth Shemla, Mon journal d’Algérie, novembre 1999 – janvier 2000, Flammarion, 2000.

3. Elisabeth Shemla op. cité, pages 238 et 239.

 

Auteur
Mohamed Benchicou

 




Le maire de la ville de Clichy « soulagé », les fidèles vent debout (Vidéo)

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Interdiction des prières de rue par le préfet

Le maire de la ville de Clichy « soulagé », les fidèles vent debout (Vidéo)

Suite à une interdiction préfectorale, il n’y aura pas de prière de rue à Clichy le 17 novembre. Le problème n’est pas réglé pour autant : ayant refusé la salle proposée par la mairie, les fidèles envisagent une nouvelle prière de rue le 24 novembre.

Au lendemain de l’interdiction de la prière de rue décrétée par le préfet des Hauts-de-Seine, le maire de Clichy-la-Garenne Rémi Muzeau s’est déclaré «soulagé» au micro de RT France. «Je suis soulagé parce que c’était un trouble à l’ordre public dans ma ville», a confié à notre correspondant l’édile Les Républicains (LR) de Clichy-la-Garenne, le 17 novembre. 

Soulignant que la prière de rue bloquait la circulation pendant des heures et handicapait les commerces, il a rappelé que la mobilisation d’élus d’Ile-de-France avait été nécessaire pour que le préfet finisse par l’écouter.

«On ne provoque pas la République de cette façon», a martelé Rémi Muzeau, satisfait qu’une décision ait finalement été prise par les autorités.

Le préfet des Hauts-de-Seine, Pierre Soubelet, s’est en effet engagé le 16 novembre à mettre un terme au rassemblement de musulmans dans la rue. Un important dispositif policier a été déployé sur place afin de faire respecter cette interdiction, comme a pu le constater notre correspondant sur place.

L’interdiction de prier dans la rue a été respectée vendredi. Mais un appel a déjà été lancé pour reprendre les prières dès vendredi prochain, en dépit d’une nouvelle médiation qui doit se tenir lundi. C’est dire que le sujet demeure non résolu.

Auteur
Avec RT

 




Un pari incertain pour plusieurs générations d’Algériens

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Alphabétisation

Un pari incertain pour plusieurs générations d’Algériens

Le dossier de l’alphabétisation continue à s’entourer d’un flou artistique, aussi bien dans ses objectifs stratégiques que dans les moyens mobilisés pour une telle mission. Pourquoi appeler des adultes à rejoindre les bancs de l’école, au moment où l’école régulière, destinés aux élèves en âge d’être scolarisés « se dérobe » de sa mission? Quel est le bilan de l’école fondamentale qui a « juré » par tous les saints de ne pas déscolariser un élève avant l’âge de 16 ans?

Pourquoi aucun recensement scientifique n’a été mené pour identifier les personnes qui sont vraiment dans le besoin d’être alphabétisées et identifier, en même temps, le niveau d’enseignement qu’il convient de prodiguer à chaque groupe de personnes? Trop de questions sont charriées par une opération dont on ne cesse d’étaler les résultats « positifs » à la télévision. Et, afin d’être dans « l’air du temps » et conférer un vernis de « crédit » à cette entreprise claudicante, on a intégré l’alphabétisation en tamazight à partir de 2015.

Il semble que la politique d’alphabétisations ne soit pas encore sortie de l’habillage populiste qui en neutralise les effets et la portée. Dans plusieurs communes, l’opération se mue en un décor folklorique, où sont regroupés dans une belle kermesse, vieilles femmes, jeunes adultes, anciens élèves précocement déscolarisés, des personnes qui n’ont jamais mis les pieds à l’école,…etc. Aucun tri n’est opéré. En outre, l’enseignement est, jusqu’à l’année passée, dispensé exclusivement en arabe. Le bilan de l’enseignement des adultes en tamazight, dans quelques régions du pays, n’est pas encore établi.

Aucune place pour le français

Une question: pourquoi limiter l’alphabétisation aux deux langues nationales? Le français occupe encore une place importante dans le pays, malgré les revers qu’il a connus dans le système d’enseignement. La ministre de l’Éducation nationale, Mme Nouria Benghebrit, vient de proposer que l’enseignement des matières scientifiques au collège et au lysée se fasse en français. C’est dire l’échec de la langue arabe dans ce segment de l’enseignement, d’autant plus que les études universitaires, pour les matières scientifiques, sont poursuivies en français. On estime que la raison principale de redoublement de la première année à l’université- avec un taux effarant dépassant les 50 %-, est due au changement de langue d’enseignement. Les élèves arrivent en première année universitaire avec un bagage squelettique en langue française.

L’année passée, le directeur de l’Office national d’alphabétisation et d’enseignement pour adultes (ONAEA), Kamal Kherbouche, avait déclaré que l’Algérie abordera bientôt la stratégie de 2e génération dans les opérations d’alphabétisation. Ce qui signifie, d’après lui, le maintien de son personnel, constitué de 12 000 contractuels.

