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« L’affaire Hamlaoui » et les aboiements du bouton rouge

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Ibtissem Hamlaoui
Ibtissem Hamlaoui

Ce qu’on appelle “l’affaire Ibtissem Hamlaoui” n’est pas une scène de jalousie dans une association. C’est la preuve en direct qu’en Algérie, certaines personnes peuvent transformer une simple contestation en opération répressive. 

Une responsable est critiquée ? Au lieu de répondre, elle bascule en mode régalien. On appuie sur le bouton : plainte éclair, convocation immédiate, meute numérique, indignations prêtes-à-poster… et des personnes en prison pour un commentaire. Sans le bouton, c’était une embrouille interne. Avec le bouton, c’est une exécution publique.

On peut dire qu’Ibtissem Hamlaoui a tendu le bâton : ton autoritaire, posture de cheffe, manière de parler comme si elle disposait d’un mandat supérieur au sien. Beaucoup ont dit “elle l’a cherché”. Soit. Mais ce n’est pas elle qui nous intéresse. Ce qui nous intéresse, c’est la question derrière : qui lui a fait croire qu’elle pouvait utiliser la police et la justice comme escorte personnelle ? Qui l’a laissée penser qu’en 2025 on pouvait encore faire coffrer des femmes de lettres parce qu’on n’a pas aimé un post ? Si elle a osé, c’est qu’elle sait qu’il existe une ligne directe entre certains bureaux et la force publique. C’est cette ligne qu’il faut regarder, pas l’humeur d’une présidente.

Parce qu’en haut, c’est la même méthode, simplement mieux habillée. On n’est pas devant des carrières brillantes, on est devant un clan qui tient quatre robinets à la fois : politique, argent public, sécuritaire, judiciaire. Le cercle du président Tebboune le montre assez : Belaribi, vissé au logement depuis 2021 comme si le parc immobilier national était une propriété privée ; Rezig qu’on sort puis qu’on remet comme on remet un cousin à table ; et cette double casquette Intérieur/Transports qui dit clairement : il y a des ministères qui ne sont pas à la République, ils sont au noyau. La “H7achia” présidentielle, ce n’est pas un fantasme de cafétéria : c’est le périmètre de ceux que les remaniements ne touchent pas.

Et comme toujours en Algérie, ce qui se fait en haut se copie en bas. Dans les wilayas, c’est la version low-cost : le P/APC qui joue au préfet, le procureur en shérif, le juge en signature automatique, la casquette sécurité qui trie “les nôtres / pas les nôtres”, le directeur des domaines ou de l’habitat qui légalise le passe-droit. Et au milieu, un wali transformé en pare-chocs, qui reçoit tout le monde, fait semblant d’arbitrer et envoie des rapports qui s’entassent. Voilà la vraie gouvernance : pas l’État de droit, l’État de clans coordonnés. Tu es dedans, ton dossier passe. Tu es dehors, tu regardes les autres passer.

Ce système ne devient visible que quand il se fâche. Tant que le partage est fluide – les gros marchés pour le noyau, le foncier pour les proches, les petites positions pour faire taire – personne ne dit rien. Le jour où l’une prend trop, où l’un se croit couvert plus haut qu’il ne l’est vraiment, on ouvre les placards : dossiers fiscaux, enregistrements, vie privée, archives oubliées. On lâche les pages Facebook de service, on appelle ça “mobilisation citoyenne”. Ce n’est pas le peuple qui parle, c’est un clan qui règle une facture. Les réseaux sociaux servent ici d’unité canine : on lâche, ça mord, on rappelle.

Le vrai problème n’est pas le conflit. Le vrai problème, c’est la loi privatisée. Une loi très rapide quand il faut protéger l’ego d’une responsable ou d’un élu, mais une loi très lente quand il faut récupérer un terrain de l’État détourné, un matériel saisi, un marché bidonné. Le peuple voit parfaitement que la vitesse n’est pas la même. Il comprend que la loi ne frappe pas la prédation, elle frappe la parole qui gêne le réseau. Alors il se tait. Il se met à l’écart. On croit que c’est de la stabilité, c’est juste du bâillon.

