23 novembre 2024
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Trump : un programme politique en insultes et vulgarités

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Trump
Image par John Hain de Pixabay

C’est l’un des sujets philosophiques et juridiques des plus fondamentaux pour la démocratie, peut-on limiter le droit d’expression pour éviter le désordre social ? Jamais il n’aura eu un laboratoire d’observation aussi performant que celui de la campagne présidentielle américaine actuelle. Mettons le décor en place avant de revenir au sujet énoncé.

C’est absolument inouï ce qui se passe dans la campagne présidentielle aux États-Unis. Un déferlement explosif d’insultes et de vulgarités sortent de la bouche de l’ancien président et candidat pour 2024.

Le lecteur a immédiatement compris sur qui je reporte la responsabilité, j’en assume le choix qui me semble tellement évident.

Pourquoi une accusation unilatérale ? Parce que cela fait une décennie que Donald Trump s’enfonce dans la vulgarité et la démence la plus inquiétante. Un personnage fantasque qui ne semble pas faire honte au solide socle d’électeurs qui le suivent aveuglément comme on suit un gourou d’une secte. Comme un enfant, il n’a aucun filtre et ses conseillers surveillent en vain ses dérives de langage. Il est instable et imprévisible comme toute personne démunie de maturité ou d’éducation.

Quelles que soient ses outrances, quelle que soit l’impressionnante liste des poursuites judiciaires, son socle électoral lui reste fidèle, derrière un personnage qui est dévastateur pour un pays qui reste malgré tout la plus grande puissance du monde.

Tout ou presque tout ce qu’il déclame comme valeurs morales et conservatrices de l’Amérique blanche, il est le premier à les fouler aux pieds. Affaires de mœurs, de corruption, d’outrage aux institutions et ainsi de suite.

Plus il est accusé et condamné, plus ses soutiens sont présents. Plus il dit des énormités et plus il est adulé. C’est un cas historique sans précédent.

Si le comportement des plus troublés n’est pas un sujet en droit, ce sont les mensonges et insultes qui sont dans pratiquement toutes les démocraties dans le monde restreintes pour des raisons que nous connaissons tous. La principale étant l’atteinte publique à la dignité de la personne insultée qui peut en demander réparation au civil.

La seconde concerne le mensonge volontaire, en lui-même il n’est pas répréhensible par la loi à l’exception des conséquences qui peuvent nuire à des tiers. 

Alors comment se peut-il dans cette campagne ? Tout simplement parce que le premier amendement de la constitution américaine sacralise la liberté d’expression. Son rang dans le Bill of rights est significatif de son caractère sacré.

«Le Congrès ne fera aucune loi qui touche l’établissement ou interdise le libre exercice d’une religion, ni qui restreigne la liberté de parole ou de la presse, ou le droit qu’a le peuple de s’assembler paisiblement et d’adresser des pétitions au gouvernement pour le redressement de ses griefs. »

Ce principe élimine toute remise en cause de la liberté de parole y compris dans les insultes et les déclarations les plus condamnables comme l’apologie du racisme et de bien autres questions choquantes. C’est ainsi que les avocats ont réussi à faire couvrir par le premier amendement les paroles de Donald Trump précédent la prise d’assaut du Capitole.

Pourtant, paradoxalement je suis personnellement favorable à l’interprétation très stricte du droit à la libre expression. Elle peut faire beaucoup de dégâts mais ils sont infiniment moindres que la glissade continue vers le musellement.

Attention, répétons-le, il s’agit de la parole et de l’écrit, pas de leur application en faits passables de poursuites (séquestrations, violences physiques, assassinat et tentative d’assassinat, harcèlement et ainsi de suite). Dans le cas de Donalde Trump nous sommes dans les discours, oraux et écrits, donc inateignables puisque disposant de la protection constitutionnelle.

Oui, la démocratie a ses risques. Si nous ne les assumons pas et ne contrôlons pas ses dérives, il vaut mieux choisir un régime autoritaire. Là, on est sûr de ne pas en avoir.

Le spectacle que donnent les États-Unis est déplorable mais c’est aux électeurs de prendre leurs responsabilités et d’y mettre fin, pas aux lois limitatives en ce sujet si fondamental.

L’Amérique a perdu ses repères, c’est à la politique de remettre sur flot le respect dans le discours public. Nous en sommes pour le moment assez loin.

Boumediene Sid Lakhdar

Mohammed Harbi : l’ultime appel d' »une vie debout »

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Mohammed Harbi

Le 5 octobre 2024, Mohammed Harbi, vétéran de la lutte pour l’indépendance et analyste incontournable de l’histoire algérienne, fait un geste qui résonne comme un testament spirituel. À 91 ans, il prend la décision de faire traduire Une vie debout, son livre phare, en langue tamazight par Aumer U Lamara.

Cet acte, dans sa symbolique, dépasse les mots pour rappeler le projet d’une Algérie que Harbi, aux côtés de figures comme Hocine Aït Ahmed, n’a jamais cessé de rêver : une nation libre, respectueuse de sa pluralité, bâtie sur les principes de justice et de solidarité. Mohammed Harbi, figure majeure de l’historiographie algérienne, livre ainsi un dernier appel pour une Algérie qui n’ignore plus ses racines profondes, mais les embrasse.

À l’heure où il se retire de la scène publique, cette traduction est un hommage vibrant à l’amazighité, une composante fondamentale de l’identité algérienne, longtemps marginalisée, mais essentielle à l’équilibre de la nation. Comme Aït Ahmed, il sait que la liberté politique et la dignité nationale ne peuvent éclore que dans une Algérie plurielle, qui reconnaît toutes ses voix et protège tous ses héritages.

1. La Mémoire d’un combat inachevé

Mohammed Harbi rappelle dans ses écrits la complexité et les épreuves de la lutte, où la quête de justice a été si souvent trahie par les jeux de pouvoir. Dans Le FLN, mirage et réalité, il révèle les dissensions et trahisons qui ont miné la cause. Par cette nouvelle publication, il renforce son engagement pour une Algérie authentique, où chaque citoyen trouve sa place dans un récit national fidèle aux réalités vécues.

