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lundi 7 juillet 2025
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Condamnation de Merzoug Touati: «choquante» et «injustifiée», selon Amnesty et RSF

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Répression

Condamnation de Merzoug Touati: «choquante» et «injustifiée», selon Amnesty et RSF

Amnesty international (AI) et Reporters sans frontières (RSF) ont dénoncé vendredi la peine « choquante » et « injustifiée » de dix ans de prison ferme, infligée la veille par la justice algérienne à un blogueur pour « intelligence avec une puissance étrangère ».

Merzoug Touati est incarcéré depuis qu’il a été arrêté à Béjaia en janvier 2017, après avoir appelé sur son compte Facebook à protester contre la nouvelle loi de Finances et diffusé sur son blog un entretien vidéo avec un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères.

Jugé jeudi pour « intelligence avec les agents d’une puissance étrangère de nature à nuire à la situation militaire ou diplomatique de l’Algérie », des crimes d’atteinte à l’autorité de l’État, de subversion et un délit de « provocation directe à un attroupement », il était passible de la peine de mort.

« Il est tout à fait choquant que soit infligée une telle peine à quelqu’un qui n’a fait qu’exprimer son opinion pacifique sur internet », a réagi dans un communiqué Heba Morayef, directrice d’AI pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

« En tant que journaliste-citoyen, Merzoug Touati a le droit le plus strict de rendre compte du monde autour de lui et du pays dans lequel il vit », poursuit la responsable de l’organisation de défense des droits de l’Homme.

« La liberté d’expression reste menacée en Algérie »

Amnesty estime que « l’arrestation de Merzoug Touati, son procès et le verdict contre lui sont des preuves supplémentaires que la liberté d’expression reste menacée en Algérie » et appelle les autorités algériennes à « libérer immédiatement et sans condition M. Touati, prisonnier d’opinion ».

De son côté, RSF, qui a classé en 2018 l’Algérie à la 136e place sur 180 pays en matière de liberté de la presse, a dénoncé une « condamnation disproportionnée et injustifiée ».

« Une publication sur les réseaux sociaux ne saurait conduire à des peines aussi lourdes de prison ferme », souligne Souhaieb Khayati, directeur du bureau Afrique du Nord de l’organisation de défense de la liberté de la presse qui appelle « à l’abandon des charges qui pèsent contre le blogueur ».

Auteur
AFP

 




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Le festival international de la caricature se poursuit avec Biz

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Exposition

Le festival international de la caricature se poursuit avec Biz

Après avoir publié Guy Badeaux (Bado), dessinateur éditorialiste canadien, le Palestinien Fadi Abou Hassan alias FadiToOn, Ghilas Aïnouche, l’Américain Pat Bagley, Ahmed Medjani nous mettons en ligne Biz.

Rappelons que le festival de la caricature et du dessin de presse devait se tenir à Oran. Mais les autorités en ont décidé autrement. En bloquant son organisation. Pourtant, une cinquantaine de caricaturistes algériens et étrangers ont donné leur accord pour participer à cette grande première. Pas seulement, ils avaient montré beaucoup d’enthousiasme à venir en Algérie. Alors Le Matin a décidé d’accueillir sur sa modeste plateforme une partie des dessins destinés au Festival d’Oran.

Bio de BIZ

Bizalion Pierre alias Biz est tombé par hasard dans le dessin en 1978. Depuis, il n’a pas réussi à s’arrêter !
Il a travaillé pour la presse quotidienne (La Croix, Sud-Ouest, L’Alsace, La Dordogne Libre, L’Est Républicain Centre Presse), réalise des dessins et des jeux pour la presse périodique (Le journal de Mickey, Kid’s Mag, French Weeks, etc..). Il a travaillé aussi pour la presse spécialisée (Coordination nationale infirmière, Confédération paysanne 24, CHART’S, KOKI INFOS, MACIF).
Conçoit également affiches, illustrations pour des ouvrages éducatifs, expositions, et des dessins pour Internet.

Animations caricatures et dessins en direct au cours de congrès et séminaires.

Lauréat du concours « Cartoons in Tavagna » en 2016 et 2017.
Prix de la Ville d’Orléans en 2017. Le dernier album sorti : « Le Sud, carnet de croquis ».
Site internet : www.biz-humour.com Blog : http://bizhumour.over-blog.com

 

 

Auteur
La Rédaction

 




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Expulsion arbitraire des migrants: le régime algérien répond à l’ONU

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Polémique

Expulsion arbitraire des migrants: le régime algérien répond à l’ONU

Le régime algérien a exprimé au Bureau du Haut-commissaire des droits de l’Homme des Nations-Unies, par la voix de son Représentant permanent à Genève, sa « vive désapprobation » des propos « inacceptables » tenus par sa Porte-parole concernant les conditions dans lesquelles auraient été reconduits, dans leurs pays respectifs, des migrants séjournant illégalement sur ces terres, indique vendredi un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

« A la suite de la récente déclaration faite par la Porte-parole du Bureau du Haut-commissaire des droits de l’Homme des Nations-Unies concernant les conditions dans lesquelles auraient été reconduits, dans leurs pays respectifs, des migrants séjournant illégalement en Algérie, le Représentant permanent de l’Algérie à Genève a été instruit pour exprimer au Bureau du Haut-commissaire des droits de l’Homme la vive désapprobation des autorités Algériennes des propos inacceptables tenus par sa Porte-parole et demander des clarifications sur les raisons l’ayant conduite à faire avec une aussi insoutenable légèreté un tel procès d’intention à l’Algérie », précise le MAE.

« Ces propos, parce qu’ils se fondent sur de simples allégations parcellaires approximatives et non vérifiées, rapportées, du reste, au conditionnel, constituent une grave entorse à la vérité et un manquement grave à l’obligation de rigueur, de prudence et d’objectivité à laquelle doit s’astreindre, en toutes circonstances, le Bureau des droits de l’Homme, en particulier lorsqu’il s’agit de questions aussi sensibles et aussi complexes », ajoute la même source.

La MAE précise que « les mesures de reconduite aux frontières se font conformément à la loi algérienne, aux obligations internationales de l’Algérie et dans le strict respect de la dignité et des droits humains des personnes concernées ».

Ces mesures « s’effectuent avec l’accord préalable des Autorités des pays concernés qui procèdent à l’identification des intéressés et la délivrance des laissez-passer consulaires et avec la participation de volontaires du Croissant rouge algérien et des éléments de la Protection civile », note la même source, expliquant que « l’hébergement des migrants rapatriés se fait dans des conditions décentes au sein de centres d’accueil spécialement aménagés à cet effet et leur acheminement jusqu’à Tamanrasset est assuré par des autobus dotés de conditions optimales de confort ».