Il faut donc appeler les choses par leur nom : ce n’est pas du “tribalisme”, ce n’est pas le “caractère algérien”, c’est du clanisme d’État” : sécuritaire, judiciaire, administratif, médiatique et financier concentrés entre quelques mains qui se prennent pour l’État. Tant qu’on ne leur arrache pas ces leviers, on sacrifiera des Hamlaoui pour la vitrine, mais jamais ceux qui appuient sur le bouton rouge.  

Zaim Gharnati

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France–Algérie : Lecornu prône une renégociation « globale et respectueuse » de la relation bilatérale

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Sébastien Lecornu

Lors de la séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, tenue ce  mercredi 5 novembre, le Premier ministre français,  Sébastien Lecornu a répondu à Marine Le Pen,  présidente du Rassemblement National (RN) – parti de l’extrême droite française – sur la question des relations franco-algériennes et de l’accord bilatéral de 1968.

Sébastien Lecornu, le Premier ministre français, a tenu un discours mesuré, refusant toute approche passionnelle ou électoraliste d’un dossier qu’il juge « trop essentiel pour être instrumentalisé ».  Il a défendu une approche « lucide et respectueuse », fondée sur la coopération et la réciprocité, plutôt que sur la rupture.

Dès le début de son intervention, Sébastien Lecornu a tenu à rappeler une règle qu’il s’impose depuis ses années au ministère des Armées : « Je ne fais jamais de la question de l’Algérie un sujet de politique intérieure française », a-t-il affirmé, soulignant qu’il n’ignorait pas que, parfois, « en Algérie aussi, la relation avec la France devient un enjeu interne ».

Une manière de poser d’emblée un cadre : celui du respect mutuel et de la responsabilité, dans un contexte où la relation entre les deux pays reste chargée d’histoire et d’émotions politiques.

Un texte à renégocier, pas à abroger

Au cœur du débat se trouve l’accord franco-algérien du 27 décembre 1968, qui régit les conditions de circulation, de séjour et d’emploi des ressortissants algériens en France. Pour Marine Le Pen, cet accord serait « déséquilibré » et « dépassé ». Le Premier ministre, lui, plaide pour la nuance. 

 « Je ne crois pas à l’abrogation de cet accord, mais à sa renégociation », a-t-il tranché.

Il a rappelé que trois renégociations ont déjà eu lieu — deux sous des gouvernements de gauche, une sous un gouvernement de droite — preuve, selon lui, que le texte a su évoluer au gré des contextes.

 « Cet accord est, à bien des égards, caduc. Il n’est plus complètement à jour au regard des attentes des deux parties », a-t-il admis, tout en refusant la logique de rupture.

Repartir du Comité de haut niveau d’octobre 2022

Le Premier ministre propose de reprendre le fil du dialogue interrompu après la rencontre d’octobre 2022, lorsque le Comité intergouvernemental de haut niveau franco-algérien avait acté la volonté de rouvrir le dossier.  « Il faut remettre cette négociation sur la table », a-t-il insisté, estimant que la relation entre les deux pays ne saurait se limiter à la question migratoire.

Il a plaidé pour une approche « plus globale », englobant la coopération sécuritaire et militaire, la lutte contre le terrorisme, la pression croissante des groupes armés au Sahel, la sécurité maritime et les partenariats économiques. « Le moment est venu d’avoir une approche beaucoup plus globale », a-t-il souligné, appelant à renouer un dialogue stratégique entre Paris et Alger.

Respect de la souveraineté et géographie partagée

Le chef du gouvernement a tenu à rappeler un principe central de sa vision : le respect de la souveraineté algérienne. « Quels que soient nos désaccords, nous devons être capables de mener une discussion exigeante, mais respectueuse », a-t-il dit, saluant implicitement la stabilité institutionnelle d’Alger comme un facteur de dialogue durable.

Concernant la mise en œuvre, il a précisé que la méthodologie relèvera du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, en coordination avec les ministres de l’Intérieur et des Armées, compte tenu des volets migratoire et sécuritaire.

Dans un passage plus sensible, le Premier ministre a évoqué la situation de Christophe Gleize et Boualem Sansal, deux ressortissants français détenus en Algérie, assurant que « l’ensemble des services de l’État et de la diplomatie sont mobilisés » pour obtenir leur libération.