Cette Algérie plurielle, qui a toujours inspiré les figures comme Aït Ahmed, ne peut se limiter à une unité de façade ; elle doit devenir une nation d’égaux. À travers cette traduction, Harbi lance un signal fort à l’élite politique et intellectuelle : l’Algérie, riche de ses langues et de ses cultures, ne peut prospérer en reniant sa propre diversité.

Son geste rappelle les luttes de la jeunesse de 2018, où des parents d’élèves à Jijel avaient exprimé des réticences quant à l’enseignement du tamazight. Cette résistance montre combien le chemin reste ardu. Pour Harbi, chaque refus de reconnaître l’amazighité dans le système éducatif, chaque tentative de division des cultures algériennes est un frein au véritable projet de liberté, d’égalité et de fraternité qui a nourri les espoirs de Novembre 54.

2. Une vision politique : bâtir une Algérie juste et inclusive

Comme Aït Ahmed, Mohammed Harbi place l’Algérie au cœur de sa réflexion politique, voyant dans la reconnaissance de l’amazighité une nécessité non seulement culturelle mais aussi politique et éthique. L’histoire algérienne, marquée par des luttes internes et des exclusions, ne pourra se réconcilier avec elle-même que par une réelle acceptation de toutes ses composantes.

En traduisant Une vie debout en tamazight, Harbi revendique une Algérie fidèle aux valeurs de la Résistance, une Algérie qui ne tolère plus l’injustice sous prétexte de préserver une unité factice. Ce projet, loin de tout régionalisme, rejoint celui d’une nation souveraine et solidaire, respectueuse des droits individuels et collectifs.

Mohammed Harbi affirme qu’aucun projet de société ne pourra aboutir tant que la question identitaire ne sera pas pleinement résolue. À l’image d’Aït Ahmed, Harbi voit dans la reconnaissance de la langue amazighe un impératif pour stabiliser le pays et enrayer les tendances autoritaires. Pour lui, les aspirations à l’équité et à l’égalité linguistique sont au cœur de la souveraineté nationale.

3. Le dernier appel : une Algérie réconciliée avec elle-même

Dans cette déclaration poignante, Mohammed Harbi appelle à la construction d’une Algérie qui ne s’érige pas sur des exclusions, mais sur des alliances. En prenant sa retraite, il fait de ce geste symbolique un acte de foi en la jeunesse algérienne, qui porte aujourd’hui le flambeau d’une Algérie libre et démocratique.

Tout comme Aït Ahmed, Harbi sait que le combat pour la justice est un processus long, et que chaque génération doit reprendre le flambeau pour défendre les idéaux fondateurs. Son appel est un dernier cri d’alerte : pour que l’Algérie avance, elle doit enfin honorer toutes ses mémoires et unir ses forces autour d’un même dessein national.

Il voit dans l’amazighité non pas une revendication marginale, mais l’épine dorsale d’une Algérie inclusive et souveraine. Ainsi, dans ce dernier acte, Mohammed Harbi redonne vie à un rêve pour lequel tant d’Algériens ont lutté : celui d’une Algérie où la liberté et l’égalité ne sont plus de vaines promesses, mais des réalités partagées. Comme l’a écrit Aït Ahmed, « l’Algérie vivra d’elle-même ou elle s’effondrera ».

En traduisant son œuvre en tamazight par Aumar U Lamara, Mohammed Harbi choisit de continuer le combat pour une Algérie debout, réconciliée et fidèle à son histoire profonde.

Bouzid Amirouche

L’Algérie ou la dérive totalitaire

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Tebboune
Tebboune s'écoute parler.

Le système a atteint sa vitesse de croisière totalitaire entraînant de fait l’effondrement démocratique. Il y a quelque chose d’insupportable à assister au démantèlement de tout ce qui fait un Etat de droit.

« Nous sommes dirigés par des ingénieurs de la terreur doublée d’une absence effarante des réalités nationales et internationales », analyse un professeur d’université d’Oran.

Il est vrai que la diarchie Tebboune-Chanegriha a débranché les ressorts de la démocratie. Plus aucune tête ne doit émerger hormis celles d’Abdelmadjid Tebboune et Saïd Chanegriha. Plus aucune activité ne doit être autorisée hormis celles du pouvoir et ses courtisans traditionnels qui ne se gênent nullement à  déifier les puissants du moment.

Des pans entiers de la haute administration ont renoncé à leur mission première qu’est de servir l’Etat ou le pays. Ils sont réduits à obéir au doigt et à l’œil du clan au pouvoir.

Le pouvoir hybride en place s’emploie depuis l’été 2019 à démanteler tous les conquis démocratiques d’octobre 1988. Donc, l’Algérie de Tebboune n’est pas celle des précédents chefs d’Etat. Elle est un pays régit par un système totalitaire. Elle ne peut raisonnablement être celle de Novembre ni de la Soummam. Pour cette raison et pour d’autres, on peut considérer qu’elle a trahi le message des fils de Novembre.

Depuis l’arrivée au pouvoir d’Abdelmadjid Tebboune en décembre 2019, l’Algérie a connu une intensification des pratiques autoritaires qui soulèvent des inquiétudes tant sur le plan national qu’international. Bien que Tebboune ait promis des réformes et un dialogue national, la réalité sur le terrain montre un insoutenable glissement vers une gouvernance répressive, marquée par la censure des médias et l’emprisonnement des opposants politiques.

Selon la politologue Dalia Ghanem-Yazbeck, dans ses travaux sur les mouvements sociaux en Algérie, le Hirak représente pourtant un tournant dans la lutte pour la démocratie. Cependant, la réponse du pouvoir, comme on le sait, a été une répression violente. Ghanem-Yazbeck note que les autorités ont déployé des tactiques de peur pour décourager la mobilisation, utilisant des arrestations massives pour intimider les manifestants et la fermeture de tous les possibles espaces d’expressionet de débat. Désormais toute respiration démocratique est combattue férocement en Algérie.

Un climat de peur et de répression

L’Algérie a longtemps été évoquée pour son approche envers les droits de l’homme, mais sous Tebboune, cette tendance semble s’être accentuée. Les manifestations du Hirak, qui ont débuté en février 2019 pour réclamer des réformes politiques et économiques, ont été un tournant. Le mouvement populaire a été largement réprimé, et les forces de sécurité ont utilisé la violence pour disperser les rassemblements pacifiques. Les manifestants, journalistes et militants ont été soumis à des arrestations arbitraires. La justice est devenue, à contremploi, l’instrument en majesté de l’arbitraire.

