1 avril 2025
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Un arrêté du 10 mai 2017 vient assouplir les conditions à remplir par les ressortissants étrangers

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Soins médicaux en France :

Un arrêté du 10 mai 2017 vient assouplir les conditions à remplir par les ressortissants étrangers

Pourtant, cet arrêté vient assouplir les conditions à remplir, pour les ressortissants étrangers, souhaitant avoir accès aux soins de santé en France. Désormais, la protection universelle maladie (PUMA) permettra une prise en charge des frais de santé pour 20 catégories d’étrangers hors union européenne.

Pour les primo-arrivants, il leur suffira, afin de remplir les conditions d’accès aux soins, de justifier du dépôt d’une demande d’admission au séjour (quelque soit le motif) et être en possession d’une autorisation provisoire de séjour ou bien, précise le texte, justifier d’un document nominatif, en cours de validité délivré par les services préfectoraux.

Le texte établit que « Sont considérés comme étant en situation régulière au sens des dispositions du I de l’article R. 111-3 du code de la sécurité sociale, les ressortissants étrangers titulaires de l’un des documents suivants en cours de validité :

[…]

18. Autorisation provisoire de séjour.

[…]

20. A défaut, tout document nominatif, en cours de validité, délivré par la préfecture du lieu de résidence de la personne permettant d’attester que la personne est enregistrée dans l’application de gestion des dossiers de ressortissants étrangers en France ».

Ce texte est donc venu assouplir les critères d’obtention de la PUMA.

Aujourd’hui, la simple attestation de dépôt d’une demande de titre de séjour suffira à remplir les conditions d’obtention de la PUMA.

Cette décision ne peut être que saluée tant la situation des étrangers souhaitant accéder aux soins de santé est difficile. Très régulièrement, des associations dénoncent les difficultés rencontrées par ces personnes.

Il n’est pas rare de voir certains collectifs d’associations, tel que l’Observatoire du Droit à la Santé des Etrangers (ODSE), rappeler, dans leurs revendications, le droit à une couverture santé pour tous quelque soit la situation administrative au regard du séjour de ces personnes.

Le texte n’est pas aller aussi loin mais il permettra, à certaines catégories d’étrangers, d’être couvertes durant leur séjour en France.

Farid Messaoudi

Juriste

Ex-Responsable du service juridique de la LDH

Ex-Chargé de mission auprès de la FIDH

 

Auteur
Farid Messaoudi

 




De l’égocentrisme à l’hypertrophie du moi !

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Nos hommes politiques

De l’égocentrisme à l’hypertrophie du moi !

Des objections qu’ils s’acharnent tous à combattre et à dénoncer par un vocabulaire contre-réactif encore plus énergique que celui du citoyen d’en bas, lequel ne demande pourtant rien d’autre qu’à être convaincu, et que ses lanternes soient diligemment éclairées. À cet égard, à elle seule, la dernière sortie de Nour-Eddine (la retranscription, avec un trait d’union significatif, est fidèlement reproduite pour être conforme à une signature qui ne prête pas à la moindre ambiguïté ou quelconque confusion quant au sens primaire qu’elle sous-tend ) Boukrouh est suffisamment éloquente pour constituer un exemple absolu d’irritation incompréhensible par la teneur les propos qu’il nous sert, avec une structure quasi vilipendant que notre politique éclairé utilise à son « éloquence défendant » ! Ainsi donc, au lieu de chercher à nous convaincre que le terme égocentrique utilisé à son endroit ne se prête pas à son honorable personne, il s’irrite, s’emporte, conteste, rebondit et proteste avec détermination, en usant de surenchères d’invectives dont le barycentre consiste à taxer de pitoyables journaleux tous ceux qui lui attribuent ce qualificatif qui ne lui sied pas, emboîtant ainsi le pas aux impérieuses sentences formulées tout récemment par la veuve de l’immense (en termes de trous du QI) Boumediene ! À cet égard rien de vraiment nouveau, depuis Boumediene justement, à l’horizon du dédain qui est porté sur nous par la classe politique, que ce soit celle qui, de force, nous dirige ou celle qui aspire à la remplacer !

Awalene, concernant lematindz, la probabilité de présence de journaleux dans ses colonnes est quasiment nulle, pour la simple raison qu’une grande partie des intervenants ne sont pas journalistes, mais des citoyens lambda qui interviennent (en « fahchouchines » désabusés par la marche forcée vers le néant que subit le pays depuis plus de 50 ans) avec pour seul et unique objectif, celui de tenter de rajouter de petites virgules constructives à des débats ouverts à tous, sans pour autant se targuer de quelconque vérité absolue ! Quant aux journalistes du Matin, lesquels doivent se compter sur les doigts d’une seule main, leur attribuer tel qualificatif, c’est souscrire à la sentence de Aek-el-Mali qui s’était permis, du haut d’une suffisance démesurée, eu égard à une stature physique et intellectuelle quantifiable en si peu, de les traiter de « tayabates-el-hammam », au seul motif qu’ils avaient osé faire remonter à la surface tout ce que le fond de la marmite d’un pouvoir sans scrupules contenait, et contient toujours d’abject, et de vilénie au sommet de la gouvernance de notre chère Algérie !

Thaniane, se défendre de quelconque égocentrisme tout en versant dans une utilisation abusive du pronom « Je » à longueur de paragraphes, c’est faire preuve d’une hypertrophie du moi bien trempée ! Au compteur, le texte (construit autour d’un Nour-el-kamar, d’un doigt, et des innombrables imbéciles que nous sommes) affiche pas moins de 21 « Je », 14 « J' », 9 « Moi », et 5 « Me » ! Si ce décompte n’est pas la signature d’une hypertrophie du moi, déroulée en mode accéléré, « fôdra » bien expliquer aux idiots que nous sommes ce que c’est !

