7 mars 2025
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Tlemcen : un représentant des étudiants en médecine incarcéré, ses camarades se mobilisent

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Grève des étudiants en médecine
Un des leaders des étudiants en médecine arrêté.

Le juge d’instruction près le tribunal de Tlemcen a placé le représentant des étudiants en médecine grévistes de l’université de Tlemcen, Charfeddine Talhaoui, en détention provisoire, dimanche 2 février 2025.

 C’est ce que rapporte l’avocat et défenseur des détenus d’opinion, Me Kamel Rachid Louh dans un poste diffusé sur sa page Facebook et relayé par l’universitaire et militant Fodil Boumala sur la même application. 

Depuis l’annonce de la détention temporaire de  Charafedine Talhaoui, ses camarades ont lancé une vaste campagne de solidarité,  sur les réseaux sociaux, exigeant sa libération immédiate.

« L’étudiant Talhaoui a été arrêté, mardi 28 janvier 2025, devant la résidence universitaire de Tlemcen, par des agents des services de securite en tenue civile venus à bord de trois véhicules stationnés devant la résidence universitaire », ont témoigné les étudiants sur les réseaux sociaux. Ils ont aussi indiqué que sa famille est restée sans nouvelle de lui pendant cinq jours.  

Aucune raison n’a été fournie sur les raisons de l’arrestation et de l’incarcération de l’étudiant. Cependant, des sources proches du dossier indiqueront que ce dernier est accusé de « diffusion de fausses informations », « troubles à l’ordre public » et « atteinte à l’intérêt national ».

 Charafedine Talhaoui a été ciblé en raison du rôle prépondérant qu’il a joué dans l’animation du mouvement de grève des étudiants en médecine qui a paralysé, durant près de trois mois, les plus importantes facultés de médecine du pays, notamment à Alger, Oran, Constantine, Sétif, Tizi-Ouzou et Annaba.

Les grévistes réclament une augmentation du nombre de postes de résidanat, la validation  de leurs diplômes en vue de leur reconnaissance à l’étranger, de meilleures conditions de formation et des garanties d’emploi après la fin de leur cursus de formation.

A la mi-janvier dernier, juste après le retour des congés d’hiver, les étudiants des facultés de médecine ont décidé de mettre fin à leur mouvement de protestation, pour éviter l’année blanche.

Samia Naït Iqbal

Tunisie : de lourdes peines de prison contre des opposants et des journalistes

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Rached Ghannouchi entendu par le pôle antiterroriste

Plusieurs personnalités politiques tunisiennes, dont l’islamiste incarcéré Rached Ghannouchi et un ancien chef de gouvernement, ainsi que des journalistes ont été condamnées mercredi à de lourdes peines de prison pour « atteinte à la sûreté de l’Etat », ont indiqué des avocats à l’AFP.

Lancien chef du parti islamiste Ennahdha, Rachid Ghannouchi a écopé de 22 ans et l’ancien Premier ministre Hichem Mechichi de 35 ans de prison, tandis que la journaliste Chadha Hadj Mbarek a été condamnée à cinq ans de prison, ont affirmé deux avocats.

La chambre pénale du tribunal de première instance de Tunis a rendu ses verdicts dans l’affaire « Instalingo » contre 41 accusés, après une audience qui s’est prolongée jusqu’à une heure tardive de l’aube.

Les principales condamnations concernent de nombreuses personnalités proches du parti Ennahdha :

  • Rached Ghannouchi : 22 ans de prison
  • Rafiq Bouchleka : 34 ans de prison
  • Soumaya Ghannouchi : 25 ans de prison
  • Moadh Ghannouchi : 35 ans de prison
  • Haitham Kahili : 28 ans de prison
  • Salem Kahili : 54 ans de prison
  • Yahia Kahili : 18 ans de prison
  • Sayyed Ferjani : 13 ans de prison
  • Lazhar Longo : 15 ans de prison
  • Sheherazade Akacha : 27 ans de prison.
  • Avec agences

Plusieurs victimes dans le chavirement d’une embarcation au large de Jijel

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Une embarcation avec à son bord plusieurs migrants clandestins a chaviré, à quelques dizaines de miles, au large de Jijel.

Selon des informations non confirmées par une source officielle, l’embarcation en détresse a été repérée par  un navire commercial en route vers le port de Djen-Djen qui a immédiatement alerté les autorités algériennes concernées. Ces dernières ont pris des mesures pour  secourir les victimes.

Les garde-côtes algériens sont intervenus sur les lieux du drame pour l’évacuation des naufragés, tous de nationalité somalienne, vers le port de Djen Djen. 

Les migrants  somaliens qui faisaient, probablement, route vers les côtes italiennes, auraient, selon des sources, embarqué à partir des côtes libyennes.

Des informations ayant circulé sur les réseaux et qui avaient indiqué qu’il s’agit de harragas algériens seront vite démenties par un communiqué officiel de la direction de la protection civile de la wilaya de Jijel.

Dans le communiqué en question, il est indiqué que les secours de la Protection civile de la wilaya de Jijel  sont intervenus, dans la nuit de mardi 4 février aux environs de 20h25, au port de Djen-Djen, dans la commune de Taher, pour secourir les rescapés du naufrage en haute mer, à plusieurs miles du port de Djen-Djen.

La même source précise que  16 personnes, dont 14 de sexe masculin et deux de sexe féminin ont été prises en charge sur place. Sept ambulances de la Protection civile ont été mobilisées pour l’évacuation des 16 personnes vers les hôpitaux de Taher et de Jijel.

Contrairement à des informations relayées sur les réseaux sociaux,  le communiqué de la protection civile algérienne n’indique pas s’il y a des morts et des disparus par les naufragés. 

La rédaction

Donald Trump assure que les États-Unis vont «prendre le contrôle de la bande de Gaza»

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Gaza ravagée
Gaza ravagée par l'armée israéliene.

Donald Trump a annoncé mardi que les États-Unis allaient « prendre le contrôle de la bande de Gaza » lors d’une conférence de presse au côté du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu.

Abdelmadjid Tebboune avait dit, dans son entretien donné à L’Opinion, que la déclaration de Trump de déplacer les Gazaouis était une parole malheureuse, mais les faits sont là. Il ne s’agit pas d’une parole improvisée. Le président américain a précisé son propos au cours d’une conférence de presse au côté de Benyamin Netanyahu tout réjoui.

