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Gambie-Algérie: « une mission casse-cou »

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Qualification pour la CAN-2019

Gambie-Algérie: « une mission casse-cou »

La sélection nationale de football entamera lundi son premier stage sous la conduite du nouveau sélectionneur Djamel Belmadi, en vue du match en déplacement face à la Gambie le 8 septembre à Banjul (17h30, algériennes), comptant pour la 2e journée (Gr.D) des qualifications de la Coupe d’Afrique des nations CAN-2019.

Arrivé en août dernier en remplacement de Rabah Madjer, limogé le 24 juin dernier pour mauvais résultats, Belmadi (42 ans) aura pour mission de remettre les Verts sur rails et renouer avec le succès, eux qui restaient sur une série de 4 défaites de rang en amical, dont la dernière concédée le 7 juin à Lisbonne face au Portugal (3-0).

« Malheureusement, je ne vais pas bénéficier d’assez de temps pour préparer le prochain match face à la Gambie. Le stage débutera le 3 septembre avant de jouer cinq jours plus tard, c’est une mission casse-cou, c’est difficile. Nous allons voir l’état et la forme de chaque joueur, je ne pense pas qu’il y ait une équipe type qui s’est dégagée ces derniers temps. Nous allons faire en sorte d’aller là-bas pour gagner le match, c’est notre principal objectif », a confié Belmadi, au cours de son premier point de presse tenu le 18 août au Centre technique national de Sidi Moussa.

En vue de cette première sortie officielle de l’équipe nationale en 2018, Belmadi (20 sélections/5 buts) a dévoilé vendredi une liste de 25 joueurs, tous évoluant à l’étranger, marquée par le retour notamment du gardien de but Rais M’bolhi (Al-Ittifak/Arabie saoudite), Sofiane Feghouli (Galatasaray/Turquie), ou encore Rafik Halliche (Moreirense/Portugal), dont la dernière apparition sous le maillot national remonte à mars 2015.

Deux nouveaux joueurs vont honorer leur première convocation, il s’agit des sociétaires du FC Metz (Ligue 2/France) le milieu offensif Farid Boulaya et le gardien de but Alexandre Oukidja.

Les 25 éléments poursuivront leur stage jusqu’au 11 septembre. Les Verts s’envoleront pour Banjul le 6 septembre à bord d’un vol spécial.

Lors de la journée inaugurale des qualifications de la CAN-2019 disputée en juin 2017, l’Algérie s’était imposée face au Togo au stade de Blida (1-0) sous la conduite de l’ancien coach espagnol Lucas Alcaraz.

Auteur
APS

 




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Soufiane Djilali dépose plainte contre un député du MSP

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Accusé d’être un « agent de la France »

Soufiane Djilali dépose plainte contre un député du MSP

Le torchon brûle entre Soufiane Djilali et le député islamiste Nacer Hamdadouche. Cet élu du MSP s’en est pris violemment à Jil Jadid et son président. Dans sa page facebook, Nacer Hamdadouche s’est lâché avec une certaine jubilation contre Soufiane Djilali qu’il accuse de tout ou presque : Agent du DRS, éradicateurs, ennemi de la langue arabe…

Dans un communiqué que nous reproduisons, Soufiane Djilali affirme qu’il compte déposer prochainement une plainte contre l’indélicat député du MSP. Aussi, il invite Hamdadouche à se départir de son immunité parlementaire pour aller affronter le président de Jil Jadid devant le tribunal.

Lire le communiqué :

« Dans un long post publié ce samedi 1er septembre sur sa page facebook, le député HMS Nacer Hamdadouche, ex-président du groupe parlementaire, m’a violemment pris à partie avec une série d’accusations et de jugements de valeurs aussi graves les uns que les autres, commettant des diffamations caractérisées à mon encontre.

Après avoir déversé une série de mensonges qualifiés et d’affirmations à l’emporte-pièce (j’aurai ainsi participé avec les « laïcs éradicateurs » et les généraux à l’arrêt du processus électoral en 1992, j’aurai des relations douteuses avec le DRS etc…), le voilà qu’il reprend à son compte les propos d’un ancien porte-parole de Jil Jadid (propos délirants pour lesquels il a été condamné en première instance par le tribunal de Chéraga et jugement confirmé en appel, par le tribunal de Tipaza) m’accusant d’être l’agent de l’ambassade de France ! Je ne reprends pas ici toutes les insanités sur mes prétendues attaques contre la langue arabe et l’identité et surtout ma supposée défense d’un ancien Président de la République française par esprit de solidarité avec lui parce qu’il serait Juif, sioniste et anti-Islam, faisant ainsi un amalgame déplorable mais surtout dangereux.

msp 

S’ils avaient été tenus par un simple quidam, ces propos, pour diffamatoires qu’ils sont, n’auraient pas mérité que l’on s’y attarde.

Mais, le Monsieur est membre d’une institution d’Etat, l’APN. Il engage la crédibilité de l’Etat algérien et ce, d’autant plus qu’il se réfugiera, à n’en pas douter,  derrière l’immunité parlementaire, attribut de la souveraineté populaire ! Cela est d’autant plus choquant, qu’il représente un parti politique qui a pignon sur rue, qui a participé pendant 17 ans au gouvernement et dont le projet de société serait la restauration de la morale islamique ! Voilà où mènent l’errance et l’incohérence politique, dont le fil conducteur a été et restera l’entrisme à tout prix.

Dans cette situation, il serait inutile, pour le moment du moins, de revenir plus longuement sur les attaques politiques dont moi-même et Jil Jadid ont fait l’objet dans cet écrit et sur ses circonvolutions aussi futiles que simplistes pour essayer de tromper une opinion publique trop longtemps abusée par le discours de duplicité de son parti.

Par contre, concernant les multiples diffamations, qui n’avilissent d’ailleurs que celui qui les a formulées, je déposerai plainte en espérant que le Ministre de la Justice engagera la demande de levée d’immunité auprès du Président de l’APN, pour permettre à la procédure judiciaire de suivre son cours.

En vérité j’ai peu d’espoir de voir cette institution accepter de lever sa protection. J’interpelle alors M. Nacer Hamdadouche, directement, pour lui demander d’être une fois dans sa vie un homme, et se départir de son immunité en même temps que de sa lâcheté, pour venir m’affronter devant le juge. Alors, au lieu de me menacer de loin, il pourra me confondre, s’il le peut, en rendant publiques les informations de corruption dont il m’accuse, de démontrer à l’opinion publique que je n’ai pas d’honneur, et que tout le fatras immoral dont il est l’auteur serait la vérité. »

Le Président, Soufiane Djilali

Auteur
La rédaction

 




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Macron-Besson : le Prince et l’écrivain consul

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Débat

Macron-Besson : le Prince et l’écrivain consul

Jamais l’expression désormais célèbre de Jacques Chirac « Les emmerdes volent en escadrilles » n’aura eu un si grand écho que ces derniers temps pour celui qui se disait vouloir changer de monde et avoir une présidence jupitérienne. La chute de la courbe de popularité est à son plus bas au sortir de cet été où la dernière péripétie aura été celle de son ami écrivain.

Le Président de la république, Emmanuel Macron, vient en effet de signer un décret portant nomination de l’écrivain Philippe Besson à un poste de consul général à Los Angeles. Mais avant d’accuser trop rapidement le Président de copinage, ce que nous allons faire, il faut au préalable analyser le sujet comme il convient.

Lorsqu’on parle des écrivains et de la diplomatie française, on ne peut éviter de se référer au grand Chateaubriand qui offrit une plume de romancier sublime en même temps qu’il fut un grand ambassadeur.

Jacques Lang, en volant au-secours de la décision du Président de la république avait évoqué le temps où le gouvernement de François Mitterrand en avait fait de même pour un autre écrivain. L’argument est recevable car si, normalement, les personnels en poste à l’étranger sont recrutés dans le vivier des fonctionnaires, diplomates de carrière ou non, l’esprit de la république n’est pas pour autant bafoué (si les règles légales sont transparentes et édictées).

Que des intellectuels représentent le prestige de la France, entre autres intérêts, hors des frontières  n’est pas en soi répréhensible. Cela s’est souvent fait et je suis prêt à défendre une telle position. Mais il ne s’agit pas de cela si on interroge plus en profondeur les arguments concernant la défense de la nomination de Philippe Besson. Essayons de les éprouver, un par un.

Philippe Besson fut le seul à participer à la campagne électorale «de l’intérieur» et a été autorisé moralement à en rédiger un livre. Je ne vois à priori aucune réserve à voir les amis fidèles récompensés lorsqu’ils ont fait partie de la campagne politique pour accéder au pouvoir. C’est même un usage tout à fait naturel car qui d’autres seraient nommés si ce n’est ceux qui ont la confiance de l’homme politique élu. Cela n’est absolument pas contraire à l’esprit de la république.

Mais Philippe Besson n’a jamais été en lumière et n’a jamais assumé ni défendu publiquement le candidat de telle façon à être légitimé indirectement par le vote. Il ne peut prétendre à une quelconque investiture pour un simple rapport intime avec le Président élu.

Mais l’argument suivant consisterait à dire que le Président de la république nomme les personnes qui lui paraissent être les plus compétentes pour le poste en considération de ce que nous avons précisé antérieurement sur la particularité d’une représentation consulaire. Oui mais là également la suspicion ne cesse d’accabler le Président Macron, comme dans d’autres affaires, c’est que Philippe Besson venait de sortir son livre sur l’ancien candidat sous le titre « Un personnage de roman » où il pleuvait des tonnes de compliments.

Et enfin, il faut savoir que tout cela n’a pas été fait dans la plus grande des transparences puisque nous nous sommes aperçus à posteriori qu’un décret avait été signé pour «élargir le champ de nomination à l’étranger à d’autres profils que ceux des diplomates pour 22 postes ». La CFDT conteste d’ailleurs la légalité d’un tel décret. Il y avait là une préparation, une préméditation qui ressemble furieusement aux anciennes pratiques, au monde ancien, celui que justement le candidat Macron avait fustigé pour arriver à ses fins.

La majorité des électeurs avait souscrit à cet «autre monde» et voilà que nous assistons aux pratiques les plus vieilles et les plus détestables du passé. Cette affaire de consul vient se rajouter à toutes les autres qui s’accumulent et font chuter vertigineusement la popularité du jeune Président.

