Dimanche 15 septembre 2019
Osons la désobéissance civile !
La désobéissance civile, dans le contexte actuel du pays, est un éloge de l’héroïsme. C’est rendre justice à ceux qui ont versé leur sang pour que vivent libres les enfants de ce pays.
Ce qui fait vivre cette junte et ceux qui gravitent autour, c’est cette manne financière qui est, à la fois leur salut, mais aussi leur drame.
On ne peut pas être plus pauvres que ce que Bouteflika nous a infligé. On ne peut pas être plus affamés que ce que la pègre nous a volé. On ne peut pas être plus larvés, privés de nos libertés que tout ce que leurs prédécesseurs nous ont infligé. Nous sommes de ceux qui produisent les richesses dans ce pays, alors faisons en sorte que plus rien ne fonctionne, qu’aucune main propre dans ce pays ne vient porter sa dîme à l’ogre qui l’affâme.
Décrétons des journées mortes où, les seuls morts vivants de ce pays, seront eux, avec leurs hordes affolées, au bout de l’asphyxie, parce qu’ils n’auront plus de pétrodollars à humer.
La désobéissance civile est une forme d’objection de conscience, de refus conscientisé d’une injustice qui a trop duré et d’une justice qui peine à exister. Le peuple, quand son espace vital d’expression libre est complètement verrouillé, se doit de se mobiliser et de s’unir autour d’une plateforme de désobéissance civile afin de s’affranchir des hommes, des règles et des lois infâmes qui l’avilissent. C’est un devoir éthique que la situation du pays nous impose, surtout lorsqu’on sait que les tenants actuels du pouvoir à l’instar de leurs prédécesseurs, militaires déguisés en civiles ou des civiles à la solde des militaires, perpétuent les mêmes mécanismes de domination : les arrestations arbitraires des voix dissidentes, l’instrumentalisation de la justice à des fins de règlement de compte et de vendetta, et la manipulation de l’opinion publique par le seul moyen de la peur comme mode de négociation.
Gaïd Salah, par sa volonté de nuisance, sortie de son atavisme endémique, essaie de replanter le régime là où le mouvement de protestation, par son abnégation, essaie de déterrer les racines structurelles qui les agrègent. Hannah Arendt, dans les origines du totalitarisme, explique clairement que le régime totalitaire est animé par une logique de la déraison qui le pousse à asseoir une domination totale, la seule forme de régime où la coexistence n’est plus possible. Gaïd Salah veut sortir l’Algérie d’un régime dictatorial pour la pousser vers un système totalitaire.
Pour ce faire, il impose sa feuille de route, brandit l’ordre d’appel pour des présidentielles, parce qu’il veut son président, son major d’homme, celui qui sortira de ses illusoires et non pas celui que le peuple, librement, élira des isoloirs. Il sait qu’il ne peut rester longtemps sans être inquiété, lui qui, dans un passé récent, était tantôt le protecteur tantôt le géniteur d’une partie de la pègre qui croupit en prison, souffle le chaud et le froid sur la scène politique, tant qu’il n’assurera pas ses arrières : un président qui avalisera officiellement la transition du régime d’un clan à un autre sans heurts ni compte à reddition, une sorte de passation des consignes avec les éloges et les remerciements pour services rendus (entre eux) à la nation.
Gandhi, Luther King ou Tolstoï ont tous fondé la désobéissance civile sur la primauté de la conscience sur la loi. Le respect de la loi vient après celui du droit humain. Alors, osons être des Hommes au sens éthique du droit humain, osons la désobéissance civile.