24 novembre 2024
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Le Bayern de Munich qualifié aux tirs au but contre Leipzig

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Coupe d’Allemagne:

Le Bayern de Munich qualifié aux tirs au but contre Leipzig

En supériorité numérique depuis la 54e minute après l’exclusion de Keita pour deux cartons jaunes sévères, les champions d’Allemagne n’ont pas été éblouissants, et auraient pu connaître un sort moins favorable si le RB était resté au complet jusqu’au bout.

Dans la séance de tirs au but, seul le dernier tireur, le nouveau buteur de l’équipe d’Allemagne Timo Werner, a manqué sa tentative, donnant la victoire au Bayern.

Les buts dans le match ont été marqués par Emil Forsberg sur penalty pour Leipzig (1-0, 68e) et par Thiago (1-1, 73e) de la tête. Ce n’était certes qu’un 16e de finale de Coupe. Mais c’était surtout une question d’honneur, de suprématie en Allemagne, et d’orgueil.

Ce succès, loin d’avoir été éclatant, va au moins permettre au Bayern de poursuivre sereinement sa lente reconstruction.

La victoire entretient en outre le sentiment d’invincibilité et le rêve un peu fou d’un nouveau triplé, sous la houlette du « magicien » Jupp Heynckes, seul entraîneur à avoir jamais remporté avec le Bayern le championnat, la Coupe et la Ligue des champions la même année (2013), avant de prendre sa retraite en pleine gloire.

Elle lance aussi idéalement le Bayern dans la série de matches décisifs qui s’enchaînent dans les dix prochains jours: la réception du même RB Leipzig samedi à l’Allianz Arena en Bundesliga, un déplacement à Glasgow en Ligue des champions, puis un dangereux voyage samedi 4 novembre sur la pelouse fétiche de l’actuel leader de la Bundesliga, le Borussia Dortmund.

En championnat, le Bayern est en tête à égalité avec Dortmund (20 pts), et possède un point d’avance sur Leipzig (19 pts).

Keita voit rouge

Pendant une heure, le match a proposé une opposition de styles. Le pressing très haut de Leipzig, les ballons grattés dans les duels et la vivacité de ses attaquants ont mis plusieurs fois en danger l’arrière-garde munichoise, trop passive.

A la 34e minute, l’arbitre sifflait même un penalty pour le RB après une faute de Vidal sur Forsberg, avant de se raviser après consultation de son juge de touche, et de transformer la sanction en coup-franc à la limite de la surface.

La philosophie du combat a totalement changé à la 54e minute, avec l’exclusion de Naby Keita, le meilleur homme de Leipzig, pour deux avertissements très sévères. Le RB a alors abandonné son pressing haut et laissé la possession au Bayern, en tentant de procéder par contres.

Et c’est sur l’un de ces contres que Boateng a bousculé Poulsen dans la surface. Penalty transformé par Forsberg: 1-0 (68e). Sept minutes plus tard, Boateng se rattrapait en offrant un caviar en profondeur à Thiago, qui égalisait de la tête (1-1, 73e).

Malgré sa supériorité numérique, le Bayern, passé en mode rouleau compresseur, ne trouvait pas la faille. En prolongations, Kimmich (100e) puis Lewandowski (105e) butaient sur un Peter Gulacsi en état de grâce dans les buts de Leipzig, sauvé également par sa transversale sur une tête de Hummels qui rebondissait sur la ligne (104e).

C’est finalement peut-être l’expérience des stars du Bayern qui leur a donné les nerfs de s’imposer à la loterie des tirs au but. Rendez-vous est déjà pris samedi pour la revanche, en Bundesliga cette fois.

Auteur
AFP

 




L’Algérie, Novembre et la Bastille

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Novembre ou ce qui nous reste

L’Algérie, Novembre et la Bastille

Le voilà qui récidive, félicitant Hollande d’avoir su « reconnaître les sacrifices du peuple algérien et son attachement aux idéaux de liberté qui lui ont permis de recouvrer chèrement son indépendance et sa souveraineté et de participer au recouvrement de la liberté du peuple français ».

« Participer au recouvrement de la liberté du peuple français » ! Le président algérien reprend à son compte l’interprétation officielle française de l’évènement que nous évoquions hier. : les martyrs algériens de la Grande Guerre ne deviennent plus, sous la plume du chef d’Etat algérien, que des auxiliaires offrant leur vie pour la « liberté » d’une nation qui colonisait la leur !

Abdelaziz Bouteflika, « brillant ministre des Affaires étrangères », « brillant chef d’Etat », relaie la formulation de la diplomatie française – laquelle est dans son rôle – et condamne ses martyrs à figurer dans l’histoire comme écuyers de l’armée française, alors que tout l’invitait à la retenue. Tout : l’égard dû à nos morts, la considération de la nation, le respect de sa fonction et, bien entendu, les faits historiques. La Grande Guerre n’a pas été une guerre pour « la liberté du peuple français » mais un conflit entre deux blocs (la Triplice et l’Entente) qui s’affrontaient pour la suprématie coloniale. L’Allemagne voulait sa part des conquêtes coloniales, Guillaume II rêvait d’un destin mondial et tout cela a donné naissance à une guerre meurtrière commandée par l’orgueil du Kaiser et la vanité du tsar, une guerre causée par les mauvaises humeurs royales, soutenue en Allemagne par des intellectuels, artistes, philosophes, médecins, et même des prix Nobel, qui apportaient leur caution à l’empereur Guillaume II au nom de la défense de la civilisation allemande et de « l’héritage de Goethe, de Beethoven et de Kant ».

Il ne suffit donc pas que nos Djilali, nos Mohamed, fussent livrés à un enfer commandé par la folie, la folie de Guillaume II, défiant son cousin Nicolas II de Russie ; la folie des empires ressuscités, la folie ottomane, ou celles aux couleurs française, italienne et britannique ; il ne suffit pas qu’ils soient abandonnés dans Verdun, fosse commune de la vanité humaine ; il faut encore qu’un siècle après leur mort, ils soient la proie d’une malhabile rhétorique diplomatique, semblable à ce lyrisme de croque-morts qui avait accompagné leurs derniers jours, quand Pétain, rivalisant de métaphores, encourageait l’hécatombe en glorifiant « Verdun, boulevard moral de la France ».

Notre ignorance de l’histoire nous a fait calomnier notre temps, a dit Flaubert.

Alors laissons l’histoire se faire et ne profanons plus la solitude de ces soldats. Ils ne sont pas de ce monde politicien, même si la tentation est grande de vouloir les récupérer au profit d’une chapelle, d’une stratégie de l’instant ou d’une ethnie politique.

Ces hommes sans patrie et sans destin n’appartiennent à personne.

Ils sont de la race des libérateurs du monde : éternels, anonymes, généreux. Ils ne sont pas accessibles aux intrigants ni aux excités qui, eux, ne comprendront jamais rien à la profondeur du dévouement. Retenons de Bachelard que l’histoire humaine « peut bien, dans ses passions, dans ses préjugés, dans tout ce qui relève des impulsions immédiates, être un éternel recommencement mais il y a des pensées qui ne recommencent pas ; ce sont les pensées qui ont été rectifiées, élargies, complétées. Elles ne retournent pas à leur aire restreinte ou chancelante. »

Il faut alors aux prêtres de la xénophobie parisienne et aux muftis algériens de la « pureté révolutionnaire », ceux-là qui suffoquent d’indignation que trois officiers algériens paradent sur les Champs-Élysées, « chez nous ! », hurlent les uns, « chez eux ! », crient les autres, il faut à ce petit monde de camelotiers de la politique, ajouter un peu de légende pour supporter leur propre histoire. Oui, la supporter telle qu’elle rayonne sur l’humanité, pas telle qu’ils l’imaginent.