Ce qui est drôle dans tout ça, c’est que Monsieur Boukrouh critique l’utilisation du pronom « nous » et y détecte une façon de ne pas s’assumer à titre individuel, au contraire d’un « Je » qui s’assure vaillamment !? Pourtant, à lire d’anciennes contributions, dans lesquelles il est question de « trous de vers » et autres thématiques scientifiques de l’univers, on se dit que nécessairement M. Broukouh doit être un habitué de la syntaxe scientifique ! Une syntaxe dans laquelle toute formulation est ordonnée suivant une rythmique décente, cadencée en sobres séries de « nous admettons », « nous analysons », « nous démontrons », « nous concluons » ! Et jamais en « j’admets », « j’analyse », « je démontre », et « je conclue », pour, justement, insérer la production scientifique, même si elle est individuelle, dans un cadre collectif moins, beaucoup moins…égocentrique ! De ce fait, l’utilisation de la première personne du pluriel est plus à mettre sur le compte d’une « déformation » professionnelle collective bien intégrée et assumée qu’à une quelconque dérobade individuelle de « nos » responsabilités ! Des responsabilités bien maigres d’ailleurs, eu égard à l’impact bien minime de nos nombreux délires, souvent à contre-courant, « nous » le reconnaissons et l’assumons tout autant !

Que rajouter d’autre ? sinon que nous attendons avec impatience la suite de ce projet qu’on nous annonce novateur à l’infaillible, pour ne pas utiliser le terme obsolète de révolutionnaire, lequel a fait son temps, en termes de supercheries et d’artifices, et au nom duquel de nombreux peuples, aux quatre coins du monde, ont été leurrés et, sans ménagement, plongés dans une misère féroce, pour le bien-être de castes dominantes qui ne s’encombrent point de déférences envers des populaces indigènes, souvent héritées d’anciens colons ! Des colons dont ils reproduisent toutes les facettes d’une relation minorité de dominants – majorité de dominés, infâme dans ses moindres entames ! C’est à croire qu’un pacte diabolique a été conclu entre les anciens colons et ceux qui les ont remplacés, sur le dos de populaces autochtones, condamnées à ne jouer que des rôles de dindons de moult farces que les envahisseurs de tous bords se transmettent entre eux pour perpétuer toutes sortes de soumissions terrestres et d’obédiences célestes, concoctées dans des laboratoires occultes et impénétrables au commun des mortels !

À ce propos, le sujet qui nous tient tous (je suppose, si je ne m’abuse) à cœur, nous les lecteurs et commentateurs du matindz, car il constitue la véritable charpente de toute société qui se veut évoluée, concerne celui de la laïcité. Et la question qui s’y prête est comment M. Boukrouh compte-t-il s’y prendre, quelle recette miracle est-il à même de nous concocter pour, enfin, protéger le peuple de ces messages des cieux qui ont dû traverser des myriades de « trous de vers » avant d’atterrir dans une grotte d’Arabie et se propager » via moults conquêtes et massacres, aux quatre coins des continents ? À cet égard, on entend souvent des voix s’élever pour réclamer des mesures fermes afin de protéger l’Islam des dérives des uns et des autres, qualifiés partout de barbares ! De telles voix vont à contre-courant du bon sens, car il ne s’agit pas de protéger de quelconques préceptes de l’influence néfaste des hommes mais, bien au contraire, de protéger les hommes de l’influence néfaste de ces préceptes que de petits malins utilisent depuis la nuit des temps pour aveugler et asservir leurs prochains ! Et telle équation, pourtant évidente dans tout référentiel de logique universelle, semble échapper à tous nos gourous de la politique, qu’ils se réclament de mouvances islamistes, modérées ou extrémistes, ou de composantes diamétralement opposées, les « Shitan-erradjim » de la démocratie ! Evidemment, dans le référentiel de moult illuminés, conquis par, et acquis corps et âme à, ces messages canalisés à travers des « trous de vers » cosmiques, seul un « 3adou-allah » peut se permettre de tels sacrilèges ! En ce qui nous concerne, ma3lich que telle opprobre soit jetée sur nous, car entre être le « 3adou » d’un fictif maître des cieux, ou le « habib » d’un réel Hominidé, cette petite créature perdue sur une minuscule Terre et ses divers lieux, le choix est vite fait et bien assumé !

Maintenant, si M. Boukrouh espère de nous une adhésion totale à son projet, voire des ovations sans questionnements ni conditions, autant faire délivrer ses envolées directement via les minbars des mosquées, et la boucle du consensus habituel de cette « oumma » symptomatique de ténébreuses grandiloquences sera bouclée… sans « nous » !

Et, si dire cela ne fait que conforter en lui l’idée que nous ne sommes que de piètres imbéciles qui n’apercevons que le doigt, à défaut d’y voir la lune, c’est que le « Nour », surtout quand il est suivi d’un eddine éblouissant doit certainement tous nous aveugler ! Faut juste baisser un peu l’éclat et l’intensité du discours ! Nous éclairer c’est bien, mais nous éblouir ainsi, ce n’est pas de « not-faut » si nous n’y voyons que dalle et que nous en soyons tous aveuglés !

Néanmoins, bon vent ! Nous ne demandons qu’à voir émerger des commandants de bord qui savent manipuler la boussole aux fins de faire naviguer le pays sur de meilleures routes maritimes, jalonnées de croisières heureuses, joyeuses et amusantes pour tous, avant de les faire accoster à bon port, sans autres dommages ni additionnels torts que ceux dans lesquels ils se débattent, du temps des roumis à celui de Aek-el-Mali !

K. M.

Auteur
Kacem Madani

 




Début du procès du leader de la contestation du Rif

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Maroc

Début du procès du leader de la contestation du Rif

 Pour sa première sortie en public depuis son arrestation le 30 mai, ce chômeur de 39 ans devenu le visage du mouvement social qui a agité le Rif est resté une simple silhouette dans le box en vitre opaque où s’entassaient une trentaine de prévenus.

Il encourt la peine capitale et les autres prévenus entre 5 et 20 ans de prison, selon des informations obtenues sur place.

Quelques uns des militants du Hirak -la « mouvance » en arabe, nom donné localement au mouvement de contestation né à Al-Hoceïma (nord) après la mort tragique d’un vendeur de poissons- ont commencé à défiler à la barre mardi matin dans une ambiance houleuse. C’est la cour d’appel de Casablanca qui est chargée de les juger en première instance.

