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Tunisie : Jaouhar Ben Mbarek victime de violences en prison

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Jaouhar Ben Mbarek

Depuis le 29 octobre 2025, Jaouhar Ben Mbarek, figure de l’opposition politique tunisienne, est en grève de la faim pour protester contre ce qu’il dénonce comme une « arrestation arbitraire » et un « procès inéquitable » dans le cadre de l’affaire dite du « complot sur la sécurité de l’État ».

En Tunisie de l’autocrate Kaïs Saïed, les prisons ne sont pas seulement des lieux de privation des droits, mais des lieux sombres où s’exercent la brutalité et la torture contre les prisonniers d’opinion pour les briser.

Le 11 novembre, des informations alarmantes ont circulé sur des violences dont Ben Mbarek aurait été victime à la prison de Belli à Nabeul. Amnesty International a exprimé sa profonde inquiétude et demandé l’ouverture immédiate d’une enquête indépendante et impartiale, ainsi que la mise en cause des responsables de ces abus. L’organisation a également exigé que Ben Mbarek et les autres détenus politiques aient un accès immédiat à des soins médicaux et soient libérés, rappelant que leur détention résulterait uniquement de l’exercice pacifique de droits politiques.

Sa sœur et avocate, Hanan Khamiri, rapporte qu’à sa visite, Ben Mbarek était dans un état de « fatigue extrême » et incapable de marcher. Elle a constaté des « contusions et une fracture d’une côte », provoquant des difficultés respiratoires. Selon elle, les violences auraient impliqué des agents pénitentiaires et d’autres détenus, et se seraient produites dans un endroit dépourvu de caméras de surveillance. « Il a été frappé, roué de coups, perdant brièvement connaissance avant de subir de nouveaux assauts », précise-t-elle. Elle a également constaté des ecchymoses et des douleurs persistantes au niveau de la cuisse.

Le père de Ben Mbarek, Ezzedine El-Hazki, s’est rendu à la prison de Belli, sans pouvoir voir son fils. Il exige un examen médical indépendant et le suivi judiciaire des auteurs de l’agression. Pour le Parti républicain, qui suit de près l’affaire, ces violences s’inscrivent dans une « politique de répression visant à faire taire toute voix critique ». Wissam Al-Saghir, porte-parole du parti, dénonce une « série de violations visant à étouffer toute expression libre » et affirme que « la bataille est devenue nationale et ne concerne plus uniquement des individus ».

Face à ces accusations, l’administration pénitentiaire tunisienne maintient qu’aucune violence systématique n’a eu lieu et conteste l’existence de grèves de la faim, accusant certains acteurs de diffuser des informations fausses. Des poursuites ont même été engagées contre plusieurs avocats pour propagation de « rumeurs ». Cependant, familles et avocats confirment que Ben Mbarek et d’autres détenus politiques poursuivent leur grève de la faim et que leur état de santé est préoccupant.

Cette affaire met en lumière un enjeu central pour la Tunisie : garantir la sécurité physique et médicale des détenus politiques, assurer la transparence des institutions pénitentiaires et protéger les droits fondamentaux dans un contexte où les accusations de répression et de pratiques arbitraires se multiplient.

Aujourd’hui, le cas de Jaouhar Ben Mbarek incarne les tensions entre les autorités tunisiennes et les acteurs politiques critiques. Il n’est malheureusement pas le seul. Sa grève de la faim et les violences subies attirent l’attention nationale et internationale, et constituent un indicateur clé de la situation des libertés et de la démocratie en Tunisie.

Mourad Benyahia 

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Assia Djebar renaît en arabe et en français à Constantine

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Assia Djebar

Dix ans après la disparition d’Assia Djebar, figure majeure de la littérature algérienne francophone, son œuvre continue de marquer les esprits et de traverser les générations.

À l’occasion du Salon international du livre d’Alger (SILA), trois de ses romans essentiels – Vaste est la prison, La femme sans sépulture et Le blanc de l’Algérie – paraissent dans une édition inédite, traduite pour la première fois en arabe et publiée simultanément en français en Algérie. Cette double édition offre une nouvelle lecture de l’écrivaine, permettant à un public plus large d’accéder à sa voix singulière, qui a su témoigner des luttes, des mémoires et des identités algériennes, en particulier celles des femmes.

Pour célébrer cette renaissance littéraire, l’Institut français d’Algérie à Constantine organise, dimanche 16 novembre à 16h, une rencontre exceptionnelle. Jalila Djennane Imalhayène, fille d’Assia Djebar, partagera un regard intime sur l’œuvre de sa mère, sa trajectoire et la manière dont son héritage se transmet aux nouvelles générations. Le poète et traducteur Hakim Miloud accompagnera cet hommage par des lectures bilingues d’extraits des romans nouvellement traduits, faisant résonner la voix d’Assia Djebar dans les deux langues et soulignant l’universalité de sa parole.

Cet événement souligne l’importance de revisiter et de rendre accessibles les grandes œuvres littéraires, tout en rappelant le rôle central de Djebar dans l’histoire culturelle algérienne. Son œuvre, à la croisée de la mémoire et de la fiction, continue de dialoguer avec le présent, offrant aux lecteurs une exploration des identités, des violences et des résistances qui traversent l’histoire du pays.