Il faut aux uns et aux autres, à ceux qui s’indignent de « la profanation du sol français » comme à ceux qui parlent « d’atteinte aux chouhadas », il leur faut admettre qu’il n’est ni scandaleux ni hérétique de marquer le 14 juillet 1789 parce que cette date n’est pas qu’une date française, encore moins un vestige colonial : c’est un legs pour l’humanité qui avance, depuis, vers la liberté. La prise de la Bastille, dépôt d’armes et symbole de l’absolutisme royal, c’était le signe de la prise de conscience par le peuple de sa puissance et sa capacité à imposer sa volonté lorsqu’il est uni. Du 14 juillet 1789, nous avons gardé que “pour la première fois, le peuple est apparu plus fort que les rois »(Mistler) ; nous avons retenu de la Bastille que le roi cessa d’être souverain “par la grâce de Dieu”, mais par la volonté du peuple et que la volonté du peuple devait se traduire par une Assemblée constituante, élue par le peuple, qui rédigerait une constitution conforme aux vœux du peuple et désignerait un Etat juste et démocratique.

C’était cela la révolution : le pouvoir passait juridiquement des mains du Roi à celles de la Nation. Ou du colonisateur à un Etat indépendant et démocratique. Nous, Algériens, ne l’avons jamais oublié : C’est de cela, des leçons du 14 juillet, de la Bastille, de la révolution de 1789, que s’est nourri le premier parti indépendantiste algérien, six ans à peine après la Grande Guerre. L’Etoile nord-africaine revendiquait l’indépendance mais aussi une Assemblée constituante afin que l’Algérie libérée ne retombe pas entre les mains des maquereaux.

A Bruxelles, en 1927, quand Messali lut la revendication d’indépendance rédigée avec sa compagne Emilie Busquant, fille de syndicaliste se revendiquant de la Révolution de 1789, et à qui l’on doit le drapeau algérien, il définissait ainsi la future Algérie : une nation moderne et musulmane, fondée sur le modèle de la Révolution française de 1789. Ce qui était clairement revendiqué, c’est le départ des institutions coloniales, les délégations financières, et leur remplacement par un Parlement élu au suffrage universel, une Assemblée constituante souveraine qui désignera un État démocratique.

Emilie avait aidé Messali à bâtir une organisation nationaliste révolutionnaire qui soit à cheval sur la Révolution française de 1789 et de la Commune et l’islam, un mouvement nationaliste révolutionnaire dont ils seraient, en tant que couple, la préfiguration, eux que tout paraissait opposer, elle la Française, lorraine, venant d’un milieu ouvrier anarchosyndicaliste et lui, sujet colonial, indigène, turcophile et musulman.

Mais en luttant pour l’indépendance d’un pays colonisé par sa propre patrie, Émilie contribuera à créer cette France républicaine, antifasciste, anticolonialiste ! Elle ressentait comme un lourd embarras d’appartenir à un peuple amnésique, celui-là dont les aïeux s’étaient soulevés pour la liberté et l’indépendance en 1789 et qui acceptait de voir soumettre un autre peuple à l’abaissement. C’est devant des milliers de personnes qu’elle le déclara, en novembre 1934, dans un meeting à la salle de la Mutualité, organisé par l’Étoile nord-africaine en réaction à l’incarcération de ses dirigeants. « Le peuple français n’a plus le droit de rester indifférent au sort de 15 millions de Nord-Africains sur qui pèse une exploitation honteuse. Je parle en connaissance de cause : je suis allée en Algérie, je suis restée trois mois, j’ai vu la misère, j’ai vu défiler par centaines des mendiants, femmes, enfants, vieillards, malades squelettiques, comme des morts vivants. Il y a près d’un million d’enfants qui ne trouvent pas de place à l’école et qui sont livrés à la rue. Le rôle de l’indigénat, les mesures d’exception font du peuple algérien une proie livrée pieds et mains liés au colonialisme. Cela, le peuple français ne l’acceptera pas, lui qui a fait la révolution de 1789 pour briser les chaînes monarchiques qui l’étouffaient et pour donner la liberté à tous les peuples. »

Du reste, la France révolutionnaire et les Algériens colonisés se sont souvent rencontrés. C’est dans la maison du chef communard Eugène Mourot, dans le vingtième arrondissement de Paris qu’a vécu, jusqu’à sa mort, l’insurgé algérien Aziz Haddad, le fils du chef de la confrérie religieuse qui avait déclenché l’insurrection d’El-Mokrani de 1871 en Kabylie ? Ils s’étaient connus au bagne de Nouvelle-Calédonie.

L’histoire nous enseigne que durant la Commune de Paris (1871), bien des Turcos, ces tirailleurs algériens enrôlés au sein de l’armée française que les stratèges bourgeois recrutaient en masse dans l’espoir d’avoir des troupes dévouées qui lui assureraient la « maîtrise de la rue », ont préféré les gens de leur classe à ceux qui les avaient armés, et avaient basculé de l’autre côté des barricades.

Et c’est à une L’histoire de ce jeune homme venu de Tlemcen et de cette demoiselle débarquée de Lorraine, fille d’un ouvrier anarcho-syndicaliste, c’est le prototype des petites histoires fondatrices de la grande histoire, les histoires d’amour souvent, ou de camaraderie ou d’amitié dont on ne parle jamais mais qui sont à l’origine de tout. Sans cette rencontre de ce soir-là de 1923, peut-être le cours du mouvement national aurait-il été tout à fait autre.

C’est tout cela que les trois militaires algériens paradant un certain lundi 14 juillet à Paris, ont croisé sous cet arc de triomphe où était inscrite, depuis le 14 juillet 1790, un an après le déclenchement de la révolution française, cette magnifique bravade :

« Nous ne vous craindrons plus

Subalternes tyrans

Vous qui nous opprimez

Sous cent noms différents »

C’est ce cri qui résonna, plus de deux siècles plus tard, aux oreilles de la jeunesse tunisienne qui, à son tour, revendiqua l’Assemblée constituante, la fin des privilèges…Elle l’obtint en 2011. On raconte que le roitelet Zine-Eddine Ben Ali, tel Louis XVI revenant de la chasse, s’était angoissé :  » C’est une révolte ? »

 » Non, sir, c’est une révolution »

M.B.

 

Auteur
Mohamed Benchicou

 




L’immense Markunda retrouve l’Aurès

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Chanson

L’immense Markunda retrouve l’Aurès

De son vrai nom, Meriam Mebarki , est une chanteuse et écrivaine chaouie. Elle a commencé sa carrière musicale en France  en reprenant des chansons  traditionnelles chaouie. Elle a chanté la terre et la culture des ancêtres comme elle l’avait promis à sa grand-mère maternelle. « Quand je serais grande, je m’habillerais et je chanterais comme toi », lui avait-elle confié.

L’ampleur du succès la surprendra elle-même : « C’était en 1986 à la sortie de mon premier enregistrement, je faisais mon premier ‘’tour de chant’’ … à l’Olympia ! Brusquement projetée à la lumière, en ’’vedette américaine’’ … ».

Pour Markunda Aurès, le chant était une manière pour elle d’opérer un retour à sa terre natale, de venir boire à la source de l’âme profonde des Chaouis : « Le chant va me devancer là bas au ‘’pays des six montagnes’’ annoncer et préparer mon retour, quand la nouvelle courra de caillou en caillou, de dechra en dchera, quand la voix annoncera dans les massifs, dans les gorges de Tarchiouine, dans la vallée de Tinibaouine, je n’éprouverai aucun triomphe de ce coup d’éclat, je gagnerai juste à redevenir moi ».

Ces dernières années , malgré l’ostracisme qu’imposent les médias algériens aux chanteurs chaouis, les chansons de Markunda retrouvent une seconde jeunesse et leur public naturel. Sur les réseaux sociaux et la plate-forme Youtube , les chansons comme : Si melmi nettu, (depuis quand nous avons oublié ?), Tasseta n uzamur ( l’olivier), Chacha, Tamurt inu, Amnay, Massika (hommage à la chahida Ziza Massikia qui était son institutrice ) connaissent  un grand succès.