Il avait voulu chasser les anciennes pratiques par un souffle de jeunesse et de modernisme. Il y avait longtemps que nous n’avions pas assisté à leur résurgence d’une manière si forte et si visible.

Chateaubriand, une « mémoire d’outre tombe » qui doit se retourner d’effroi.

Auteur
Sid Lakhdar Boumediene, enseignant

 




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Déficit de la CNR : les retraités ont des soucis à se faire

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Analyse

Déficit de la CNR : les retraités ont des soucis à se faire

M. Mourad Zemali, ministre du Travail, de l’emploi et de la sécurité sociale vient emboîter le pas au directeur général de la Caisse nationale de retraite (CNR) pour alerter qui veut l’entendre que cette dernière creuse son déficit pour atteindre 580 milliards de dinars en dépit de la mise en œuvre, début de l’année, de la loi qui relève le départ à la retraite obligatoirement à 60 ans et met fin au départ à la retraite anticipée. Jusqu’ici il n’apprend rien à l’opinion publique de ce qui leur échappe.

En effet, voilà plusieurs années que les pouvoirs publics lorgnent pour responsabiliser les salariés du manque de cotisation comme s’ils étaient responsables du marasme économique, du nombre important de chômeurs et surtout du taux considérable de défection du secteur public de leur cotisation patronale. Le nouveau dans ses propos, certainement basés sur des chiffres qu’on lui a communiqués est «que ces déséquilibres financiers actuels sont dus aux départs massifs en retraite des travailleurs à l’âge de 60 ans». Et de souligner que « le travailleur peut continuer à travailler jusqu’à l’âge de 65 ».

Le secteur public emploie en 2018 une population active totale de 12.426.000 salariés. Or près de 4.597.620 salariés refusent dans la plupart des cas d’accéder à la demande des travailleurs qui expriment ce vœu de rester. Et ils sont nombreux. Les motifs invoqués sont variés : parfois pour permettre de recruter des jeunes, d’autrefois un simple règlement de comptes pour se débarrasser d’un travailleur gênant.

Si les travailleurs de 60 ans sont la cause de ce déficit, la solution est simple.

Que des instructions soient données à la fonction publique et les entreprises d’Etat pour créer des artifices afin d’inciter les salariés à rester jusqu’à l’âge de 65 ans et le problème est réglé. Il faut par ailleurs signaler que plus de la moitié de la population active algérienne est formée de fonctionnaires et de salariés dans un emploi précaire au secteur privé. Leurs conventions ne leur permettent pas du tout ou assez une prime de départ qui leur assure une vie professionnelle après la retraite. De fait ils considèrent la retraite donc comme une mort sociale. Leur souhait donc est de pousser au maximum l’âge de la retraite. La société algérienne réputée jeune n’a pas encore pensé à formuler ses attentes envers les retraités.

Enfin, peut-on imaginer que les pressions  sociales à l’égard des retraités puissent et ce paradoxalement provoquer un sentiment d’incapacité, d’inutilité et d’exclusion ?

La vraie cause du déficit de la CNR que l’opinion publique a le droit de savoir est l’incapacité et l’impuissance des pouvoirs publics, tous les niveaux compris, de maîtriser le contrôle des entreprises publiques et certaines privées qui encouragent les départs à 60 ans en dopant les salaires par des promotions déguisées pour imposer à la caisse une pension d’un montant qui s’écarte au plus haut de la moyenne.

Pourquoi la vague des « patriotes » admis en retraite figure-t-elle sur les registre de la CNR ?

Ces « patriotes ont bien travaillé avec l’armée, non ? Le fonds spécial de retraite (FSR) continue quant à lui à être alimenté en octroyant des privilèges sans limites aux retraités de l’Etat qui restent actifs au-delà d’une moyenne de 70 ans.

Alors ! Solidarité concitoyenne oblige. Il ne suffit plus de pleurnicher tout le temps mais d’agir pour arrêter ce fléau. Un responsable n’est pas là pour poser le problème mais pour trouver des solutions.

Auteur
Rabah Reghis

 




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Le défi de l’Afrique est de mobiliser sa jeunesse pour le changement

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Regard

Le défi de l’Afrique est de mobiliser sa jeunesse pour le changement

Le franc CFA, une corde au cou de nombreux pays africains.

Il va de soi que le monde d’aujourd’hui subit de plein fouet les effets pervers de la globalisation. Si la norme universelle de la démocratie est devenue une exigence planétaire de premier ordre, il n’en demeure pas moins que son instrumentalisation abusive à d’autres fins a fait éclater les frontières de beaucoup d’Etats, accéléré leurs troubles internes et facilité la porosité de leurs souverainetés.

De même, les guerres dites «humanitaires», menées par ces puissances occidentales avides de matières premières, au nom de la communauté internationale, ont fragilisé la géopolitique de certaines régions du monde dont le Moyen Orient et l’Afrique en particulier. Celle-ci se retrouve malheureusement appauvrie, ses ressources pillées, exsangue et engluée dans un tourbillon de régression démocratique. Bien que majoritaire, sa jeunesse est marginalisée par des vieilles-gardes nationalistes encore au pouvoir, contrainte souvent, soit au silence sous les coups de boutoir du couple peur-répression—ce que le sociologue marocain Mehdi Elmandjara (1933-2014) appelle à juste raison «la dhoulocratie» (la gouvernance par l’humiliation)—, ou à l’exil forcé dans l’eldorado européen, par manque de perspectives.

L’actualité foisonne, hélas, de ces récits dramatiques des harragas noyés par centaines au large d’une Méditerranée transformée en cimetière à ciel ouvert, ou de ces guérillas civiles dirigées par des mercenaires, des milices urbaines et des forces paramilitaires armées jusqu’aux dents, où même des enfants en âge normal d’être scolarisés y sont enrôlés à leur corps défendant. Au-delà de ces deux tristes constats, on se rend bien compte aussi que les pays africains accusent un retard énorme en matière de développement humain. Selon les statistiques de l’Union Africaine (U.A), le taux du chômage moyen chez les jeunes en Afrique avoisinait, en 2017, 30% pour la tranche d’âge de 19-20 ans, soit pour environ 1.2 milliards d’habitants que compte notre continent, ce qui augure d’une instabilité sociale chronique dans les années à venir. Bref, le drame de «Mama Africa» est, si l’on ose l’exprimer ainsi, un film d’horreur interdit aux moins de 18 ans !

Le comble, c’est que l’espoir de voir un jour notre continent bouger et aspirer à la démocratie se confronte au travail de sape de bureaucraties aussi structurées que maléfiques, renforcées par une militarisation active de régimes souvent «gérontocratiques» et surtout une corruption endémique reliée au grand «Comprador» (les élites rentières locales sont en connivence avec les pouvoirs en place et inféodées au capital étranger comme simples intermédiaires du néolibéralisme). Toutes ces calamités et bien d’autres rampent, il est vrai, dans tous les secteurs d’activité, au point de devenir sœurs jumelles de systèmes sociaux en déglingue.

Mais pourquoi tant de gâchis ? Pourquoi tant de mésaventures infructueuses pour un continent si jeune, si prometteur et au riche potentiel économique? En clair, pourquoi les Africains n’arrivent-ils pas à se dresser comme un seul homme afin de se mobiliser à une large échelle politique, sociale, culturelle et interétatique pour le bien de leur continent ?

En proie à un immense désespoir, la jeunesse africaine ne pense qu’à fuir ailleurs pour une vie meilleure alors que le terreau de l’élite s’assèche des suites de la fuite des cerveaux. Là aussi, les statistiques sont choquantes à plus d’un égard : pas moins de 450 000 diplômés ont fui l’Afrique vers l’étranger, ces cinq dernières années, contre 375.000 pour toute la Chine et environ 20.000 travailleurs africains qualifiés sont installés définitivement en Europe, causant une hémorragie interne pour beaucoup de domaines d’activité ayant besoin de compétences. Le désastre est tel que la démobilisation s’élargit au fur et à mesure qu’augmentent les pressions occidentales, notamment françaises.

La Françafrique illustre à ce titre un mal capital qui détruit ce qui reste d’espoir à la jeunesse africaine. Or, «ce que nous voulons affirmer une fois de plus, écrivait déjà Ruben Um Nyobe en 1955 dans son célèbre ouvrage «Religion ou colonisation ?», c’est que nous sommes contre les colonialistes et leurs hommes de main, qu’ils soient blancs ou noirs ou jaunes, et nous sommes des alliés de tous les partisans du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, sans considération de couleur». Ce cri de cœur de l’un des pères de l’africanité est plus que jamais d’actualité.

La sortie de cette politique des périphéries (ex-colonies), reliées au centre (ex-puissances coloniales), pour reprendre la terminologie de l’économiste franco-égyptien Samir Amin, est plus qu’une obligation pour redynamiser une politique économique, industrielle et culturelle forte au plan local. Autrement dit, permettre des politiques publiques qui s’inspirent de l’approche anglo-saxonne novatrice «bottom-up» (du bas vers le haut) et non pas de celle de «top-down» (du haut vers le bas), comme semblent le préférer, à présent, les leaders africains.

En termes clairs, les masses citoyennes de l’Afrique ne seront maîtresses de leur destin que si elles peuvent avoir voix au chapitre dans les décisions que prennent leurs dirigeants politiques et reprendre confiance en elles-mêmes. Cela rappelle, somme toute, les accents lyriques du discours historique du président ghanéen Nana Akufo-Dado, à Accra, devant son homologue français Emmanuel Macron en décembre 2017 durant lequel il a relevé avec une rare lucidité l’attente aussi insensée qu’inutile des nations africains des ex-puissances coloniales, les incitant à avoir «l’état d’esprit du gagnant», à se défausser de leurs penchants de dépendance et à revaloriser leur génie national pour trouver des solutions qui s’imposent aux problèmes locaux qui les concernent au premier chef.

Cela passe d’abord par la réhabilitation, aux yeux du monde, de l’image authentique de l’Africain d’autant que le combat de ce colonisé d’hier s’avère être avant tout, d’après le penseur algérien Mohamed Lakhdar Maougal, un combat de langage. C’est-à-dire un combat pour la réarticulation des statuts de sa culture, de sa langue, ses spécificités, sa diversité, son originalité avec le progrès, en supprimant cette image de «l’Indigène à vie», fabriquée de toutes pièces par l’ex-colonisateur, comme une fausse monnaie qui a toujours cours légal, pour relayer ici le mot de Jean Cohen.