Djamal Guettala 

Entrée libre – Institut français d’Algérie, 1 boulevard de l’Indépendance, Constantine

www.if-algerie.com/constantine

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La politique, c’est comme le foot : au finish, c’est l’Allemagne qui gagne !

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Frank-Walter Steinmeier et Tebboune
Frank-Walter Steinmeier et Tebboune. Crédit photo : DR

La libération de l’écrivain Boualem Sansal a donné lieu à une déferlante de commentaires, pour la plupart, saluant l’intervention du président allemand auprès de son homologue algérien qui se serait laissé glisser par un geste humanitaire vers la libération de notre écrivain.

Pour d’autres, elle a laissé un goût amer, estimant que le rôle de la France n’a pas été suffisamment important pour se laisser entraîner par des comportements jubilatoires.

Il va sans dire que depuis un an, la France gère mal la situation avec des positions qui ne s’éloignent pas trop de celles d’une extrême droite revancharde. À cet égard, on peut énoncer, sans prendre le moindre risque de se tromper, que dans cette affaire, la France a pris une sacrée claque et subi une humiliation indéniable. 

Depuis l’arrestation de Boualem Sansal, Français et Algériens n’ont fait que chercher le moyen d’humilier l’autre. Les empoignades verbales se sont laissées glisser le long de pentes savonneuses dangereuses, avec une surenchère effarante d’ingrédients syntaxiques qui n’honorent pas toujours leurs auteurs. Chacun cherchant à humilier l’autre sur le dos de la liberté de notre Boualem national. Toutes les tentatives de calmer le jeu se sont soldées par de grands pschitt.

On nous avait fait croire que dans les coulisses les choses étaient différentes avec des échanges sages, courtois et matures. Les services secrets étant plus aguerris à ce genre de tractations.

Côté algérien, il n’est pas difficile d’imaginer le plan d’attaque élaboré par nos limiers, et qui consiste à convaincre les Allemands d’intervenir avec la promesse que leur demande serait honorée. Le résultat serait double, et il l’a été : humilier la France et redorer quelque peu le blason du régime d’Alger. Force est de constater que le coup est réussi. Pour preuve, tout le monde semble gober cette histoire de raisons humanitaires !? S’il y avait un peu d’humanité chez ces gens-là, ils ne se seraient pas permis de jeter en prison pour cinq ans, un jeune poète de 31 ans, juste pour avoir trouvé une symbiose fulgurante entre sa poésie et le Hirak. Comble d’ironie, ou de machiavélisme de haute facture, la condamnation de Mohamed Tadjadit a été prononcée au même moment que la libération de Boualem Sansal. Machiavélisme quand tu nous tiens !

À force d’avoir laissé s’exprimer les nuls, la France en a eu pour sa tronche. Un an d’envolées verbales, parfois frisant l’insulte -un terrain sur lequel en comparaison avec les affidés de notre système, la France peut aller se rhabiller, quoique …- n’ont fait que montrer la faiblesse du sérail politique français et la force diabolique du régime algérien. Ce n’est pas pour rien que les Généraux occupent le pouvoir depuis 1962 !

Au moment où ces lignes sont confectionnées, on apprend que Bruno Retailleau, encore lui, parle de capitulation après la suspension des régimes des retraites. Monsieur Retailleau serait mieux avisé de faire son Mea Culpa sur l’affaire Boualem Sansal, dans laquelle il a fait preuve d’un amateurisme sidérant sur fond de haine chronique inutile. Mais nous le savons tous, ces gens-là ont toujours raison.

Pour rester dans l’infantilisme qui a prévalu depuis un an et pour résumer les choses : France 0 – Algérie 1 (but de l’Allemagne).

À quand le prochain match ?

Kacem Madani

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Des géoglyphes intrigants dans le Sahara algérien

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géoglyphes sahara algériens

Un ensemble de géoglyphes visibles sur les images satellites a récemment été signalé dans la région de Takish, wilaya d’In Salah, au cœur du Tanezrouft, vaste désert aride du Sahara algérien. Ces tracés au sol, étendus sur plusieurs centaines de mètres, suscitent déjà l’intérêt de chercheurs indépendants et d’amateurs de la civilisation amazigh.

 Coordonées : Google maps : 28.164952,2.644157

Un site composé de symboles variés

Les géoglyphes identifiés présentent plusieurs catégories de formes : Des motifs géométriques (lignes, cercles, spirales, compositions angulaires) -des figures anthropomorphiques,
-des formes animales possibles,
Ainsi que des signes rappelant des caractères tifinagh et des motifs graphiques associés à la tradition amazigh (formes angulaires, symboles présents dans les tatouages, etc.).

L’ensemble évoque, pour certains observateurs, un langage symbolique structuré plutôt qu’un simple assemblage aléatoire de tracés.

  1. L’apparition de symboles manifestement modernes

L’un des points les plus frappants tient à la coexistence, sur la même zone, de motifs d’apparence “traditionnelle” et de symboles manifestement plus contemporains. Parmi ces derniers ont été relevés notamment : Un tracé correspondant au logo du club de football allemand Borussia Dortmund
(coordonnées : 28°09’49″N, 2°38’35″E) ;

Un motif proche d’un sticker du Rally de Dakar couramment visible sur les 4×4 sahariens (coordonnées : 28°09’58″N, 2°38’34″E) ;

Un symbole de type yin-yang
(coordonnées : 28°09’55″N, 2°38’40″E).

