Les adolescents algériens arrivés clandestinement à Ibiza
En cherchant à contourner les mécanismes légaux de protection de l’enfance, l’exécutif baléare s’expose aux critiques d’une partie de la société civile *, qui y voit une atteinte au principe fondamental de l’intérêt supérieur de l’enfant.
Les Îles Baléares font face à une polémique grandissante sur la gestion des mineurs algériens non accompagnés (MENA). Le gouvernement régional, dirigé par le Parti populaire (PP), réclame le rapatriement collectif de près de 300 enfants, une mesure jugée illégale par les organisations humanitaires et contraire à la jurisprudence de la Cour suprême espagnole.
À l’origine de cette controverse figure un cas isolé : la procédure de retour de sept adolescents algériens arrivés à Ibiza en septembre, demandée par leurs parents via les autorités algériennes. Ce dossier exceptionnel, encadré par le parquet espagnol, est désormais utilisé par l’exécutif baléare pour justifier une expulsion massive. Une assimilation dénoncée par le ministère espagnol de la Jeunesse et de l’Enfance, qui y voit une tentative de « semer la confusion » entre des situations distinctes : l’exercice de l’autorité parentale pour les sept mineurs concernés et la tutelle publique pour les 298 autres enfants en situation d’abandon.
Les associations de défense des droits des enfants (CEAR, Plateforme de l’Enfance, APDHA) rappellent que tout rapatriement doit respecter l’intérêt supérieur du mineur et faire l’objet d’une évaluation individuelle. Une expulsion collective serait non seulement contraire au droit espagnol, mais aussi aux engagements internationaux du pays.
Les autorités baléares invoquent la saturation de leurs centres d’accueil, dont le taux d’occupation dépasse 230 %. Mais les experts rappellent qu’un mécanisme de solidarité interrégionale existe déjà. Le décret-loi 2/2025 prévoit la répartition automatique des mineurs entre les différentes communautés autonomes lorsque la capacité d’accueil est dépassée. Le gouvernement des îles Baléares, au lieu de l’appliquer, a choisi de le contester devant la justice, sans succès.
Il y a des discours qui se veulent patriotiques mais qui finissent, faute de connaissance historique, par devenir de véritables contresens politiques.
Depuis quelque temps, on entend ici ou là certains responsables ou commentateurs suggérer que l’Algérie devrait “annuler les accords bilatéraux de 1968” avec la France. Une idée lancée comme un slogan, sans mesurer ni les conséquences ni les paradoxes qu’elle porte.
Évian : la liberté avant la frontière
Les Accords d’Évian (1962) ne furent pas qu’un cessez-le-feu. Ils représentaient une reconnaissance mutuelle et un pont humain entre deux peuples liés par plus d’un siècle d’histoire.
À travers ces accords, les Algériens pouvaient circuler, travailler et s’établir librement en France, sans visa, sans quotas ni obstacles administratifs. C’était un geste fort, une manière de dire : la séparation politique ne doit pas signifier la rupture humaine.
1968 : quand la bureaucratie remplace la fraternité
Six ans plus tard, les accords bilatéraux de 1968 viennent mettre de l’ordre — du moins en apparence. Sous prétexte d’“organiser les flux migratoires”, ils restreignent en réalité les droits obtenus à Évian.
L’Algérien devient désormais un étranger comme un autre, soumis aux autorisations de travail, aux titres de séjour et aux politiques de visa.
Autrement dit, on ferme ce qu’Évian avait ouvert.
Et si l’Algérie les annulait ?
Ironie de l’histoire : si l’Algérie décidait aujourd’hui d’abroger les accords de 1968, le cadre juridique applicable serait celui des Accords d’Évian, jamais officiellement dénoncés.
Cela reviendrait, en droit international, à rétablir la libre circulation et l’installation sans visa des Algériens en France. Autrement dit, supprimer l’accord restrictif ferait renaître un texte bien plus libéral.
Le cauchemar de l’extrême droite
Voilà qui ferait sans doute tourner la tête à certains politiciens français qui, par ignorance ou opportunisme, agitent la menace d’une rupture des accords.
En voulant “punir” l’Algérie, ils offriraient en réalité une victoire symbolique et juridique aux Algériens eux-mêmes.
C’est le comble du populisme : brandir le drapeau sans connaître les lois.
L’histoire n’est pas un outil de chantage
Les relations franco-algériennes sont trop profondes pour être réduites à des calculs électoraux.