Les inquiétudes des employés travaillant sous le régime du contrat au sein de l’Office s’étaient manifestées en 2016 du fait que le gouvernement avait fixée pour l’année en question la fin de la stratégie d’alphabétisation de première génération, correspondant à l’apprentissage des connaissances primaires en lecture et écriture pour adultes. Au-delà de cette échéance, rien de bien palpable ne s’est profilé. Le directeur de l’ONAEA, expliquait que la mission de son établissement et des agents contractuels, allait se poursuivre et s’étoffer la stratégie d’alphabétisation de la 2e génération, consistant à aborder le monde numérique et l’alphabétisation culturelle.

Chiffres aléatoires

Selon une les estimations de 2008, faites par l’ONAEA, le taux d’analphabétisme était de 22 % sur l’ensemble de la population algérienne, après qu’il fût situé à 26,5% en 2002. En 2013, l’ancien directeur de l’Office, Noureddine Belabed, avait annoncé un taux de 16,3 % de personnes analphabètes. Il comptait neutraliser le phénomène de l’analphabétisme en 2016. Cette échéance étant déjà passée, le moins avisé des observateurs ne risquerait pas de s’aventurer à affirmer que l’analphabétisme est vaincu en Algérie.

De son côté, Mme Aïcha Barki, président de l’association Iqraa, était plus prudente, en projetant, en 2009, réduire de moitié, à l’horizon 2016, le taux de 22 % enregistré en 2008. Aux efforts de l’ONAEA et de l’association Iqraa pour alphabétiser le maximum d’adultes, ce sont greffés, en 2015, les nouveaux projets d’alphabétisation en tamazight auxquels s’associe le Haut conseil à l’amazighité (HCA).

Cependant, des analystes n’ont pas manqué, dès le lancement des grandes opérations d’alphabétisation au début des années 2000, de relever les insuffisances grevant le contenu des programmes et la population ciblée. Car, outre les grands adultes qui n’ont pas eu la chance de fréquenter l’école, de jeunes adolescents, ayant été trop tôt déscolarisés, ne sont pas mieux lotis sur le plan de la lecture et de l’écriture. Leur intégration optimale dans la société d’aujourd’hui requiert une immersion dans le monde de l’écrit et de la communication de premier niveau.

Paradoxe

Le directeur de l’Office national d’alphabétisation et d’enseignement pour adultes a annoncé l’année dernière qu’une l’évaluation de la stratégie nationale de l’alphabétisation allait être menée. Au-delà de cet horizon, a-t-il expliqué, l’Algérie s’attèlera à la stratégie de deuxième génération qui est censé améliorer le contenu des programmes, en l’adaptant aux besoins de familiariser les populations ciblées à la réalité numérique qui est en train d’envahir la vie quotidienne de la société, et en l’ouvrant sur les volets de la formation culturelle.

Incontestablement, la définition donnée en 1951 par l’Unesco pour une personne « alphabétisée » [à savoir, une personne « capable de lire et d’écrire, en le comprenant, un exposé simple et bref des faits, en rapport avec sa vie quotidienne« ], est quelque peu bousculée par la réalité d’aujourd’hui et le progrès prodigieux accompli par la technologie numérique et le développement de la culture.

Cependant, s’agissant des opérations d’alphabétisations menées en Algérie, l’on est fondé à se poser la question de savoir, comment ce qui n’est pas bien ancré dans l’école régulière – sur le plan de la formation aux domaines de la culture générale et à la modernité numérique -, peut-il l’être dans les établissements d’alphabétisation ? C’est là un criant déficit soulevé depuis plusieurs années par des pédagogues et qui n’a pas, à ce jour, trouvé de voie royale pour sa concrétisation.

Auteur
Amar Naït Messaoud

 




Ryad Mahrez: « Je ne m’attendais pas à ça » (Vidéo)

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Tout en défendant Rabah Madjer

Ryad Mahrez: « Je ne m’attendais pas à ça » (Vidéo)

Dans une entrevue accordée à SFR Sport, Ryad Mahrez, défend son coach tout en exprimant son étonnement de ce qui s’était passé lors de la conférence de presse d’après match Algérie – Centrafrique

« C’est vrai que j’étais à côté de lui. Je ne m’attendais pas à ça. C’est le coach, ça peut arriver des fois. En Algérie les journalistes sont très difficiles, et ils sont beaucoup contre l’équipe nationale, On peut comprendre sa réaction », explique en souriant le ballon d’Or Africain de 2016.

Par ailleurs, Mahrez croit que c’est l’instabilité dont souffre l’EN depuis deux ans, qui a causé la non-qualification de l’Algérie au mondial Russe. « Nous sommes aussi responsable. On va essayer de se rattraper lors de la prochaine CAN », a-t-il promit.