Donald Trump lit son discours au pupitre de la Maison Blanche, souligne notre correspondant à Miami, David Thomson. Il propose en pleine conférence de presse conjointe, aux côtés du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, « une prise de contrôle à long terme » de la bande de Gaza par les États-Unis. « Je vois ça apporter une grande stabilité à cette partie du Moyen-Orient, et peut-être à tout le Moyen-Orient. Tout le monde à qui j’ai parlé aime l’idée que les États-Unis prennent le contrôle de ce territoire », a affirmé le président américain. « Ce n’est pas une décision prise à la légère », a-t-il insisté.  Il ne s’est pas épanché sur la manière dont il comptait le faire, parlant d’un projet « à long terme ».

Le président américain a également répété que les habitants de Gaza pourraient aller vivre en Jordanie ou en Égypte, malgré l’opposition de ces pays et des Palestiniens eux-mêmes. Donald Trump est convaincu de pouvoir les faire changer d’avis : « J’ai le sentiment que le roi de Jordanie et le général d’Égypte vont ouvrir leur cœur et nous donnerons la terre dont nous avons besoin pour faire ca pour que les gens vivent en paix »

Une « riviera » du Proche-Orient ?

Donald Trump a aussi imaginé pouvoir transformer la bande de Gaza en « Côte d’Azur du Moyen-Orient », après avoir dit vouloir que les États-Unis prennent le contrôle de ce territoire palestinien. « Nous avons l’occasion de faire quelque chose qui pourrait être phénoménal », a insisté le président américain, en espérant superviser la reconstruction de cette enclave bombardée. Des propos qui font écho à de précédentes déclarations de son gendre, Jared Kushner, sur le potentiel immobilier du front de mer gazaoui.  

« Les États-Unis vont prendre le contrôle de la bande de Gaza et nous allons faire du bon boulot avec », parlant du territoire palestinien comme d’un « chantier de démolition ». « Nous en prendrons possession et serons responsables du démantèlement de toutes les bombes dangereuses qui n’ont pas explosé et de toutes les armes », a-t-il ajouté, en soulignant que les États-Unis allaient « aplanir la zone et se débarrasser des bâtiments détruits », afin de développer économiquement le territoire palestinien.

La déclaration sidère l’assistance, d’autant que Donald Trump n’exclut pas d’utiliser la force si nécessaire.

Une proposition qui pourrait « changer l’Histoire » selon le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu qui semble dépassé par les paroles du président américain, souligne encore notre correspondant.

Notre objectif, dit-il, est que Gaza ne représente plus jamais une menace pour Israël, mais le président Trump dit-il, met la barre encore plus haut. « Je l’ai déjà dit, je le répète : vous êtes le meilleur ami qu’Israël ait jamais eu à la Maison Blanche », a-t-il affirmé, en saluant la capacité du milliardaire républicain à « penser de manière différente ».

Laisser les Gazaouis rentrer chez eux, dans les villes d’où ils ont été expulsés en 1948

L’annonce de Donald Tump, si elle prenait effet, serait surtout l’aboutissement des visées annexionnistes du gouvernement israélien, qui rêve de mettre la main sur l’enclave palestinienne. Plusieurs ministres israéliens, ceux de l’extrême droite notamment, appellent ouvertement à l’expulsion de tous les Gazaouis, rappelle le correspondant de RFI à Jérusalem. 

Durant ces 15 mois de guerre, Benyamin Netanyahu a tout fait pour déplacer de force la population de Gaza. La pousser vers l’Égypte voisine, en vain… Donald Trump, épouse donc cette vision. Et lui donne même un vernis humanitaire. Car pour lui, les Palestiniens de Gaza méritent mieux. Ils méritent de vivre en paix, dans un bel endroit, et dans de bonnes conditions. Loin du champ de ruines qu’est Gaza.  

Donald Trump a tout prévu. Les Gazaouis resteront vivre dans la région en Égypte ou en Jordanie. Mais ces deux pays rejettent catégoriquement cette proposition. « Ils l’accepteront », dit avec détermination Donald Trump, qui affirme que d’autres pays au Proche-Orient « adorent cette idée ». 

Expulser de force les Gazaouis de leur terre constitue un crime de guerre. C’est un nettoyage ethnique. 

Les Palestiniens ont réagi sur les réseaux sociaux et certains suggèrent cette autre idée : 80 % des Palestiniens de Gaza ne sont pas originaires de Gaza, mais de villes devenues israéliennes lors de la création de l’État hébreu en 1948 : Jaffa, Haïfa, Beer Sheva. Si les Gazaouis devaient être déplacés quelque part : le plus simple serait de les laisser rentrer chez eux, dans leurs villes d’origine en Israël. 

Benyamin Netanyahu affirme également qu’un accord de normalisation des relations entre l’Arabie saoudite et Israël allait « se faire ». Mais, pour sa part, l’Arabie saoudite a dit écarter toute normalisation avec Israël sans création d’un État palestinien « avec Jérusalem-Est comme capitale ».

Dans la même journée, le président américain Donald Trump avait déclaré à des journalistes qu’il « adorerait » conclure un accord avec l’Iran pour améliorer les relations bilatérales, mais a ajouté que Téhéran ne devrait pas développer d’arme nucléaire.

Une « recette pour créer le chaos »

Le président américain a suscité récemment une vague d’indignation internationale en proposant de faire « tout simplement le ménage » dans la bande de Gaza et de transférer ses habitants dans des lieux « plus sûrs » comme l’Égypte ou la Jordanie, hostiles à l’idée. Mais le président américain fait monter la pression et assure qu’il obtiendra gain de cause. Donald Trump doit recevoir dans la semaine le roi de Jordanie Abdallah II et s’est déjà entretenu au téléphone avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Un dirigeant du Hamas, Sami Abu Zuhri, a fustigé les déclarations de Donald Trump sur le déplacement des Palestiniens, estimant qu’elles étaient une « recette pour créer le chaos » au Proche-Orient. L’ambassadeur palestinien à l’ONU, Riyad Mansour, a lui appelé les dirigeants du monde à « respecter les souhaits du peuple palestinien » à vivre à Gaza.

La rencontre de mardi avec Benyamin Netanyahu à la Maison Blanche survient au moment où reprennent de délicates négociations sur la poursuite du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas dont une première phase est entrée en vigueur le 19 janvier. Le Hamas a annoncé mardi que « les contacts et négociations pour la deuxième phase » du cessez-le-feu avaient « commencé ». Israël avait expliqué plus tôt qu’il enverrait « en fin de semaine » une délégation au Qatar, l’un des trois pays médiateurs avec les Etats-Unis et l’Egypte, pour discuter de la poursuite de la trêve.

Avec RFI

Tebboune et ses râteaux diplomatiques

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Tebboune
Tebboune.