Un logo représentant un dromadaire et un soleil, très courant dans la communication touristique saharienne

(coordonnées : 28°09’55″N 2°38’44″E).

La présence, sur un même site, de signes rappelant l’iconographie amazigh et de logos modernes facilement identifiables constitue une première source d’incohérence apparente et rend la lecture du corpus plus complexe.

  1. Selon les archives satellitaires : un décalage chronologique

L’examen de l’historique des images satellitaires disponibles fait apparaître un autre élément important :

Dans les images datées de 2013, seul un groupe restreint de symboles semble visible, correspondant aux motifs les plus proches de l’iconographie amazigh (formes angulaires et signes apparentés au tifinagh) ;

A partir de 2019, apparaissent de nouveaux tracés, dont les symboles modernes mentionnés ci-dessus.

Ce décalage temporel suggère au minimum une superposition d’interventions : un premier ensemble de géoglyphes antérieur à 2019, puis l’ajout ultérieur de nouveaux motifs d’inspiration contemporaine.
En l’état, il n’est pas possible de déterminer, sur la seule base des images satellites, si les motifs “anciens” sont eux-mêmes récents, ni si les ajouts ultérieurs relèvent d’un simple geste ludique ou d’une démarche plus construite.

  1. Hypothèses actuellement envisageables

Sans trancher, plusieurs hypothèses de travail peuvent être formulées :

1-Œuvres contemporaines
Les géoglyphes pourraient être des créations récentes (par exemple par des groupes de voyageurs ou de populations locales), mêlant références amazighs, logos modernes et symboles universels comme le yin-yang.
Dans ce cas, il s’agirait d’un corpus globalement homogène mais étalé dans le temps, à dominante artistique ou ludique.

2.Superposition d’ensembles de nature différente
Une autre possibilité est celle d’un premier ensemble de tracés, potentiellement plus ancien, ultérieurement complété par des motifs modernes.
Cette configuration compliquerait toute tentative de datation ou d’interprétation symbolique, faute de distinguer clairement les phases.

3-Problèmes liés aux données ou à leur interprétation
Enfin, il n’est pas exclu que certains détails soient liés à des artefacts d’imagerie ou à la résolution des clichés.
Seules des investigations de terrain permettraient de confirmer la réalité, l’ampleur et l’état de conservation des tracés.

A ce stade, toute conclusion définitive serait donc prématurée.

  1. Enjeux scientifiques, patrimoniaux et précédents nationaux
  2. Si une partie des symboles devait être confirmée comme ancienne et authentiquement liée à des pratiques graphiques amazighs, ce site pourrait devenir un élément important pour l’étude des systèmes symboliques sahariens, la compréhension des modes d’occupation du Sahara à différentes périodes, ainsi que la cartographie des manifestations monumentales (tracés au sol, architectures, systèmes hydrauliques anciens) dans la région.
    La question de la reconnaissance institutionnelle d’un tel site s’inscrirait alors dans un cadre plus large, déjà illustré par d’autres dossiers en Algérie.
    Un exemple souvent cité est celui de la nécropole mégalithique de Bounouara, près de Constantine, où plusieurs milliers de dolmens préhistoriques ont été signalés comme menacés par des activités d’exploitation minière. Un article de presse spécialisé rappelait en 2019 l’importance de cette nécropole (estimée entre 3 000 et 4 000 dolmens) et alertait sur l’intervention d’engins de travaux publics réduisant des mégalithes en gravier, sur la base de témoignages et de photographies, ce qui avait suscité une forte mobilisation autour de ce patrimoine en danger. Babzma

À la suite de ces alertes relayées sur les réseaux sociaux et par certains médias, le Ministère de la Culture et des Arts a publié un communiqué indiquant avoir dépêché une équipe composée d’archéologues, d’experts et d’architectes, en coordination avec les autorités locales, afin de vérifier l’état du site. Selon ce communiqué, les périmètres assignés aux exploitations minières auraient été respectés et le site archéologique protégé n’aurait pas été directement visé. Le ministère y annonçait également un inventaire systématique des sites concernés et une actualisation de leurs périmètres de protection, réaffirmant la priorité donnée à la sécurisation du patrimoine culturel. Ministère de la Culture

Ce précédent montre comment une alerte citoyenne et médiatique peut attirer rapidement l’attention sur un site à forte valeur patrimoniale, et que les autorités culturelles peuvent être amenées à intervenir, documenter et clarifier la situation, voire à adapter les dispositifs de protection.
Pour les géoglyphes de Takish, une dynamique comparable (signalement, médiatisation, expertise in situ) pourrait, le cas échéant, conditionner leur reconnaissance et leur prise en charge officielle, si leur valeur archéologique venait à être confirmée.