Pour rappel, Rabah Madjer avait traité le journaliste sportif, Maamar Djebbour, lors de cette conférence de presse, « d’ennemi de l’équipe nationale », le sommant violemment de se taire.

Auteur
H. K

 




« Ya jeune rak zaafan, parce klaw l’autoroute »

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Les youtubers mènent la charge

« Ya jeune rak zaafan, parce klaw l’autoroute »

Auteur
La rédaction

 




Dix blindés pour déposer le plus vieux dictateur du monde

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Zimbabawe

Dix blindés pour déposer le plus vieux dictateur du monde

Rob Mugabe (93 ans) préparait son épouse Grâce (52 ans) à prendre le pouvoir. 

L’Armée zimbabwéenne est en train de mettre un terme au règne d’un potentat sans effusion de sang. Unique, comme on n’en a jamais fait. Quelques arrestations de proches de Robert Mugabe, sans plus. Pas de mouvement de foule. Le fait mérite d’être signalé. Cette opération renvoie le « redressement révolutionnaire du couple Boumediene-Bouteflika » à sa triste place.

Pas de déploiement spectaculaire de l’armée à Harare, juste une dizaine de blindés positionnés dans les points les plus stratégiques de la capitale. Les Zimbabwéens continuent de vaquer à leurs occupations comme si de rien n’était. Les militaires sont en train de pousser à la porte de la présidence Robert Mugabe (93 ans) sans bavures. C’est dire que la population qui venaient en d’autres temps acclamer ce potentat brutal qui a pris le pouvoir au siècle dernier ne s’oppose pas à l’opération.

Seuls quelques chefs d’Etat africains dont on ne peut soupçonner un quelconque penchant pour la démocratie ont condamné le coup d’Etat. Bien entendu Jacob Zuma, déjà enfoncé jusqu’au coup dans des affaires de corruption, tente de jouer les bons offices. L’Algérie, par la voix de son porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif, suit « avec préoccupation » les développements de la situation au Zimbabwe et exhorte l’ensemble des acteurs en présence à « veiller au respect de l’ordre constitutionnel« . Paradoxale position ! Car, il faut l’avouer, on ne peut pas avancer que les autorités actuelles soient des parangons en matière de respect de constitution. Deux changements fondamentaux dans la constitution en l’espace de dix ans !!! Qui peut faire mieux. Alors donner des leçons de respect de la constitution à l’armée zimbabwéenne qui tente de mettre un terme à 37 ans d’un pouvoir autoritaire, sans partage chaotique et qui s’apprête quasiment à devenir dynastique est plutôt mal placé. En l’espèce, l’Algérie de Bouteflika est une mauvaise école. La preuve ? La position algérienne comme d’ailleurs celle de certains présidents africains sonne à contre-ton de celle de nombreux pays.

Exemple ? Les Américains viennent de tenir un autre discours et de donner implicitement caution aux militaires qui contrôlent le pays. « Le Zimbabwe a une opportunité d’emprunter une nouvelle voie, une voie qui doit inclure des élections démocratiques et le respect des droits de l’Homme », déclare le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson, appelant à un « retour rapide à un pouvoir civil en accord avec la Constitution » du Zimbabwe.

Robert Mugabe déposé en douce

Même neutralisé, Robert Mugabe joue les prolongations. Il a été extirpé jeudi de sa résidence privée dénommé Toit bleu où il était détenu depuis mardi par les militaires pour être emmener au palais présidentiel. L’homme s’accroche néanmoins à ses prérogatives. Vendredi, il a été montré somnolant à une cérémonie de remise de diplômes. Des images étranges d’un autocrate aux mains de gardes

Mais l’autocrate demeure se veut hautain. Inatteignable. Il semble dans le déni de la réalité. Il soigne son image jusqu’au bout, négociant ferme, selon plusieurs médias, sa fin de règne. En vrai, il craindrait pour sa femme Grâce Mugabe (52 ans) qu’il destinait à devenir la prochaine présidente. Mais la première dame du pays est honnie par la population et l’armée ne l’entend pas de cette oreille. Alors, à Harare, rares sont les soutiens de ce vieux dictateur qui croyait mourir sur son trône. Le mouvement G52 de Grâce n’élève plus la voix. Les patrons des services de sécurité et de renseignement acquis à la première dame du pays sont neutralisés. 

Pour une fois en Afrique, une armée semble en phase avec tout un pays. N’en déplaise à l’Union africaine, c’est de bon augure.