C’est tout un projet grandiose en perspective, pressenti comme un passeport vers le modernisme et la libération de ces pays africains aux économies déstructurées, aux cultures désarticulées et aux politiques inconséquentes, de la tutelle extérieure. La jeunesse serait, sans aucun doute, le principal levier dans la refonte des systèmes de gouvernance, jusque-là inefficients, corrompus, peu mobilisateurs et anti-démocratiques. Place au changement par la jeunesse, place à l’espoir africain !

Auteur
Kamal Guerroua

 




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L’Algérie n’a pas d’avenir sans révolution dans sa gouvernance

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Analyse

L’Algérie n’a pas d’avenir sans révolution dans sa gouvernance

Les tendances sur le niveau des réserves de change contenues dans l’avant-projet de loi de finances complémentaires sont inquiétants et impliquent un sursaut national pour éviter leur épuisement horizon /2022, sauf miracle d’un cours de pétrole de plus de 100 dollars le baril et un cours du gaz qui assurent 33% des recettes actuellement à trois dollars le million de BTU sur le marché libre à plus de 7 dollars.

Etant entendu qu’un cours inférieur à 60 dollars ramènerait le déclin vers 2020 et qu’il faille faire un arbitrage entre la forte consommation énergétique intérieure posant la problématique des subventions généralisées sans ciblage, et la capacité d’exporter face à une concurrence internationale de plus en plus acerbe , tout en rappelant que les accords avec l’Union européenne, principal partenaire de l’Algérie, prévoient un tarif douanier zéro horizon 2020. Cela interpelle les autorités aux plus hauts niveaux pour mettre en place une économie hors rente et donc un changement de gouvernance et une nouvelle réorientation de la politique socio-économique.

En ce début du mois de septembre 2018, Sonatrach c’est l’Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach et encore pour bien longtemps procurant directement et indirectement 98% des recettes en devises du pays, facteur principal de la dépense publique qui détermine le taux de croissance, le taux de chômage, le niveau des réserves de change et l’audience internationale tant politique qu’économique.

1.-Les réserves de change non compris l’or, (173 tonnes en janvier 2017, stock stable depuis 2009 d’une valeur au cours actuel d’environ 7 milliards de dollars ), ont évolué en fonction du cours des hydrocarbures: 111 dollars le baril en 2012, 108 dollars en 2013, 100 dollars en 2014, 53 dollars en 2014, 45 dollars en 2015 , 54 dollars en 2017 et une moyenne de 70 dollars en 2018 en n’oubliant pas que 33% des recettes de Sonatrach proviennent du gaz dont le cours est en nette baisse environ 3 dollars le million de BTU entre 2017/2018.. Ce qui nous donne le niveau des réserves de change selon les données officielles de la Banque d’Algérie

-2012 :190,6 milliards de dollars,

-2013 :194,0 milliard de dollars,

-2014 :178,9 milliards de dollars,

-2015 :144,1 milliards de dollars,

-2016 : 114,1 milliards de dollars,

-2017 : 97,3 milliards.

– 2018 entre 82/83 milliards de dollars tenant compte de la valeur des importations de biens (une baisse d’environ seulement d’un milliard de dollars entre 2016/2017) auquel il faut ajouter les transferts légaux de capitaux et le montant des services qui fluctue entre 9/11 milliards de dollars/an entre 2010/2018) et services et des recettes de Sonatrach (avec un montant dérisoire hors hydrocarbures entre un (1) et 1,5 milliards de dollars concentrées sur trois catégories de biens, les engrais minéraux ou chimiques azotés, « les ammoniacs anhydres et les sucres qui représentent à eux seuls près 72 % du total), le solde net serait d’environ 15 milliards de dollars

2019 : 62 milliards de dollars (source avant-projet de loi de finances)

2020 : 48 milliards de dollars (source avant-projet de loi de finances)

2021 : 34 milliards de dollars (source avant-projet de loi de finances)

2022. 12 milliards de dollars (source rapport FMI juillet 2018)

A ce niveau, le réserves de change maintenant la cotation du dinar algérien à plus de 70%, la Banque d’Algérie sera contrainte de dévaluer le dinar officiel à environ 200/220 dinars un euro avec une envolée du cours sur le marché parallèle qui fluctuera en fonction du taux d’inflation entre 300/400 dinars un euro et beaucoup plus si le taux d’inflation dépasse les 20/30%l’investissement. Dans ce cas non souhaitable pour l’Algérie, les promoteurs algériens se réfugieront dans des activités spéculatives comme au Venezuela , les étrangers n’étant pas sur d’ être payés pays risquent de ne pas venir, bloquant l’investissement durable ou tout projet pour être rentable a besoin en Algérie d’un minimum de 5/7 ans ? alors que la spéculation sur la devise ou certains biens à forte demande peut rapport ut taux de profit de plus de 30% par an. Le danger est la le cercle vicieux , spirale inflationniste , demande croissante de devises avec déconnexion croissante entre le marché officiel et le marché parallèle de devises, émission monétaire interne (à travers le financement non conventionnel), sans contreparties productives, inflation, extension de la sphère informelle, tensions sociales et risque d’implosion des caisses de retraite avec la baisse d’activité.

En mois d’importation, nous avons 36 mois en 2012, 35 mois en 2013, 30 mois en 2014, 27 mois en 2015, 22 mois en 2016 et 20 mois en 2017. Dans son rapport de juillet 2018, en 2022, où les réserves de change permettront moins de 5 mois d’importation et en 2023 moins de 3 mois d’importation. Les rapports de la Banque d’Algérie, organe qui dépend de la présidence de la république et non de l’exécutif prennent en compte cette situation. Je cite le rapport de 2018 : «Le niveau des réserves de change, bien qu’en baisse demeure, cependant, appréciable. Cependant, la persistance du choc externe pourrait rapidement éroder la résilience de la position extérieure de l’Algérie, d’autant que le niveau des importations demeure élevé et constitue un risque additionnel pour la balance des paiements sur le moyen terme, niveau, insoutenable des importations de biens et services milite pour une maîtrise du niveau de l’absorption »

2.- Selon les données officielles du gouvernement, cela est la résultante des tensions au niveau de la balance commerciale et de la balance des paiements seul document de référence valable. Les exportations ont évolué ainsi.

2012 : 71,7 milliards de dollars dont 70,5 constituées d’hydrocarbures (H).

-2013 : 64,8 milliards de dollars dont 63,8 (H),

-2014 : 60,1 milliards de dollars dont 58,4 milliards de dollars (H),

-2015 : 34,5 milliards de dollars dont 33,1(H) ;

-2016 : 29,3 milliards de dollars dont 27,9 milliards de dollars (H),

-2017 : 32,9 milliards USD dont 31,6 provenant des hydrocarbures (H)

-2018 : les exportations selon le bilan des douanes ont été de 19,82 milliards de dollars (mds usd) durant le premier semestre 2018 ce qui donnerait en tendance fin 2018 environ 39 milliards de dollars

-2019 :33,2 milliards de dollars (source avant-projet de loi de finances

-2020 :34,5 milliards de dollars (source avant-projet de loi de finances

-2021 :35,2 milliards de dollars (source avant-projet de loi de finances

Les importations évoluent ainsi :

-2012 : 51,5 milliards de dollars en 2012,

-2013 : 54,9 milliards de dollars en 2013,

-2014 : 59,6 milliards de dollars en 2014,

-2015 : 52,6 milliards de dollars en 2015,

-2016 : 49,7 milliards de dollars en 2016,

-2017 : 48,7 milliards de dollars en 2017-

-2018 : Pour les importations, durant le premier semestre 2018 selon le bilan des douanes premier semestre 2018, elles ont été de 22,78 milliards de dollars ce qui donnerait en tendance 45,6 milliards de dollars.

-2019 : 44 milliards de dollars (source avant-projet de loi de finances)

-2020 :42,9 milliards de dollars (source avant-projet de loi de finances)

2021 :41,8 milliards de dollars (source avant-projet de loi de finances)

Le solde de la balance des paiements entre 2012 et 2017

-2012 : positif 12,05 milliards de dollars,

-2013 : positif 0,1 milliard de dollars,

-2014 : négatif(-) 5,8 milliards de dollars,

-2015 : négatif (-) 27,5 milliards de dollars,

-2016 : négatif (-) 26,3 milliard de dollars,

-2017 négatif (-) à 23,3 milliards de dollars

-2018 (bilan non clôturé)

-2019 : négatif (-) à 17,2 milliards de dollars (source avant-projet de loi de finances)

-2020 : négatif (-) à 14,2 milliards de dollars (source avant-projet de loi de finances)

2021 : négatif (-) à 14 milliards de dollars (source avant-projet de loi de finances)

3.- Sans une réorientation de la politique socio-économique, cela renvoie à l’urgence d’une mobilisation générale, au vu de l’avant-projet de loi de finances 2019, il y a risque de retour au FMI 2021/2022 avec des incidences dramatiques à la fois économiques, sociales, politiques, voire sécuritaires, sauf miracle d’un cours de baril de 100 dollars et d’un redressement du cours du gaz naturel en baisse sur le marché libre, qui est totalement déconnecté du cours du pétrole, la majorité des contrats à terme arrivant à expiration en 2019. Il faut voir la réalité en face, loin des discours démagogiques.

La question doit être traitée avec objectivité : le taux moyen de croissance de 3% entre 2000/2018 a-t-il été proportionnel aux dépenses ? Cela selon le document officiel présenté par le premier ministre à l’APN fin 2017, les programmes de développent ont nécessité durant la période allant de 2001 à 2017, une enveloppe de 531,8 milliards de dollars dont une grande partie en devises et le budget de fonctionnement et de gestion pour la même période une dépense de l’ordre de 649,9 milliards de dollars, soit au total 1187,7 milliards de dollars.

