18 mai 2024
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Bensalah, Gaïd Salah et la main de Dieu !

DECRYPTAGE

Bensalah, Gaïd Salah et la main de Dieu !

Depuis 48 heures les évènements se précipitent,  les débats sur les plateaux télé s’enflamment et les influenceurs de tous bords doublent de virulence. La tension monte et la protesta se radicalise dans ses revendications ne faisant que réagir à une succession de provocations aussi maladroites qu’inutiles.

Tout d’abord la gestion sécuritaire des manifestations bascule du Silmya Silmya (pacifique, pacifique) à une riposte musclée, durant les deux journées successives menées par les étudiants puis par les syndicalistes à Alger, dont la capitale aurait pu se passer.

Les manifestations du mardi 9 et du mercredi 10 avril font l’objet, pour la première fois, depuis le début des marches pacifiques, d’une répression massive, qui plus est, peut être qualifié de non conventionnelle. Hormis les moyens classiques que sont le  jet d’eau, le matraquage ou encore l’interpellation dont ont été victimes les manifestants il est fait état de l’utilisation de canons à sons, prohibés dans une grande partie des pays développés. Ces engins potentiellement mortels peuvent être à l’origine de graves lésions du système auditif et neurologique.

Le harcèlement de militants des droits de l’homme et d’avocats ont provoqué une grève lancée par le bâtonnat national. L’interpellation de maître Salah Dabouz, militant des droits de l’homme, et les poursuites engagées par le parquet de Tlemcen contre Maître Chatri, sont à l’origine du  débrayage organisé par les avocats et largement suivi à travers le pays le 10 avril.

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Les pratiques d’intimidation et d’interpellation de journalistes, mis en veille durant ce mois et demi, refont leur apparition. La famille d’Abdou Semmar, éditorialiste et fondateur d’Algériepart, est ciblée. Il est victime d’une tentative de musellement terrible, lâche et abjecte. Un individu inconnu met le feu au véhicule de son épouse pendant qu’elle récupère ses enfants de l’école, traumatisant ainsi toute la famille.

Il semble qu’un nouveau ton soit adopté en ce qui concerne la gestion sécuritaire des évènements. Cette mutation dans la manière de manager cet aspect de la protesta, paraît coïncider avec les changements à la tête de l’appareil sécuritaire. Elle se veut moins conciliante, moins proche, moins fraternelle qu’elle ne le fut auparavant. Ces prémices ne peuvent être qu’annonciateurs de lendemains encore mois sereins.

La dernière intervention de l’état-major, aussi tapageuse que menaçante, vient à point nommé éclairer, finalement, l’opinion publique sur les réelles intentions ou plutôt exigences de ceux qui nous gouvernent.

La convocation du corps électoral pour le 4 juillet, par le chef de l’Etat nouvellement désigné, en s’appuyant sur une constitution depuis longtemps bafouée, finit de renseigner les Algériens sur le sort réservé à leurs revendications.

En d’autres termes la proposition du système aux marcheurs, est de faire perdurer ce même système, rejeté en bloc et unanimement, qui n’a cessé de les écraser, les étouffer, les spolier, les dépouiller, de promouvoir la médiocrité  et enfin de marginaliser systématiquement leurs élites depuis 57 ans et. Rien que cela.

Les 60 jours de révoltes pacifiques n’y ont rien changé. Après avoir proposé un cinquième mandat pour le président démissionnaire, puis reculé suite à la pression populaire, le rallongement d’un quatrième et s’être rétracté grâce à l’endurance des millions de  manifestants, nommé un gouvernement et un chef d’état décriés, voilà qu’aujourd’hui, on exhorte les marcheurs à stopper leurs revendications et à accepter le calendrier électoral proposé. Une élection prévue pour le 4 juillet par un chef d’Etat contesté, sous l’égide d’une administration dirigée par un chef du gouvernement honni et maîtrisant parfaitement l’art de la fraude, supervisée on  se demande de quelle manière par l’armée, à partir d’un fichier électoral obsolète, régie par une loi électoral tout aussi vétuste, dans un délai de 90 jours.

Le moins que l’on puisse dire est que cette offre paraît irréalisable au vu de ce qui se dit s’entend, s’écrit et se lit sur les différents supports, à travers  les discussions ainsi que lors des débats privés et publiques. L’état-major menace, la société civile réplique : dans le cas le plus défavorable, elle ne se rendra pas aux urnes. Comment donc espérer organiser une élection sans électeurs ? Par quel miracle et quelle magie ?

Les tenants de la décision s’entêtent à ne pas entendre. Les marcheurs se mobilisent depuis le 22 Février pour changer de mode de vie, pour transformer ce pays devenu un enfer à ciel ouvert pour ses jeunes, en une Algérie dans laquelle  il fait bon vivre, où il est permis d’espérer, de rêver, de se développer, d’évoluer.

A ces nobles aspirations, on rétorque par des discours du passé, on invoque des raisons surannées, signes d’une nervosité et d’une panique de plus en plus préjudiciables pour les uns comme pour les autres. Quel intérêt pour l’armée et son peuple de se retrouver face à face dans un duel dont les conséquences ne peuvent être que néfastes ?

Les paroles n’ont de sens que si elles sont accompagnées d’actes. Comme disait feu Talleyrand, grand ministre des affaires étrangères français, la parole a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée. Les algériens, et surtout les plus jeunes, demandent à voir ces pieuses volontés transformées en actions palpables incontestables et quantifiables. Or, à ce jour, mis à part le départ de l’ex-président, les hommes qui composent le paysage étatique et gouvernemental sont issus du même terreau qu’auparavant. Ils ne peuvent, ni induire ni conduire un quelconque changement,  ni une transition juste et honnête. L’histoire de l’humanité devrait être le référentiel indispensable de tout homme d’état. Il devrait y puiser les leçons essentielles et nécessaires pour un exercice subtil, intelligent du pouvoir.

L’un des enseignements fondamentaux à tirer de l’épopée humaine est le fait que les gouvernants ne résistent jamais aux torrents populaires, qu’ils finissent toujours par les emporter s’ils n’ont pas la perspicacité de les suivre. Toute autre velléité est vouée à l’échec. Pourquoi ne pas le comprendre, l’assimiler et le voir ?

A un simple ouvrier marcheur on pose la question : mais pourquoi le pouvoir ne répond  pas aux demandes des citoyens ? Il répond avec sa logique terre à terre, mais ô combien pertinente : Rabi (c’est dieu), sinon comment expliquez-vous cet aveuglement ? Ils auraient pu et dû déjà trouver une personne de leur entourage et la proposer comme président quelques mois avant la date prévue des élections. Le peuple n’aurait rien vu, tout avalé et les citoyens seraient toujours plongés dans leur sommeil.

Rien n’aurait changé. Nous ne serions pas en train de marcher pour demander le départ de ce système. Mais Dieu n’a pas voulu. 3mahoum Rabi ou Mazalou 3amihoum (Dieu les a aveuglés et il continue de les aveugler).

 

Auteur
Djalal Larabi

 




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