Auteur
Hamid Arab

 




L’art tatoué de Choukri Mesli : faire un « Signe » et montrer le chemin

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Hommage

L’art tatoué de Choukri Mesli : faire un « Signe » et montrer le chemin

 Pour Azzedine Mihoubi, ministre algérien de la Culture, Choukri Mesli est un peintre à classer au registre mnémonique de l’histoire de l’art parce qu’il aurait, à la suite d’une grève estudiantine, rejoint en 1957 les rangs du Front de libération nationale (FLN). Or, outrepassant les frontières mentales du parti unique, son art de résistance ne se bornera pas au réalisme de révolte que laissait entrevoir le titre de la toile Algérie en flammes (1962). İl s’appliquera plutôt à explorer des signes-symboles immémoriaux appropriés conformément au processus d’appartenance réfléchi par Frantz Fanon dans Les Damnés de la Terre puis un Jean Sénac incitant pareillement les avant-corps à « (…) remonter aux sources de l’art qui ont été négligés (…), cet art abstrait réputé difficile (…), art naturel et populaire de chez nous, que l’on retrouve sur les poteries, les tapis, (…) » (Jean Sénac, in La dépêche, 15 décembre 1962), à extraire de la lettre arabe ou de l’écriture tifinagh la substance du moi algérien, à la faire surgir du puits des âges ab-humain via le balisage holiste des mythes.

Cependant, les deux courants (figuratif et informel) de l’affirmation de soi (ou de la culture de combat) s’interpénétreront sous couvert d’un discours politique interdisant de distinguer, sur le plan proprement critique ou analytique, des auteurs et créateurs à identifier comme les éveilleurs révolutionnaires du « Peuple-Héros ». Confinés au sein d’un unanimisme de façade inhibant la pluralité du paysage intellectuel, ces éclaireurs avancés poseront les problématiques de la re-singularisation esthétique, celles inhérentes au «(…) contenu des œuvres, que dire ?, que montrer ? Celle de la nature du public auquel s’adressaient ces œuvres, pour qui, ce que nous allions faire ? Comment entendre ce terme populaire ? (…)» (Choukri Mesli, in Choukri Mesli, p. 71). Si Georges Chatain nuancera le propos en précisant qu’il ne s’agissait pas à l’époque «(…) d’un débat autour de l’art populaire, mais bien sur la création contemporaine et la fonction des artistes dans l’Algérie nouvelle » (Georges Chatain, in Révolution Africaine, avr. 1963), les pesanteurs et contraintes identito-propagandistes confineront l’ensemble des protagonistes à un rôle d’illustrateurs idéologiques habilités à incarner le réel vécu d’une nation en marche vers le « socialisme-spécifique ».

La feuille de route (complétée avec la Charte nationale de 1964 et 1976) les obligera à composer avec des invariants protectionnistes qui impacteront la phase de désaliénation culturelle, tarauderont à fortiori le cheminement de Choukri Mesli, « citoyen de beauté » supposé partager les slogans volontaristes régulièrement adressés à la « Grande tribu ». Amplement factice, la pseudo-cohésion intérieure servait à neutraliser les ambitions personnelles, notamment celles des exposants de la « Galerie 54 », lieu prometteur qu’inaugurera Rezki Zérarti. S’y présentera, après Denis Martinez, également Mohamed Khadda, le dernier locataire d’un endroit soudainement fermé car risquant de faire ombrage à l’Union nationale des arts plastiques (UNAP) installée la même année (1964) au 07 avenue Pasteur. Nommé secrétaire chargé de la coordination, l’ex-Tlemcenien devenait (avec M’hamed, İssiakhem, Mohamed Ghanem, Bachir Yellès, Mohammed Zmirli, Kheïra Flidjani, Ahmed Kara, Mohamed Temmam, Ali Khodja Ali, Mohamed Khadda, Mohamed Bouzid et Mohamed Louail), membre fondateur d’un syndicat tutélaire noyant les conflits latents mais enregistrant néanmoins plusieurs défections. La monstration Reflets et Promesses de févriermars 1966 ne donnant « (…) qu’une vision partielle et sectorielle des arts plastiques algériens » (elle s’était déroulée sans Bouzid, Khadda, Zerrouki, Samson, Aksouh, Zérarti, Mesli et Martinez), l’hebdomadaire Révolution Africaine (26 févr-04 mars. 1966) sortait l’article « L’UNAP doit redevenir le rendez-vous de tous ». Le journal se rattachait à la sacro-sainte unité d’un pays où, apparentées à des comportements indésirables et anormaux, les dissensions émanaient aussi de désaccords stratégiques qu’il fallait juguler au nom de l’éthique de communauté ou du service didactique puisque « La vocation du peintre, témoin de son temps, est d’éduquer », soulignait alors M’hamed İssiakhem. L’approche focale de la population nécessitait selon lui une prestation figurative puisque l’abstraction « (…) n’est que l’apanage d’une minorité privilégiée d’intellectuels et de possédants à la recherche d’un certain confort d’où une certaine indifférence (…) au devenir de notre culture nationale». Bien que disposé à « (…) mettre la peinture à la portée du public, pour ainsi dire dans la rue. (…).», Choukri Mesli s’inquiétait cependant de son acceptation du côté d’autochtones qui ne «(…) s’intéresse pas, comme dans d’autre pays, par culture et par tradition, à l’art».