Pour rappel, le haut commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies par le biais de son porte parole Ravina Shamdasani a sévèrement mis en garde les autorités algériennes contre « les expulsions collectives de migrants particulièrement en provenance de pays d’Afrique subsaharienne » et les mauvais traitement qu’ils subissent en les sommant de  » cesser ces pratiques ».

Auteur
La rédaction

 




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Pourquoi « Jeune Afrique » est absent en Algérie

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La magazine est absent des kiosques

Pourquoi « Jeune Afrique » est absent en Algérie

Suite à une décision unilatérale du gouvernement algérien, notre magazine « Jeune Afrique » est absent des kiosques algériens depuis le 23 avril dernier. JA interdit ? Indésirable ? Censuré ? Nous vous dévoilons les dessous d’une situation totalement indépendante de notre volonté.

Depuis le 23 avril dernier, notre magazine Jeune Afrique est absent des kiosques en Algérie. Des lecteurs, des amis, de fidèles compagnons qui nous suivent depuis des décennies, des responsables d’institutions publiques et privées, des confrères, des opérateurs économiques ou encore des diplomates accrédités à Alger ne cessent de s’interroger et de nous questionner et sur cette absence prolongée et qui hélas risque de durer. JA interdit ? Indésirable ? Censuré ? Suspendu jusqu’à nouvel ordre ? JA boycotte-t-il ses lecteurs en Algérie ? Pour clarifier la situation, éclairer l’opinion et lever les équivoques, nous vous devons des explications.

Décision unilatérale

L’absence de Jeune Afrique ne relève pas de notre choix, mais d’une décision qui nous a été imposée par le gouvernement algérien sans concertation et sans consultation. Comment et pourquoi cette décision unilatérale ? Fin mars, notre distributeur sur place reçoit une notification du ministère algérien de la Communication dans laquelle il lui est demandé de ne plus importer Jeune Afrique ainsi que d’autres titres édités par Jeune Afrique Media Group (The Africa Report et LaRevue). Seul un quota de 350 exemplaires de JA, destiné aux diverses institutions, est autorisé à l’importation.

Cette décision de mettre un terme à l’importation de la presse ne concerne pas uniquement nos publications. Elle touche de nombreux titres internationaux comme Le MondeLe FigaroAfrique MagazineParis Match, L’Equipe ou Le Canard Enchaîné. Mais contrairement à Jeune Afrique qui reste absent des kiosques, nos confrères sont toujours disponibles chez les buralistes d’Alger et ailleurs. Pourquoi ? Mystère.

Venons-en maintenant à l’argument qui justifie cette décision. Les autorités algériennes, nous dit-on, entendent faire des économies en devises en supprimant ou en limitant drastiquement l’importation de la presse internationale. Sous couvert de l’anonymat, un conseiller au ministère de la Communication nous explique : « Il n’y a aucune censure qui frappe Jeune Afrique, rassure-t-il. En raison de la politique d’austérité imposée par la crise, le gouvernement a décidé de serrer la vis sur les importations. Aucun secteur n’est épargné. La presse étrangère est donc concernée. C’est une mesure temporaire qui peut être levée à un moment opportun. »

Une mesure préjudiciable

On savait que la crise qui touche l’Algérie en raison de la chute de revenus pétroliers était aiguë, pour l’avoir largement rapportée, expliquée et décryptée dans nos colonnes et sur notre site depuis le début de la dégringolade des cours du pétrole à l’été 2014. Mais qu’un grand pays comme l’Algérie en soit aujourd’hui réduit à limiter l’importations de journaux, qui restreint donc, pour ne pas dire interdit, l’accès de sa population à l’information et à la culture, pour manque de devises, en dit long sur la gravité de la situation. On connaît suffisamment le caractère chatouilleux et ombrageux des responsables algériens quand ils entendent des critiques qui mettent en cause, étrillent ou questionnent leur mode de gouvernance. Mais suspendre les journaux étrangers est-il sérieusement de nature à réduire cette facture des importations qui, malgré toutes les mesures, tous les tours de vis, toutes les restrictions et toutes les professions de bonne foi, n’arrive pas à descendre sous la barre de 44 milliards de dollars par an ?

Ce n’est pas en privant les Algériens de journaux étrangers – ce qui ne va pas, au passage, améliorer son classement international en matière de protection et de respect de la presse -, que le gouvernement fera des épargnes en devises et réduira son déficit commercial. On peut encore importer des kiwis, du Nutella, des bananes, des Kinder Surprise, ou de la mayonnaise en tube mais pas la presse étrangère.

Aberrant, désuet et surtout en porte-à-faux avec les accords que l’Algérie a signé avec l’UE. Le droit de la libre circulation de l’information doit être garanti et protégé comme le droit à la libre circulation des personnes.

En attendant que le gouvernement revienne à de meilleurs sentiments en abrogeant cette mesure préjudiciable pour tout monde, y compris pour l’image de l’Algérie, nous présentons à nos lecteurs nos excuses pour notre absence qui est, bien sûr, indépendante de notre volonté. Nous les invitons à continuer à nous suivre et à nous lire sur notre site internet et à travers son édition digitale téléchargeable.

Auteur
J. A.

 




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Tahar Djaout : un fanal de la « famille qui avance »

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25e anniversaire de son assassinat

Tahar Djaout : un fanal de la « famille qui avance »

L’élite intellectuelle algérienne- ou ce qui en reste- demeure, à ce jour, un quart de siècle après l’assassinat de Tahar Djaout, inconsolable et orpheline de la valeur, de la dimension, du talent et de l’engagement de ces hommes et femmes fauchés par la guerre que le terrorisme des années 1990 a déclaré contre les intellectuels, les gens du savoir, les artistes, les journalistes et tous les éclaireurs de la société.

À l’occasion du 25e anniversaire de la perpétration de ce crime inqualifiable je propose aux lecteurs du Matin d’Algérie un texte que j’ai déjà publié dans les colonnes de La Dépêche de Kabylie en hommage à l’auteur du Vigile, du Solstice barbelé, des Rets de l’oiseleur, et au grand journaliste d’Algérie-Actualité et de Ruptures.

La « famille qui avance » est le mot que Djaout a utilisé pour nommer la frange de la société qui s’inscrit dans une perspective moderniste et démocratique, tout en étant attachée à ses valeurs authentiques, à l’opposé des tentations théocratiques, conservatrices, rétrogrades et aliénantes qui avaient animé- et continuent d’animer- une pseudo-élite politico-culturelle qui tient dans ses griffes des franges entières de la société algérienne.