Un dirigisme au doigt mouillé

Abdelmadjid Tebboune (79 ans) a hérité de la présidence sans le moindre manuel de fonctionnement. Chaperonné par le défunt général-major Gaïd Salah, il répond à un agenda préalable. Fonctionnaire au long cours, il a le privilège de connaître les rouages administratif, mais par-là même ses défauts. Car il traîne un schéma de réflexion et des modes de fonctionnement surannés, peu ouverts sur le monde moderne. Tebboune vit dans les années 1970 et se voit en Houari Boumediene, avec le passé en moins.

En « bon soldat », il s’est entouré d’un nouveau clan tout en envoyant les ennemis d’hier en prison et en éliminant politiquement tous les adversaires potentiels. Chez Abdelmadjid Tebboune, il y a loin du discours à la pratique. Le pouvoir versus Tebboune-Chanegriha (79 ans à la tête de l’armée) parle de liberté tout en multipliant les interdictions de l’expression politique, en emprisonnant sous de fallacieuses accusations les forces vives du pays.  Voire en criminalisant toute opinion politique qui n’est pas celle du système en place. Il parle de Novembre tout en censurant ceux qui parlent de la Révolution et en interdisant aux historiens l’accès aux archives du FLN toujours sous scellés en Algérie.

Le deuxième mandat obtenu avec le scandale que l’on sait n’apporte aucun changement notable par rapport au premier : paralysie économique, instrumentalisation des référents religieux et historique, déni total des réalités, isolement régional et international… la liste des errements inconséquents qui coûtent cher au pays et pourraient lui en valoir plus dans un avenir proche ne semble pas émouvoir en haut lieu. 

A moins d’une semaine de la célébration du 70e anniversaire du déclenchement de la révolution, les prisons algériennes sont remplies de citoyens innocents embastillés pour leurs opinions. A l’extérieur, l’Algérie est devenue une prison à ciel ouvert. Et l’espoir de changement profond dans la direction du pays, porté par le Hirak, est pour le moment compromis.

L’Algérie est donc plongée dans une dynamique autoritaire, où la répression de la liberté d’expression, la censure médiatique et l’emprisonnement des opposants sont devenues des pratiques courantes. Naturelles, voire légitimes pour le régime en place et ses soutiens.

Les travaux de chercheurs tels que Ghanem-Yazbeck, Benchemsi, Abidi et Barylo, ainsi que les rapports d’ONG comme Amnesty International, Riposte Internationale et Human Rights Watch, offrent un éclairage pourtant essentiel sur cette réalité préoccupante. L’absence de sortie de crise sérieuse, de perspective de renouveau n’est pas faite pour rassurer.

Pour que l’Algérie puisse envisager un avenir démocratique, il est crucial que le pourvoir respecte les droits de ses citoyens et mette fin à la répression systématique. Il est vital pour le pays que la démocratie et donc l’Etat de droit, tout l’Etat de droit soit rétabli. Les aspirations du peuple algérien à la liberté et à la justice restent l’unique source d’espoir d’avenir pour le pays. Si tant est que ceux qui sont aux affaires ont le souci premier de l’Algérie.

Yacine K.

Mohammed Harbi annonce la traduction de « Une vie debout », en langue tamaziɣt

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Couverture de Mohammed Harbi

Mohammed Harbi nous a fait parvenir cette déclaration, à l’occasion de la publication par les Editions Koukou de son témoignage, « Une vie debout », traduit en langue tamaziɣt par Aumer U Lamara, sous le titre « Tudert deg iseɣ ».

 « A l’heure où à 91 ans je prends ma retraite politique j’ai en mémoire toutes les souffrances et les luttes civiles qu’a connues le peuple algérien (mouvement plébéien à Nedroma, Skikda, Dechmya, autant d’interpellations avant le 1er novembre 1954).

Souvenons-nous de tous ces événements. Épargnons le sang de notre peuple. Œuvrons tous ensemble pour construire une nation de citoyens et vivre en paix avec nos voisins.

 Mes opinions sur la question des langues en Algérie sont clairement expliquées dans mes ouvrages et mes positions publiques.  Depuis l’opposition ouverte de parents d’élèves de Jijel, en septembre 2018, de dispenser des cours en langue berbère (amazighe) à leurs enfants  cette question m’obsède. La langue berbère (amazighe) a traversé des siècles. Il est vain d’empêcher son cheminement aux côtés de l’arabe et du français. L’épanouissement de la nation algérienne est à ce prix.  Les fondements de la société algérienne demeureront inachevés tant que cette question n’est pas résolue. Maintenant que ces manifestations ont touché les enfants la solution urge. Il ne faut pas attendre ».

Mohammed Harbi

Paris, 05 octobre 2024.

Alɣu n  Mohammed Harbi

Alɣu n Mohammed Harbi ilmend n tuffɣa sɣur Tiẓrigin Koukou/Editions Koukou, n tanagit-is i yuran di tazwara s tefransit, « Une vie debout », tin i yessuqlen ɣer tmaziɣt,  s uzwel « Tudert deg iseɣ ».

« Di tizi n wass-a deg semdeɣ 91 iseggasen di laâmer-iw, nek jebdeɣ-d iman-iw seg unnar n tsertit, maca ur illi wayen i ttuɣ si twaɣyin akk i yewten aɣref azzayri di yal amennuɣ ɣef izerfan-is (tanekra n iẓawaliyen di Nedroma, Skikda, Dechmiya ; d tid-nni akk i yellan ttenfufudent send amenzu n nunamber 1954).

Ur issefk ad nettu ayen izrin fell-aɣ, ur issefk ad mmiren ugar yidammen n uɣref-nneɣ. Issefk ad neddukel akken ad nebnu aɣlan n iɣarimen i tudert n talwit akked lehna gar-aneɣ akked timura yellan ɣer yidisan-nneɣ.

Tamuɣli-w nek ɣef temsalt n tutlayin di tmurt n Lezzayer sfehmeɣ-tt-id yakan deg yedlisen i yuriɣ, akk di yal awal i nniɣ, iffeɣ ur iffir. Seg-wasmi sliɣ llan imawlan di temnaṭ n Jijel, di ctamber 2018, ugin-asen i warraw-nsen ad lemden tutlayt tamaziɣt, tamsalt-nni teqqim deg wadmeɣ-iw, tezdeɣ-iyi.

