10 mai 2024
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La crédibilité des magistrats sur la balance

REGARD

La crédibilité des magistrats sur la balance

Au risque de paraître rabat-joie, la grève proclamée par les magistrats en ce triste dimanche d’automne me laisse de marbre, un marbre bien plus froid que celui de nos tribunaux expéditifs ou la partialité y règne depuis trop longtemps dans un pays qui semble, aujourd’hui, gelé dans un monde qui bouge.

Voir les différentes réactions positives et encourageantes suscitées par ce débrayage « magistral » me laisse sans voix pour plaider ne serait-ce ma cause qui est normalement votre.

 Les maux que j’essaye malhabilement d’écrire pour crier assez fort et décrire la tartuferie à laquelle nous assistons dont les magistrats en grogne en serait la cause m’épuisent profondément.

C’est à croire que les algériens ont finalement la mémoire courte, un mal pour un bien me direz-vous ,  je comprends, enfin, pourquoi notre histoire est tronquée, nous oublions trop vite, c’est dans notre constitution primaire de méditerranéens rapidement festifs qui passent vite l’éponge pour la jeter loin des regards pour ne pas raviver la mémoire qui, disons-le, fait tache.

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Dans le communiqué lu par le représentant syndical des magistrats, il est question des mesures drastiques prises par le Ministre de la Justice concernant des mutations et autres déclarations semant le doute quant à l’intégrité de la corporation au sein de la population toujours considérée comme étant « gobe-mouche », c’est ainsi que voulez-vous …

Avant de me laisser charrier dans le torrent de la réalité qui ne peut être dirigée à contre-sens sauf pour un temps, il est important de rappeler que je considère la fonction de magistrat comme étant une fonction suprême au sein de la société, une fonction qui ne peut être exercée par n’importe quel diplômé de droit sans culture juridique ou historique, ça n’a l’air de rien mais c’est très important.

La magistrature requiert le savoir, la droiture et surtout la conscience de ce que l’on fait, ce n’est pas un métier ou l’on attend son salaire, non, c’est une fonction qui est, normalement, déconnectée complètement du matérialisme basique mais qui devrait être bien ancrée dans la sagesse et la pondération.

C’est pourquoi dans certains pays anglo-saxons ou autres que je ne pourrais tous citer, vous ne trouverez jamais le premier diplômé en droit être à la tête d’un tribunal, la justice est une chasse gardée pour le bien de la nation.

Dans certaines villes américaines, bien que le pays ne soit pas un exemple, il faut reconnaître que le juge exerce sa fonction bénévolement vu qu’il a un métier à côté, de plus il est élu par la population pour sa sagesse et droiture, c’est pour vous dire la notion qu’est la justice pour certains peuples.

Il faut aussi reconnaître que l’Algérie possède son lot de juges intègres et justes, des gens qui exercent leur fonction en âme et conscience, c’est vrai, il faut le souligner en gras sur ce papier virtuel.

Cela dit il ne faut pas oublier que la justice algérienne a contribué à la décadence dans laquelle nous sommes présentement, je ne me rappelle pas avoir entendu parler d’une grève qui avait pour but la dénonciation de la mainmise du pouvoir sur la justice, vraiment, j’ai beau chercher dans ma mémoire défaillante, je ne trouve rien, je ne sais pas pour vous, mais pour moi c’est le néant.

Une corporation qui aurait pu sans grand effort apporter son expertise dans la crise que traverse le pays, les algériens furent abandonnés cruellement et juridiquement à leur sort, celui de s’égosiller chaque semaine sans représentation effective et adéquate pouvant porter leurs revendications légitimes. 

La dernière sortie des magistrats vient hélas trop tard dans la phase critique que traverse le pays, et, franchement, quelles que soient les raisons de leur colère aujourd’hui, cela ne m’affecte en rien car il fallait s’indigner comme il l’avaient fait au début mais sans disparaître par la suite pour réapparaître soudainement aujourd’hui.

En vérité, c’est de cela qu’il s’agit, d’un problème entre les magistrats et leur ministre rien de plus, il est difficile pour moi de croire que les raisons de la discorde sont autres.

Si nos illustres magistrats avaient gagné le cœur des algériens après le 22 février, ils les auraient trouvés à leur coté ce dimanche, mais à force de changer de bord au gré du vent, on finit par perdre la chose la plus importante pour une corporation quelle qu’elle soit : la crédibilité.

Auteur
Nazim Maïza

 




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