18 mars 2025
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Une jeune Algérienne disparue à Londres

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Avis de recherche en Grande Bretagne

Une jeune Algérienne disparue à Londres

La police Métropolitaine de Londres a lancé lundi un avis de recherche pour retrouver une jeune Algérienne âgée de 25 ans qui a disparu depuis le 8 octobre dernier.

La nommée Aicha B. était en visite chez des membres de sa famille résidant à Wood Street, Walthamstow, un quartier de l’Est de Londres, précise un communiqué de la police.

Selon les informations recueillies par la police auprès des proches de la disparue, cette dernière ne parle pas bien la langue anglaise et ses connaissances de Londres sont limitées, mais il semblerait qu’elle ait des connaissances dans les quartiers de Walthamstow et Elephant and Castle, ce dernier au sud de Londres.

Un membre de sa famille a affirmé que la jeune femme a été vue pour la dernière fois à Paris le 24 octobre, alors qu’elle envisageait de prendre l’Eurostar pour revenir à Londres, et depuis ce jour, elle n’a plus donné signe de vie, toujours selon la police.

Aicha a été vue sur une caméra de surveillance dans la gare de Liverpool Street, à l’est de la capitale britannique le 8 octobre dernier.

Sur les images de la camera de la gare, la jeune fille a été aperçue en compagnie d’un jeune homme inconnu de sa famille, âgé d’une vingtaine d’années.

Missing Poeple, un site britannique de recherche de personnes disparues, a appelé Aicha à se manifester là ou elle se trouvait.

« Nous sommes là pour te parler, t’écouter et te fournir l’aide dont tu as besoin. Nous sommes là aussi pour faire passer tes messages et s’assurer que tu es saine et sauve », a annoncé le site.

Il a également fournit un numéro d’appel pour recueillir d’éventuelles nouvelles de la disparu

Auteur
APS

 




L’indéboulonnable Robert Mugabe démissionne après 37 ans de règne

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Zimbabwe

L’indéboulonnable Robert Mugabe démissionne après 37 ans de règne

Robert Mugabe a mis fin mardi à son règne autoritaire de trente-sept ans à la tête du Zimbabwe en présentant sa démission de la présidence du pays, poussé vers la sortie par l’armée, son propre parti et la rue qui a aussitôt manifesté sa joie.

Au terme d’une semaine de crise, le plus vieux dirigeant en exercice de la planète, âgé de 93 ans, a annoncé sa décision historique dans une lettre envoyée au président de l’Assemblée nationale, qui débattait depuis le début de l’après-midi de sa destitution.

« Moi, Robert Gabriel Mugabe (…) remets formellement ma démission de président de la République du Zimbabwe avec effet immédiat », a lu Jacob Mudenda, provoquant un tonnerre d’applaudissements dans les rangs des élus.

Très attendue, l’annonce du départ du chef de l’Etat a été saluée par des milliers de personnes en liesse, dansant dans les rues de la capitale Harare sous un concert de klaxons.

« Je suis si heureux que Mugabe soit parti », a réagi Tinashe Chakanetsa, 18 ans. « Trente-sept ans de dictature, c’est pas rien. Maintenant je rêve d’un nouveau Zimbabwe dirigé par le peuple et non une seule personne ».

« Heureux »

« Je suis tellement heureux, la situation va enfin changer, spécialement pour nous les jeunes », a exulté Walter Zvowuya, un diplômé d’université de 27 ans contraint de vendre du pétrole dans la rue. « Ce gouvernement nous avait laissé tomber ».

L’armée, qui contrôle de fait le pays, a immédiatement appelé au calme pour éviter tout débordement. Devant la presse, son chef d’état-major, le général Constantino Chiwenga, a invité la population « à faire preuve de la plus grande retenue et à pleinement respecter la loi et l’ordre ». 

Accueilli en libérateur à l’indépendance de la colonie britannique en 1980, le « camarade Bob » a dirigé son pays d’une main de fer, muselant tous ses opposants et ruinant son économie. Mais il semblait indéboulonnable, dernier chef d’Etat africain issu des luttes pour l’indépendance encore au pouvoir.

La Première ministre britannique Theresa May a salué son départ, estimant qu’elle « offre au Zimbabwe l’opportunité de se forger une nouvelle voie, libre de l’oppression qui a caractérisé son pouvoir ».

C’est la deuxième épouse de Robert Mugabe, Grace, 52 ans, qui a précipité la chute de son régime.

Le 6 novembre, elle a obtenu l’éviction du vice-président Emmerson Mnangagwa, qui lui barrait la route dans la course à la succession de son mari, à la santé de plus en plus fragile.

L’éviction de ce fidèle du régime a provoqué dans la nuit 14 au 15 novembre une intervention en douceur de l’armée, qui n’a pas fait de victime.

Bras d’honneur

Les militaires, qui se sont défendus de mener un coup d’Etat, essayaient depuis d’obtenir en douceur la reddition du chef de l’Etat afin d’éviter les critiques et les menaces d’une éventuelle intervention des pays voisins, où l’aura du « libérateur » Robert Mugabe est restée très forte.

Mais à plusieurs reprises, M. Mugabe a catégoriquement rejeté les appels à la démission. Dimanche soir, il s’est même permis un ultime bras d’honneur en refusant d’annoncer à la télévision nationale le départ que tout le monde attendait.

La direction de la Zanu-PF, son propre parti, l’avait pourtant spectaculairement démis de ses fonctions de président dimanche, avait exclu de ses rangs son épouse et avait menacé de le révoquer s’il refusait de se démettre.

Faute de signe de sa part, la Zanu-PF a lancé mardi au Parlement une procédure de destitution, du jamais vu dans l’histoire du pays.

« Mugabe a autorisé sa femme à abuser des ressources de l’Etat (…), à insulter et humilier le vice-président de ce pays, l’honorable Emmerson Mnangagwa » et à « menacer de tuer le vice-président Mnangagwa », l’a accusé son parti dans sa motion de destitution.

Le débat avait à peine commencé au Parlement, lorsque le président de l’Assemblée a lu la lettre de démission de M. Mugabe.

« Ma décision de démissionner est volontaire. Elle est motivée par ma préoccupation pour le bien-être du peuple du Zimbabwe et mon souhait de permettre une transition en douceur, pacifique et non-violente qui assure la sécurité nationale, la paix et la stabilité », a écrit le chef de l’Etat démissionnaire.

« Il n’avait plus d’autre choix. C’était écrit », a commenté le chef de la minorité parlementaire Innocent Gonese, du Mouvement pour un changement démocratique (MDC). « Il était dans le déni ».

Des Zimbabwéens euphoriques ont immédiatement arraché le portrait de M. Mugabe qui trônait dans le centre de conférences d’Harare où le Parlement était réuni. 

