5 mai 2024
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L’Algérie coincée entre la peste et le choléra

Tribune

L’Algérie coincée entre la peste et le choléra

Une maladie éradiquée de la surface de la planète, il y a des dizaines d’années, refait surface en … Algérie, 4e producteur de pétrole au sein de l’Opep et 6eme en gaz dans le monde.

Ce n’est pas un pays en guerre, comme l’est le Yémen ou la Syrie, ce n’est pas non plus un pays sans ressources comme l’Éthiopie ou le Bangladesh, on ne parle pas du Japon, et pourtant c’est bien le cas, l’Algérie après 60 ans d’indépendance est ravagée par le choléra. Conclusion, ce n’est pas la richesse qui prémunit les pays et les peuples contre les maladies et les fléaux mais bien sa politique, toutes ses politiques à savoir l’économique, la sociale et surtout l’institutionnelle.

Or, en Algérie justement il n’y a pas de politique ni des politiques, il y a une gestion par le hasard, par l’affinité et surtout par la prédation et la violence. C’est la peste qui gouverne l’Algérie et c’est là la source de tous les maux.

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Le 20 août 2018, l’institut Pasteur (institution scientifique qui existe dans tous les pays qui se respectent) indique que la maladie apparue dans plusieurs villes du centre du pays simultanément n’a rien à avoir avec une quelconque épidémie et le responsable de l’institut affirme que les « rumeurs » circulant sur les réseaux sociaux ne seraient que des rumeurs. Trois jours plus tard, le ministère de la tutelle, pris de court et acculé par le scandale, affirme qu’il s’agit bien d’une pandémie et que les premières analyses confirment l’apparition de foyers de choléra.

La presse algérienne a repris en boucle l’information, un vent de panique s’empare des populations et les journaux internationaux ouvrent leurs Unes par le retour du choléra en Algérie. Il a fallu attendre le 29 août pour que l’institution scientifique reconnaisse dans un communiqué lapidaire 172 cas suspects de choléra dont 59 avérés et deux décès.

L’institut Pasteur d’Alger a été informé dès le 7 août 2018 des prémices de l’infection en vain. Après le déclenchement de l’affaire, l’institut « découvre » que 10 points d’eau aux environs de Blida, Alger, Tipaza et Bouira (villes les plus touchées) sont impropres à la consommation *.

Aucun ministre, aucun responsable politique ou administratif ne s’est adressé publiquement à la population ou aux médias pour dire la vérité et surtout indiquer les mesures prises ou à prendre ! Bien au contraire, la politique du hasard, de l’improvisation et du déni est poursuivie, la politique de l’autruche aussi en attendant des jours meilleurs et favorables aux élections prochaines.

Revenant à l’origine de cette désuète maladie et à son apparition en 2018. Il y a quelques mois (en juin plus exactement), des produits agricoles algériens ont été refoulés par des pays qui ont bien voulu « importer » d’Algérie pour des raisons politiques que commerciales ou économiques. La Russie, le Canada, la France et même le Qatar ont restitué la marchandise avec la mention «retour à l’envoyeur ». Les tomates, les pommes de terre algériennes sont surdosées en produits chimiques donc impropres à la consommation tandis que les dattes sont infestées de vers.

Ces États ne souhaitent pas empoisonner leurs populations, ce qui est le rôle de tout responsable légitime jaloux de son pays contrairement aux autorités algériennes qui, au lieu de se pencher sérieusement sur la question par la mise en place d’un cadre de contrôle et de régulation, ont préféré taire le scandale et jeter le dossier « sous le tapis » jusqu’à ce qu’il leur explose en pleine figure. On peut frauder des élections mais pas des analyses médicales, on peut faire taire des contestations sociales mais pas des microbes et ne on ne badine pas avec la santé publique.

Comme il n’y a pas de politique agricole en Algérie ni de système régulateur, et avec la débandade qui règne dans le marché algérien, de véreux agriculteurs n’ont pas hésité et depuis des années à irriguer les maraîchages par des eaux usées, phénomène généralisé et même banalisé au pays de la police politique, au su et au vu des autorités publiques. Les égouts algériens débordent de partout et ce n’est pas rare de voir de « la merde » dans les rues algériennes et notamment à Alger, ville classée récemment parmi les plus sales du monde à l’occasion.

Il est clair que ces actes sont imputables aux agriculteurs-businessmans de l’Algérie de Bouteflika mais la responsabilité première incombe aux maires, aux directeurs et aux chefs de service de la santé, de l’écologie, de l’urbanisme et au fameux institut Pasteur. Comme à l’accoutumé, aucun ministre n’a démissionné et aucun responsable n’a été limogé ou jugé, aucune enquête n’a été diligentée et aucune poursuite n’a été entamée.

On ne doit rien au « peuple » donc on prend les mêmes et on recommence, on continue serait plus pertinent. Cette situation est valable dans tous les secteurs, la peste est dans l’administration et ses rouages, la peste est dans le régime, elle gouverne en Algérie.

Tout le monde se rappelle des scandales étouffés ou passés sous silence comme l’affaire Khalifa, les affaires Chakib Khalil, l’autoroute Est-Ouest et Air Algérie. L’histoire des 700 kilos de cocaïne n’a pas encore dévoilé tous ses secrets. Entre un boucher-trafiquant et des généraux ou leurs enfants, des ministres ou leurs enfants, des juges, des maires, des procureurs et des imams, le scénario des passe-droits, d’abus de confiance, de corruption à grande échelle, de détournement d’argent public, d’abus d’autorité et d’influence risque d’être encore long.

Pendant ce temps, des « ministres » ridicules et des pseudo responsables politiques font des mains et des pieds pour pérenniser un système pestiféré. Engluée dans ses contradictions, l’opposition, quant à elle, ne remplit même pas son rôle de façade, l’appel de la mangeoire est plus fort. Seuls les villages kabyles, perchés au sommet de Djurdjura, montrent les chemins, ceux de la propreté, de la résistance et de l’autogestion.

Tandis que les Algériens « malades » sont mis en quarantaine, le virus en chef vient de partir en fédération helvétique pour se soigner et prolonger son souffle, ainsi que celui de son régime, pour quelques dollars en plus, lui qui a construit une mosquée de l’équivalent de 20 hôpitaux de dernière génération. Quand un organe ou un membre d’un corps est gangrené, aucun vaccin n’est utile ni pansement, le remède est dans l’amputation afin de préserver les autres membres, c’est la médecine qui le dit.

Auteur
Ahviv Mekdam

 




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