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jeudi 24 juillet 2025
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La guerre de libération nationale algérienne

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Contre l’idéologie harkie, pour la culture libre et solidaire (2)

La guerre de libération nationale algérienne

Des bienfaits de la colonisation française en Algérie !

En ce qui la concerne, les auteurs harkis se distinguent par une caractéristique : ils ne trouvent dans ce combat patriotique que des faits condamnables. Non pas qu’ils n’aient pas existé ou qu’ils doivent être occultés, mais ne faut-il pas, en les évoquant, les insérer dans le cadre général d’une guerre de libération ?

Considérons un cas. A. Bensaada écrit (5) :

« Le premier exemple est celui du roman Le Village de l’Allemand de Boualem Sansal qui traite d’un Allemand converti à l’Islam et réfugié en Algérie après la seconde guerre mondiale. Marié à une Algérienne, ce personnage était un bourreau nazi qui a mis ses compétences au service de l’ALN. Qualifiée d’authentique par l’auteur, cette théorie a été battue en brèche par de nombreuses personnes dont M. Bouhamidi. Mais qu’elle soit vraie ou non importe peu. Ce qui compte c’est cette relation entre le nazisme, l’ALN, l’islamisme et les banlieues françaises. Ce mélange explosif représente un grimoire qui fait mousser les ventes. Je ne vous apprendrais rien si je vous disais que plusieurs pays ont acquis les droits de traduction de ce roman, dont Israël (6). »

Approfondissons l’examen. Il est possible que des Allemands aient pu rejoindre l’Armée de libération nationale. Des militants français, partisans de l’indépendance de l’Algérie, ont essayé de sensibiliser des militaires de la Légion étrangère, dont certains étaient d’origine allemande ; le but était de les encourager soit à déserter, soit à rejoindre les combattants algériens. Les cas de succès de ces tentatives furent très rares. Tandis que l’écrasante majorité de ces légionnaires ont exécuté leur infâme action colonialiste. J’en sais personnellement quelque chose. Je suis né à Sidi Bel Abbès, comme disait la propagande officielle d’alors « Berceau de la Légion Étrangère ». Ma première enfance s’est déroulée pendant la guerre de libération nationale. Plus d’une fois, en pleine nuit, je fus réveillé en sursaut, avec toute ma famille. Mon grand-père allait ouvrir la porte à ces légionnaires, et nous étions, femmes et enfants, jeunes et vieux, extrêmement préoccupés, réunis dans la cour pour « inspection », au cas où des moudjahidines étaient parmi nous. Il arrivait à ces « représentants de la Civilisation Française », s’ils étaient ivres, de tirer une balle dans la tête des personnes à « contrôler », et cela pour « rire », ou de violer une femme, devant les yeux de toute sa famille, et même, cela est arrivé, qu’un légionnaire, d’un coup de crosse, tua une femme enceinte, en s’amusant de voir éclater son ventre, et voir tomber le fœtus qu’il contenait. Et plus d’une fois, ma mère était, alors, enceinte, jeune et « attrayante » pour ces criminels sadiques. Par chance, dans notre famille, rien de grave n’eut lieu.

Ce qu’était la majorité écrasante de la légion, la voici. Imbue d’idéologie nazie, mais pas seulement. Celle-ci était renforcée par l’idéologie coloniale française. Les méthodes de répression étaient absolument les mêmes ! Les Algériens étaient les Juifs, les Tziganes et les Russes de l’armée française. Pis encore. Au début de l’invasion, les Algériens étaient soumis à la « solution indienne » : extermination de la population indigène pour la remplacer par des colons français. Massacres en masse des civils et « enfumages » des réfugiés dans des grottes.

Quant à épouser une Algérienne, la majorité écrasante des légionnaires allemands fréquentaient le bordel de « Filaj al laft » (village du navet) de Sidi Belabbès, quant ils ne violaient pas des femmes autochtones durant leurs « mission civilisatrice » de « pacification ».

Dès lors, posons la question : si Sansal avait mis en scène l’un de ces criminels, est-ce que les éditeurs occidentaux capitalistes et israéliens sionistes (6) auraient été intéressés à la promotion d’un tel roman ?… L’expérience répond par la négative. Ces éditeurs n’y auraient vu qu’une « dénonciation haineuse contre l’Occident » et sa « Civilisation », de la part d’un « Arabe » (ou « Kabyle ») vindicatif, rongé par le « ressentiment » et « incapable d’oublier le passé » (comme dirait le président français Emmanuel Macron, lors de son « bain de foule » à Alger). Par contre, raconter le genre de personnage présenté par Sansal va dans le sens de l’idéologie présentant la guerre de libération nationale algérienne comme inspirée par le nazisme et l’Islam le plus rétrograde. Alors qu’en réalité, la guerre de libération nationale fut nourrie essentiellement par un nationalisme patriotique, démocratique et une interprétation progressiste et libératrice de l’Islam. La version obscurantiste de l’Islam existait, mais elle fut incarnée essentiellement par les « zaouïas », alliées au système colonial, notamment par l’affirmation suivante : « Le colonialisme nous a été envoyé par Allah Tout Puissant ! Nous devons, par conséquent, nous plier à sa Volonté ! » Ce n’est pas un hasard si l’administration coloniale encouragea la création de « marabouts ».

Autre cas, encore signalé par A. Bousaada :

« Le second exemple est Le rapt d’Anouar Benmalek, roman qui déterre l’histoire du massacre de Melouza perpétré par l’ALN sur des populations civiles algériennes pendant la guerre de libération. Il va sans dire qu’il est important de se pencher sur notre Histoire afin d’en analyser aussi bien les faits d’armes que les exactions. Cacher honteusement des pans de notre Histoire pour protéger la mémoire de certains n’est ni constructif, ni éthique. Mais vous conviendrez avec moi qu’il est quand même étonnant de voir le succès époustouflant de cette histoire, alors que le film « Hors-la-loi » de Rachid Bouchareb a subi les foudres de nombreuses personnalités politiques françaises avant même qu’ils ne le voient. La raison ? Ce film aborde le massacre d’Algériens par l’armée française, le 8 mai 1945 à Sétif. Reprochant son contenu « anti-français », des députés UMP ont même demandé son retrait du festival de Cannes en menaçant de perturber la projection du film.

« Comment peut-on accuser un film de « falsifier l’histoire » lorsqu’il s’agit du massacre d’Algériens par des Français et de qualifier de chef d’œuvre un roman qui relate le massacre d’Algériens par des Algériens? N’y a-t-il pas là une conception biaisée de la liberté de création et d’expression ? »

Certes, on est dans le cas où la liberté devrait être uniquement celle des dominateurs, anciens et actuels. Elle consiste à fournir leur version de l’histoire, celle qui convient à leur idéologie dominatrice. Et, pour la « légitimer » aux yeux de l’opinion publique, il faut « angéliser » les actions du dominateur et « diaboliser » celles de la victime. Et comment réaliser cette opération mieux qu’en utilisant non pas des « Occidentaux » mais des individus issus du peuple dominé lui-même ? En effet, dans le premier cas, l’opinion publique risque de soupçonner l’existence d’une « vérité » uniquement des vainqueurs, donc partiale, tandis que dans le second cas, l’apparence de vérité vraie est plus crédible, puisque formulée par un « représentant » des victimes.

La tragédie relatée dans le roman de Benmalek est, évidemment, absolument condamnable. Mais ne faut-il pas la placer dans son contexte général ? Afin d’en relativiser l’aspect, en reconnaissant que le massacre de civils perpétré par l’Armée de libération nationale, se place dans le cadre d’une guerre atroce, imposée par l’armée coloniale, sans oublier ses supplétifs indigènes. Elle fut la première à commettre des massacres généralisés de civils, dès l’invasion de l’Algérie, et, à peine la Seconde Guerre mondiale finie, où des Algériens sont morts pour sauver la France, la même armée coloniale commit le massacre de civils à Sétif.

