4 mai 2024
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Les cerfs-volants de Gaza : comme les oiseaux, nous refusons d’être en cage

Résistance

Les cerfs-volants de Gaza : comme les oiseaux, nous refusons d’être en cage

Quand on dit que la résistance d’un peuple est invincible, ce n’est point un slogan creux. Certes le prix de la libération à payer est lourd car un peuple colonisé n’a que son courage, son intelligence et la justesse de sa cause à opposer à la machine infernale des conquérants.

Le courage, les Palestiniens n’en manque pas, la justesse de leur cause, elle fait petit à petit son chemin en dépit de la propagande obscène des prédateurs de leur terre. Quant à leur intelligence, ils viennent de la mettre en pratique en détournant un jouet d’enfant pour en faire une arme qui désarçonne les occupants. Mais derrière ce cerf-volant, le monde découvre la vraie identité du petit David et du monstrueux Goliath qui s’affrontent sur cette terre de Palestine. Souvenons-nous de l’image de David contre Goliath, une métaphore ‘’biblique’’ utilisée par les sionistes.  Une image manipulatoire pour masquer celle du loup prédateur pour mettre en avant celle du paisible berger. ‘’Jolie’’ trouvaille de propagande d’autant plus efficace qu’elle culpabilise un Occident chrétien forteresse historique de l’antisémitisme et coupable d’un génocide dont les Juifs ont été les victimes dans un pays qui est pourtant la patrie de Goethe, de Beethoven et tutti quanti. Cette propagande a fonctionné parce que les sionistes ont eu ‘’l’habilité’’ de présenter le conflit entre le Goliath arabe et ses 200 millions de ‘’sujets’’ et le fragile et gentil David à la tête de rescapés des camps nazis. Souvenons-nous aussi de la déclaration de Golda Meir : ‘’les Palestiniens connais pas et de toute façon leur sort de réfugiés est la conséquence de la guerre initiée par les États arabes, États qui ont perdu la guerre, circulez donc, il n’y a plus rien à réclamer’’. Stupide raisonnement de la logique cartésienne des mauvais élèves de philosophie.

Mais l’Histoire, heureusement, n’obéît ni aux mensonges ni à l’arrogance de la force. La réponse au délire maladif des sionistes, je l’ai entendu de la bouche de Abou Iyad, chef des services secrets du Fatah dans un meeting dans un camp de réfugiés en Jordanie. Le dirigeant palestinien par sa réponse indiqua que dorénavant Israël allait avoir affaire à un peuple en arme et non à des armées arabes coincés entre des dirigeants corrompus et le rapport de force sur la scène internationale. Et Abou Iyad, au milieu de son peuple de clamer : « Aujourd’hui nous ne sommes plus des réfugiés mais des combattants d’el Assifa (la tempête en arabe, branche armée du Fatah) qui font faire entendre la voix de notre révolution. En écrivant aujourd’hui ces lignes, je mesure le chemin parcouru par cette révolution, un chemin semé de chausse-trapes, pas seulement par Israël. Déjà à cette époque, beaucoup d’États arabes n’étaient pas francs du collier.

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Quant à notre époque actuelle, certains de ces États arabes ont poussé leur servilité jusqu’à faire des courbettes à Israël en ouvrant leur ciel aux avions d’un État qui les méprise depuis 70 ans. J’écris donc ces lignes pour dire que la résistance des Palestiniens est loin d’être finie comme le clame des ‘’spécialistes’’ sous prétexte que la cause de Palestine n’est plus présente dans les médias.

Mais pour l’observateur rigoureux de l’actualité qui ne fait pas attention aux fantasmes et aux délires des propagandistes, la Palestine est et reste au cœur des enjeux qui secouent le Moyen-Orient. La frontière qui sépare les pays qui interviennent dans cette région n’est pas codifiée par une quelconque guerre de religion et autres ‘’Valeurs’’ sous entendus de la liberté contre la barbarie. Il ne faut pas creuser beaucoup ses méninges pour découvrir que les acteurs sur le terrain défendent leur bout de gras pour parler trivialement.