Samedi, à l’appel des anciens combattants de la guerre d’indépendance devenus les fers de lance de la fronde, des dizaines de milliers de manifestants étaient descendus dans les rues de Harare et de Bulawayo, la deuxième ville du pays (sud-ouest), aux cris de « Bye bye Robert » et « Adieu grand-père ». 

Selon toute vraisemblance, la période de transition qui s’ouvre devrait être dirigée par l’ancien vice-président Mnangagwa, bombardé dimanche président du parti au pouvoir et candidat à l’élection présidentielle prévue en 2018.

Selon la Constitution, c’est en principe l’autre vice-président du pays, Phelekezela Mphoko, un proche de la Première dame exclu de la Zanu-PF, qui devrait prendre les rênes du pays.

« Je pense qu’Emmerson Mnangagwa va prêter serment très rapidement », a anticipé l’analyste Derek Matyszak, de l’Institut pour les études de sécurité (ISS) de Pretoria. « D’après ce que je sais, Mphoko n’est pas dans le pays. Le gouvernement devrait se réunir (…) et nommer un président ou un vice-président ». 

En exil, M. Mnangagwa est sorti mardi du silence pour inviter dans un communiqué M. Mugabe à « tenir compte des appels lancés par le peuple à sa démission de façon à ce que le pays puisse avancer ». C’était chose faite quelques heures plus tard.

Auteur
AFP

 




« Chiche, que le ministre donne les chiffres de la pub de tous les journaux ! »

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Hadda Hazem (directrice d’El Fajr)

« Chiche, que le ministre donne les chiffres de la pub de tous les journaux ! »

C’est une femme fatiguée par la grève de la faim que nous avons pu joindre. A peine sortie de l’hôpital, Hadda Hazem, directrice d’El Fajr, se voit presque sommée de répondre au ministre de la Communication qui a fait des déclarations sur la situation financière de ce journal.

Le Matin : Quel est votre commentaire sur les chiffres avancés par le ministre ?

Hadda Hazem : S’il y a une volonté de me porter atteinte en divulguant comme ça des chiffres, ils ne peuvent pas y arriver ; la réaction du ministre de la Communication est de la fuite en avant. Monsieur le ministre ne fait pas dans la nuance quand il lance ses chiffres. Contrairement à ce qu’il soutient, l’argent de la publicité, je ne le mets pas dans ma poche, moi je déclare mes salariés, je paye les charges sociales. J’ai une comptabilité clean. Concernant le loyer, j’ai deux ans de retard pas 13 ans comme il l’a déclaré. Si je suis en cessation de paiement c’est parce qu’on empêche le journal d’avoir la publicité. Je mets en défi le ministre de rendre publique la distribution de la publicité à tous les journaux, on verra qui a bénéficié de combien.

Vous voulez dire qu’il y a des journaux qui en bénéficient plus que d’autres…

Il y a des journaux qui n’ont aucune existence sur les étals qui bénéficient de la publicité de l’ANEP. Ils sont de simples emballages pour des pages publicitaires. Ceux-là n’ont rien à voir avec la profession de la presse. Leurs patrons empochent le chèque de la pub est puis n’impriment pas leurs journaux, comment peut-on fermer les yeux sur ça ? On connaît le scandale de ce journal en arabe, révélé en 2013, qui a reçu 112 milliards alors qu’il n’est pas imprimé. Ou alors ces deux journaux en français qui touchent 5 milliards par mois. Pourquoi le ministre ne parle pas de ceux-là plutôt ? Il préfère jeter le trouble sur moi parce que mon action lent. Je réclame la transparence dans la gestion de la publicité dans mon pays. Rien de plus.

Vous allez poursuivre votre lutte pour sauver votre journal ?

Un comité de soutien s’est constitué autour du journal. Dès samedi, on tiendra une grève de la faim tournant toutes les 48 heures. Et nous ferons tout pour que les chiffres de la manne publicitaire qui bénéficie à tous les journaux soient rendus publics. Nous voulons savoir qui sont les journaux qui bénéficient de la publicité.  

Auteur
Hamid Arab

 




Ambiance de fin de règne pour le despote Robert Mugabe

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Zimbabwe

Ambiance de fin de règne pour le despote Robert Mugabe

Ce mardi matin, ambiance de fin de règne à Harare. La plupart des membres du gouvernement ont boycotté le Conseil des ministres. Il n’étaient que cinq selon les sources de RFI. Par ailleurs, l’ancien vice-président demande à son tour la démission du président Robert Mugabe.

Pour sa part, le Parlement du Zimbabwe a ouvert mardi après-midi sa séance consacrée à l’examen d’une demande de destitution du président Robert Mugabe, qui règne d’une poigne de fer sur le pays depuis trente-sept ans, a constaté un journaliste de l’AFP.

« Je considère que cette motion est recevable », a déclaré le président de l’Assemblée nationale, Jacob Mudenda, devant les élus des deux chambres parlementaires.

« Cette motion est sans précédent dans l’histoire du Zimbabwe depuis son indépendance » en 1980, a-t-il souligné.

Le parti au pouvoir au Zimbabwe, la Zanu-PF, a décidé d’enclencher une procédure de destitution contre le chef de l’Etat, qui refuse avec obstination les appels à sa démission depuis le coup de force de l’armée dans la nuit du 14 au 15 décembre.

Lors d’une réunion d’urgence dimanche, la direction de la Zanu-PF a démis M. Mugabe, 93 ans, de ses fonctions de président et exclu de ses rangs son épouse Grace Mugabe.

Dans sa résolution, la Zanu-PF accuse Robert Mugabe « d’avoir autorisé sa femme à usurper des pouvoirs » et de « ne plus être en capacité physique d’assurer son rôle ».

Selon l’article 97 de la Constitution zimbabwéenne, l’Assemblée nationale et le Sénat peuvent engager à la majorité simple une procédure de révocation du président.

Une commission d’enquête est alors formée pour rédiger une résolution de destitution, qui doit être approuvée à la majorité des deux-tiers.
 

Auteur
AFP/RFI

 




J’ai rencontré le président Bouteflika

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Me Farouk Ksentini

J’ai rencontré le président Bouteflika

Le vaudeville se poursuit au Sommet de l’Etat. A défaut de grands débats sur les orientations économiques et politiques, les Algériens ont droit à des batailles de chiffonniers entre la présidence et Farouk Ksentini. L’ex-président de l’imprononçable Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’homme (CNCPPDH) ne se laisse pas intimider. Il persiste et signe avoir rencontré le président Bouteflika et dément le démenti de la présidence. Qui croire dans ce scénario invraisemblable. Dans une brève déclaration mais lourde de sens, rendu publique par le quotidien El Khabar, Farouk Ksentini maintient toutes ses déclarations su sujet des ambitions de Bouteflika à briguer un 5e mandat et bien d’autres choses.