Tutlayt tamaziɣt tekka-d si leqrun imezwura, tedder ur temmut. Ur izmir yiwen ad as-irgel abrid-is ideg ara teddu, ad tennerni ugar ɣer yidis n taârabt akked tefransit. D win kan i d abrid n tgemmi n waɣlan azzayri.

Aris n timetti tazzayrit ur ittaɣ afud ma yella ur tefri temsalt-a. Ass-a, mi d-wḍen wuguren ɣer yinelmaden n uɣerbaz, issefk ad tefru temsalt. Ur telli tganit ugar, ur telli tuzzya n wawal di tikerkas ».

Mohammed Harbi

Paris, 05 di tuber 2024.

La Défense civile renonce à secourir les victimes au nord de Gaza

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Ambulance à Gaza

Trop dangereux. La Défense civile de la bande de Gaza a annoncé jeudi ne plus être en mesure de poursuivre ses activités de secours dans le nord du territoire palestinien en raison des « menaces » israéliennes pesant sur ses équipes.

Impitoyable. Sans état d’âme, l’armée israélienne continue de raser ce qui reste de la bande de Gaza faisant des dizaines de victimes chaque jour. L’inhumanité a largement atteint les abysses. Tous les cris desespérés des femmes et enfants de cette enclave palestinienne sont restées inaudibles. Et les oreilles d’Israël insensibles. Renversant pour ce peuple qui a connu l’innommable.

Depuis le 6 octobre, l’armée israélienne a lancé une nouvelle offensive dans le nord de la bande de Gaza, notamment autour de Jabalia, affirmant viser les combattants du Hamas qui s’y regroupaient.

« Nous regrettons de ne plus pouvoir fournir de services humanitaires aux citoyens du nord de la bande de Gaza en raison des menaces des forces d’occupation israéliennes de tuer et bombarder nos équipes si elles restent à l’intérieur du camp (de réfugiés) de Jabalia », a expliqué à l’AFP Mahmoud Bassal, porte-parole du service de premier secours.

Des secouristes « ont été pris pour cible », plusieurs sont blessés et d’autres laissés pour morts « sur les routes », a-t-il affirmé.

M. Bassal a aussi publié sur les réseaux sociaux la photo d’un véhicule entièrement brûlé, expliquant qu’il s’agissait du « seul véhicule de la Défense civile dans le gouvernorat du Nord de la bande de Gaza » et qu’il avait été « pris pour cible par l’armée israélienne » à Beit Lahia, située au nord de Jabalia et près de la frontière avec Israël.

L’armée israélienne a déclaré jeudi poursuivre ses opérations dans le secteur de Jabalia et y avoir « éliminé des dizaines de terroristes ».

Le mouvement islamiste palestinien publie régulièrement des communiqués affirmant qu’il combat l’armée israélienne dans les environs.

Depuis près de trois semaines, le nord de la bande de Gaza est le théâtre d’importants combats et bombardements. L’armée a d’abord encerclé Jabalia et appelé la population à évacuer vers le sud, mettant en place des points de passage pour contrôler les habitants. L’opération a été ensuite élargie sur une zone qui comprend la ville de Beit Lahia et ses environs.

« Dangereux » 

Mais de nombreux Gazaouis ont expliqué à l’AFP ne pas pouvoir quitter les zones de combats, comme Ragheb Hamouda, un père de famille de 30 ans qui affirme que « chaque centimètre carré de la bande de Gaza est dangereux ».

Il raconte que l’école dans laquelle il s’était réfugié avec son épouse et ses trois jeunes enfants abritait « des milliers de personnes » mais a été démolie par l’armée. Il est arrivé dans la ville de Gaza jeudi matin, après des heures d’errance, parfois « sous les tirs ».

Le 20 octobre, le porte-parole de l’armée arabophone, Avichay Adraee, a écrit sur X que les habitants continuaient à quitter la zone de Jabalia et que 5.000 personnes étaient déjà sorties.

Il resterait des centaines de milliers de personnes dans le nord de la bande de Gaza: 400.000 selon l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) et 250.000 pour le Cogat – l’organe militaire israélien chargé de superviser les affaires civiles dans les Territoires palestiniens occupés.

Au moins 400 personnes ont été tuées, selon un bilan du 19 octobre de la Défense civile.

Malgré l’annonce des autorités israéliennes qu’elles allaient faciliter le passage de l’aide humanitaire, des ONG et des habitants disent ne pas voir de changement immédiat sur le terrain où la situation humanitaire reste dramatique.

La rédaction/AFP

Le bâton de Moïse : quand force et illusion gouvernent le monde

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Soldats

Dans le tumulte géopolitique du Moyen-Orient et du Proche-Orient, la métaphore du « bâton de Moïse » et de la « carotte du Pharaon » illustre de manière frappante les dynamiques de pouvoir en jeu. Cette dualité, entre coercition et manipulation, façonne une réalité où la vérité est souvent sacrifiée au profit d’intérêts stratégiques.

Le « bâton de Moïse » symbolise la force brute, utilisée par les puissances régionales et internationales pour imposer leur volonté. Dans des conflits tels que celui d’Israël-Palestine, la répression militaire et les interventions extérieures témoignent d’un recours à la violence pour maintenir ou changer l’ordre établi. Les frappes militaires, les blocus et les guerres par procuration sont autant de manifestations d’une stratégie où le pouvoir est exercé par la force.

Cette approche se retrouve également dans la guerre civile syrienne, où des interventions militaires se mêlent à des tactiques de contrôle territorial. La violence devient un moyen d’intimidation et de soumission, plongeant les populations civiles dans un cycle de souffrance et d’angoisse.

La manipulation subtile

À l’opposé, la « carotte du Pharaon » représente les promesses et les incitations. Les puissances en quête d’influence utilisent des aides économiques, des concessions diplomatiques et des promesses de paix pour gagner le soutien ou la neutralité des États. Les accords d’Abraham, par exemple, illustrent comment les États-Unis ont utilisé des bénéfices économiques pour normaliser les relations entre Israël et plusieurs pays arabes.