La cour a rapidement suspendu la séance en demandant que l’ordre soit rétabli dans la salle, trop petite pour accueillir la cinquantaine d’avocats, les dizaines de proches des accusés et le public.

Nasser Zefzafi, un ex-videur et gérant d’une boutique de téléphone portable était devenu le porte-drapeau de la colère populaire dans le Rif avec ses diatribes enflammées contre « l’arbitraire du makhzen » (pouvoir).

Il avait été arrêté pour avoir interrompu, dans une mosquée d’Al-Hoceïma, le prêche d’un imam hostile au mouvement de contestation.

Par ailleurs, une vingtaine d’autres prévenus, parmi les contestataires arrêtés à Al-Hoceïma entre mai et juin et transférés à la prison de Casablanca, devaient eux comparaître mardi pour la quatrième fois devant la cour d’appel.

Ils sont poursuivis pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’État », « tentatives de sabotage, de meurtre et de pillage » ou « conspiration contre la sécurité intérieure ».

La cour de Casablanca doit aussi se pencher mardi sur le cas du journaliste et directeur du site d’information Badil, Hamid El Mahdaoui, jugé pour « manquements à son obligation de porter à la connaissance des autorités une tentative de nuire à la sécurité intérieure de l’Etat ».

Aux abords du tribunal, une cinquantaine de militants des droits de l’Homme et de proches des accusés ont organisé un sit-in pour réclamer la libération des détenus, dénonçant des « arrestations arbitraires » et fustigeant un « Etat corrompu ».

Auteur
AFP

 




« Le fait d’envisager un 5e mandat est une provocation »

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Mokrane Ait Larbi :

« Le fait d’envisager un 5e mandat est une provocation »

Auteur
Yacine K.

 




Le clan Bouteflika veut-il la guerre ?

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Propos criminels de Messahel :

Le clan Bouteflika veut-il la guerre ?

Je ne sais ce qui est le plus impardonnable chez Abdelkader Messahel, son indigence intellectuelle ou le frappant cynisme avec lequel il prépare l’opinion à la guerre contre le Maroc.

On savait le personnage Messahel plus familier des âneries du sergent Garcia que des prestiges de Talleyrand, on ne le soupçonnait pas si disposé au rôle de brave soldat Shvek. En accusant froidement le Maroc de recycler l’argent du haschisch via ses banques dans le continent, Messahel a agi en parfait écuyer du clan de palefreniers qui fait office de pouvoir en Algérie et que ne répugnerait pas l’idée d’un conflit armé avec le voisin marocain. Quelle splendide diversion à l’impasse à laquelle il a conduit le pays !

Le ministre des Affaires étrangères n’ignore pas que les temps sont mûrs pour les va-t-en-guerre des deux côtés. A lire les forums où s’entredéchirent les jeunes des deux pays, on réalise qu’une certaine jeunesse des deux pays a l’âge des hostilités. Née avec la fermeture des frontières, elle n’a connu que ça : l’insulte, la surenchère dans la calomnie, le nationalisme outrancier, ce nationalisme bête et méchant qu’on croit être du patriotisme et qui n’est, en fin de compte, que l’art excécrable de rabaisser l’autre, de le déshonorer en attendant de pouvoir le tuer ! Oui, le tuer, quand les décideurs politiques jugeront le moment venu de remplacer l’ordinateur par le fusil et de jeter cette jeunesse conditionnée par le mensonge et les prêcheurs de l’apocalypse, dans un champ de bataille, l’instant imbécile où ça fait deux millions de morts.

Des enfants du peuple. Qui les pleurera ? Ils auront fait don de l’unique, de leur vie, pour une harangue enflammée qui les condamne au sacrifice et s’en vont, solennels et imposants, avec une noble naïveté, à l’âge encore vert où l’on croit ne connaître aucune raison de vivre et tous les prétextes pour mourir. Les enfants des amis de Messahel ne risquent rien, ils ont leurs comptes off-shore, leurs appartements parisiens et leur avenir dans les laboratoires secrets où se partage l’argent du pétrole. La guerre, c’est l’affaire des bouseux, des enfants du Rif et des Aurès, vagues martyrs condamnés au sacrifice par des juges invisibles, ceux-là qui ont dicté leurs mots imbéciles à Messahel et qui auront su se servir des emportements de jeunes sans repères et dont ils feront de vagues martyrs dont on oubliera les noms, écrits en petit sur des pierres tombales. Ils seront morts sans avoir jamais su que le héros n’est pas celui qui se précipite dans une belle mort, mais celui qui se construit une belle vie.

Abdelkader Messahel, brave soldat Shvek, vient de s’acquitter de sa triste besogne : jeter de l’huile sur le feu. Il a les qualités pour ça : la médiocrité de l’esprit, l’arrogance des buffles et l’insensibilité des chasseurs de prime. Il a usé du langage imbécile qui fait ravage dans les forums : « L’Algérie n’est pas le Maroc » ; « beaucoup parlent de la présence marocaine sur les marchés africains, en réalité, il n’y a rien (makan walou) » ; « des rapports classent l’Algérie parmi les dix pays les plus stables et les plus beaux », et j’en passe des fadaises de ce calibre. Un discours honteux auquel vont répliquer des Messahel marocains (il en existe !) avec le même talent pour l’injure, si ce n’est déja fait, et le Maghreb aura mis un pied dans l’absurdité et un autre en enfer. Telle est l’Algérie aujourd’hui, gouvernée par des petits esprits, incapables de se servir de ce qui, dans l’histoire des deux pays, unit au lieu de diviser, apaise au lieu de désespérer, de petites créatures maléfiques dont on imagine le bonheur nauséabond d’avoir su trouver un motif supplémentaire pour les peuples algérien et marocain de se déchirer.

Auteur
Mohamed Benchicou

 




Sansal, Khadra, Daoud… loin de l’art de la tragédie !

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Littérature

Sansal, Khadra, Daoud… loin de l’art de la tragédie !