L’entretien accordé au journal français L’Opinion illustre une fois de plus les limites structurelles de la diplomatie algérienne sous la présidence de Tebboune.

Présenté comme une tentative de normalisation des relations franco-algériennes, cet échange est en réalité un exercice de communication préfabriqué, symptomatique d’un pouvoir en mal de légitimité. Loin d’apporter une quelconque clarification stratégique, cette mise en scène ne fait que souligner l’absence de vision et d’autonomie dans la conduite des affaires extérieures de l’Algérie.

La prise de position de Tebboune sur la politique française est révélatrice d’une posture où la rhétorique supplante l’analyse. En attribuant un satisfecit à Élisabeth Borne en raison de sa prétendue maîtrise des dossiers, il ne fait que démontrer une méconnaissance criante des enjeux qui structurent la scène politique française.

Le scandale Nestlé, révélé dans Le Monde et Radio France du 5 février 2025, illustre précisément l’opacité et les collusions entre pouvoirs politique et économique, démentant implicitement les propos du président algérien. Cette précipitation à valider un acteur étranger sans analyse critique atteste d’une fragilité structurelle dans la conduite des relations internationales.

Sur le plan géopolitique, les déclarations de Tebboune sur la situation à Gaza révèlent une ambivalence troublante. Alors que Donald Trump affirme vouloir « nettoyer Gaza de sa population », une déclaration qui s’inscrit dans une logique de déplacement forcé et de captation territorial, la réaction de l’Algérie officielle est d’une timidité inquiétante.

Qualifiant l’expression de « malheureuse » tout en tentant d’en atténuer la portée, le régime algérien trahit une incohérence diplomatique flagrante. Pire encore, cette posture contraste violemment avec l’héritage des figures historiques algériennes telles qu’Aït Ahmed, M’hamed Yazid ou Ben Yahia, qui portaient une diplomatie audacieuse et alignée sur les principes anti-impérialistes.

L’accueil en grande pompe de Benyamin Netanyahou à Washington, malgré le mandat d’arrêt émis contre lui par la Cour pénale internationale, accentue cette arrogance cynique où les normes du droit international sont bafouées en toute impunité. Trump, en déclarant que les États-Unis envisagent une « situation de propriété sur le long terme » à Gaza, assume une position expansionniste qui relève du colonialisme le plus explicite et correspond pleinement aux critères définissant le crime de génocide en droit international.

Pourtant, Tebboune, dans une tentative maladroite de minimisation, ose avancer que dans « l’esprit » de Trump, il ne s’agirait pas de la population palestinienne. Une trumperie de plus, sans mauvais jeu de mot, où l’Algérie officielle s’accroche à des faux-semblants plutôt que d’adopter une position ferme et cohérente face à l’évidence du crime. Ce contexte impose aux États indépendants une réponse résolue, là où le régime algérien persiste dans une prudence diplomatique qui frôle l’alignement tacite.

Sur le plan interne, la néo-Régence algérienne continue de s’enliser dans ses contradictions. Toujours incapable de sortir de sa guerre civile de sérail, le régime oscille entre répression interne et gesticulation externe. Plutôt que d’engager des réformes structurelles et de redéfinir une stratégie de développement national, il persiste dans des manœuvres de communication qui ne trompent personne.

Payer des médias étrangers pour promouvoir une image lissée d’un pouvoir en crise est une tactique vaine qui ne saurait masquer l’incapacité à formuler une politique cohérente.

Tebboune et son entourage semblent croire que la mise en scène diplomatique peut compenser l’absence de substance politique. Or, la réalité s’impose : une Algérie officielle qui peine à articuler un projet de société viable, un État en déclin dont la posture sur la scène internationale oscille entre suivisme et incohérence. Loin de renforcer son influence, ce régime confirme sa fatuité et son inconsistance, offrant au monde le spectacle d’un pouvoir en quête d’un souffle qu’il n’a plus.

Mohand Bakir

Le régime intensifie les interdictions de voyager contre les dissidents

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Kaddour Chouicha
Kaddour Chouicha interdit de voyager.

Human Rights Watch et MENA Rights Group dénoncent une pratique répressive en hausse avec entre autres les interdictions de quitter le territoire national.

Depuis 2022, les autorités algériennes ont intensifié le recours aux interdictions de voyager arbitraires, utilisées comme moyen de représailles contre les personnes critiques envers le gouvernement. Cette pratique, dénoncée par Human Rights Watch et MENA Rights Group dans un commentaire diffusé le 3 février, constitue une violation des droits fondamentaux et une atteinte aux libertés individuelles.

« Ces interdictions de voyager font partie d’une campagne plus large de harcèlement continu de ceux qui critiquent les autorités, visant à faire taire la dissidence et à éradiquer tout espace civique », a déclaré Bassam Khawaja, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Même celles et ceux qui, injustement condamnés ont purgé leur peine, ou bien ont été acquittés, continuent de subir des mesures punitives qui les privent de leur droit à la liberté de circulation », observe Bassam Khawadja.

Restrictions arbitraires et illégales et atteintes aux droits fondamentaux

Ces interdictions de voyager sont souvent imposées sans notification officielle, sans fondement légal et pour une durée indéterminée, rendant toute contestation quasiment impossible. Elles visent principalement les militants de la société civile, les opposants politiques, les journalistes, les syndicalistes et toute personne perçue comme une menace pour le pouvoir.

En empêchant les individus de quitter le pays, les autorités algériennes violent leur droit à la liberté de circulation, mais aussi leurs droits à la liberté d’association, de réunion et d’expression. Dans certains cas, ces interdictions ont des conséquences graves sur la vie personnelle et professionnelle des personnes concernées, allant jusqu’à la séparation des familles et l’atteinte à la santé mentale.

Une campagne de harcèlement plus large

Pour Human Rights Watch et MENA Rights Group, ces interdictions de voyager s’inscrivent dans une campagne de harcèlement plus large visant à réduire au silence toute voix dissidente et à éradiquer l’espace civique en Algérie.

Des cas emblématiques

Plusieurs cas d’interdictions de voyager arbitraires ont été documentés par les deux organisations, tels que ceux de : Mustapha Bendjama, journaliste et ancien rédacteur en chef, empêché de quitter le pays à plusieurs reprises depuis octobre 2022 en raison de ses opinions critiques et de sa couverture du mouvement Hirak, Kaddour Chouicha, ancien vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, arbitrairement empêchés de voyager pendant près de deux ans, de 2022 à 2024, Merzoug Touati, activiste et blogueur, interdit de voyager depuis décembre 2022 sans aucune justification. En plus d’un harcèlement systématique, ce dernier est sous le coup d’une condamnation à la prison.