Je revois encore Tahar Djaout assis entre Ben Mohamed et Mouloud Mammeri dans une conférence sur Si Muh U M’hand le 25 décembre 1988 organisée dans la salle de cinéma de Aïn El Hammam (ex-Michelet). Djaout ne pouvant se départir de son réflexe de matheux dénicha une petite ‘’anomalie’’ dans la date présumée de la naissance du plus grande poète kabyle. Mais, timide et réservé qu’il était- malgré le bon sourire qu’il arbora-, il chuchota discrètement cette observation à l’oreille gauche de Ben Mohamed. C’est ce dernier qui formula publiquement l’interrogation de Djaout. Mammeri répondra en relativisant la connaissance que nous avons de la date exacte de la naissance de Si Muhand.

Le combat de l’écrivain et journaliste Tahar Djaout était celui dans lequel se reconnaissaient tous les militants des libertés démocratiques, des droits de l’homme, du progrès et de la science. Et c’étaient ces idéaux et ces choix justement qui étaient combattus par le feu et le sabre par une secte d’illuminés, un monstre sorti du ventre d’une république rentière nourrie par l’idéologie arabo-islamiste, version algérienne du jdanovisme.

Avant qu’ils fussent des cibles privilégiées des islamistes, les esprits et les plumes de la trempe de Tahar Djaout étaient soit marginalisés, soit désignés déjà à la vindicte publique par les tenants de la pensée unique. Et c’est presque ‘’naturellement’’ que la secte des mutants acheva la besogne par le passage à l’acte.

Des noms prestigieux de la culture, des arts et de la science étaient éliminés presque chaque semaine en ces journées noires des années 1993- 94- 95. Boucebsi, quelques jours après Djaout, Belkhenchir, Liabès, Chergou, Boukhobza, Smaïl Yefsah, Mokbel, et la liste est malheureusement trop longue. Au moment où des têtes tombaient presque quotidiennement, un journal de l’époque que l’on ne peut accuser de cynisme titrait en grande manchette en plein milieu de la vague assassine : ‘’à qui le tour ?’’.

Chaque semaine, un nom nouveau s’ajoutait au martyrologe. A tous, il est reproché la libre pensée, la franchise, l’honnêteté et l’engagement dans la société. Fallait-il se taire ou continuer à parler, à écrire et à se battre pour faire valoir la raison, l’intelligence et la vie ? Djaout n’y va pas par quatre chemins pour nous appeler à mourir dans la dignité : « Si tu parles, tu meurs ; si tu te tais, tu meurs. Alors, parle et meurs ! ». Cette citation deviendra une devise que même les taggueurs de Kabylie reproduiront sur les murs lors des journées sanglantes de la révolte citoyenne en 2001. Elle rappelle la strophe d’Aït Menguellet par laquelle il clôt la chanson ‘’Aâttar’’ composée sous le règne de la dictature de la fin des années 1970 :

« La parole, personne ne peut la tuer

Mais, l’homme est bien mortel

Quand la parole vient à exploser

La génération qui la cherche la trouvera

Mieux vaut sans doute parler

Dis-le [mot] avant qu’il ne soit trop tard.« 

La parole ne peut être qu’engagée

C’est que, en Kabylie et pour les artistes, hommes de lettres et autres esprits happés par les muses, il ne peut y avoir de parole qu’engagée. Les épreuves que la vie rude des montagnes et le régime tyrannique des princes ont fait subir aux habitants de la Kabylie ne pouvaient pas accoucher d’une terne prose ou d’un creux discours. C’est l’âme d’un peuple entier qui s’exprime et qui hèle les grands airs.

En fondant six mois auparavant l’hebdomadaire ‘’Ruptures’’ avec d’autres amis (Arezki Metref, Abdelkrim Djaâd), Djaout avait clairement désigné et assumé son camp, celui de la démocratie, de la République et de la modernité. Quant au choix lui-même, il procède d’un parcours naturel d’un poète et romancier talentueux doublé d’un journaliste compétent. Pour lui, le choix de la liberté et de l’expression sans tutelle commence avec ‘’Le Solstice barbelé’’(1975) et se poursuit jusqu’à ‘’Le Dernier été de la raison’’ qu’il avait laissé en manuscrit avant sa disparition prématurée.

Au lendemain de la mort de Djaout, un autre écrivain, Rachid Mimouni, qui mourra quelques années plus tard dans son exil de Tanger, écrira, avec la rage au cœur, dans le journal ‘’Le Monde’’ du 13 juin 1993 : « Tuez-les tous et qu’Allah n’en reconnaisse aucun ! Telle semble être la devise des intégristes algériens. L’écrivain Tahar Djaout, âgé de trente-neuf ans, vient d’être victime de cette furie meurtrière. Pourquoi s’est-on attaqué à lui ? Il s’est toujours tenu à l’écart du champ politique et n’a jamais occupé un poste dans l’appareil de l’État (…) Les intellectuels constituent désormais leur cible privilégiée. Ils sont d’autant plus faciles à atteindre qu’ils habitent dans des quartiers populaires, fiefs intégristes, et ne bénéficient d’aucune protection. Ils ne savent plus pourquoi ils vont mourir. Les Intégristes leur promettent une balle dans la tête, et le chef du gouvernement les traite de ‘’laïco-assimilationnistes’’, ce qui est une forme d’incitation au meurtre ».

Comme beaucoup d’artistes de renom, Djaout est issu de la Kabylie maritime. Il est né le 11 janvier 1954 à Oulkhou, dans la commune d’Aït Chafaâ. A quelques kilomètres de la mer, Oulkhou est entouré d’un chapelet d’autres bourgades aussi pittoresques les unes que les autres. Aït Ali Oulmahdi, Ighil Mahmed, Ichelatène et les célèbres Igoujdal qui sortirent de l’anonymat en 1994 en organisant, les premiers, la résistance contre les hordes terroristes à l’échelle du village. Le principe finira par faire tâche d’huile un peu partout dans les villages de crête ou des vallons.

Djaout est parti en pleine maturité, au moment où il pouvait donner plus et explorer d’autres voies de création. Il était parti aussi au début d’une libéralisation politique débridée qui a coltiné dans son sillage la force létale qui allait tuer dans l’œuf la fameuse ouverture démocratique, les hommes de valeur à l’image de Djaout et les espoirs fous de millions de citoyens. Ahmed Radja, ingénieur agronome et poète à ses heures, originaire de Maâtkas, écrivait à propos de Djaout dans son recueil intitulé Le Poids des jours (2003) :

‘’Sil n’a pas survécu à ces balles assassines,

Il aura en revanche dénudé l’hérésie.

Il aura mis le doigt sur le mal qui nous mine

Qui fait que l’ignorance assassine le génie’’.

