9 mai 2024
spot_img
AccueilCultureFlânerie de l’écrivain à Bruxelles

Flânerie de l’écrivain à Bruxelles

ERRANCE

Flânerie de l’écrivain à Bruxelles

«Alors que Paris vous rend parisien et que Londres londonien, Bruxelles ne vous rendra pas bruxellois, elle vous permettra d’être vous-même. Ses habitants cultivent une chaleur qui manque au climat. » Éric Emmanuel Schmitt

J’ai beaucoup voyagé, j’ai toujours voyagé. De New Delhi à Montréal, de Saint Pétersbourg à Marrakech et d’Istanbul à Washington. Je me suis trimbalé un peu partout sur les routes terrestres ou aériennes de notre belle planète bleue. Etudiant, j’ai même fait de l’auto-stop pour aller visiter Venise et, après l’Italie, je me suis retrouvé dans des voitures brinquebalantes qui roulaient à travers les magnifiques routes de la Slovénie, de la Croatie, de la Bosnie-Herzégovine, du Monténégro, de la Serbie, de l’Albanie, de la Macédoine, de la Grèce, de la Turquie et retour par l’Ukraine, la Pologne, la République tchèque, l’Allemagne et la Belgique.

C’est de Belgique, justement, qu’il sera question dans cette chronique. Petit pays créé par la perfide Albion, sous le nom de Pays-Bas, à la suite de la défaite de Napoléon à Waterloo en 1815 face aux armées britannique, allemande et néerlandaise, pour contrecarrer les projets de l’empereur de s’emparer du flanc nord qui jouxte le Quiévrain. Par la suite, la Belgique est née de la Révolution de 1830 qui a permis de repousser l’armée hollandaise. Bruxelles reconnue, comme la capitale d’un pays indépendant, par les puissances européennes de l’époque.

Retour à la Belgique d’aujourd’hui et plus précisément à Bruxelles que j’ai visité de nombreuses fois en me cantonnant aux endroits stratégiques comme tout touriste qui se dirige instantanément vers les lieux les plus communs, même si ces lieux sont aussi beaux que la Grand Place, mondialement connue pour ses sublimes immeubles ornés d’une architecture flamboyante.

- Advertisement -

Je suis retourné récemment à Bruxelles et j’ai découvert toute autre chose en cette époque de crampes et de désaccords multiformes. Alors que nos liens avec les autres se disloquent, et que les mots affabilité, bonne volonté, empathie ou cordialité perdent de leur sens premier, j’ai trouvé dans Bruxelles, pour la première fois, un lieu de magie et de grand art. Et grâce à cette virée, je continuerai nécessairement à chercher cette magie et cet enchantement au cœur de la capitale de l’Europe. 

Grâce à la sublime Soade, magicienne émérite, j’ai visité le Belga sur la place Flagey où j’ai dégusté une Maredsous bien fraîche. Le Belga est un lieu pour se perdre, c’est même un haut lieu de perdition, ce qui n’est nullement à mésestimer. Loin des flonflons habituels, on se perd dans la multitude présente, dans la douceur du temps, dans les yeux de son vis-à-vis et dans la simplicité et dans le dynamisme des gens.

Je voyage parce que j’aime bouger, parce que l’errance est d’abord un voyage intérieur pour se retrouver soi-même, parce que c’est un bonheur que de fouler d’autres terres humaines, d’écouter d’autres idiomes, de goûter d’autres saveurs, d’approcher d’autres cultures… Et parce que l’on possède un besoin viscéral d’aller vers ce que l’humanité a de plus sublime ! 

Comme tout un chacun, j’ai besoin de personnes lumineuses, bienveillantes, vivifiantes et inventives qui incarnent les lieux et les partagent. Soade a été le guide parfait qui connait Bruxelles mieux que personne. Les lieux, ce sont avant tout les gens de l’emplacement. Un soir, nous nous sommes attablés au Callens café, avenue Louise, avec Sam et Alain, joli frère comme il se doit ! Tout y était : conversations bruyantes, rires qui s’étirent, en accueil et en service si sympathiques par un bonhomme qui faisait son « zievereir » … C’est un endroit agréable. C’est le lieu de Soade, de Sam et d’Alain qui aiment partager et vous faire connaître ce qui est beau. Et ce sera votre lieu aussi quand vous en aurez envie.

Ici, il n’y a pas de point de vue sur la Grand Place ou sur un lac ou sur une montagne dont le sommet est enneigé mais sur des tables, des verres de vin et des planchas bien goûteuses et ça dit tout. Cela te dit que tu peux réserver et débarquer avec tes amis, ton amoureuse, et que l’on va bien te recevoir et que tu vas y passer un somptueux et long moment bavard. Ce n’est pas théâtral mais c’est heureux, très heureux. Et c’est cela Bruxelles, c’est magique ! La ville n’est pas uniquement un lieu de bière et de bouffe mais un retour aux rencontres heureuses ! 

Et tant qu’à faire, il faut pousser jusqu’à Woluwe-Saint-Lambert, Etterbeek, Schaerbeek ou Ixelles. C’est là désormais que j’ai envie de planter ma tente, de m’y baigner dans la douceur des soirs et me gaver de musique, de bière et de poésie, admirer les étoiles, étendu sur l’herbe du jardin de Kraainem et rencontrer des gens heureux

Prenez votre voiture, dirigez-vous vers Forest, Jette, Saint-Josse-ten-Noode ou le parc du Cinquantenaire par les petites routes. Parce qu’un lieu, je le répète, c’est souvent les gens.

Auteur
Kamel Bencheikh

 




LAISSEZ UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

ARTICLES SIMILAIRES

Les plus lus

Les derniers articles

Commentaires récents