Appel à la levée des restrictions arbitraires

Human Rights Watch et MENA Rights Group appellent les autorités algériennes à lever toutes les interdictions arbitraires de voyager et à cesser d’instrumentaliser cette pratique à des fins de répression. Elles demandent également aux autorités législatives d’amender l’article 36 bis 1 de l’ordonnance 15-02 pour se conformer aux normes internationales sur la liberté de circulation.

Une violation du droit international

Les deux organisations rappellent que l’Algérie a ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, qui garantissent à toute personne le droit de quitter son pays.

En définitive,  selon Human Rights Watch et MENA Rights Group, l’intensification des interdictions arbitraires de voyager imposées par le régime algerien constitue une dérive autoritaire et une violation des droits fondamentaux.

Les deux organisations des droits humains appellent la communauté internationale à se mobiliser pour faire pression sur les autorités algériennes afin qu’elles respectent leurs engagements en matière de droits humains et de libertés fondamentales.

Samia Naït Iqbal

L’Algérie et les États-Unis intensifient leur partenariat militaire

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Tebboune et Africom

Les relations militaires entre l’Algérie et les États-Unis se renforcent, notamment par les visites du général Michael Langley d’AFRICOM, se concluant la semaine dernière par la signature d’un mémorandum d’entente entre les ministères de la Défense.

Les relations militaires entre l’Algérie et les États-Unis connaissent un renforcement notable, un phénomène illustré par les visites fréquentes du général Michael Langley, commandant du Commandement militaire américain pour l’Afrique (AFRICOM), en Algérie. Cette dynamique a culminé la semaine dernière avec la signature d’un mémorandum d’entente entre les ministères de la Défense des deux pays.

Ce développement a été salué par les responsables militaires et civils des deux nations, qui ont qualifié cette coopération de « dynamique positive », un signe de la volonté partagée d’approfondir leur partenariat stratégique.

Au cœur de ces échanges bilatéraux figurent les questions de sécurité et de stabilité en Afrique du Nord et dans le Sahel, des régions sensibles où les deux pays œuvrent pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme. Ces discussions ont attiré l’attention des analystes et observateurs régionaux et internationaux, qui s’interrogent sur les implications d’un tel rapprochement. En particulier, la capacité de l’Algérie à maintenir un équilibre dans ses relations stratégiques avec l’Est, notamment sa coopération historique avec la Russie, et l’Ouest, notamment les États-Unis, suscite des interrogations.

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis ont renforcé leurs relations sécuritaires avec l’Algérie, notamment dans la lutte contre le terrorisme. L’Algérie est perçue par Washington comme un acteur clé dans cette lutte, ce qui a permis de mettre en place un dialogue stratégique périodique entre les deux pays.

Les signes d’un développement croissant de la coopération militaire sont évidents, notamment avec la participation de l’Algérie aux manœuvres maritimes « Express Phoenix » organisées par AFRICOM, en Tunisie l’été dernier. De plus, le général Langley a effectué plusieurs visites en Algérie, dont deux particulièrement récentes en juillet 2024 et janvier 2025, marquant ainsi une intensification des échanges bilatéraux.

La signature du mémorandum d’entente entre le général Saïd Chanegriha, chef d’état-major de l’armée algérienne, et le général Langley lors de la visite de ce dernier, a été un acte majeur dans cette coopération. Bien que les détails du mémorandum n’aient pas été publiés, les deux parties ont souligné son rôle central pour atteindre leurs objectifs communs en matière de sécurité. Lors de sa rencontre avec le chef de l’Etat algérien Abdelmadjid Tebboune, Langley a affirmé  : « Ce mémorandum permettra de construire et de renforcer encore davantage la relation profonde entre nos deux pays. Nous allons ainsi renforcer la sécurité et la paix au niveau régional et international. »

Il a ajouté : « L’Algérie est un pays leader dans la région, et toutes les autres nations en bénéficieront. Les États-Unis et l’Algérie prospéreront ensemble et contribueront collectivement à la protection des peuples. »

Le 28 janvier dernier, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, et son homologue américain, Marco Rubio, ont salué cette dynamique positive lors d’un entretien téléphonique. Ils ont convenu d’intensifier la coopération bilatérale dans divers domaines, dont la défense, l’énergie, l’agriculture, ainsi que les sciences et technologies. Ce rapprochement reflète les efforts conjoints pour renforcer les liens entre les deux nations.

En dépit de ce réchauffement, la question se pose de savoir si l’Algérie pourra équilibrer ses relations avec les grandes puissances mondiales, notamment dans le contexte de la diminution de la présence militaire américaine en Afrique.

Le professeur en relations internationales, Ali Rabej, a rappelé dans une déclaration à Anadolu que la signature du mémorandum d’entente et la visite de Langley sont survenues dans un contexte international complexe, marqué par des changements dans les arrangements sécuritaires régionaux, notamment après le retrait des troupes françaises du Sahel. L’Algérie, en tant que grande puissance régionale, porte une responsabilité stratégique majeure dans la lutte contre les groupes terroristes. Pour Rabej, la coopération avec les États-Unis est un moyen pour l’Algérie de renforcer son rôle de leader dans la région.

Malgré ses liens stratégiques de longue date avec la Russie, l’Algérie a su maintenir une approche pragmatique vis-à-vis des États-Unis, notamment à travers l’achat d’équipements militaires et la mise en place de programmes de formation. Le général-major Saïd Chanegriha a salué, après la signature du mémorandum, « la rationalité et le pragmatisme » des relations militaires algéro-américaines, et a exprimé la volonté des deux pays de porter ce partenariat à son plus haut niveau, au bénéfice de leurs intérêts communs.

En ce qui concerne l’équilibre stratégique de l’Algérie face à la polarisation entre l’Est et l’Ouest, Rabej a souligné que l’Algérie s’efforce de maintenir une position équidistante, malgré ses liens avec la Russie. Le contenu exact du mémorandum n’étant pas public, il est difficile d’en mesurer l’ampleur, notamment en ce qui concerne son impact sur la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée. Toutefois, cet accord reflète une volonté d’approfondir la coopération bilatérale sans nécessairement entrer en concurrence avec d’autres alliés.

En conclusion, ce rapprochement entre l’Algérie et les États-Unis, bien qu’il suscite des interrogations sur l’équilibre géopolitique de la région, marque une nouvelle étape dans la coopération entre les deux pays, avec des implications significatives pour la sécurité régionale et internationale.