Et c’est  grâce à internet que la majorité des gens venus à Merouana ce 21 octobre était des jeunes. Djamila, qui est venue avec son père ne cache pas sa joie. « Je suis hyper-heureuse de rencontrer face à face la grande Markunda et pouvoir  lui offrir un petit cadeau », s’est-elle enthousiasmée.

Un autre jeune tient aussi à manifester sa joie d’avoir enfin rencontré son idole : « J’écoutais les chansons de Markunda depuis des années sur Youtube et c’est une immense joie de la rencontrer et prendre une photo avec elle , et je trouve scandaleux que les élus locaux et les pouvoirs publics marginalisent cette grande artiste qui a honoré notre culture », tient-il à nous dire .

Le livre de Markunda Aurès « Si on te nie la mort t’oubliera » paru en France en  2012, sera prochainement édité en Algérie.
  

Auteur
Jugurtha Hanachi

 




Les élites et l’économie dans le désordre !

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Les élections :

Les élites et l’économie dans le désordre !

En principe, a tenu à le rappeler l’un d’eux, l’élection est ce moment privilégié des bilans, des offres publiques et de renouvellement de la représentation de la classe publique ; elle devrait à ce titre, susciter de l’intérêt et à forte raison, en situation de grandes difficultés, comme c’est le cas du pays.

Malheureusement, les querelles ont pris le dessus sur les questions de fond ; elles brouillent les quelques tentatives d’amorcer des débats sérieux à même de secouer cette précampagne électorale sans teint. Les électeurs apprécieront, eux qui espéraient que, cette fois-ci, les élections allaient se transformer en « espaces de dialogue sérieux sur les grandes questions de la Nation et les dossiers prioritaires, plutôt que des moments de surenchère, de manœuvre et de désinformation » !

 A propos de débat, la presse a rapporté, par exemple, que celui prévu entre l’actuel P/APC FLN d’Oran et le candidat du RND, Mohamed El Moro a été tout bonnement annulé à cause du refus du premier nommé de se présenter. Des sources locales estiment que « le P/APC sortant n’aurait aucun argument pour défendre son bilan à la tête de la municipalité d’Oran ». Un refus qui a fait réagir plus d’un observateur de la scène politique locale qualifiant ce faux bond « de fuite en avant ».

L’autre incongruité nous vient du P/APC d’Alger-Centre qui aurait saisi les services compétents de la wilaya d’Alger pour signaler que l’adresse donnée par un candidat aux prochaines élections locales, en l’occurrence l’immeuble situé au 7, rue Larbi-Ben-M’hidi n’existe plus : il a été démoli et une station de métro est prévue à sa place.

Pendant ce temps-là, la majorité présidentielle composée par le FLN, le RND, TADJ et le MPA a mis en place une stratégie à adopter à l’occasion des élections locales du 23 novembre : s’épargner mutuellement lors de la campagne électorale qui s’ouvrira dès dimanche prochain,  s’assurer une entraide effective le jour même du vote «chaque parti qui n’est pas présent avec une liste dans une circonscription doit travailler pour son allié de la majorité le mieux placé face à l’opposition». Un deal qui, certainement, profitera largement au FLN, puis au RND, mais, aussi, au TAJ et au MPA qui bénéficieront, dès lors, d’appuis de taille au niveau de certaines circonscriptions. 

Il y a aussi cette question existentielle qu’aucun des partis politiques n’est arrivé à résoudre : transformer la chaleur de la foule, l’énergie juvénile et l’engouement primesautier des Algériens, en une force de persuasion qui évite la pente glissante de l’autocongratulation, du tout va bien et des lendemains qui chantent ?

Aujourd’hui, on ne le répétera jamais assez, l’élite algérienne, faute de ne pas avoir trouvé des solutions au pays, notamment économiques, est disqualifiée. Elle s’est mise elle-même hors jeu ! Pour le vérifier, il faut aller voir du côté des réseaux sociaux, Facebook, notamment, qui est en passe de devenir le plus grand média du pays ! Et ceux qui, parmi l’élite, pensent qu’ils peuvent conserver leur puissance et surtout leur avidité insatiable et leur voracité destructrice ont, désormais, du souci à se faire. Les peuples reprennent conscience, c’est un mouvement mondial qui a pris naissance aux États-Unis avec l’élection de Donald Trump et qui s’est poursuit en France, à l’occasion des élections présidentielles, où les électeurs ont décidé d’administrer une leçon aux « sachants » du pouvoir :

– ils ont déjoué tous leurs pronostics !

 – le tout politico-médiatique s’est trompé !

C’est ce qui risque d’arriver au FLN et au RND dont les dirigeants à l’approche des élections locales pensent qu’ils en sortiront victorieux, que les jeux sont faits !

La crise pétrolière a ceci de particulier, c’est qu’elle a mis à nu la super-structure politique de l’Algérie qui est, complètement, gangrenée. À l’approche des élections, c’est le règne de la mangeoire : tous s’y précipitent, les partis islamistes en tête ! Les quotas sont fixés. Premiers servis, les obéissants parmi ceux qui se disent « appliquer le programme du président de la République » !

Ceci étant dit, force est d’admettre, qu’à ce jour, seuls les décideurs politiques ont eu trop de gain de parole ; on oublie qu’il y a d’autres énergies que l’on n’a pas assez écoutées, à l’image des producteurs de richesses et de savoir. De par le monde, pourtant, c’est la règle : les économistes sont appelés, et aussi payés, pour faire des analyses, et les gouvernants, notamment les exécutifs, se chargent de l’habillage politique des mesures qui sont préconisées par ces détenteurs de savoir, nonobstant leur idéologie, car il n’y a pas d’économie de gauche ou de droite, de la majorité au pouvoir ou de l’opposition ; la stratégie économique ne peut être que bonne ou mauvaise !

Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, est obligé de changer de braquet, après avoir pris tout de même toutes les mesures pour atténuer les tensions budgétaires subies par le pays. Il a admis que la crise est sérieuse et que la baisse du pétrole s’inscrit dans la durée. Le langage de vérité, se sont dits certains.

A priori, cela ne suffit pas ! Il est contraint de regarder aussi du côté des experts et des universitaires, et pourquoi pas à travers une « veille stratégique » qui servirait à étudier toutes les contributions qui se publient, spontanément, dans la presse nationale !!!

Toutes les contributions ? Peut-être pas car beaucoup parmi les gens du savoir font plus dans la rhétorique et la sémantique que dans l’analyse objective, sereine et sans complaisance du tableau de bord de l’économie du pays et de ses perspectives.  Presque toutes leurs expertises se rejoignent, en ce sens qu’elles gravitent essentiellement autour de la révision des subventions et des transferts sociaux, de sorte qu’ils soient ciblés pour profiter aux catégories les plus démunies, la révision de la règle du 51/49 pour favoriser les investissements étrangers, la consécration effective de la liberté d’entreprendre, en supprimant notamment l’autorisation préalable du CNI pour tout projet supérieur à 15 milliards de dinars, la débureaucratisation, la révision de la fiscalité, la libération des prix, l’arrêt du processus d’adhésion à l’OMC, la sortie de la Zale et l’abolition de l’Accord d’association avec l’Union européenne.

En l’état, Ahmed Ouyahia va-t-il faire cause commune avec toutes ces thèses libérales et les potions amères de leurs auteurs, ou s’en tenir à sa politique de « rationalisation des dépenses » ?