Bien entendu, comparaison n’est pas raison. Les immenses crimes contre l’humanité de l’armée coloniale française ne justifient pas le massacre de civils par l’Armée de Libération Nationale. Ce qui est en examen et en cause est le fait suivant : la tragédie relatée par le romancier est-elle placée dans son cadre général ?… Autrement, n’est-on pas dans la manipulation de l’histoire à des fins de propagande ? Et qui sert-elle, dans la lutte actuelle des dominateurs-exploiteurs contre les dominés-exploités, sinon les premiers ?

À propos du choix de son sujet, Benmalek répondit à Ahmed Boussaada, selon ce dernier : « Tout auteur a le droit de choisir les sujets qui l’intéressent. »  Bien entendu !… Reste la question : cet intérêt de l’auteur, avec quel intérêt social général coïncide-t-il ? Celui des dominateurs ou celui des dominés ?

On découvre, alors, la vérité occultée. Elle est dans le cadre de la propagande stratégique mondiale actuelle, celle du « choc des civilisations » du fameux Samuel Hungtington (7). Son ouvrage prépara l’opinion occidentale à l’agression de l’armée états-unienne contre l’Afghanistan, ensuite l’Irak, dans le cadre de la création du « nouveau » Moyen-Orient, conforme aux intérêts de l’oligarchie militaro-financière U.S., et de son gendarme dans la région : l’oligarchie sioniste.

Voilà comment la « littérature » se révèle être un instrument de guerre psychologique et idéologique dans la stratégie, dans ce cas celle de l’impérialisme états-uniens et de son allié sioniste. Dès lors, on comprendra le motif du « succès » commercial et médiatique des romans de Sansal, de Benmalek et de tout roman fabriqué avec cette recette (8). Elle est très simple : mettez dans la marmite (roman ou film) un ou plusieurs éléments qui « montrent » la « barbarie », passée et/ou présente, du peuple et/ou du régime de la nation à agresser. Comme par hasard, cette dernière a toujours des ressources naturelles ou/et un territoire stratégiques… pour les intérêts de l’oligarchie capitaliste mondiale.

Si par hasard, l’écriture de l’auteur n’est pas à la hauteur, les commanditaires sont là pour fournir l’«aide » nécessaire, comme ce fut le cas du premier roman de Kamal Daoud, sauf erreur de ma part. L’essentiel est que l’argent versé à l’auteur et pour la promotion commerciale de son œuvre servent l’intérêt stratégique de domination mondiale. Car, sans l’accès aux ressources naturelles du Moyen-Orient (sans oublier la Libye, et, prochainement l’Algérie ?), notamment pétrole et gaz, comment faire fonctionner l’industrie (qui fournit les profits commerciaux) et les instruments de guerre (qui garantissent son existence) ?… Que l’on ne se trompe pas sur les « bons rapports » actuels entre les dirigeants algériens et ceux états-uniens et européens (notamment anglais et français). Il en était de même de ces derniers avec les Talibans, Saddam Hussein et Mouammar El Gueddafi avant de décider leur élimination, parce que les intérêts stratégiques changèrent.

Ceci étant clarifié, l’auteur en question déclarera : « Je suis libre d’exprimer mes idées, et je dénonce la police de la pensée ». Hitler déclarait la même chose quand il écrivit son « Mein Kampf » (Mon combat), aidé dans l’écriture par quelqu’un d’autre, et, comme on le sait, cet ouvrage eut un immense succès commercial. Ferdinand Céline et Robert Brasillach revendiquaient, eux aussi, la même « liberté » de s’exprimer ; et ils eurent leur succès de librairie.

Revenons à la guerre de libération nationale. En considérant son cadre général, les fautes et les méfaits des combattants pour l’indépendance étaient nettement inférieurs en comparaison des crimes du colonialisme, depuis son installation dans le pays jusqu’à la guerre qui l’a chassé.

Souvenons de la réplique de Larbi Ben M’hidi aux journalistes français qui lui reprochaient l’emploi de bombes artisanales contre les civils, laissant sous-entendre par là le côté « barbare » des combattants algériens : « Donnez-nous vos chars et vos avions, et nous vous donnerons nos couffins de bombes artisanales ».

Si l’on est objectif du point de vue historique, il est donc nécessaire de distinguer mais, aussi, mettre en relation crimes épisodiques de la guerre de libération (sans rien en diminuer) et crimes du colonialisme contre l’humanité (là, aussi, sans rien en diminuer). Autrement, sous prétexte de dénoncer les premiers, on justifie les seconds. Au tribunal de l’histoire, doit également être appliquée la règle : la vérité, toute la vérité et rien d’autre que la vérité. Est-ce le cas dans les œuvres romanesques ou filmiques des auteurs en examen ?

Tout roman ou film charrie une idéologie, une vision sociale, que l’auteur le veuille ou pas. Celle-ci est claire ou voilée, mais toujours existante. L’art pour l’art n’existe que dans la cervelle de ceux qui croient produire « au-dessus » des conflits sociaux. Si l’auteur nie le « message » idéologique, explicite ou implicite, de son œuvre, soit il est stupidement ignorant, soit ignoblement menteur. Il ne s’agit pas, ici, de défendre la théorie passée, stérile et totalitaire, du « réalisme socialiste », ni de l’ « engagement social », mais de montrer les implications, non avouées, d’une littérature et d’un art. Sous prétexte de « droit à la liberté d’expression », ils servent en réalité les intérêts des oligarchies dominatrices-exploiteuses.

L’œuvre littéraire ou artistique de l’auteur – voilà en quoi il est harki – fonctionne objectivement comme arme de préparation psychologique afin de disqualifier l’aspect libérateur de la guerre anti-colonialiste algérienne. Dans quel but ?… À travers les consommateurs de ces œuvres, l’objectif est, d’une part, de désarmer moralement le peuple algérien, et, d’autre part, de préparer l’opinion publique des pays dominateurs à une agression contre l’Algérie. Pourquoi ?… Parce que, après l’agression contre la Syrie, devrait venir le tour de l’Iran, puis de l’Algérie. Parce que dans ces pays, il y a le pétrole et le gaz ! Et qu’il faut réduire les gouvernants de ces pays au rôle de laquais, à l’image de ceux d’Arabie et du Golfe. Autrement, comment garantir la continuité de l’hégémonie états-unienne (et de ses alliés européens) face à la montée en puissance de la Chine et de la Russie, et du désir de pays comme l’Algérie à se développer économiquement ?

Voilà donc ce qu’il faut souligner et tenir en permanence dans notre esprit : ce serait la plus grande des catastrophes si les générations algériennes actuelles, n’ayant pas subi le colonialisme, ignorent ce qu’il fut (9). Dans cette ignorance, osons une métaphore adéquate : des rats sont à l’action pour inoculer la peste dans la mémoire. Cette action infâme leur fournit argent, projecteurs médiatiques et « invitations » dans des colloques organisés par certains États ; comme par hasard ils font partie du « club » des agresseurs d’autres nations. La « culture » harkie, comme préparation psychologique à l’agression, est une méthode traditionnelle. À ce propos, rien de nouveau.

Il reste à se poser une autre question. Depuis l’indépendance, les détenteurs du pouvoir en Algérie, qu’ont-ils fait pour perpétuer l’indispensable mémoire du combat héroïque du peuple algérien pour son indépendance nationale, et maintenir vive la flamme patriotique ? Non pas par ressentiment stérile, non pas par dérisoire rabâchage d’un passé révolu, mais parce que la menace impérialiste et néo-colonialiste est redevenue actuelle (10). La réponse à cette question sera examinée dans les trois parties successives. À suivre.