« La patrie n’est pas de l’ordre de l’espace mais du temps. Pour moi, la patrie de l’homme est un peu son enfance« , disait Djaout. « La lecture de ‘’L’Appel de la forêt’’ de Jacques London m’a donné, à l’âge de douze ans, l’envie de créer des êtres, des situations. Je voulais moi aussi ouvrir des portes sur l’aventure, à la fois pour moi-même et pour les autres. Je voulais être un créateur de l’imaginaire, un libérateur de l’imagination. Plus tard est venu le désir de faire passer à travers l’écriture, des idées, des soifs, des revendications diverses« , ajoute-t-il dans un entretien à El Watan publié quelques mois après sa mort.

À propos de ses rapports avec la nature, Tahar Djaout dira : «J’aime effectivement beaucoup la nature, dans une sorte de panthéisme que certains trouvent très lyrique. Elle est omniprésente dans ce que j’écris, à travers ses planètes, ses oiseaux, ses insectes, tous ces éléments qui lui prêtent leurs chants, leurs mouvements, leurs amours, leurs couleurs. C’est peut-être chez moi la recherche d’un âge du monde qui pourrait coïncider avec l’enfance» (El Watan, 23 novembre 1993).

Passion et de conviction

Ayant fait ses études à Alger, Tahar Djaout est resté profondément imprégné du massif de Tigrine et des eaux cristallines de Sidi Khelifa. Ne s’étant pas contenté de sa licence en mathématiques, il alla en décrocher une autre en communication à l’Université de Paris II.

Il commencera sa carrière journalistique par l’inévitable ‘’El Moudjahid’’, puis rejoint l’équipe d’ ‘’Algérie-Actualité’’, hebdomadaire du secteur public dont la qualité et la liberté de ton étaient surprenantes par rapport au reste des médias détenus par le pouvoir politique de l’époque. Nous attendions impatiemment, chaque jeudi, les écrits de Djaout, Abdelkrim Djaâd, Mohamed Balhi, Ahmed Ben Allam, Azeddine Mabrouki,…etc. Un véritable régal, une bouffée d’oxygène dans la morosité ambiante de la culture du parti unique qui n’arrivait pas à être en phase avec le bouillonnement de la jeunesse et les aspirations de la population.

Djaout était une plume distinguée, raffinée et diaphane. Nous nous retrouvions aisément dans ses articles. Qu’il traite de la culture ou de la société, et malgré les limites imposées par le système, il nous appris à lire entre les lignes, derrière les mots et au-dessous des mots. L’on se souvient encore de ses entretiens avec des auteurs connus ou moins connus, mais toujours appréciés et dégustés. A défaut de revues littéraires de l’envergure de la NRF ou d’ ‘’Europe’’ ou bien même de ‘’Promesses’’ (revue littéraire algérienne des années 1960/70), ‘’Algérie-Actualité’’, dont il faudra un jour écrire l’histoire’’, jouait le rôle de tribune d’expression pour beaucoup d’intellectuels et universitaires (Mostefa Lacheraf, Ali El Kenz, Lotfi Meherzi,…). La 24e page, qui se continuait dans la 23e !, était souvent animée par Tahar Djaout. Amoureux des Arts et des Lettres, il a réalisé des entretiens historiques Adonis, Albert Cossery, Benhadouga, Alain Vircondelet, Jean Pierre Faye, Bernard Noël, Mouloud Mammeri,…

Rappelons-nous cette émouvante et testamentaire ‘’Lettre à Dda Lmulud’’, écrite au lendemain de la disparition de Mammeri en février 1989. La lettre fut publiée dans ‘’Algérie-Actualité’’ du 9 mars et fut accompagnée d’une mémorable illustration signée par le peintre Tighilt Rachid originaire d’Agouni n’Teslent. Djaout y disait notamment : « Le soir où la télévision avait annoncé laconiquement et brutalement ta mort, je n’ai pu m’empêcher, en dépit de l’indicible émotion, de remarquer que c’était la deuxième fois qu’elle parlait de toi : la première fois pour t’insulter lorsque, en 1980, une campagne honteusement diffamatoire a été déclenchée contre toi, et la deuxième fois, neuf ans plus tard, pour nous annoncer ta disparition. La télévision de ton pays n’avait aucun document à nous montrer sur toi ; elle ne t’avait jamais filmé, elle ne t’avait jamais donné la parole, elle qui a pérennisé en des kilomètres de pellicules tant d’intellectuels approximatifs, tant de manieurs de plumes aux ordres du pouvoir ».

Le parcours journalistique de Djaout ne pouvait plus continuer dans un organe étatique au moment où une ‘’ouverture démocratique’’ s’opérait dans le pays juste après les événements d’octobre 1988. Une floraison de journaux allait voir le jour, et l’aventure intellectuelle allait se concrétiser en janvier 1993 lorsque Djaout fonda avec Abdelkrime Djaâd et Arezki Metref l’hebdomadaire Ruptures, un journal de haute facture intellectuelle et de franche ligne républicaine et démocratique. La ‘’vocation ‘’ hebdomadaire de la plume de Djaout y trouvera toute son expression. La typologie de la 24e page reproduit quelque peu celle d’ ‘’Algérie-Actualité’’ en se faisant le miroir du journal par la présentation de grands entretiens avec les hommes de culture, les intellectuels et les animateurs du monde des arts.

Djaout a pu imprimer aux journaux dans lesquels il a travaillé l’empreinte culturelle, la sensualité artistique et littéraire et la touche intellectuelle, qualités rares dans les publications de l’époque et même dans celles d’aujourd’hui.

Le journalisme mène à tout à condition d’en sortir. Voici une maxime à laquelle le parcours de Djaout a fait une entorse. En effet, il a eu à mener de front l’écriture littéraire (roman, poésie, nouvelle) et l’écriture journalistique laquelle, il faut l’avouer, n’est pas dénuée d’une préoccupation esthétique hautement littéraire. Ce syncrétisme heureux a fait un peu la particularité de Djaout par rapport à ceux de sa génération tels que Rabah Belamri ou Rachid Mimouni.

Exil intérieur et dualité culturelle

Les premiers recueils poétiques de Djaout remontent aux années 1973-74. ‘’Solstice barbelé’’ et ‘’L’Arche à-vau-l’eau’’ sont des poèmes de révolte, de contestation, au style quelque peu iconoclaste, du moins peu coutumier :

« De ma bouche

Grotte obscure

Depuis longtemps sans vie

Coulera la parole

Porteuse de l’espoir »

in ‘’L’Arche à-vau-l’eau’’

Après quatre recueils de poèmes, il publia en 1981 l’énigmatique roman ‘’L’Exproprié’’. Écriture cabrée soutenue par un déluge de mots au preste souffle, histoire à la fois une et hachée et, enfin, une langue non conventionnelle interdisant toute somnolence au lecteur. Le professeur Jean Déjeux, spécialiste de la littérature algérienne, avoue que ce n’est pas un roman facile à lire. Il rappelle ce qu’en dit Djaout lui-même : plutôt qu’un roman, L’Exproprié est une somme de réflexions gravées comme des cicatrices. Déjeux note que le texte tourne autour de thèmes précis : le langage, l’identité, l’exil. Le héros est doublement exproprié : d’un espace natal, de sa légende et de ses mots. En cela, Djaout rejoint la grande problématique traitée par beaucoup d’écrivains maghrébins de langue française, la problématique de l’exil dans son acception la plus dramatique- exil intérieur généré par la dualité culturelle, le malaise psychologique et les ruptures brutales au seins de la société – dépassant de loin le sens géographique de l’exil.