Une relation à reconstruire sur le long terme

En conclusion, le premier ministre français a voulu replacer la relation franco-algérienne dans une perspective dépassant les contingences politiques : « Ce n’est pas un sujet de politique intérieure, mais un sujet bilatéral, de respect, qu’il faut traiter avec sang-froid. Vous avez parlé d’histoire, mais il y a aussi une réalité : notre géographie. Et celle-là, on ne peut pas la mettre de côté. »

Une phrase qui résume toute la difficulté – mais aussi la nécessité – d’un partenariat équilibré entre deux pays unis par une histoire douloureuse et une proximité géographique inévitable.

Samia Nait Iqbal

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Ligue des champions : le Bayern Munich fait tomber le PSG

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Bayern Munich

Le Paris SG croyait être sorti de la période des blessures mais y est retombé lourdement lors de la défaite contre le Bayern Munich au Parc des Princes ce mardi 4 novembre (2-1), avec les sorties d’Ousmane Dembélé et d’Achraf Hakimi sur des blessures à la gravité encore incertaine. Retrouvez tous les résultats du jour.

 Le Bayern Munich, réduit à dix en seconde période, a dominé le PSG au Parc des Princes, remportant une 16e victoire en 16 matches et infligeant aux champions d’Europe leur première défaite en quatre journées de Ligue des champions.

Six jours seulement après sa première titularisation depuis son retour, Ousmane Dembélé a de nouveau grimacé, dès le début de partie contre le redoutable Bayern Munich. Un match d’une telle intensité ne pouvait qu’éprouver son corps en redémarrage. Et après avoir cru marquer un but, ensuite refusé sur arbitrage vidéo, Ousmane Dembélé a parlementé avec son capitaine Marquinhos et Nuno Mendes, le visage fermé : quelque chose n’allait pas. Il est sorti quelques instants plus tard sous les applaudissements du public, avant de regagner le vestiaire sans passer par le banc.

Mauvaise nouvelle en tout cas pour le PSG, moins d’une semaine après une blessure à la cuisse de Désiré Doué, qui sera indisponible plusieurs semaines, peu après un retour de l’infirmerie lui aussi.

Mené 2-0, le PSG a ensuite vu la poisse s’intensifier avec la blessure du pourtant solide Achraf Hakimi. Jamais blessé, quasiment toujours disponible malgré ses courses incessantes vers l’avant et l’arrière sur le côté droit, le Marocain est sorti la tête basse, en larmes et soutenu par le staff parisien, après un tacle mal maîtrisé de Luis Diaz.

Le Colombien, double buteur de la soirée (4e et 32e), venait de perdre un duel acharné et s’est jeté les deux pieds en avant, prenant en tenaille la cheville gauche de Hakimi. Une action qui lui a valu une exclusion, mais le PSG aurait signé pour n’avoir ni la blessure ni l’exclusion. 

Joao Neves a redonné vainement espoir au PSG (2-1, 74e). Le 26 novembre, le Bayern ira défier l’autre co-leader de la C1, Arsenal, tandis que le PSG accueillera Tottenham.

Une victoire pour Monaco !

Monaco est allé décrocher son premier succès cette saison en Ligue des champions, 1-0 sur la pelouse de Bodoe Glimt, en Norvège. Sous une pluie battante, Folarin Balogun a marqué l’unique but du match peu avant la pause, d’un tir puissant de la gauche dans un angle fermé, après un une-deux avec Maghnes Akliouche (43e). Monaco compte désormais 5 points et se repositionne en milieu de tableau au classement de la phase de ligue, en position de qualifié potentiel pour la phase finale.

Arsenal poursuit son début de saison parfait après avoir battu à Prague le Slavia 3 à 0, un sans-faute qui lui permet de prendre provisoirement la tête du classement. Les hommes de Mikel Arteta ont continuer leur folle série à Prague en enchaînant avec une dixième victoire consécutive, toutes compétitions confondues.Bukayo Saka, sur pénalty (31e), a donné aux siens l’avantage avant que Mikel Merino, bien trouvé par Trossard, ne creuse l’écart au retour des vestiaires (47e). Le milieu espagnol a doublé la mise après l’heure de jeu en inscrivant, à l’aveugle, une tête au second poteau (68e) qui a trompé le gardien tchèque Markovic.

Mikel Arteta a profité de ce large écart pour faire entrer (72e) le milieu de terrain Max Dowman, 15 ans et 307 jours, qui devient le plus jeune joueur de l’histoire de la Ligue des champions. Les Gunners ont nouvelle fois fondé leur succès sur leur assise défensive et enchaînent un huitième match de rang sans encaisser de but, égalant le record du club établi en 1903, année de l’accession en première division.

