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lundi 15 septembre 2025
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ANP : reddition d’un terroriste 

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Reddition d'un terroriste

Un terroriste armé s’est rendu aux autorités militaires de Bordj Badji Mokhtar et trois éléments de soutien aux groupes terroristes ont été arrêtés dans différentes opérations menées par des détachements de l’Armée nationale populaire (ANP)àtravers le territoire national entre le 13 et le 19 août en cours, indique mercredi un bilan opérationnel de l’ANP.

« Dans la dynamique des efforts soutenus dans la lutte antiterroriste et contre la criminalité organisée multiforme, des unités et des détachements de l’ANP ont exécuté, durant la période allant du 13 au 19 août 2025, plusieurs opérations ayant abouti à des résultats de qualité qui reflètent le haut professionnalisme, la vigilance et la disponibilité permanente de nos forces armées à travers tout le territoire national », précise la même source.

Dans le cadre de la lutte antiterroriste et grâce aux efforts des unités de l’ANP, « le terroriste dénommé Okba Kounta Sid Ahmed, alias +Mohamed+  s’est rendu aux autorités militaires de Bordj Badji Mokhtar en 6ème Région militaire, en sa possession un pistolet mitrailleur de type Kalachnikov, un fusil semi-automatique de type Semënov, une quantité de munitions et d’autres effets, tandis que d’autres détachements de l’ANP ont arrêté trois éléments de soutien aux groupes terroristes dans différentes opérations à travers le territoire national ».

Dans le cadre de la lutte contre la criminalité organisée et « en continuité des efforts déployés afin de contrecarrer le fléau du narcotrafic dans notre pays », des détachements combinés de l’ANP « ont intercepté, en coordination avec les différents services de sécurité, lors d’opérations exécutées à travers les Régions militaires, 31 narcotrafiquants et mis en échec des tentatives d’introduction d’un quintal et 66 kilogrammes de kif traité provenant des frontières avec le Maroc, alors que 2,23 kilogrammes de cocaïne et 131.318 comprimés psychotropes ont été saisis ».

A Tamanrasset, Bordj Badji Mokhtar, In Salah et Illizi, des détachements de l’ANP « ont arrêté 270 individus et saisi 23 véhicules, 158 groupes électrogènes, 63 marteaux piqueurs, 4 détecteurs de métaux, ainsi que des quantités de mélange d’or brut et de pierres et d’équipements utilisés dans des opérations d’orpaillage illicite ».

De même, « 11 autres individus ont été appréhendés et 7 fusils de chasse, 17.035 litres de carburants, ainsi que 6 quintaux de tabacs ont été saisis et ce lors d’opérations distinctes ».

Par ailleurs, les Garde-côtes « ont mis en échec, sur les côtes nationales, des tentatives d’émigration clandestine et procédé au sauvetage de 513 individus à bord d’embarcations de construction artisanale, alors que 507 immigrants clandestins de différentes nationalités ont été arrêtés à travers le territoire national ».

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De nouveaux témoignages fournissent des preuves manifestes que la famine infligée par Israël aux Palestinien·ne·s de Gaza relève d’une politique délibérée

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Gaza plongée dans la famine.
Gaza plongée dans la famine par le gouvernement israélien.

Israël mène une campagne délibérée visant à affamer la bande de Gaza occupée, détruisant systématiquement la santé, le bien-être et le tissu social de la vie palestinienne, a déclaré Amnesty International lundi 18 août à l’occasion de la publication de nouveaux témoignages terrifiants de civil·e·s déplacés faisant l’expérience de la famine. Leurs récits viennent confirmer les constats répétés de l’organisation selon lesquels le problème cumulé de la faim et de la maladie n’est pas une retombée malencontreuse des opérations militaires israéliennes. Il s’agit du résultat escompté de plans et politiques qu’Israël a conçus et mis en œuvre ces 22 derniers mois, afin d’infliger délibérément aux Palestinien·ne·s de Gaza des conditions de vie visant à entraîner leur destruction physique – ce qui fait partie intégrante du génocide en cours contre les Palestinien·ne·s de Gaza.

« Alors que les autorités menacent de lancer une opération terrestre en vue d’une occupation totale de la ville de Gaza, les témoignages que nous avons recueillis sont bien plus que des récits de souffrances, il s’agit d’une mise en cause cinglante d’un système international ayant donné à Israël l’autorisation de tourmenter les Palestinien·ne·s dans une impunité quasi-totale depuis des décennies », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice générale de la recherche, du plaidoyer, des politiques et des campagnes à Amnesty International. 

« Pour ne serait-ce que commencer à remédier aux conséquences dévastatrices des politiques et actions inhumaines d’Israël, qui ont fait de la famine forcée de masse une sinistre réalité à Gaza, la levée immédiate et sans condition du blocus, et un cessez-le-feu prolongé sont nécessaires. L’impact du blocus imposé par Israël et du génocide en cours sur les civil·e·s, en particulier les enfants, les personnes présentant un handicap, celles qui souffrent de maladies chroniques, les personnes âgées et les femmes enceintes et qui allaitent, est catastrophique et ne peut être annulé par la simple augmentation du nombre de camions d’aide humanitaire ou la reprise du parachutage d’articles humanitaires, méthode inefficace et dangereuse servant à donner le change.

Des enfants palestiniens dépérissent en raison de l’inaction, ce qui laisse des familles face à un choix impossible : écouter les pleurs de leurs enfants émaciés qui réclament à manger, ou risquer des blessures voire la mort dans une quête désespérée pour obtenir de l’aide.Erika Guevara-Rosas, Amnesty International

« Les structures proposant des soins de santé doivent recevoir les fournitures et équipements dont elles ont besoin pour fonctionner. Il faut libérer les civil·e·s de la menace constante des déplacements de masse. Des organisations humanitaires de confiance doivent être autorisées à proposer une aide et des abris, en toute sécurité et sans restriction arbitraire, d’une manière qui respecte la dignité et l’humanité de la population civile. Il est en outre extrêmement urgent de renoncer à tout projet visant à entériner l’occupation de Gaza ou à intensifier l’offensive militaire.

« Si des millions de personnes dans le monde continuent à descendre dans la rue en signe de protestation, tandis que nos dirigeant·e·s font des effets de manche, la campagne délibérée et systématique menée par Israël pour affamer une population entière continue à infliger des souffrances insupportables. Des enfants palestiniens dépérissent en raison de l’inaction, ce qui laisse des familles face à un choix impossible : écouter les pleurs de leurs enfants émaciés qui réclament à manger, ou risquer des blessures voire la mort dans une quête désespérée pour obtenir de l’aide. » 

Ces dernières semaines, Amnesty International a recueilli les propos de 19 Palestinien·ne·s, qui résident désormais dans trois camps de fortune pour personnes déplacées dans leur propre pays, ainsi que de deux professionnel·le·s de santé soignant des enfants souffrant de malnutrition dans deux hôpitaux de la ville de Gaza. 

Au 14 août, le ministère de la Santé de Gaza avait recensé 105 décès d’enfants dûs à des complications liées à la malnutrition.

Dans une alerte diffusée le 29 juillet 2025, le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire a signalé que divers niveaux de famine avaient été atteints dans la majeure partie de la bande de Gaza, concluant que le pire scénario en termes de famine était devenu réalité et que le nombre de personnes, notamment d’enfants, qui mourront de faim continuera à augmenter. Cette réalité alarmante a été confirmée par les données recueillies par le Nutrition Cluster, selon lesquelles près de 13 000 hospitalisations d’enfants pour malnutrition aiguë ont été enregistrées en juillet, le chiffre mensuel le plus élevé depuis octobre 2023. Au moins 2 800 d’entre eux présentaient une malnutrition aiguë sévère.

