18 juin 2024
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Merzouk Hemiane disparu le poing levé

Dans la galaxie de la presse et du théâtre, chacun aura gardé un bout de la vie de Merzouk Hemiane. Artiste touche à tout, journaliste à ses heures, rebelle et fils adoptif (excusez du peu) de l’immense Kateb Yacine, Merzouk a rendu l’âme il y a deux jours.

Le fils du village d’Ath Aabi (Iferhounene), de cette Kabylie généreuse et courageuse s’est donc éteint ce matin. Merzouk Hemiane était l’une des incarnations du célèbre groupe Debza.

« Ana oumri ma kount mesaoul, moi je ne fus jamais responsable », chantait-il. Il me peine de savoir cet homme, qui parlait le point levé, mort. Car il avait plein de choses à dire, à chanter et à écrire…

Nous sommes des centaines, peut-être des milliers, à avoir échangé et maintenant gardé le souvenir de cet artiste né. Oui, ce ne pouvait être autrement. Merzouk a été pris tôt sous l’aile rebelle de Kateb Yacine.

Je garde toujours en mémoire une de ses soirées mémorables que nous avions passées dans la maison de Kateb Yacine, à Ben Aknoun (une maison devenue celle de Merzouk). C’était au printemps 1995. Je devais écrire un article sur Kateb Yacine. Raconter ses habitudes, une journée de l’écrivain…

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Les emplettes faites au marché de Ben Aknoun, nous sommes rentrés. La soirée s’étendait entre un verre, un coup de fourchettes dans le plat de poivrons-tomates préparé par Merzouk et des souvenirs sur le dramaturge et ses amis à Ben Aknoun. Merzouk était intarissable. 

Il était tout heureux de dérouler les plis de sa mémoire… « J’ai parfois le sentiment que j’ai vécu un siècle avec Yacine, c’est fou… », s’émerveille-t-il au mitan de la nuit. Vers 2h du matin, alors que le couvre-feu était déjà bien entamé, une voix se lamente derrière la porte d’entrée : « Yacine, ya Yacine hel el bab » (Yacine, ouvre-moi la porte). J’étais étonné. « C’est Ziad, chaque fois qu’il descend de Kabylie, il vient ici… Il a dû cuver quelques bouteilles avec les amis d’Alger. Depuis la mort de Yacine, il ne s’en remet pas. Chaque fois qu’il vient ici c’est si Yacine l’attendait», me souffle Merzouk.

La voix de l’inénarrable Mohamed Saïd Ziad se fait encore entendre : « Pourquoi tu m’as abandonné Yacine ? Hel lbab ».

Merzouk ouvre la porte à cet invité que ni la nuit ni le couvre-feu n’empêche de mener sa vie à sa guise. Mon hôte accueille le vieux journaliste et lui prépare un lit pour endormir les souvenirs qui l’agitent.

Aujourd’hui Merzouk a rejoint Kateb Yacine, Mohamed Saïd Ziad, M’hamed Issiakhem et bien d’autres compagnons des lumières.

Paix à ton âme cher Merzouk.

Hamid Arab

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