Après son premier roman, suivront ‘’Les Chercheurs d’os’’, une allégorie sur l’Algérie de l’après-Indépendance et le sort réservé aux anciens combattants. ‘’L’Invention du désert’’, un retour sur l’histoire médiévale du pays avec ses excès rigoristes ; un tableau qui ne fait pas mystère de certaines références à l’actualité du pays des deux dernières décades du XXe siècle. Le dernier roman publié avant son assassinat, ‘’Les Vigiles’’(1991), et par lequel il fut lauréat du Prix Méditerranée, est une dénonciation de la bureaucratie prédatrice et castratrice par laquelle est gouverné le pays et de son pendant, l’islamisme. ‘’Le Dernier été de la raison’’ est un roman posthume de Djaout publié en 1999. Il y règne un univers de glaciation liturgique et martiale d’où n’émergent que quelques audacieux intrépides comme le fameux Boualem le libraire, qui donnent l’image de fous esseulés.

« Il y a une sorte de bonheur balzacien de la limpidité et du déchiffrement immédiat du monde, un désir d’ancrage dans le réel et un plaisir de créer des choses tellement transparentes qu’on a l’impression de palper la réalité juste derrière. Mais, il y a aussi un désir plus complexe, plus jouissif et plus douloureux en même temps que plus ambitieux, qui est de restructurer les choses et le monde, avec une architecture plus novatrice, des interrogations plus profondes et une introspection très fouillée. Il y a donc une écriture de la lisibilité et du bonheur et une écriture du déchiffrement complexe », expliquera Djaout (in El Moudjahid du 18 août 1991.

L’enfant est plus sérieux que l’adulte

Djaout explique dans un entretien comment il conçoit ses personnages, leurs dimensions et leur épaisseur psychologique : « Je crois que l’univers mental de mes romans possède une sorte de noyau : un enfant regarde une rivière et rêve de changer le monde. Pour moi, écrivain, l’enfant n’est pas seulement l’âge de l’homme, c’est aussi l’âge du monde. Tout en homme en général, tout artiste en particulier, possède en son enfance un trésor d’émotions et de souvenirs. Je trouve que l’enfance est l’âge où l’homme fait le moins de concessions. C’est l’âge non seulement où il est plus beau, plus agile, plus intelligent, mais celui où il est le plus courageux. L’enfant, en un mot, est beaucoup plus sérieux que l’adulte (…) Il est évident que la blessure de la fin de l’enfance est une blessure que je porterai toujours béante en moi ». (El Watan du 11 avril 1991)

Nous ne pouvons nous empêcher d’établir une relation avec le personnage Menouar des ‘’Vigiles’’ : « L’espace illimité et tutélaire, Menouar l’avait connu dans sa jeunesse même à paître les chèvres, ses moutons et ses ânes. La seule barrière à son regard était une montagne pelée et ocre qu’il mettait une demi-journée à atteindre ». En s’établissant en ville, près de la capitale, et après les premiers émerveillements, il finira par se sentir « comme un fauve en cage, comme une plante coincée dans le béton. Il se met à éprouver un besoin douloureux de buissons, la nostalgie de voir grandir les poussins et les agneaux, de humer les odeurs fortes de l’étable, des brebis qui ont mis bas…Il rêvait aussi d’un feu de bois, de la terre profonde et moite où macéraient les feuilles mortes ».

Auteur
Amar Naït Messaoud

 




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L’Algérie de Gustave Guillaumet (1840-1887)

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Exposition monographique exceptionnelle en France

L’Algérie de Gustave Guillaumet (1840-1887)

L’Algérie de Gustave Guillaumet (1840-1887) est la 1 ère exposition monographique depuis 1899

Elle aura lieu au Musée des Beaux-Arts de La Rochelle 16 juin / 17 septembre 2018, au Musée des Beaux-Arts de Limoges du 19 octobre 2018 / 4 février 2019, au Musée d’Art et d’Industrie André Diligent/La Piscine de Roubaix du 8 mars / 2 juin 2019 .

L’exposition L’Algérie de Gustave Guillaumet est reconnue d’intérêt national par le Ministère de la Culture et de la Communication, Direction générale des Patrimoines, Service des musées de France. Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’Etat. Avec le soutien exceptionnel du Musée d’Orsay.

Les musées des Beaux-Arts de La Rochelle et Limoges et le musée d’Art et d’Industrie André Diligent/La Piscine de Roubaix se sont associés pour réaliser L’Algérie de Gustave Guillaumet, première exposition monographique du peintre Gustave Guillaumet (1840-1887) depuis la rétrospective organisée en 1899. Elle sera visible au musée des Beaux-Arts de La Rochelle du 16 juin au 17 septembre 2018, au musée des Beaux-Arts de Limoges du 19 octobre 2018 au 4 février 2019 et au musée d’Art et d’Industrie André Diligent/La Piscine de Roubaix du 8 mars au 2 juin 2019. L’Algérie de Gustave Guillaume rassemble des œuvres de collections publiques méconnues et de l’important fonds des descendants de l’artiste. Elle revisite le versant algérien de l’orientalisme français, dans une perspective à la fois esthétique, historienne, politique et culturelle. Une cinquantaine de tableaux, des toiles inédites et des cabinets de dessins évoquent le contexte historique de la colonisation et surtout l’attrait du désert et la vie quotidienne. L’artiste propose une autre vision de l’Algérie et renouvèle profondément, à travers sa vision de ce pays, les thèmes de la peinture orientaliste. Né le 25 mars 1840, Gustave Guillaumet découvre l’Algérie par hasard alors qu’il devait s’embarquer pour l’Italie. Fasciné par le pays, il lui consacrera sa vie, allant jusqu’à vivre comme les Algériens. Au fil de ses séjours prolongés il établit une familiarité avec cet espace, ce qu’éclaire la tonalité particulière La Famine en Algérie, une toile dictée par les événements des années 1865-1868, à la fois exigeante, sensible et grave, restaurée grâce à une exceptionnelle levée de fonds.  