En regrettant le manque de publications spécialisées capables d’expliquer « (…) ce qui fait la valeur d’un peintre » (Choukri Mesli, in « à bâtons rompus », Révolution Africaine, 06 mai. 1966), le responsable de la section « Art monumental » (à l’ENBA d’Alger) dévoilait un désir de reconnaissance à même de le faire sortir des modalités de l’implication collective. Autrement dit, d’accord pour édifier des fresques urbaines s’adressant directement à la masse mais à condition que leur orientation pédagogique révèle le « Je » de l’acteur. L’équivoque rongeait de l’intérieur nombre de ses coreligionnaires dénonçant également le « (…) faux différend peinture abstraite-peinture réaliste », d’ailleurs sans incidence notable lorsqu’un système économique est planifié de façon à prohiber la libre possession et circulation des œuvres, à empêcher qu’elles mutent en monnaies d’échange (une telle gratification comptable ne renvoyant pas le sentiment d’être en faveur du peuple), à bloquer l’espoir d’une notoriété par la consécration artistique et marchande. Convenant qu’il « (…) n’y a pas d’acheteurs », Choukri Mesli savait pertinemment qu’aucune émancipation institutionnelle n’était envisageable en dehors du circuit étatique auquel fut intégrée la manifestation de la mairie de Cherchell (montée du 15 au 19 juin 1966 à la salle des fêtes).

Au sein de l’opuscule faisant office de catalogue, il écrivait que «l’Algérie, située à la croisée des chemins entre l’Orient et l’Occident, l’Afrique et l’Europe, reçoit l’apport de toutes les civilisations (…). De culture arabo-berbère (elle) perpétue la tradition de l’Arabesque musulmane (…) tout en faisant siens l’art négro-africain et les recherches les plus hardis de l’Occident et des pays socialistes (…), nos peintres témoignent de la richesse et de la variété de notre art, de son originalité (…), c’est cela l’art populaire». Le texte admettait l’interlocution des cultures méditerranéennes et présageait de l’apparition du langage renaissant réclamé par le psychanalyste martiniquais (Fanon) et le poète pied-noir (Sénac). Dans le présent postcolonial de l’année 1967, neuf « aouchemites » tenteront de le concrétiser en métamorphosant les idéogrammes précédemment repris dans les bijoux et tatouages au henné de femmes berbères, en modulant un legs patrimonial à la fois cosmique, plébéien, héréditaire et préhistorique. Sa mise à jour compensera les trous historiographiques et anthropologiques du récit officiel, déclenchera les coulées et émanations tactiles ou charnelles du « Noûn », « Signe » de ralliement, charge souterraine ou amorce primitiviste d’un mouvement aspirant non pas à « (…) créer une nouvelle École, un groupe unifié par l’esthétique ou la politique », mais à ouvrir « (…) la créativité à toutes les expressions possibles » (Denis Martinez, in Denis Martinez, peintre algérien). Relançant la respiration ou exhalaison peinture-poésie, les complices de l’heure renouaient les liens avec l’immanence des hommes de la caverne, se plaçaient délibérément dans le symbolique non pas en vertu d’une rétroaction commémorative mais des traces ataviques fouinées au cœur des failles topologiques et labyrinthiques. Disposés à poursuivre le « Tri katébien », à déverrouiller les entendements atrophiant la conscience et aperception d’un temps plus lointain, à décanter l’identité close des gardiens du temple, l’îlot marécageux de l’açala (authenticité), du fermé sur soi et sur les autres, Mustapha Adane, Mahieddine Saidani, Baya, Mohamed Ben Baghdad, Rezki Zérarti, Dahmani, Hamid Abdoun, Choukri Mesli et Denis Martinez exploiteront, chacun à leur manière, les parangons antédiluviens, les articuleront selon «(…) un travail plus spécifique à ce qui était fait jusque-là en peinture. Un retour aux sources plastiques traditionnelles, ou plutôt une récupération des traditions plastiques contenues dans la diversité du patrimoine national du Nord et du Sud, de la planète ! Recherche donc d’une synthèse entre le patrimoine ancien de la peinture universelle et création d’un nouveau langage plastique, (…). Aouchem fait partie de cette dynamique en inscrivant Alger parmi les capitales où l’art est en mesure d’apporter une contribution essentielle dans le palmarès mondial » (Choukri Mesli, « Rencontre avec Choukri Mesli », in El Moudjahid, 25-26 mai. 1990).