  1. Un avenir incertain pour le site de Takish
    L’exemple des dolmens de Bounouara montre que la combinaison d’alertes publiques, de relais médiatiques et de prises de position officielles peut aboutir à des mesures de clarification et de protection renforcée de sites sensibles. Ministère de la Culture+1

Reste à savoir si les géoglyphes de Takish suivront un parcours comparable – vers une reconnaissance scientifique et patrimoniale formalisée – ou s’ils demeureront, pour un temps encore, à la frontière entre curiosité géographique, hypothèse de recherche et sujet de débat au sein des communautés spécialisées et du grand public.

Mustapha Riadh Benlamri

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Le Maroc et les Marocains ne sont pas nos ennemis

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Maroc.
Maroc. Image par Thomas Elst de Pixabay

Je n’ai pas attendu la dernière crise ni aucune autre entre les deux pays pour m’en prendre au roi du Maroc et à son système politique alors que des wagons entiers de touristes algériens s’y rendaient. Mais dans cette dernière, je ne ressens pas seulement un suivisme obsessionnel derrière le régime algérien mais une détestation viscérale envers un pays et sa population qui est condamnable et inacceptable.

Oui, le roi et son régime ont toujours été aussi violents que moyenâgeux. La police politique et le musèlement dans les libertés n’ont rien à envier à ceux qui sévissent en Algérie. La dévotion à un roi et à sa dynastie tournent le dos aux principes modernes de lien entre un régime démocratique et son peuple.

La dévotion est mystique tout autant que la crainte. Le critiquer frontalement est pour une bonne partie des citoyens marocains non seulement un réel risque mais un crime de lèse-majesté qui leur semble être un acte de damnation éternelle. Le roi, son ascendance comme ses descendants, sont honorés du titre de Commandeurs des croyants par cette grande fraction du peuple qui est  soumise au silence et à la dévotion.

Oui, des opposants politiques ont été incarcérés ou exécutés par charrettes entières pendant de nombreuses décennies. La terreur a toujours été dissimulée sous le tapis d’une image idyllique et « orientaliste » de ce pays qui fascine les touristes. Oui, cette façade est hautement condamnable et doit l’être sans retenue.

Oui, le Sahara occidental et son peuple ont été spoliés de leur droit de propriété sur leur terre ou, du moins, dans leur droit à l’autodétermination. C’est incontestable et ce n’est pas moi qui le contredirais. 

Mais l’épouvantable ne se combat pas par une autre. Le Maroc est le premier allié du régime algérien. Des centaines de fois j’ai rappelé dans mes articles deux piliers de renforcement des dictatures. Le premier est la religion au nom de laquelle on écrase les peuples soumis et le second est le piège millénaire du danger par l’appel à combattre « l’ennemi extérieur ». Plus il est évoqué, du matin au soir, plus la majorité du peuple algérien (comme marocain) tombe dans le piège et fait corps avec un état qui les protégerait contre cet ennemi extérieur qui est accusé de vouloir détruire la nation.

Pour cette seconde raison, la majorité des Algériens ne marchent pas derrière lui, ils courent. Et à chaque relance de la crise, le pouvoir algérien est de nouveau légitimé comme une locomotive qui ne peut avancer sans l’alimenter constamment. 

L’argument classique des Algériens qui mordent à l’hameçon prend prétexte sur le sempiternel argument « nous ne sommes pas contre le peuple marocain mais contre son régime ». Je ne peux en principe contrer cet argument qui est légitime et fondé. Mais si je m’insurge aujourd’hui est qu’il y a de plus en plus de dérapages condamnables pour désigner ce peuple dans sa globalité.

Lui aussi, dans sa grande partie ne fait que reproduire le même discours en réponse à l’appel de propagande. Nous sommes ainsi emprisonnés dans un cercle vicieux qui nous emmène tous vers le gouffre de l’intolérable.

Je lis et j’entends des propos qui sont clairement dans la haine de l’autre. J’insulterais mon honneur en y participant.

Il faut que les Algériens critiquent, et même combattent, les deux manipulateurs qui sont les seuls responsables du malheur de nos deux pays. Il faut cesser les invectives ambigües contre les Marocains, jusqu’à l’inacceptable.

Et cela me semble être ce qu’il se passe. Bon sang, quand les Algériens penseront-ils par eux-mêmes et décideront qui sont leurs ennemis ou leurs amis ?

Que les Marocains qui ne participent pas à la même meute aveugle soient assurés de mon amitié et à mon respect. Je continuerai à combattre violemment les deux régimes politiques qui nous manipulent mais je ne tomberai jamais dans la haine par la psychose introduite dans les esprits.

Monsieur le roi du Maroc (majesté est un mot impossible dans ma bouche, nous sommes des citoyens mas pas des adorateurs d’un homme non élu) et Monsieur Tebboune, vous pouvez vaincre par la terreur mais vous ne pourrez jamais vaincre le réveil des deux peuples qui se produira un jour ou l’autre. 

Et plus cela est long à venir plus votre chute sera fracassante.

Boumediene Sid Lakhdar

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C’est devenu un sport national : partir

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Air Algérie


Aujourd’hui, partir est devenu le sport national préféré. La fuite des cerveaux n’est plus une exception, ni même un choix douloureux : c’est une évidence.

Les jeunes, et même les moins jeunes, n’aspirent plus seulement à réussir chez eux, mais à fuir ailleurs.