K. N.

Email : kad-n@email.com

Renvois

(5) Article cité dans la partie 1.

(6) Veillons toujours à distinguer les sionistes israéliens des citoyens du même pays qui luttent courageusement pour la reconnaissance des droits légitimes du peuple palestinien, en conformité avec les résolutions de l’ONU, telles l’organisation « Gush Shalom » et celle des militaires « refuznik » qui refusent de servir dans l’armée d’occupation. Voir « LA GUERRE, POURQUOI ? LA PAIX, COMMENT ?… » librement accessible ici: http://www.kadour-naimi.com/f_sociologie_ecrits.html

(7) Paru en 1996, voir « LA GUERRE, POURQUOI ? LA PAIX, COMMENT ?… » déjà cité.

(8) Voir http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=361:2016-02-11-23-13-24&catid=49:poesie-et-litterature&Itemid=135

(9) Voilà dans quel cadre il faut comprendre la fameuse phrase du président français Macron, lors de sa dernière visite en Algérie. Dans un « bain de foule », il voulut convaincre un jeune Algérien de ne plus penser au « passé ».

(10) Pour l’analyse de la stratégique mondiale impérialiste-sioniste contre les peuples, notamment palestinien, voir les autres auteurs (de romans et de films) examinés par Ahmed Bensaada, afin d’y appliquer l’analyse globale exposée dans cette contribution. Pour effectuer encore mieux cette analyse, il est très utile de relire ou de lire les œuvres de Frantz Fanon et de Albert Memmi, dont les écrits se révèlent encore actuels.

 

Auteur
Kaddour Naïmi

 




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 Le Printemps des arts : futur « placé-beau » correcteur d’Azzeddine Mihoubi

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Tribune

 Le Printemps des arts : futur « placé-beau » correcteur d’Azzeddine Mihoubi

Pendant qu’une grue démolissait des abattoirs convoités (au mois d’octobre 2013) par les centaines de postulants signataires d’une pétition mise en ligne dans l’optique de les convertir en pôle créatif, le ministre algérien de la Culture annonçait le 05 mars dernier l’édition première du « Printemps des arts », s’arrogeant par là même l’intitulé des manifestations de Paris, Monte-Carlo et Nantes.

Supposé dynamiser (du 05 au 12 mai 2018) le marché des œuvres, aiguillonner des auteurs ne vivant, pour la grande majorité d’entre eux, pas de la vente de celles-ci, illuminer leur potentiel ou aura au sein de l’ampoulé Palais Moufdi-Zakaria, le projet saisonnier repose sur l’entremise d’un commis de l’État prêt à « (…) soutenir ceux qui offrent du beau à la société » (Azzedine Mihoubi, in El Moudjahid, 24 février 2018). Son encouragement ou positionnement solidaire renvoie aux Observations sur le sentiment du beau et du sublime qu’Emmanuel Kant rattachera à un raisonnement savant (non instinctif) ressenti et assimilé uniformément par tous. Affichant l’universalité d’un jugement de goût érigé en catégorie ultime, l’arbitrage du philosophe allemand vouait l’artiste à fabriquer une image pure et réaliste à contempler frontalement.

Le cadrage ou point de vue facial du tableau peint catalyse l’œil du regardeur imprégné du sens figuratif ou pictorialisme d’une fascination perspectiviste qui demeurera longtemps l’autre simulacre empirique du plaisir clos, de l’exaltation résolument cernable, de l’approche béate ou émotionnelle des publics. Éprise des illusions pelliculaires, rétiniennes, filigranées et narcissiques de la représentation en miroir, la pédagogie inculquée lors de la pré-indépendance à l’École nationale des Beaux-Arts d’Alger ne débordera pas les périmètres de l’iconoclastie. Proroger le savoir-faire classique deviendra l’une des missions gratifiées aux professeurs rejoignant en octobre-novembre 1962 le bâtiment du Parc Gattlif (rebaptisé Zyriab), là où le proviseur Bachir Yellès se référait déjà à l’effet « placé-beau » (placebo). Adjuvant psychologique de la pharmacopée institutionnelle, il sert assidûment de panacée thérapeutique à ceux privilégiant en Algérie une praxis académique. Le registre des intentions spéculaires qui présideront à la prodiguer, prioritairement ou majoritairement, a pour essence la peinture orientaliste.

À la suite du pronunciamiento de Houari Boumediène (19 juin 1965), les mimiques du maquisard remplaceront épisodiquement les stéréotypies de l’exotisme de bazar, de l’échappée touristique ou de la littérature apodémique, renfloueront le contenu de semaines culturelles agencées dans les zones hospitalières partageant le même horizon anticapitaliste, anti-impérialiste ou tiers-mondiste. Géographiquement restreinte, la politique d’exportation de l’expression du sensible obéissait à des pesanteurs idéologiques éloignant des scènes attractives de l’art contemporain des autochtones assujettis, durant les décennies 60 et 70, aux oukases bureaucratiques d’un pays taraudé de luttes intestines (conflits claniques alimentés conformément à la succession de l’homme au burnous et cigare), plombé par le conservatisme et l’autoritarisme d’un pouvoir militaire rétif aux altérités susceptibles de revivifier des confluences méditerranéennes avec la rive hexagonale.

En France, un milieu de frondeurs à la pointe du renouvellement paradigmatique attirait à ce moment là des marchands disposés à visiter les ateliers, ces creusets incubateurs de ruptures que suivait de près la revue Artistes apparue en octobre 1979, soit un mois avant la Trans-avant-garde. Le magazine de Bernard Lamarche-Vadel et la mouvance multipolaire de l’İtalien Achille Bonito-Oliva profitaient du tournant postmoderniste pour valider des courants créateurs délestés du credo technico-formel enjolivant continûment les toiles de locaux algériens enclins à capter les ondes du relativisme anthropologique propice aux transmigrations nomades et porosités polysémiques, à se délester du protectionnisme de gardiens du temple à l’affectif islamo-patriotique exacerbé. Seulement, utile à l’aperception rétractive de l’Occident chrétien, ce facteur communautaire balisera plus encore l’arrière plan ou marginalisation d’assignés à résidence en quête de la bourse d’étude ou des allocations touristiques à même de resituer leur « Moi » au cœur de l’admiration généralisée.

Dix années après (1989), aucun de ces décalés de la périphérie non persuasive n’incorporera l’événement artistique mondial regroupant les 100 Magiciens de la terre (50 occidentaux et 50 extra-occidentaux) convoqués par un curateur (Jean-Hubert Martin) qui les renverra aux particularismes stratifiés de « L’École du Signe ». Les données compréhensives précédemment fournies sur cet épisode (voir à ce titre le texte « Les options, contraintes et enjeux du Musée d’art moderne d’Alger ») permettent de saisir pourquoi Mustapha Orif essaiera d’extraire Mohamed Khadda, M’Hamed İssiakhem, Choukri Mesli et Denis Martinez de l’arbre généalogique ou couches feuilletées du substratum afin de les relier dès 1985 à la seconde « École de Paris ». La correspondance externe s’avérera stérile et infructueuse puisque seul, parmi le lot des expatriés algériens de la pré-indépendance, Abdallah Benanteur pouvait prétendre intégrer le dictionnaire de cette « Quincaillerie bourgeoise » (d’après Bernard Lamarche-Vadel) à laquelle le Pop-Art (ou combine-painting) puis le Nouveau Réalisme porteront un coup fatal (en dépréciant notamment l’Abstraction lyrique ou l’Expressionnisme abstrait américain cher à Clement Greenberg). Cependant, le régisseur de l’ex-galerie İssiakhem (« Esma » ou « İsma ») instaurera des conventions éclaircissant les barèmes propres à la cote de l’artiste et répondant déontologiquement à ce type d’interrogations : à quelle hauteur fixer honnêtement (c’est-à-dire arguments à l’appui) le taux d’une œuvre de Mohamed Khadda, M’Hamed İssiakhem, Choukri Mesli, Denis Martinez, Abdelouahab Mokrani ou Larbi Arezki ? Sur quels critères de valeur s’appuyer ? Lesquels cautionneront les justifications déterminantes ou les relais indiciels de l’adoration attentive des acheteurs ?