Ah la bonne heure ! Sommes-nous en train d’entrer dans l’ère de la confrontation des idées avec le verbe et la mise à l’écart de la violence infantilisante cuisinée au dogme et à l’insulte. Il faudrait rappeler à ‘’nos’’ politiques que la magie du verbe donne des fruits quand elle est le reflet d’idées claires traduites en projet cohérent et que leurs prometteurs aient derrière eux non pas des casseroles mais des forces organisées. Sinon inutile de s’agiter, il faut plutôt se souvenir de la fameuse moquerie de Staline sur les paroles incantatoires de la sainte papauté : « Le pape combien de divisions ? ».

Quant à nos écrivains, ils n’ont que la langue pour tenir en respect l’ignorance et la bêtise et ils devraient l’utiliser plus souvent et à bon escient si possible. Les polémiques sont enrichissantes car elles sèment des roses pour égayer et des épines pour titiller paysages culturel et politique. Mais l’art n’est pas uniquement plaisir et distraction, il véhicule aussi une vision du monde et une esthétique de la vie. Alors bienvenue à toute joute qui concoure à l’éclosion d’une véritable école de la critique artistique. Pour l’heure hélas, on en est loin, la pertinence des arguments n’est pas toujours au rendez-vous. Cette violence verbale est le résultat d’un poison qui a suffisamment fait de mal à la culture et au tissu social en général. Une violence orpheline de l’absence de la circulation de la parole dans un pays lui aussi orphelin d’une démocratie adulte.

Pour réparer le corps social de ce double statut d’orphelin, donc handicapant, commençons par considérer la liberté d’expression comme une denrée rare qu’il faut protéger sans pour autant oublier que la liberté est toujours le résultat d’un rapport de force. Ceci dit, s’agissant de notre rapport aux œuvres artistiques, tout un chacun a le droit de les analyser en sachant qu’il est plus difficile de lire une œuvre d’autrui que d’écrire la sienne (dixit Virginia Woolf)(1). En revanche quand une œuvre manifestement est truffée de petits mensonges ou d’imprécisions sur des faits historiques, bref quand elle prend une liberté avec l’Histoire qui a déjà rendu sa sentence des vérités établies, on est en droit de combattre cet outrage à notre intelligence. Les triturations des faits enveloppés par la musique des mots peuvent amoindrir les défenses du lecteur forcément séduit par la renommée de l’auteur et par le plaisir procuré par sa langue. Comme je n’ai pas lu encore « Les contrebandiers de l’Histoire », je ne peux porter de jugement sur ce pamphlet.

Avant d’esquisser brièvement mon point de vue sur le travail de trois écrivains ciblés par Boudjédra, je vais emprunter les chemins abrupts de la théorie et de l’esthétique littéraires pour parler des romans des écrivains en question. D’emblée j’ai envie de dire que la tragédie algérienne mérite un autre traitement que celui utilisé par les écrivains en question. Car la tragédie du pays rassemble tous les ingrédients de l’art de la tragédie grecque. Que ce soit « Le village allemand » (Sansal), ou bien « Ce que le jour doit à la nuit » (Khadra), et enfin de « Meursault contre enquête » (Daoud), ces trois écrivains ont, me semble-t-il, délaissé l’art de la tragédie selon Aristote. Ce philosophe a écrit sur cet art inventé par son pays, et lui a donné ses lettres de noblesse. Cet art (suprême) repose écrit-il, sur le socle du temps de l’histoire qui prime sur l’espace et fait appel à l’intelligence qui fouille tous les ressorts que peut ressentir le spectateur. Or dans les trois romans algériens cités, le traitement de nos écrivains est loin de rendre compte et de la densité de l’histoire et de la blessure d’un peuple, à fois victime d’un oppresseur mais moteur de cette histoire.

Boualem Sansal s’est aventuré dans les banlieues parisiennes avec son « village allemand » dans un ailleurs, loin très loin de l’espace où ont été semées les graines de l’idéologie conservatrice et de l’islamisme politique. Ainsi l’espace dans son village allemand (banlieues françaises) n’a jamais vécu au rythme du temps de cette Algérie soumise à une domination étrangère. Pareille séparation de l’espace et du temps crée forcément de la confusion. Car le temps et l’espace liés à une identité (allemande) avec la charge qu’on lui connaît, ne pouvait que plaire dans des pays qui ont du mal à soulager leur culpabilité (Seconde guerre mondiale) mais aussi à fermer les yeux sur leur responsabilité dans le triste sort des banlieues françaises et le contentieux colonial avec l’Algérie.

Quant à Yasmina Khadra ex-militaire de son état, son roman « Ce que le jour doit à la nuit », même constat. Comme l’histoire se déroule en Algérie, le jour comme la nuit « appartiennent » à un espace colonisé et l’histoire fait par son peuple. Comment rendre compte de la noire tragédie coloniale en faisant vivre une histoire d’amour juvénile sous le soleil généreux du pays ? Impossible !

Comme dans le précédent roman (de Sansal) Yasmine Khadra fait peu de cas de la primauté de l’histoire (dixit Aristote) sur l’espace. Il met l’accent sur les personnages qui évoluent dans un espace colonisé qui dilue la véritable épopée des autochtones devenus des oubliés chez eux.

Ces oubliés de l’Histoire, on les retrouve aussi chez Kamel Daoud dans sa quête pour retrouver les traces de son frère. Or il se trouve que son frère est plus que cela pour les Algériens. Ce frère est à la fois la mère, le père, le fils, la sœur de tous, bref c’est l’Algérie dépossédée de son identité et souveraineté. Qu’Albert Camus introduise un « Arabe » sans nom ni identité pour faire la démonstration de sa philosophie de l’absurde qui lui est chère, pourquoi pas ? Mais le lecteur algérien aurait été plus heureux de voir un auteur algérien effacer leur statut infamant de SNP (sans nom patronymique, roman de Boudjédra), à l’Algérien vivant sur sa terre. Voilà le troisième écrivain algérien qui privilégie l’espace dans lequel il erre pour retrouver son frère cherchant à soulager sa mère qui rêve d’une tombe pour que son fils repose en paix pour l’éternité. Daoud (c’est son droit d’avoir des préférences) mais le lecteur algérien est en droit d’attendre dans une œuvre littéraire son retour sur la scène de l’Histoire. Une façon élégante de rappeler au grand Camus que nous avions un nom avec l’arrivée des armées coloniales. Pour le reste, c’est-à-dire une tombe pour l’éternité, on a tout notre temps comme le dit Med Hondo dans son film sur le Sahara (Polisario), « On a toute la mort pour dormir ».