À une époque, quand on demandait à un enfant : « Que veux-tu faire plus tard ? », il répondait : médecin, ingénieur, footballeur, pilote… Aujourd’hui, posez la même question : la réponse est souvent directe, désarmante —

« Je vais avoir mon bac, puis je pars en France ou au Canada. »

Ce n’est plus seulement un projet professionnel : c’est un plan de sauvetage personnel. Et pendant ce temps, ceux qui détiennent les leviers de décision semblent vivre dans un autre monde, à distance des angoisses du quotidien.

Leurs enfants, souvent déjà installés à l’étranger, ne connaissent pas les mêmes incertitudes, ni la même précarité. Ce décalage, plus que la volonté, explique sans doute pourquoi le désespoir de ceux qui partent reste si peu entendu. Car pendant qu’une génération s’en va, c’est tout un pays qui se vide lentement de ses forces vives.

Récemment, j’ai vu les images d’une sortie de promotion de 270 médecins à la faculté de médecine de Tizi Ouzou.

J’étais sincèrement heureux et fier de voir autant de jeunes diplômés, autant de talent et d’effort récompensé. Mais en même temps, une pensée m’a traversé l’esprit : « Tous ces jeunes médecins vont partir ailleurs. »

Nous formons ici des compétences d’exception… pour faire le bonheur des autres.

Et pourtant, nous ne nous faisons pas d’illusions : la France n’est plus l’Eldorado d’autrefois. Là-bas aussi, les temps ont changé — chômage, manque de logements, précarité, solitude.

Beaucoup découvrent que l’exil ne guérit pas le mal-être, il le déplace simplement.
Mais quand on ne voit plus d’avenir chez soi, même l’inconfort ailleurs paraît plus supportable que l’attente ici.

Cette hémorragie silencieuse a un prix humain immense : des mères qui vieillissent dans le silence, des pères qui attendent des appels qui se font rares, des villages et des villes où l’on ne voit plus que des visages fatigués.

On parle d’économie, de développement, de “nouvelle Algérie”… Mais qui parle de cette douleur-là ? De ce vide affectif qu’aucune promesse d’avenir ne peut vraiment combler ?

Il est temps de poser les vraies questions. Pas seulement : « Pourquoi partent-ils ? »
Mais surtout : « Qu’avons-nous fait pour qu’ils veuillent tous partir ? »

Parce qu’au fond, la fuite des cerveaux n’est pas une fatalité — c’est un symptôme.
Celui d’un pays qui n’écoute plus ses enfants, qui ne croit plus en son propre avenir.

Et si, à force de laisser partir ses meilleurs esprits, notre pays se vidait de sa “carte grise” — de son savoir, de sa jeunesse, de son intelligence ?
Parce que sans jeunesse, sans espoir, sans confiance… que restera-t-il ?

Aziz Slimani

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Chaïma Bencharef : « Préserver les abeilles, c’est préserver la vie elle-même »

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Chaïma Bencharef
Chaïma Bencharef. Crédit photo : DR

Lors de la Foire internationale de Marseille, sur le stand de l’Algérie, nous avons rencontré Chaïma Bencharef, apicultrice passionnée et fondatrice de la marque Bee Royal.

À travers son travail minutieux et son discours empreint de conviction, elle incarne une nouvelle génération d’entrepreneures algériennes engagées dans la valorisation du miel naturel, le respect de la biodiversité et la promotion d’une apiculture durable.

Le Matin d’Algérie : Pouvez-vous nous raconter l’histoire de Ruchers Chaïma et comment est née l’idée de Bee Royal ?

Chaïma Bencharef : L’aventure Bee Royal est née d’une passion profonde pour la nature et d’un amour sincère pour les abeilles, symboles d’équilibre et de générosité. Depuis mes débuts dans l’apiculture, j’ai toujours rêvé de créer une marque qui allie savoir-faire traditionnel et approche moderne, offrant un miel pur, noble et authentiquement algérien.

C’est ainsi qu’est née Bee Royal, une marque qui incarne l’excellence, la transparence et la beauté naturelle de notre terroir.

Le Matin d’Algérie : Quelles sont les valeurs et la mission de Bee Royal ?

Chaïma Bencharef : Bee Royal repose sur trois valeurs fondamentales : 1.Pureté absolue : préserver la nature sans intervention chimique ni transformation.

2.Engagement : respect de l’abeille, de la nature et du consommateur.

3. Excellence : offrir un produit haut de gamme, alliant qualité et élégance. 

Notre mission est de promouvoir la culture du miel naturel comme aliment et remède, tout en encourageant une apiculture durable et responsable en Algérie.

Le Matin d’Algérie : Quels types de miel produisez-vous et quelles sont leurs particularités ?

Chaïma Bencharef : Nous produisons plusieurs variétés de miel pur, issus des régions florales riches d’Algérie : Miel de jujubier (sidr) : rare, puissant et reconnu pour ses vertus médicinales. Miel de thym : idéal pour renforcer le système respiratoire et l’immunité. Miel d’eucalyptus : bénéfique pour la gorge et riche en antioxydants. Miel de déranger : léger, aromatique et énergisant. Miel de montagne : pur, aromatique et fortifiant, récolté sur les fleurs sauvages des hauteurs. Miel de chardon de chameau : un miel rare au goût intense, renforçant l’immunité et soutenant la santé respiratoire et digestive. Miel de Labbina : apaise les allergies respiratoires, renforce l’immunité et facilite la respiration. Chaque miel reflète la diversité de notre nature et l’authenticité de son origine.