L’Algérie de Gustave Guillaumet

Œuvres méconnues, colonialisme et refondation de l’orientalisme

L’exposition L’Algérie de Gustave Guillaumet présente des aspects méconnus de la création de l’artiste, comme son œuvre graphique, ses travaux de jeunesse, les paysages algériens, les portraits et sa production littéraire. Elle apporte un éclairage nouveau sur sa peinture de genre et ses grands formats. L’œuvre plastique originale de Gustave Guillaumet ouvre un regard critique sur la peinture produite dans l’Algérie coloniale et renouvèle profondément les thèmes de l’orientalisme. L’exposition lui confronte également le regard contemporain de la vidéaste Habiba Djahnine. Au total une cinquantaine de tableaux constitue le noyau de l’exposition, avec des prêts majeurs du musée d’Orsay, des musées de Lille, Pau, ou Carcassonne entre autres et de magnifiques toiles inédites conservées en mains privées. Les œuvres sont complétées par des cabinets de dessins, renouvelés au cours de l’itinérance en raison de leur fragilité à la lumière. Trois grands thèmes ont été choisis : l’œuvre dans son contexte historique et l’attrait du désert avec notamment la toile Le Sahara, la vision ethnographique de vie quotidienne, et les scènes d’intérieur, renouvellement fondamental dans les thèmes de la peinture orientaliste. « Pacification » et colonisation de l’Algérie : au cœur de la domination coloniale « Il n’est, en ce pays, rien qui ne se revête de quelque beauté sévère, étrange ou pittoresque. » Tableau d’histoire, Sahara dit Le Désert prêté par le musée d’Orsay, est à la fois allégorie du désert, vanité et futilité de l’existence. Il dessine une véritable tragédie du paysage introduisant chronologiquement La Famine et La Razzia dans le Djebbel Nador. À travers ces toiles, l’exposition resitue Gustave Guillaumet dans l’histoire européenne, la domination coloniale et l’histoire de l’art de 1859 à 1887. Elle propose des hypothèses sur sa vision de l’actualité, la complexité de ses positionnements et sa sensibilité à l’impact de la colonisation. Le peintre a parcouru à plusieurs reprises les régions d’Algérie les plus dévastées par les épidémies et la famine qui ont sévi depuis 1866 dans le Tell et les Hauts-Plateaux.

Pendant l’hiver 1867-1868, près d’un tiers de la population indigène a péri, fragilisée par la dépossession des terres et la mise à mal des solidarités traditionnelles. Les populations rurales sont les plus touchées. Exposé en 1869, La Famine est un tableau d’histoire d’une brûlante actualité, qui interpelle sans détour le spectateur. Dérouté par l’horreur du motif et la franchise de son exécution, le public du Salon de 1869 goûte modérément la toile. La critique dénonce une trop grande soumission aux modèles romantiques. Tous lui préfèrent Le Labour, dans lequel le peintre évoque le sort des paysans pauvres d’Algérie, dans un langage plastique très différent où l’accent porte sur l’archaïsme de la tâche et sa pénibilité, en harmonie avec un paysage sauvage et grandiose. 5 Des notes de terrain aux tableaux de Salon : l’atelier algérien de Guillaumet « …cette teinte neutre du crépuscule, faite avec les gris de la nuit qui vient et les violets du soir qui s’en va. C’est l’heure mystérieuse où les ténèbres épaississent leurs voiles, où les contours se noient, les couleurs se mêlent, où toute chose s’assombrit, où toute voix se tait, où l’homme, à la fin du jour, laisse flotter sa pensée devant ce qui s’éteint, s’efface et s’évanouit. » Le Bivouac des chameliers conservé à la Mairie de Brantôme ouvre la présentation des travaux graphiques, pastels et études peintes consacrés aux scènes de genre, aux campements et aux types et portraits berbères. Présentés en grand nombre, ils reflètent la tension entre l’observation ethnographique dans un contexte colonial et une représentation idéalisée de l’autre, dans un sens exotique. Destination privilégiée de sa jeunesse, l’Oranie est présente dans nombre de ses œuvres majeures: il y décrit le labeur des paysans, un marché coloré dans la plaine de Tocria (palais des Beaux-Arts de Lille) ou le charme d’une fontaine dans la smala de Tiaret. Les porteuses d’eau sont en effet un de ses motifs favoris. Le peintre y retrouve l’élégance des statues antiques, porteuses d’amphore à la grâce sereine. De nombreux dessins et peintures représentent Oran, Tlemcen et leurs régions. Plus à l’est, Guillaumet dépeint inlassablement le massif de l’Ouarsenis ou le site de Boghar qui offre un avant-goût du désert aux voyageurs de l’époque. En Kabylie, il observe avec attention les métiers, les gestes des bergers, cultivateurs, marchands ou artisans. Dans Taourirt el Mokrane, le voyageur parvient, depuis Fort-Napoléon, à ce village perché du Djurdjura par un sentier muletier, unique voie d’accès à l’époque. Ses pérégrinations dans les Aurès ont sans doute été pratiquées dans des conditions analogues, à partir d’El Kantara.  

 




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Bouteflika et les forces de l’argent

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Lu sur L’Humanité

Bouteflika et les forces de l’argent

Il y a huit ans, Mohamed Benchicou coordonnait « Notre ami Bouteflika. De l’État rêvé à l’État scélérat », un ouvrage collectif dépeignant Alger en Chicago des années 1930, gangrenée par la corruption, les pratiques mafieuses et les règlements de comptes. Au même moment éclatait le scandale Sonatrach, qui mettait en lumière un système industriel de détournement de la rente pétrolière au profit des clans se partageant le pouvoir.

Cruel miroir du système Bouteflika. Depuis, soulèvements populaires et conflits ont rebattu les cartes sur la rive sud de la Méditerranée. Pas en Algérie, où l’emprise du clan présidentiel semble avoir vitrifié le pays, en dépit de la maladie du chef d’État. Passé par les geôles de Bouteflika, l’ancien directeur du Matin dresse, en opposant personnel, un portrait féroce du président algérien, qu’il connaît bien. Un homme à l’ego démesuré, méprisant, froid, calculateur, dévoré par l’ambition, assure Benchicou en retraçant son parcours, depuis son séjour parmi les officiers de la résistance algérienne établis au Maroc jusqu’à l’accident vasculaire cérébral de 2013, qui lui a laissé de graves séquelles, affectant sa mobilité et son élocution. L’auteur revient longuement sur la guerre de l’ombre qui s’est soldée par le maintien au pouvoir d’un président invalide. Bouteflika briguait en 2014 son quatrième mandat en fauteuil roulant et sans s’adresser au peuple algérien.