Faire la critique d’un roman en mettant le doigt sur une faille, souligne seulement la difficulté à s’attaquer à des moments de la littérature (ici « L’étranger » de Camus) Et ce n’est pas en allant chercher de l’aide chez Jacques Derrida que l’on doit s’abstenir de noter la faiblesse de la vision philosophique qui traverse une œuvre littéraire. Toute œuvre a sa cohérence et celle-ci est tributaire de la vision de l’auteur. Evidemment le style de l’auteur, son imaginaire et sa liberté d’expression ne sont pas en cause en dépit de l’irritation qu’ils peuvent susciter. Si l’écrivain a des droits, il prend aussi le risque de recevoir tous les coups au nom d’une autre règle, à savoir qu’une œuvre publiée n’appartient plus tout à fait à son auteur.

Revenons à notre souhait de voir la polémique entre écrivains déboucher sur l’émergence d’une critique littéraire de qualité. Cela implique que l’on fasse l’économie des querelles byzantines et des coups au-dessous de la ceinture. La critique acquiert le statut d’institution quand elle décortique une œuvre avec une langue parfois plus raffinée que celle de l’œuvre critiquée. Je pense notamment au pape de la critique Sainte-Beuve (1806/1869) qui a « vu », quelque trente ans après sa mort, ses articles faire l’objet d’une critique, excusez du peu, de Marcel Proust en personne.

Quelques mots encore sur ces écrivains objet de la « vindicte » de Boudjédra. Ils sont tous publiés en France comme du reste Rachid Boudjedra. Mais Boudjedra semble nous dire qu’il reste droit dans ses bottes et ne fait aucun compromis ni sur l’histoire coloniale de son pays ni sur la Palestine occupée. Le rapport entre les écrivains algériens et le monde de la littéraire en France a toujours été victime des eaux troubles de la politique (contentieux colonial). Il a été aggravé par la prétention que la grande littérature en France ne peut exister que sous la plume d’un petit cercle parisien, excluant les régions de l’hexagone (hermétiques à l’universalisme) et les colonies renvoyées à leur folklore. Voir l’article de Mohammed Dib publié dans El Watan le 30/9/2017.

Si l’on ajoute que le système en France obéit à une religion première, celle de la loi du marché, on a fait le tour des obstacles à franchir. Il faut payer en quelque sorte la « douane » pour avoir le droit d’entrée dans le territoire sacré de la « vraie » littérature.

Ainsi l’écrivain algérien outre les obstacles communs à ses collègues français doit montrer patte blanche s’agissant des sujets délicats ou bien à mille lieues des préoccupations de la grande majorité des lecteurs français. En revanche, deux sujets trouvent preneur aujourd’hui, l’islam et le terrorisme. La France découvre que des populations immigrées jusqu’ici « invisibles » posent « problème », problème découlant de leur ghettoïsation mais aussi à cause des contentieux légués par la colonisation. Alors le « peuple » des médias, des flics, des sociologues et autres travailleurs sociaux se jette sur ces livres pour mieux organiser la riposte (« déradicaliser », disent-ils, affreux néologisme) à la menace terroriste.

Pour terminer, imaginons l’histoire d’un écrivain algérien qui s’exile en attendant des jours meilleurs. « Notre » écrivain a quitté son pays il y a quelque trente ans. A cette époque on affichait l’espoir, que dis-je la certitude que l’Algérie allait devenir un dragon d’Asie comme Singapour. Après une longue absence dans une contrée du bout du monde « notre » exilé revint dans son pays. Il trouva les jardins secrets de la société abandonnés aux herbes folles. Le peuple affublé du mot de « ghachi » est harcelé par la dureté de la vie. Il chercha à comprendre les raisons de ce marasme avec son cortège de difficultés. Il identifia alors une catégorie de gens gonflant la poitrine et respirant les volutes chaotiques de l’air du temps où cohabitent une pratique bigote de la religion et une ‘’modernité’’ de pacotille. Ces gens virevoltaient comme feuilles d’automne et ouvraient la porte à l’hiver frustrant ainsi « el ghachi » de la douceur du printemps. Il constata aussi que le froid de la nuit avait congelé les rêves d’antan des jeunes de son quartier. Ses amis aujourd’hui adultes lui parlèrent d’el hogra, le mot le plus usité de la langue populaire. Les ‘’mahghourines’’ n’ont plus que leurs yeux pour pleurer devant les ruines qui obstruent leur vue. La seule petite ’’vengeance’’ de notre ex-exilé, il la trouva dans le triste tableau de la dite catégorie sociale ruminant les souvenirs de ses glorioles de jadis.

Aujourd’hui retraités, les membres de cette « tribu » se distraient en écoutant les murmures des vagues au bord de mer, et dans la prison de la solitude, ils passent leur temps à regarder l’horizon hors de portée de leur âge avancée. Quant à la jeunesse, elle patiente en pataugeant dans un environnement soumis à la banalité du quotidien. Les plus chanceux se contentent de quelque opportunité pour voler quelque plaisir qui échappe à la vigilance des milices du contrôle social. Dans cette vie banale, le cœur saigne, la tête se vide, et l’amour ne peut naître dans une société où fleurissent des mots castrateurs comme Mamenouâ et haram (interdit, illicite).

Notre écrivain se trouva devant le même dilemme qu’il y a trente ans en se disant, paraphrasant Shakespeare : Exil or not Exil, that is the question.

Ali Akika, cinéaste

Notes

(1) Virginia Woolf a écrit un essai sur l’art du roman.