Liverpool, largement dominateur, s’est imposé face au Real Madrid 1 à 0 dans un des grands classiques de la Ligue des champions, à Anfield. Alexis Mac Allister a marqué l’unique but du match juste après l’heure de jeu pour Liverpool en reprenant de la tête un coup franc de Dominik Szoboszlai. 


Slavia Prague-Arsenal 0-3

Naples-Eintracht Francfort 0-0

PSG-Bayern Munich 1-2

Bodo/Glimt-Monaco 0-1

RFi/AFP

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Ligue 1 Mobilis (10e journée) : les résultats complets et classement

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Football

Résultats complets et classement, à l’issue des matchs de la 10e journée de Ligue 1 Mobilis de football, disputés samedi, dimanche et lundi : 

Lundi 3 novembre 2025 :

Paradou AC – USM Khenchela        2-0

JS Kabylie – MC El-Bayadh              4-1

MC Alger – JS Saoura                       1-0

Déjà jouées :

Dimanche 2 novembre 2025 :

ES Ben Aknoun – ES Sétif                        0-1

ES Mostaganem – CR Belouizdad         0-2

USM Alger – ASO Chlef                            1-0

Samedi 1 novembre 2025 :

Olympique Akbou – MB Rouissat      2-1

MC Oran – CS Constantine                 1-0       

Classement :                                            Pts        J

1). MC Alger                                            19        7

2). Olympique Akbou                            17       10

-). MC Oran                                          17        10

4). JS Saoura                                          16        10

5). JS Kabylie                                         15           8

6). CR Belouizdad                                13           8

–). USM Alger                                     13           8

–). ES Ben Aknoun                             13          9

–). MB Rouissat                                 13          9

10). CS Constantine                           12         10

11). USM Khenchela                         11        10

12). ES Sétif                                        10          9

–). ASO Chlef                                    10          10

14). ES Mostaganem                         8          10

15). Paradou AC                                 7           10

16). MC El Bayadh                             3          10.

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Bête noire de Donald Trump, Zohran Mamdani va diriger New York

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Bête noire de Donald Trump et figure montante de la gauche américaine, Zohran Mamdani s’apprête à devenir, le 1ᵉʳ janvier 2026, le nouveau maire de New York, la plus grande ville des États-Unis.

Bête noire de Donald Trump et figure montante de la gauche américaine, Zohran Mamdani s’apprête à devenir, le 1ᵉʳ janvier 2026, le nouveau maire de New York, la plus grande ville des États-Unis.

À 34 ans, ce député du Queens, membre du Parti Démocrate et affilié aux Socialistes démocrates d’Amérique, a remporté haut la main l’élection du 4 novembre face à l’ancien gouverneur Andrew Cuomo, symbole du courant modéré du parti.

Né en 1991 à Kampala, en Ouganda, et installé à New York depuis son enfance, Mamdani est le fils du politologue Mahmood Mamdani et de la cinéaste Mira Nair. Ce parcours cosmopolite, mêlant enracinement local et ouverture internationale, nourrit une vision profondément humaniste de la politique.

Proche de Bernie Sanders et d’Alexandria Ocasio-Cortez, Mamdani incarne la relève d’une génération progressiste décidée à transformer la ville de l’intérieur. Sa campagne, centrée sur le logement abordable, la justice climatique et la réforme des transports publics, a mobilisé un électorat jeune, diversifié et souvent éloigné des urnes. Son slogan – « Redonner New York à ceux qui la font vivre » – est devenu le symbole d’un mouvement citoyen bien au-delà des frontières du Queens.

Face à la machine politique Cuomo, Mamdani a su imposer un ton neuf, une écoute directe et une vision claire : gouverner au service du plus grand nombre. Dans un contexte national dominé par les fractures sociales et identitaires, sa victoire a valeur de signal. Elle marque la volonté d’une ville-monde de renouer avec son esprit d’inclusion et d’innovation politique.

Les médias conservateurs, eux, le présentent déjà comme la « bête noire de Donald Trump », tant il incarne l’exact opposé du trumpisme : jeunesse, égalité, diversité, et refus du cynisme politique. Mamdani, lui, reste sobre. Dans son discours de victoire, il a remercié ses parents et rendu hommage à « celles et ceux qui font tourner New York chaque jour sans reconnaissance ».