Est-il capable, également, d’affronter le peuple, dialoguer avec lui, le consulter en recourant, par exemple, au référendum pour cette histoire de gaz de schiste qui a failli diviser l’Algérie en deux ?  D’admettre aussi l’idée qu’il n’y a pas dans le pays :

  • d’un côté, un peuple paisible, qui va aux urnes, qui applaudit car content de son sort, semble-t-il ;
  • et de l’autre, un peuple frondeur, abstentionniste, qui rejette tout en bloc au motif qu’il déteste les élites qui ne lui accordent pas toute la considération voulue.
    En attendant, d’autres idées et autant de pistes de sortie de crise émergent çà et là, et commencent à susciter quelque intérêt :
  1. la nécessité d’installer, partout, « l’intelligence économique », ce mode de gouvernance universel fondé sur la maîtrise et l’exploitation de l’information stratégique pour créer de la valeur durable.
  2. On parle aussi du « tout Maghreb », par opposition au « non Maghreb » ! La somme de 100 milliards de dollars supplémentaires par an a été par exemple énoncée ! Elle correspondrait à des bénéfices qu’auraient pu engranger les économies du Maghreb, si leurs pays cessaient de se regarder en chiens de faïence et décidaient, enfin, de coopérer !

    L’UMA, hélas, s’est révélée incapable de s’affirmer comme ensemble régional. Pas plus politique qu’économique. En ces temps de crise, le gouvernement ne pense qu’à réduire les dépenses de l’importation : de combien de temps dispose-t-il pour, raisonnablement, « rationner » celles-ci, sans détruire en même temps des activités économiques connectées au commerce extérieur et, partant, mettre en difficulté les quelques PMI/PME qui contribuent à la croissance, malgré toutes les vicissitudes ?

     Aujourd’hui et faut-il le dire, la défiance frappe la classe politique dans toute sa composante mais aussi l’administration publique, les journalistes, bref toute l’élite intellectuelle.
    Et aussi, les patrons d’entreprises, ceux du FCE qui n’ont eu de cesse d’exiger plus de facilités fiscales, du foncier gratuit ou à moindre coût, sans apporter la moindre preuve, pour beaucoup d’entre eux, de leur utilité pour l’économie nationale !

Les gouvernements successifs ne présentent pas de bilans ! Ils laissent le pays dans un état pire que celui qu’ils trouvèrent à leur arrivée.

La violence et l’incivisme sont partout, l’insécurité routière fait des ravages, l’école n’en a pas fini avec ses soubresauts, le tourisme et le secteur de la pêche sont au plus mal, tout comme le football, sa violence, ses scandales et la faillite des Fennecs, le commerce qui n’est pas régulé, la mercuriale qui s’affole et les déficits qui augmentent dans tous les secteurs !  Les ministres qu’Ahmed Ouyahia n’a pas choisis, observent et laissent faire en l’absence, peut-être, d’une feuille de route !

Ce discrédit vaut, aussi, pour la plupart des élites passées qui sont dans l’opposition aujourd’hui, mais qui ont été en situation de gouvernance hier.  Elles n’ont pas fait mieux, quand elles-mêmes, intraitables et sourdes à toutes revendications sociales, elles étaient aux affaires !

 Elles n’ont pas communiqué, ou pas assez quand elles étaient au pouvoir, alors qu’elles disposaient de l’ensemble des médias, dont la télévision qui reste, pour elles, un espace public « monopolistique » par excellence. Elles s’emmurent dans le silence quand elles le quittent, pensant qu’il est bon pour elles de « se mettre en réserve de la république », sait-on jamais, ou se faire oublier, puisque cela vaut mieux ainsi. Elles devront, dorénavant, regarder en face le peuple, avec lequel la rupture, si elles n’y prennent garde, pourrait, tôt ou tard, être consommée si elle ne l’est déjà, à voir la courbe vers laquelle s’envole l’abstention, scrutin après scrutin.

En définitive, tout est possible pour les élites qui trouvent toujours à se recycler qui au Sénat, qui dans une ambassade, et rien ne serait possible pour le peuple, si ce n’est qu’on lui demande, sans cesse, de faire des efforts, quand ce n’est pas des sacrifices qu’on exige de sa part.

 Le peuple a l’impression qu’il paye pour sa protection, mais personne ne le protège de ces élites qui disposent de ses richesses et parfois en usent et abusent, tout en lui déclarant, à tout bout de champ, que « l’Etat providence, c’est fini ! ».

 

Auteur
Cherif Ali

 




Pour Ahmed Ouyahia, Chakib Khelil est une victime

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Corruption

Pour Ahmed Ouyahia, Chakib Khelil est une victime

Ahmed Ouyahia a troqué son complet de Premier ministre pour celui de SG du RND pour distiller quelques messages non sans arrière-pensées.

Les choses sont claires pour Ahmed Ouyahia, il n’y a aucune violation de la liberté de la presse. « C’est bien de dire qu’en Algérie il y a rétrécissement de la liberté d’expression quand le premier magistrat du pays, le président, est insulté chaque jour que Dieu fait par la plume de la caricature et la violence des articles. Personne n’a été poursuivi », tonne avec certitude le SG du RND. Et aux impertinents qui s’interrogent sur le blocage de Tsa, Ouyahia les renvoie dare-dare à l’opérateur téléphonique du site. Circulez il n’y a rien à voir !

Quant à la corruption dont souffre terriblement le pays, Ahmed ouyahia fait partie de ceux qui relativisent le phénomène avec assurance. Pour Ouyahia, il n’y a pas de quoi fouetter un élu, « le phénomène de la corruption est répondu à plusieurs niveaux, donc par quel saint esprit, les élus locaux auraient échappés à cela ? ». Goguenard, il ajoute : « Nous sommes heureux et fières de dire à l’opinion publique que la famille du RND qui compte plus de 6000 élus, a eu malheureusement, 200 élus qui ont été poursuivis », soutient-il. Puis sans rire, il précise : « Nous avons une cinquantaine qui a été condamnée. Nous aurions voulu dire zéro poursuite et zéro condamnation …c’est la réalité qui est là ».

Parler de corruption sans citer Chakib Khelil est presque impossible tant l’histoire de ce rond de cuir a défrayé la chronique. Pour Ahmed Ouyahia l’affaire Sonatrach, c’est une grosse bourde. « Ce que Sonatrach a vécu, je l’ai dit et je le redis, beaucoup d’injustices ont été commises ». Et de lâcher ce déclaration lourde de sens : « Ce qui a été fait contre Chakib Khelil, il y a eu beaucoup d’injustice (…) ». L’ancien ministre de l’Energie a « subi une terrible injustice », s’insurge Ouyahia.

Voilà qui met sentencieusement au pilon les décisions de la justice algérienne et ouvre un boulevard à l’ancien puissant patron de l’Energie en Algérie.

Auteur
Yacine K.

 




Le problème du temps : des « peuplades » au peuple (I)

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Société :

Le problème du temps : des « peuplades » au peuple (I)

Partons d’un commentaire de Atala Atlale, paru sur le journal :

« Au terme de ma lecture de cette intéressante analyse, je désespère et me dis que le chemin reste alors long pour que le Peuple retrouve ou récupère son Algérie. L’opposition aurait alors un long travail de cimentation pour unir ces « peuplades ». La caste dominante aurait-elle encore de beaux jours devant elle avant le réveil du peuple ? »

Intéressons-nous d’abord au plus important : « peuplades » et peuple.

Oui, certes, le chemin est long à parcourir. Les faits constatés dans la contribution précédente le démontrent.

Cependant, reste à discuter à propos de l’estimation de cette longueur.

Constatons, d’abord, que depuis 1962 à aujourd’hui, sont passés 55 ans, soit grosso modo deux à trois générations. Au fur et à mesure, les désastres se sont accumulés.

D’abord, non pas un mais le tabou sacré, a été brisé définitivement : des Algériens ont massacré d’autres Algériens. Cela commença par l’armée des frontières contre d’authentiques moudjahidines, opposés au putsch militaire.