(2) Voir l’article de Mohamed Dib que Salah Guemriche a publié dans son blog à Médiapart, article qui a été déniché par un amoureux de la littérature et publiait dans El Watan.

 




Le ministre de l’Energie met le doigt sur la plaie, mais….

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Code pétrolier

Le ministre de l’Energie met le doigt sur la plaie, mais….

C’est se leurrer que de continuer de croire qu’un petit bonus d’entrée ou une taxe superficiaire qui varie en fonction des zones et des périodes de recherche à moins de 40 à 160 dollars le km² et encore moins la taxe sur les revenus pétroliers qui permet à l’investisseur de souffler comme il veut pour gonfler ses dépenses et diminuer ainsi la base de son calcul, décourageraient les capitaux dans le domaine de l’amont pétrolier pour au moins deux raisons. 

La première revient à l’envergure des sociétés qui viennent. Ce ne sont pas des PME mais très souvent ramifiées aux multinationales dotés d’une assise financière appréciable et d’une expérience avérée dans la prospection, la recherche, l’exploitation, le transport et la commercialisation des hydrocarbures. La deuxième est sans aucun doute l’avantage d’un risque géologique qui leur est très favorable : une probabilité de succès de 0,55 contre une moyenne mondiale qui se situe à moins de 0,2. Par contre la bureaucratie non seulement les « irrite » mais aussi alourdit leur coûts de transaction de départ souvent pour un résultat nul. Cette configuration du climat des affaires arrange les Italiens par exemple, les affaires de corruption qui ont touché les sociétés de ce pays ces dernières années sont édifiants.

Les Chinois s’adaptent et la présence de près 40 000 Chinois en sont une preuve irréfutable, viennent dans une moindre mesure les autres pays avec à leur tête la France qui connait très bien le rouage des affaires en Algérie par avoir fréquenté les Algériens depuis une longue durée. Les autres pays à tendance anglo-saxonne en général et les Américains en particulier n’ont pas cette patience car ces pays évaluent le temps en argent.

C’est malheureusement eux qui investissent beaucoup dans le pétrole et le gaz. Avant de quitter le pays, l’ancienne ambassadrice des Etats-Unis, Mme Joan A. Polaschik avait accordé une interview au journal Liberté. Elle avait déclaré que la bureaucratie reste très lourde en Algérie. C’est difficile d’enregistrer une société en Algérie. Le système bancaire est compliqué.

Les entreprises américaines constatent des limitations dans le libre-échange notamment commercial et pour le transfert des bénéfices des sociétés américaines implantées en Algérie, le fait que le dinar ne soit pas convertible constitue une difficulté pour ces investisseurs. En ce qui concerne la règle 51/49, elle cite l’exemple de Général Electric qui semble à l’aise car elle ramène un savoir faire et détient le pouvoir par sa compétence qui ne gêne en rien qui d’elle ou de Sonelgaz détienne dans l’association des parts majoritaires. Par contre, les autres sociétés notamment de taille de PME viennent en Algérie seules ou en consortium pour mettre sur le tapis une mise risquée et d’insinuer indirectement que les obliger à s’associer avec une organisation qui fait un pas en avant et trois en arrière les dérangent beaucoup. Il se trouve justement que la bureaucratie et ceci est de l’avis aussi bien des investisseurs résidents que ceux qui ne le sont pas, n’est pas spécifique aux hydrocarbures mais touchent tous les secteurs de l’économie nationale.

C’est désormais un sport national. La bureaucratie se développe en créant dans le rouage de gestion des niches de corruption qui sont devenues avec le temps le ciment d’un ordre établi où chacun trouve son compte. Il est le résultat d’un noyautage des institutions de l’Etat à travers le recrutement familial et celui de copinage. Aujourd’hui, si un responsable touche à ce dossier pour tenter de remédier à la situation, tout le monde se sentent touché et lui tombe dessus. Si on déclare la guerre à un fléau social comme compte le faire Monsieur Guitouni, c’est que les règles et les lois qui régissent ce fléau ne sont plus valides et insuffisantes. On est donc contraint de les outrepasser. En général, la guerre gèle les procédures ordinaires pour passer à la casse.

Un des critères majeurs pour qu’un général mène un tel combat : il faut qu’il soit lui-même blanc comme neige, ne traîne pas des casseroles et surtout n’a aucun caillou dans le soulier qui entrave sa démarche.

Les exemples ne manquent pas. Abdelmalek Sellal a tenté de s’attaquer aux dysfonctionnements, dès sa prise de fonction de premier ministre le 03 septembre 2012. Il a échoué dans les dossiers de rajeunissement du secteur public, l’allégement des procédures bancaires, la dissolution des calpiref pour redynamiser les investissements par une répartition efficace du foncier, la réinsertion du secteur informel dans l’économie réelle et bien d’autres. Des efforts appréciables ont été faits au niveau des collectivités locales notamment l’état civil ; pour le reste aucune progression n’a été visiblement constatée mais le système l’a fait sortir par la petite porte comme corrompu lui-même à travers sa fille de 26 ans qui a acquis et avant son mariage avec un Libanais un joli appartement aux Champs Elysées.

Plus récemment, en été 2017, le plus dynamique des ministres qui a occupé plusieurs fonctions dont deux ministères à la fois, promu Premier ministre, s’est attaqué à la fuite des capitaux par des résidents se retrouve aujourd’hui persona non grata. Certaines sources journalistiques le déclarent mis en examen, d’autres carrément aux arrêts.

Auteur
Rabah Reghis, Consultant et économiste pétrolier

 




Et si l’élite algérienne gérait le pays comme celle de la Norvège ?

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Développement

Et si l’élite algérienne gérait le pays comme celle de la Norvège ?

Quelle est exemplaire l’expérience économique de la Norvège ! En septembre dernier, le fonds souverain de ce pays nordique producteur du pétrole a dépassé, pour la première fois après 25 ans de son existence, le seuil de 1.000 milliards de dollars, soit l’équivalent de ce qu’aurait dépensé par exemple l’Algérie dans ses plans de relance économique depuis les années 2000 ou le PIB annuel d’un pays comme le Mexique.  