À l’époque des djounouds du développement, le satisfecit ou certificat militant suffisait pour concéder à Aïcha Haddad le label de prodige d’exception. D’autres pensaient à contrario que Denis Martinez, ça fait pas très « algérien révolutionnaire », et que par conséquent un potentiel spéculateur n’était pas certain d’acquérir une œuvre 100% du « Bled’Art ». La caution politique et identito-ethnique ne pèse plus dans la balance d’estimations advenant maintenant d’un vaste domaine de connaissances historiques, sociologiques, anthropologiques, philosophiques, voire sémiologiques, d’une omniscience que des universitaires théorisent, formulent en certitudes ou hypothèses. Les adeptes du récit poétique s’en remettent quant à eux au vocabulaire de la peinture, s’y indexent pour se centrer sur les œuvres, éprouver face à elles un « coup de cœur ».

Adoptant la casquette du commissaire, du préfacier de revues ou du chroniqueur de journaux, un critique d’art décidé à résister au mainstream, ou chapelles consensuelles échafaudant les matrices de l’appréciation visuelle, contestera les avis condescendants, suggérera à la place les engendrements de l’individuation, c’est-à-dire les divers degrés d’une intellection citationnelle et ampliative. Polisseur de concepts, cet érudit se rapprochera des puissances de l’argent de façon à leur faire admettre un langage alternatif, à les diriger vers d’autres accoutumances (collectionner ressortant d’un long apprentissage). En Algérie les nababs de la fratrie rentière se posent comme les principaux destinataires de l’art moderne, pèsent en conséquence sur ses attestations descriptives et justifications inductives.

Aussi, s’appliqueront-ils à nommer et installer des adjoints accommodants ou obséquieux chargés d’animer des interventions protocolaires (ces contingences conjoncturelles que furent 2003, Année de l’Algérie en France, 2007, Alger capitale de la culture arabe, 2011, Tlemcen capitale de la culture islamique, 2015, Constantine capitale de la culture arabe), de garantir le service après-vente d’une sous-traitance diplomatique s’octroyant à maintes reprises les cimaises du Musée d’art moderne d’Alger (MAMA), de proroger la promotion instrumentale de la culture, celle phagocytant justement un marché de l’art maintenu hors des circuits économiques habilités à qualifier l’ordonnancement des singularités, à créditer le mode de transactions professionnelles précédemment instauré du côté de Mustapha Orif.

De là, en mai prochain l’agencement au Palais de la Culture Moufdi-Zakaria d’un rendez-vous ciblant les mécènes, hommes d’affaires, banques de dépôts ou amateurs incités à ravir des peintures ou sculptures préalablement sélectionnées, le but avoué de l’expo-vente étant d’établir, au bout de seulement huit jours, «(…) les règles et les bases qui détermineront la véritable valeur du produit artistique.» (Azzedine Mihoubi, in El Watan, 06 mars . 2018). Le prix attribué à une œuvre implique la reconnaissance des pairs, l’adhésion des publics et une pertinente historiographie artistique, résulte du « processuel », découle d’une portion de rareté ou de vécu, c’est-à-dire des actes hétéronomes d’un protagoniste organiquement accordé à sa production et auquel sera, de façon circonstancielle, légué le statut du visionnaire mystico-holiste. Ce modèle diverge du visage de l’artiste maudit, que théâtralisera Abdelouahab Mokrani, et se confond à celui dévolu à Adel Abdessemed, un des poulains de l’écurie François Pinault. En accroissant largement son ascension professionnelle et pécuniaire, l’industriel le consacrera incontournable (le constat n’enlève rien aux indéniables qualités plastiques de l’élu). Ce type de bienfaiteur-tuteur faisant défaut en Algérie, Azzedine Mihoubi interpelle désormais le Forum des chefs d’entreprises (FCE), suppose probablement que les précieuses enveloppes de ses financiers fructifieront la réussite de la foire printanière. Le ministre de la Culture arguait aussi le 05 juin 2016, à Mostaganem, que le marché de l’art évoluera positivement grâce à l’inauguration d’une salle de vente et la parution d’un tapuscrit inventoriant les stades primordiaux de la modernité esthétique, des promesses idylliques à inscrire au catalogue des bonnes intentions. Légions, ses annonces fictives relèvent souvent de la simple méthode Coué, de formatages idéologiques, d’artifices démagogiques.

Le grand remède qu’il prescrira à nouveau le mardi 03 avril 2018 (rassembler tous les opérateurs concernés par les procédures d’achats, régulations, exportations, soutiens ou réglementations juridiques des œuvres) soulagera certes des patients en attente de sponsors, d’enchères efficacement orchestrées par des commissaires-priseurs ou experts-évaluateurs rompus à l’enchérissement des médiums mais ne suffira pas à implanter dans la durée les densités et articulations sémillantes de la pensée artistique. Prévue le 10 mai 2018, la journée d’étude réunira les directeurs de musées, galeristes, membres du Forum des chefs d’entreprises (FCE) ou de l’Office national des droits d’auteur et droits voisins (ONDA), les représentants des Douanes et des impôts, les connectera avec les principaux intéressés, les plasticiens. À ces croyants là, on fera miroiter la troisième biennale d’Alger, un accompagnement professionnel, l’officialisation de contrats, la naissance d’une publication spécialisée alors que la marge de manœuvre de beaucoup d’entre eux se réduira au tourisme culturel, à cette voie de garage profilée depuis la réduction gastrique des budgets du ministère de tutelle. Partenaire et VRP de la destination Algérie, Mihoubi précisait d’ailleurs le 02 avril 2018 (à l’occasion du séminaire coordonné à l’hôtel « El Aurassi ») que la touche artistique embellira les configurations intérieures de l’architecture hôtelière. İl s’agit ici du « placé-beau » à fructifier en vertu de la protection et sauvegarde du patrimoine, priorité concentrant les subventions que vire à l’Algérie l’Union européenne (en décembre 2017, une vingtaine d’associations recevront, de la part de l’Unité du programme d’appui, l’équivalent de 13 millions d’euros sur les 22 disponibles). L’organisme décisionnel paraphera en 2012 le protocole profitable à un ministère de la Culture qui chapeautait le mardi 18 décembre 2017 la rencontre liée au traitement médiatique des biens matériels et immatériels. Leur nomenclature documentaire fit les 27, 28 et 29 mai 2014 l’objet d’un séminaire algéro-français axé sur l’inventaire numérique, méthodologie choyée chez des chercheurs de l’Université Paris VIII normalement en mesure d’affiner le classement des œuvres phares de la modernité postcoloniale, de débusquer et détecter des maillons forts malheureusement non cernés ou signalés, à fortiori focalisés en tant que vecteurs et indicateurs disjonctifs.