Certes, le peuple est sorti, criant : « Sept ans, ça suffit ! » Mais les putschistes ont quand même vaincu. Et la dictature militaire, totalitaire, a enseveli toute velléité démocratique, par la répression la plus féroce et systématique.

Puis, encore une fois, des Algériens ont massacré d’autres Algériens. Mais cette fois-ci, le tabou sacré a été brisé de manière plus grave encore : ce sont des militaires de l’Armée dénommée « Nationale Populaire » qui a assassiné des citoyens en révolte. Et cela plus d’une fois : 1988, 2001.

Et puis vint la pire manière de brisé le tabou sacré : des civils algériens ont massacré d’autres civils algériens, de la manière la plus atroce, la plus sauvage, la plus impitoyable. Ce fut la décennie dite sanglante.

Par conséquent, les traumatismes sur le peuple sont très graves, très profonds. Et, soulignons-le, ils ont eu lieu en un laps de temps relativement court : 55 ans.

Ajoutons d’autres traumatismes.

L’échec économique. À l’indépendance riche de matières premières, à tel point de les employer pour créer une économie prospère (2), le pays finit actuellement par le recours à la planche à billets pour payer ses fonctionnaires.

L’échec culturel. Par rapport à la génération de la guerre de libération nationale, certes la scolarisation a fait des progrès appréciables en terme quantitatif, mais sur le plan qualitatif, tous les spécialistes du domaine déplorent le désastre sur tous les plans. Ajoutons à ce lamentable tableau, la mise en place d’un dispositif idéologique où la religion est manipulée de manière à constituer le moyen le plus obscurantiste qui se puisse s’imaginer.

L’échec social. Trois faits suffisent à rendre compte de sa gravité.

Avant l’indépendance, les plus démunis mais disposant de force juvénile, émigraient en France pour trouver de quoi vivre. Aujourd’hui, la même catégorie préfère être noyée en mer plutôt que de souffrir dans le pays.

Avant l’indépendance, le pays recevait des médecins français pour exercer. A présent, mes médecins algériens préfèrent aller travailler en France.

L’échec historique. Et là, ça fait mal à entendre. Ce sont les gens du peuple, – et non des harkis ou enfants de harkis – qui regrettent, plus ou moins ouvertement, le temps de la « France ». Cela prouve que les dirigeants du pays, malgré leur passé « révolutionnaire » et leur revendication de ce passé, ont totalement failli à perpétuer parmi le peuple la mémoire de ce que fut le colonialisme. Et cela prouve, par suite, la faillite de ce que ces dirigeants du pays prétendent avoir réalisé de positif. Contentons-nous de deux simples faits, parmi tant d’autres. Ces dirigeants ont-ils permis l’apparition, dans le pays, de citoyens capables :

1) de les soigner, afin qu’ils ne soient pas obligés de recourir à des praticiens à l’étranger ? Cuba l’a fait, pourquoi pas l’Algérie ?

2) de concevoir et de construire de manière indépendante une simple autoroute ? La Corée du Sud l’a fait, pourquoi pas l’Algérie ?

Et pourtant ni Cuba ni la Corée du Sud ne disposent de pétrole et de gaz.

Enfin, arrivons à ce que je considère la plus tragique tragédie de notre peuple. Voici ce que Omar Tarab m’écrit :

« Je me trouvais en Espagne le jour où la soldatesque du système a mitraillé des jeunes lycéens en Kabylie qui manifestaient pour la démocratie, on dénombra ce jour plus de 125morts.

Je recevais le jour d’après un proche qui, parlant de ce drame, m’a répondu : « Ces gens l’ont cherché, ils n’avaient pas à sortir dans la rue et après tout bien fait pour eux, ce sont des kabyles ». Voilà la plus grave carence de notre peuple : avoir perdu son unité solidaire de peuple, acquise (pour la première fois et miraculeusement de manière générale) durant la guerre de libération nationale.

Une autre carence, aussi grave, provient d’intellectuels. Dans l’histoire du peuple algérien, ils mettent en relief les divisions, jusqu’à les exagérer en faussant les faits historiques, pour laisser croire que la division tribale est un phénomène algérien atavique. Or, l’examen objectif de l’histoire prouve le contraire. Que cette conception dégradante du peuple soit le fait d’intellectuels-historiens colonialistes, cela n’étonne pas. Mais qu’elle soit reprise par des Algériens, en plus se déclarant amis du peuple dont ils font partie, voilà ce qui laisse pour le moins perplexe (3).

Retournons à l’histoire récente.

À peine l’indépendance acquise, les nouveaux usurpateurs du pouvoir, pour le dominer (suivant en cela la méthode colonialiste) ont fait retomber le peuple dans ses anciennes tares traditionnelles tribalo-ethniques, réelles ou présumées (4). Les colonialistes ont tout fait pour jouer sur cette division, notamment celle entre « Arabes » et « Kabyles ». La caste dominante indigène a appliqué la même méthode, en mettant en avant une prétention suprématiste, ethnique et idéologique : « Nous sommes Arabes ! Arabes ! Arabes ! » proclama le « socialiste » premier usurpateur du pouvoir, Ben Bella. Puis suivit, un an après, la répression militaire de la révolte du F.F.S. en Kabylie, encore une fois pour éliminer une revendication pour la démocratie dans le pays. Et sans solidarité de la part du reste du peuple algérien : le maudit préjugé « Arabes contre Kabyles » a fonctionné. Et, cinquante années après, nous en sommes encore à cet horrible situation. Elle a En témoignent comme preuves, chez les Arabophones (linguistiquement parlant), les partisans de la référence néo-coloniale quatari-wahabite, et, chez les Amazighophones (linguistiquement parlant), les partisans de la référence néo-coloniale sioniste.

Concluons ce désolant tableau par un témoignage personnel qu’il me coûte d’avouer. En 1960 (j’avais 15 ans), nous avions manifesté à l’intérieur du lycée pour l’indépendance de l’Algérie. Juste après, un enseignant français nous accueillit en classe en disant, avec mépris : « Vous voulez l’indépendance ? On verra ce que vous saurez en faire ! »

Oui, cela fait mal de me le rappeler. Et quand, durant le cinquantième anniversaire de l’indépendance, j’ai entendu à la télévision le slogan officiel « Ma zalna wagfîne ! » (Nous sommes encore debout!), je me suis demandé : Mais dans pitoyable état ! Et par l’unique responsabilité de ceux qui ont prétendu mériter de nous diriger, et cela depuis l’indépendance. Ya Larbi Ben Mhidi ! Ya Abane Ramdane ! Ya, vous toutes et tous, qui avez subi la torture, versé votre sang, pour une Algérie digne de votre (notre) idéal de combat !… Quelle douleur ! Mais surtout quelle honte ! Quelle humiliation !

Voilà donc tout ce que le peuple algérien d’aujourd’hui doit affronter, pour redevenir un peuple ayant confiance en lui-même, en ses capacités d’exister comme agent conscient et déterminant dans le pays.

Examinons d’autres arguments proposés comme salvateurs du peuple.

Bouabdallah Madani, dans un courriel privé, mentionne Ferhat Abbas dans “Autopsie d’une guerre” :

« L’Algérie est un pays qui n’a pas de chance – Ses enfants se jalousent, manquent d’esprit de discipline et de sacrifice. Ils se plaisent dans l’intrigue. Ils oublient l’essentiel pour le futile. L’avenir me parait incertain. Les imposteurs, les malins risquent d’imposer leur loi – Quelle légalité, quelle liberté pouvons-nous attendre de telles mœurs ? La liberté se gagne sur les champs de bataille. C’est entendu. Mais elle se gagne aussi lorsque le citoyen domine ses mauvais instincts et ses mauvais penchants. Et surtout lorsqu’il respecte la loi. »

Ce sont là des généralisations de type anthropologique qui n’expliquent rien, au contraire augmentent la confusion. D’une part, ces considérations peuvent être appliquées à n’importe quel peuple, de n’importe quelle époque historique.