Comment couvrir les besoins croissants de la population algérienne qui est passée au 1er janvier 2018 à 42,4 millions d’habitants et les chiffres donnés par l’ONS (Office national des Statistiques) sur les prévisions de l’évolution de la population algérienne d’ici 2030 serait de 51,026 millions ? Comment réaliser la transition numérique et énergétique afin d ‘éviter notre marginalisation posant la problématique de l’urgence d’une nouvelle régulation de l’économie algérienne, loin de la léthargie actuelle, un sursaut gouvernemental et une mobilisation citoyenne.

4.- Des actions concrètes de redressement national s’impose du fait que la situation pourrait prendre une autre dimension et s’aggraver sans un changement sérieux dans le système de gouvernance s’adaptant tant aux nouvelles mutations internes et mondiales. Le monde avance, l’intelligence artificielle et le digital révolutionnant tant les relations internationales, la gestion des Etats, des institutions, des entreprises que les relations que personnelles La majorité des organisations doit s’éloigner des schémas utopiques du passé des années 1970/1980/1990, étant à l’aube d’une véritable révolution planétaire 2020/2030. L’Algérie n’a pas d’avenir si elle ne favorise pas la bonne gouvernance et l’économie du savoir, devant s’adapter à ces nouvelles mutations, qui sont les deux piliers fondamentaux du développement du XXIème siècle.

L’Algérie, selon le bilan 2018 du World Economic Forum, est très loin des potentialités du pays et elles sont énormes. Dans son rapport 2017/2018, l’étude du WEF, réalisée auprès de 14.000 chefs d’entreprises de 137 pays, fournit un classement mondial des pays les plus compétitifs. Pour établir le classement de compétitivité de l’Algérie, le Forum s’est basé sur 114 indicateurs regroupés dans les 12 catégories suivantes. L’Algérie est classé 88e Quant au niveau de corruption, (85ème place) l’Algérie est très mal classée, la corruption étant le deuxième plus grand écueil qui se dresse sur le chemin des investisseurs. Pour la performance du secteur public le pays arrive au 81e rang et en matière de sécurité, (54e place).L’indice de l’ouverture de l’économie algérienne à l’investissement privé, le classement est la 128e place, l’économie étant jugée trop peu diversifiée et l’initiative privée et l’une des moins compétitives du monde arabe. Concernant les infrastructures, malgré d’importantes dépenses l’Algérie est classée à la 93e place. Brièvement, nous avons le classement suivant : Institutions : 88ème rang -Infrastructures : 93ème rang- Environnement macroéconomique : 71ème rang- Sante/Education : 71ème rang- Enseignement Supérieur et Formation : 92ème rang- Marchandises et Efficacité du marché : 129ème rang- Efficacité du marché du travail : 133ème rang- Développement du marché financier : 125ème rang- Etat de préparation technologique : 98ème rang- Taille du marché : 36ème rang – Sophistication des affaires : 122ème rang- Innovation : 104ème rang. S’agissant des mesures incitatives à l’investissement, le pays se situe à la 98ème position sur les 137 pays évalués.

5.- Ainsi, sans prendre en compte les rapports internationaux, et toujours de voir l’ennemi de l’extérieur, discours démodé auquel la population algérienne parabolée ne croit plus , certains vivant du rêve du passé du communisme intégral, la Russie et la Chine les fondateurs l’ayant abandonné, n’ayant aucun impact sur la population , alors que le mal est en nous, il y a une unanimité des experts nationaux que le gouvernement doit se rendre à l’évidence, sa léthargie actuelle étant suicidaire pour le pays : l’Algérie a besoin d’une vision stratégique et éviter de naviguer à vue. C’est que la croissance pourrait ralentir très fortement dès 2020 en provoquant une augmentation du taux de chômage, se traduisant par la persistance des déficits budgétaires et surtout des déficits externes qui vont éliminer progressivement toutes les marges de manœuvre dont dispose l’Algérie. Les slogans politiques sont insensibles aux lois économiques applicables dans tous les pays et l’Algérie ne fait pas exception. Le recours à la planche à billets pour financer le déficit budgétaire risque d’entraîner l’économie dans une spirale inflationniste, qui certes n’est pas encore perceptible en 2018 mais les mesures conjoncturelles sans vision stratégique, et de profondes réformes structurelles est de conduire le pays à la dérive à la vénézuélienne, ce qu’aucun patriote ne souhaite. Comme j’ai à le démontrer dans l’interview que j’ai donnée récemment le 11 août 2018 à l’American Herald Tribune, les politiques actuelles du gouvernement algérien affaiblissent la résilience de l’économie, risquent de nuire à la croissance et aggraver les risques pour la stabilité financière, sociale et politique du pays.

L’Algérie reste confrontée à des défis importants, posés de la baisse des prix du pétrole, impliquant de profondes réformes afin d‘éviter de conduire le pays dans l’impasse horizon 2020/2022. Pour relever les défis futurs, étant à l’aube de la quatrième révolution économique mondiale, nécessitant une mise à niveau culturelle de certains dirigeants politiques et économiques, se projeter sur l’avenir, loin de tout populisme dévastateur, une nouvelle gouvernance, un langage de vérité et la moralité des gouvernants s’imposent.

L’Algérie a besoin d’un retour d’une vision claire de sa politique socio-économique (visibilité et cohérence), le retour à la confiance Etat-citoyens, sans laquelle aucun gouvernement ne peut réussir. A l’aube de la révolution par l’intelligence artificielle et du digital, pour rétablir la confiance, tant dans le domaine politique que social et qu’économique, les responsables algériens s’éloigner de la vision autoritaire, dialoguer étant l’élément cardinal. Ils doivent dépasser la gestion traditionnelle, où le pouvoir résidait principalement dans sa capacité à distribuer ou à conserver de l’information où l’autorité verticale était basée sur l’organisation hiérarchique.

Aujourd’hui où le monde qui fonctionne en réseaux décentralisés, l’organisation politique, économique et militaire laisse progressivement place à une autorité horizontale basée sur le savoir, la compétence et la réputation de chacun. Toute bonne gouvernance ou management stratégique des grands de ce monde, tire aujourd’hui sa légitimité de sa capacité à créer des liens de confiance et à interconnecter la société et de son aptitude à synthétiser les informations stratégiques, de donner la priorité au partage et à la transparence, recherchant avant tout à responsabiliser la société et ses collaborateurs en les guidant dans la bonne direction, ce qu’on appelle le management collaboratif. Aussi, l’Algérie a besoin pour sécuriser son avenir, de s’éloigner des aléas de la mentalité rentière, de réhabiliter le travail et l’intelligence , de rassembler tous ses enfants et toutes les forces politiques, économiques et sociales, évitant la division sur des sujets secondaires, d’apprendre à respecter nos différentes sensibilités et donc les opinions d’autrui, par la culture de la tolérance.

Sur les mutations géostratégiques  militaires, politiques sociales et économiques au niveau de la Méditerranée, du  Maghreb et du Sahel voir l’ouvrage collectif sous ma direction du professeur Abderrahmane Mebtoul et du docteur Camille Sari auxquels ont contribué 36 experts européens et maghrébins(algériens-tunisiens-marocains-mauritaniens- Libyens ( officiers- politologues, juristes, historiens  sociologues-économistes )» le Maghreb face aux enjeux géostratégiques ( (2 volumes 1050 pages) Editions Harmattan Paris France 2015 -Ouvrage collectif  – -Revue  IEMed 2017 -Barcelone -Espagne, un important collectif analysant  la sécurité, le politique, l’économique, le social et le culturel  de la région méditerranéenne auquel a contribué  le professeur  Abderrahmane Mebtoul  sur le thème  » impact de la baisse du cours des hydrocarbures sur les équilibres macro-financiers et macro-sociaux  de l’économie algérienne : urgence  d’une nouvelle politique économique  », est paru (2017)  sous la direction du professeur Senen Florensa, ancien diplomate et ministre espagnol,  Président de l’Annuaire  IEMed  (516 pages), préfacé  par Johannes Hahn Commissaire  européen  à la politique de voisinage aux négociations  d’élargissement. Ont contribué 51 personnalités  internationales (ministres-  diplomates- politiques, militaires, économistes, sociologues, historiens-écrivains) des deux rives  de la Méditerranée  en huit  chapitres.

 

Auteur
Dr Abderrahmane Mebtoul

 




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L’Algérie coincée entre la peste et le choléra

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Tribune

L’Algérie coincée entre la peste et le choléra

Une maladie éradiquée de la surface de la planète, il y a des dizaines d’années, refait surface en … Algérie, 4e producteur de pétrole au sein de l’Opep et 6eme en gaz dans le monde.

Ce n’est pas un pays en guerre, comme l’est le Yémen ou la Syrie, ce n’est pas non plus un pays sans ressources comme l’Éthiopie ou le Bangladesh, on ne parle pas du Japon, et pourtant c’est bien le cas, l’Algérie après 60 ans d’indépendance est ravagée par le choléra. Conclusion, ce n’est pas la richesse qui prémunit les pays et les peuples contre les maladies et les fléaux mais bien sa politique, toutes ses politiques à savoir l’économique, la sociale et surtout l’institutionnelle.

Or, en Algérie justement il n’y a pas de politique ni des politiques, il y a une gestion par le hasard, par l’affinité et surtout par la prédation et la violence. C’est la peste qui gouverne l’Algérie et c’est là la source de tous les maux.

Le 20 août 2018, l’institut Pasteur (institution scientifique qui existe dans tous les pays qui se respectent) indique que la maladie apparue dans plusieurs villes du centre du pays simultanément n’a rien à avoir avec une quelconque épidémie et le responsable de l’institut affirme que les « rumeurs » circulant sur les réseaux sociaux ne seraient que des rumeurs. Trois jours plus tard, le ministère de la tutelle, pris de court et acculé par le scandale, affirme qu’il s’agit bien d’une pandémie et que les premières analyses confirment l’apparition de foyers de choléra.

La presse algérienne a repris en boucle l’information, un vent de panique s’empare des populations et les journaux internationaux ouvrent leurs Unes par le retour du choléra en Algérie. Il a fallu attendre le 29 août pour que l’institution scientifique reconnaisse dans un communiqué lapidaire 172 cas suspects de choléra dont 59 avérés et deux décès.

L’institut Pasteur d’Alger a été informé dès le 7 août 2018 des prémices de l’infection en vain. Après le déclenchement de l’affaire, l’institut « découvre » que 10 points d’eau aux environs de Blida, Alger, Tipaza et Bouira (villes les plus touchées) sont impropres à la consommation *.