L’élection de Zohran Mamdani ouvre une nouvelle page dans l’histoire politique américaine. Elle consacre la montée d’une génération qui mise sur la solidarité, la transparence et la justice sociale pour repenser le pouvoir à l’échelle locale. New York s’offre, à nouveau, comme le miroir vivant d’une Amérique en quête de renouveau.

Mourad Benyahia 

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Cour d’appel de Tizi-Ouzou : 1 an de prison ferme et 200 000 DA d’amende contre Fadéla Hammas

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Fadela Hammas
Fadela Hammas

La chambre pénale de la cour de Tizi Ouzou a prononcé, le 4 novembre 2025, un arrêt aggravant la peine infligée à l’activiste du Hirak, Fadéla Hammas, qui voit sa condamnation initiale transformée en une peine d’un an de prison ferme assortie d’une amende de 200 000 dinars.

Quand les zélés de la cour de Tizi-Ouzou redoublent de férocité contre une activiste, ils ne le font pas avec des demi-mesures mais avec cet acharnement qui caractérisent les laquais.

Selon les informations rendues publiques par Me Fetta Sadat sur sa page Facebook, cette décision intervient à la suite de l’appel introduit contre le jugement du tribunal de première instance, qui avait condamné la militante à trois mois de prison avec sursis. La cour a donc durci sensiblement le verdict, ordonnant l’exécution immédiate de la peine.

Aucune précision officielle n’a été donnée sur les motifs exacts de cette aggravation de peine. L’affaire s’inscrit cependant dans un contexte marqué par une recrudescence des poursuites judiciaires visant des militants, journalistes et défenseurs des droits humains dans plusieurs wilayas du pays, notamment en Kabylie.

Connue pour son engagement pacifique au sein du mouvement populaire du Hirak/Tanekra, Fadéla Hammas a participé, comme des centaines de milliers d’Algériennes et d’Algériens, à de nombreuses actions citoyennes depuis 2019. Sa condamnation, désormais confirmée et alourdie, suscite des réactions de préoccupation au sein du milieu associatif et juridique, où plusieurs voix dénoncent un usage extensif de la justice pénale contre les opinions critiques.

Cette décision judiciaire particulièrement brutale intervient à un moment où les observateurs soulignent un resserrement de l’espace des libertés publiques et une judiciarisation croissante de l’expression politique. Pour l’heure, la défense de Mme Hammas n’a pas encore annoncé si un pourvoi en cassation sera envisagé.

Selon un rapport de Amnesty International, « les autorités ont arrêté la militante et syndicaliste Fadéla Hammas le 21 février 2025 à Azazga, une ville du nord-est du pays. La police l’a interrogée sur ses opinions et ses publications sur Facebook concernant des questions politiques et relatives aux droits humains. Quatre jours plus tard, le ministère public a ordonné sa libération dans l’attente de son procès prévu le 11 mai pour « diffusion de fausses informations susceptibles de nuire à la sécurité nationale ou à l’ordre public ».

L’arbitraire le plus vile que subit Fadéla Hammas rappellent aux cyniques et autres soutiens au nationalisme tarifé que l’Algérie de Tebboune-Chanegriha est un pays totalitaire qui ne supporte aucune opposition. Pour rappel près de 250 détenus d’opinion croupissent dans les prisons algériennes. Un nombre difficile à déterminer d’Algériennes et d’Algériens sont interdits de voyage à l’étranger.

Sofiane Ayache

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Un monument à la mémoire des démineurs russes inauguré à El Tarf

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Hommage aux démineurs russes à El Tarf
Hommage aux démineurs russes à El Tarf

L’Algérie a marqué le 71e anniversaire de la Révolution du 1er Novembre 1954 par un geste fort envers la Russie, en inaugurant, ce mercredi 5 novembre, un nouveau monument commémoratif dans la ville d’El Ayoun, wilaya d’El Tarf. 

Ce mémorial est dédié à la mémoire des soldats russes (alors soviétiques) qui ont participé à la périlleuse mission de déminage des frontières algériennes après l’indépendance, mines héritées de l’occupation coloniale française.