La rédaction

De la vérité et de la perversion de la vérité !

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Image par Ahmed El Ballal de Pixabay

« L’ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit. » Aristote

 Dans les décombres d’une humanité qui perd ses repères la Vérité, ou la recherche de la vérité s’enfonce dans les méandres de la désillusion comme tout ce qui domine aujourd’hui la pensée humaine.

Nous percevons de multiples facettes de la vérité, celles qui sont imposées par des structures de pouvoir, les dogmes religieux ou idéologiques, celles qui sont perverties par des intérêts politiques et médiatiques. Elle semble n’être plus que la voie tracée par le dominant.

On entend de plus en plus des individus et des groupes se réclamer de la vérité, voire d’une vérité absolue quant à leurs actions et à leurs paroles et discours. Elle coule de leur bouche ou de leur plume comme un torrent de boue, entrainant sur son passage des dommages éthiques, des pensées aliénantes, des rancœurs, des dérives dangereuses au point qu’il est devenu difficile de porter un jugement et poser dessus un regard objectif sur la connaissance exposée tant le doute est immense, tant le vrai se noie dans les méandres du mensonge.

Ainsi, dans le cadre actuel des tragédies dans le monde :(ukrainienne, moyen orientale, Kurde, nord-africaine et celle du peuple kabyle), dans les recompositions géopolitiques ou dans les débats électoraux, la difficulté de démêler le grain de l’ivraie est telle qu’elle paralyse la réflexion.

Dans certains régimes politiques, comme celui d’Alger et de la plupart des pays africains, la confusion est telle que le mensonge est devenu une norme de gouvernance, de gestion de la vie politique et économique, d’idéologisation de la culture et des savoirs.

Ces dérives nous viennent de tous les côtés: de la religion, du dogme, de la culture, du fait politique et bureaucratique, de la manipulation de l’information, parfois même de la théorie scientifique. Elle est également le fruit de l’étroitesse d’esprit, de la méconnaissance, de l’absence de conscience,        

Certaines doctrines religieuses décrètent et imposent leur vision de la cosmogonie comme « vérité absolue ». Tout écart est condamné. En Islam, par exemple, on est lié à cette vérité par la naissance. La libre pensée est hérétique. Certains pouvoir à l’instar de celui d’Alger vident la religion de sa spiritualité et en font un outil de politique ethnocidaire et même génocidaire.

Au niveau du pouvoir politique et bureaucratique, la « vérité universelle » se diffuse par une loi, une ordonnance, un arrêté, un décret, des hauts lieux du pouvoir. Une atteinte à la liberté citoyenne.

Des dogmes et des idéologies mortifères criminalisent la recherche de la vérité, toute relecture de ce qui est dit et écrit à l’instar de l’islamisme. Dans cette bulle, l’histoire exprime le nihilisme, la souffrance des peuples, l’ethnocide et même le génocide.

Les exemples tragiques sont fort nombreux dans l’histoire du monde à travers le nazisme, le goulag, la question kurde, la question amaziɣ et principalement la question kabyle aujourd’hui pour ne citer que celles-là.

Il y a même, à un degré moindre, des scientifiques qui oublient que leurs théories sont des hypothèses que d’autres peuvent remettre en cause ou dépasser.

L’étroitesse d’esprit, par laquelle certains, parfois la multitude, ne croient qu’à leur propre vérité dans sa version narcissique, rejettent celle des autres ou cherchent à l’imposer aux autres. Des malheurs peuvent s’abattre sur ces autres : nihilisme, crime, emprisonnement, etc…

Albert Camus a écrit : « Nous vivons dans le monde de l’abstraction, celui des bureaux et des machines, des idées absolues et du messianisme sans nuances. Nous étouffons parmi les gens qui croient avoir absolument raison ».

Le point de vue philosophique indique que le vrai s’oppose à l’erreur et à l’illusion. Il y a vérité lorsqu’il y a adéquation entre la réalité et l’homme qui la pense. « La vérité perçue par les grands penseurs conduit à l’éthique nécessaire à l’entente entre les hommes. Elle est autant plus utile à la vie que le mensonge lui est funeste et dangereux ».

Dans la pensée philosophique grecque, la notion du Vrai comme celle du Bon et du Beau est pensée par rapport à l’ordre cosmique hiérarchisé, harmonieux, extérieur et supérieur à l’Humanité. Cependant, des philosophes comme Leibniz, David Hume, Emmanuel Kant, Nietzsche et d’autres qui ont suivi ont replacé l’homme au centre de la connaissance et basé la construction de la Vérité sur la raison.

Pour Nietzsche, par exemple, qui a une grande influence sur la pensée contemporaine, « l’interprétation est infinie, il n’y a pas de faits, il n’y a que des interprétations, car on peut toujours interpréter les interprétations. La vérité se pose par réfutation des modèles antérieurs… ».

Dans le monde « moderne » la vérité est instrumentalisée. Des régimes autoritaires aux discours idéologiques, en passant par les manipulations médiatiques, il est facile de se perdre dans les méandres d’une vérité biaisée, notamment dans les contextes politiques, où elle sert d’outil de contrôle, pour imposer une vision dominante et réprimer les voix dissidentes.

Ainsi, poser la question de savoir ce qu’est la Vérité, c’est interroger sa construction. A partir de quoi est-elle pensée ? Existe-il une vérité ultime? Dans les débats d’aujourd’hui, le jugement spéculatif reposant sur la perception, le choc de l’image et le poids des mots trouble l’approche de la vérité en tant que connaissance exacte du réel alors que doit s’imposer une plus grande lucidité et une éthique du savoir, pour que la vérité puisse enfin remplir son authentique fonction : celle d’éclairer et de libérer l’Humanité.

Noami Chomsky, dans un livre qu’il a quo-écrit : « La fabrique du consentement », a élaboré une liste des « dix stratégies de manipulation » à travers les médias :

– La stratégie de la distraction – Créer des problèmes, puis offrir des solutions – La stratégie de la dégradation – La stratégie du différé –   S’adresser au public comme à des enfants en bas-âge – Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion – Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise –  Encourager le public à se complaire dans la médiocrité –  Remplacer la révolte par la culpabilité – Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes.

 Si on se projetait dans le contexte algérien, on trouverait principalement :

–  La stratégie de la distraction par la folklorisation des symboles de l’ancestralité.

–  Le maintien des populations dans l’ignorance par l’opacité de sa gouvernance, par l’idéologisation accrue de la culture et de la connaissance. L’école algérienne restera un exemple dans la mise à mort de l’esprit critique et dans l’atteinte à la psyché des enfants du pays.