Pour pleinement capitaliser leurs réflexes psycho-sensoriels, étancher des lacunes et dissiper les approximations lexicales, des investisseurs du marché de l’art prennent conseils auprès de mentors initiatiques, d’apôtres de l’esprit décortiquent les indices axiologiques d’une taxinomie, objectivant la hiérarchisation des valeurs refuges auxquelles s’agrègent les œuvres de Mohammed Khadda. Sanctuarisées par son épouse et ayant droit, elles ne circulent pas au sein du circuit de l’offre et de la demande, participent encore moins à placer, sur la chaîne dénotative, le curseur comparatif agréant une distinction entre le moderne et le contemporain. Accoler les deux (à travers par exemple la dénomination Musée d’art moderne et contemporain), c’est refuser de dissocier la trajectoire des transgressifs (à l’origine de l’écart et de son entendement) de l’itinéraire des pasticheurs mandatés, au début du XXème siècle, à esquisser les chromos héliotropes de l’Algérie touristique, nier que leur iconographie viatique ne s’acclimate pas à la temporalité artistique de Maria Manton et Louis Nallard (précurseurs de la peinture abstraite en Algérie) puis à celle plus spécifique des éveilleurs de la conscientisation du peuple héros auxquels fut confiée après juillet 1962 la resingularisation iconique (informelle et figurative).

Trois modernités esthétiques se sont succédé au sein d’un espace-temps évoluant en dehors de l’ère dite contemporaine. İndissociable de la locution plasticien (usitée par les quotidiens algériens à partir de la décennie 80), elle facilitera la digression avec les artistes de l’abstraction lyrique ou tourbillonnante (dripping de Jackson Pollock), personnalisera (au début de la décennie 60) la démarche de ces post-dadaïstes que seront aux États-Unis Andy Warhol ou Roy Lichtenstein (Pop Art) et en France César, Jacques Villeglé, Arman, Jean Tinguely, Raymond Hains, Yves Klein et d’autres membres du Nouveau Réalisme. Tant que les hâbleurs du paf ou microcosme continueront à soutenir en Algérie que toute production du jour appartient mécaniquement au genre « contemporain », aucune différenciation ne viendra circonscrire la distance nécessaire à induire entre un post ou néoorientaliste et un novateur engagé au sein d’un dispositif subversif bousculant le déjà-là esthétique ou discursif, le « placé-beau » que sanctifie le ministre de la Culture Azzedine Mihoubi et avec lui l’ensemble des cooptés de la « Famille révolutionnaire ». Tous ces factotums de l’appareil symbolique exècrent le génie capable de se mouvoir hors des programmes formatés, d’échapper de la sorte aux teneurs de vérité et de souveraineté, à l’enfermement des synthèses circulaires confinant les plasticiens à des rapports de subordination les soumettant aux doxas ou ordres disjonctifs de l’instance suprême. L’agitateur d’exception entretiendra une problématique scénarisée au sein d’une exposition semblable à « (…) un lieu de révélation pour des processus », écrira Bernard Lamarche Vadel. Sa monstration anatomique s’attèle dans ce cas à réfléchir sur la condition humaine ou une certaine perception du monde. Celui de l’art ne constitue pas un domaine fermé ou recourbé sur lui-même.

Décloisonné, grâce notamment à des sciences-humaines démantelant le fantasme de L’Un, il s’ouvrira (à l’instar de la déchristianisation et la fin de Dieu prononcée par Nietzsche) aux transversalités transcendantes apportant à la seconde « École de Paris » un cachet spirituel que Naget Khadda tente, sous couvert de scribes conciliants, de greffer sur les expérimentations scripturales de son feu-époux, ex-secrétaire de l’Union nationale des arts plastiques (UNAP) à la graphie archétypale démunie de la cosmogonie et métaphysique cerclant les accents mystiques de l’abstraction européenne. Toujours est-il que cette figure de proue de la troisième phase de l’art moderne borne l’appréhension du vocable « contemporain ». Le mot caractérisera le travail de quelques émergents de l’après décennie 70 et circonscrit l’assise de plusieurs marchés de l’art (quelquefois souterrains), celui compassé des post-orientalistes attachés aux rituels de l’ancêtre, aux traditionnelles marines ou façades ombrées de la Casbah d’Alger, celui des miniaturistes répliquant l’hybridation esthétique de Mohamed Racim (modelé et clair-obscur épousent les canons traditionnels de l’illustration), celui des acteurs perpétuant l’exception endogène de L’ « École du Signe » et les souffrances corporelles de l’être-là, celui enfin des installateurs, vidéastes ou grapheurs urbains dont les légitimes ambitions de visibilités restent synchroniques à la montée en compétences des agents culturels. Supplétifs de la génuflexion institutionnelle, Dalila Orfali (conservatrice du Musée des Beaux-Arts), Meriem Aït El Hara (médiatrice à l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel), Jaoudet Gassouma (peintre), Azzedine Antri (gestionnaire du Palais), Lyès Khalfati (administrateur de la galerie « El-Yasmine ») et hypothétiquement Nadira Laggoune (gérante du Musée d’art moderne) composent le comité du prétendu salvateur « Printemps des arts », ambitionnent de repérer et qualifier les candidats aptes à attirer les argentiers du marché.

Or, ces stimulateurs lucratifs se tourneront probablement vers les produits ostentatoires faussement apparentés aux créations de la contemporanéité. La méprise persiste parce que la notion de beauté (*) supplante largement celle de secousse optique ou dissentiment performatif et s’implémente continûment dans le cerveau des étudiants de l’École supérieure des Beaux-Arts d’Alger. À leur maîtrise manuelle des matériaux manque l’exégèse et herméneutique d’enseignants algéro-européens ou français favorables à l’idée de suivre en intermittence l’évolution de jeunes gens épaulés par des plasticiens exilés reçus en résidences, disposant davantage d’espaces après l’indispensable départ de la branche design (cela à l’instar du département architecture bénéficiant en 1970 d’un nouveau site formateur) et concomitamment mieux préparés aux épreuves d’une carrière à éprouver sur l’échiquier national et international.

Pour que les coopérants d’un autre type (coordinateurs parfois à la tête d’équipes introspectives) remplacent des substituts arcboutés au fauteuil de la majoration monolithique, des discussions prophylactiques sont à mener en aval des divers comités intergouvernementaux de haut niveau. C’est à ce stade que se dévoile la marge d’estime que les dirigeants algériens concèdent aux esprits éclairés de leur société, que transparaissent finalement les attentions touristico-patrimoniales qu’ils allouent à l’art contemporain. Refusant les extensions thématiques des empêcheurs de tourner en rond, de mettre donc l’intelligence en concurrence, ces intercesseurs fixistes commissionnent les variables d’ajustement du « placé-beau ».

(*) Le Musée d’art moderne d’Alger (MAMA) consacrait la journée du 14/04/2018 aux Ateliers de la Beauté.

Auteur
Saâdi-Leray Farid, sociologue de l’art

 




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C’est dans de pareils drames que l’on aurait voulu entendre le président

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Bouteflika aurait dû annoncer des obsèques nationales

C’est dans de pareils drames que l’on aurait voulu entendre le président

L’Algérie est en deuil : elle a perdu 257 de ses valeureux enfants. Tout le monde les pleure. Le drame est tel que des centaines de milliers, voire, des millions de messages de réconforts sont échangés entre les enfants de Novembre, qui pour dire son émoi, qui pour exprimer sa solidarité avec les familles des victimes.

L’heure du recueillement passée, on se retrouve à réfléchir sur ce qui a causé ce drame, mais aussi, sur ce qui manquait à un peuple touché dans sa chair. Les messages des officiels n’ont pu apaiser la douleur que tout un chacun ressent encore. Il manquait une chose de plus important.