​Une reconnaissance historique et stratégique

​La cérémonie, qui témoigne de la profondeur des relations stratégiques entre Alger et Moscou, a vu la participation de hauts responsables algériens, dont M. Saïd Sayoud, Ministre de l’Intérieur, et le Général-Major Noureddine Hambli, Commandant de la Cinquième Région Militaire. Ils étaient accompagnés de la délégation russe, menée par l’Ambassadeur de Russie en Algérie et des attachés militaires.

​L’événement a été particulièrement émouvant par la présence du Colonel (à la retraite) Andreï Pavlenko, un ancien ingénieur démineur russe. Le Colonel Pavlenko avait servi de 1962 à 1965 comme vice-commandant de l’unité de génie militaire russe chargée de cette mission vitale. Cette unité fut instrumentale pour neutraliser les vastes champs de mines, notamment ceux des lignes Challe et Morice, qui constituaient un danger mortel le long des frontières Est et Ouest de l’Algérie.

​L’érection de ce monument à la frontière n’est pas qu’un simple rappel du passé. Il scelle dans le marbre la gratitude algérienne pour le soutien de la Russie au moment critique de la reconstruction nationale. L’opération de déminage fut l’une des premières et plus significatives missions de coopération technique et militaire entre les deux nations, jetant les bases d’un partenariat qui perdure  aujourd’hui.

Le rôle décisif de l’URSS dans le déminage de l’Algérie indépendante

Au lendemain de l’indépendance en 1962, l’Algérie devait faire face à un péril majeur : des millions de mines antipersonnel posées par l’armée française le long des frontières Est et Ouest, sur les lignes Morice et Challe.

Dès juin 1963, un accord algéro-soviétique marque le début d’une coopération stratégique. Des unités du génie militaire soviétique, dirigées notamment par le colonel Andreï Pavlenko, participent jusqu’en 1965 à une vaste opération de déminage.

Grâce à l’expertise et aux moyens matériels de l’URSS, près de neuf millions de mines sont neutralisées, faisant de cette action l’une des plus importantes opérations de déminage de l’époque. Les Soviétiques forment également les premiers cadres algériens spécialisés dans la lutte antimines.

La rédaction

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Marseille célèbre Frantz Fanon, le penseur des décolonisations

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Frantz Fanon

À l’occasion du centenaire de la naissance de Frantz Fanon (1925-1961), la ville de Marseille rend hommage au psychiatre, écrivain et militant révolutionnaire à travers deux journées d’événements intitulées « Une vie brève, un héritage immense », les 14 et 15 novembre 2025.

L’initiative est portée par Comaguer, le FUIQP, le Cercle Frantz Fanon de Martinique et Radio Galère.

Le vendredi 14 novembre, le cinéma Le Gyptis (quartier de la Belle de Mai) ouvrira la commémoration avec la projection du documentaire « Fanon, hier et aujourd’hui », réalisé par Hassane Mezine, suivie d’un débat avec le public. Le film retrace la portée actuelle de l’œuvre fanonienne, entre luttes anticoloniales, engagement psychiatrique et héritage politique.

Le lendemain, à la Friche La Belle de Mai, une rencontre-débat réunira plusieurs figures du militantisme antiraciste et anticolonial : Saïd Bouamama (FUIQP), Bernard Genet (Comaguer), Pierre Lézeau (Comité Mam’Ega), ainsi que des représentants du Cercle Frantz Fanon de Martinique.

La journée se poursuivra avec la projection d’un reportage inédit consacré au recueillement de militantes et militants marseillais sur la tombe de Fanon à Aïn El Kerma (Algérie), en décembre 2011, avant un repas convivial ponctué de chants kabyles interprétés par Nadia Ammour du groupe Tighri Uzar.

À travers ces moments de mémoire et de réflexion, Marseille rend hommage à l’un des penseurs les plus lucides de la condition coloniale et postcoloniale. Un homme dont la voix continue de résonner dans toutes les luttes pour la dignité, la justice et l’émancipation.

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Tunisie : Sonia Dahmani s’effondre derrière les barreaux, selon sa sœur

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Sonia Dahmani

La prison pour femmes de la Manouba, en Tunisie, est devenue le théâtre d’une détresse qui dépasse le simple cadre judiciaire. Depuis sa condamnation, l’avocate Sonia Dahmani traverse une épreuve qui met en lumière les conditions souvent oubliées des détenues dans le pays.