Les traités ne sont pas des jouets entre les mains d’apprentis du politique : ils sont la mémoire vivante d’un lien humain et historique.
Annuler, menacer, rompre — autant de mots vides si l’on ne comprend pas ce qu’ils impliquent.
Et parfois, l’histoire se venge : à force de vouloir effacer le passé, on finit par en réveiller les droits.
Tribune. Il fut un temps où le nom du FFS suffisait à faire frémir le pouvoir.
C’était le parti des martyrs, celui des premières révoltes contre la confiscation de l’indépendance, le cri de ceux qui refusaient de troquer la colonisation française contre la domination d’une junte militaire.
Mais ce temps est loin. Aujourd’hui, le FFS n’est plus qu’un sigle fatigué, une bannière qu’on ressort quand il faut donner au régime une façade démocratique, une illusion de débat.
Et chaque fois que le pouvoir vacille, le FFS réapparaît comme une béquille, prêt à amortir la chute du système.
Je le dis sans détour : j’ai de sérieux doutes sur la sincérité de l’opposition de Hocine Aït Ahmed lui-même.
Je respecte l’homme, son intelligence et son charisme, mais son itinéraire politique laisse des zones d’ombre que l’histoire n’a jamais éclaircies.
Après son arrestation en 1964 et son évasion en 1966, Hocine Aït Ahmed s’est exilé à l’étranger, principalement en Suisse. Et, en réalité, depuis son installation en Europe, rien ne prouve qu’il ait gardé l’attachement profond d’un vrai nationaliste.
S’il aimait tant son pays, pourquoi n’a-t-il jamais choisi d’y finir ses jours ?
Pourquoi ses enfants ont-ils tous pris des nationalités étrangères ?
On ne peut pas parler au nom d’un peuple qu’on a quitté, ni se présenter en symbole de fidélité quand toute sa vie personnelle dit le contraire.
Son retour en Algérie en 1989 a toujours laissé perplexe.
Comment un opposant aussi emblématique, qui avait défié le régime pendant plus de vingt ans, a-t-il pu rentrer sans être inquiété ?
Comment expliquer qu’il ait pu reprendre une activité politique légale, alors que d’autres ont été réduits au silence pour bien moins ?
Tout cela ressemble moins à une réconciliation qu’à un pacte tacite, un serment passé avec le pouvoir :
“Tu gardes ton rôle d’opposant moral, on te garde en vitrine.”
Car si la junte au pouvoir l’avait considéré comme un danger réel, elle ne lui aurait pas laissé le moindre espace.
Aït Ahmed est devenu, malgré lui peut-être, l’opposant idéal du régime : intouchable, respecté, mais sans impact concret.
Et aujourd’hui, le FFS continue sur cette même trajectoire. Le parti vient d’annoncer sa participation aux prochaines élections.
Rien d’étonnant : c’est la suite logique d’un comportement vieux de plusieurs décennies.
À chaque échéance, il joue le rôle du lièvre électoral, celui qui court devant pour donner une allure démocratique à une course déjà truquée.
Il l’a fait en 2012, en 2017, en 2021… et le scénario se répète, sans honte ni remise en question.
Mais comment oublier les élections de la honte de 2002 ?
L’année 2001 avait été celle du Printemps noir, du sang, des martyrs et de la colère. Toute la Kabylie s’était levée pour dire non à la répression et à la mascarade politique.
Et en 2002, cette même Kabylie avait décidé, d’une seule voix, de rejeter les urnes, de boycotter les élections.
Les villages étaient en deuil, les routes bloquées, les jeunes en grève, les familles encore endeuillées.
Et le FFS, lui, qu’a-t-il fait ?
Il a brisé cette unité historique, cassé cette dynamique populaire en se présentant malgré tout, contre la volonté de tout un peuple.
Résultat : des élus obtenus avec sept ou huit voix dans certaines communes. Une humiliation politique gravée dans la mémoire collective.
Et depuis, la liste des trahisons s’allonge : participation sélective, discours creux, alliances douteuses, et aujourd’hui encore, la même posture molle face à la dictature.
Et qu’ont fait ces soi-disant élus des APC et des APW de Tizi-Ouzou ou de Béjaïa pour leur région ?
Ont-ils un jour présenté leur bilan ?
Ont-ils appliqué cette fameuse “gestion participative” qu’ils promettaient à chaque campagne ?
