3 mai 2024
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El-Harrach, cellule N° 40 (Acte VI)  

Chronique d’un confiné 

El-Harrach, cellule N° 40 (Acte VI)  

De gros nababs ayant dirigé le pays et ses finances se retrouvent encastrés dans une cellule de la célèbre prison d’El Harrach, à Alger. Une salle où l’ambiance qui y règne, en ces temps de pandémie, mérite un plongeon entre ces murs, histoire d’en rire ou d’en pleurer. C’est selon.

Les gardiens n’avaient point besoin qu’on leur explique la situation. Arrivés dans la cellule, ils découvrent le martyr-vivant mouillé comme un petit oiseau, et sa mèche lui tombant presque sur les yeux.  

Les uns tombent après les autres, se roulant par terre, surtout qu’El Fakakir avait, entre temps, rejoint son lit comme si de rien n’était. 

Chahid-El-Hey les supplie de lui changer de couverture et de matelas, mais en vain. Les gardiens,  ayant déjà une dent contre lui, ne manquent pas l’occasion de lui signifier que ce n’était que justice. 

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– Bien fait pour toi le bain de minuit, cela t’apprendra à ne plus jouer au docteur. 

Les gardiens repartis donc, le médecin malgré lui demande à ses anciens acolytes de lui passer une couverture pour l’étendre par terre et dormir. Mais il fait tellement froid cette nuit.

H’mimed, et en se dandinant dans son lit, lui lance sur un air moqueur : 

–  Tu devrais en profiter pour passer le reste de la nuit à prier, c’est peut-être un signe de Dieu… 

Chahid El-Hey ne réplique pas. Sa situation déjà embarrassante, il se contente de s’allonger sur l’autre face du matelas, sans pour autant réussir à dormir. 

Les autres détenus aussi, de peur de recevoir la même visite. 

Au matin, l’atmosphère est nauséabonde dans la cellule N° 40. Les détenus protestent énergiquement et les gardiens daignent enfin assainir les lieux. Cependant, toujours pas remis de l’incident de la veille, ils réclament le transfert de leur camarade dans une autre salle. Mais le directeur de l’établissement affiche un niet catégorique. 

Et que voici la nuit encore venue. 

El Fakakir aperçoit une silhouette. Cette fois-ci, il se lève de son lit sans faire de bruit. Il s’approche maintenant de sa proie tel un prédateur, sans le moindre faux pas. Au moment propice,  il fait un bond en avant pour s’emparer de sa cible et l’étrangler.  

– Hani h’kemtek ya Bou-Chlaghem, drahem ta3 l’khazina rahou ga3 fel botox ta3 lep’nouate, wana n’djewez l’habs wahdi (Je t’ai enfin attrapé Bou-Chlaghem, tu as siphonné la trésorerie publique à financer des usines de botox pour pneus de véhicules, et c’est moi seul qui encaisse). (1)

Le pauvre détenu est sur le point de rendre l’âme, lorsque les gardiens arrivent pour le délivrer des mains du déchainé. 

Alilouche a failli y passer. A suivre… 

M.M.

Renvoi

(1) : Un ancien ministre, aujourd’hui en fuite à l’étranger, avait accordé des  financements à coup de dizaines de milliards de dinars, pour des usines de montage de véhicules, qui se sont avérées des «ateliers de gonflage de pneus».  

Mail de l’auteur : mehdimehenni@yahoo.fr

Auteur
Mehdi Mehenni

 




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