Les autorités israéliennes ont exacerbé les conditions inhumaines que leurs politiques ont créées en continuant à entraver le travail de la plupart des principales organisations humanitaires et des organes des Nations unies à l’intérieur de Gaza, notamment en rejetant leurs demandes d’acheminement de fournitures humanitaires vitales jusqu’à Gaza. Ces restrictions arbitraires ont été accompagnées de l’introduction de nouvelles règles relatives à l’enregistrement des ONG internationales qui, si elles sont mises en œuvre, empêcheront complètement ces organisations de fonctionner dans le Territoire palestinien occupé. 

« La plupart des familles de Gaza sont au-delà du point de rupture. Elles ont déjà épuisé les quelques rares ressources dont elles disposaient et dépendent entièrement de l’aide humanitaire. Les restrictions imposées par les autorités israéliennes au travail d’organisations humanitaires majeures et leurs menaces de leur interdire d’effectuer leur travail prive de fait ces familles de leur seule source de subsistance », a déclaré Erika Guevara Rosas.

« J’ai le sentiment d’avoir échoué en tant que mère » – L’impact sur les femmes enceintes et les mères qui allaitent

L’impact conjugué des politiques de famine forcée de grande ampleur menées par Israël, de multiples déplacements forcés et de restrictions à l’accès à une aide vitale a été particulièrement dévastateur pour les femmes enceintes ou allaitantes. Sur les 747 femmes enceintes ou allaitantes que Save the Children a examinées dans ses cliniques au cours de la première quinzaine de juillet, 323 (43 %) souffraient de malnutrition. 

Les femmes enceintes ou allaitantes dont Amnesty International a recueilli les propos ont parlé de la pénurie extrême d’articles indispensables à leur survie, de la réalité insoutenable de leur grossesse ou de leur nouveau rôle de mère tandis qu’elles vivent sous une tente dans la chaleur estivale suffocante, et le combat quotidien pour trouver de la nourriture, du lait maternisé et de l’eau propre. Elles ont aussi fait part de leur sentiment de culpabilité face à l’impossibilité de subvenir aux besoins de leurs enfants, de leurs craintes lorsqu’elles se demandent qui s’occupera de leurs enfants si elles sont tuées, et de leur anxiété quant à l’impact de la malnutrition sur la croissance et le bien-être de leurs enfants. 

S (nous ne fournissons pas son nom entier, à sa demande), une infirmière déplacée de Jabalia au camp d’al Taqwa à Sheikh Radwan, dans la ville de Gaza, a raconté ses difficultés quotidiennes pour s’occuper de son fils de deux ans et de sa fille de sept mois. Elle a fui pour sauver la vie de ses enfants, le choix étant le déplacement ou la mort. Elle a déclaré que la faim est devenue palpable fin avril, la poussant à réserver pour ses enfants les maigres portions de nourriture disponibles, tandis qu’elle se privait. Sa capacité à allaiter a commencé à s’amenuiser fortement à la fin du mois d’avril, et elle a évoqué la douleur physique et émotionnelle ressentie après avoir passé des heures à essayer nourrir son bébé alors que « le lait ne venait pas », faute de tire-lait et avec un accès très réduit à des compléments maternels. Le repas quotidien de cette famille, lorsque de la nourriture est disponible, est constitué d’une assiette de lentilles ou d’aubergines à partager, avec de l’eau, dont S réserve la plus grande partie à son fils. Ses enfants s’endorment « en pleurant de faim ». Le lait maternisé, difficile à se procurer à travers Gaza, coûte environ 270 shekels (79 dollars des États-Unis) pour trois jours, et est hors de portée. Sa fille de sept mois fait le poids d’un bébé de quatre mois. Même à ce prix exorbitant, les familles décrivent la pénurie de lait maternisé au marché.

« J’ai peur de faire une fausse couche, mais je pense aussi à mon bébé : je panique juste à l’idée de l’impact potentiel de ma propre faim sur la santé de ce bébé, son poids, les éventuelles [anomalies], et même s’il naît en bonne santé, de la vie qui attend cet enfant, au milieu des déplacements, des bombes, des tentes […] »Hadeel, mère de deux enfants et enceinte de quatre mois

Lorsque la cuisine communautaire du camp, leur seule source de nourriture, a cessé de servir des repas pendant trois jours, S pouvait seulement donner de l’eau à ses enfants. Son mari a été blessé alors qu’il était allé chercher des denrées de première nécessité près du point de passage de Zikim, et elle lui a demandé de ne pas y retourner. Son fils, affaibli par la faim, « tombait dès qu’il se mettait à marcher ». « J’ai le sentiment d’avoir échoué en tant que mère. La faim de votre enfant vous donne l’impression d’être une mauvaise mère. »

Les difficultés à se procurer des produits de première nécessité vont au-delà de la nourriture. Les couches pour bébés sont inaccessibles, et S en est réduite à déchirer ses habits pour en fabriquer, mais il est impossible de les laver en raison du manque d’eau propre – résultat de la destruction ou des graves dégâts infligés au réseau d’alimentation en eau et au système d’assainissement de Gaza. La tente où elle vit avec son mari et leurs deux enfants est infesté de rats, de moustiques et de cafards. Sa fille a développé une infection bactérienne cutanée, qu’elle n’est pas en mesure de soigner parce qu’antibiotiques et pommades ne sont pas disponibles.

Des travailleurs humanitaires employés par deux organisations ayant parlé à Amnesty International sous le couvert de l’anonymat ont mentionné que les demandes soumises par leurs organisations afin de faire entrer des antibiotiques à Gaza ont été rejetées par la Coordination des activités gouvernementales dans les territoires, une unité du ministère israélien de la Défense chargée de traiter les requêtes relatives à la coordination et à l’approbation de l’entrée de fournitures.

Le coût mental de la famine, notamment le traumatisme, la culpabilité et la honte, pèse également sur les femmes enceintes auxquelles Amnesty International a parlé. Hadeel, 28 ans, mère de deux enfants et enceinte de quatre mois, a décrit ses craintes pour son fœtus, dont on perçoit à peine les mouvements ou le rythme cardiaque. Elle se sent coupable pour cette grossesse, sachant qu’elle ne peut pas se nourrir : « J’ai peur de faire une fausse couche, mais je pense aussi à mon bébé : je panique juste à l’idée de l’impact potentiel de ma propre faim sur la santé de ce bébé, son poids, les éventuelles [anomalies], et même s’il naît en bonne santé, de la vie qui attend cet enfant, au milieu des déplacements, des bombes, des tentes […] » 

Elle redoute d’avoir à donner naissance dans ces conditions, se souvenant des soins prénataux complets, des vitamines et des examens médicaux que l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) fournissait à l’époque de ses deux précédentes grossesses, ressources désormais totalement indisponibles. Les enfants d’Hadeel lui réclament constamment à manger, un lieu où jouer, et d’aller à l’école. Plusieurs autres femmes interrogées par Amnesty International dans le cadre de précédentes enquêtes et de celle-ci ont expliqué avoir pris la décision de ne pas concevoir, même si elles avaient un fort désir d’enfant, en raison des conditions de vie et des bombardements à Gaza. 