Cependant, cette approche n’est pas exempte de cynisme. Les promesses de coopération sont souvent suivies de conditions inacceptables ou d’objectifs cachés. La carotte devient ainsi un instrument de manipulation, masquant des intentions qui peuvent être tout aussi nuisibles que la force brute.

La guerre médiatique

Dans ce contexte, la désinformation et la propagande jouent un rôle central. Le contrôle de l’information devient une arme de choix, où chaque camp tente de façonner le récit pour justifier ses actions. Les récits biaisés alimentent la confusion, rendant la vérité difficile à saisir et manipulant l’opinion publique. Des événements tragiques sont souvent déformés pour servir des narratifs qui légitiment la violence ou la répression.

Les réseaux sociaux exacerbent cette dynamique, permettant la diffusion rapide d’informations non vérifiées, amplifiant les voix de ceux qui cherchent à tromper ou à diviser. La manipulation des faits devient une stratégie délibérée pour influencer les perceptions et contrôler les discours.

Vers un avenir incertain

La danse entre le bâton et la carotte, entre force et illusion, met en lumière la complexité des conflits au Moyen-Orient. La vérité est souvent sacrifiée sur l’autel des ambitions géopolitiques, créant un environnement où la paix semble hors de portée. Les populations, piégées entre la violence et la manipulation, subissent les conséquences de stratégies cyniques.

Dans ce théâtre de pouvoir, le défi reste de trouver une issue qui ne repose ni sur la coercition ni sur la tromperie, mais sur un engagement authentique en faveur de la paix et de la justice. La question demeure : jusqu’à quand le bâton de Moïse et la carotte du Pharaon continueront-ils à gouverner le monde ?

L’illusion de la paix durable

Dans ce jeu complexe entre le bâton et la carotte, l’illusion d’une paix durable est souvent mise en avant par les acteurs majeurs de la région. Les discussions autour de la paix semblent fréquentes, mais elles sont souvent marquées par un manque de sincérité. Les accords de paix, bien qu’enrobés de promesses de prospérité et de coopération, cachent souvent des compromis inégaux qui laissent les populations locales insatisfaites et méfiantes.

Par exemple, les résolutions des conflits tels que celui israélo-palestinien sont régulièrement évoquées dans les forums internationaux, mais sans action significative. La communauté internationale, tout en affichant son désir d’une solution pacifique, continue d’ignorer les véritables enjeux des droits humains, des inégalités économiques et des injustices historiques. Ce décalage entre discours et réalité contribue à renforcer le cynisme des populations face à leurs dirigeants et à la communauté internationale.

Une diplomatie à double facette

La diplomatie dans ce contexte est souvent à double facette. D’une part, elle s’efforce d’apaiser les tensions par des pourparlers et des accords. D’autre part, elle est marquée par des actions contradictoires, où les pays imposent des sanctions ou soutiennent des régimes oppressifs en même temps qu’ils prêchent des valeurs de démocratie et de droits de l’homme.

L’Arabie saoudite, par exemple, se présente comme un champion de la cause palestinienne tout en maintenant des relations étroites avec Israël. Cela soulève des questions sur l’authenticité de ses motivations et met en lumière les complexités des alliances régionales. Les acteurs régionaux jonglent entre opportunisme et stratégie, souvent au détriment des populations dont ils prétendent défendre les intérêts.

Un appel à la réflexion

La métaphore du bâton de Moïse et de la carotte du Pharaon n’est pas seulement une critique des dynamiques de pouvoir ; elle appelle également à une réflexion plus profonde sur la nature même des relations internationales. La puissance peut-elle être exercée sans coercition ? Les incitations peuvent-elles mener à une coopération, ou sont-elles inévitablement véritablement liées à la manipulation ?

Les révolutions dites arabes de 2011 ont démontré que les populations sont prêtes à se soulever contre la répression, malgré les risques. Les voix qui réclament la justice et la vérité dans le paysage tumultueux du Moyen-Orient ne doivent pas être ignorées. Les mouvements populaires, bien qu’entravés par des forces puissantes, continuent de rappeler aux dirigeants que le véritable changement ne peut prouver que d’un engagement sincère en faveur des droits humains et de la dignité.

Vers un nouveau paradigme ?

Alors que le monde continue de naviguer dans les eaux troubles de la géopolitique, la métaphore du bâton de Moïse et de la carotte du Pharaon demeure d’actualité. La force et l’illusion façonnent les relations internationales, mais un changement est peut-être possible.

Pour que la paix ne soit pas seulement une promesse vide, il faudra dépasser les stratégies cyniques du passé et construire un avenir basé sur la transparence, la justice et la coopération authentique. Les acteurs internationaux doivent apprendre que la véritable sécurité ne peut être atteinte par la seule force, mais par un engagement sincère envers la paix et le respect des droits de chaque individu.

La route est semée d’embûches, mais peut-être que le dialogue et la compréhension mutuelle peuvent devenir les nouveaux outils pour bâtir une paix durable dans cette région tourmentée. La question cruciale reste : sommes-nous prêts à abandonner le bâton et à faire confiance à la carotte, non pas comme un outil de manipulation, mais comme un véritable levier de changement ?

« La véritable paix ne se construit pas sur la force ni sur l’illusion, mais sur la reconnaissance des droits de chacun et l’engagement à bâtir un avenir où la dignité humaine est au cœur de chaque action. »

Cette citation souligne l’importance d’un changement de paradigme, passant d’une approche fondée sur la coercition et la manipulation à une véritable quête de justice et de respect des droits humains, qui sont essentiels pour établir une paix durable.

Dr A. Boumezrag

Quand les chiffres chantent, les ventres déchantent !

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Bidonville
Crédit : Zinedine Zebar.

L’Algérie est un pays béni de ressources naturelles, notamment en pétrole et en gaz, qui lui procurent d’importantes recettes en devises. Toutefois, un paradoxe persiste : malgré des indicateurs économiques prometteurs, une large partie de la population continue de vivre dans la précarité.

Ce contraste, entre richesse nationale et pauvreté individuelle, est au cœur d’une profonde réflexion sur la gestion des ressources, les politiques publiques et la nécessité d’un modèle de développement plus inclusif.