«J’ai été surpris, comme tous les Algériens, par le communiqué attribué à la présidence de la République, lequel démentait ma rencontre avec le Président», se pique Me Ksentini comme s’il découvrait les mœurs qui ont cours sous la présidence de celui qu’il soutient. Puis de balayer d’une chiquenaude cette polémique. «J’ai décidé de tourner la page et de ne plus parler de ce sujet eu égard au respect que je porte au président de la République», a-t-il écrit.

Même s’il ne le soutient pas fermement. Me Ksentini qu’on ne peut pas accuser d’être un opposant jette un voile troublant sur ce qui se passe à la présidence. Pour ce dernier, l’auteur de ce communiqué n’est pas le président. Qui pourrait en être l’auteur alors ? qui tire les ficelles ? Maître Ksentini, soutien patenté d’Abdelaziz Bouteflika n’a pas le courage d’aller jusqu’à donner aux Algériens les réponses à ces questions.

 

Auteur
La rédaction

 




Abdelatif Laabi lance un appel signé par 150 personnalités pour la libération des détenus du Hirak

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Maroc/Rif

Abdelatif Laabi lance un appel signé par 150 personnalités pour la libération des détenus du Hirak

L’écrivain et poète marocain Abdellatif Laâbi a lancé, dans Médiapart, un appel signé par plus de 150 personnalités en soutien au Hirak du Rif, appelant à la libération des détenus politiques de ce mouvement social et populaire qui dure depuis plus d’un an.

« Une année vient de s’écouler depuis le déclenchement dans le nord du Maroc du plus grand mouvement de contestation citoyenne que le pays ait connu depuis l’arrivée au pouvoir en 1999 du roi Mohammed VI, suite au décès de son père Hassan II. Il dépasse en ampleur la mobilisation que le pays avait connue en 2011 lors du « printemps arabe », car il a fait sortir dans les rues hommes et femmes, toutes les classes d’âge, toutes les couches de la population. En outre, il s’est installé dans la durée et il a bénéficié dans l’ensemble du pays de multiples manifestations de soutien en sa faveur.

Le foyer de ce mouvement, appelé Hirak par ses initiateurs, est la région du Rif, dont le nom est entré dans l’histoire au début du siècle dernier grâce au combat qu’une fédération de ses tribus dirigée par Abdelkrim al-Khattabi avait mené contre l’armée espagnole d’occupation. Cette dernière a été défaite, et la région libérée en grande partie en 1921. Il aura fallu, quelques années après, l’intervention de centaines de milliers de soldats français commandés par le maréchal Pétain et prêtant main forte à l’armée espagnole, des bombardements massifs au gaz moutarde, pour venir à bout de cette révolte, inaugurale dans l’histoire de la lutte des peuples contre la domination coloniale.

Plus tard, juste au lendemain de l’indépendance, la population du Rif, désormais réputée pour son esprit frondeur, a été victime d’une répression sanglante de la part du régime dirigée par le général de triste mémoire, Oufkir, avec la participation directe de celui qui n’était encore que prince héritier, le futur roi Hassan II. Un décret royal (qui n’a d’ailleurs jamais été abrogé) avait été alors émis considérant le Rif comme une « zone militaire ».

L’autre facteur à prendre en considération lorsqu’il est question du Rif tient à l’attachement de ses populations à leur langue et leur culture amazighes marginalisées, voire niées pendant des décennies par le pouvoir central et même par une bonne partie de la classe politique. C’est ainsi qu’au cours du temps un sentiment profond d’injustice mais aussi de réelle fierté s’est ancré dans la conscience des Rifains.

C’est ce sentiment, ajouté aux frustrations partagées avec l’ensemble du peuple marocain, qui va éclater au grand jour suite à un événement atroce survenu le 28 octobre 2016 à Al-Hoceima, chef lieu de la région : la mort du marchand de poissons Mouhcine Fikri, broyé dans une benne à ordures alors qu’il tentait de sauver sa marchandise confisquée, « jugée impropre à la consommation », et ce en présence des agents d’autorité qui avaient ordonné ladite confiscation. Dès la diffusion de la nouvelle, l’indignation a été immense. Avec Al-Hoceima pour épicentre, un mouvement de protestation d’une puissance inédite va gagner toute la région et, au-delà, d’innombrables villes du Royaume.

Contrairement à la manœuvre savamment politique que le pouvoir avait orchestrée suite aux grandes manifestations qui ont eu lieu en 2011 lors du printemps arabe, en proposant au pays une nouvelle Constitution satisfaisant sur le papier et en partie quelques-unes des revendications du mouvement protestataire, cette fois-ci la réponse a été exclusivement sécuritaire, et d’une violence inégalée depuis l’instauration du nouveau règne.

Loin de briser le Hirak, la répression n’a fait que l’amplifier et l’amener à se transformer tout en gardant son credo pacifiste. Le mouvement spontané du départ gagnera en organisation. C’est ainsi qu’il va créer les conditions d’une réflexion et d’un vaste débat démocratique citoyen qui débouchera sur l’élaboration d’une charte et d’un cahier de revendications dont la lecture révèle une grande maturité politique, une conscience aiguë des problèmes auxquels la région est confrontée depuis des décennies. Les propositions formulées sont porteuses d’un projet social, économique, culturel et environnemental crédible et réalisable.

Déstabilisé par un mouvement aux méthodes de lutte inédites, ayant perdu selon toute évidence sa capacité de manœuvre habituelle, le pouvoir a été rattrapé par ses vieux démons, ceux qui avaient servi à martyriser le peuple marocain et ses forces vives sous le règne précédent. La répression qui s’est abattue sur les protestataires du Rif, les militants des associations des droits humains, les journalistes qui ont essayé d’informer l’opinion sur la réalité des faits, a eu recours aux mêmes méthodes qui avaient fait leurs preuves mutilantes dans le passé : usage systématique de la violence contre les manifestants, arrestations arbitraires, enlèvements, usage de la torture (avéré et confirmé dans plusieurs cas), menaces de viol, condamnation à de lourdes peines de prison y compris pour des mineurs, violation des droits de la défense, emprisonnement de prévenus et de condamnés dans des établissements pénitentiaires très éloignés de leur lieu de résidence, etc.

Signalons toutefois une touche d’innovation à l’ère du numérique : l’orchestration, via les médias officiels et un nombre grandissant de supports officieux, journaux traditionnels ou en ligne, d’une propagande cherchant à minimiser et à justifier ladite répression, agitant insidieusement les spectres de la confrontation ethnique et du séparatisme, essayant de salir la réputation de certaines figures de proue du mouvement ou de certains journalistes.