Le Matin d’Algérie : Comment garantissez-vous la qualité et la pureté de vos produits ?

Chaïma Bencharef : Nous contrôlons rigoureusement chaque étape : choix des ruchers dans des zones non polluées, extraction manuelle du miel, et filtration naturelle sans chauffage ni additifs.

Des analyses en laboratoire agréé certifient la qualité et la conformité de nos produits.

Le Matin d’Algérie : Quelle est votre méthode d’élevage des abeilles et de récolte du miel ?

Chaïma Bencharef : Nous pratiquons une apiculture respectueuse et durable, centrée sur le bien-être des abeilles et la préservation de l’écosystème. Le miel est récolté à maturité, à la main, afin de conserver toutes ses propriétés nutritionnelles et thérapeutiques.

Le Matin d’Algérie : Qu’est-ce qui distingue Bee Royal des autres producteurs de miel en Algérie ?

Chaïma Bencharef : Bee Royal se distingue par sa combinaison unique de savoir-faire traditionnel et méthodes scientifiques rigoureuses.Elle propose des mélanges thérapeutiques naturels, destinés à renforcer l’immunité ou soulager les affections respiratoires, tout en garantissant la pureté et la qualité grâce à des analyses en laboratoire certifiées.

Le design soigné et l’identité visuelle élégante incarnent la devise de Bee Royal : « Du producteur au consommateur », symbole de transparence et de confiance.

Le Matin d’Algérie : Avez-vous développé des produits spécifiques pour la santé et le bien-être ?

Chaïma Bencharef : Oui, absolument. Nous avons développé des gammes naturelles à base de miel pur, gelée royale, huiles essentielles et plantes médicinales, conçues pour soutenir l’immunité, l’énergie et l’équilibre du corps. Ces formules ciblent les enfants, les sportifs et les femmes enceintes, avec des mélanges spécifiques pour la vitalité et le système respiratoire.

Le Matin d’Algérie : Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontée ?

Chaïma Bencharef : Les défis majeurs concernent les variations climatiques imprévisibles, qui impactent la floraison des plantes nectarifères, et donc la qualité et la quantité de miel. S’ajoutent la hausse des coûts des matières premières et un manque de sensibilisation des consommateurs à la valeur du miel naturel. Malgré tout, je m’efforce de maintenir une production responsable, durable et traçable, valorisant le miel algérien à travers certification et participation aux salons nationaux et internationaux.

Le Matin d’Algérie : Quels sont vos projets de développement pour l’avenir ?

Chaïma Bencharef : Bee Royal poursuit une stratégie d’expansion avec de nouvelles gammes apithérapeutiques, associant miel, huiles essentielles et gelée royale.

Nous renforçons la production grâce à des technologies modernes de conditionnement et de traçabilité, et visons l’export pour faire rayonner le miel algérien authentique à l’international.

Le Matin d’Algérie : Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans l’apiculture ?

Chaïma Bencharef : Ce qui me passionne, c’est la complexité scientifique et écologique du rôle de l’abeille.

Elle assure 75 % de la reproduction des plantes cultivées et sauvages, participant à la sécurité alimentaire mondiale.

Travailler avec les abeilles, c’est observer un modèle parfait d’organisation et de coopération, reflet de la création. Ma conviction : préserver les abeilles, c’est préserver la vie elle-même, en conciliant production, biodiversité et responsabilité environnementale.

Propos recueillis par Djamal Guettala

Foire internationale de Marseille, stand de l’Algérie

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Angleterre : Hannibal Mejbri dans la tourmente après une accusation de « crachat » sur des supporters de Leeds

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Hannibal Mejbri
Hannibal Mejbri.

L’international tunisien Hannibal Mejbri, milieu de terrain du club anglais Burnley, se retrouve au cœur d’une polémique qui agite la Premier League. La Fédération anglaise de football (FA) a annoncé, lundi 11 novembre, l’ouverture d’une procédure disciplinaire contre le joueur de 22 ans, accusé d’avoir craché en direction des supporters de Leeds United lors du match disputé le 18 octobre dernier à Turf Moor.

Selon la FA, Mejbri est suspecté d’avoir “enfreint les règles du jeu ou adopté un comportement inapproprié, abusif ou obscène”. L’incident présumé se serait produit à la 67e minute, alors que le milieu de terrain s’échauffait sur la ligne de touche avant son entrée en jeu, intervenue à la 83e minute.

L’affaire a pris une tournure officielle après la plainte déposée par un supporter de Leeds, amenant la police du Lancashire à ouvrir une enquête préliminaire. Le dossier a ensuite été transmis à la Fédération, qui a donné au joueur jusqu’au 28 novembre pour répondre aux accusations.

Aucun des deux clubs, ni Burnley ni Leeds United, n’a souhaité réagir pour le moment, malgré les sollicitations répétées de la presse britannique, notamment la BBC.