C’est dans de pareilles circonstances tragiques que le peuple aurait voulu entendre son président, le voir se rendre sur les lieux, prendre des décisions courageuses, parler aux familles des victimes et saluer solennellement leurs mémoires. C’est dans la douleur qu’un chef de l’État doit apparaître pour s’adresser aux Algériens meurtris et prononcer des mots forts, pour apaiser, réconforter, se recueillir et rassurer.

A quoi ont eu droit les familles éplorées, et toutes les personnes atterrées par ce  drame ?

Un message diffusé par une agence, lu par une tierce personne, par une journaliste, retransmis par des radios ou des télés, aussi long et aussi fort qu’il puisse être, ne peut aucunement remplacer des mots vibrants qui font frissonner des gens et des cœurs affligés.

On n’ose même pas imaginer, une Algérie confrontée à une catastrophe plus grande où des décisions doivent être prises au nom du peuple, et où l’on engagerait l’intégrité physique de nos concitoyens. Une situation de catastrophe naturelle ou pire, d’un conflit armé. Même le Premier ministre s’est contenté d’un message de condoléances, comme n’importe quel gouvernement étranger ! N’aurait-il pas dû se déplacer sur les lieux du drame ? Rendre visite aux familles des victimes de ce drame ? C’est une évidence, un deuil de trois jours décrété par qui de droit sans les gestes solennels à la hauteur de la gravité de la situation, ne suffit pas pour panser la douleur.

Nous sommes hélas une nation sans guide, sans aiguilleur, comme une peuplade sans boussole, qui perd son nord, qui erre dans le désert, qui tâtonne.

L’horloge nationale est en panne ! Le temps est comme suspendu à d’improbables échéances.

Les discours par les prises de positions fortes et le choix des mots ont changé biens des situations compromises et même l’issue des guerres. Qui pourrait imaginer l’issue de la guerre d’indépendance de l’Algérie sans les discours de Ferhat Abbas ou de Krim Belkacem, ou celle de la Seconde Guerre mondiale, sans les mots retentissants d’un Churchill, ou du général De gaulle ?

Les discours à la nation d’un président ou d’un souverain ont une telle importance que certains sont devenus mémorables et ont rejoint définitivement la mémoire indélébile de l’Histoire. Le discours du 3 septembre 1939, par lequel George VI annonçait au monde l’entrée en guerre des Britanniques était attendu, non seulement, parce que ce roi était bègue, mais aussi parce qu’en face, au pays des nazis, un orateur belliqueux savait enflammer les foules par la simple force des mots. Dans ce sens, le discours du roi bègue est resté dans les annales, parce qu’il avait rempli son objectif de montrer au monde entier, qui attendait un discours ferme et plein de détermination, que les Britanniques étaient résolus et armés d’un courage infini pour affronter la machine destructrice nazie.

Les Algériens auraient voulu entendre leur président leur dire que le drames qu’il ont vécu n’allait plus se reproduire, que toutes les mesures sont prises pour désigner les responsabilités, que leur pays se relèvera, qu’il fera tout pour que les victimes soient dignement honorées, qu’elles auront des obsèques nationales qu’il veillera personnellement à organiser. Mais de tout cela, nous n’avons rien vu, rien entendu. C’est doublement dramatique. Affligeant même.

 

Auteur
La rédaction

 




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Algérie : le Premier ministre souhaite un 5e mandat de Bouteflika

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La sortie d’Ahmed Ouyahia vue par l’AFP

Algérie : le Premier ministre souhaite un 5e mandat de Bouteflika

Le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia a émis le souhait que le président Abdelaziz Bouteflika brigue un 5e mandat l’an prochain, une semaine après un appel en ce sens du chef du parti au pouvoir.

« Nous ne pourrions être que ravis que le président poursuive ses fonctions à la tête de l’Etat », a déclaré M. Ouyahia lors d’une conférence de presse, selon des propos cités par la presse dimanche.
A un an de la fin du mandat du chef de l’Etat, en avril 2019, les spéculations vont bon train en Algérie autour d’une nouvelle candidature du président Bouteflika, 81 ans, au pouvoir depuis 1999 et très affaibli depuis cinq ans par les séquelles d’un accident vasculaire cérébral (AVC).

« Désir des militants de le voir poursuivre son œuvre »

Le 7 avril, le secrétaire général du Front de libération national (FLN), parti de M. Bouteflika, avait publiquement fait part du « souhait » et du « désir des militants de le voir poursuivre son œuvre » après 2019.

Deux jours plus tard, en fauteuil roulant, M. Bouteflika faisait une très rare apparition devant la population, en inaugurant dans le centre d’Alger une mosquée historique rénovée et deux nouvelles stations de métro.

Le chef de l’Etat est très affaibli depuis l’AVC dont il a été victime en 2013, qui a affecté sa mobilité et son élocution, suscitant des spéculations sur son état de santé et sa capacité à gouverner.

« L’image ne ment pas »

Cette sortie « a été pour le peuple algérien l’occasion de voir son président et l’image ne ment pas », s’est félicité M. Ouyahia, estimant qu’elle avait permis de montrer que « le président n’est pas une « poupée » ».

« Certains sont allés jusqu’à dire que les images montrant à la télévision le président recevant ses hôtes étrangers étaient truquées », s’est-il insurgé, « nous n’avons rien à cacher ».

Ces derniers mois, M. Bouteflika est essentiellement apparu devant les caméras de la seule télévision publique, présidant le conseil des ministres à sa résidence médicalisée ou y recevant des dirigeants étrangers.

En mai et novembre, lors des élections législatives puis locales, il avait été accompagné en fauteuil roulant à un bureau de vote d’Alger où il avait déposé son bulletin dans l’urne devant les médias privés et internationaux.

Auteur
AFP

 




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JSK -USMB se retrouvent en finale de coupe d’Algérie

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Football

JSK -USMB se retrouvent en finale de coupe d’Algérie

La JS Kabylie et l’USM Bel-Abbès se sont qualifiées pour la finale de la coupe d’Algérie de l’édition « 2017-2018 » de football, aux dépens respectivement du MC Alger et du CR Zaouia, un remake de la finale de 1991, remportée par le club de la Mekerra (2-0).

C’était la JSK qui avait arraché, le premier billet de sa 11e finale, en battant vendredi au stade Hamlaoui de Constantine le MC Alger (0-0, 5-4 aux tab) après prolongations, grâce au tir victorieux de Benaldjia dans les bois du gardien Chaal, le remplaçant du titulaire, Faouzi Chaouchi, expulsé lors du match du championnat face à la même JSK victorieuse (3-1) à Tizi-Ouzou.

Benaldjia a exploité, lors de la 2e série de la séance des tirs au but, l’essai raté du jeune mouloudéen Ammachi lequel a  expédié son tir dans le décor.

Il faut reconnaître que les gardiens, Asla et ChaaI, ont passé un après-midi paisible, en l’absence de véritables occasions de but,  tout au long des 120 minutes, vu que les deux équipes voulaient visiblement aller à cette fatidique séance des TAB.

Les deux grosses cylindrées du football algérien sont restées fidèles à leurs traditions en terminant pour la 5e fois, ce 6e face à face, sur un score nul. Après ce match, le Doyen mène par 4 victoires à 2.

Le club kabyle avait joué et gagné sa 1ère finale lors de l’édition « 1976-1977 » devant le NA Hussein-Dey (2-1), en étoffant par la suite son prestigieux palmarès par quatre autres trophées (1986, 1992, 1994 et 2012), mais en échouant par contre à cinq reprises en finales des éditions de 1979 (devant le NAHD 1-2), de 1991 (USMBA), 2004 (USMA) et 2014 (MCA).