Rien. Silence et opportunisme.
Les communes sont à l’abandon, les jeunes sans perspectives, les projets enterrés dans la poussière des bureaux.
À part leur présence remarquée aux fêtes de villages, aux cérémonies ou aux festivals folkloriques — où ils viennent manger du couscous aux frais de la collectivité —, que font-ils d’autre ?
Pire encore, on les voit parfois sur les pistes de danse, exhibés ensuite sur les pages Facebook comme si c’était là l’accomplissement de leur mandat.
C’est dire à quel point la fonction politique s’est vidée de tout sens.
Des élus devenus figurants, des représentants transformés en animateurs de kermesse, pendant que les vrais problèmes — routes, emploi, jeunesse, eau, ordures, dignité — restent sans réponse.
Et quand il s’agit des élections nationales, malgré la mobilisation de toute leur secte politique et le coup de pouce bienveillant du pouvoir, ils se contentent toujours de leur mainmise sur la Kabylie — comme si leur horizon politique s’arrêtait aux limites de la région.
Ils n’ont jamais su parler au reste de l’Algérie, encore moins la convaincre.
Leur influence se réduit à un réflexe identitaire entretenu par la nostalgie, pas à un projet politique.
Autrement dit, le FFS ne vit plus que sur les ruines de son passé.
Alors oui, leur participation annoncée aux prochaines élections ne surprend plus personne.
C’est dans leur ADN politique : jouer la comédie de l’opposition pour mieux prolonger la survie du régime.
Le FFS n’est plus ce parti d’opposition né du courage et de la révolte ; il est devenu le parti du confort, celui qui parle au nom du peuple sans jamais marcher à ses côtés.
Le FFS ne fédère plus, il divise. Il ne libère plus, il justifie.
Et la mémoire d’Aït Ahmed, si elle n’est pas relue avec lucidité, risque de devenir ce que le pouvoir voulait qu’elle soit : un mythe utile pour endormir les consciences et neutraliser la colère.
Le MC Oran s’est installé en tête du championnat national de Ligue 1 Mobilis à la faveur de sa belle victoire enregistrée sur la pelouse du MB Rouissat (1-3), samedi, en match comptant pour la première partie de la 11e journée de la L1.
Les Hamraoua ont le vent en poupe et les résultats sont là pour le confirmer. En effet, les gars d’El Bahia, nouveaux leaders, ont signé leur troisième victoire de suite en allant damer le pion au nouveau promu.
Boukholda a débloqué la situation pour les Oranais à la 17e minute, avant de voir les locaux égaliser par le Ghanéen Abdul Fatawu juste avant la pause (43’). En seconde période, les protégés de l’Espagnol Juan Carlos Garrido ont repris les choses en main en reprenant l’avantage à la 73e minute par l’entremise de Aliane (73’), avant d’aggraver la marque grâce à Hamra, trois minutes plus tard (76’).
Avec 20 points à son compteur, le MCO se hisse en tête, alors que le MBR enregistre son premier revers à domicile et recule de la 6e à la 10e position (13 pts).
Dans les autres rencontres de ce premier acte de la 11e manche, l’USM Khenchela a renoué avec la victoire en disposant de l’ES Mostaganem (1-0), l’ES Sétif a été accrochée à domicile par l’Olympique Akbou (1-1), alors que le derby de la capitale, CR Belouizdad – USM Alger, n’a pas connu de vainqueur également dans une affiche qui n’a pas tenu toutes ses promesses se soldant sur un score nul et vierge (0-0).
Ce dimanche, le MC Alger aura l’occasion de reprendre son fauteuil de leader à condition d’aller gagner sur le terrain de la lanterne rouge, le MC El Bayadh (14h30). Outre ce duel des extrêmes, il y aura également trois autres confrontations : ASO Chlef – ES Ben Aknoun (17h45), CS Constantine – JS Kabylie (17h45) et JS Saoura – Paradou AC (18h00).
Samedi à Alger a eu lieu la remise en service du téléphérique reliant les communes de Bab El Oued et de Bouzaréah, après une période d’arrêt consacrée à une vérification technique complète de la structure.
Avec la remise en service de ce téléphérique, «les citoyens pourront désormais se déplacer plus aisément sur un trajet de plus de 2 km en un temps réduit n’excédant pas 12 minutes, en passant par trois stations : Bab El Oued, Village céleste et Zghara», a précisé le ministre.