Aucun ministre, aucun responsable politique ou administratif ne s’est adressé publiquement à la population ou aux médias pour dire la vérité et surtout indiquer les mesures prises ou à prendre ! Bien au contraire, la politique du hasard, de l’improvisation et du déni est poursuivie, la politique de l’autruche aussi en attendant des jours meilleurs et favorables aux élections prochaines.

Revenant à l’origine de cette désuète maladie et à son apparition en 2018. Il y a quelques mois (en juin plus exactement), des produits agricoles algériens ont été refoulés par des pays qui ont bien voulu « importer » d’Algérie pour des raisons politiques que commerciales ou économiques. La Russie, le Canada, la France et même le Qatar ont restitué la marchandise avec la mention «retour à l’envoyeur ». Les tomates, les pommes de terre algériennes sont surdosées en produits chimiques donc impropres à la consommation tandis que les dattes sont infestées de vers.

Ces États ne souhaitent pas empoisonner leurs populations, ce qui est le rôle de tout responsable légitime jaloux de son pays contrairement aux autorités algériennes qui, au lieu de se pencher sérieusement sur la question par la mise en place d’un cadre de contrôle et de régulation, ont préféré taire le scandale et jeter le dossier « sous le tapis » jusqu’à ce qu’il leur explose en pleine figure. On peut frauder des élections mais pas des analyses médicales, on peut faire taire des contestations sociales mais pas des microbes et ne on ne badine pas avec la santé publique.

Comme il n’y a pas de politique agricole en Algérie ni de système régulateur, et avec la débandade qui règne dans le marché algérien, de véreux agriculteurs n’ont pas hésité et depuis des années à irriguer les maraîchages par des eaux usées, phénomène généralisé et même banalisé au pays de la police politique, au su et au vu des autorités publiques. Les égouts algériens débordent de partout et ce n’est pas rare de voir de « la merde » dans les rues algériennes et notamment à Alger, ville classée récemment parmi les plus sales du monde à l’occasion.

Il est clair que ces actes sont imputables aux agriculteurs-businessmans de l’Algérie de Bouteflika mais la responsabilité première incombe aux maires, aux directeurs et aux chefs de service de la santé, de l’écologie, de l’urbanisme et au fameux institut Pasteur. Comme à l’accoutumé, aucun ministre n’a démissionné et aucun responsable n’a été limogé ou jugé, aucune enquête n’a été diligentée et aucune poursuite n’a été entamée.

On ne doit rien au « peuple » donc on prend les mêmes et on recommence, on continue serait plus pertinent. Cette situation est valable dans tous les secteurs, la peste est dans l’administration et ses rouages, la peste est dans le régime, elle gouverne en Algérie.

Tout le monde se rappelle des scandales étouffés ou passés sous silence comme l’affaire Khalifa, les affaires Chakib Khalil, l’autoroute Est-Ouest et Air Algérie. L’histoire des 700 kilos de cocaïne n’a pas encore dévoilé tous ses secrets. Entre un boucher-trafiquant et des généraux ou leurs enfants, des ministres ou leurs enfants, des juges, des maires, des procureurs et des imams, le scénario des passe-droits, d’abus de confiance, de corruption à grande échelle, de détournement d’argent public, d’abus d’autorité et d’influence risque d’être encore long.

Pendant ce temps, des « ministres » ridicules et des pseudo responsables politiques font des mains et des pieds pour pérenniser un système pestiféré. Engluée dans ses contradictions, l’opposition, quant à elle, ne remplit même pas son rôle de façade, l’appel de la mangeoire est plus fort. Seuls les villages kabyles, perchés au sommet de Djurdjura, montrent les chemins, ceux de la propreté, de la résistance et de l’autogestion.

Tandis que les Algériens « malades » sont mis en quarantaine, le virus en chef vient de partir en fédération helvétique pour se soigner et prolonger son souffle, ainsi que celui de son régime, pour quelques dollars en plus, lui qui a construit une mosquée de l’équivalent de 20 hôpitaux de dernière génération. Quand un organe ou un membre d’un corps est gangrené, aucun vaccin n’est utile ni pansement, le remède est dans l’amputation afin de préserver les autres membres, c’est la médecine qui le dit.

Auteur
Ahviv Mekdam

 




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La présidence confirme le retour de Bouteflika en Algérie

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Après six jours de « soins médicaux » à Genève

La présidence confirme le retour de Bouteflika en Algérie

Le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a regagné Alger samedi après un bref séjour à Genève (Suisse) où il a effectué des contrôles médicaux périodiques, annonce la Présidence de la République.

Selon les termes du communiqué intégral de la Présidence de la république « Son Excellence M. Abdelaziz Bouteflika, Président de la République, a regagné Alger ce samedi 1er septembre 2018, après un bref séjour à Genève où il a effectué des contrôles médicaux périodiques ».

Le Président de la République avait quitté Alger lundi à destination de Genève (Suisse) afin d’effectuer des « contrôles médicaux périodiques », avait déjà annoncé la présidence dans un premier communiqué.

Auteur
APS

 




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Le ministre des Affaires religieuses accuse la secte Madkhaliste

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Assassinat d’imams

Le ministre des Affaires religieuses accuse la secte Madkhaliste

Le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, Mohamed Aïssa, a accusé, jeudi 30 août, dans El Khabar, les adeptes de la secte salafiste Madkhaliste d’être responsable de l’assassinat d’imams en Algérie.

Désignant nommément la secte en question, le ministre  a accusé «des partisans de la doctrine Madkhaliste d’être derrière l’assassinat d’imams en Algérie».

Le 30 juin 2018, Mohamed Aïssa avait tiré la sonnette d’alarme quant aux tentatives répétées de groupes radicaux de prendre le contrôle de lieux de culte, rappelant les années 90 où l’ex-Front islamique du salut tenait les mosquées par la force en Algérie.

«Ce n’est un secret pour personne, des radicaux tentent sans cesse de s’emparer des mosquées de la république et de contrôler les pupitres. Ces individus ont réussi à infiltrer des groupes qui paraissaient pourtant pacifistes. Ils sont à l’origine de la mort de deux imams, ils en ont blessé et insulté des dizaines d’autres qui ne partageaient pas leurs idéologies», a fait savoir le ministre sur sa page Facebook.

«Nous avons récupéré les mosquées de la république pour les consacrer uniquement à Dieu. Nous avons saisi la justice, à laquelle nous faisons confiance, et nous souhaitons qu’elle mette un terme aux actions de ces conspirateurs», a-t-il souligné.

Les Madkhalistes sont un courant musulman salafiste de prédication, suivant l’école du maître religieux saoudien Mohammed Al-Madkhali. Son chef autoproclamé en Algérie est Mohamed Ali Ferkous. Ce dernier a, à maintes reprises, attaqué les enseignements de l’islam sunnite algérien, en portant des accusations graves contre l’Association des oulémas (ou savants) et ses dirigeants actuels.

Pour lui, cette dernière «a dévié de la ligne que lui avait tracé son fondateur, Abdelhamid Ben Badis», en s’éloignant de la voie de la prédication et de l’unicité de Dieu.

Auteur
Sputniknews.

 




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Quelle place et quel avenir pour notre engineering ?

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Analyse

Quelle place et quel avenir pour notre engineering ?

Poincaré écrivait : «On  fait la science avec des faits, comme on fait une maison avec des pierres, mais une accumulation de faits n’est pas plus une science qu’un tas de pierres n’est une maison.»

1-. Place de l’engineering en Algérie depuis son indépendance

Après plus d’un demi siècle, l’ingénierie algérienne n’a connu ni consolidation, ni essor sensible. Nous pouvons même constater qu’elle a régressé et n’occupe à ce jour aucun espace dans l’activité économique.

Il est peut être utile de rappeler ce qui définit l’ingénierie d’une entreprise voire d’un pays. Parmi les définitions,  on trouve : étude d’un projet industriel sous tous ses aspects (techniques, économiques, financiers, monétaires et sociaux) et qui nécessite un travail de synthèse coordonnant les travaux de plusieurs équipes de spécialistes techniques et économiques.

Je voudrais y apporter la mienne, propre au cas algérien : c’est d’abord une arme de lutte efficace contre le joug néocolonial,  la dépendance et l’assujettissement puis une ouverture certaine vers le développement durable.

Comment peut-on prôner souveraineté et non alignement politique, sans comprendre que cela passe d’abord par une consolidation d’une ingénierie nationale ?

Où se niche donc l’ingénierie en Algérie : Ministères de l’enseignement, de la recherche, de l’énergie, de l’industrie, du bâtiment et TP et les autres, Instituts de recherche, Universités, les grandes entreprises, les PMI, les start-up, les bureaux d’études, etc.

Qui sont les acteurs ? Qui en a la charge ? Qui veille à sa consolidation et son développement ? Autant de questions auxquelles il faudra bien répondre.

Revenons en arrière : En 1962, l’Algérie indépendante était au niveau zéro. Durant le plan quadriennal puis quinquennal des années 70 des « industries industrialisantes » nous fîmes massivement appel à l’ingénierie de tous les pays industrialisés (USA, Europe, Canada, URSS, pays de l’Est, Brésil et Japon en particulier). Nous n’avions ni expérience, ni les hommes, ni les structures pour accompagner les programmes gigantesques d’industrialisation.

En parallèle, des milliers de jeunes algériens titulaires d’un baccalauréat sciences se virent attribuer des bourses d’études à l’étranger (Europe, Japon, URSS, pays de l’Est, Canada et USA en particulier) pour des formations d’ingénieur notamment. Les grandes entreprises publiques avec Sonatrach en tête et les universités étaient les pourvoyeurs de bourses d’études.

Le seul exemple comparable de formation supérieure que je connaisse dans le tiers monde  à cette époque était l’Iraq mais à un degré moindre. Signalons que, dans les années 80, lorsqu’un cadre irakien revenait de formation, il se voyait attribuer une maison individuelle, un salaire élevé comparable à ceux pratiqués en Europe (le dinar irakien était convertible) et un statut de cadre de la nation. En fait des conditions si attractives, qu’une majorité retournait dans leur pays.