– L’infantilisation du citoyen qui devient un simple sujet. Les gouvernants voient le monde à leur image et ne communiquent que sur la base émotionnelle et du mensonge.

Ainsi en est-il de la détermination du pouvoir étatique d’ancrer, à tout prix, un nationalisme rétrograde fondé sur une histoire falsifiée et une identité importée. L’identité algérienne telle qu’elle est officiellement revendiquée est le résultat d’une construction idéologique, reposant sur une identité, une langue et une culture usurpée, importées qui la fixent dans une fragilité historique et identitaire.

La manipulation émotionnelle et la manipulation psychologique par l’intrusion dans l’espace psychique du citoyen est omniprésente pour façonner les esprits avec des formes de conditionnement et de soumission qui nuisent à la perception de soi, à son Être réel.

On assiste à la dévalorisation et à la négation de l’ancêtre, de l’histoire et de la mémoire ancestrales, à la dévalorisation de l’univers culturel de l’autre par l’imposition de valeurs idéologiques étrangères en passant par l’ethnocide et la tentative de génocide. En somme, en passant de l’assassinat de l’ancêtre au meurtre de l’enfant.

Ce pouvoir présente une facette du pervers narcissique qui perçoit toute forme de contradiction comme une remise en question de son autorité et de son image.  Il utilise souvent la culpabilisation, la victimisation, au besoin, s’invente des ennemis : intérieur à l’instar du peuple kabyle et extérieurs, des pays qui s’opposent à son influence, de plus en plus nombreux (Maroc, Israël, France, Mali, les monarchies arabes du moyen orient), faisant fi ou ignorant la notion de géopolitique, celle des relations internationales et des intérêts étatiques.

La diplomatie algérienne fait montre d’une méconnaissance manifeste des nouveaux enjeux mondiaux et d’une incapacité à se faire entendre à l’étranger. Les hauts lieux du pouvoir semblent frappés d’un autisme et donnent l’impression, tout en cherchant à imposer une vision du monde, de toujours attendre une validation constante de leurs actions, de leur apparence et de leurs opinions.      

Aussi, je voudrais terminer par cette approche majestueuse de la Vérité par Henri Robert Rivers : « La vérité n’a pas de nom. La vérité n’appartient pas à une religion, une culture, une société, une théorie, une idée, une loi, un écrit, un dogme, un individu…Elle est universelle.

La vérité ne porte pas de croix, de soutane, de voile, de croissant de lune, d’étoile, de kippa, de costume, de symbole…Elle est simplicité.

La vérité n’a pas besoin de prières, de livres, d’anges, de maîtres, de démons, de lieux de culte, de pratiques, de fidèles, de conversions, de prêches, de baptêmes, de fêtes, de sacrifices, de miracles…Elle se suffit à elle-même.

La vérité n’opprime pas, elle délivre.

La vérité, ne convertit pas, elle tolère.

La vérité n’oblige pas, elle affranchit.

La vérité ne tue pas, elle est la vie.

La vérité n’exclue pas, elle accueille.

La vérité n’enferme pas, elle libère.

La vérité ne nie pas, elle accepte.

La vérité ne combat pas, elle est la paix.

La vérité ne divise pas, elle unifie.

La vérité ne juge pas, elle comprend.

La vérité ne terrorise pas, elle rassure.

La vérité n’a pas d’agitation, elle est sérénité.

La vérité n’a pas d’appartenance, elle est universelle.

La vérité n’a pas de haine, elle est amour.

La vérité n’est pas ailleurs, elle est en vous ».

Raveh  Kettouche

Quand gouverner c’est coopter, l’art de tourner en rond

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Présidence

Il fut un temps où gouverner signifiait diriger, prévoir, construire. Aujourd’hui, dans certaines contrées bénies des dieux du népotisme, gouverner se résume à un art subtil : le coopter. Point de vision, encore moins d’ambition. Juste un savant recyclage de visages connus, d’héritiers auto-proclamés et de courtisans zélés, comme si le talent était un virus dangereux à éradiquer.

Le principe du pouvoir coopté

Le principe est simple : on ne choisit pas les meilleurs, on s’entoure des plus dociles. Ceux qui ne font pas d’ombre, qui hochent la tête au bon moment, qui savent que la loyauté prime sur la compétence. Peu importe si la barque prend l’eau : l’important est de garder le cap… même si c’est vers l’iceberg. Ainsi, les ministères deviennent des clubs privés, les institutions des terrains de jeu où l’entre-soi règne en maître. Les décisions, elles, ne sont plus qu’un exercice de prestidigitation : faire semblant d’agir en ne faisant rien.

Un plan de réforme ? Il sera confié à un cousin du ministre. Une crise économique ? On convoque un colloque d’experts triés sur le volet (comprenez : ceux qui ne diront surtout rien d’utile). Une catastrophe nationale ? On organise une commission d’enquête qui accouchera d’un rapport que personne ne lire. Résultat ? Rien ne bouge, tout s’effondre, mais dans une parfaite immobilité administrative. Et quand le manque de résultats devient un sujet, la réponse fusible, laconique : « Nous sommes en train d’y travailler ». Traduction : nous gagnons du temps, car c’est tout ce que nous savons faire.

La loyauté avant tout

Mais ne soyons pas injustes : ce n’est pas l’incompétence qui est en cause, c’est la méthode. Pourquoi chercher des talents quand la fidélité suffit ? Pourquoi innover quand répéter les mêmes erreurs est si rassurant ? Pourquoi avancer quand tourner en rond garantit que personne ne perdra sa place ? Ainsi, le cercle se perpétue. La roue tourne, mais le char n’avance pas. Jusqu’à ce qu’un jour, le peuple, fatigué d’être spectateur de cette grande mascarade, décide qu’il est temps d’arrêter la ronde. Mais, d’ici là, dansez, bonnes gens, dansez !

Pourquoi ce statu quo ?

L’histoire des peuples n’est-elle pas ponctuée de révolutions, petites ou grandes, qui surgissent à l’issue de ce genre de danse absurde, où l’on nous fait croire que chaque tour de roue nous rapproche du but, alors qu’en réalité, nous stagnons là où nous sommes ? Chaque geste est calculé pour maintenir l’équilibre précaire d’un système en perte de vitesse, chaque faux mouvement risquerait de faire éclater l’illusion. Mais la véritable question que l’on fini par se poser est : à qui profite ce statu quo ?