Une illusion de prospérité

Historiquement, l’Algérie a toujours été un acteur clé dans le secteur des hydrocarbures. Depuis la nationalisation de ses ressources en 1971 sous le président Houari Boumédiène, le pays s’est appuyé sur ses exportations de pétrole et de gaz pour financer son développement. À certaines périodes, notamment dans les années 2000, les recettes pétrolières ont permis de financer des projets d’infrastructures massifs, réduisant temporairement le taux de chômage et gonflant les réserves de change du pays.

Les gouvernements successifs ont souvent vanté ces chiffres impressionnants : taux de croissance positif, réserves de change dépassant les 100 milliards de dollars en 2013, et un poids économique croissant en Afrique du Nord. Des chiffres flatteurs, oui, mais qui cachent un malaise structurel. Comme l’explique l’économiste Joseph Stiglitz, « la croissance économique, lorsqu’elle ne s’accompagne pas de redistribution équitable des richesses, n’est qu’une illusion d’inclusion » (Stiglitz, The Price of Inequality). Cette critique trouve écho en Algérie, où les indicateurs macroéconomiques ne reflètent pas la dure réalité du quotidien.

Une réalité amère

En dépit de ces chiffres encourageants, les Algériens souffrent d’une situation économique précaire. Depuis la chute des prix du pétrole en 2014, l’Algérie fait face à une grave crise budgétaire. La forte dépendance aux hydrocarbures (qui représentent environ 95 % des exportations et 60 % du budget de l’État) a laissé l’économie vulnérable aux fluctuations des marchés mondiaux. Comme le soulignait Milton Friedman, « Une société qui met l’égalité devant la liberté n’obtiendra ni l’une ni l’autre. » En Algérie, cette quête de « croissance » sans diversification de l’économie a en effet compromis la liberté économique et l’égalité sociale.

Les pénuries alimentaires et la montée en flèche des prix de certains produits essentiels ont exacerbé la frustration. En 2022, le prix de la semoule, un aliment de base, a augmenté de 30 %, tandis que les pénuries de lait et de pain se multipliaient. Le chômage des jeunes dépasse les 30 % dans certaines régions, particulièrement en Kabylie et dans le Sud. Cette situation alimente le désenchantement. Le décalage entre l’image officielle d’une économie en plein essor et les difficultés réelles vécues par les citoyens rend tangible ce paradoxe : « les chiffres chantent, mais les ventres déchantent ».

Une gestion des ressources à repenser

Pour sortir de ce cycle de dépendance et de précarité, l’Algérie doit impérativement revoir la gestion de ses ressources. L’un des plus grands défis auxquels fait face le pays est sa dépendance au secteur pétrolier. L’économiste Thomas Piketty, auteur de Le Capital au XXIe siècle, met en garde contre l’accumulation de richesses entre les mains d’une minorité, ce qui conduit à la stagnation des conditions de vie pour la majorité. En Algérie, cette « économie rentière » n’a pas réussi à créer une véritable dynamique de développement inclusif.

Le pétrole, bien que générateur de revenus, est une ressource épuisable et volatile. Comme l’a souligné John Maynard Keynes : « L’instabilité de l’économie mondiale signifie que la politique nationale doit privilégier la diversification des sources de revenus. » Cela est particulièrement vrai pour l’Algérie, où l’urgence est d’investir dans des secteurs tels que l’agriculture, l’industrie manufacturière et les technologies vertes, afin de créer une économie plus résiliente.

La nécessité d’un nouveau modèle économique

Le salut économique de l’Algérie réside dans la diversification. Le pays possède un potentiel agricole énorme, notamment dans les Hauts Plateaux et le Sahara. Pourtant, le secteur reste sous-développé, rendant le pays dépendant des importations alimentaires. Avec des investissements adéquats, l’agriculture pourrait devenir un moteur de croissance économique durable, créant des emplois et garantissant la sécurité alimentaire.

L’industrie de la transformation est une autre piste à explorer. Plutôt que d’exporter des matières premières brutes, l’Algérie pourrait développer des industries locales capables de transformer ses ressources et ajouter de la valeur. En s’inspirant des théories du développement industriel de Friedrich List, l’Algérie pourrait adopter une politique de protectionnisme intelligent pour favoriser ses industries naissantes.

Un modèle de gouvernance à réinventer

Cependant, aucune transformation économique ne pourra être durable sans une réforme en profondeur de la gouvernance. Le secteur public algérien est souvent critiqué pour son manque de transparence et la corruption endémique. Comme l’a observé Amartya Sen, la bonne gouvernance est essentielle pour « transformer la croissance économique en développement humain ». Pour que la richesse nationale bénéficie à tous, il est impératif d’instaurer une gestion plus transparente des ressources et de renforcer les institutions démocratiques.

Un appel à l’action collective

L’Algérie se trouve aujourd’hui à un carrefour historique. Les citoyens doivent jouer un rôle central dans ce processus de changement. Comme le disait Albert Einstein, « le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire ». La société civile algérienne, dynamique et engagée, doit se mobiliser pour exiger des réformes structurelles et garantir que la richesse générée par le pays profite réellement à la population.

Un chant à recomposer

« Algérie : Quand les Chiffres Chantent et les Ventres Déchantent » met en lumière un paradoxe persistant : une prospérité affichée mais inégalement partagée. Pour que l’Algérie puisse transformer ses promesses économiques en réalités tangibles, il est nécessaire d’opérer un changement radical. La diversification économique, la réforme des institutions et l’engagement citoyen sont des étapes cruciales pour réconcilier ces chiffres flatteurs avec la réalité quotidienne des Algériens.

En conclusion, il est temps que l’Algérie tourne la page de l’illusion économique et entame une véritable transformation qui améliorera la vie de chaque citoyen. Comme le disait si bien Adam Smith, « la richesse d’une nation se mesure au bien-être de ses citoyens ». Il est temps que l’Algérie, forte de ses ressources naturelles et de son potentiel humain, commence à chanter une mélodie harmonieuse, où chiffres et ventres vibrent enfin à l’unisson.

« Les chiffres peuvent chanter la prospérité, mais c’est dans le panier de la ménagère que se mesure la véritable santé d’une nation. »

Dr A. Boumezrag

Anna Gréki ou l’amour avec la rage au cœur

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Anna Greki

Anna Gréki, née Colette Grégoire, a marqué l’histoire par son engagement politique et poétique au service de l’indépendance de l’Algérie. Militante communiste et poétesse d’une grande intensité, son œuvre transcende les épreuves individuelles pour porter un message de résistance collective et d’amour profond pour son pays.