Le but de ce programme de formation à l’étranger était de doter  le pays de forces vives capables d’accompagner et de maîtriser les techniques et technologies modernes dont l’Algérie venait de se doter ainsi que renforcer le corps des enseignants et managers. A priori cela ne pouvait être que louable et appréciable. Les slogans de l’époque : « Algérianisation du corps enseignant et surtout  l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ». Des slogans,  oui seulement des slogans !

Et c’est ainsi que s’enclencha le naufrage.

2.- Vous parlez d’un naufrage, selon vous quelles en sont les causes ?  

Une première cause de cette débâcle, fut la mauvaise gestion des ressources humaines à tous les échelons de l’Etat, des entreprises et des organismes publics. Une première déperdition des diplômés algériens se produisit avant même leur retour au pays. Le niveau d’un grand nombre des directeurs des ressources humaines DRH des grandes entreprises était plus que médiocre.

Aucune prise en charge ni plan de carrière proposés aux diplômés à leur retour de formation. Ainsi une deuxième fraction de cette population quitta définitivement l’Algérie peu après leur retour, au vu des conditions d’accueil, des postes proposés, de la faible rémunération et sans aucun plan de carrière en filigrane.

Ajouté à cela dans les années 1980, un clivage entre compétences locales et compétences venues de l’étranger  ainsi qu’entre les compétences francophones, russophones, anglophones  et arabophones, fut volontairement cultivé par des groupes politiques malfaisants.

Pour le reste,  ils se sont adaptés tant bien que mal dans un environnement hostile et pour les plus exigeants, on leur montrait ostensiblement qu’ils n’étaient pas les bienvenus en Algérie après 5-10 ans d’absence.  

Le Président Boumediene n’avait-il pas clamait haut et fort dans un discours: « ceux qui ne sont pas contents,  n’ont qu’à partir! ». Un aveuglement idéologique qui conduit plusieurs fils de l’Algérie, dès les années 70 à choisir le chemin de l’exil. La communauté de diplômés algériens exilés à l’étranger est depuis estimée, à plus de 300.000.  Eh bien oui, le message du feu Président fut bien entendu !

D’aucuns dignitaires disaient, il restera toujours quelqu’un plus docile et complaisant pour en assurer la  relève. Ce fut la marque d’un pouvoir autoritaire qui ne transigeait point.

Comme contre-exemple, je citerai d’abord, le Général De Gaulle, après la libération et pour reconstruire un pays dévasté par la guerre mondiale, avait mobilisé les élites françaises dans les grandes administrations centrales pour relancer les grands travaux en leur accordant un statut hautement avantageux.

Plus encore, le président Deng Xiaoping, considéré comme étant à l’origine du spectaculaire développement de la RP de Chine actuelle, n’a-t-il pas lancé en 1989, un appel mémorable à l’endroit de son élite non résidente : Chinois de tous les pays venaient vous enrichir en Chine !

Ces deux hommes d’Etat resteront dans l’histoire comme modèle de bâtisseur d’une nation moderne.  

Voici une deuxième cause du naufrage de l’ingénierie nationale.

Durant la décennie 75-84 un grand nombre d’ingénieurs et chercheurs regagnèrent SONATRACH départements Engineering &Développement et Production, principaux centres nerveux de l’activité pétrolière et gazière. A cette époque, la moyenne d’âge de l’encadrement était de 50 ans et celle des arrivants (cadres formés à l’étranger) de moins de 30 ans.

Au lieu d’associer ces derniers comme des juniors managers, il y eut une volonté délibérée d’écarter ces jeunes bardés de diplômes arrivant en masse et perçus comme une menace à l’occupation de leurs postes. Cela s’est traduit par une déperdition quasi totale de cette manne inespérée qui fondait pourtant tous les espoirs d’un renouveau.  

Ce schéma désespérant est malheureusement à extrapoler aux autres grandes entreprises publiques.

Voici une troisième cause du naufrage de l’ingénierie nationale.

Par ailleurs, dans pratiquement toutes les grandes entreprises apparaissait dans l’organigramme, une direction Engineering & Développement. Un appendice qui sonne bien, mais d’importance secondaire, le département production était le fer de lance incontesté. Quand ce dernier avait besoin de services d’engineering, il recourait sans aucune hésitation ou contrainte aux services de sociétés étrangères qui fleurissaient en Algérie. L’argument de poids : les nôtres, ils n’ont pas d’expérience ! Nous ne pouvons pas nous risquer à des erreurs ! Cette idée a longtemps résisté à toutes les bourrasques et continue à poursuivre son petit bonhomme de chemin sans entraves sérieuses.

Pourtant, il existait bon nombre de bureaux nationaux publics d’études et d’engineering dans plusieurs domaines. Que sont-ils devenus ? Qui les a supporté et encouragé ? Se sont-ils développés ces 2 dernières décennies où plusieurs centaines d’avis d’appel d’offres nationaux et internationaux ont été lancés ? Quel taux de nos besoins ont-ils couvert ? Certains ont disparu discrètement et d’autres sous grands fracas, à l’instar de Condor Brown & Roots.

En définitive, il y a lieu de constater qu’on a fait place nette pour les firmes  étrangères d’engineering qui ont occupé l’ensemble des segments du marché. Des miettes toutefois ont été laissées aux entreprises locales pour de petits projets d’architecture et génie civil.

Voici une quatrième cause du naufrage de l’ingénierie nationale.

Comment qualifier cette situation sinon de meurtre avec préméditation !

3.- La situation est consternante et semble même avoir été instrumentée ?

Durant ma carrière professionnelle j’ai pu observer quatre (4) phases successives :   

  • 1969-79 Phase d’euphorie de l’industrialisation tout azimut menée par l’administration centrale pour aboutir à un total fiasco.

  • 1980-88, Phase de gabegie des plans anti-pénuries conduisant à une banqueroute

  • 1990-99, Phase qualifiée de décennie noire (ni son, ni images)

  • 2000-18, Phase d’aisance financière autorisant un programme majeur d’investissement.

Durant la première phase, l’ingénierie nationale naissante disposait d’un strapontin au théâtre où se jouait l’industrialisation du pays. Seuls les grands tels : Voest Alpine, Fooster Wheeler, Fluor, SNC Lavalin, Booz Allen Hamilton, Mitsubishi, Kawasaki, Sumitomo, Kobe, Technip, Schlumberger, Tractebel, ABB, Basf, Siemens, Bayer, Impresit, Ansaldo, Danieli, Saipem, ENI, BP, GE, Kellogg, Arco, Halliburton, occupaient les premiers rangs.

Aucune forme d’association ou d’implication avec des sociétés d’ingénierie locales ne fut alors imposée à ces géants.

Durant la deuxième phase de désinvestissement, l’ingénierie nationale accumulant des déficits, s’est vue menacée de disparaître. 

Durant la troisième phase les sociétés d’ingénierie nationale virent peu à peu leur personnel clé s’exiler.

Les événements de 1988, mais plus encore  ceux qu’on appelle communément “la décennie noire” vont occasionner un exode sans précédent dans l’histoire de l’Algérie, de cadres qualifiés vers l’Europe, les USA et le Canada.  

Durant la quatrième phase les sociétés d’ingénierie nationale publiques qui survécurent, étaient fortement affaiblies et durent une seconde fois tenir un strapontin au théâtre des appels d’offre internationaux où de nouvelles sociétés étrangères de différentes tailles  occupèrent les premiers rangs (avec l’entrée en lice de l’Espagne, du Portugal, la Turquie, la Serbie, la RP de Chine, l’Egypte, le Liban, etc.)

Là aussi, aucune forme d’association ou d’implication des sociétés locales d’ingénierie ne fut alors imposée pour l’attribution des marchés.

Pour s’acquitter de tout reproche, une nouvelle disposition introduisit une close de préférence nationale. De la poudre aux yeux, car plus de 80% des attributions étaient confiées en définitive, à des sociétés étrangères.

Il est utile de rappeler que l’Algérie des années 70 était technologiquement bien mieux dotée que la RP de Chine (industries pétrolières, mécaniques, sidérurgiques, chimiques, etc.) et rivalisait avec certains pays européens bien devant la Grèce et le Portugal.

A titre d’exemple, en 1983, lors d’une visite d’un réacteur atomique souterrain en RP de Chine, j’ai pu observé combien certains appareils et équipements que nous disposions au Commissariat aux Energies Nouvelles aux Tagarins étaient plus modernes et techniquement supérieurs à ceux utilisés par les chinois. Cependant, si les équipements étaient désuets, l’engineering nucléaire chinois était bien plus avancé et très solidement consolidé.    

En terme de chronologie en moins de 40 ans la RP de Chine devint la 2ème puissance économique mondiale. A une échelle plus réduite la Corée du sud, sans ressources naturelles, n’a eu besoin que de 25 ans pour se hisser au 11ème rang des nations les plus industrialisées.

Je suis tenté de demander à nos dirigeants, après 50 années écoulées, combien d’années supplémentaires seront-elles nécessaires à l’Algérie pour se hisser au rang des pays nouvellement industrialisés ?

A l’issue de ce constat dantesque de l’engineering nationale, on est en droit de se poser la question suivante : Qui sont les acteurs qui ont orchestré le naufrage de l’ingénierie nationale ?

4.- Avec un tel passé l’ingénierie algérienne peut-elle s’inventer un avenir ?

Le  mal est fait ! Comment peut-on construire durablement notre génie national ? C’est une question fort intéressante que je placerai comme priorité pour notre pays.

Notons d’abord qu’un changement s’est opéré dans ce secteur. En effet, les sociétés privées marquent davantage leur présence sur le marché et certaines sociétés étrangères ont élu domicile en Algérie (sociétés de droit algérien). Ce sont des éléments nouveaux et positifs car toutes emploient en majorité un personnel local.

Pour la suite, la responsabilité incombera totalement à l’Etat car les principaux donneurs d’ordres sont des organismes nationaux centraux ou grandes entreprises publiques parmi lesquelles figurent en tête Sonatrach et Sonelgaz

Il est important de rappeler que se sont des contrats du type : EPC (*) et EPCM (**) qui ont été surtout utilisés dans l’industrie de la construction et de l’ingénierie industrielle et pétrolière. Le rôle principal de ces contrats est d’organiser et de répartir entre les différents acteurs du projet chacune des tâches qu’exige la réalisation : identification des partenaires, études d’engineering, exécution  des travaux, les approvisionements, les fournitures, les livraisons,…

De plus, il faut comprendre comment fonctionnent ces sociétés qui conservent un personnel clé limité et qui disposent de data bases de centaines d’ingénieurs-consultants, à qui, elles font appel selon la nature du projet  et ses besoins.