La prétention universaliste permettra de revendiquer, à l’échelle mondiale, les particularismes féconds de « (…) cette tradition authentique qu’Aouchem 1967 affirme retrouver, non seulement dans les structures des œuvres mais aussi dans la vivacité de la couleur » (Manifeste aouchem, 1967), donc à partir d’une nomenclature formelle et visuelle au sujet de laquelle Choukri Mesli ajoutera que si «(…) j’estime que c’est nécessaire d’inclure tel ou tel signe, s’il est intéressant ou s’il a une plastique, je le prendrais » (Choukri Mesli, « Le Réveil du Phénix », in El Moudjahid, 02 janv. 1985). L’ancien exilé au Maroc l’accaparait d’autant plus qu’à ses yeux «(…), qu’il soit berbère, égyptien ancien, arabe ou sud américain», ce pattern provenait d’un substratum revisité et appartenait aux « (…) gens de la douleur, les gens du Sud. » (ibidem), ou encore à des « (…) civilisations, écrasées hier et aujourd’hui renaissantes, du Tiers-Monde. » (Manifeste aouchem, 1967).

Solidaire des peuples spoliés, Choukri Mesli extirpait des tréfonds de la terre séculaire des figures géométriques, les faisait dialoguer dans un enchevêtrement maniant les ponctuations, obliques, triangles ou spirales, combinant les arabesques et les lignes droites, les courbes et la rigueur mathématique de la tradition arabo-berbère, , retrouvait de la sorte le « rien » et le « tout » humain, le rationnel et l’imaginaire d’un savoir enfoui. De celui-ci, le désormais Algérois dégageait les caractères d’une partition symbolique structurée d’obliques et losanges découpant la surface du tableau sans pour autant provoquer de perspectives. Des rouges vifs rythmaient quelques tracés verticaux et des arrondis prononçaient parfois la fécondité d’une femme-totem aux impressions guerrières car le « Signe » meslinien existait après avoir triomphé de la rigueur architecturale. La bataille graphique ne livrera toutefois pas sa part de spiritualité (anagogie perceptible au sein de l’abstraction européenne ou occidentale) étouffée sous le poids des signifiants maîtres de la culture politique. Contextuellement conditionnés, les rédacteurs du Manifeste aouchem n’échapperont pas euxmêmes à leurs accents protectionnistes. Aussi, émettront-ils l’idée d’un « Signe-icône » défenseur des opprimés et qui a « (…) subsisté malgré toutes les conquêtes intervenues depuis la romanisation ».

Sorti indemne du tréfonds des couches archétypales, il incarnait par conséquent la pureté originelle, « (…) le maintien d’une culture populaire (…), même si par la suite une certaine décadence de ces formes s’est produite sous des influences étrangères » (Manifeste aouchem, 1967). Les apports culturels de ces dernières n’étant pas comptabilisés en tant qu’ajouts positifs mais appréhendés à travers le prisme de la contamination extérieure, Mesli, Adane, Martinez et Saïdani (les scribes du plaidoyer) réitéraient (délibérément ou inconsciemment) les teneurs anti-cosmopolites du Programmes de Tripoli (mai-juin 1962) Obnubilé par la quête des « (…) véritables totems et (…) véritables arabesques », le quatuor oubliera, au nom d’une espèce de principe de précaution, de « (…) rassembler tous les éléments plastiques inventés ici ou là ». İl envisageait une récapitulation « sémio-logique » et lexicale, de mettre à la disposition des dominés une endoscopie de l’Étant, « (…) d’insérer la nouvelle réalité algérienne dans l’humanisme universel en formation, de la seconde moitié du XXᶱ siècle. » (Manifeste aouchem, 1967), mais emploiera les tonalités chroniques d’une mystique révolutionnaire verbale rétive aux porosités sédimentaires, donc aux métissages artistiques Le paradoxe paraissait d’autant plus criant que l’énoncé du manifeste (effectif le 30 avril 1967, soit après l’arrêt du vernissage démarré le 17 mars) constituera un événement historique en raison d’un « happening » (concept introduit en France au début de la décennie soixante et jusque-là localement inconnu) dont les connotations païennes heurteront les philistins du Front de libération nationale (FLN), lesquels n’approuveront pas qu’une galerie étatique puisse accueillir un dispositif dépouillé ne proposant pas une traduction cohérente de la réalité mais (selon eux) déshumanisante et dégénérée de celle-ci. Comment en effet des instances dirigeantes, préoccupées à colporter l’image du socialisme triomphant et aspirant en cela à un art diffusant les valeurs positives et progressistes du développement, pouvaient-elles tolérer la production d’œuvres qui, titillant le paganisme, cultivaient un néo-archaïsme ? La méfiance envers le groupe aouchem s’exprimera dès lors avec véhémence. Attaqué et menacé de toutes parts pour avoir transgresser la notion de « Beaux-Arts » chère à Bachir Yellès, initié dans le champ artistique d’autres croyances, l’usage de médiums déconcertants, il sera accusé d’avoir dégradé l’ idéale « Excellence esthétique ». Face aux menaces récurrentes, Choukri Mesli quittera un collectif réduit en 1968 au trio Akmoun, Ben Benghdad et Martinez, organisera une exposition personnelle au sein du siège de l’UNAP (07 avenue Pasteur), rejoindra quelques mois plus tard la Commission nationale du Festival culturel panafricain. À la disposition du pouvoir militaire, situation au demeurant incontournable pour les prétendants à la célébrité, Choukri Mesli constatera que la fête de 1969 n’aura « (…) mené à rien. İl n’y a pas eu de suite, ni musée d’art africain au sens continental du terme, ni musée d’art moderne. L’idée d’un musée du Tiers-Monde a finalement été concrétisée chez Tito (…) L’euphorie, l’énergie créatrice des premières années de l’indépendance se sont épuisées, les groupes se sont dispersés, chacun est rentré dans son trou, dans une certaine désillusion » (Choukri Mesli, in CHOUKRİ MESLİ, p.99). Les thèmes patriotiques compensant le vide culturel, le peintre s’engouffra (entre 1983 et 1985) dans le cadre étroit du « Programme d’embellissement de la capitale », une entreprise décidée parallèlement au trentième anniversaire du déclenchement de la lutte armée (1954- 1984). La logistique militaro-industrielle mobilisait à cette occasion une flopée d’artistes heureux de l’opportunité puisqu’elle leur offrait la possibilité d’esquisser des portraits de martyrs ou des scènes de guérilla rémunérés à hauteur du cachet symbolique. Nonobstant, un marché de l’art professionnel germera grâce à la galerie « İssiakhem » née dès l’automne 1985. Son directeur, Mustapha Orif, invitait Mesli à y étaler, du 20 novembre au 15 décembre 1986, sa palette de gouaches et de monotypes », à afficher des femmes-Totem que Malika Bouabdellah comparera à des « (…) figures isolées dans un espace aéré (…), qui s’assemblent comme les éléments d’un puzzle. » (Malika Bouabdellah, in texte exposition Choukri Mesli, 1986).