D’autre part, quelle serait cette « loi » à respecter ? Pour le savoir, il faudrait préciser qui a établi cette loi, et dans quel but ? Or, l’on sait que les lois sont toujours décidées et promulguées par la caste dominatrice du moment. Dès lors, parler ainsi de « loi » d’une manière générale n’est pas pertinent. En outre, a-t-on jamais vu un peuple ignorer ou ne pas respecter une loi qui correspondrait réellement à son intérêt ?

Le même Bouabdallah Madani estime, à propos de l’émancipation du peuple algérien :

« Et cela passe d’abord par la culture comme disait Malek Bennabi depuis le début, car les peuplades ou même un peuple affirmé plongés dans l’inculture et sans mémoire sont facilement bernés, les extrémistes ayant toujours le vent en poupe et le verbe haut pour convaincre. La culture bien pensée relativise le rang social, la richesse de chacun, la seule noblesse résidant dans la richesse spirituelle de l’individu. »

À propos de culture, il faut d’abord être conscient de la réalité. Les conditions de vie matérielle du peuple, écrasantes, de survie, lui permettent-elles de s’occuper de culture ? Les conditions idéologiques, auxquelles la caste dominante le soumet, favorisent-elles le peuple à accéder à l’authentique culture, celle émancipatrice ? Les intellectuels, dits progressistes, s’intéressent-ils au peuple pour lui offrir la culture convenable ?

Il reste un dernier argument, que certains emploient comme solution de sauvetage du peuple : obéir aux « dirigeants » (auto-proclamés), dans cette vie, afin de bénéficier d’une vie meilleure dans… l’au-delà. N’en rions pas. Malheureusement, cet argument est présent, parmi les parties les plus aliénées du peuple. Se contenter de s’en lamenter est idiot ; se limiter à accuser le peuple de cette carence est stupidement arrogant. Il faut chercher à libérer les victimes de ce genre de chantage. Faut-il préciser qu’il n’est pas spécifique du peuple algérien ? Rappelons-nous l’histoire de tous les peuples de la planète : comment, chaque fois, la religion a été manipulée pour légitimer leur asservissement.

Examinons l’autre face de la médaille. Concernant le peuple, des faits encourageants existent, permettant l’espoir.

Le premier. Malgré toutes les carences du peuple en terme de division, ni le wahabisme-quatarisme et son agent local (ex-F.I.S.), ni le sionisme (avec son soutien impérialiste, en premier lieu U.S., ensuite français) et son agent local (M.A.K), aucun de ces deux agents n’a réussi à diviser le peuple algérien, pour néo-coloniser l’Algérie, notamment par l’emploi de la désormais connue « révolution colorée » (voir Ukraine), après avoir tenté l’action terroriste armée. En tout cas jusqu’à présent. Cependant, le risque existe et persiste. Il suffit d’examiner la carte géographique (place stratégique de l’Algérie dans la Méditerranée, comme territoire), ses ressources naturelles et son marché de consommateurs (très appétissants pour les loups capitalistes).

Deuxième fait. De temps en temps, une partie du peuple opprimé, la plus consciente et/ou celle qui supporte le moins son asservissement, s’est manifestée socialement : de la révolte armée du F.F.S. en 1963, aux révoltes populaires plus ou moins spontanées et plus ou moins violentes (1988, 2001, etc).

Malheureusement, ces révoltes manquaient des éléments pouvant leur assurer un succès : 1) la solidarité de la majorité du peuple, 2) un programme adéquat ; 3) une organisation efficace.

Ces deux ultimes facteurs étant les conditions d’existence du premier.

Troisième fait. Des organismes libres, autonomes et démocratiques sont nées : associations de chômeurs, syndicats autonomes, associations de femmes, de jeunes, cafés littéraires, etc.

Là, aussi, malheureusement, ces associations ne sont pas encore suffisamment développées au point de se fédérer, jusqu’à constituer des forces sociales capables de peser dans le rapport de force social global. Mais il semble que la conscience de cette nécessité fait son bon chemin, notamment dans le domaine syndical.

Voilà donc ce qu’il faut s’atteler à construire :

1) l’unité solidaire du peuple, sur la base de ses intérêts communs fondamentaux : éliminer son exploitation économique, donc sa domination politique, donc son aliénation idéologique ;

2) un programme d’action visant à la réalisation de ces objectifs, clairement compris et soutenu par le peuple ;

3) une organisation pour l’application pratique de ce programme, conforme aux réalités matérielles et culturelles du peuple. À ce propos, l’expérience historique, algérienne et mondiale, enseigne.

1) Pas de parti politique. Son intérêt premier, même quand il se proclame « populaire », est la formation et l’existence de sa caste dirigeante, au détriment du peuple.

2) pas de « Zaïm ». Son intérêt premier est l’affirmation de sa personnalité et de sa décision, censée être la plus « géniale » et « infaillible ». Méfions-nous en particulier de celui qui proclame ne pas vouloir jouer au « Sauveur », mais dont les déclarations et les actes, objectivement analysés, révèlent le but inavoué. À ce propos, rappelons-nous Lénine : n’a-t-il pas déclaré « Tout le pouvoir aux soviets », pour, ensuite, s’ériger en « Guide Génial » qui les a écrasés dans le sang ? En Algérie, les prétendus « sauveurs », « conseillers », etc., du peuple, n’évoquent jamais l’autogestion ou les associations autonomes du peuple. À monsieur Noureddine Boukrouh j’ai posé, dans ce journal, la question à ce sujet, précis (5) ; la réponse publique n’est pas venue (6). N’est-ce pas significatif ?

3) pas de clandestinité : elle tend toujours à former une caste dominant le peuple ;

4) pas de violence : toujours, elle se retourne contre le peuple, pour défendre la caste nouvelle dirigeante.

Que faut-il alors ?… Des associations populaires autonomes, libres, démocratiques, dans tous les domaines de la vie sociale, partout sur le territoire. Et fédérées entre elles, sans quoi, considérées singulièrement, elles restent inefficaces.

Des sources utiles, non pas à copier (les conditions historiques sont différentes), mais desquelles s’inspirer existent. La première est l’expérience espagnole, de 1936 à 1939 (7).

Tout cela exige du temps, évidemment. Mais, répétons-le, sa longueur n’est pas déterminable. Il peut être très court (la présente génération) ou très long (plusieurs générations), selon le déroulement des événements.

Celui-ci dépend de l’action de plusieurs agents :

1) les castes dominantes, dans leur capacité de diriger ;

2) les partis politiques réellement d’opposition, dans leur capacité de s’unir en un front commun assez consistant pour peser efficacement face aux castes dominantes ;

3) la minorité d’intellectuel-le-s sincèrement ami-e-s du peuple, dans leur capacité de le conscientiser afin qu’il s’organise en associations autonomes et fédérées.

Ces trois agents sociaux seront examinés dans la prochaine contribution.

Kaddour Naïmi

kad-n@email.com

Notes

(1) Le peuple, c’est quoi ?

(2) Voir la Norvège : Et si l’élite algérienne gérait le pays comme celle de la Norvège ?

(3) Voir l’article de Hocine Kitouni, « M. Boukrouh serait-il un khechiniste ? », 19 Octobre 2017, http://forumdesdemocrates.over-blog.com/2017/10/m.boukrouh-serait-il-un-khechiniste.html

(4) Voir l’article de H. Kitouni, déjà cité.