M. Sayoud, ministre de l’Intérieur, a salué les efforts déployés par les équipes chargées des travaux de maintenance, qui ont été «achevés en 5 mois malgré la difficulté du terrain», ajoutant que «la wilaya d’Alger sera prochainement dotée de nouveaux téléphériques».
Dans le même cadre, le ministre a indiqué que «les efforts se poursuivent pour la remise en service des téléphériques à l’échelle nationale», notamment celui de la wilaya de Tizi Ouzou, «qui sera remis en service dans les prochains jours».
L’Algérie a abrité, jeudi, la réunion ministérielle du Mécanisme tripartite des pays voisins concernant la crise en Libye, avec la participation du ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et de Affaires africaines, M. Ahmed Attaf, du ministre égyptien des Affaires étrangères, de l’Immigration et des Expatriés égyptiens, M. Badr Abdel-Ati, et du ministre tunisien des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, M. Mohamed Ali Nafti, indique un communiqué du ministère.
La réunion a permis de procéder à des concertations approfondies et à un large échange de vues sur «les développements de la situation en Libye et les moyens de contribuer aux efforts visant à relancer le processus politique dans ce pays frère, sous l’égide des Nations Unies, partant du principe que les pays voisins sont les plus directement impactés par les répercussions de la crise libyenne, les plus proches de sa réalité et de ses détails et les plus soucieux de parvenir à un règlement durable», précise la même source.
Les travaux de la réunion du Mécanisme tripartite ont été sanctionnés par l’adoption d’un communiqué conjoint, qui réaffirme l’importance du «principe d’appropriation et de conduite» du processus politique en Libye par les frères Libyens et qui exhorte toutes les parties libyennes à placer les intérêts supérieurs de leur pays au-dessus de toute autre considération, pour mettre fin aux divisions, unifier les institutions politiques et militaires et organiser les élections législatives et présidentielle, ajoute la même source.
Le communiqué conjoint réaffirme également la position des trois pays «rejetant toute forme d’ingérence étrangère dans les affaires intérieures libyennes» et «appelant au retrait des mercenaires et combattants étrangers du territoire libyen».
Le communiqué conjoint salue, par ailleurs, «le rôle et les efforts de l’Algérie au Conseil de sécurité des Nations Unies pour mettre en lumière la responsabilité qui incombe à la communauté internationale dans la préservation des ressources du peuple libyen et la garantie de la bonne gestion de ses avoirs financiers gelés».
Des quantités énormes de psychotropes saisies. Crédit : photo DGSN.
Le Service central de lutte contre le trafic illicite de stupéfiants (SCLTIS) a démantelé, la semaine dernière, un réseau criminel organisé, et procédé à la saisie de 176.000 comprimés psychotropes de type « Prégabaline », indique samedi un communiqué de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN).
« Dans le cadre des efforts des services opérationnels de la Sûreté nationale dans la lutte contre le crime organisé lié au trafic de drogue, le Service central de lutte contre le trafic illicite de stupéfiants a procédé, au cours de la semaine écoulée, au démantèlement de la structure criminelle d’un réseau organisé, à la saisie de 176.000 comprimés psychotropes de type Prégabaline, de fabrication étrangère, et à l’arrestation de six individus, dont une femme, activant au sein de ce réseau », précise la même source.
L’opération a été menée à la suite d’investigations intensives « ayant permis aux enquêteurs du SCLTIS d’identifier et d’arrêter, dans un premier temps, quatre individus membres de ce réseau criminel organisé, dans des quartiers de la capitale, avant de procéder à l’arrestation du principal suspect en compagnie d’une femme », selon le communiqué.
Cette opération s’est soldée par « la saisie de la quantité de psychotropes mentionnée et la récupération du camion utilisé dans son transport, de trois véhicules et de deux motocycles », ajoute la même source, précisant que « les mis en cause ont été déférés devant le procureur de la République près la tribunal de Koléa ».
La jeune femme, âgée d’une vingtaine d’années, a été tuée par des jihadistes présumés vendredi 7 novembre dans sa ville natale de Tonka (cercle de Goudam), située dans la région de Tombouctou. Suivie par 95 000 abonnés sur son compte TikTok, elle n’hésitait pas à apporter son soutien à l’armée malienne dans ses publications.