À travers ses vers, elle exprime à la fois la douleur et l’espoir, l’amour et la colère, la poésie devenant une arme dans la lutte pour la liberté. Cet hommage propose une analyse critique de son œuvre en s’appuyant sur certains de ses poèmes emblématiques.

1. Une voix poétique et révolutionnaire

« Nous te ferons un monde humain », extrait de Pour un monde humain Anna Gréki est une poétesse dont la plume respire l’engagement politique.

Dans Pour un monde humain, Anna Gréki affirme sa foi en la possibilité de bâtir un avenir plus juste, plus humain. Le poème, tout comme son engagement, transcende les souffrances du moment pour affirmer une vision d’espoir et de transformation sociale. Pour Gréki, la poésie est un outil de résistance, mais aussi un moyen de se projeter dans un avenir où la fraternité et l’humanité triompheraient. Ses mots, porteurs de promesses, sont profondément ancrés dans la réalité de la guerre de libération. Ils sont vibrants de l’énergie révolutionnaire qui a animé la jeunesse algérienne, transformant la poésie en un acte politique.

Ce « monde humain », Gréki le dessine avec des mots puissants, capables d’apaiser les douleurs et d’ouvrir des horizons de liberté.

2. Une mémoire à bâtir, une poétesse à honorer

« Nos morts qui l’ont rêvée se comptent par milliers », extrait de Juillet 1962 – El Houria L’Algérie moderne, riche de son histoire et de ses luttes, doit rendre hommage à des figures comme Anna Gréki.

Dans son poème Juillet 1962 – El Houria, elle évoque ces « morts » qui ont rêvé de la liberté, ces milliers de martyrs qui ont sacrifié leur vie pour l’indépendance. Leur rêve est devenu réalité, mais à travers ses vers, Gréki rappelle la responsabilité de ceux qui restent : « toi qui as exigé l’extrême du possible », tu devras aller plus loin encore. Elle exhorte son pays à ne jamais oublier les sacrifices consentis et à toujours tendre vers un idéal de justice et d’humanité.

À Batna, sa ville natale, et ailleurs en Algérie, la mémoire d’Anna Gréki devrait être honorée pour ce qu’elle représente : une poétesse engagée, une militante sans compromis. Bâtir une mémoire collective autour de figures comme Gréki est essentiel pour forger un avenir éclairé par les leçons du passé.

3. Le poids de l’amour et de la tragédie

« Un seul aurait suffi pour que je me rappelle / Le tracé des chemins qui mènent au bonheur », extrait de Juillet 1962 – El Houria L’œuvre d’Anna Gréki est marquée par une dualité entre l’amour et la rage, entre le bonheur espéré et la tragédie vécue.

Dans Juillet 1962 – El Houria, elle évoque la profondeur de la perte et du sacrifice, tout en montrant que ces douleurs, loin de briser les individus, tracent des chemins vers le bonheur collectif. C’est dans l’amour du pays, de la liberté et des siens qu’elle puise la force de continuer à rêver et à lutter.

La perte de son compagnon, Ahmed Inal, assassiné par l’armée française, traverse son œuvre, conférant à ses poèmes une intensité particulière. Cet amour brisé, loin de la dévaster, devient une force motrice qui alimente sa poésie et son engagement. Anna Gréki transforme la tragédie en beauté, la douleur en une voix poétique puissante, capable de transcender l’intime pour toucher à l’universel.

4. Entre résistance et modernité : l’héritage de Gréki

« Toi qui as exigé l’extrême du possible / Tu iras par la force au-delà de toi-même », extrait de Juillet 1962 – El Houria L’œuvre de Gréki ne se limite pas à la célébration des victoires passées ; elle interroge aussi l’avenir de l’Algérie. Dans cet extrait, elle parle de l’exigence, du sacrifice, et de l’effort constant nécessaire pour dépasser les limites imposées par la guerre et le colonialisme. Ce dépassement est une forme de résistance à la stagnation, une invitation à toujours aller plus loin dans la construction d’un avenir basé sur la justice et l’émancipation.

Dans ce sens, Gréki pose une réflexion moderne, anticipant les défis de l’après-indépendance. Elle refuse de se reposer sur les lauriers de la victoire. La liberté est une conquête permanente, un combat sans fin, où la vigilance et l’effort doivent toujours être renouvelés. Son héritage littéraire et politique est un appel à la génération suivante à ne jamais abandonner cette quête de justice.

5. L’importance de la mémoire collective

« Leurs bouches apaisées à notre bonne foi / Parleront de torrents plus violents que leurs voix », extrait de Pour un monde humain Le poème Pour un monde humain évoque la nécessité d’une mémoire collective, où la reconnaissance des luttes passées pave la voie à une société plus juste. Gréki savait que la victoire des armes devait être accompagnée d’une victoire morale et intellectuelle.

Dans ce passage, elle évoque la puissance des mots, qui deviennent « torrents » capables de façonner le futur. Les poèmes, les mémoires, les récits du passé sont autant de forces vives qui peuvent guider l’avenir. Construire la mémoire est un acte fondamental pour la survie d’une nation, et Anna Gréki a joué un rôle majeur dans cette entreprise. En poétisant la résistance, elle a permis de faire des luttes passées une source d’inspiration pour les générations futures.

Ses mots continuent de résonner aujourd’hui, porteurs d’une vision où la liberté, la solidarité et l’espoir sont les piliers d’une société plus humaine.

Anna Gréki, poétesse de la résistance et de l’amour, mérite de retrouver toute la place qui lui revient dans la mémoire collective algérienne. Ses poèmes, traversés par la rage du combat et la douceur de l’espoir, continuent d’éclairer notre réflexion sur la liberté, la justice, et l’engagement.

Ce récit critique est un hommage à son œuvre et à sa vision, qui reste plus que jamais d’actualité dans la quête d’un monde plus humain.

Bouzid Amirouche

Anna Greki ou l’amour avec la rage du cœur, de Lazhari Labter, chez Koukou Editions.