Arrivé à Burnley en août 2024 en provenance de Manchester United pour un montant avoisinant 9,4 millions de livres sterling, Hannibal Mejbri s’était imposé comme l’un des jeunes talents les plus prometteurs de la formation dirigée par Vincent Kompany. En cinquante matchs disputés, il n’a inscrit qu’un but, mais sa combativité et sa vision de jeu lui avaient valu la reconnaissance du public et de ses coéquipiers.

Cette affaire tombe au plus mauvais moment pour le milieu tunisien, dont la carrière semblait prendre un nouvel élan. En cas de confirmation des faits, il risque une amende et une suspension, des sanctions qui pourraient compromettre sa régularité avec Burnley et, plus encore, sa présence avec la sélection tunisienne, qualifiée pour la Coupe du monde 2026.

Au-delà du simple incident, cette polémique souligne la fragilité de l’image publique des jeunes footballeurs, souvent observés et jugés au moindre geste. Dans un championnat aussi médiatisé que la Premier League, le comportement d’un joueur, même en dehors du jeu, peut rapidement devenir un enjeu moral et symbolique.

Reste désormais à savoir si Hannibal Mejbri sortira de cette tempête blanchi… ou marqué à jamais par cette accusation.

Djamal Guettala 

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Réactions à la libération de Sansal : entre geste humanitaire, calcul diplomatique et appel à la cohérence politique

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Boualem Sansal.
Boualem Sansal, une des nombreuses victimes de l'arbitraire en Algérie est désormais libre. Crédit photo : DR

La grâce présidentielle accordée à l’écrivain Boualem Sansal continue de susciter des réactions contrastées, oscillant entre soulagement, scepticisme et exigence de cohérence.

Si la décision du cjef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, intervenue à la suite d’une intercession du président allemand Frank-Walter Steinmeier, a été officiellement présentée comme un geste humanitaire, elle soulève en Algérie et à l’étranger des interrogations d’ordre politique, éthique et diplomatique.

Un geste interprété comme un aveu

Pour l’ancien président du RCD et écrivain Saïd Sadi, cette grâce met en lumière une contradiction profonde : « En Algérie, l’humanisme c’est comme les hydrocarbures ; c’est bon pour l’exportation. » Derrière la formule cinglante, il pointe une dépendance morale à la reconnaissance extérieure : « L’humanisme d’un chef d’État dépendrait de la stimulation d’un homologue étranger », écrit-il, estimant que le geste, bien qu’heureux pour l’écrivain et sa famille, révèle une faiblesse politique autant qu’un déficit d’autonomie morale.

Sadi souligne en outre la coïncidence troublante entre la libération de Sansal et la condamnation à cinq ans de prison du poète Mohamed Tadjadit, figure du Hirak : « La même peine, la même société, deux destins opposés. » Pour lui, la juxtaposition des deux affaires illustre une logique sélective de la clémence et une gestion symbolique de la justice.

Entre diplomatie et justice sélective

Du côté politique, les réactions oscillent entre approbation prudente et mise en garde contre toute instrumentalisation diplomatique.

Le président du parti Jil Jadid, Sofiane Djilali, reconnaît le caractère « humanitaire » de la décision, mais avertit : « Ne pas étendre le geste à d’autres détenus incarcérés pour des motifs bien moindres serait perçu comme une injustice. » Selon lui, la clémence présidentielle « ne doit pas dépendre d’un plaidoyer étranger ni créer une hiérarchie entre citoyens ».

Le magistrat à la retraite Habib Achi adopte un ton plus institutionnel. Il voit dans cette grâce « un acte de diplomatie raisonnée », inscrit dans un équilibre d’intérêts internationaux. Mais il appelle à « une cohérence interne entre les gestes extérieurs et la justice domestique », suggérant une seconde mesure de grâce pour les détenus d’opinion, « afin d’éviter le double standard et d’affirmer la souveraineté morale de l’État ».

Une exigence d’ouverture démocratique

Dans un communiqué, le président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), Atmane Mazouz, salue une décision « bénéfique et positive », rappelant que son parti avait plaidé pour la libération de Sansal sans partager ses positions sur la question de l’intégrité territoriale. « Le courage politique, écrit-il, c’est aussi de défendre la liberté d’expression, même pour ceux avec qui nous sommes en désaccord. »

Mazouz replace la grâce dans une perspective plus large : la nécessité de « tourner la page de la répression » et d’ouvrir un dialogue national fondé sur la liberté et la justice. « L’Algérie, conclut-il, ne retrouvera sa place et sa dignité internationales que dans la liberté et la justice. »

Une société en attente de signaux forts

Les réactions de la société civile abondent dans le même sens. Un citoyen de Tizi-Ouzou, vétérinaire de profession, a résumé sur les réseaux sociaux un sentiment partagé : « Le Président s’est libéré d’un fardeau encombrant. Il est temps maintenant de libérer tous les détenus d’opinion et, ce faisant, de libérer sa conscience. »

Même tonalité chez le journaliste Hafid Derradji, qui se félicite de la libération de Sansal tout en appelant à la cohérence : « Si cette décision sert la dignité de l’Algérie, qu’elle soit suivie d’un geste envers ceux qui ont été condamnés pour leurs idées. C’est ainsi qu’on renforce l’unité nationale. »

Entre humanisme affiché et réalités politiques

Au-delà de l’émotion et des lectures diplomatiques, la grâce accordée à Boualem Sansal renvoie à une question plus essentielle : celle de la crédibilité de l’État face à la justice et aux libertés. L’acte humanitaire, s’il n’est pas accompagné d’une dynamique politique interne, risque d’apparaître comme une concession circonstancielle plutôt qu’une orientation durable.