Son assassinat suscite une très grande émotion au Mali. Connue pour ses vidéos sur les réseaux sociaux dans lesquelles elle tient des chroniques et fait la promotion de sa ville, Mariam Cissé, une jeune tiktokeuse suivie par 95 000 abonnés, a été tuée sur une place publique de Tonka, une localité située à une centaine de kilomètres de Tombouctou, vendredi 7 novembre.
La veille, alors que c’était jour de foire dans une localité voisine, la jeune femme filmait encore en direct sur son compte TikTok le marché de la cité, son fleuve et ses habitants. Puis, subitement, selon ce qu’affirment plusieurs témoins, des hommes armés l’ont arrêtée. Immédiatement identifiée comme « ennemie » par ces jihadistes présumés qui reconnaissent son visage, elle est d’abord conduite à moto hors de la ville, puis ramenée le lendemain sur la place centrale de Tonka – la place de l’Indépendance – où elle est tuée devant une foule impuissante.
Le Mali pleure une petite vedette des réseaux sociaux
Âgée d’une vingtaine d’années, joviale, la jeune femme était une vedette dans sa ville natale du nord du Mali. Dans ses vidéos, où elle pouvait se montrer tour à tour drôle ou critique, Mariam Cissé pouvait aussi manifester son soutien à l’armée malienne. L’un de ses posts la montre d’ailleurs même porter avec fierté la tenue des troupes régulières.
Alors que l’annonce de son décès bouleverse le Mali – non seulement dans le nord d’où elle était originaire, mais aussi dans le sud –, sur les réseaux sociaux, beaucoup s’interrogent : comment les forces de l’ordre n’ont-elles pas pu empêcher un tel meurtre en plein centre-ville de Tonka ?
Dans une Algérie traversée par des débats identitaires souvent passionnés, la parole de Rachid Ali Yahia invite à repenser l’unité nationale non comme une uniformité imposée, mais comme une construction volontaire fondée sur la reconnaissance mutuelle et la solidarité.
Figure emblématique du courant berbériste historique, Rachid Ali Yahia, connu pour ses positions intransigeantes au sein du Parti du peuple algérien (PPA) dans les années 1940, a réaffirmé avec force, dans un message publié, ce samedi 8 novembre, sur sa page Facebook, son attachement à l’unité nationale. Dans un contexte où les tensions identitaires et régionales refont surface dans le débat public, il met en garde contre toute aventure politique susceptible de fragiliser la cohésion du pays.
Pour celui qui fut l’un des acteurs les plus lucides du mouvement national, la fragmentation de l’Algérie constituerait un péril majeur. « Il ne faut pas morceler l’Algérie. Il ne faut pas morceler l’Afrique du Nord », avertit-il, appelant à la consolidation du pays dans le respect des composantes qui font sa richesse.
Rachid Ali Yahia prône une vision d’unité qui ne nie pas la pluralité. Il insiste sur la nécessité de reconnaître la diversité linguistique, culturelle et régionale : « Travaillons à l’unification dans le respect de la diversité des deux communautés nationales — arabophones et berbérophones — mais aussi des diversités régionales à l’échelle nationale et nord-africaine. »
Son appel revêt une portée à la fois nationale et maghrébine. L’ancien militant du PPA met en garde contre la tentation du repli identitaire et contre les manœuvres étrangères visant à fragiliser les États de la région : « Il ne faut pas que le pays soit une contestation de petits États à la solde des pays étrangers, manipulés de l’extérieur. »
Dans une posture à la fois critique et constructive, Rachid Ali Yahia appelle à renforcer le pays en soutenant les dynamiques positives de l’État tout en dénonçant ses insuffisances. Il plaide pour une Algérie réconciliée avec elle-même, ouverte à sa double appartenance : « Travaillons à l’unification et à la fraternisation du pays, à faire en sorte que le pouvoir avance dans la voie de l’Algérianité et de la Nord-Africanité. »
Son message, résumé en une formule percutante — « Non au morcellement de l’Algérie, oui à l’unité dans la diversité » — résonne comme un rappel des fondamentaux du projet national. Au-delà de la conjoncture politique, il s’agit d’un appel à la vigilance et à la responsabilité collective face aux divisions internes.
En Tunisie, la contestation prend désormais la forme la plus radicale du désespoir : celle du corps qui se consume. Depuis plusieurs jours, plusieurs figures majeures de l’opposition sont engagées dans des grèves de la faim pour dénoncer l’autoritarisme grandissant du régime de Kaïs Saïed.