Enfin, il faut garder en tête quelques chiffres clés sur au moins 2 cas :

  • Une société qui vous facture une étude d’engineering d’un montant de 1.000, gardera 500 pour les propriétaires et/ou actionnaires, 25 pour rémunérer les ingénieurs qui interviendront et 25 pour couvrir les différentes charges

  • Une société qui vous facture un projet en EPC, donc le montant sera bien plus élevé,  en moyenne gardera 25-30% du montant total pour les propriétaires et/ou actionnaires, 50% pour les fournitures, 10-20% pour l’engineering, 5-10 % pour rémunérer les ingénieurs qui interviendront et 5% couvrir les différentes charges.

En définitive, on voit de suite que les marges prélevées par ces sociétés sont bien plus importantes que celles des fabricants d’équipements et se sont elles qui s’imposent sur les marchés. Les plus grandes (USA, RP de Chine, Japon, Europe) opèrent très souvent avec de forts appuis politiques et par l’octroi de commissions et retro commissions. Plusieurs scandales sont apparus en Algérie et à travers le monde et jusqu’au plus haut niveau des états.

Question : Peut-on peu ou prou s’affranchir des fourches caudines de ces sociétés ?

Comme exemple édifiant, dans les années 1980, j’ai assisté à la construction d’une centrale électrique thermique de 900 MGW. Plusieurs entreprises algériennes engagées auprès de deux grandes entreprises allemandes, réalisaient 50% des travaux (génie civil, câblerie et chaudronnerie) l’engineering, le montage électronique et la fourniture & installation des turbines étaient de fabrication allemande.

40 années après, à quoi devrait-on s’attendre en terme d’intégration nationale en matière de construction de centrales électriques thermiques de ce type ?  Si vous regardez les contrats signés pour les 5 dernières centrales avec des firmes étrangères, vous comprendrez alors, les motifs qui fondent mon indignation et mon pessimisme.

En Algérie, au stade actuel, il est illusoire de répondre par oui à la question ci-dessus.  Cependant, il est possible d’agir pour réduire leur forme d’intervention et y associer de façon significative des entreprises locales non pas uniquement en sous-traitance de travaux mais aussi dans l’engineering.  

Par exemple, sillonnons autour du secteur de l’énergie et prenons le programme des centrales photovoltaïques. Nous lisons en grands titres :

« L’Algérie s’engage avec détermination sur la voie des énergies renouvelables afin d’apporter des solutions globales et durables aux défis environnementaux et aux problématiques de préservation des ressources énergétiques d’origine fossile ». « Le solaire devrait atteindre d’ici 2030 plus de 37% de la production nationale d’électricité » et enfin « d’ici 2030, il est prévu l’installation d’une puissance de près de 22.000 MW pour le marché national ainsi qu’une possibilité d’exportation allant jusqu’à 10 000 MW. Enfin, un premier appel d’offre national de 150 MW sera lancé avant la fin de cette année. ». 

Entre parenthèses, nous sommes accoutumés à entendre des annonces ubuesques et disproportionnées par plusieurs ministres, auxquelles personne n’y croit bien sûr (planter 1.000.000 d’ha de cultures intensives d’oliveraies en 15 ans, attirer 2 millions de touristes étrangers avant 2020, produire 22.000MW d’énergies photovoltaïques d’ici 2030, construire 1.000.000 de logements avant 2019, autoroute Est-Ouest achevé totalement avant 2010, plus aucun usage de sacs plastiques à la fin de l’année, etc.). Ceux qui lancent ces annonces  savent pertinemment qu’ils ne seront plus là pour justifier leur errance et qu’à fortiori aucun compte ne leur sera demandé.

Un projet de centrale photovoltaïque, c’est d’abord de l’engineering puis de la sous-traitance en fabrication et services.

Arrêtons de considérer les algériens comme des « ignorants », tout le monde sait comment se construit une centrale photovoltaïque raccordée au réseau.  Pour rappel sommaire, on trouve généralement les équipements suivants :

  1. Des panneaux photovoltaïques  

  2. Des structures porteuses ou de fixations : 

  3. Des composants de distribution courant DC ou AC

  4. Des câbles, connectiques, protections, etc.

  5. Des onduleurs

  6. Des systèmes de supervision et contrôle: 

  7. Des compteurs de production  

(Dans certain cas, le système peut aussi être équipé de batteries, destinées à stocker l’électricité)

Seul le point 1 fera l’objet d’importations en kit pour assemblage & montage local mais tous les autres composants peuvent être produits en Algérie.

Voici le test de vérité qui répondra à la question portant sur l’avenir de l’ingénierie nationale. Le Ministère de l’énergie va-t-il imposer que seul le point 1 fasse l’objet d’importations en kits pour rompre avec les anciennes pratiques de projets clés en main confiés à des entreprises étrangères ?  Qu’en fait, les accords de transfert en devises soient strictement et uniquement dédiés à l’importation des cellules photovoltaïques très probablement de la RP de Chine?

En définitive,  je garde mes motifs d’inquiétude, mais nous verrons prochainement si l’Etat persiste et signe ou si notre engineering et nos capacités de fabrication pourront enfin s’inventer un avenir.

5.- Précisez-nous un peu plus vos motifs d’inquiétude

Depuis l’indépendance à ce jour, tous nos dirigeants sans exception ont parlé de l’importance du transfert de technologie et savoir-faire, à tous les niveaux des discours : ce qui revient à dire en public que nous voulons coûte que coûte développer notre propre engineering et savoir faire.

Pourtant, je viens de montrer que depuis un demi siècle à l’opposé, c’est une pratique de déni.

Rappelez vous durant la colonisation dans le cycle d’études primaires la barrière pour les jeunes écoliers « indigènes » privilégiés, était le certificat de fin d’études primaires. Un nombre infime « d’indigènes » franchissaient ce niveau limite. Il n’était pas souhaité par le colonialisme qu’une élite « d’indigènes » puisse éclore. A l’époque, c’était cela le colonialisme !

Mais aujourd’hui, comment interpréter qu’on puisse refuser  l’accès au savoir-faire et aux technologies aux ingénieurs algériens, pour des projets engagés en Algérie, financés par nos autorités centrales?  

Pour ma part, j’ai eu la chance grâce à des missions onusiennes notamment, d’effectuer des « study tours » dans des pays comme l’Inde, le Brésil, la Tchécoslovaquie puis la PR de Chine dans les années 80. L’observation, l’examen et la réflexion durant ces voyages, m’ont permis de déceler le modus operandi du transfert de technologie.

Chacun de ces pays a su trouver un mode opératoire adapté à ses capacités, sa culture, son contexte et son environnement et chacun a réussi à saisir cette matière noble abstraite et à bien la consolider.

L’Algérie, n’a pas pu le faire tout simplement parce qu’elle n’a même pas essayé !

Interrogeons-nous alors qui sont les auteurs de ce « génocide intellectuel »

S’agit-il d’inconscience et d’irresponsabilité ? Ou bien d’intérêts individuels ou collectifs ? Des complots ourdis par des puissances ennemies ? Des hommes de l’ombre, à Paris ou à Washington qui montent des « deals » visant leurs seuls intérêts ?

Notre génération hautement qualifié, ne peut plus se taire lorsque, sans gène ni honte et sans rougir, elle entend aujourd’hui des ministres parler de recours à l’assistance technique étrangère, de signature de contrats d’engineering avec des sociétés d’outre atlantique, comme il y a 50 ans en arrière.

En définitive, on veut nous coincer au sol et rendre notre envol impossible !

6. Mais alors que faire ?

Il s’agit  de comprendre que l’engineering  c’est d’abord un problème de ressources humaines. Cette ressource malmenée, méprisée, mal-aimée à qui nos dirigeants n’ont jamais accordé une quelconque importance. Peut-on leur demander de revoir leur copie et placer celle-ci au cœur de leurs préoccupations ?

Tous les pays que j’ai cités, ont adopté une stratégie de séduction à l’endroit de leur communauté « d’ingénieurs-chercheurs-développeurs ». Il existe un grand nombre d’exemples de transfert de technologie étrangère par le biais des scientifiques expatriés en diffusant la production scientifique à partir de l’étranger, en participant de manière active à la recherche scientifique nationale, en multipliant les activités d’expertise au profit du pays d’origine, ou revenir pour développer des start-up high tech.

Cette stratégie, plusieurs pays l’ont comprise et pleinement appliquée

Les Indiens ont produit des textes légaux, octroyant crédits bonifiés, exonérations  et nombre de facilités aux non résidents qui viendraient s’installer dans le secteur de la production hightech et l’engineering. Les Turques ont fait de même. Les Chinois ont fait massivement appel aux Hongkongais, Taiwanais et Sino-Américains pour s’installer en RP de Chine.  De plus toute société étrangère souhaitant opérer dans le marché chinois doit impérativement s’associer avec un partenaire local. Notons que les entreprises et les instituts chinois peuvent sans entraves faire appel à des consultants étrangers pour compléter leur expertise. De plus, elles usent d’une démarche offensive de rachat d’entreprises de haute technicité dans le monde, ce qui a d’ailleurs ébranlé nombre de pays.   

Ce sont des mesures si évidentes qu’il n’y a pas lieu d’en lister ici davantage : elles inscrivent  à l’encre rouge la volonté d’un pays de bâtir une expertise nationale puissante et compétitive.

Aujourd’hui, que faisons-nous de tout cela? Que nous manque-t-il ? Comment combler nos insuffisances ? Comment booster nos sociétés d’engineering ? Comment agir pour une mise à niveau ? Que faire pour combler le retard cumulé ? Comment s’affranchir progressivement de l’assistance technique étrangère en bâtissant  notre propre engineering ? Qui fait barrage ? Les donneurs d’ordres agissent-ils seuls ou en collusion avec des forces occultes extérieures ? Qui donnera le coup de pied salutaire dans la fourmilière ?