Les entretiens d’Amnesty International avec des Palestinien·ne·s déplacés à travers trois camps de la ville de Gaza ont révélé que cette terrible situation affecte uniformément la population. Aucun d’entre eux n’avaient consommé d’œufs, de poisson, de viande, de tomates ni de concombres depuis au moins un mois ; pour la plupart, cela faisait même plusieurs mois. Le manque généralisé d’aliments frais et nutritifs résulte du blocus asphyxiant imposé par Israël et de sa destruction systématique des sources de production de nourriture, notamment de vastes zones agricoles, de fermes d’élevage de volailles et de bétail, lors d’opérations militaires, par le pilonnage, les bombardements ou la destruction par des explosifs installés manuellement. 

Une évaluation effectuée par le Centre satellitaire des Nations Unies, et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, rendue publique le 31 juillet, a déterminé que 86 % des terres de Gaza où poussaient des cultures permanentes ont connu un déclin considérable en termes de santé et de densité, en raison d’activités liées au conflit, notamment le fait de raser, de bombarder, de pilonner et d’utiliser des engins de chantier. 

En mai 2025, Amnesty International a recueilli des informations indiquant que ce qui restait de Khuzaa, à l’est de Khan Younis, zone incluant certaines des terres agraires les plus fertiles de Gaza, avait été totalement rasé. L’absence d’accès à des terres cultivables ou les graves dégâts, voire la destruction, qu’elles ont subis, signifie que les récoltes sont modestes, et les légumes, lorsqu’il y en a, sont désormais vendus à des prix astronomiques, ce qui signifie que les résident·e·s sont entièrement dépendants des articles qu’Israël laisse entrer en quantité très limitée sur le territoire. Le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires a noté le 13 août que le prix de nombreuses marchandises continue à fluctuer en fonction de la spéculation plutôt que de la disponibilité réelle. Un kilo de tomates coûtait près de 80 shekels (soit 23 dollars) au 14 août, soit 20 fois plus qu’avant le 7 octobre 2023. Après que les autorités israéliennes ont approuvé un mécanisme permettant l’entrée limitée de certaines marchandises à Gaza, par le biais de négociants autorisés, le prix de certains articles, comme le sucre, les dattes, certaines conserves et la farine, a baissé mais reste près de 10 fois plus élevé qu’avant le 7 octobre. 

Les pêcheurs doivent eux aussi se limiter à une zone étroite et dangereuse près du port, risquant les tirs d’obus ou une arrestation lorsqu’ils sortent pêcher.

« Je suis devenue un fardeau pour ma famille » – Répercussions sur les personnes âgées

Abu Alaa, 62 ans, un homme déplacé résidant dans le camp de réfugiés de Jabalia, a déclaré avoir reçu pour seul repas de la journée de la soupe de lentilles de la cuisine communautaire. Il a ajouté que la distribution de pain a seulement lieu un jour par semaine, ce qui force sa famille à le rationner, et qu’il n’a rien goûté de sucré, même un fruit, depuis des mois. « Moi, je peux tolérer la faim, mais ce n’est pas possible pour les enfants », a-t-il dit. 

Abu Alaa souhaiterait que l’UNRWA reprenne la distribution de l’aide humanitaire, car il fait confiance à cette structure pour son système équitable et juste qui s’appuie sur la taille des familles. Il a décrit les dangers liés à la frénésie actuelle pour se procurer des biens de première nécessité : « Par le passé, on se soutenait les uns les autres, surtout les personnes dans le besoin. Même au début de cette guerre. Maintenant, les gens sont animés par un instinct de survie individuel. » 

Nahed, 66 ans, a déclaré à Amnesty International que la ruée sur la nourriture près des itinéraires empruntés pour l’aide humanitaire « a privé les gens de leur humanité ». Il a ajouté : « J’ai dû y aller parce que je n’ai personne qui puisse prendre soin de moi. J’ai vu de mes propres yeux des personnes porter des sacs de farine tachés du sang de ceux qui venaient d’être visés par des balles ; même des gens que je connaissais sont presque méconnaissables. L’expérience de la faim et de la guerre a complètement changé Gaza ; cela a changé nos valeurs. »

Les personnes âgées sont aussi parmi celles qui ont été affectées le plus gravement par le déplacement.

Aziza, 75 ans, a évoqué avec Amnesty International son désir de mourir :

« J’ai l’impression d’être devenue un fardeau pour ma famille. Lorsque nous avons été déplacés, ils ont dû me pousser sur un fauteuil roulant. Comme les queues pour aller aux toilettes sont extrêmement longues dans le camp où nous sommes, j’ai besoin de couches pour adultes. J’ai besoin de médicaments pour le diabète, l’hypertension et un trouble cardiaque, et j’ai dû prendre des médicaments ayant dépassé la date d’expiration. Je me dis toujours que ces jeunes enfants, ce sont eux qui méritent de vivre, comme mes petits-enfants. J’ai le sentiment d’être un poids pour eux, pour mon fils. »

« Destructions multidimensionnelles imbriquées » – Le mélange meurtrier de la faim et de la maladie

Un médecin urgentiste de l’hôpital Al Shifa, dans la ville de Gaza, a dressé un tableau très sombre de la situation. Interrogé par Amnesty International le 24 juillet, il a souligné que les personnes les plus vulnérables – les bébés, les enfants ayant des problèmes de santé pré-existants, les personnes âgées et les personnes vivant avec un handicap – sont affectées de manière disproportionnée par les effets conjugués du manque de nourriture, de médicaments, d’eau propre et d’hygiène. Ces pénuries sont aggravées par une peur et une détresse constantes. 

Ce médecin a indiqué que de nombreux patient·e·s mèneraient des « vies raisonnables » si ce n’était l’« accumulation de la famine, de la destruction et de l’épuisement du système de santé, des conditions insalubres et de nombreux déplacements dans des conditions inhumaines. » 

Le manque d’aliments nutritifs spécifiques cause des complications de santé qui pourraient facilement être évitées. Un adolescent ayant reçu une greffe de rein, par exemple, a fait une rechute en raison de la pollution de l’eau et d’une nourriture inadéquate. Des diabétiques qui pourraient maintenir leur état de santé à l’aide d’une alimentation stricte sont désormais confrontés à de graves difficultés, faute d’aliments riches en nutriments, notamment des légumes, du poisson, du poulet et des haricots, et de matériel médical. 

Le médecin a déclaré que la famine forcée de grande ampleur a relégué au second plan d’autres urgences de santé, en particulier la multiplication alarmante de cas de maladies infectieuses et véhiculées par l’eau, de méningite et de syndrome de Guillain-Barré. Il a ajouté qu’une grave pénurie d’antibiotiques et l’énorme charge représentée pour son hôpital, qui ne fonctionne que partiellement, ont exacerbé ce qu’il qualifie de « catastrophe invisible », expliquant que la propagation de maladies, ou les maladies chroniques pour lesquelles on pouvait auparavant obtenir un traitement, passent souvent inaperçues en raison de la « préoccupation exclusive pour la quantité de nourriture qui nous parvient, sans que la situation ne soit vue dans son ensemble ».

Le monde ne peut continuer à féliciter Israël parce qu’il laisse entrer l’aide humanitaire au compte-gouttes et considère que ces mesures de façade constituent une réponse suffisante face à sa destruction calculée de la vie des Palestinien·ne·s de GazaErika Guevara-Rosas, Amnesty International 

Le syndrome de Guillain-Barré est une maladie neurologique rare et mettant la vie en danger dans laquelle le système immunitaire s’attaque au système nerveux périphérique. Ce syndrome est causé par des infections virales, comme celles provoquant la diarrhée. Il peut toucher tous les systèmes sensoriels, causer une faiblesse musculaire, affecter les rythmes respiratoire et cardiaque, et mener à la paralysie. Selon le ministère de la Santé, 76 cas de syndrome de Guillain-Barré étaient recensés au 12 août 2025, et sont tous apparus en juillet et août. Sur tous ces cas, le syndrome a causé la mort de quatre Palestinien·ne·s, dont deux enfants. 