Des dizaines de détenus d’opinion embastillés. Des hommes politiques, des avocats, des journalistes, des activistes, de simples citoyens… la liste est longue. L’état de santé de certains d’entre eux, dont l’universitaire et militant politique Jaouhar Ben Mbarek, suscite une vive inquiétude.
Détenu à la prison de Belli, Jaouhar Ben Mbarek en est à son dixième jour de grève de la faim “sauvage”, refusant toute alimentation, y compris l’eau sucrée. Ce geste de protestation extrême, qu’il justifie par “la disparition de toute forme de justice”, a trouvé écho au sein de l’opposition tunisienne. L’ancien secrétaire général du Parti républicain, Issam Chebbi, et le chef du mouvement Ennahda, Rached Ghannouchi, ont eux aussi entamé une grève de la faim ouverte pour dénoncer les atteintes aux libertés et exiger la libération des prisonniers d’opinion.
À Tunis, comme à Paris, les mouvements de solidarité se multiplient. Samedi 8 novembre, plusieurs membres de la famille de Jaouhar Ben Mbarek ont rejoint le mouvement de grève. Des militants politiques et des défenseurs des droits humains se sont également rassemblés au siège du Parti républicain pour soutenir les prisonniers d’opinion. À Paris, une veillée de soutien s’est tenue la veille, avec des pancartes à l’effigie des opposants emprisonnés dans le cadre des affaires dites de “complot contre la sûreté de l’État”.
Le porte-parole du Parti républicain, Wissem Essaghir, a décrit dans une déclaration à Ultra Tunis “une situation des libertés devenue noire, faite d’enfermement, de vengeance et de liquidation des adversaires politiques”. Selon lui, les forces démocratiques et civiles du pays traversent un moment de grande faiblesse, mais “il leur revient d’assumer leur rôle avant que ces hommes ne perdent la vie pour la liberté et la dignité”.
La situation en Tunisie ressemble comme deux gouttes d’eau à celle de l’Algérie. Depuis le 25 juillet 2021, date à laquelle Kaïs Saïed a suspendu le Parlement et concentré les pouvoirs entre ses mains, la Tunisie s’enfonce dans un climat d’autoritarisme assumé. Les arrestations d’opposants, de journalistes, d’avocats et de syndicalistes se sont multipliées, souvent sous des chefs d’accusation flous de “complot” ou d’“atteinte à la sûreté de l’État”. Les procès politiques se tiennent dans une opacité quasi totale, alimentant les accusations de dérive dictatoriale.
Plusieurs députés proches du pouvoir ont eux-mêmes dénoncé la répression et le verrouillage du débat public. L’un d’eux a même interpellé le président, l’appelant à “choisir entre le peuple tunisien et les nouveaux Trabelsia”, allusion directe au clan corrompu de l’ancien régime Ben Ali. Pour Wissem Essaghir, “le véritable complot réside dans la nomination de ministres sans compétence et dans la mise au pas du pouvoir judiciaire”.
Santé en danger et déni officiel
Les alertes se multiplient sur la santé fragile des prisonniers. L’avocate Délila Mseddi, sœur de Jaouhar Ben Mbarek, a fait savoir que son frère souffrait d’une chute sévère de la glycémie et de plusieurs troubles graves. Malgré cela, les autorités pénitentiaires affirment que “l’état des détenus est stable” et qu’elles leur assurent “tous les soins nécessaires”, une version jugée mensongère par les associations de défense des droits humains.
La Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), qui a rendu visite à Ben Mbarek, parle au contraire d’un “effondrement physique inquiétant” et d’un risque vital imminent. Dans un communiqué, elle dénonce “le refus obstiné des autorités de reconnaître la gravité de la situation et d’entamer un dialogue sur les conditions de détention des prisonniers politiques”.
Trois ans après la concentration des pouvoirs par le président Saïed, la Tunisie semble revenue à des pratiques d’un autre âge : répression judiciaire, musellement de la presse, arrestations arbitraires. L’espoir né de la révolution de 2011 s’effrite, laissant place à une désillusion amère.
Dans ce pays où le pain manque et où la parole se paie de prison, la grève de la faim devient l’ultime langage du refus. En se privant de nourriture, ces opposants rappellent que la liberté, elle aussi, se meurt lentement en Tunisie — dans l’indifférence d’un monde plus préoccupé par ses équilibres diplomatiques que par la survie de la démocratie au Maghreb.
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