Condamnant la torture subie, l’Argentin Miguel Benasayag dessinera un puzzle au milieu duquel la pièce manquante sera le corps. Or, dans la culture arabo-musulmane, c’est la femme qui occupe le centre du jeu. Vigile structurante du culturel, clef de voûte de la morale et de l’honneur familial, elle emblématise une médiation censée lui proscrire l’individuation. Effaçant les moucharabiehs du sérail, les toiles de Mesli exhiberont des odalisques tatouées jusqu’au nombril, exalteront leur ambiguïté tellurique et hédoniste, divulgueront des seins-spirales et des hanches offertes aux indiscrétions. Cette fois, la littéralité du « Signe » prenait son envol, se libérait des carcans politico-religieux, sortait des cloisonnements hagiographiques au profit d’indices féconds et fécondants que fructifiera la génération suivante. Noureddine Ferroukhi et Nadia Spahis émergeront à la pointe de la filiation meslinienne

Auteur
Saâdi-Leray Farid, sociologue de l’art

 




Une cyberattaque frappe Algérie Télécom

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Cyberinsécurité

Une cyberattaque frappe Algérie Télécom

Une cyberattaque sans précédent a visé, hier jeudi, l’entreprise publique Algérie Télécom, a rapporté la chaîne Ennahar Tv.

Selon le même média, les hackers qui ont mené cette attaque ont essayé de s’introduire dans le réseau commercial et de pirater le système de facturation afin de détourner les comptes de recharge de la 4 G.

Nous avons appris, par ailleurs, que les services de sécurité spécialisé dans la lutte contre la cybercriminalité, ont réussi à identifier l’auteur de cette attaque.

De son côté, Algérie Télécom rassure sa clientèle que la situation est maîtrisée. 

Auteur
Khaled Ouragh

 




Lounis Aït Menguellet : « Siwel-iyi-d tamacahut ! »

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Coup de coeur

Lounis Aït Menguellet : « Siwel-iyi-d tamacahut ! »

Pour beaucoup, les quelques souvenirs de notre enfance sont alimentés, dévorés, ou encore égaillés par une panoplie de sons et de mots : ceux de Lounis Aït Menguellet. L’enfant de toute une nation, de tout un pays qui a su en grandissant, par une magie incroyable de mélodies et de lettres, imprégner toutes les générations de sa poésie devenue culte.