Dans un long témoignage publié lundi 3 novembre sur les réseaux sociaux, sa sœur Ramla Dahmani décrit un état de santé alarmant et une situation carcérale inquiétante.

« Ce lundi, jour de parloir, ce sont Mehdi et Belhassen qui ont pu lui rendre visite. Ils savaient qu’ils ne la trouveraient pas mieux, qu’il n’y aurait pas de répit, pas de jour “moins pire” », écrit Ramla. Dès les premières minutes, Sonia n’a qu’une question : « Combien ? » Une interrogation adressée à propos de Maître Ahmed Souab, récemment condamné à cinq ans de prison et trois ans de surveillance administrative. Pour Ramla Dahmani, cette question illustre une réalité cruelle : « Les chiffres sont devenus notre seul langage : les années qu’ils volent, les mois qu’ils arrachent, les jours qu’ils comptent à notre place. »

Selon sa sœur, Sonia souffre depuis près d’une semaine d’une bronchite et d’une angine, accompagnées de fièvre et de toux violente. Six jours se sont écoulés sans soins médicaux. « Pas mardi, pas mercredi, pas jeudi, pas vendredi, pas samedi, pas dimanche. Rien. Personne », dénonce Ramla. Son frère Mehdi l’a trouvée « méconnaissable, tremblante, fiévreuse, sans force ».

Loin de se limiter à l’état de santé de l’avocate, le témoignage brosse le portrait d’un quotidien carcéral oppressant. Ramla évoque l’absence de médecins, la privation de repos, le froid, le manque de lumière et la suppression de la dernière chaîne de télévision accessible aux détenues depuis mercredi. « Parce qu’ils ne supportent même plus que ces femmes entendent un son qui ne vient pas d’eux. Parce que même un peu de lumière leur fait peur », écrit-elle.

L’atmosphère dans la prison est décrite comme « un endroit où on enterre les vivantes », où « la maladie est une punition » et où « le désespoir est contagieux ». Ramla Dahmani relate également un événement dramatique survenu vendredi : une jeune détenue, connue sur Instagram, a tenté de se donner la mort dans la cellule voisine. Elle a été sauvée in extremis, mais « l’odeur de la mort est restée », souligne la sœur de Sonia.

Le témoignage met en lumière une double violence : celle de l’enfermement et celle d’un système qui semble ignorer les droits élémentaires des détenues, en particulier leur accès aux soins. L’avocate elle-même apparaît comme un symbole de résistance, demandant à être informée et consciente de ce qui se passe autour d’elle, malgré la faiblesse de son corps et l’isolement.

En terminant son message, Ramla Dahmani écrit : « J’écris pour qu’elle existe. Pour qu’on ne la laisse pas mourir dans ce silence. J’écris pour hurler. Parce que si je me tais, ils auront gagné. » Ces mots traduisent l’urgence et la colère face à un traitement qui dépasse la condamnation juridique, transformant la détention en une véritable épreuve de survie.

Cette affaire révèle l’importance de s’interroger sur les conditions de détention en Tunisie et sur le respect des droits humains, en particulier pour les femmes emprisonnées. Elle rappelle que derrière chaque condamnation se cache une personne, dont la vie et la santé doivent être protégées, même derrière les barreaux.

Mourad Benyahia 

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Répression et impunité : témoignages accablants de deux anciens cadres du CRA contre Ibtissam Hamlaoui 

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Ibtissem Hamlaoui et un de ses collaborateurs
Ibtissem Hamlaoui et un de ses collaborateurs qui l'a dénoncée

Le scandale autour d’Ibtissam Hamlaoui, présidente du Croissant-Rouge algérien et du Conseil national de la société civile, prend des allures d’affaire d’État. Deux anciens cadres au sein du CRA, Hadjer Zitouni et Yacine Benchattah, livrent des témoignages glaçants accusant la responsable d’avoir usé de son influence pour instrumentaliser la justice et les services de sécurité afin de faire taire ses opposants.

Derrière cette dérive, c’est toute la crédibilité des institutions civiles algériennes qui se trouve ébranlée, sur fond de silences officiels et de soupçons d’impunité. D’emblée, la première question qui s’impose est : qui est ou qui sont les protecteurs d ‘Ibtissem Hamlaoui pour qu’elle agisse ainsi sans impunité ?