Un an s’est écoulé depuis le déclenchement du Hirak du Rif et la mobilisation n’a pas baissé d’un cran. La répression non plus. Que doit-on en conclure ? Force est de constater que le combat pour la démocratie au Maroc est plus que jamais à l’ordre du jour. Le mouvement du Rif en est une éclatante démonstration. Avec lui, on peut dire que ce combat a mûri, a gagné en profondeur et en précision de tir. A l’opposé, le constat est plus qu’amer. Les quelques avancées en matière de libertés et de droits qui ont été arrachées de haute lutte au sortir des décennies les plus noires dans l’histoire du Maroc indépendant sont en train d’être remises en cause par un pouvoir qui se targue d’être exemplaire quant au respect des droits humains.

Nous, signataires de cet appel, estimons que le moment est venu d’une mobilisation de tous les démocrates qui ont « le Maroc au cœur » pour dénoncer la dérive sécuritaire des autorités marocaines et la répression qui n’a cessé de s’abattre sur les protestataires du Rif. Pour soutenir la lutte exemplaire du Hirak et donner le plus large écho à ses justes revendications. Pour exiger la libération de tous les détenus de ce mouvement citoyen qui a ouvert au peuple marocain une nouvelle voie dans son combat pour la dignité, la justice sociale et la démocratie.

Premiers signataires :

Abdellatif Laâbi, écrivain (Maroc)

Gilles Perrault, écrivain (France)

Patrick Baudouin, avocat, président d’honneur de la FIDH (France)

Gilles Manceron, historien (France)

Fatiha Saidi, Sénatrice honoraire (Belgique)

René Gallissot, historien (France)

Nadia Essalmi, éditrice (Maroc)

Jacques Gaillot, évêque de Partenia (France)

Mohammed Berrada, écrivain (Maroc)

Maurice Buttin, avocat (France)

Bachir Ben Barka, président de l’Institut Mehdi Ben Barka (France)

Abderrahim Jamai, président de l’association des barreaux du Maroc (Maroc)

François Salvaing, écrivain (France)

Najib Akesbi, économiste (Maroc)

Mireille Fanon-Mendes-France, membre de la Fondation Frantz Fanon(France)

Malik Salemkour, président de la Ligue des droits de l’Homme (France)

Khadija Ryadi, prix de l’ONU pour les droits de l’Homme (Maroc)

Marie-Christine Vergiat, eurodéputée (France)

Claire Panzani, historienne (France)

Embarak Ouassat, poète (Maroc)

Sietske de Boer, écrivain (Pays-Bas)

Gustave Massiah, Conseil international du Forum Social Mondial (France)

Nelcya Delanoë, historienne, écrivaine (France)

Ignace Dalle, journaliste et écrivain (France)

Pascal Lederer, directeur de recherche émérite au CNRS (France)

Patrick Farbiaz, Réseau Sortir du colonialisme (France)

Mohamed Hamadi, écrivain, metteur en scène (Belgique)

Sophie Bessis, historienne (Tunisie-France)

Aicha El Basri, ancienne diplomate des Nations Unies (Maroc)

Lydia Samarbakhsh, responsable Parti Communiste Français (France)

Hind Arroub, politologue (USA)

Rachid Khaless, écrivain (Maroc)

Claire Panzani, historienne (France)

Maâti Monjib, historien (Maroc)

Hassan Hadj Nassar, ancien exilé politique marocain (France)

Hocine Tandjaoui, écrivain (France)

Driss Allouch poète (Maroc)

Driss Chouika, cinéaste (Maroc)

Leila Chafai, journaliste et écrivaine (Maroc)

Serge Pey, poète (France)

Abdelhadi Said, écrivain (Maroc)

Jacob Cohen, écrivain franco-marocain (France)

Driss Ksikes, écrivain (Maroc)

Joseph Tual, grand reporter France Télévision (France)

Christophe Dauphin, écrivain (France)

Mohamed Nedali, écrivain (Maroc)

Hicham Mansouri, journaliste (France)

Asmahan Elbatraoui, traductrice (Egypte)

Hélène Jaffé, fondatrice de l’AVRE (France)

Hakim Noury, cinéaste (Maroc)

Bernard Ravenel, historien, président d’honneur de l’AFPS (France)

Sonia Dayan-Herzbrun, professeur émérite à l’université Paris Diderot (France)

Mustapha Brahma, secrétaire national de la Voie Démocratique (Maroc)

Hamma Hammami, Front populaire de Tunisie (Tunisie)

Aline Pailler, journaliste, ex-députée européenne (France)

Georges Yoram Federmann, psychiatre (France)

Abderrahim Afarki, bibliothécaire (France)

Pierre Boutry, responsable Afrique du Parti de Gauche (France)

Samia Ammour, féministe internationaliste (Algérie)

Bernard Dreano, CEDETIM (France)

Richard Greeman, ancien professeur de Columbia University (USA)

Jacques Alessandra, écrivain (France)

Larbi Maâninou, militant des droits de l’Homme (France)

Latifa El Bouhsini, universitaire, féministe (Maroc)

Zakaria Belhachmi, universitaire (France)

Rachid Filali Meknassi, universitaire (France)

Saddie Choua, artiste visuel (Belgique)

Hamid Majdi, militant des droits de l’Homme (Maroc)

Mouhieddine Cherbib, militant des droits de l’Homme (France)

Mohamed el-Moubaraki, militant associatif (France)

Abdallah Zniber, militant associatif (France)

Abdelhamid Amine, ex-président de l’AMDH, (Maroc)

Saddik Lahrach, militant associatif (Maroc)

Soufiane Sbiti, journaliste (France)

Said Fawzi, président de l’ASDHOM (France)

Younes Benkirane, auteur (France)

Raymond Benhaim, économiste (France)

Mohammed Belmaïzi, défenseur des droits humains (Belgique)

Abderrahman Nouda, écrivain (Maroc)

Mohamed Ben Yakhlef, conseiller municipal de Villeneuve Saint Georges (France)

Nour-eddine Saoudi, enseignant-chercheur (Maroc)

Rosa Moussaoui, journaliste à l’Humanité (France)

Lucile Daumas, retraitée (Maroc)

Marguerite Rollinde, militante associative (France)

Said Salmi, journaliste (Maroc)

Abdelaziz Nouaydi, avocat (Maroc)

Edouard Kleinmann, retraité (France)

Mohamed Bazza, président du réseau IDD (France)

Abdeslam Sarie, pensionné, blogueur (Belgique)

Youssef Tahri, poète (zajel marocain) (France)

Marie-Claire Crouzillat, vivante (France)

Driss El Korchi, militant associatif (Belgique)

Ali Dabaj, militant des droits de l’Homme (France)