La tentation monarchique

Son clan laisse aujourd’hui courir la rumeur d’une nouvelle candidature à l’élection présidentielle de 2019, allant jusqu’à mettre en scène, ces jours-ci, une pénible apparition publique du vieil homme épuisé, au regard vide, dans les rues d’Alger… La mascarade en dit long sur la prise en otage de tout un pays.

Dans ce réquisitoire, entrecoupé par le récit troublant de la visite d’Emmanuel Macron, fraîchement élu, à son homologue algérien, l’auteur s’en prend à la « tentation monarchique », qui, assure-t-il, a toujours animé Bouteflika. Peut-être cette tentation est-elle née, suggère Benchicou, dans sa jeunesse à Oujda, lorsqu’il vouait une « admiration secrète » au prince héritier marocain Moulay Hassan. D

auphin écarté du pouvoir par les généraux à la mort du président Boumediene, Bouteflika n’aura dès lors qu’une obsession : récupérer « son » trône. C’est chose faite en 1999, lorsqu’il succède à Liamine Zeroual à la fin de la décennie noire. Commence alors une autre guerre, celle que Bouteflika livre sans merci à l’armée et aux services secrets. « Je suis l’Algérie tout entière. Je suis l’incarnation du peuple algérien. Alors dites aux généraux de me bouffer s’ils peuvent le faire », plastronne-t-il, le 9 juillet 1999, au micro de RTL. Il s’émancipe des gradés, se taille un costume d’homme de paix en amnistiant les islamistes armés, assoit son pouvoir au gré d’obscurs marchandages avec Paris et Washington.

Bouteflika règne aujourd’hui sans gouverner. Mais, dans l’implacable mécanique de confiscation des ressources et du pouvoir qui étouffe l’Algérie, son règne fut et reste celui de la place démesurée conquise avec lui par les forces de l’argent sale.

Cet article est publié par le quotidien L’Humanité.

Le Mystère Bouteflika. Radioscopie d’un chef d’État Mohamed Benchicou Riveneuve, 239 pages, 20 euros

Auteur
Rosa Moussaoui, journaliste à l’Humanité

 




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Des dépôts d’armes du Hezbollah frappés par des missiles israéliens en Syrie

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Moyen-Orient

Des dépôts d’armes du Hezbollah frappés par des missiles israéliens en Syrie

Des missiles, probablement tirés par l’aviation israélienne, ont frappé jeudi des dépôts d’armes appartenant au mouvement libanais Hezbollah près de l’aéroport militaire de Dabaa, dans le centre de la Syrie, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

« Six missiles ont été tirés contre l’aéroport militaire de Dabaa et ses environs dans le secteur ouest de la province de Homs, et ont frappé des entrepôts d’armes appartenant au Hezbollah libanais », a déclaré à l’AFP le directeur de l’Observatoire, Rami Abdel Rahmane.

« Les missiles auraient été tirés par Israël », a-t-il ajouté.

Des sources proches de la frontières libano-syrienne ont indiqué à l’AFP que des avions avaient survolé auparavant l’espace aérien libanais et « certains y sont toujours, ce qui laisse présager de nouvelles frappes ».

Les avions israéliens empruntent souvent l’espace aérien libanais pour mener des raids en Syrie. L’agence officielle Sana a pour sa part indiqué que l’aéroport militaire avait été la cible de missiles jeudi.

« Un de nos aéroports militaires a été la cible de missiles interceptés par notre défense anti-aérienne », a rapporté Sana, citant une source militaire. Selon l’agence, qui a fait état d' »explosions dans les environs de l’aéroport de Dabaa », l’objectif de « l’agression » n’a pas été atteint.

Aucune source n’a fait état de pertes humaines dans l’immédiat.

Le Hezbollah, allié de Téhéran, combat en Syrie au côté du régime de Bachar al-Assad. Ses infrastructures militaires dans le pays, ainsi que celles des forces iraniennes présentes au sol, ont déjà été frappées par des raids israéliens ces dernières semaines.

Auteur
AFP

 




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Acquisition de la raffinerie d’Augusta: Sonatrach avance de nouveaux arguments

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POLEMIQUE

Acquisition de la raffinerie d’Augusta: Sonatrach avance de nouveaux arguments

Le PDG de Sonatrach, Ould Kaddour et son staff ont du mal à convaincre leur monde par ce rachat précipité d’une vieille raffinerie en Italie .Des arguments quant au choix d’acquisition de la raffinerie d’Augusta (Italie), qui a suscité une grande polémique, ont été apportés mercredi à Alger, par les responsables de la Compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach.

«L’achat de la raffinerie d’Augusta est bien étudié. Cinq raisons expliquent ce choix », a soutenu le Conseiller auprès du P-dg du groupe Sonatrach, Ahmed Mazighi, lors d’une conférence de presse dédiée à la présentation du bilan du premier trimestre 2018 ainsi que la stratégie de raffinage.

Ainsi, M. Mazighi a indiqué que la première raison est que la raffinerie d’Augusta est suffisamment «grande» et «complexe», précisant, à ce titre, que «plus une raffinerie est complexe plus son rendement est important».

Pour soutenir ses propos, il a avancé la taille d’Augusta comme critère «important» dans le choix de cette raffinerie, précisant que sa capacité de raffinage est de 10 millions de tonnes par an. Cette capacité la place deuxième parmi les positions de Sonatrach en matière de capacité après la raffinerie de Skikda (16 millions de tonnes /an).

Sonatrach compte acquérir une capacité de traitement de 10 millions de tonnes par an et plusieurs terminaux de stockage de carburants situés à Naples, Palerme et Augusta, pour une capacité totale de stockage de 925.000 barils.

Toutefois, cette raffinerie, a-t-il tenu à préciser, n’est pas non plus un «mastodonte » et peut s’intégrer rapidement au schéma de raffinage de Sonatrach.

La deuxième raison de ce choix, selon M. Mazighi est que cette infrastructure est munie d’unités de bitume et d’une autre unité de soufre.

L’acquisition de la Raffinerie d’Augusta est également expliquée par sa capacité de traiter des charges algériennes. Plus explicite, le même responsable a indiqué qu’Augusta peut traiter du Sahara Blend, du Zarzaitine et du fuel résiduel de Skikda. Il a, à ce propos précisé que cette raffinerie peut utiliser du Saharan Blend à hauteur de 85.600 bbi/j sans altérer la quantité et la qualité des huiles de base.

M.Mazighi a également ajouté qu’elle est «idéale» pour faire du processing physique de pétrole brut algérien.

Selon lui, l’utilisation du fuel de Skikda permet de réduire énormément les émissions de SO2 (dioxyde de soufre). Cette raffinerie pourra, a- t-il encore expliqué, offrir un débouché au fuel résiduel de Skikda même après la mise en service de l’hydrocraqueur de Skikda.

