Mercredi 23 décembre 2020
France, il en va de la survie de ta République
«La République est une idée, la République est un principe, la République est un droit. La République est l’incarnation même du progrès. » Victor Hugo
Les derniers pare-feux sont tombés. Les écrans qui obstruaient, sous des astuces grossières, les renoncements de la République, étaient visibles de tous. En ce sens, les lanceurs d’alerte sont dans leur rôle : ils nous mettent en face de nos défaillances, franchement, sans langue de bois et sans aucune digression.
Des territoires entiers, pourtant aux portes de la capitale, sont sortis du champ légal, avec un système pédagogique en guenilles, un communautarisme qui ne cesse de creuser des fossés à l’intérieur même de la population du pays, l’absence de définition des mots essentiels de ce qui fait nation, tout cela débouche sur une désespérance démultipliée.
Le malaise se lit sur les visages et dans l’humeur des gens. L’amertume et la mélancolie tiennent lieu de discours. Les défis sont considérables et le bilan est accablant. Les hypocrisies et les sournoiseries sont impressionnantes.
Nous avons l’impression qu’il n’y a plus rien à attendre des femmes et des hommes qui nous gouvernent. Nous avons le sentiment que nous ne vivons pas dans le même pays et que nous n’avons pas à faire face à la même problématique.
Pourtant, il faut savoir attirer l’attention des décideurs sur les problèmes qui se posent à nous, à nous tous qui sommes la communauté nationale, la seule communauté à avoir le droit de s’imposer lors des élections et pour tous les choix qui engagent le pays. Il faut savoir revendiquer notre existence, adosser l’éthique aux lois communes, l’action doit suivre la réflexion.
Le travail est sur les rails depuis longtemps. Nous n’arrêtons pas d’énoncer des principes, de rédiger des questions et de dénoncer les outrances. En attendant que les politiques puissent trouver les réponses, il est important pour nous de continuer à clamer que le premier et le dernier mot doivent revenir à la République, tout le temps, toujours !
Nous sommes dans une conjoncture politique qui est peut-être la chance à saisir. La dernière chance. Nous constatons tous que ça commence à bouger depuis quelques temps. Il aura fallu le terrible attentat contre Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) et sa décapitation. Nous assistons désormais à des prises de décisions sinon à des prises de parole. Résultat bienvenu : des officines islamistes ont été dissoutes.
D’autres façades de l’intégrisme sont en voie de l’être. Il faut encourager ces gestes. Il ne faut pas se contenter de paroles et de postures. Il faut être constamment sur le pont et veiller nuit et jour. Se transformer en vigies. Ne jamais lâcher la pression. Jusqu’à maintenant, nous étions les seuls à porter haut l’étendard de l’espérance.
La rencontre avec l’action n’a pas pu se faire parce que les politiques étaient formatés pour l’impassibilité et la modération à outrance. Le phénomène de l’islamisme, plutôt que de faire naître une réaction immédiate et proportionnée de la part de l’Etat, lui donnait l’occasion d’ânonner le fameux « pas d’amalgame » et de faire consensus autour d’une république molle. Le contrat social actuel, en France, se définit mal en termes de communautés, mal en énoncés d’organismes hermétiques, refermés sur eux-mêmes et unis par les dimensions tribales et claniques.
La République est un lieu, non pas de passage, mais de mixage et d’intégration d’individus aux histoires variées et ces histoires doivent s’estomper pour faire place aux valeurs du pays d’accueil — s’estomper quand le sujet n’est pas dans sa sphère privée. Il convient que tout prosélytisme soit mis de côté. Je ne veux pas dire que la France est un territoire globalisé, forcément triste et uniforme.
La multiplication des discordances favorise forcément le cataclysme exacerbé que l’on observe dans certaines villes de banlieue ou dans certaines zones qui échappent aux contraintes communes. Le fait que ces cacophonies soient plus facilement gérables dans d’autres quartiers ou d’autres villes ne signifie pas qu’elles ne soient pas pour autant aussi présentes. La tension dans les banlieues l’a illustré : le séparatisme mis sous le tapis dans certaines zones du territoire national ne fait qu’ajourner la virulence et la brutalité des revendications de « droits » incompatibles avec les principes de la nation.
En quoi les lanceurs d’alerte peuvent-ils avoir des liens avec la réduction des tensions ? Les lanceurs d’alerte, connaisseurs du terrain et de la pratique peuvent faire ressortir le danger et le désigner aux décideurs. Ils sont les acteurs d’une situation. Ils ont la possibilité d’agir sur elle, de la bouleverser, de la montrer sous son véritable jour.
La compréhension des situations est entraînée à détecter les périls. Les lanceurs d’alerte savent que, pour que la République retrouve la plénitude de ses attributions, il convient juste que ses lois et ses institutions soient respectées et, surtout, appliquées. Il n’y a pas lieu de créer d’autres lois et de bouleverser la donne, il faut empêcher ces approfondissements des brèches et des failles héritées d’autres contrées et plus précisément des pays anglo-saxons.
Dans ces territoires, l’individu est davantage identifié par une couleur, par une culture, par une religion, par son propre itinéraire. En France, nous sommes tous, d’où que nous soyons, multiples en notre for intérieur, uniques dans notre propre histoire mais nous devons nous réclamer de la même langue parlée à l’extérieur et dans les administrations, et surtout des valeurs qui ont toujours été mises en avant et qui constituent le socle de l’identité de ce pays.
Nous devons avoir beaucoup de cela en nous. Le principal enjeu lié à la sphère nationale est d’arriver à obtenir une structure commune qui ne soit plus liée à une injonction ethnique ou religieuse mais qui le sera davantage à des problématiques éthiques.
Le rôle du politique dans nos cités devra gagner à encourager l’insertion de tous sous le patronage des mêmes valeurs. Ces valeurs doivent être placées aux avant-postes de la coexistence entre le citoyen et les principes qui ont fondé la France depuis près deux siècles et demi, le citoyen et le corpus des valeurs de 1789 étant étroitement imbriqués. Il en va de la survie de la République.