Boualam Azahoum, association Elghorba (France)

Jean-Paul Lemarec, membre du bureau du MRAP (France)

Mohamed Bhar, artiste-musicien (France)

Agnes Cluzel, ex membre des Comités de lutte contre la répression au Maroc (France)

Jean-Claude Amara, porte parole de Droits devant !! (France)

Youssef Haji, travailleur social (Maroc)

Azeddine Akesbi, professeur économiste (Maroc)

Nezha Chami-Ouaddane, élue municipale (France)

Abdelmajid Baroudi, chercheur et acteur associatif (Maroc)

Mustapha Majdi, militant associatif (France)

Abdou Berrada, militant des droits de l’Homme (Maroc)

Amina Boukhalkhal, coordinatrice du secteur Femmes de la Voie Démocratique (Maroc)

Said Sougty, vice-président de l’ASDHOM (France)

Saidi Nordine, militant Décolonial, Bruxelles Panthères (Belgique)

Ibtissame Lachgar, militante des droits humains, co-fondatrice du M.A.L.I (Maroc)

Hamid Manie, ex membre des Comités de lutte contre la répression au Maroc (France)

Maryse-madeleine Ferrand, retraitée de l’éducation nationale (France)

Hamid Bouserhir, militant des droits humains (Belgique)

Houria Bouteldja, responsable du Parti des Indigènes de la République

Abdelghani Ghalfi, militant associatif et secrétaire général du syndicat Les Travailleurs du Taxi

Nadine Benzekri, enseignante, militante des droits humains (France)

Hamid Benzekri, retraité, militant des droits humains (France)

Mohammed Kchikech, enseignant (France)

Souad Chaouih, présidente de l’Association des Marocains en France-Fédération

Abdeslam Ghalbzouri, militant de l’immigration (France)

Ahmed Faouzi, militant syndical, CGT action sociale (France)

Amina Ibnou-Cheikh, directrice du journal le Monde Amazigh (Amadal Amazigh)

Youssef Mezzi, militant d’ATTAC (Maroc)

Abderrahim Afarki, bibliothécaire (France)

Claire Garrone, chef de chœur EVCG-Montpellier (France)

Ghani Niame, militant (France)

Rachid Raha, président de l’Assemblée Mondiale Amazighe (France)

Samir Bensaid, citoyen (Maroc)

Ahmed Dahmani, défenseur des droits humains (France)

Hayat Berrada Bousta, défenseure des droits humains (France)

Pierre Peuch, militant associatif, retraité (France)

Rachid El Manouzi, militant des droits de l’Homme (France)

Brahim Ouchelh, militant des droits de l’Homme (France)

Kamel Labidi, journaliste (Tunisie)

Hnia Boufarachan, activiste sociale (Maroc)

Abderrahim Noureddine, militant associatif (France)

Said El Amrani, activiste des droits humains et du Hirak (Belgique)

Mohamed Bentahar, militant associatif et consultant (France)

Najib Ouja, ingénieur (France)

Ahmed Lamihi, pédagogue et écrivain (Maroc)

Brigitte Delmert, défenseure des droits humains (Belgique)

Abderrahim Mhassni, défenseur des droits humains (Belgique)

Bachir Moutik, militant associatif (France)

Fouad Rhouma, anthropologue (Maroc)

Najib Ouarzazi, militant des droits de l’Homme (France)

Arlette Bonnet, retraitée (France)

Véronique Valentino, responsable de l’actualité du quotidien l’Autre Quotidien

Saïd Bouamama, sociologue et militant du FUIQP (France)

Robert Kissous, président de l’association Rencontres Marx (France)

Ahmed Saadani, militant des droits humains (Maroc)

Mohammed Nadrani, ancien disparu du groupe Bnouhachem (Maroc)

Jamal Khairi, écrivain (Maroc)

Gilles Lemaire (France)

 




Retour à la lutte politique et l’exil (VII)

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Abdelhafidh Yaha : témoignage d’un homme vrai

Retour à la lutte politique et l’exil (VII)

Yaha Abdelhafidh à Paris avec Ali Kaci, un jeune militant du FFS dans les années 1980.

Comme nous l’avons constaté dans la partie précédente, ce qui distingue le FFS, alors, est la cohérence avec ses principes. Abdelhafidh Yaha affirme, en fournissant les preuves :

« En dépit de la difficile situation dans laquelle nous nous débattons, nous refusons de rejoindre la meute des laudateurs du nouveau pouvoir et leurs messages de soutien opportunistes. »

Une cause de dégénérescence

Malheureusement, au sein du F.F.S., la mentalité autoritaire opportuniste existe. Et de la manière la plus vile. Si Lhafidh, encore une fois, révèle des « vérités amères ». Elles ont le mérite de nous faire comprendre le fonctionnement de certains « chefs », et, par suite, comment un révolutionnaire se transforme en réactionnaire conservateur. Voici un cas.

« Quelque temps plus tard, Mohand-Akli Benyounès vient me voir pour me dire :

– Je vais aller en France pour rendre la liberté aux militants. Pour moi c’est terminé.

En entendant ces propos, mon sang ne fait qu’un tour :

– Pour moi, ce comportement est une trahison ! Cela confirme ce que me disaient les militants de la Fédération de France à ton sujet.

Hamitouche de Mâatkas, de son vrai nom Ahmed Hammour, tente de me calmer, mais je continue :

– Le FFS n’est pas une usine dont tu as les clefs ; ce sont des militants convaincus, pas tes ouvriers. Hocine Aït Ahmed et d’autres militants sont encore en prison. Rien n’est terminé, il faut qu’on explique à nos militants notre position vis-à-vis de ce régime. Nous devons aussi voir comment aider ceux qui sont dans le désarroi.

Je suis hors de moi. Je me retiens difficilement, car je ne peux accepter d’arrêter la lutte et d’abandonner les centaines de militants qui nous ont fait confiance. N’ayant plus rien à partager, nous nous séparons en froid.

Quelques jours plus tard, Mohand-Akli Benyounès part s’installer en France où il fera un redoutable travail de sape parmi les militants. Ayant tiré un trait sur son passé d’opposant au sein du FFS, il ouvre une affaire commerciale et commence à fréquenter certains pontes du régime. Par la suite, il tisse des contacts suivis avec Abdellah Benhamza, chef opérationnel de la Sécurité militaire, et Ahmed Draïa, directeur de la Sûreté nationale. »

Voilà une des clés très précieuses pour comprendre comment un idéal d’émancipation sociale se transforme en son contraire, en Algérie comme dans le monde entier, et ceci dans toutes les  révolutions sociales, à commencer par celle de Russie. Ce genre de régression individuelle révèle un fait. Certains considèrent, au fond d’eux-mêmes, leur engagement militant comme un investissement personnel, servant à leur fournir un gain matériel ; cela passe par la conquête d’un poste de chef dans l’organisation militante. Devenir chef (petit ou grand) signifie généralement privilèges matériels (petits ou grands), quelque soit la couleur politique. Les Si Lhafidh, comme les Buonaventura Durruti, sont l’infime exception à la règle.