L’injection d’immunoglobulines, le principal médicament utilisé pour soigner le syndrome de Guillain-Barré, n’est actuellement pas possible à Gaza en raison du blocus israélien. Si cette maladie progresse, et notamment si elle s’étend aux muscles des poumons, et cause une faiblesse respiratoire, les patients doivent être intubés. Pour un secteur de la santé presque réduit à néant et déjà submergé du fait d’événements faisant un grand nombre de blessés chaque jour, la capacité à faire face à une situation mêlant faim et maladie est extrêmement limitée. 

L’impact sur les patient·e·s comme sur les professionnel·le·s de la santé est très lourd. Les blessures mettent beaucoup plus de temps à guérir, ce qui force des personnes présentant des lésions peu graves à subir des séjours prolongés à l’hôpital parce que leur organisme est trop affaibli par l’absence de nourriture adéquate. Le médecin urgentiste d’Al Shifa a décrit des « destructions multidimensionnelles imbriquées », où un hôpital dévasté, comme celui d’Al Shifa – autrefois le plus grand de Gaza, désormais à peine fonctionnel après avoir été attaqué lors de deux raids israéliens de grande ampleur en novembre 2023 et mars 2024 -, doit faire face à une famine forcée, une infrastructure annihilée, des bombardements constants, et le risque de nouveaux déplacements vers des tentes insalubres. Le médecin a déclaré à Amnesty que le personnel médical est épuisé par cet état constant et généralisé de crise. 

« Une situation déjà catastrophique risque de basculer dans une horreur encore plus absolue si Israël met en œuvre son projet de lancer une invasion terrestre de grande ampleur dans la ville de Gaza. Une opération militaire de ce type porterait un coup dévastateur et irréversible aux deux centres de stabilisation pour le traitement de la malnutrition en activité dans la ville, ainsi qu’à des établissements de santé à bout de forces », a déclaré Erika Guevara-Rosas.

Après que le gouvernement israélien a approuvé le plan visant à confirmer l’occupation de Gaza en lançant une offensive contre la ville de Gaza, une personne déplacée du camp de réfugiés de Jabalia a déclaré : « J’ai déjà été déplacé 14 fois durant cette guerre ; je n’ai pas l’énergie nécessaire pour fuir de nouveau ; je n’ai pas d’argent pour transporter mes deux enfants handicapés ; j’ai mal aux muscles, je suis trop épuisé pour marcher, sans parler de porter mes enfants. S’ils attaquent la ville, nous resterons assis ici à attendre la mort. »

« En sa qualité de puissance occupante, Israël est tenu, en vertu du droit, de protéger les civil·e·s et de répondre aux besoins de la population civile, notamment en favorisant l’entrée sur le territoire de fournitures essentielles à sa survie, la distribution sûre et digne d’une aide humanitaire et un accès sans entrave à la nourriture et à des équipements médicaux à travers Gaza. La famine ne doit jamais être utilisée comme une arme de guerre, et l’UNRWA et d’autres organes des Nations unies, ainsi que des organisations humanitaires doivent se voir donner un accès sûr et sans restriction à l’ensemble de la bande de Gaza.

« Le monde ne peut continuer à féliciter Israël parce qu’il laisse entrer l’aide humanitaire au compte-gouttes et considère que ces mesures de façade constituent une réponse suffisante face à sa destruction calculée de la vie des Palestinien·ne·s de Gaza », a déclaré Erika Guevara-Rosas. 

« Devant les horreurs infligées par Israël à la population palestinienne de Gaza, la communauté internationale, en particulier les alliés d’Israël, dont l’Union européenne et ses membres, doivent honorer l’obligation morale et juridique qui leur est faite de mettre fin au génocide actuellement perpétré par Israël. Les États doivent de toute urgence suspendre tous les transferts d’armes, adopter des sanctions ciblées et mettre un terme à tout engagement avec des entités israéliennes dès lors qu’il contribue au génocide commis par Israël contre la population palestinienne de Gaza. »

Complément d’information

Ces recherches s’appuient sur des informations récemment recueillies par Amnesty International au sujet de l’impact de politiques et pratiques israéliennes spécifiques, notamment le siège total imposé pendant 78 jours entre mars et mai, et le remplacement du système humanitaire piloté de longue date par les Nations unies, par un méchanisme d’aide non neutre, meurtrier et dégradant, opéré par la « Gaza Humanitarian Foundation », soutenue par les États-Unis et Israël, qui n’a fait qu’aggraver les souffrances de la population civile à Gaza. 

Amnesty International

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Leçons de la tragédie de Oued El Harrach : mensonges d’État et théâtre médiatique

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Présidence

Dix-huit vies fauchées en un instant, un pays sous le choc… et un pouvoir qui s’est empressé de saturer l’espace médiatique à coups de mises en scène ministérielles, trop appuyées pour convaincre.

La tragédie de Oued El Harrach n’a pas seulement révélé la vétusté meurtrière d’un bus en fin de vie ; elle a surtout mis à nu la faillite d’un exécutif incapable de rompre avec l’opacité et d’assumer ses responsabilités dans la transparence.

Que constate-t-on ? Un chef de l’État volatilisé depuis début août — en villégiature dans une résidence officielle à l’ouest du pays, ou en séjour médical à l’étranger ? — comme si la République pouvait se permettre une telle éclipse au cœur d’un drame national.

Un Premier ministre, déjà transparent, réduit au silence, privé d’autorité et de visibilité.

Un simple directeur de cabinet de la présidence propulsé artificiellement sur le devant de la scène, alors qu’aucune fonction protocolaire ne lui confère une telle légitimité. Et des ministres multipliant les apparitions surjouées, transformant le deuil collectif en mauvais spectacle, à la limite du cabotinage.

Même le chef d’état-major de l’ANP, le général Saïd Chanegriha, a choisi d’occuper le terrain médiatique, transformant sa visite aux rescapés en opération de communication soigneusement scénarisée.

Cette succession d’images trop travaillées dit tout : le pouvoir ne gouverne plus, il communique. Ou plutôt tente d’enfumer l’opinion. Perché sur les hauteurs d’Alger, il ne mesure pas la gravité des drames, il s’emploie à occuper l’espace par une agitation médiatique creuse grâce à une certaine presse tout heureuse de servir. L’État est réduit à un décor, où la compassion se travestit en spectacle et où la culture d’État cède la place à l’esbroufe.

Les Algériens méritent mieux qu’un pouvoir qui confond empathie et mise en scène. Pendant ce temps, Abdelmadjid Tebboune brille toujours par son silence.

Sofiane Ayache

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Polémique sur l’absence de Tebboune : quand le silence des images alimente le doute

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Tebboune
Le chef de l'Etat devient M. Bricolage.

La diffusion, il y a quatre jours,  d’une vidéo du journaliste franco-algérien Mohamed Sifaoui affirmant que le chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune serait en vacances en Allemagne a provoqué une vague de commentaires et de spéculations sur les réseaux sociaux. 

En réaction, plusieurs médias algériens, se référant à une source anonyme et « bien  informée » ont rapidement démenti ces allégations, parlant de fake news et dénonçant une tentative de déstabilisation. Certains ont même attaqué personnellement Mohamed Sifaoui en mettant en avant son parcours et ses prises de position controversées.