Sonatrach a porté son choix sur Augusta, car cette infrastructure possède également une capacité de stockage devant améliorer la sécurité d’approvisionnement.

«La raffinerie d’Augusta ainsi que ses terminaux à Naples et Palerme occupent une position stratégique, car elle se trouve au cœur de la Méditerranée et voisine des principaux ports algériens», a-t-il ajouté.

Les terminaux de stockage apportent trois (3) jours de sécurité d’approvisionnement supplémentaires de gas oil et l’essence.

Cette raffinerie offre un avantage concurrentiel sur la Méditerranée, ce qui explique d’ailleurs son acquisition par Sonatrach.

A ce titre, M. Mazighi a fait savoir que la part de marché de cette raffinerie en Méditerranée était de 25%.

Faisant part des principales dates marquant la raffinerie d’Augusta, le même responsable a tenu à signaler que son âge moyen pondéré est de «46 ans».

Evoquant le problème de contamination des sols, sujet d’une forte polémique, M. Mazighi a expliqué que la surface concernée par le traitement des sols est de 20 hectares (HA) sur 360 ha et non pas 330 ha comme l’avait rapporté des médias.

Le coût estimé de traitement des sols est de 30 millions de dollars par an sur sept (7) ans. Ce coût est inclût dans le modèle économique de valorisation de la raffinerie.

Pour rappel, le groupe Sonatrach a acquis la raffinerie d’Augusta (Italie) auprès d’Esso Italiana à un prix ne dépassant pas un milliard de dollars. Le transfert de propriété n’intervient qu’en fin d’année 2018.

L’acquisition d’autres raffineries à l’étranger n’est pas à l’ordre du jour

A une question sur l’acquisition de Sonatrach d’autres raffineries ou non à l’étranger, Outre celle d’Augusta, M. Ould Kaddour a affirmé qu’elle n’était pas à l’ordre du jour du groupe «Pour l’instant il n’y a pas une nécessité de regarder d’autres marchés mais si une autre opportunité se présente, nous l’étudiera» , a ût-il dit.

Il a regretté, à ce titre le retard accusé quant à la livraison de la raffinerie de Sidi R’cine.

«Je suis frustré de ne pas voir nos raffineries réalisées. Je parle précisément de la raffinerie de Sidi R’cine (Alger) qui a pris beaucoup de retard. Il s’agit d’un projet très important et stratégique pour Sonatrach», a-t-il indiqué.

Selon lui, la priorité pour le groupe est d’achever les projets programmés dans sa stratégie.

Il a affirmé dans ce cadre que le premier objectif était de terminer la raffinerie de Sidi R’cine la fin de l’année en cours ou début 2019, puis lancer la raffinerie de Hassi Messaoud.

«Avec la raffinerie d’Augusta, de Sidi R’cine et celle de Hassi Messaoud, nous répondrons largement à nos besoins et si des opportunités se présentent, il ne faut pas les rater.», a -t-il enchaîné.

Auteur
APS

 




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Le blogueur Merzoug Touati condamné à 10 ans de prison

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Tribunal criminel de Bejaia

Le blogueur Merzoug Touati condamné à 10 ans de prison

Le verdict est tombé tel le ciel sur la tête du jeune blogueur Merzoug Touati. Son tort ? avoir publié sur internet un entretien avec un diplomate israélien, a été condamné jeudi à dix ans de prison ferme pour « intelligence avec une puissance étrangère », a annoncé à l’AFP un de ses avocats, Me Boubakeur Esseddik Hamaïli.

Le tribunal criminel de Béjaïa (260 km à l’est d’Alger) a déclaré Merzoug Touati, 30 ans, coupable d’avoir entretenu « avec les agents d’une puissance étrangère des intelligences de nature à nuire à la situation militaire ou diplomatique de l’Algérie ou à ses intérêts économiques essentiels », crime passible de 20 ans de prison.

La Cour a en revanche écarté le chef d’avoir « incité les citoyens ou habitants à s’armer contre l’autorité de l’Etat », crime passible de la peine de mort, et deux autres crime et délit d’atteinte à la sûreté de l’Etat dont était accusé le blogueur pour avoir posté un appel à manifester sur Facebook, selon Me Hamaïli, joint par téléphone à Béjaïa.

Dans ce procès, le Parquet avait requis la prison à perpétuité contre le blogueur. Me Hamaïli, qui avait plaidé l’acquittement, a indiqué qu’il allait s’entretenir dimanche avec son client pour savoir si celui-ci décidait de faire appel.

« Merzoug Touati est un blogueur qui n’a fait qu’exercer ses droits garantis par la Constitution. Il est libre de parler avec qui il veut et de dire ce qu’il veut », a expliqué l’avocat à l’AFP.

M. Touati, qui n’a obtenu que des emplois précaires depuis qu’il est diplômé de l’université, « n’a jamais occupé de poste à responsabilité lui donnant accès à des informations qu’il aurait pu communiquer » à une puissance étrangère, a-t-il souligné.

Merzoug Touati est détenu depuis qu’il a été arrêté à Béjaia en janvier 2017, après avoir appelé sur son compte Facebook à protester contre la nouvelle loi de Finances et diffusé sur son blog un entretien vidéo avec un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères. Le Parquet de Béjaia n’a pu être joint jeudi par l’AFP.

Vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), Said Salhi, qui assistait à l’audience a dénoncé « un procès à sens unique, à charge uniquement ».

« Il n’y a pas eu de témoins à décharge, les témoins cités par la défense, on ne les a pas vus », a-t-il expliqué par téléphone à l’AFP, « c’est un dossier disproportionné, avec des accusations très graves par rapport au contenu ».

M. Salhi s’est dit très « déçu » par le verdict: « Dix ans, c’est une peine très lourde », au regard des faits.

Merzoug Touati était « vraiment abattu » au moment du verdict. « Il est très affaibli », a-t-il souligné, rappelant que le blogueur avait mené sept grèves de la faim depuis son incarcération. Amnesty international a dénoncé il y a deux jours, dans un communiqué, l’arrestation et l’emprisonnement de Merzoug Touati et a appelé à sa libération.

Reporters sans frontières (RSF) a classé l’Algérie à la 136e place sur 180 en 2018 en matière de liberté de la presse, estimant notamment que « les journalistes algériens pâtissent (…) de l’application abusive du Code pénal, en contradiction avec les dispositions constitutionnelles adoptées depuis 2016 qui garantissent la liberté de la presse ». Le Département d’Etat américain a, lui aussi, rendu un rapport accablant sur la situation de la liberté d’expression en Algérie.

Auteur
Avec AFP

 




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