Outre cette manne financière, ses revenus de l’or noir sont placés chaque année en actions ou en obligations dans les sociétés internationales les mieux gérées (le fonds détient 1% du capital des grandes sociétés cotées en Bourse) bien que ses exportations pétrolières n’aient jamais franchi les 35%. L’exploitation de ce fonds-là a permis, en outre, aux autorités norvégiennes d’engranger une plus-value annuelle de l’ordre de 4% (soit environ 40 milliards de dollars par an), laquelle peut facilement atteindre jusqu’à 10% dans les toutes prochaines années.

Toutefois, il n’est guère, semble-t-il, dans l’intention de ces dernières d’encourager leur population, estimée aujourd’hui à 5 millions d’habitants, à compter sur la rente pétrolière pour vivre. Bien au contraire, elles poussent leurs citoyens à ne plus négliger la valeur économique du travail, à sacraliser la culture de l’effort, à établir des bilans familiaux et à économiser pour gagner bien leur vie comme si la rente de leur sous-sol n’existe pas. 

Ainsi, les Norvégiens pourront-ils tirer de ce fonds souverain l’équivalent du revenu annuel de la Côte d’Ivoire qui compte plus de 25 millions d’habitants et constitue la deuxième économie de la communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), derrière le Nigeria. En plus, grâce à cette politique rationnelle, la Norvège est classée première sur l’indice du développement humain (IDH). Enorme ! Voilà le modèle d’une élite prévoyante et planificatrice à imiter ! 

Or, contrairement à cette Norvège prospère, l’Algérie est une puissance rentière sans aucune perspective économique. Alors que le solde de son Fonds de régulation des recettes (FRR) épuisé en février 2017 n’a servi qu’à combler ses déficits successifs, l’État a besoin de 2 milliards de dollars supplémentaires pour boucler l’année en cours. De même, sa fiscalité pétrolière ayant basculé de 60 milliards en 2014 à 31 milliards en 2017 n’arrivera jamais, sauf miracle, à pallier la défaillance des 287 milliards de dinars du Trésor public annoncés récemment par les autorités publiques. Mais où est la différence entre la Norvège et l’Algérie ? La réponse coule de source : cette bonne gestion qui fait cruellement défaut chez nous.

Auteur
Kamal Guerroua

 




Mouloud Hamrouche : l’Homme du consensus acceptable

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Débat

Mouloud Hamrouche : l’Homme du consensus acceptable

Le 1er Novembre 2017, le haut commandement militaire algérien déposera l’impotent Abdelaziz Bouteflika et le remplacera par Mouloud Hamrouche, coopté de façon à apaiser les esprits surchauffés, à assainir une période de transition politique, économique, culturelle et écologique.

Cette souhaitable, et cependant improbable sortie de crise par le sommet de la hiérarchie décisionnelle, aurait permis de remettre les compteurs à zéro, de reculer la campagne présidentielle à 2020, de laisser ainsi trois années de réflexion au profit de l’ancien chef de l’Exécutif. İl remplit les cases correspondant au dirigeant pondéré en mesure d’orchestrer pacifiquement un pacte installant dans les meilleures conditions les potentiels et futurs candidats à la magistrature suprême. Ses états de service au sein du Front de libération nationale (FLN), ses connaissances des rouages de l’Armée (ALN et APN), expériences acquises au plus près de Houari Boumediène (dont beaucoup sont toujours nostalgiques), et donc comme Premier ministre, plaident favorablement.

Honnête et compétent, le réformateur est de plus suffisamment libéral pour plaire aux artistes, créateurs et entrepreneurs, voire aux pays européens ou occidentaux espérant l’abandon du 51/49, cette clause conservatoire et restrictive régulant le cadre juridique des investissements étrangers. Appliquée depuis 2009, elle exige une collaboration locale majoritaire dans les agencements participatifs extérieurs, un droit de regard d’entremetteurs au cœur des marchés distributeurs, circuits clientélistes tarissant toutes les dynamiques enrôleuses de plus-values. Convenant aux gardiens inquisiteurs de l’empêchement promotionnel ou pseudogarants de la prépondérance nationale, la règle fragilise davantage la souveraineté du pays, atrophie les élans productifs et imaginations compétitives, sécrète les archaïsmes contraires aux mécanismes de la modernité économique, paraît à ce titre aussi dommageable que l’article 63 (ex-51) de la Constitution imposé là aussi en vertu d’une hypothétique défense des frontières. Le protectionnisme renvoie d’ailleurs aux bornes anti-cosmopolites d’un Programme de Tripoli (mai-juin 1962) à l’origine des enfermements idéologiques, de la montée en puissance de l’unanimisme idéal des fous de Dieu, et, par effets rétroactifs, du nœud gordien que constitue la Concorde civile (qanoun ar-rahma).

Préférée à la catharsis permettant de délier les langues de milliers de traumatisés, l’amnistie-omerta blanchit des psychopathes potentiellement récidivistes et ressemble en définitive à une véritable fuite en avant. Sursis compensatoire, elle a différé ce qui, tel un boomerang, reviendra au centre de la problématique : crever les abcès néfastes au progressisme émancipateur ou demeurer à la remorque du temps et de l’Histoire.
L’option Mouloud Hamrouche correspondrait à un moment de pose, à une plage curative pendant laquelle les Algériens communiqueraient à nouveau, penseraient et panseraient leurs plaies, rancœurs et insatisfactions. Souvenons-nous de la lettre ouverte qu’adressera, le 05 juillet 2016, le dramaturge Slimane Benaïssa à Bouteflika, cela à la suite de l’incarcération arbitraire du 24 juin de l’un de ses enfants. Elle débutait ainsi : « Monsieur le Président, en ces jours sacrés de fin de Ramadhan, entre la nuit du Destin et l’Aïd El-Fitr, jour de paix et de réconciliation, je suis un père inquiet et en colère. İnquiet parce que mon fils, Mehdi (…), est en prison, en colère parce que je ne sais pas exactement pourquoi (…), là j’ai peur, très peur. » Finissant par : »Je me rends compte en vous écrivant que je n’avais rien à vous demander, mais (…) envie peut-être de vous parler simplement », la supplique ne s’adressait en vérité pas au locataire de la résidence médicale de Zéralda, physiquement incapable de l’entendre. Elle interpellait plutôt la perspicacité d’autochtones susceptibles d’estimer la portée de son désespoir et impuissance face à la force d’inertie de l’État policier.