Cinquante ans de chansons, c’est un conte, t tamahacut. En somme une belle histoire. Celle qui écrit ces quelques lignes n’en a que trente-trois certes, mais elle a suivi avec passion ce demi-siècle de chansons. Les parents ont parfaitement rempli leur devoir de transmission. Comme ma voisine française cultivée par ses parents avec du Brassens, les miens fleurissaient mon enfance avec Lounis Ait Menguellet. Bien évidemment que je ne le comprenais que peu, mais une mélodie et une voix suffisaient à l’époque à me transporter là-bas dans les montagnes, à me faire sentir les fragrances des chemins vicinaux qui serpentent les innombrables collines de mon pays. Je distinguais quelques mots parmi d’autres, j’en saisissais le sens mais pas la finalité. Il y avait des images, des odeurs derrière les mots. C’est plus tard, que les mots, les phrases du poète qui continuaient de résonner en moi, prirent tous leurs sens. Et d’un coup me voilà propulsée dans l’univers du poète et du sage.

Grandir avec la chanson de Lounis Ait Menguellet pour nous, enfants nés en France de parents kabyles, c’est créer un lien d’attache avec cette terre de Kabylie que l’on ne connaît que le temps d’un séjour d’été. Pour nous enfants de régions différentes c’est nous permettre d’enrichir notre vocabulaire en synonymes et de réaliser ô combien cette langue est riche. Pour nous enfants parfois crédules, c’est nous permettre d’ouvrir les yeux et de mieux comprendre cette société kabyle, ses mœurs, ses tabous. De mieux en comprendre l’histoire ainsi que celle de l’Algérie à travers un ancien soldat, à travers une mère qui a perdu son fils ou à une femme dont le mari a été fauché par la guerre. C’est nous permettre de réaliser que nous avons une identité, et qu’elle doit être connue, enseignée et perpétuée. C’est comprendre la place primordiale que détient la femme dans cette société bien que patriarcale et de son rôle dans la préservation de cette culture. Gardienne du foyer, elle également gardienne de la langue à travers la diffusion de la poésie et des contes kabyles. Elle est le socle sur lequel repose sa transmission. C’est enfin comprendre et ressentir combien l’amour peut enivrer de bonheur, comme elle peut au contraire avoir le goût amer d’une fleur de laurier…

Je garde en mémoire ce vieux tourne-disque acheté par mon père à ma mère. Ce tourne-disque qui nous réveillait chaque week-end à la maison. A côté de lui, une grande boite en fer. Cette boîte qui contenait tous les disques amassés par mon père une quinzaine d’années plus tard après sa venue de Kabylie en 1952. Ma mère en était la gardienne.

Dans les années 90, les K7 avaient définitivement supplanté les 33 et 45 tours mais cette boîte était toujours restée là, même après que le tourne-disque eut cessé de fonctionner chez nous. Et c’est à cette époque, alors âgée de six ans, que j’eus entre les mains un 33 et un 45 tours de Lounis Ait-Menguellet que je garde à ce jour précieusement.

A l’adolescence, comme beaucoup certainement, j’allais au collège avec mon walkman puis au lycée avec mon minilecteur Cd. J’écoutais de tout mais beaucoup Aït Menguellet. J’étais dans une période où j’étais décidée à comprendre et à pouvoir traduire ses textes.

De cette période, je garde un souvenir marquant et qui m’a permis de réaliser que notre chanson était bien de dimension internationale. Un après-midi, des voisins de souche française, chez qui je me rendais pour la première fois, m’ouvrirent la porte de leur maison. En me laissant entrer, j’entendis une mélodie… Ils écoutaient de la musique et ça chantait en kabyle… Je ne connaissais pas la chanson en question. Comment était-ce possible ?! La voix était bien celle de Lounis Ait Menguellet, mais je ne reconnaissais pas le titre. Il s’agissait de l’album Inagan qui venait de sortir en 1999. Etonnant ! Et qui plus est, ces derniers, comme s’ils s’étaient sentis obligés de se justifier, et de manière très courtoise, me dirent : «nous n’avons pas mis ce disque pour vous flatter, sachez que nous apprécions beaucoup cet artiste ». Mes yeux s’emplirent d’étoiles. J’en étais pleine de fierté mais également de verte jalousie : «ils ont le dernier album de Lounis et pas moi ». Ma réserve de l’époque m’empêcha sans doute de les questionner davantage mais les jours qui suivirent, je m’empressai de me le procurer. Le hasard avait voulu que je tombe sur une famille qui écoutait Lounis et qui sans doute le connaissait depuis plus longtemps que moi.

Sans le savoir, ces derniers me permirent d’affirmer en moi cette spécificité liée à mes origines. De prendre conscience avant tout de la portée de notre musique au-delà des frontières. C’est en cela que Lounis Ait-Menguellet demeure à mes yeux une icône, un monument, mais avant tout un éclaireur, un visionnaire et bien plus que tout le témoin de plusieurs générations à qui il a su ouvrir les portes de nos origines, de notre histoire et de notre identité.

Cinquante ans de carrière… Merci l’artiste.

Auteur
Nassima Chillaoui

 




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