(5) Questions à Monsieur Noureddine Boukrouh

(6) Je n’estime pas trahir une correspondance privée, en révélant des messages personnels, concernant la vie publique. Dans un message qu’il m’adressa, Mr Boukrouh m’a écrit : « Je ne pourrai pas bien sûr répondre à toutes les questions (autogestion, lutte des classes, superstructure-infrastructure, etc.) car il me faudrait un livre et de nombreux jours de travail alors que la conjoncture est si prenante. »

Voici ce que je lui ai répondu : « Permettez-moi de considérer que la question de l’autogestion, comme projet social, me paraît mériter une réponse, même en quelques mots. Car, vous l’avez constaté, l’essentiel de mon interpellation auprès de vous consiste à savoir comment éviter qu’en Algérie un-e citoyen-ne soit réduit-e à être dominé-e / exploité-e par son semblable. N’est-ce pas l’aspiration première et fondamentale de notre peuple, comme, d’ailleurs, de tous les peuples de cette planète? ».

(7) Voir La (méconnue) plus importante révolution du XXe siècle

Auteur
Kadour Naïmi

 




Daech menace la coupe du monde en Russie

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Terrorisme

Daech menace la coupe du monde en Russie

Ce n’est pas la première fois que l’Etat islamique s’en prend au mondial de football. Un autre photomontage relayé il y a quelques jours montrait un djihadiste en tenue de combat avec, à l’arrière-plan, l’un des stades de la compétition. Auparavant, une autre image similaire avait été relayée sur internet avec un message promettant de s’en prendre aux «ennemis d’Allah».

Ce message d’intimidation n’a semble-t-il pas été pris au sérieux par l’entourage du footballeur argentin, selon le journal argentin La Nacion.

La Coupe du monde de football se déroulera en Russie entre le 14 juin et le 15 juillet 2018. Ce n’est pas la première compétition internationale à faire l’objet d’intimidations de la part de l’Etat islamique. Il faut rappeler que l’Euro 2016 en France avait fait aussi l’objet de menaces d’attentats de la part de Daesh. Pour autant, le tournoi s’est déroulé sans incident. 

Un important dispositif de sécurité est prévu en Russie, comme il est d’usage pour les rencontres de cette envergure. En mai dernier, Moscou avait déjà pris un décret prévoyant des mesures de sécurité renforcées pour la coupe de la Confédération qui avait eu lieu à ce moment là dans le pays, et qui seront toujours en vigueur l’été prochain. D’importants déploiements de militaires de la Garde nationale russe (Rosgvardia) sont notamment prévus pour sécuriser les stades et leurs alentours.

 

Auteur
R.T.

 




Des perturbations sur l’ensemble des vols

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Grève à Air Algérie

Des perturbations sur l’ensemble des vols

Au moins une dizaine de vols ont été suspendus depuis ce matin, annoncent plusieurs sources.  »Suite à un mouvement social sans aucun préavis déclenché par le personnel de la maintenance la nuit du 24 au 25 octobre, la compagnie Air Algérie informe sa clientèle que des perturbations toucheront l’ensemble des vols aussi bien sur les réseaux domestique qu’international », note le communiqué d’Air Algérie.

Pour rappel, les techniciens et travailleurs des services de maintenance des aéronefs ont entamé mardi une grève illimitée, en soulevant une série de revendications, notamment la révision de la grille de classement et des salaires, et ce, conformément aux dispositions de la convention collective, avait déclaré mardi soir à l’APS le président du Syndicat national des techniciens de la maintenance des avions (SNTMA), M. Ahmed Boutoumi.

 

Auteur
APS

 




Du gaz de schiste pour sauver Bouteflika

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Chroniques du temps qui passe

Du gaz de schiste pour sauver Bouteflika

Donc, à entendre Ouyahia, après la planche à billets, Bouteflika compte recourir au gaz de schiste pour sauver son règne calamiteux. Pourquoi pas ? L’Algérien est pour servir de rat de laboratoire.

Ici, la bombe  des Français tue toujours, 60 années après  l’indépendance. Mais, ici, c’est quoi ? Une oasis maudite, loin de tout,  loin des regards,  loin des états-majors, une contrée éloignée de 1 800 kilomètres de la capitale, autant dire un morceau de bout du monde, ceux  que l’on ne visite jamais, ou alors à la sauvette, le temps d’une photo, d’un discours…  Mourir à Reggane, c’est mourir pour personne, c’est la mort de quelques non-être, des âmes que personne n’aura comptabilisées. Du reste, à l’époque, dans les années 1960, les autorités françaises prétendaient que les essais nucléaires français se situaient dans des régions inhabitées.  Quand on réalisera qu’au moins 20 000 personnes vivaient dans la zone des retombées radioactives, il sera trop tard : Reggane venait de recevoir, l’équivalent de trois bombes d’Hiroshima ! Un indigène, ça ne se remarque même pas !

Mais l’essentiel, n’est-ce pas, c’est la grandeur de la France ! Hier, elle reposait sur sa puissance militaire, aujourd’hui sur son indépendance énergétique.

Hier, sous  le général De Gaulle, on se cherchait « une force de frappe atomique susceptible de se déployer à tout moment et n’importe où.  Sans perdre de temps, le 13 février 1960 a lieu le premier essai français d’une bombe A à Reggane, dans le Sahara algérien. En territoire indigène ! Les témoins assurent que cela ressemblait au jugement dernier. « Une énorme explosion puis des nuages noirs dans le ciel et la terre tremblait sous nos pieds. » La population n’était avertie de rien. On leur avait juste dit : « Fermez les yeux et ne regardez pas le ciel ! Dites-le à vos familles et à vos voisins. » Beaucoup fermeront les yeux pour toujours ; d’autres, des milliers d’autres, ne les ouvriront plus jamais sur le monde : une bonne partie de la population de Reggane a perdu la vue dès le lendemain. Abderrahman Saadaoui,  en fait partie. Il devint aveugle quelques jours après l’essai nucléaire. plus tard. « Nous étions illettrés et ne comprenions pas ce qui se passait. Mais j’étais hanté par une peur diffuse que tout cela allait avoir des conséquences durant des années… » Et c’est ce qui s’est passé. Il y a eu à Reggane des maladies qu’on n’avait jamais connues »

En 2014, les engins français seraient de retour dans la région.  Plus d’un demi-siècle après les essais nucléaires menés par l’ancienne puissance coloniale dans le Sahara algérien, la population locale suspecte la compagnie pétrolière Total, l’État français, et d’autres multinationales, de préparer, avec la bénédiction de l’Etat algérien, des forages de gaz de schiste, à proximité des villes et des oasis sahariens, menaçant les précieuses ressources en eau. Faut-il ajouter des drames du gaz de schiste aux drames des essais nucléaires ?  Ici, les gens continuent de boire une eau dont des spécialistes assurent qu’elle serait à l’origine de plusieurs maladies. Une eau tirée des puits à ciel ouvert qui n’aurait jamais fait l’objet d’analyses, en dépit du risque qu’elle présente. Mais qui se soucie de ces populations oubliées du monde ? Elles-mêmes ! Seulement elles ! L’énorme différence entre l’époque des essais nucléaires et aujourd’hui, est que les fils et petits-fils du vieux Abderahmane Saadaoui sont allés à l’école, qu’ils savent de quoi il en retourne, Ce sont eux qui manifestent contre le gaz de schiste, parce qu’il y va de leur vie et de celles des enfants à naître.  Ils refusent d’être les éternels cobayes indigènes. Ils alertent  l’opinion sur les projets de prospection d’hydrocarbures de schiste dans le désert algérien, avec la bénédiction du gouvernement français, mais aussi du gouvernement algérien. C’est pratique, le Touat. C’est loin de Paris et ça peut rapporter gros. Prospérer sans mettre en péril la santé du Français : le pied ! La ministre française de l’Ecologie Ségolène Royal l’a assuré en direct : il n’y aura pas d’exploitation du gaz de schiste en France, ni même d’investigation, tant qu’elle serait ministre de l’écologie. Mme Royal s’appuie sur le cas américain. « Même aux Etats-Unis, les experts en reviennent du gaz de schiste. Il y a beaucoup de dégâts environnementaux (…) On commence à voir aux Etats-Unis des friches industrielles scandaleuses, avec des riverains effarés, des poches de pauvreté et des poches de chômage…Mais en Algérie,  des riverains effarés, des poches de pauvreté et des poches de chômage…