Ces médias ont  rappelé que le chef de l’État avait décrété un deuil national d’une journée après le drame de Oued El Harrach. Des sites d’information ont même allégué avec certitude que A. Tebboune se trouve dans une ville de l’ouest du pays, sans donner plus de précisions ni de détails sur ce séjour hors de la capitale, Alger.

En outre, et en l’absence d’images récentes du chef de l’État, ce sont ses ministres et les représentants de la présidence qui tentent tant bien que mal de combler le vide.

À chacune de ses sorties publiques, notamment pour présenter les condoléances de l’État aux familles des victimes du drame de Oued El Harrach, le ministre de l’Intérieur, Brahim Merrad, prend le soin d’indiquer qu’il accomplit cette obligation  « conformément aux orientations du président de la République ». Une manière de rappeler la présence symbolique de Tebboune, sans pour autant apaiser les interrogations nées de son absence visuelle. Autrement dit, la voix de son maître. Tout est hypercentralisé autour de la personne du chef de l’Etat. Rien autour n’existe !

De fait, si les dénégations sont fermes, elles peinent à convaincre. Car la meilleure manière de tuer la rumeur n’est pas seulement de la réfuter verbalement : il suffirait de montrer le chef de l’État à la télévision nationale, dans ses activités courantes (réunions, visites, audiences, déclarations). Ou dire la vérité aux Algériens : qu’il est en vacances et qu’il en séjour à l’étranger pour raison de santé.

 Or, depuis le drame de Oued El Harrach, aucune image récente de Tebboune en situation publique sur le territoire algérien n’a été diffusée. Aucun déclaration sur une absence tellement visible qu’elle interroge et interpelle.

Seules ses condoléances officielles et le décret de deuil national ont été relayés, de manière très formelle et impersonnelle. Et, le mardi 19 août, un message du président à l’occasion de la Journée nationale du Moudjahid a été diffusé. Là encore, aucune apparition filmée du chef de l’État : seules quelques images fixes, illustrées par son portrait officiel, accompagné  du texte écrit de son message à été diffusé sur la page Facebook de la télévision nationale.

Le silence visuel de ce dernier contraste avec la forte présence médiatique du chef d’état-major de l’Armée, le général Saïd Chanegriha, filmé et diffusé à la télévision nationale en visite auprès des blessés à l’hôpital. Là où l’institution militaire a choisi la mise en scène, la présidence s’est enfermée dans une communication minimaliste, limitée à des communiqués. De fait, on se demande bien qui est aux affaires !

Résultat : les démentis officiels paraissent insuffisants face à la puissance de la rumeur. L’absence d’images alimente les doutes, au point que la polémique prend de l’ampleur et fragilise la parole de l’État.

En Algérie, plus que jamais, la communication présidentielle semble souffrir d’un déficit de transparence et de réactivité. L’opacité reste la règle de gouvernance. A part cet écume informationnel, il est où en fait le chef de l’Etat ?

La Rédaction 

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France : vives polémiques autour d’Aly Diuara après sa visite au musée d’Ali la Pointe à Alger

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Aly Diuara

Un nouveau front mémoriel et politique s’est ouvert en France autour du député de La France insoumise (LFI), Aly Diuara, après sa visite au musée d’Ali la Pointe dans la Casbah d’Alger. L’élu, qui revendique une démarche de reconnaissance historique, a provoqué une véritable tempête médiatique et politique dans l’Hexagone, où les débats sur la mémoire coloniale continuent de diviser profondément.

Lors de son déplacement en Algérie, Aly Diuara s’est rendu sur les lieux emblématiques de la bataille d’Alger, notamment à la maison où Ali Ammar, dit Ali la Pointe, Hassiba Ben Bouali, Mahmoud Bouhamidi et le jeune Omar Yacef furent tués en 1957 par l’armée coloniale française après le dynamitage du bâtiment.

Sur la plateforme X, le député insoumis a publié plusieurs images de sa visite, accompagnées d’un message affirmant que son geste visait « à reconnaître les sacrifices des Algériens qui ont libéré leur pays du colonialisme français ».

Ces déclarations ont déclenché une violente réaction des milieux conservateurs et de l’extrême droite. Le Journal du Dimanche a dénoncé des propos « contraires aux valeurs de la République », tandis que Le Figaro est allé plus loin en accusant l’élu de « glorifier un tueur du FLN », référence à Ali la Pointe, figure révolutionnaire de la lutte urbaine pendant la guerre d’indépendance.

Le Rassemblement national (RN, extrême droite) s’est engouffré dans la brèche. Son porte-parole, Laurent Jacobelli, a accusé le député LFI de « rendre hommage à une organisation terroriste coupable de crimes contre la France ». Une attaque qui s’inscrit dans la ligne dure du parti de Marine Le Pen, connu pour ses positions hostiles à l’égard de l’Algérie et surtout nostalgique de l’Algérie française.

Face à ces attaques, Aly Diuara n’a pas tardé à répliquer avec virulence. Il a rappelé le passé sulfureux du RN, affirmant : « Votre parti a été fondé par des criminels issus des réseaux néonazis. Le père de votre dirigeante est impliqué dans des actes de torture en Algérie. Vous êtes les derniers à pouvoir donner des leçons ». Faut-il rappeler que Jean-Marie Le Pen a pris part aux exactions qui ont eu lieu pendant ce qu’il est appelé la « bataille d’Alger ». Une sortie qui a relancé la polémique et donné à cette affaire une dimension nationale.

Ce n’est pas un cas isolé. Fin juillet, un autre député insoumis, Serge Delugo, avait déjà subi de vives critiques après avoir dénoncé depuis Alger le « discours raciste et colonial » de certains médias français. Les élus LFI semblent assumer une stratégie de confrontation directe sur le terrain mémoriel, n’hésitant pas à mettre en lumière les zones d’ombre du passé colonial.

Cette nouvelle controverse intervient alors que les relations entre Paris et Alger traversent une période particulièrement tendue. Les dossiers migratoires, la coopération sécuritaire et les questions mémorielles alimentent un climat de méfiance entre les deux capitales. Dans ce contexte, toute prise de position sur la guerre d’indépendance devient un sujet hautement inflammable, instrumentalisé aussi bien dans le débat politique français qu’algérien.

L’affaire Aly Diuara illustre à quel point, plus de soixante ans après la fin de la guerre d’Algérie, la mémoire coloniale continue de structurer les clivages politiques en France. Entre ceux qui plaident pour une reconnaissance assumée des crimes coloniaux et ceux qui restent attachés à une vision héroïque de l’histoire française, le fossé demeure béant.

Mourad Benyahia 

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Les nouvelles méthodes d’influence russes en Afrique post-Wagner

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Mercenaires de Wagner

Deux ans après la mort d’Evgueni Prigojine, le patron du groupe Wagner, et la reprise en main de ses activités par le Kremlin, les opérations d’influence russes continuent sur le continent africain. C’est ce que révèle une enquête menée par RFI et le collectif All Eyes on Wagner.

Le 7 août 2025, deux citoyens russes ont été arrêtés à Luanda, capitale de l’Angola, après des manifestations violentes provoquées par la hausse des prix du carburant. Ils sont accusés d’association criminelle, de falsification de documents, de terrorisme et de financement du terrorisme pour avoir recruté et formé un réseau de désinformation et de propagande qui aurait servi à encourager et financer les manifestations.