Si l’opportuniste s’aperçoit que l’engagement militant ne lui fournit pas les privilèges désirés,  il finit par trouver le motif pour aller ailleurs chercher son vil profit. Voilà pourquoi une organisation militante, si elle ne veut pas dégénérer (1), doit veiller à ne pas avoir de « chefs », mais uniquement des délégués avec mandat impératif, d’une part, et, d’autre part, s’assurer qu’ils n’utilisent pas leur fonction pour acquérir le moindre privilège matériel. Cela est possible dans l’organisation authentiquement autogérée, comme l’a prouvé la révolution libertaire espagnole (1936-1939).

Libération de prisonniers politiques

Abdelhafidh Yaha reprend son activité militante.

« Tout commence l’hiver 1965. Des centaines de militants du FFS ainsi que d’autres détenus politiques sont maintenant libérés des geôles du régime. L’amnistie générale signée par Ben Bella est respectée par les putschistes. Pendant tout le temps qui a suivi le coup d’Etat, j’ai continué à rencontrer les militants et organiser des réunions sans que le pouvoir n’intervienne. Je contrôle toujours les groupes du FFS qui sont encore disséminés un peu partout, et l’organisation continue à exister, de fait, comme mouvement de l’opposition. »

Exil

C’est alors qu’intervient une décision hiérarchique imprévue : « En décembre 1965, juste après mon retour de la prison d’Oran, Aït Ahmed m’envoie son cousin Saïd pour me demander de quitter le pays et d’aller me réfugier en France. Durant toute cette période, c’est la seule fois où il me contacte. Son message est sans ambiguïté :

– Dis à Abdelhafidh et à Mohamed Haroui (2) de partir en France, parce que j’ai des contacts sérieux pour m’évader. Je n’ai pas envie que le régime les arrête et qu’il les utilise comme moyen de chantage. »

Cependant, la décision hiérarchique comporte une étrangeté que Si Lhafidh révèle :

« Après mon retour à Alger, Aït Ahmed m’envoie encore son cousin Saïd, pour me demander de prendre avec moi André Mecili. Sur le coup, je me pose de questions. Pourquoi, en effet, Mecili et pas d’autres membres du FFS réellement en danger ? Mais, à l’époque, je n’avais pas poussé ma curiosité bien loin. »

Obéissant à l’injonction hiérarchique, mais, néanmoins, fidèle à son comportement réellement démocratique par rapport à ses subordonnés, Si Lhafidh ne quitte pas le territoire comme le font d’autres « responsables » :

« Sans plus attendre, je réunis une trentaine de responsables et de militants dans une salle de l’hôtel Regina à Alger. (…) Je leur explique la situation :

– Avant tout, je tiens à vous informer que je dois me rendre en France pour régler des problèmes avec les militants. Sachez que pour moi, la lutte continue. N’oubliez pas, nous devons rester fidèles à nos martyrs. Je ne vous l’apprends pas, notre situation est difficile ; nous n’avons malheureusement pas les moyens de vous secourir. Vous pouvez donc reprendre votre travail. Sachez que ce pays est le vôtre. Vous pouvez intégrer l’armée ou tout autre poste, sauf le FLN. Car là, ils vont essayer de vous faire renier votre passé. Vous ne serez pas poursuivis pour votre combat au sein du FFS. N’ayez pas honte de ce que vous avez fait, et rappelez-vous : le temps nous donnera raison. Moi, je poursuivrai la lutte. Si jamais on vous reproche quelque chose, dites-leur que c’est moi le responsable. »

Puis, une fois en exil Si Lhafidh avoue :

« Après le choc d’un départ précipité, l’exil me pèse lourdement. Je pense à la détresse des militants laissés en Algérie. Je pense à ma famille qui se débat dans la misère.

Durant les longues années passées au maquis, je n’avais jamais imaginé quitter mon pays. Je me battais pour le rendre meilleur, pourquoi le quitterais-je ? L’émigration, je n’y avais jamais pensé ; l’exil politique encore moins. »

Le nerf de la guerre et des commodités

Contrairement à d’autres chefs, qui disposent de moyens financiers suffisants, sans que l’on sache généralement leur provenance, Si Lhafidh fait partie de ces dirigeants qui n’ont jamais tiré un profit financier de leur engagement militant. Dans les récits de combattants, surtout quand ils sont chefs, il faut toujours chercher à savoir si le problème de l’argent est évoqué. S’il ne l’est pas de manière concrète, claire et convaincante, il y a anguille sous roche. Là, encore, voilà une caractéristique qui fait de Si Lhafidh un homme vrai :

« Comme toujours, des amitiés militantes sont là pour nous aider. Le militant Ouahmed Hadj Arab, propriétaire de l’hôtel Régina à Alger, qui a soutenu le mouvement depuis ses débuts, m’a prêté l’argent nécessaire pour l’achat des trois billets d’avion pour la France. »

À l’arrivée, voici la situation :

« Nous prenons des sandwichs à la hâte ; je plonge la main dans ma poche pour retirer de l’argent : il ne me reste que de quoi payer nos consommations et deux chambres d’hôtel pour une nuit ! Nous sortons pour rejoindre la rue du Commerce et prendre des chambres pour la nuit dans un petit hôtel.

Le lendemain, nous quittons l’hôtel faute d’argent pour y rester plus longtemps, et nous partons à la recherche d’amis qui pourraient nous aider. Nous sommes sans toit et sans le moindre sous. Quelques mois auparavant, nous étions en train de négocier pied à pied avec le régime ; maintenant nous nous retrouvons comme des mendiants…

Mais qu’importe ! Je suis habitué à vivre chichement durant les dix longues années passées au maquis, et l’argent reste, pour moi, secondaire. Mohamed Haroui, ancien de la Fédération de France du FLN, sollicite l’aide de commerçants avec lesquels il avait travaillé pendant la Révolution. Nous continuons à vivre grâce au soutien financier de nos militants et des Kabyles, notamment des patrons de brasseries qui nous connaissent. Malgré le climat de peur et de suspicion instauré par le pouvoir de Boumediene à travers l’Amicale des Algériens en Europe, ils ont fait preuve de courage et notre mouvement leur doit beaucoup. »

On est loin des chefs débarquant dans un confortable hôtel ou une maisons achetée (comment ?), mangeant dans de bons restaurants (avec quel argent ?)