Le gaz de schiste c’est comme les vieux tacots sans airbag et sans frein ABS : c’est bon pour les autres. Les Français n’en veulent pas chez eux. Baisser le nombre de morts sur les routes est une tâche sacrée. Par bonheur, il y a l’Algérie, l’un des derniers pays au monde où l’on pouvait vendre une voiture sans airbags. Le commerce des tacots démodés, pactole pour tout un puissant lobby dans lequel se retrouvent véreux concessionnaires, immoraux banquiers et sombres complices au sein de l’administration algérienne, était devenu l’objet d’une confrontation qui a tourné régulièrement à l’avantage des derniers. Il faut dire que ce joyeux gang était lui-même rattaché aux géants de l’automobile japonais, sud-coréens et européens, prestigieuses enseignes qui considéraient toutefois notre pays comme le déversoir d’une ferraille tout juste bonne à mettre à la casse et qui ne répugnaient pas à fourguer aux Algériens une camelote interdite chez eux. Après tout, nous ne sommes, aux yeux des constructeurs de voitures et même de certains de nos dirigeants, qu’un peuple primitif pour lequel l’on ne saurait s’encombrer de législation restrictive, de normes de sécurité réservées aux peuples civilisés ou encore moins de morale. C’est de notoriété publique : l’Algérien n’a que faire dans le monde moderne. Ce monde n’est pas le sien et il serait prétentieux de sa part de vouloir profiter des lois qui protègent la vie et l’environnement de la population civilisée. L’Algérien appartient à l’autre monde, le monde où l’on s’entre-tue, le monde de la violence et des violations des droits humains. Un monde à « protéger » de la sauvagerie de ses propres habitants.   

M. B.

Auteur
Mohamed Benchicou

 




Important problème de racisme systémique

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Canada :

Important problème de racisme systémique

Que ce soit les reproches de l’ONU au gouvernement canadien qui relègue encore ses autochtones dans les réserves dignes du tiers monde, les meurtres non punis de femmes amérindiennes ou ce qui se passe dans plusieurs provinces, le racisme systémique est apparent dans les structures canadiennes. Ce qui se passe actuellement au Canada est un bon exemple d’un racisme systémique débordant de vigueur. Il est parfois facile à voir qu’une société est raciste au niveau de ses systèmes de fonctionnement. Une conjonction d’événements fait que le Canada est dans cette situation. Il y a quelques jours, le premier ministre, Justin Trudeau prononçait un discours aux Nations unies dont la plus grande partie portait sur les tors qu’avaient causés le gouvernement fédéral aux peuples autochtones. S’il fait cet aveu qu’aucun chef de gouvernement canadien n’a fait dans le passé, c’est que les exemples du racisme systémique des institutions canadiennes font actuellement la une des journaux du monde entier. Le journal français, le Figaro, rapportait le 6 octobre que le Canada allait indemniser environ 20 000 enfants arrachés à leur famille pour être placés dans des foyers non autochtones au pays, en Europe et aux États-Unis. Le journal précisait que cette indemnisation venait alors qu’une action en nom collectif contre le gouvernement était en cour depuis 2010. La Commission de vérité et réconciliation publiait en juin 2016, après cinq ans de travail et 7 000 témoignages, un rapport dans lequel il concluait que le Canada avait participé à un génocide culturel en mettant de force 150 000 jeunes autochtones dans des pensionnats pour « sortir l’Indien » d’eux. Cette situation se continue sous d’autres formes de nos jours. Des 30 000 enfants et adolescents placés en foyer d’accueil au cours des dernières années, 48 % seraient issues des communautés autochtones bien qu’elles ne forment que 4,3 % de la population.

Plusieurs rapporteurs des Nations Unies ont aussi affirmé que les autochtones sont encore en 2017 mis dans des réserves dont le niveau de salubrité et les conditions de vie n’ont aucun rapport avec ce qui existe dans la moyenne des municipalités canadiennes. Alors que le Canada arrive parmi les premiers au palmarès du développement humain des Nations-Unies, les autochtones se classent au 60e rang, soit près de plusieurs pays du Tiers-Monde. Ce racisme systémique traverse les générations. La Commission royale Érasmus-Dussault sur les peuples autochtones a montré en 1996 qu’ils sont 90 fois plus susceptibles que les autres Canadiens de vivre sans eau courante. Au début du 21e siècle, on relevait que le taux de chômage moyen des Indiens vivant dans les réserves atteignait 28,7 % alors que celui de la population canadienne dans son ensemble était de 10,1 %. La vérificatrice générale du Canada Sheila Fraser affirmait en juin 2011 que le gouvernement fédéral avait échoué à améliorer les conditions de vie des autochtones. Elle affirmait aussi qu’un nombre disproportionné de membres de Premières Nations n’a toujours pas accès au même titre que le reste de la population canadienne aux services les plus élémentaires. Au niveau de la justice, l’enquête sur 1 200 cas non élucidés de disparition ou meurtres de femmes autochtones répertoriés au cours des 30 dernières années subit actuellement d’importants problèmes de fonctionnement. Cette résistance à coopérer de plusieurs ministères fédéraux se produit bien que ce taux représente une proportion trois à quatre fois supérieure à ce qui se passe dans le reste de la population canadienne.

Ce racisme systémique canadien percole dans les actions des provinces. Là encore, les exemples sont nombreux. La toute récente enquête de Reuters sur la discrimination des non-blancs en Ontario, publiée le 20 octobre, montre des disparités raciales dans son système de mise en liberté sous caution. Les Noirs en attente d’un procès dans les prisons de l’Ontario, y seraient en moyenne plus longtemps que les Blancs inculpés du même crime dans 11 des 16 catégories d’infractions que Reuters examinée. En 2015-2016, les Noirs y auraient passé près de deux fois plus longtemps en détention provisoire pour des infractions liées aux armes. Ils ont également passé 46 % de plus pour les infractions violentes graves et 36 % de plus pour des accusations d’entrave à la justice. Les données montrent aussi qu’entre 2011 et 2016, les Noirs arrêtés et placés en détention étaient plus susceptibles que les Blancs de passer plus d’un an en détention préventive.

Au Québec, les plaintes de ceux qui avaient peur de se faire accuser de racisme viennent il y a quelques jours de faire changer de cap la commission sur la discrimination systémique. Cette action vient confirmer les propos de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador et des femmes autochtones de la région de Val-d’Or. Ils affirmaient en conférence de presse le 21 novembre 2016 que le gouvernement de la province du Québec abdiquait ses responsabilités envers les Premières Nations. Était alors visée la décision du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) qui disait le 18 novembre qu’il ne déposerait pas d’accusations dans la très grande majorité des dossiers portant sur de présumés actes criminels qu’auraient commis des policiers provinciaux à l’encontre de femmes autochtones. Seulement 2 des 37 dossiers soumis à la Couronne par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) auraient donné lieux à des accusations criminelles.

Dans une autre petite communauté au nord-est du Québec, à Sept-Îles, les autochtones forment 80 % des prévenus dans les cours de justice alors qu’ils ne sont que 20 % de la population. Au Québec, cinq fois plus d’enfants autochtones que de non-autochtones sont confiés au Directeur de la protection de la jeunesse (DPJ). Le racisme systémique est donc fleurissant au Canada et il continuera tant que des correctifs pour prendre en compte l’évolution du droit international et les droits universels de l’Homme ne seront pas apportés.

Auteur
Michel Gourd

 




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