Cette affaire lève un coin du voile sur les nouvelles méthodes d’influence russes sur le continent africain. L’un des deux individus arrêtés à Luanda s’appelle Lev Lakshtanov, et il semble être l’homme à la tête de l’opération, explique Carol Valade, journaliste à RFI.

Âgé de 64 ans, Lev Lakshtanov est le fondateur de Farol, une ONG de coopération culturelle avec les pays lusophones – promue par Rossotrudnichestvo, l’agence officielle de la diplomatie culturelle russe fondée par Dmitri Medvedev – qui supervise notamment le réseau des maisons russes et qui prévoyait d’ailleurs d’ouvrir une antenne à Luanda cette année. Lakshtanov a résidé au Brésil, puis fermé ses organisations et quitté la Russie au moment de la mobilisation pour la guerre en Ukraine. Il s’est alors rendu aux Émirats arabes unis, avant de réapparaître à Luanda.

Entré avec un visa touriste, Lev Lakshtanov s’installe avec son collègue, Igor Racthin, dans le quartier Gamek. Ils se présentent comme journalistes et contactent Buka Tanda, russophone et cadre du mouvement de jeunesse de l’Unita, principal parti d’opposition en Angola, sous prétexte de tourner un documentaire et d’ouvrir un centre culturel. Ce dernier leur présente son cousin, journaliste à la télévision publique.

Ensemble, ils réalisent des interviews rémunérées de personnalités politiques, ainsi qu’une enquête d’opinion sur la perception de la Russie en Angola, avant d’être arrêtés et accusés d’être derrière les manifestations contre l’augmentation des prix du carburant.

Les stratégies de Moscou « plus discrètes, mais plus actives que jamais »

Le scénario de Luanda est très similaire aux événements qui se sont déroulés il y a presque un an au Tchad. En septembre 2024, trois Russes et un Biélorusse sont arrêtés par les services secrets à Ndjamena. Parmi eux, se trouvent Maksim Shugaley et Samir Seyfan, deux figures emblématiques des opérations d’influence de Wagner en Afrique. Ils se présentent, eux, comme des investisseurs. Shugaley et Seyfan louent un immeuble, prennent contact avec des politiques, cherchent des informations sur l’économie du pays et commencent à former un réseau de Tchadiens russophones.

Les deux autres membres du quatuor se présentent comme des journalistes. Ils font d’abord miroiter des financements ainsi que des formations à des confrères tchadiens. Mais rapidement, ils leur demandent de publier – contre rémunération – des articles en faveur de la Russie. Ils seront arrêtés lors de l’inauguration d’une maison russe qu’ils ont organisée pour le compte de Rossotrudnichestvo.

Ces deux affaires, au Tchad et en Angola, révèlent que les nouvelles stratégies d’influence russes en Afrique « sont désormais plus discrètes, mais plus actives que jamais, et qu’elles s’étendent et se professionnalisent », indique Lou Osborn, du collectif All Ayes on Wagner.

Ces stratégies s’appuient sur la vitrine « African Initiative », qui accompagne le déploiement d’Africa Corps, entité qui rassemble les anciennes structures militaires de Wagner reprises en main par le Kremlin. Et elles s’appuient aussi sur une multitude d’acteurs privés et de consultants politiques anciennement liés à la galaxie Wagner ou aux services secrets russes ; un pool d’experts, en quelque sorte, désigné par les États occidentaux et la police angolaise sous le nom d’Africa Politology.

On sait désormais que le Tchad et l’Angola font partie des cibles de Moscou. Reste à savoir quelles seront les prochaines.

Rfi

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Bruno Rigutto : l’art du piano au service de l’émotion et de la transmission

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Bruno Rigutto
Bruno Rigutto

Bruno Rigutto est une figure majeure du paysage musical classique français, dont la virtuosité au piano et la sensibilité artistique ont marqué plusieurs générations. Dès son plus jeune âge, il a démontré un talent exceptionnel, ce qui l’a conduit à intégrer le Conservatoire de Paris, l’une des institutions musicales les plus prestigieuses au monde. 

Sous la tutelle des plus grands maîtres, notamment Lucette Descaves pour le piano et Jean Hubeau pour la musique de chambre, il a affiné sa technique et son interprétation, ce qui lui a permis de se distinguer rapidement dans le milieu exigeant de la musique classique. À 17 ans, il rencontre Samson François, dont il devient le disciple pendant dix ans, une relation qui marque profondément son approche musicale.

Au fil de sa carrière, Bruno Rigutto s’est imposé comme un pianiste d’exception, reconnu pour la profondeur émotionnelle de ses interprétations et son engagement artistique. Lauréat de prestigieux concours internationaux tels que le Concours Marguerite Long en 1965 et le Concours Tchaïkovski en 1966, il bénéficie rapidement d’une renommée internationale. Sa maîtrise des œuvres majeures du répertoire, notamment celles de Beethoven, Chopin, Rachmaninov ou Liszt, lui a valu une renommée internationale. Ses concerts, toujours attendus avec impatience, sont l’occasion pour le public de découvrir une musicalité intense, mêlée à une parfaite maîtrise technique. Il a joué sous la direction de chefs renommés comme Carlo Maria Giulini, Lorin Maazel, Georges Prêtre ou Seiji Ozawa. Mais Rigutto ne se limite pas au piano : il s’est également illustré comme chef d’orchestre, apportant la même passion et la même précision à la direction d’ensembles symphoniques.

L’apport de Bruno Rigutto à la musique dépasse largement le simple cadre de la scène et des concerts. En effet, sa passion pour le piano et la musique classique l’a naturellement conduit vers une carrière d’enseignant, où il a su transmettre bien plus que des notes ou des techniques : il a partagé une véritable philosophie artistique. En tant que pédagogue, Rigutto enseigne au Conservatoire de Paris depuis 1981, succédant à Aldo Ciccolini, et à l’École Normale Alfred Cortot. Il anime également des masterclasses en Europe, en Asie et en Amérique. Il a su inculquer à ses élèves à la fois la rigueur indispensable pour maîtriser un instrument aussi exigeant que le piano, et la sensibilité nécessaire pour donner vie aux œuvres. Son approche pédagogique se caractérise par un équilibre subtil entre discipline technique et expression personnelle, encourageant ses élèves à développer leur propre interprétation tout en respectant l’esprit des compositeurs.

Ce rôle d’enseignant a eu une influence considérable sur la nouvelle génération de musiciens, plusieurs d’entre eux devenant aujourd’hui des artistes reconnus. La transmission du savoir par Rigutto ne s’est pas limitée à une simple répétition des gestes ou à l’exécution mécanique des partitions ; il a toujours insisté sur l’importance de comprendre le contexte historique et émotionnel des œuvres, ce qui a profondément marqué ses élèves. De plus, son humilité et sa capacité d’écoute ont favorisé un environnement d’apprentissage stimulant, où chaque étudiant pouvait s’épanouir pleinement.

Au-delà de son rôle de pédagogue, Bruno Rigutto a également contribué à élargir l’audience de la musique classique grâce à ses nombreux enregistrements. Ces productions discographiques, réalisées avec un souci du détail et une interprétation toujours sincère, ont permis à un public bien plus large que celui des salles de concert d’accéder à des versions d’une grande qualité artistique. Il a enregistré des œuvres de Chopin, Schumann, Liszt, Tchaïkovski, parmi d’autres compositeurs, pour des labels prestigieux tels que Decca, EMI, Forlane ou Denon. Ses enregistrements ont souvent été salués pour leur profondeur expressive et leur clarté, offrant une expérience d’écoute riche et accessible à la fois aux connaisseurs et aux amateurs. Par exemple, son album « Ricordi » (2023) présente 26 pièces de 13 pays différents, illustrant la diversité et la richesse de sa carrière internationale. Ainsi, par ce biais, Rigutto a réussi à faire rayonner la musique classique bien au-delà des frontières traditionnelles, rapprochant cet art souvent perçu comme élitiste d’un public plus diversifié et contemporain.