A ma connaissance, aucune de ces questions n’a été sérieusement abordée publiquement par nos députés, nos Ministères techniques, pas même l’esquisse d’un projet-programme permettant de répondre   précisément à ces questions si simples mais fondamentales pour apporter solutions et perspectives.

Que savons-nous faire aujourd’hui ? Que maîtrisons nous ? Comment construire seul nos prochaines centrales électriques photovoltaïques ou thermiques, nos unités de dessalement d’eau de mer, nos centres d’enfouissement, nos tunnels de métro, nos barrages, nos lignes de tramways et chemins de fer, nos aéroports, nos vaccins ? Jusqu’à quand resterons-nous des spectateurs de l’édification de notre pays par les autres ?  Les algériens n’en sont-ils pas capables ? Les algériens d’ici et d’ailleurs réunis n’en sont-ils toujours pas capables ? Qui arbitre et décide ?

Face à l’immobilisme constaté au niveau des politiques publiques en matière d’exode des compétences nationales à l’étranger, une infinité de questions surgissent et qui resteront peut être longtemps sans réponses.

L’enjeu est de taille, car il conditionne notre souveraineté et l’avenir des futures générations.   

Je me permets encore une fois de reposer ici les mêmes questions : Qui sont les arbitres (élus, administrations, ministères, syndicats, société civile, medias, etc.) ont-ils les données et les compétences ? Connaissent-ils les enjeux ? Qui défend nos intérêts communs ? Où nous conduisent-ils ? Le savent-ils ?

En 1954, le Président Nasser amorça  le mégaprojet du barrage d’Assouan en haute Egypte,   pour étendre les surfaces irriguées, améliorer la navigation sur le fleuve et produire de l’électricité. En 1956, pour des raisons politiques l’aide technique et financière, des USA et de la Grande Bretagne fut refusée. Aussi le Président Nasser se tourna alors vers les capacités nationales avec un appui technique soviétique. Toutes les entreprises égyptiennes publiques et privées y prirent part dans l’engineering et la construction du plus grand barrage au monde. Voilà comment l’Egypte a édifié les bases de ses capacités d’engineering, incontestables aujourd’hui.

L’Algérie dispose de plusieurs centres de recherche, d’entreprises privées et publiques du secteur, une diaspora aux quatre coins de la terre et qui ont certainement aussi des solutions ad hoc à proposer, si réellement les pouvoirs publics étaient en quête de solutions pour l’édification d’une ingénierie nationale durable.  

7. En conclusion, quel est votre message    

Arrêtons de traiter la jeunesse algérienne comme des enfants gâtés à qui on achète leur docilité et leur résignation (ANSEEJ, etc.), et les techniciens algériens comme des juniors,  sous classés, inexpérimentés voire incompétents. Ces derniers, sous d’autres cieux, ont fait leurs preuves en Europe, aux USA et au Canada.

Je dis que les projets algériens doivent être confiés aux algériens avec éventuellement un complément extérieur. Ceux qui savent connaissent parfaitement leurs limites et si on leur demandait d’aller au-delà, ils sauront alors mieux que quiconque, aller chercher le chaînon manquant. Cette dépendance endémique entretenue artificiellement doit être maintenant perçue comme une humiliation à notre intelligentsia.   

Il s’agit en définitive d’engager des actions concrètes pour sortir coûte que coûte du sous développement, de la régression et de la récession :

  • Une politique économique fondée sur le compter sur soi  

Les concours internationaux doivent disparaître au profit des concours nationaux. Ouvrir bien grandes les portes aux gens du savoir résidents et non résident.  

  • Mobilisation des compétences : Encourager davantage la création de bureaux d’études, mobiliser les compétences nationales et attirer les techniciens et ingénieurs non résidents.  Faciliter au contractant local, dans le cadre d’exécution de contrats, le recours éventuel à des experts étrangers. Attirer des experts, professeurs, ingénieurs spécialisés et d’autres seniors à venir travailler en Algérie dans des organismes ou sociétés privées et publiques ou créer leurs propres entreprises.

  • Partenariat national : Partenariat Public Privé (PPP) pour des grands projets structurants, notamment dans l’énergie, l’agriculture, l’industrie du pétrole et gaz, l’hydraulique et les TP.  

  • Partenariat international : Engager des Partenariats et coopération technique d’exception à long terme avec les Etats de pays comme les USA, l’UE, la RP de Chine, la Corée du sud, l’Inde, le Brésil… Formations spécialisées, study tours, conférenciers, séminaires, joint ventures, etc.

  • Niveaux d’exigence de qualification : Dans le cas d’une Joint Venture JV avec une société étrangère  spécialisée, donner à la nouvelle JV, la qualification équivalente de celle détenue par  la société étrangère.

  • Qualification et formation continue : Apporter des concours aux formations qualifiantes aux personnels actifs dans les administrations et les entreprises. Formation interne et continue obligatoire dans les administrations et organismes étatiques. Plans de carrière liés à un programme de qualification revalorisée.  

  • Facilitations aux entreprises high tech algériennes d’acquérir des entreprises étrangères pour permettre des sauts qualitatifs et de maîtrises techniques. En particulier dans les TIC, Biotech, GénieSoft, Tech de l’eau, etc.

  • Ouvrir l’enseignement supérieur aux personnels spécialisés étrangers Utilisant tous les moyens possibles (vidéos-conférences, séminaires, workshops, etc.) Inviter les plus grands spécialistes à participer à des mises à niveau cycliques, périodiques.

  • Programmes de R&D jumelés avec des pays avancés cofinancer des programmes de recherches sur les thématiques particulières : irrigation, production agricole & ressources halieutiques, énergies renouvelables, TIC, biotechnologies, contrôle & sécurité, etc.        

 

Quand nos hommes politiques auront-ils le courage de dénoncer la main mise des lobbies internationaux sur notre engineering ? Qui arrêtera le discours paternaliste de ceux qui savent mieux que nous, ce qui est bon pour nous ?

Les gouvernements successifs de l’Algérie indépendante ont échoué à bâtir notre génie national. Notre pays gangrené par le despotisme, les inégalités et l’ignorance a engendré des fils capables de se retourner contre lui, jusqu’à commettre les pires crimes. Les algériens se sont repliés sur eux-mêmes, ont perdu foi en la RADP s’acheminant irrésistiblement à plus d’intolérance et d’indifférence.

Nous devons avec réflexion, effort et énergie, cultiver un sentiment d’appartenance à une grande nation aux héros si grands, issus d’une histoire millénaire et de victoires remportées lors d’innombrables batailles contre tous nos occupants. Cette fierté sera le résultat d’épreuves surmontées ensemble en    réveillant le patriotisme qui nous habite tous, qu’on le taise ou qu’on le confesse !

Assurément, il nous appartient à tous, aujourd’hui d’inculquer dans le cœur et l’esprit de nos enfants la fierté d’être algérien comme au lendemain de l’indépendance dans une renaissance du sentiment patriotique : impulser un second souffle, une orientation assumée et responsable permettant aux  algériens de s’épanouir par le savoir.   

La force de notre pays doit reposer sur la fierté de vaincre nos ennemis, l’ignorance, les obstacles au développement et toutes les forces du mal qui le minent de l’intérieur.

Seule une consolidation de l’ingénierie nationale permettra de reconstruire une fierté, un renouveau ouvert à l’innovation et au développement durable du high-tech conjuguant productivité et modernité.

C’est autour de ce vaste débat que je souhaiterai aujourd’hui réunir les entrepreneurs, experts, politiques, universitaires et tous les acteurs de la société civile, afin qu’ensemble nous puissions poser la pierre angulaire de notre unité.

Pour ne pas rester dans le constat, l’indignation, la consternation voire le rêve, j’invite les forces vives du pays à s’exprimer et proposer des solutions, des actions, des moyens de sortie de cette perpétuelle dépendance pour bâtir nous-même notre maison commune : l’Algérie. Cela me fait penser à une citation du Duc de Sully « Tout homme dévoué à son pays doit payer à sa patrie son tribut de patriotisme en lui disant tout ce qu’il croit en sa conscience, être la vérité ».

Cette question, qui oppose et divise, je souhaite qu’elle devienne l’instrument qui unifiera les Algériens autour d’une règle d’or : Algeria First.

Pour finir, je reprendrai la citation de Poincaré en avant propos, à mon compte ainsi :

On bâtit un génie national en consolidant toutes ses élites, comme on construit une maison en consolidant les pierres, mais la dispersion des élites n’est pas plus un génie national, qu’un lit de pierres n’est une maison.    

L. G.

 (*) Lies Goumiri est docteur d’Etat ès-sciences de l’Institut National Polytechnique de Grenoble (France) et diplômé de Sciences Po Paris. Il a occupé d’importants postes dans l’administration centrale, CEO dans plusieurs entreprises publiques et privées. Il a été associé à plusieurs missions de l’ONUDI et enfin consultant pour divers organismes et sociétés étrangères asiatiques et européennes.

(*) EPC signifie Engineering Procurement and Construction qui se traduit en français par Ingénierie, Approvisionnement et Construction. La spécificité du contrat EPC c’est que le contractant s’occupe de l’ensemble du projet, de l’installation, des matériaux nécessaires puis de la réalisation soit directement soit en sous-traitant une partie des travaux. Il porte la responsabilité du projet.

(**) EPCM signifie Engineering, Procurement and Construction Management qui se traduit par Ingénierie, Approvisionnement et Gestion de la construction .Le contrat EPCM est un contrat dans lequel une société d’ingénierie ou bureau d’étude s’engage préalablement à fournir différents services comme :

Les études et la conception du projet l’accompagnement à la gestion du projet et la représentation du MOA aux différentes étapes du cycle (appels d’offres, décomposition du projet en lots…) le suivi de l’approvisionnement des matériaux sur le chantier le pilotage de l’ensemble des documents pour le bon déroulement du chantier. L’assistance au maître d’ouvrage dans la réception des divers composants de l’ouvrage, afin que celui-ci puisse obtenir un ouvrage complet. L’entrepreneur EPCM coordonne les différents points situés ci-dessus, mais il veille aussi à ce que l’ensemble du projet se déroule correctement selon les besoins du chantier. Il peut décider d’entreprendre ou non un travail réel sur le chantier. Les contrats EPCM s’appliquent en particulier dans le génie pétrolier, chimique, mais aussi gazier.

Auteur
Liès Goumiri (*)

 




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