Le message était par conséquent celui d’un metteur en scène désemparé ne sachant à quel saint se vouer, en quête de publics attentifs, d’un soutien d’écrivains, cinéastes, réalisateurs, plasticiens ou musiciens eux-mêmes démoralisés, malades à la vue d’autant de gâchis hypothéquant l’avenir des possibles auquel croyaient en juillet 1962 les djounoud du développement durable et équitable. Au lieu de cela, des ruses claniques et contorsions en tout genre enrayeront le modernisme transcendantal que devait amplifier une İndépendance censée élever les mentalités et non les assujettir à une seconde domination symbolique aussi castratrice que la précédente.
Les trois années offertes à l’alternative Mouloud Hamrouche pouvaient contredire les schémas purificatoires de Noureddine Boukrouh, décantations reposant, à notre sens, sur des données sociologiques et anthropologiques aléatoires. Le projet de l’adepte des thèses de Malek Bennabi oublie en effet qu’en Algérie le taux de pénétration d’İnternet reste trop faible (derrière le Maroc et Yemen, la Tunisie ou la Syrie) pour rivaliser avec l’armada médiatique à la remorque de la pérennité du régime en place. Nous préconisons à fortiori plutôt une phase de mises en condition pendant laquelle un capitaine aux coudées franches abaissera les digues inhibitrices, instaurera un processus limitant des partis au profil identifié, c’est-à-dire conforme à la réalité des courants existants au sein de la population.

Ces structures choisiraient ensuite, via des primaires télévisées renouant avec les débats de la culture politique, un candidat, lequel serait en course afin de disputer, avec les autres impétrants, le siège convoité. La démocratie ainsi amorcée gagnerait en clarté tant « Bien nommer les choses, c’est ajouter au bonheur du monde » (paraphrase d’une maxime d’Albert Camus). La nuit dernière, nous avons fait un rêve à partager avec les Algériens de la rive méridionale : à eux de le concrétiser (ou pas) en jours meilleurs.
Saâdi-Leray Farid, sociologue de l’art

 

Auteur
Saâdi-Leray Farid, sociologue de l’art

 




Le certificat de vie du docteur Medvedev à Bouteflika !

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Alger/Moscou

Le certificat de vie du docteur Medvedev à Bouteflika !

La déclaration protocolaire de Medvedev, qui a suivi sa rencontre avec Bouteflika ressemblait à un compte-rendu médicale, une attestation de  » bon état  » plutôt qu’une visite d’État.

Le toubib Dmitri, est venu rassurer (comme l’a fait avant lui le gérontologue François Hollande), sur l’état de santé du président,  » sa grande capacité intellectuelle « , son aptitude à diriger et son  » alacrité  » désormais légendaire.

Il a par là même, administré une épaisse dose de broncho-dilatateur à un régime au bord de l’asphyxie, prit de spasmes à cause de la crise déclenchée par l’allergène Ouyahia ! 

La visite du Premier ministre russe aura cependant rempli deux de ses principaux objectifs : celui de suspendre provisoirement le blocus diplomatique dans lequel s’est mis sottement le pouvoir et celui de desserrer quelque peu l’étau des dernières initiatives de personnalités nationales qui demandent la destitution du président algérien pour des raisons médicales.

La santé du président est si délicate que le pays se retrouve en apesanteur, suspendu entre une rumeur de fin de vie et la promesse d’un règne sans fin. 

C’est un secret pour personne ; Bouteflika ne reçoit plus, ne se déplace plus à l’étranger (sauf pour des soins), ne s’adresse plus à son peuple, ne conduit plus de délégations, n’assiste plus aux rencontres internationales. Les investisseurs fuient un marché risqué, où la valeur de l’action va de pair avec la santé d’un seul homme.

Une quarantaine d’ambassadeurs font la file et attendent leurs visas pour El Mouradia (ou Zéralda), et le président vénézuélien est devenu l’ami des bagagistes à force de faire escale à Alger ! 

Qu’à cela ne tienne, Bouteflika peut compter sur le tovaritch (camarade) Dmitri pour les sortir, lui et son clan, de leur torpeur diplomatique, lui qui n’a cessé, sans succès, de faire des appels du pied au président français Emmanuel Macron et à la chancelière allemande Angela Merkel.

L’appât de la rente pétrolière, qui permettait de pêcher des grandes nations « démocratiques » (bonnes pour la fréquentabilité) et les poussaient à s’écraser sont si maigres que la junte au pouvoir n’a de choix que de se rabattre sur des pays où la démocratie et les droits de l’homme sont sous scellés. La pêche à la baleine a laissé place à celle des piranhas !!!

Et après tout : qui mieux qu’un autoritaire pour donner la réplique à un dictateur ? Qui mieux qu’un régime d’oppresseurs pour laver une caste de malfaiteurs ? Qui, sinon l’administration Poutine, est capable d’offrir son aide à une gérontocratie d’affairistes soutenus par des militaires ? 

L’Algérie est le premier importateur d’armes en Afrique, et les 4 milliards de dollars que récolte Moscou chaque année semblent suffire pour offrir 30 secondes de propagande médiatique à l’impotent Bouteflika ! Docteur Dmitri est reparti en délivrant un certificat de vie à Bouteflika, saignant un peu plus le malade Algérie.

Le contrat rempli, Dr. Medvedev en imminent spécialiste des maladies chroniques maghrébines, s’est envolé en urgence ausculter un estropié, qui rêve quant à lui, de se faire greffer un Sahara : à chacun sa névrose !

Auteur
Hebib Khalil

 




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