Dans ce contexte, la question n’est plus tant de savoir si l’on gouverne mal, mais pourquoi on gouverne si mal. Pourquoi ce dédain apparent pour l’innovation, la réflexion, la compétence ? La réponse est simple : dans ce système, la cooptation devient un gage de survie pour ceux qui sont en place. Un ministre qui coopterait un rival trop brillant risquerait de voir sa place vaciller. Un conseiller trop indépendant pourrait ouvrir la voie à la critique, voire au changement. La loyauté n’est donc pas qu’une qualité dans ces cercles fermés, c’est un impératif absolu.

L’apparence au service du pouvoir

Et cette loyauté a son propre langage, fait de petits gestes qui ne trompent personne : des sourires contrits devant les caméras, des déclarations vides de sens qui rassurent sans convaincre, des gestes symboliques qui masquent l’absence d’action véritable. L’apparence devient la priorité, et dans cet apparat, le fond disparaît. Ce qui importe, c’est d’occuper l’espace, de faire comme si, de faire croire que l’on agit, quand tout se réduit à un ballet de positions qui se déplacent dans le vide.

Le prix de l’immobilier

Mais ne soyons pas dupes : ce cirque, bien que divertissant, à un prix. La société, dans son ensemble, en subit les conséquences. Car si les ministères sont des clubs privés, ce sont les citoyens qui en sont les grands oubliés. Les décisions prises à huis clos ne concernent plus les réalités du terrain, mais les jeux de pouvoir internes. La fracture entre les dirigeants et le peuple se creuse, et l’écho de cette distorsion résonne dans les rues, dans les forums, dans les discussions de café Un peuple qui se sent exclu, qui voit ses préoccupations reléguées au second plan, fini par se désengager, par devenir spectateur de sa propre histoire.

Les ministères deviennent des machines à gérer le pouvoir, et non des outils pour résoudre les problèmes de la nation. Les réformes, quand elles ne sont pas purement cosmétiques, sont dénuées de toute substance, manquant d’ambition et de courage. Le courage de prendre des décisions impopulaires, de bousculer l’ordre établi, de remettre en cause les vérités confortables qui nourrissent ce système. Mais qui osait, en vérité, secouer l’arbre du pouvoir quand c’est cette inertie qui garantit des carrières, des privilèges, et une stabilité de façade ?

Le moteur du système : la peur

Les discours enflent, les promesses s’accumulent, mais le véritable moteur du système reste la peur : peur du changement, peur de la remise en question. Cette peur est partagée, du sommet de l’État jusqu’au plus bas échelon de l’administration. Chacun sait que remettre en cause l’ordre établi pourrait conduire à une désagrégation de tout le système. Alors pourquoi prendre ce risque ? Pourquoi briser un équilibre précaire pour un vent d’idéalisme ? La gestion du pouvoir se transforme ainsi en une quête de survie.

L’arrogance et la caste dirigeante

Mais il y a un dernier élément à souligner dans cette mécanique bien huilée : l’arrogance. Dans ce système de cooptation, l’arrogance s’installe peu à peu comme une seconde nature. Ceux qui détiennent les leviers du pouvoir se croient au-dessus de tout, au-dessus des critiques, au-dessus des citoyens.

La classe dirigeante devient, de fait, une caste qui ne doute jamais de sa légitimité. Et cette légitimité n’est pas fondée sur l’action ou les résultats, mais sur la pérennité du système lui-même. Le simple fait de perdre dans cette course folle devient un gage de succès.

Le pire, c’est que cette arrogance se propage à tous les échelons, jusqu’à ce que chacun, de l’agent administratif à l’élu local, se sente au-dessus de la mêlée. Le peuple, quant à lui, semble se résigner. Il a appris à vivre avec ce sentiment d’impuissance, à attendre les « promesses » des élections suivantes, à rêver de réformes qui n’arrivent jamais.

Et pourtant, au cœur de cette dérive, il y a une vérité simple : le pouvoir véritable n’est pas de tourner en rond dans un cercle fermé, mais de sortir de ce cercle. La sortie du tunnel exige une rupture, un retour de perspective, un courage qui, pour l’instant, semble lointain, mais qui, un jour, pourrait surgir de la lassitude générale. Un jour, peut-être, cette danse de l’immobilisme se soldera par une chute, ou par un réveil brutal. Mais en attendant ce moment, le jeu continue, et la ronde tourne encore.

Rompre avec le cercle vicieux

Sortir d’un cercle vicieux et amorcer un cercle vertueux dans un système où la cooptation, l’immobilisme et la gestion du pouvoir par l’entre-soi semblent avoir pris racine nécessiter une rupture radicale et une réinvention de la manière de gouverner. C’est un défi immense, mais pas insurmontable. À l’aube de 2025, il est crucial de repenser les bases de la gouvernance pour passer du cynisme à l’action, du statu quo à la transformation réelle.

« Ce n’est pas en maintenant le statu quo que l’on crée l’avenir, mais en changeant ce qui ne fonctionne pas», disait John F. Kennedy

Dr A. Boumezrag   

L’émigré algérien peut-il se sentir Français ?

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Algériens à Paris
De jeunes immigrés algériens aux Champs-Elysées

La relance du débat, par notre premier ministre, sur l’immigration en France, nécessite que l’on s’y mêle davantage en dressant un bilan analytique de l’intégration et de l’immigré en général, de l’Algérien, en particulier, car, ne nous leurrons pas, c’est la communauté qui semble poser le plus de problèmes, avec ces vagues de distorsion salafistes qui ne cessent de pousser çà et là sur le territoire de l’Hexagone et que nous ne cessons de dénoncer sur ces colonnes.

Force est de constater que jusqu’ici l’intégration n’a pas réussi ! Pour la simple raison qu’on a exigé de l’immigré qu’il fasse lui-même l’effort de s’intégrer tout en le laissant « s’épanouir » dans la cité au milieu de sa communauté, loin du regard du Français de souche de Saint-Germain ou de Neuilly pour qui intégrer un bougnoule (n’ayons pas peur des mots utilisés au second degré !) et le côtoyer relève d’une mission quasi-impossible !

On ne fréquente pas facilement ceux qui portent en eux le sceau de l’indigénat, voyons ! Un poinçon indélébile que la couleur de la peau, ou le patronyme atypique, transmet et diffuse génération après génération pour troubler le petit blanc de souche et provoquer en lui une position défensive quasi-instinctive laquelle se transforme bien souvent (notez bien, souvent mais pas toujours !) en méfiance chronique, voire en rejet pur et simple, de tout ce qui ne ressemble pas à une jolie tête blonde.

