23 avril 2024
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Tebboune veut zéro opposition !

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Tebboune veut zéro opposition !

S’il y a un objectif politique qui semble faire consensus au sein des différents dirigeants, issus des multiples coups d’État qu’a connu l’Algérie, c’est bien celui qui consiste à atteindre zéro opposition réelle et incorruptible dans le pays. 

S’il y a une vérité que l’on ne pourrait pas dissimuler aux plus incrédules d’entre tous, c’est que l’accomplissement d’un tel objectif n’aurait pu été possible sans le concours d’une classe politique  fabriquée de toute pièce et une élite aussi servile que docile. 

Quand le peuple meurt brûlé à vif en Kabylie, ou  encore asphyxié par manque d’oxygène dans les hôpitaux du pays, nos politiques et nos élites ne comptent pas les morts et les familles meurtries, ne cherchent pas la vérité, mais compte sur le pouvoir pour savoir quelle main faudra-t-il désigner et quelle autre sera mieux de dissimuler. 

Ce pouvoir a su développer au fil des crises et des drames qui ont secoué le pays, plus particulièrement depuis la décennie noire jusqu’aux derniers événements en Kabylie, une proportion impressionnante à se trouver des alibis et à s’assurer que ses relais politiques, intellectuels et médiatiques soient omniprésents pour nous les faire avaler.  

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Ghachi est pour eux, ce vaillant peuple. Un gâchis est pour nous, ce peuple qui a de tout temps fait preuve d’une grande solidarité nationale, de bravoure, d’une résilience et d’une résistance aux durs complots auxquels il a été assujetti. On ne se trompe pas de peuple, on se trompe de combat. Désormais, la vraie opposition est dans les prisons. L’autre opposition, laissée en liberté pour cautionner le pouvoir, est dans la fiction. 

Dans le drame kabyle, les accusations du pouvoir visent désormais le MAK. Et de fil en aiguille, la main étrangère est du côté du Maroc. On nous apprend que l’islam politique est bien plus menaçant, derrière un écran, dans un salon douillet d’un pays lointain, autour de Larbi Zitout et quelques rescapés du FIS dissous, qu’entre les mains comestibles de Mokri, Bengrina et de Naima Salhi. Et pourtant ! On peut dire que ce pouvoir a le talent héréditaire et que l’islamisme, en s’immisçant au plus profond des institutions de l’État, l’a rendu encore plus pervers. 

Où est-ce qu’elle se trouve l’autre main que l’on veut dissimuler ? Où est-ce qu’elle se trouve, cette main qui tient serviles et dociles toute la classe politique et les élites ? Si l’on assiste à autant d’allégeance, de compromis, de langue de bois et de discours fumeux, c’est qu’elle doit invraisemblablement se trouver du côté des commanditaires, puisque la vérité, celle qui ne se monnaie pas et ne se travestit pas, est davantage  invisible et inaudible que toutes les mises en scène judiciaires et la foule que l’on a bien voulu nous montrer. 

L’objectif  zéro opposition est plus que jamais atteint par les tenants réels du pouvoir. Il a été atteint parce que la classe politique et les élites n’ont d’yeux que pour le jeu de basculement des rapports de forces entre clans du pouvoir. Ils ne peuvent se forger une ligne politique indépendante et incorruptible, une pensée libre et désintéressée, parce que le fond de leurs convictions  n’est qu’allégeance, compromis et compromissions.

Déjà à l’époque des sanglants événements d’octobre 1988, M’hamed Boukhobza, dans son ouvrage  »Octobre 88, rupture ou évolution », envisageait la possibilité  de voir le pays se fléchir entre les mains des élites et des oppositions de façade qui exploiteraient à des fins politiques les événements d’octobre 88, c’est-à-dire essentiellement de prise de pouvoir, au risque de nous projeter dans une période de turbulences dont personne ne peut imaginer l’issue et les conséquences. 

À la lecture des tragiques événements que l’on a connus depuis les événements d’octobre 88, nous mesurons aujourd’hui la justesse et la clairvoyance avec laquelle il a été capable de décrire, sans complaisance, les travers du régime et le rôle qu’allaient jouer, à ses côtés, une opposition de façade et une élite de passage.

Désormais, ce ne sera ni Boukrouh  ni Louisa Hanoune, encore moins Sadi ou Hakim Laalam  et ses écrits, qui s’opposeront clairement et sans ambigüité à cette dictature qui a rendu possible l’intégrisme, le banditisme et la corruption généralisée. En outre, on peut dire qu’il y a longtemps que la classe politique et les élites ont déguerpi la lutte contre le régime pour la laisser entre les mains exclusives des organisations intégristes, au risque d’assister, comme pour l’Afghanistan, au retour triomphal du FIS et de son enfant adoptif, Rachad.

Auteur
Mohand Ouabdelkader  

 




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