Dans un pays où l’espace public demeure sous tension, cette libération pourrait constituer soit un précédent encourageant, soit un simple épisode dans la chronologie des ajustements diplomatiques. Tout dépendra de la suite — c’est-à-dire de la capacité du pouvoir à faire de l’humanisme non plus un produit d’exportation, mais une valeur nationale.

Samia Naït Iqbal

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Grâce accordée à Boualem Sansal : un geste au cœur d’une diplomatie souterraine entre Alger, Berlin et Paris

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Sansal
Boualem Sansal retrouve la liberté

En accédant à la demande du président allemand Frank-Walter Steinmeier d’accorder une grâce à l’écrivain Boualem Sansal pour raisons humanitaire Abdelmadjid Tebboune pose un acte diplomatique. Quant à l’humanitaire, on attendra.

Cette décision intervient dans un contexte d’échanges discrets entre Alger et Paris, où Berlin semble jouer un rôle d’intermédiaire dans une relance prudente du dialogue entre les deux capitales, après plus d’un an de froid diplomatique.

Le communiqué de la présidence de la République, rendu public le 10 novembre 2025, annonce qu’Abdelmadjid Tebboune a répondu favorablement à une requête formulée par le président de la République fédérale d’Allemagne, Frank-Walter Steinmeier, sollicitant la grâce de l’écrivain algérien Boualem Sansal pour des raisons humanitaires. Si le texte officiel insiste sur la dimension humaine et légale de la décision, son contexte diplomatique lui confère une portée bien plus large.

Cette mesure intervient à un moment où Alger et Paris multiplient, sans les rendre publiques, les signaux d’ouverture en vue d’une reprise du dialogue politique gelé depuis juillet 2024. La médiation allemande, à travers la demande adressée par le président Steinmeier, apparaît dès lors comme un acte d’intercession dans le cadre d’une diplomatie souterraine associant, de manière implicite, Berlin, Alger et Paris.

Depuis plus d’un an, tous les canaux officiels de communication diplomatique et sécuritaire entre la France et l’Algérie demeurent fermés. Le gel a touché aussi bien les échanges entre services de renseignement que les consultations politiques de haut niveau, conséquence directe de la crise née de divergences persistantes sur les dossiers mémoriels, migratoires et sécuritaires. Dans ce contexte de blocage, les deux capitales ont progressivement privilégié des formes de diplomatie officieuse, opérant à travers des relais religieux ou culturels.

Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, et Monseigneur Jean-Paul Vesco, archevêque de l’Église catholique d’Algérie, auraient ainsi joué un rôle discret dans le maintien d’un fil de communication spirituel et symbolique entre les deux pays. Ce canal parallèle, toléré de part et d’autre, permettait de préserver un minimum de confiance et d’éviter une rupture totale, tout en préparant le terrain à une reprise progressive du dialogue politique.

Dans cette perspective, la demande de Frank-Walter Steinmeier et la réponse positive d’Abdelmadjid Tebboune ne relèvent pas seulement d’un geste humanitaire isolé. Elles traduisent un repositionnement subtil de l’Allemagne, agissant comme passerelle entre l’Algérie et la France, deux partenaires stratégiques de l’Union européenne dont la relation bilatérale demeure essentielle pour la stabilité du bassin méditerranéen.

En acceptant la grâce de Boualem Sansal, le président Tebboune envoie également un message mesuré à ses partenaires européens : celui d’un État souverain, attaché à ses principes, mais capable d’entendre les sollicitations de ses alliés lorsqu’elles sont motivées par des considérations humanitaires. 

Cette  mansuétude dont a fait preuve Abdelmadjid Tebboun est un geste qui interroge d’autant qu’il intervient après une fermeté opposée par l’Algérie aux demandes françaises de libération de l’écrivain franco algérienne Boualem Sansal. 

Ce geste inattendu apres les graves accusations lancées par Tebboune et la presse proches du pouvoir contre Boualem Sansal, s’inscrit, assure le communiqué de la présidence, dans le strict cadre constitutionnel — l’article 91, paragraphe 8, conférant au chef de l’État le pouvoir de grâce — et revêt, à ce titre, une portée symbolique singulière.

Mais ce geste interroge. Il intervient après que l’Algérie eut opposé une fermeté constante aux demandes réitérées des autorités françaises en faveur de la libération de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, refusant jusque-là de recourir à quelque artifice judiciaire ou constitutionnel pour accéder à ces sollicitations.

C’est dire que la décision de Tebboune, motivée cette fois par une requête d’un partenaire tiers, se veut avec une dimension diplomatique. D’où la question : pourquoi le même Tebboune n’a pas repondu à tous les appels lancés par des Algériens, des ONG internationales de défense des droits humains concernant les quelque 250 detenus d’opinion ?

La rédaction

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