Pourtant, il revient à ma mémoire, un cri de cœur mémorable, celui de Rachid Taha. Un hymne et un hommage vibrant dans lequel il s’égosillait, en reprenant avec une ferveur à défier la flamme que déclamait Charles Trenet à son pays, à travers son célébrissime « Douce France ». Rachid en revendiqua d’ailleurs avec élégance le patrimoine, au même titre que la famille Le Pen revendique celui de Jeanne d’Arc avec hargne et ressentiment.

Que s’est-il donc passé depuis ce cri de cœur relayé par un Coluche tonitruant qui n’avait pas hésité à clamer lors d’un festival organisé par S.O.S. Racisme (de mémoire) : « Vive le racisme ! … Oui vive le racisme ! » suivi de huées soutenues auxquelles il mit fin par un monumental « …ben quoi, c’est grâce au racisme que nous sommes tous réunis ce soir pour dire m…aux racistes, non ? ». Sacré Coluche !

Pourquoi rien ne semble avoir changé, sinon en pire, depuis ces années 1980 pendant lesquelles un vent de tolérance et de miscibilité entre blacks blancs et beurs se profilait à toute allure, bien avant que la coupe du monde 1998 ne nous offre le visage d’une France rayonnante d’égalité et de fraternité, baignant dans un océan d’accolades entre Didier et Zinedine Zidane, Fabien et Lilian, Franck et Youri…et tutti quanti ?

Et, qu’au contraire, un mur de Berlin infranchissable semble se dresser et gagner en hauteur année après année, saison (politique) après saison, campagne (électorale) après campagne, élection après élection.

Si l’on se réfère au dictionnaire qui définit l’identité nationale, comme une notion qui découle du sentiment d’appartenance à un même peuple, l’on voit bien que les choses sont biaisées, car qui dit peuple dit, toujours selon le dictionnaire « ensemble d’humains vivant en société sur un territoire déterminé et qui, ayant parfois une communauté d’origine, présentent une homogénéité relative de civilisation et sont liés par un certain nombre de coutumes et d’institutions communes ». Selon cette définition, on s’aperçoit bien qu’il est impossible de regrouper tous les habitants d’un pays donné, y compris la France, sous la dénomination de peuple. Le mot utilisé au pluriel semble donc mieux adapté. Corollaire, qui dit peuples dit identités, au pluriel aussi ! Car soyons sérieux, dame nature a des règles bien précises. Peut-on espérer qu’un figuier planté au milieu d’une châtaigneraie puisse un jour se transformer et prendre la forme d’un châtaigner ?

D’un autre côté, l’homme étant supposé avoir atteint un certain degré de maturité (quoique parfois, il soit permis d’en douter), des peuples regroupés dans un même pays peuvent vivre en harmonie, si tant est que des codes de vie des uns n’empiètent pas sur ceux des autres. Et cela n’est possible que via un seul canal, celui d’une éducation de qualité pour tous. Une éducation qui puisse dessiner des contours à travers lesquels toute différence est perçue comme une richesse et non pas comme une pathologie à soigner ou à combattre !

Réussir l’assimilation, par exemple, telle que suggérée en son temps par Nicolas Sarkozy, là où l’intégration a été un fiasco est un pari perdu d’avance. D’autant que, c’est à se demander si les hommes politiques connaissent réellement les définitions des termes qu’ils utilisent à tout va en guise de clins d’œil adressés à des « compatriotes » exaspérés pour en récolter le mécontentement et les voix qui vont avec, lors de rendez–vous électoraux majeurs !

Si nous nous limitons au cas de figure qui nous intéresse, celui de la sociologie, l’intégration est le processus et les modalités par lesquels une personne s’attache (s’intègre) à une communauté ; l’assimilation (culturelle) est le processus par lequel passe un individu étranger (ou un groupe) pour faire partie d’un nouveau groupe social ; celle-ci s’accompagnant généralement d’une assimilation linguistique. Mais quand on examine de près ces définitions, on s’aperçoit qu’elles sont biaisées de facto aussi, car il ne s’en dégage qu’une dynamique à sens unique. En d’autres termes, c’est à l’étranger de s’intégrer et de trouver le processus qui mène à l’assimilation ! Or ces définitions sont incomplètes si on n’y rajoute pas le sens complémentaire qui leur donne des allures de véritable bijection, à savoir :

– Processus par lequel une communauté établie intègre un nouveau venu, dans le cas de l’intégration, et

– Processus par lequel un groupe social donné souhaite la bienvenue et offre du pain à un étranger sans lui constamment comptabiliser chaque bouchée et lui reprocher de l’avoir de sa bouche maraudée, dans le cas de l’assimilation.

Sans verser dans des aspects analytiques superflus, il n’est pas trop difficile de concevoir que les premières définitions ne pouvant être appliquées qu’en tant que corollaires des suivantes, le non intégré ou le non assimilé est moins à blâmer que celui qui ne veut pas l’intégrer ou l’assimiler, à l’inverse de ce que devait en penser monsieur Sarkozy.

Evidemment, on pourra toujours nous rabâcher cette histoire de droits sociaux accordés à l’immigré, au même titre que tout citoyen gaulois, comme une preuve d’effort consenti par le pays hôte, mais cela ne s’appelle pas intégrer l’autre, mais lui donner du poisson au lieu de lui apprendre à pécher ! Et apprendre au petit beur à pécher c’est lui octroyer des bourses d’études et non pas lui construire des mosquées pour l’offrir à toutes sortes de mouvances extrémistes.

En conclusion, il est peut-être temps que les exilés algériens apprennent à se vouer corps et âme à leurs pays d’accueil en faisant en sorte que leurs enfants deviennent de bons citoyens du pays qui leur a permis de s’épanouir : être un bon américain n’est pas incompatible avec le fait d’être un bon Algérien, bien au contraire !

Être un bon Français est possible aussi, bien que le roi Hassan II, en son temps, avait conseillé à la France, en plein débat sur le droit du sol, de ne pas accorder la nationalité française aux Marocains, car disait-il, ils feraient de mauvais Français.

Comme si la génétique à elle seule déterminait la possibilité d’intégration ou de non-intégration à une société différente de l’originale !? Mais bon, on a bien compris que cela fait partie d’une stratégie de propagande qui se donne comme objectif d’ériger des frontières infranchissables entres les élus des cieux et les damnés de la terre !

Mais entendons-nous bien ! s’intégrer ne signifie pas se désintégrer et renier sa culture et ses origines si tant est que notre mode de vie et de pensée soient conformes aux normes de la république ! De là, il ne restera plus qu’un petit pas pour se sentir Français sans pour autant revendiquer une lignée ancestrale gauloise !

Kacem Madani

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