La JSK animera donc sa 11e finale, dans deux semaines (1er mai), au stade du 5 juillet (Alger) devant l’USM Bel-Abbes qu’elle avait affronté en 1991 dans leur 2e rendez-vous dans cette épreuve, dans l’espoir de décrocher un 6e trophée après celui obtenu devant l’USM Harrach (1-0) en 2011.

La formation bel-abbesienne ravie d’affronter en demi-finale, le cendrillon de l’épreuve, le CR Zaouia  (Régionale de Blida), n’a pas manqué l’occasion de le battre (dans la douleur), car le but de la victoire n’a été inscrit qu’à la 92e minute par Tabti. Il faut tout de même saluer la grande performance du club de la Régionale qui a opposé une résistance héroïque, devant le ténor de la Ligue 1 avant de tomber avec les honneurs, au moment où les deux équipes s’acheminaient tout droit vers les prolongations.

Les protégés du coach Si Tahar Chérif El-Ouzzani animeront donc leur 2e finale de leur histoire après celle de1991 (soit 27 ans de disette), qu’ils avaient décroché le 3 mai 1991 au stade du 5 Juillet, devant leur futur adversaire…la JSK, sur un doublé de Tlemçani (6′) et Louahla (51′).

Le club de la « Mekerra » drivé à l’époque par l’enfant du club, l’ancien international Djillali Abdi, s’était imposé face au Polonais Stéfan Ziwotko qui drivait une équipe au sein de laquelle évoluait quelques grands noms du football algérien dont Hamid Sadmi, Moussa Saib et Hakim Meddane pour ne citer que ceux-là.

Le rendez-vous du1er mai 2018 sera donc une opportunité de revanche pour la JSK après l’échec de 1991 ou de la confirmation pour l’USMBA.

Auteur
APS

 




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L’ANP a capturé trois terroristes à Bordj Badji Mokhtar

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Sécurité

L’ANP a capturé trois terroristes à Bordj Badji Mokhtar

Trois terroristes ont été capturés samedi à Bordj Badji Mokhtar par un détachement de l’Armée Nationale Populaire (ANP), indique dimanche un communiqué du Ministère de la Défense nationale (MDN).

« Dans le cadre de la lutte antiterroriste et grâce à l’exploitation de renseignements, un détachement de l’Armée Nationale Populaire a capturé, le 14 avril 2018 à Bordj Badji Mokhtar (6e Région militaire), trois terroristes », précise la même source.

Il s’agit des dénommés L. Abdelkader dit  « Abou Ahmed », H. Saleh Cherif dit « Aouina », et H. Saleh Ali dit « Aouili », précise le communiqué.

Cette opération « s’inscrit dans la dynamique des opérations menées par nos Forces Armées pour assainir notre Pays du fléau du terrorisme, et d’asseoir la sécurité et la quiétude à travers l’ensemble du territoire national », note le MDN.

Auteur
APS

 




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L’armée répond aux médecins résidents. (Vidéo)

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Service national

L’armée répond aux médecins résidents. (Vidéo)

A l’occasion des Journée portes ouvertes sur le Service national, prévues pour se dérouler du 15 au 18 avril, l’émission l’Invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne recevait, ce dimanche, le général-major, Mohamed Benbicha.

S’exprimant sur l’apport de ce service ainsi que de sa dimension stratégique « en qualité de pilier de la citoyenneté », cet officier en charge de ce département au ministère de la Défense nationale, rappelle que l’institution de celui-ci, en 1968, avait été décidée pour faire contribuer la jeunesse à la reconstruction de l’Algérie, après son indépendance.

A ce propos, il fait par exemple mention de la contribution des premières promotions de jeunes conscrits à la réalisation du Barrage vert ou bien encore à celle de la route Transsaharienne, en particulier.

S’il reconnait relève que par rapport au passé, il n’existe pas le même engouement de cette frange de la  population pour le Service national, il n’en relève pas moins que lorsque des jeunes sont incorporés, ils découvrent que leurs appréhensions vis-à-vis de l’armée « sont infondées ».

Selon le général-major Benbicha, la réduction du service national de deux à une année, prédispose  beaucoup de jeunes, parmi lesquels nombre d’universitaires, à vouloir s’intégrer dans les rangs de l’ANP, certains parmi eux pour éventuellement bénéficier d’une formation pouvant leur permettre de trouver un emploi une fois revenus à la vie civile.  

Commentant l’organisation des Journées portes ouvertes sur le service national, organisées en divers endroits du pays, il explique qu’elles visent à informer les futurs conscrits sur les conditions de leur présence au sein de l’armée, sur l’octroi d’une éventuelle exemption ainsi que les étapes marquant leur période de casernement.

Pour ce qui concerne les jeunes insoumis appréhendant une incorporation, il explique que ces journées représentent une opportunité pour eux de prendre connaissance des conditions de régularisation leur situation, au lieu de continuer à rester dans une « situation contentieuse ».

 « Trente ans n’est pas un âge où on doit exempter tout le monde. Il y a des gens qui font des études supérieures jusqu’à l’âge de 32 ou 33 ans et qui restent astreints au service national. Tant qu’ils n’ont pas un argument ou un motif qui les dispensent, ils seront toujours concernés », a-t-il précisé. « Une réponse indirecte aux résidents en sciences médicales qui, comme tous les citoyens ayant suivi une formation médicale (médecins, pharmaciens, dentistes, infirmiers, etc), ont été exclus des exemptions du service national dont ont bénéficié les citoyens âgés de plus de 30 ans. », remarque de son côté le journal électronique TSA.

Auteur
Radio Algérie

 




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L’axe Médéa-Chiffa fermé à la circulation (Vidéo)

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Intempéries

L’axe Médéa-Chiffa fermé à la circulation (Vidéo)

Les fortes chutes de pluies enregistrées durant les dernières 48 h ont provoqué une série d’éboulements de roches, entre les deux tunnels des gorges de la Chiffa.

La circulation automobile sur l’axe Médéa-Chiffa, route nationale N 1, a été déviée tôt dimanche vers d’autres routes nationales suite au débordement des eaux de l’oued Chiffa et des éboulements à l’entrée d’El-Hamdania, a-t-on appris auprès du groupement de gendarmerie de Médéa.

Selon la même source, le trafic routier sur l’axe Médéa-Chiffa est quasiment à l’arrêt, dans les deux sens, après la crue des eaux de l’Oued Chiffa qui ont pratiquement inondé cet axe routier, rendant impraticable toute circulation automobile entre Médéa et Blida.

Les fortes chutes de pluies enregistrées durant les dernières 48 h ont provoqué également une série d’éboulements de roches, entre les deux tunnels des gorges de la Chiffa et à l’entrée nord de la localité d’El-Hamdania, occasionnant l’arrêt total de la circulation sur l’axe Médéa-Chiffa, a ajouté la même source.

Dans le but de faciliter le déplacement des automobilistes qui devaient emprunter ce tronçon de la route nationale N 1, la circulation automobile a été déviée temporairement sur la route nationale N 18, qui fait la jonction entre Médéa et Djendel (Ain-Defla) pour permettre aux automobilistes de rallier l’autoroute est-ouest, a-t-on précisé.

Un autres point de déviation a été installé à Berrouaghia où les automobilistes venant des localités du sud de la wilaya et des autres régions du pays, qui transitent d’habitude par la route nationale N 1, sont invités à emprunter la route nationale N 62 qui relie Berrouaghia à El-Khemis (Ain-Defla), a-t-on signalé de même source.

Des équipements d’intervention de la direction des travaux publics de Médéa travaillent d’arrache pied, depuis la matinée de dimanche, pour essayer de dégager les blocs de roches et les amas de pierres qui obstruent la chaussé au niveau du tronçon d’El-Hamdania, a affirmé, pour sa part le DTP de Médéa, Yahia Meziane.