Plus loin, Si Lhafidh écrit :

« Physiquement, je suis en France, mais moralement, je suis encore en Algérie. Je pense aux militants, à leur famille et à tous ceux que j’ai laissés. Je conclus :

– Si Mohamed, je ne vous demande rien pour nous qui sommes ici en France, ni d’ailleurs pour les militants d’Alger, même si notre situation est difficile. Mais je vous sollicite pour aider les blessés du FFS et secourir les familles de nos maquisards morts au combat. Ceux-là en ont besoin plus que nous tous.

Khider me répond :

– Malheureusement, je n’ai pas grand-chose pour le moment ; l’argent est bloqué en Allemagne, je n’y ai pas accès. Mais je pourrai tout de même vous remettre 18 millions d’anciens francs.

Et il le fait avec grand cœur ! »

Si Lhafidh raconte, ensuite, (« amères vérités ») les difficultés rencontrées pour mettre cet argent à la disposition des personnes qui en avait besoin, puis relate le rôle d’André Mécili dans l’affaire de la disparition de la partie restante de cet argent.

Inconvénient de la hiérarchie…

Voici encore une autre « amère vérité » relatée par Abdelhafid Yaha.

« Après mon départ précipité en France, les structures du FFS ont fait imploser. Sans dirigeant, nos militants sont abandonnés à leur sort. Depuis que j’ai quitté le pays, il n’y a plus de réunion, ni de contact entre les militants. »

Nous avons ici la preuve éclatante de la nocivité d’une organisation de type hiérarchique, en l’occurrence, ici, concernant un parti politique. Le paradoxe est le suivant : voici des personnes qui luttent réellement pour la démocratie collective et la liberté individuelle. Pourtant, sans chef, ces personnes ne savent pas comment agir, deviennent inutiles, incapables de pratiquer la démocratie entre eux, ni d’employer positivement leur liberté de décision et d’action.

Là est le talon d’Achille de toute organisation structurée de manière hiérarchique. Là réside le motif qui justifie une organisation de type autogestionnaire. Elle n’a pas de chef hiérarchique, concevant et donnant des ordres, parce que la conception et l’exécution sont le résultat de discussions et décisions collectives. Au lieu de chef il n’y a qu’un coordinateur, facilement remplaçable par un autre. Enfin, la liberté individuelle (de décider et d’agir) ainsi que la démocratie collective ne sont pas des fins à atteindre, mais des moyens. Fin et moyen se confondent.   

… et mystère d’une décision hiérarchique

Cependant, Si Lhafidh avoue :

« Avec le recul, je me pose toujours des questions sur les motivations réelles qui avaient poussé Aït Ahmed [alors secrétaire général du F.F.S.] à me faire quitter le pays. Car, aussi bien le régime que mes compagnons de lutte connaissaient mon attachement viscéral au mouvement, mon refus de cesser le combat. M’emprisonner n’aurait pas permis d’instaurer la paix tant recherchée par le clan au pouvoir.

Mon absence sur le terrain a engendré le délitement de nos structures. Face à un mouvement désorganisé, sans responsable, et des milliers de militants abandonnés à leur sort, le régime a ainsi résolu le problème du FFS.

Nos militants sont soumis à d’effroyables pressions. Un certain Ferhat, agent des basses œuvres du FLN, est chargé de mener des opérations d’intimidation contre nos militants pour récupérer les armes, que certains d’entre eux ont gardées sur mes conseils. Ce Kabyle d’Ath Yenni les arrêtait et, sous la contrainte, il les poussait à la délation et à la traîtrise. Pour nous discréditer, les gendarmes n’hésitent pas à décrire les militants du FFS comme des « coupeurs de routes », des bandits de grands chemins prêts à tout. Sans force organisée pour lui tenir tête, le pouvoir peut désormais sévir à sa guise. »

La règle policière classique est : quand on ignore l’auteur d’un crime, on doit se demander à qui il profite. L’énigme de cette faillite du F.F.S., causée par l’ordre imparti à Si Lhafidh de quitter le pays, s’éclaircira dans la partie suivante.

Quant à la situation du parti en exil, elle est alarmante :

« En France, je retrouve des militants du FFS démotivés. Il n’y a plus de réunion, encore moins de coordination. Plus grave, j’ai appris que Mohand Akli Benyounès [alors responsable du F.F.S. en France] a incité de nombreux militants à quitter le FFS. Comme son départ ne lui a pas suffi, Daniel [son pseudonyme] veut faire disparaître le parti. (…) Nous avons appris depuis quelques mois que l’ancien chef de la Fédération de France du FFS entretenait des contacts suivis avec des agents de la Sécurité militaire. Il rencontrait régulièrement Ahmed Draïa, directeur de la Sûreté nationale et Abdellah Benhamza, chef opérationnel et adjoint de Kasdi Merbah, patron de la Sécurité militaire. »

Contre la peine de mort

Une réunion du parti veut l’élimination physique du traître. À cette occasion, Si Lhafidh assume une position toute opposée à celle attendue :

« Laissez-moi faire. Je vais aller le voir pour récupérer l’argent et les documents du parti qui sont en sa possession. Quant à sa trahison, je considère qu’il s’est déjà retiré du parti, il y a bien longtemps ; personnellement je ne le considère plus comme étant des nôtres. »

L’entrevue a lieu, ainsi décrite :

« – Daniel, tu as pris notre argent, notre documentation, qu’en as- tu fais ? lui demandé-je.

Daniel Benyounès ne bronche pas. Il n’avance aucune explication crédible sur l’argent disparu de la caisse du parti, ni sur les documents. Écœure par tant de veulerie, je le quitte, sans regrets, n’ayant plus rien à partager.

Mohand-Akli Benyounès s’en tire plutôt bien, sans rendre le moindre compte… « 

D’autres détails sur l’activité politique de Si Lhafidh en exil sont relatés. Leur connaissance, bien que très instructive, n’entre pas dans le cadre limité de ce dossier. Nous nous limiterons à présenter prochainement la partie suivante de son parcours militant.

K. N.

Email : kad-n@email.com  

Notes

(1) Dans la partie suivante, nous verrons comment le F.F.S. connaîtra cette dégénérescence.

(2) Note en bas de page : « Ancien membre des groupes de choc à la Fédération de France du FLN, Mohamed Haroui est l’un des responsables du FFS à Alger. »

Pour aller plus loin : Fin de la lutte armée du FFS (VI) 

Lire aussi : De la guerre sociale armée au 2e putsch militaire (V)

« FFS contre dictature, de la résistance à l’opposition politique », Mémoire de Yaha Abdelhafidh, écrit avec Hamid Arab, Editions Koukou, Alger

Auteur
Kadour Naïmi

 




Un réseau spécialisé dans le vol de véhicules neutralisé par les gendarmes

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Batna

Un réseau spécialisé dans le vol de véhicules neutralisé par les gendarmes

Un réseau spécialisé dans le trafic et le vol des voitures, faux et usage de faux, falsification de documents administratifs et plaques d’immatriculation a été mis sous les verrous à Barika.