Bruno Rigutto ne s’est pas contenté d’être un interprète exceptionnel : il a joué un rôle fondamental dans la perpétuation et la diffusion de la musique classique, à la fois à travers l’enseignement, où il a façonné de nombreux talents, et par ses enregistrements, qui ont su toucher et inspirer un large auditoire. Sa contribution à la musique est ainsi multiple, durable, et profondément humaine.

L’impact de Bruno Rigutto sur la musique classique française est véritablement profond et multiple. À une époque où la musique classique peut parfois être perçue comme un art réservé à une élite, Rigutto s’est distingué par sa capacité à rendre ce répertoire accessible et vivant, sans jamais trahir sa complexité ni sa richesse. Son jeu, à la fois raffiné et passionné, invite l’auditeur à plonger au cœur des œuvres, à ressentir chaque nuance, chaque émotion que les compositeurs ont voulu transmettre. Cette qualité d’interprétation fait toute la différence : elle dépasse la simple exécution technique pour devenir une véritable expérience sensible et intellectuelle.

Grâce à cette approche, Bruno Rigutto a largement contribué à renouveler l’intérêt du public pour des œuvres parfois considérées comme difficiles ou réservées aux initiés. Il a su éveiller la curiosité et l’enthousiasme, en faisant entendre la musique classique sous un jour nouveau, vivant et profondément humain. Son interprétation révèle la dimension narrative et émotionnelle des pièces, rendant l’écoute non seulement accessible, mais aussi captivante. En cela, il joue un rôle crucial dans la démocratisation de la musique classique, contribuant à briser certaines barrières culturelles et sociales.

Par ailleurs, l’engagement de Rigutto envers son art est également un facteur clé de son impact. Sa rigueur, son exigence personnelle et sa constante recherche de sens dans l’interprétation lui ont permis de défendre avec conviction un répertoire riche et varié, allant des grandes sonates classiques aux œuvres romantiques, en passant par des compositions moins connues. Ce dévouement a nourri son rayonnement non seulement en France, mais aussi à l’international, où il a contribué à représenter et valoriser la tradition musicale française. Il a donné des concerts dans des salles prestigieuses telles que le Concertgebouw d’Amsterdam, le Théâtre des Champs-Élysées, le Wigmore Hall de Londres, le Palau de la Música de Valence, et a effectué de nombreuses tournées en Russie, au Japon, en Corée et en Chine.

Bruno Rigutto occupe une place essentielle dans la culture musicale contemporaine, car il réussit à conjuguer tradition et modernité. Par sa musique, il rapproche les générations, ouvre des dialogues entre le passé et le présent, et contribue à faire de la musique classique un art vivant, toujours en mouvement. Son influence dépasse donc la simple sphère artistique : elle participe à façonner la manière dont la société perçoit et accueille un patrimoine culturel fondamental.

Bruno Rigutto représente une figure emblématique qui allie à la fois une maîtrise technique exceptionnelle et une passion profonde pour la musique. Son excellence pianistique ne se limite pas à la simple virtuosité : elle se manifeste dans la finesse de son toucher, la richesse de son phrasé et la capacité à transmettre avec authenticité les émotions les plus subtiles.

Cette maîtrise fait de lui un interprète d’exception, capable de révéler la complexité et la beauté des œuvres qu’il aborde, qu’il s’agisse de grands classiques ou de pièces plus rares. Son jeu, toujours nuancé et sensible, témoigne d’un engagement total, où chaque note est pensée, chaque silence chargé de sens.

Mais au-delà de ses qualités musicales, c’est aussi cet engagement passionné qui caractérise Bruno Rigutto. Il ne se contente pas d’exécuter une partition : il vit la musique intensément, la partage avec générosité, et cherche constamment à transmettre cette flamme à son public et à ses élèves. Cet amour pour l’art l’a conduit à une carrière plurielle, mêlant performance, enseignement et direction, chacune de ces activités nourrissant l’autre. Cette dynamique d’échange et de transmission fait de lui un acteur essentiel de la vie musicale, toujours en quête de renouvellement et d’exploration.

Son parcours, jalonné de succès artistiques et de collaborations prestigieuses, est une source d’inspiration pour beaucoup. Il incarne un modèle de rigueur et d’intégrité artistique, prouvant que la technique doit toujours servir l’expression, et que la musique est avant tout une langue vivante, porteuse de sens et d’émotions. Par ses actions et son rayonnement, Bruno Rigutto influence non seulement ses contemporains, mais aussi les générations futures, contribuant à perpétuer et à enrichir la tradition musicale. En 2007, il a été nommé Chevalier de la Légion d’Honneur, récompense prestigieuse soulignant son apport exceptionnel à la musique française.

Ainsi, il est devenu une référence incontournable, tant pour les mélomanes qui apprécient la profondeur et la beauté de ses interprétations, que pour les professionnels du milieu qui reconnaissent en lui un maître et un innovateur. Son nom reste associé à l’excellence et à la passion, deux qualités qui définissent la grandeur d’un artiste véritablement engagé dans son art.

Brahim Saci

Un après-midi avec Chopin et Bruno Rigutto

dimanche 12 octobre 2025 à 15h00 à la salle Cortot.

https://sallecortot.com/event/un-apres-midi-avec-chopin-et-bruno-rigutto/?fbclid=IwY2xjawMRDipleHRuA2FlbQIxMQABHjGPqB2m8uZ-dbxSeU6Amh9WhhRUZmsS9xCNfX0d6LMrcYgXtF8wMt_SObUA_aem_a3hwQHNqJlCnrS4yIYV-Gw

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Sion Assidon, icône du militantisme pro-palestinien au Maroc, plongé dans le coma

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Sion Assidon,
Sion Assidon,

Sion Assidon, figure majeure de la lutte pour la cause palestinienne au Maroc et au-delà, se trouve depuis plusieurs jours dans un état critique qui a suscité une onde d’émotion et de solidarité.

Âgé de 77 ans, l’infatigable militant a été retrouvé inconscient le 11 août à son domicile de Mohammedia, grièvement blessé à la tête, au visage et à l’épaule. Après une intervention chirurgicale d’urgence, il a été transféré à l’hôpital Cheikh Khalifa de Casablanca, où il demeure sous assistance respiratoire, dans le coma. Ses proches parlent d’un état « stable mais grave ».

Des circonstances troubles

Les zones d’ombre entourant cet incident ne font qu’accroître l’inquiétude. À proximité de sa maison, des outils de jardinage ont été retrouvés, laissant penser à une chute accidentelle. Mais l’absence de traces d’effraction et la nature des blessures nourrissent aussi l’hypothèse d’une agression ciblée. Le parquet général a ouvert une enquête afin de déterminer les causes précises de ce drame.

Une vague de solidarité

L’annonce de son hospitalisation a immédiatement déclenché un élan de soutien. Le Front marocain de soutien à la Palestine a organisé une veillée silencieuse devant l’hôpital, tandis que le Parti Socialiste Unifié (PSU) a exigé que toute la lumière soit faite sur cet épisode qualifié de « mystérieux ». Des messages de solidarité affluent du Maroc et de l’étranger, saluant le parcours d’un homme resté fidèle à ses engagements.