La rouverte à la circulation de l’axe Médéa-Chiffa ne pourra intervenir, d’après ce responsable, qu’une fois le niveau de l’oued Chiffa aura baissé suffisamment et ne constituera pas de danger pour les usagers de la RN1. 

Auteur
Avec APS

 




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Intempéries à Blida: un pont s’effondre à Chiffa (Video))

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Pluies diluviennes dans plusieurs régions du pays

Intempéries à Blida: un pont s’effondre à Chiffa (Video))

Un pont situé dans la commune de Chiffa, dans la wilaya de Blida, s’est effondré ce dimanche 15 avril 2018 suite aux fortes intempéries survenues ce weekend dans dans plusieurs régions du pays rapporte le huffingtonpost Maghreb. 

« La circulation automobile sur l’axe Médéa-Chiffa, Route nationale N°1, a été déviée tôt dimanche vers d’autres routes nationales suite au débordement des eaux de l’oued Chiffa. Le trafic routier sur l’axe Médéa-Chiffa est quasiment à l’arrêt, dans les deux sens, après la crue des eaux de l’Oued Chiffa qui ont pratiquement inondé cet axe routier, rendant impraticable toute circulation automobile entre Médéa et Blida. », rapporte encore le journal électronique.

Selon plusieurs sources, aucune victime n’est à déplorer.

Auteur
La rédaction

 




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Votons Bouteflika !

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Le bloc-notes de Benchicou

Votons Bouteflika !

LES SIMPSON. Mais pourquoi, diable, l’ambassadeur de France en Algérie, a-t-il cru bon de jeter ce pavé dans la mare – vaseuse, on vous le concède – du régime algérien, en révélant la décision de Paris d’annuler les visas de certains responsables de l’État qui auraient « oublié » de régler leurs factures auprès des hôpitaux français ?  M. Xavier Driencourt, a trop d’expérience pour ignorer qu’un bon diplomate est un homme qui réfléchit à deux fois avant de ne rien dire. Suggérer que l’État algérien est dirigé par des personnages indélicats est une charge plutôt brutale qui tranche avec l’aménité dont la France a fait preuve, jusqu’ici vis-à-vis des dirigeants algériens. Du reste, le gouvernement, estomaqué, n’a répliqué que mollement par une déclaration aussi inutile qu’indigeste et dans laquelle le porte-parole du ministère des Affaires étrangères s’est dit surpris par « la propension [de l’ambassadeur] à étaler publiquement devant les médias des appréciations inopportunes, peu amènes et donc inacceptables».

Le fonctionnaire algérien se garde toutefois de démentir les faits, se bornant, dans un baragouinage remarquable, à affirmer que «les relations algéro-françaises imposent à tous, surtout à ceux qui en ont la charge dans la quotidienneté, un devoir de responsabilité et une obligation d’objectivité qui n’autorisent ni des commentaires déplacés ni des déclarations se situant en porte à faux avec la volonté clairement affirmée des plus hauts responsables des deux pays». Autrement dit, ce qui est reproché à M. Driencourt, ce n’est pas d’avoir donné une information inexacte mais de l’avoir étalée sur la place publique. Le  pouvoir algérien a ceci de particulier qu’il s’offusque facilement des reproches qu’on lui fait pour des délits avérés. Coopération, chez lui, signifie complicité. Pour le pire comme pour le meilleur.

À quel respect pourraient s’attendre des dirigeants qui, plus d’un demi-siècle après l’indépendance, vont se soigner en Europe,  fuyant les hôpitaux de leur pays qu’ils auront laissés devenir de véritables mouroirs, et livrant leurs médecins aux troupes policières ?  

La sortie de M. Driencourt sonne comme une fin d’un cycle. Paris a-t-il enfin décidé de regarder différemment un régime à la fois grabataire, illégitime, véreux et disqualifié, qu’elle aura soutenu contre l’intérêt de tout un peuple et dont elle aura assuré la promotion avec les résultats que l’on sait. Trop tôt pour le dire. L’ambassadeur français ne pouvait, cependant, pas prendre l’initiative de brouiller un État voisin sans avoir au préalable obtenu l’aval pour le faire. C’est que la respectabilité se mérite.

Et le régime algérien n’a, visiblement, ni le goût ni l’envie ni de revendiquer la considération. Il apparaît comme une Famille, mais une Famille qui tient à la fois des Simpson et de la « famiglia » sicilienne. Une Famille unie autour du magot, ou ce qui en reste : l’argent du pétrole. Il y a le parrain, les capos, les hommes de main, les bannis, et même les pitres ! Une joyeuse bande illégitime, disqualifiée qui a conduit le pays, en 19 ans, à la faillite et à l’exode de ses fils.…

BILAN. À  ce propos, on lit de bien remarquables articles sur le bilan économique de Bouteflika, avec plein de chiffres, de références et de termes savants. Le bilan est pourtant d’une clarté remarquable : après 19 ans de règne de Bouteflika, l’Algérie se retrouve dans la position la plus critique qu’elle ait connue depuis l’indépendance. Le futur est largement compromis. Le président algérien n’a pas seulement tourné en rond pendant 19 ans ; il a échoué dans une épreuve décisive : réduire, sinon éliminer la forte dépendance aux hydrocarbures.

On le savait : le pétrole n’était pas éternel et il allait commencer à se raréfier dès 2010. La seule parade était d’industrialiser le pays, d’opter pour une économie de production, développer l’agriculture, assurer une autosuffisance alimentaire, encourager la recherche… en dépit de tous les coups qu’il a reçus, en dépit des années du terrorisme, de la corruption, de la saignée des cadres partis en exil forcé, le pays avait encore les hommes et les femmes qu’il fallait pour redresser la barre. Il aurait fallu, pour cela, un projet, des choix clairs, une ambition algérienne.  Bouteflika n’avait rien de tout cela. 

En 1999, à sa prise de pouvoir, l’économie algérienne dépendait à 97 pour cent du pétrole et du gaz. Nous étions alors 30 millions d’Algériens. Dix-neuf ans plus tard, en 2018, l’économie algérienne dépend toujours à 97 % du pétrole, mais nous sommes 42 millions d’Algériens qui seront 50 millions à l’horizon 2025, et nous ne savons rien faire d’autre que de vendre du pétrole lequel, entre-temps, a perdu la moitié de sa valeur sur le marché et qui ne tardera pas à s’épuiser.

Comment nourrir, éduquer, vêtir et accompagner 42 millions d’Algériens, bientôt 50 millions, quand le pétrole ne rapporte qu’à peine la moitié des recettes des années 2001-2013 ?

Le propre de la science économique est de n’être réductible ni aux humeurs, ni aux approximations ni aux bavardages, et l’on a beau user de concepts creux et de métaphores, on n’échappera  pas à implacable vérité qui s’impose à nous : du point de vue strictement économique,  le futur est bel et bien compromis. L’argent du pétrole a été dilapidé dans des dépenses irréfléchies et dans des pratiques coupables et le contexte mondial offre rarement une seconde chance.

Les jours de l’Algérie sont comptés. Sauf miracle, bien entendu. Mais en économie, les miracles se construisent. Chez nous, en dix-neuf ans, il ne s’est rien construit de solide. Sauf, peut-être une Grande mosquée conçue par des Allemands et bâtie par des Chinois, et à chaque prière, du haut du minaret de 300 mètres, une voix viendra nous rappeler que les peuples sont toujours trahis par ceux-là même qui parlent en leur nom. 

Pour en finir au plus vite avec l’Algérien, votons Bouteflika au cinquième mandat !

Auteur
Mohamed Benchicou

 




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