Les éléments de recherches de la gendarmerie relevant de la commune de Barika ont mis fin aux agissements d’un réseau national constitué de sept  individus spécialisés dans le trafic et le vol des voitures, faux et usage de faux, falsification de documents administratifs et plaques d’immatriculation, usurpation d’identité et récidive. Selon nos informations, les faits remontent aux années 2015 et 2016, lorsque les éléments de la gendarmerie ont pu mettre la main sur six individus du même réseau, âgés entre 28 et 50 ans qui activaient dans les différentes wilayas, Batna, Sétif, Bouira, Alger et Tipaza. Ces derniers ont été arrêtés à Barika avec, en leur possession des armes à feu, des munitions (cartouches, calibre 12 mm). Les enquêteurs ont  récupéré aussi deux véhicules de marques Renault Fluence et un autre de marque  Peugeot Boxer.

La minutieuse enquête  menée par les éléments de recherches de la  gendarmerie à leur  tête le colonel Seddak  Abdelkader, a abouti à l’arrestation, en plein centre ville de Barika, d’un autre individu âgé de 41 ans. Interrogé, le mis en cause a donné l’identité de ses complices qui ont été interceptés par la suite . Selon la même source, cette opération s’est soldée par l’arrestation de sept complices et la récupération d’un fusil de chasse (Robuste) avec 179 cartouches de calibre 12 mm, deux paires de jumelles et différents produits de nettoyage conçus spécialement pour les armes.

Les investigations et les faits établis au moyen de renseignements provenant de ces individus ont permis  de lever le voile sur plusieurs affaires similaires dans la wilaya de Batna et plus particulièrement dans la daïra de Barika impliquant cette bande de malfaiteurs, apprend-on. Présentés en date du 19 novembre 2017 devant le procureur de la République près le tribunal de Barika  pour association de malfaiteurs et vol en bande organisée”, les sept présumés ont été écroués. 

Auteur
Abdelmadjid Benyahia

 




Un journaliste d’El Watan et sa famille menacés

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Des individus armés s’en sont pris à lui et à sa famille

Un journaliste d’El Watan et sa famille menacés

Dans un post qui vaut son pesant de danger sur la presse indépendante, Meziane Abane, journaliste à El Watan, vient de révéler que sa famille et lui ont été menacés de mort avec des armes. 

« Moi, Meziane Abane, journaliste pour El Watan, et ma famille, sommes menacés. L’affaire est très très sérieuse et remonte à vendredi dernier. « Ils » ont osé utiliser les armes quand ils ont cherché à faire peur au, si je reprend bien leurs mots « journaliste Meziane Abane ». J’attends la procédure, l’aval de mon journal et celui de mon avocat pour rendre l’affaire publique. Pour l’instant, je ne peux faire d’autres commentaires », a-t-il alerté sur son compte facebook dans la soirée de lundi.

Cette alerte tombe au moment où le ministre de la Communication lançait d’un ton emphatique : «  »La dignité du journaliste est l’acte fondateur de la dignité de la presse, et le journaliste doit jouir de tous ses droits« .

 

Auteur
La rédaction

 




Les tanières de toutes les appréhensions !

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Elections pour le renouvellement des APW et APC

Les tanières de toutes les appréhensions !

« Toujours par quelque endroit fourbes se laissent prendre
Quiconque est loup agisse en loup :
C’est le plus certain de beaucoup. »
« Le loup devenu berger » de Jean de La Fontaine  

Ce jeudi, on ira aux urnes pour les élections locales des Apc et des l’Apw, devenus, depuis fort longtemps, des toiles de fond devant lesquelles s’agitent de bien sinistres individus. Des tanières de loups, tous crocs dehors, mus par une ambition agressive d’être aux affaires juteuses de la cité, à la rapine et aux délits d’initiés.

La plèbe se surprendra, ce matin-là de vote, engoncée jusqu’au cou dans la flagornerie, les chimères, la mauvaise foi, les mensonges et les vaines promesses de meilleurs lendemains. Naïvement, elle s’acquittera de son devoir électoral, non sans placer ses mille rêves et mille espoirs sur ses élus-candidats, pour une bien meilleure prise en charge de ses aspirations de justice sociale et de bien-être.

En sera-t-il ainsi ? En vérité, ces deux institutions, censées être à l’écoute des citoyens, gérées par ses citoyens pour ses citoyens, se sont vidées de leur substances  populaires, de leurs pouvoirs de police, dévoyées en un mur de lamentation, de dédain et de mépris derrière lequel dansent ses commandeurs, du haut de leur piédestal, bombant le torse de l’opprobre et de la compromission, se partageront ses gloires et ses butins

« Par le peuple et pour le peuple », un slogan creux, passé de temps et de rêve, mis à mal par l’absolutisme politique présidentiel, limitant considérablement les attributions des élus des Assemblées populaires en les dépouillant de leurs prérogatives de contrôle, de suivi et de poursuite de leurs pouvoir populaire, les exposant à la merci, au chantage et aux sautes d’humeur d’un chef de daïra ou d’un wali,en mal de puissance, fort de leurs positions et de leurs titres de représentants de l’Etat. Le financement des futures projets de développement communaux et de départements se comptabiliseront à la proximité la compréhension des marchés gré à gré, les affinités et au degré de l’allégeance aux puissants du moment.

Et ce n’est pas sans raison que l’on donne libre cours aux médiocres, aux analphabètes et aux opportunistes de se porter candidat pour en faire,demain, d’excellents marionnettes.

Ils sont souvent incultes, escrocs, bonimenteurs de talent, faussaires, imposteurs, nomades-usurpateurs de militantisme, n’ayant rien prouvé par le passé, dont des canailles de certains partis politiques, sans états d’âmes et sans conscience, essayent de nous faire vendre, concomitamment avec d’oblatifs et honnêtes postulants , leur sainteté, en les noyant dans le lot de leurs listes de candidatures spécifiques, échappant ainsi au choix individuel personnifié les pénalisant. Honnis par la plèbe, des candidats prêts à accepter l’injure avec des sourires obséquieux, à se faire serpillière, quitte à payer au diable son tribut pour une place bien en vue dans les loges princières de leurs communes et wilayas respectives. C’est dire « Homo homini lupus est : L’homme est un loup pour l’homme ».

La plèbe saura-t-elle relever le défi, pour que plus jamais, elle ne se fera ânesse pour que de tels voraces puissent lui monter dessus? Sombres perspectives droit devant !

 

Auteur
Brahim Ferhat

 




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