Un parcours marqué par l’engagement

Né à Agadir en 1948 dans une famille juive marocaine, Sion Assidon a très tôt embrassé le combat politique. Cofondateur du Mouvement du 23 mars dans les années 1970, il a été emprisonné durant plusieurs années sous Hassan II en raison de ses positions critiques. Libéré au début des années 1980, il n’a cessé depuis de lier sa vie à celle des combats pour la démocratie au Maroc et pour la justice en Palestine.

Infatigable défenseur des droits humains, Assidon a été l’un des premiers à dénoncer la normalisation des relations entre le Maroc et Israël. En tant que coordinateur national de la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), il a porté la voix des militants qui refusent toute compromission avec un régime d’occupation. Sa notoriété a largement dépassé les frontières du royaume, en faisant l’un des visages emblématiques de la solidarité internationale avec le peuple palestinien.

Une figure respectée et redoutée

Admiré par ses soutiens pour son intégrité et sa constance, redouté par ses adversaires pour la radicalité de ses positions, Sion Assidon a toujours incarné une parole libre, refusant les concessions. Son engagement a souvent fait de lui une cible des critiques, mais il a gagné le respect même de ses détracteurs par sa fidélité à ses convictions.

Une incertitude lourde de sens

Aujourd’hui, alors qu’il lutte entre la vie et la mort, le Maroc et la cause palestinienne se retrouvent orphelins d’une voix. L’avenir dira si l’incident qui l’a frappé relève de l’accident ou d’une agression préméditée. Mais déjà, l’épreuve rappelle la fragilité des grandes figures militantes, et l’importance de préserver leur héritage.

Quoi qu’il advienne, l’histoire retiendra de Sion Assidon l’image d’un homme qui, toute sa vie durant, a mis sa liberté et sa voix au service de la justice et des peuples opprimés.

Mourad Benyahia 

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Tunisie : l’arrestation controversée du juge Mourad Messoudi secoue la société civile

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Mourad Messoudi
Le juge Mourad Messoudi embastillé par les sbires de Kaïs Saied

L’arrestation du juge tunisien Mourad Messoudi, président de l’Association des jeunes magistrats, le 15 août 2025, a provoqué une onde de choc au sein de la société civile et du corps judiciaire.

Selon son avocat, Samir Ben Omar, l’opération a été menée par des agents en civil sans présentation de mandat officiel, conduisant le juge vers un lieu inconnu pour sa famille et ses conseils, en violation flagrante des procédures légales.

Le jour de son interpellation, Messoudi se trouvait avec sa fille de six ans. L’avocat et l’association Trac pour les droits et libertés rapportent que d’autres membres de la famille, dont une fillette de neuf ans, ont été victimes de violences physiques nécessitant une hospitalisation. Le domicile du juge a été perquisitionné, ce qui constitue selon Trac une atteinte directe à la protection constitutionnelle du domicile et aux droits des habitants.

Cette arrestation survient dans un contexte politique sensible. Messoudi avait été accusé, lors des élections présidentielles de 2024, d’avoir tenté d’influencer le vote par des dons en nature ou en espèces. Un jugement initial par contumace rendu en août 2024 avait été annulé, et le juge avait comparu en février 2025 dans le cadre d’un recours, restant en liberté et obtenant l’annulation de tout avis de recherche. Pourtant, le 14 août 2025, le procureur général a émis un nouvel avis de recherche et une ordonnance de détention sur la base d’un jugement désormais caduc.

Pour son avocat, « le juge aurait dû comparaître en liberté, puisque le jugement initial avait été contesté et n’avait pas force exécutoire ». La prochaine audience pour examiner son recours est fixée au 5 septembre 2025.

L’affaire a attiré l’attention internationale. La Fondation des victimes de la torture de Genève a dénoncé « une violation flagrante des droits humains et des normes internationales », en référence à l’interdiction de l’arrestation arbitraire et au droit à un procès équitable. L’organisation a également rappelé la protection des juges contre toute pression ou représailles.

Pour Trac, cette affaire reflète une instrumentalisation politique de la justice, visant des acteurs judiciaires engagés dans la vie publique. Le juge Messoudi et sa famille ont subi une série de violations de droits humains, de l’arrestation arbitraire aux violences physiques. L’association appelle à « l’arrêt immédiat de ces pratiques, à la protection de la famille Messoudi et à une enquête impartiale ».

Cette affaire s’inscrit dans un climat déjà tendu pour la justice tunisienne, fragilisée par la décision présidentielle de 2022 qui avait conduit à l’éviction de 57 magistrats, dont Messoudi. Bien que la Cour administrative ait annulé cette mesure, son application demeure problématique, soulignant les tensions persistantes entre pouvoir politique et indépendance judiciaire en Tunisie.

Mourad Benyahia 

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Une opinion de café de rue !

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Tebboune Macron
Le dernier lien entre Macron et Tebboune est désormais rompu

Les cafés de rue n’ont ni le prestige des grands journaux ni l’autorité des experts installés. Pourtant, il s’y dit souvent des vérités que les salons officiels refusent d’admettre. Entre les chaises de plastique et les tasses de café amer, naissent des paroles brutes, parfois naïves, mais toujours sincères.

On y dit : « La couronne ne vaut rien sans ses perles. » Un roi sans peuple, une richesse sans ceux qui la portent, cela n’a aucun sens. Une nation, sans ses forces vives, n’est qu’un titre vide.

Aujourd’hui, la France est malade. Sa diplomatie a la fièvre, et son destin ressemble à celui d’un empire romain à bout de souffle. Si Paris ne guérit pas sa fièvre, elle connaîtra le sort de Rome : un pays livré à un Commode, fils du sage Marc Aurèle — héritier du trône, mais incapable de porter la sagesse.

Car l’Histoire est mouvement. Un pays avance, un autre recule. Les équilibres changent comme les pièces d’un jeu d’échecs. L’Algérie, l’Afrique, l’Italie : chacun déplace l’autre par ses coups. Et ce que Paris veut cacher avec un tamis, le soleil du monde finit toujours par l’éclairer.

La crise française actuelle, aux yeux des cafés de rue, ressemble à une poudre à canon posée sur la table : il suffit d’une étincelle pour qu’elle déclenche une crise plus vaste, peut-être un printemps africain.

Mais ce printemps ne serait pas une simple révolte : il serait la renaissance d’un continent, la deuxième libération des peuples africains. Cette fois, il ne s’agirait pas seulement de se libérer des chaînes politiques ou militaires, mais de conquérir une indépendance d’esprit, de se débarrasser des idées imposées par le colon, des vieilles habitudes et des préjugés hérités — les véritables « poux du colon ».

Un printemps africain ne serait pas seulement politique : il serait économique, culturel, démographique. Il dirait au monde que l’Afrique n’est plus un espace de conquête, mais un acteur central de la transformation planétaire, capable de marcher avec sa propre lumière et ses propres choix.

La bonne diplomatie n’est pas celle qui se crispe, mais celle qui sait entendre les signes avant-coureurs. Elle doit écouter les crépitements du changement avant que le monde ne s’embrase.

Car les empires ne tombent pas faute d’armes, mais par excès d’arrogance et par l’oubli de leurs propres perles. Et le classement des nations, comme la balance du bistrot, ne reste jamais fixe : il oscille sans cesse, révélant à chacun qu’aucune puissance n’est éternelle.

Lakhdar Larabi

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