En effet, la figure d’Ibtissam Hamlaoui, présidente du Croissant-Rouge algérien et du Conseil national de la société civile, suscite une nouvelle tempête médiatique et morale. Deux témoignages récents, particulièrement graves, viennent d’ajouter un éclairage accablant à une série d’accusations déjà anciennes de harcèlement, d’abus d’autorité et d’instrumentalisation des institutions publiques, notamment judiciaires et sécuritaires à des fins personnelles.

Témoignages accablants de deux anciens collaborateurs

La première à briser le silence est Hadjer Zitouni, ex-directrice de la communication du Croissant-Rouge algérien, qui a travaillé directement sous l’autorité d’Ibtissam Hamlaoui en 2024. Dans un témoignage rendu public, la journaliste raconte un calvaire fait d’humiliations, d’agressions verbales et de mauvais traitements au sein de l’organisation, avant de devenir la cible d’une machination judiciaire et sécuritaire après son départ.

Arrêtée arbitrairement, selon son récit, Hadjer Zitouni affirme avoir été privée d’eau et de nourriture pendant plus de cinq jours lors de sa garde à vue à la Brigade de recherches et d’investigations de Bir Mourad Raïs. Elle dit avoir été forcée à se dévêtir et avoir survécu “en buvant l’eau des toilettes” de son lieu de détention. Jugée pour “diffusion d’informations calomnieuses” à l’encontre d’Ibtissam Hamlaoui, elle aurait été condamnée lors d’un procès expéditif, sans possibilité de se défendre. Pire encore, elle accuse une gardienne de prison de l’avoir agressée physiquement sur instruction supposée de l’actuelle présidente du Croissant-Rouge. C’est dire la gravité de ce énième scandale après celui du général El Djinn dont les tenants et aboutissants relèvent du secret d’Etat.

Le second témoignage, tout aussi accablant, est celui de Yacine Benchattah, ancien responsable du bureau de Skikda du Croissant-Rouge algérien. Volontaire respecté, il raconte comment sa vie a basculé après avoir dénoncé des irrégularités financières et des dérives de gestion au sein de l’organisation. Il décrit une répression brutale : arrestation, torture, humiliations, détention arbitraire et harcèlement judiciaire répété. Selon lui, chaque épisode de maltraitance portait la marque d’une “vengeance personnelle” attribuée à Ibtissam Hamlaoui, qu’il accuse d’exercer “une influence délétère sur l’appareil judiciaire et sécuritaire”.

Une influence controversée

Ces récits, glaçants dans leur détail, soulignent un problème systémique de concentration du pouvoir entre les mains d’une responsable qui, depuis 2022, cumule des positions influentes au sein d’organismes censés être indépendants du pouvoir exécutif. Plusieurs observateurs estiment que la longévité et la puissance d’Ibtissam Hamlaoui ne peuvent s’expliquer sans un appui politique direct. D’aucuns évoquent une proximité avec les plus hautes sphères du régime, qui lui aurait permis d’imposer son autorité et de neutraliser toute contestation interne.

Appels à une enquête indépendante

Face à ces témoignages, des figures reconnues du monde juridique et politique, comme Boujemâa Ghéchir et Abdessalam Bachagha, appellent à l’ouverture d’une enquête impartiale et transparente. “Ces allégations sont trop graves pour rester dans la sphère médiatique. Il faut établir les faits, protéger les victimes et restaurer la crédibilité de nos institutions civiles”, plaide l’un d’eux.

Silence et crispation

Ibtissam Hamlaoui, fidèle à sa stratégie de silence, n’a toujours pas réagi publiquement. Mais le climat autour d’elle se durcit. Après le scandale suscité par l’incarcération de l’écrivaine Salima Mellizi, emprisonnée à la suite d’une plainte déposée par Hamlaoui, ces nouvelles révélations viennent renforcer l’image d’une personnalité autoritaire et controversée, symbole d’une dérive préoccupante du pouvoir moral et institutionnel en Algérie.  Tant que la lumière ne sera pas faite sur ces accusations, la figure d’Ibtissam Hamlaoui restera associée à une forme d’impunité qui mine la confiance du public dans les institutions censées incarner l’humanisme et la solidarité. Alors bénéficie-t-elle donc de protections haut placées pour qu’elle continue de passer entre les gouttes ?

Samia Naït Iqbal

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