Une Libanaise témoigne : « C’est l’horreur tous les jours »

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Une Libanaise jointe par téléphone témoigne de l’horreur de la guerre que subissent les civils. Plus aucune partie du Liban n’est en sécurité, nous raconte Rym. 

« Je réside dans la ville de Saïda au sud du Liban. D’ici on entend les bombardements israéliens. La situation est angoissante. Nous ne sortons plus que pour faire les courses. A Beyrouth, les gens ne dorment plus. Les bombardements sont terribles et effrayants.

Dès le premier jour de la guerre, il y a eu 500 morts, la plupart sont des habitants surpris par les bombardements chez eux. Israël a commencé à bombarder les habitations pour terroriser la population et la pousser à fuir.

Dans les fiefs du Hezbollah, les villes et villages à majorité chiite, les bombardements israéliens sont particulièrement intenses. Nous assistons aussi à des frappes ciblées partout en dehors des fiefs du Hezbollah. Dans la banlieue sud de Beyrouth ainsi que dans la Bekaa et au sud la situation est désastreuse. Dans le sud, il y a des villages entièrement rasés de la carte.

Les habitants vivent dans la crainte permanente, car l’armée israélienne émet des ordres d’évacuation quotidiens de quartiers sur les réseaux sociaux. Pour autant, l’armée israélienne bombarde parfois des immeubles d’habitations de civils sans ordre d’évacuation préalable.  

Souvent les ordres arrivent 2 à 5 minutes seulement avec les bombardements. Ce qui ne laisse pas du tout le temps aux civils de quitter les lieux. Ils se précipitent à l’extérieur sans pouvoir prendre même pas le nécessaire.

Toutefois, si elle décide de viser un membre du Hamas ou du Hezbollah, voire du Fatah, elle détruit tout l’immeuble et tue donc des civils qui n’ont rien à voir avec les mouvements de résistance.

C’est ce qui est arrivé pas loin de chez moi. L’armée israélienne a visé un membre du Hezbollah dans un immeuble et a tué 70 civils avec la cible, des personnes de religions différentes, dont des chrétiens.

Pour le moment il n’y a pas de pénuries, dans les territoires épargnés par les bombardements. Mais jusqu’à quand ?

Les réfugiés de la guerre sont logés dans des lycées pour ceux qui n’ont pas les moyens. Ceux qui en ont louent dans les régions plus sûres. Cela dit, il n’y a plus d’endroits vraiment sûrs au Liban.

De ce que je connais, il n’est pas vrai qu’il y a des dépôts d’armes dans les immeubles. On sent la volonté des Israéliens de détruire des immeubles civils pour punir les personnes qui soutiennent le Hezbollah.

En vrai, Israël ne fait plus de distinction. Son objectif c’est de détruire le Hezbollah mais avec le Liban. Dans le sud de la Palestine occupée, il y a un village habité par des chrétiens. L’armée israélienne a décidé son évacuation alors que ses habitants ne soutiennent pas du tout le Hezbollah. La dernière frappe dans une zone chrétienne au nord du pays a visé un immeuble de réfugiés du sud Liban. Ils veulent faire mal même aux communautés qui accueillent les réfugiés.

Ma grande famille qui habitait le sud Liban a dû se réfugier au nord du Liban pour tenter d’échapper aux bombardements israéliens. Il y a 4 millions d’habitants dans le pays. Un million a dû se déplacer, fuir. Ils sont partis sans rien, paniqués dans la peur de mourir sous les bombes.

Dans ma ville natale, Nabatiyeh, même le vieux souk traditionnel a été complètement détruit. L’armée israélienne sait ce qu’elle fait. Si un jour les populations voulaient revenir dans leurs villes et villages d’origine, ils ne trouveront rien. En plus des habitations démolies, le tissu économique local est complètement déstructuré. C’est une situation difficile à décrire, les Libanais sont à bout, nous sommes abandonnés aux mains de l’armée israélienne.

Ceux qui soutiennent le Hezbollah continuent à le faire, pour eux il symbolise la résistance. Ses opposants, même dans la communauté chiite, estime qu’il a perdu sa légitimité parce qu’il exécute l’agenda de l’Iran. Il n’agit pas selon ses intérêts et ceux du Liban. Certains lui reprochent d’être entré en conflit avec Israël après la guerre à Gaza sans prendre en compte que le Liban est déjà dans une crise économique.

Manifestement, le Hezbollah ne s’attendait pas à ce qu’Israël se lance dans une guerre globale sur tous les fronts. Il a manqué de discernement. Et surtout il n’a pas compris qu’Israël a retenu les leçons de la guerre de 2006. A contrario du Hezbollah qui est resté sur ses méthodes.

Ici, nous n’attendons plus que la fin de la présidentielle américaine qui pourrait peut-être mettre fin à la guerre, sinon c’est la fin du Liban après l’écrasement de Gaza».

Propos recueillis par Hamid Arab

Condamnation de Cherif Mellal : en quête de vérité

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Cherif Mellal

Me Fetta Sadat, avocate de Cherif Mellal, témoigne du procès et donne ses impressions dans ce post sur l’arbitraire qui vise l’ancien président de la JSK.

Une peine de 04 ans de prison ferme vient d être infligée à Cherif Mellal par le pôle pénal économique et financier sis au tribunal de Sidi M’hamed (cour d’Alger).

S’en est suivie une formidable onde de choc.

En effet, lors du procès tenu en date du 09 octobre 2024 et empreint d’une totale sérénité,Cherif Mellal n’a eu de cesse de clamer son innocence avec vigueur , conviction et obstination.

La défense plaida la relaxe ayant démontré avec force arguments de fait et de droit l’inanité des faits reprochés à leur mandant, et mis par ailleurs en exergue les multiples irrégularités de forme qui entachent la procédure judiciaire diligentée à son encontre et dont la sanction se devait d’être la nullité pure et simple. Un appel sera introduit contre ce jugement.

Pour rappel, Cherif Mellal est en détention depuis le 19 janvier 2023.

Mais, il n’aura de cesse de mener avec persévérance, ténacité et courage le combat pour la vérité, un combat qui est aussi celui de la justice et de la consécration de la force de la loi.

Le lourd combat pour la construction d’un Etat de droit dont le socle reste une justice libre et indépendante…

Me Fetta Sadat

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