Les uns, hier colonisateurs historiques et aujourd’hui toujours assoiffés de pétrole, ne veulent pas perdre leurs privilèges sous la poussée des autochtones et ne veulent pas se laisser détrôner par des concurrents devenus de plus en plus  coriaces. Les autres, de fieffés féodaux, hier comme aujourd’hui, se servent de la religion pour diviser les peuples et attirer les bonnes grâces des puissances occidentales pour leur protection. Hier c’était la Grande Bretagne et son agent Lawrence d’Arabie, aujourd’hui c’est l’oncle Sam et sa 7e flotte. Ainsi la guerre des cerfs-volants après celle de pierres (Intifadha) est venue dérégler le jeu de Netanyahou. Son obsessionnel combat contre l’accord nucléaire entre l’Iran et les membres permanents du conseil de sécurité +l’Allemagne, le fait beaucoup voyager. Et à chaque fois ces interlocuteurs lui rappelle ‘’poliment’’ que la situation à Gaza les préoccupe.

Certes ce n’est pas pour les beaux yeux des Palestiniens, mais ses interlocuteurs savent que la Palestine n’est pas quantité négligeable dans le rapport de force qui est en train de se redéfinir. Les fuites en avant et autres agitations de Netanyahou montrent que le dit rapport de force n’est plus totalement en sa faveur. Par cinq fois il s’est fait ‘’inviter’’ à Moscou pour que Poutine le laisse se balader tranquillement dans le ciel libanais et syrien. Et enfin, il supplie le même Poutine  de forcer l’Iran à évacuer ses ‘’troupes’’ de la Syrie. Pourquoi cette panique d’un pays qui se targue d’avoir la 5earmée du monde ? Parce que Netanyahou sait que son aviation aujourd’hui ne peut plus refaire le coup du bombardement d’Osirak (en Irak) en 1981. Parce qu’il sait qu’il n’a pas de troupes aux frontières de l’Iran alors que ce dernier dispose d’alliés en Syrie et au Liban qui peuvent franchir les frontières d’Israël par des forces terrestres aguerries avec l’expérience syrienne (la déconfiture de son armée en 2006 face au Hizbollah ne quitte pas l’esprit de ses généraux).

Pourquoi donc les cerfs-volants des enfants de Gaza ont-ils déjà atteint leur but ? Parce qu’ils ont fait connaître au monde leur légitime droit de réfugiés au retour sur leur terre. Parce qu’ils ont révélé la nature d’une armée confortablement installée derrières ses murailles protectrices et tirant sur des enfants qui manifestent sur leur propre territoire. Parce qu’ils ont fait subir une défaite médiatique à Israël avec l’annulation du match Argentine-Israël. Et puis, il faut le dire car c’est émouvant, un simple jouet d’enfants provoque des dégâts matériels et économiques (incendies des récoltes) mais sans faire de victimes civiles. Ces petites victoires médiatiques envoient au monde un message : la force d’un droit inaliénable finira par casser la logique d’une société régie par le brutal et inique droit de la jungle.

Enfin, le cerf-volant inventé dans l’antique Chine, fut d’abord utilisé comme arme de guerre. Aujourd’hui, il est devenu dans l’imaginaire des hommes le symbole de la liberté, une sorte d’oiseau qui du ciel observe notre monde avec sa beauté et sa laideur. Les Palestiniens se réapproprient à la fois l’objet de combat mais surtout le symbole pour envoyer un message clair à leurs oppresseurs. Vous ne pourrez éternellement nous enfermer comme des oiseaux en cage. Pas plus que vos murs qui entourent notre terre, ne nous désarment pas, vous ne pouvez mettre des grillages dans le ciel pour nous faire oublier notre droit de voler dans le ciel avec nos propres ailes pour chérir notre terre.

A entendre les réactions des cerveaux de l’armée israélienne, le dôme de fer  »capable » d’arrêter les missiles semble impuissant à stopper un simple jouet tenu par des fils. La raison ?  Un missile, on peut calculer l’endroit d’où il est tiré, sa vitesse et sa trajectoire mais comment faire avec le cerf-volant voguant au gré du vent qui change de direction à tout moment ? Mais les cerveaux de toutes les armées savent qu’une guerre ne se gagne pas uniquement par les armes, fussent-elles les plus sophistiquées. Les armées US l’ont appris à leurs dépens au Vietnam et en Irak.

Puisque le cerf-volant fut à l’origine une arme de guerre puis s’est transformé en objet ludique symbolisant l’errance dans le ciel pour la lumière et la liberté, gageons qu’il gagnera un jour la guerre. Pourquoi ? Il vole grâce au carburant inépuisable du vent tandis que le dôme de fer fonctionne au dollar et un jour ou l’autre cette monnaie deviendra une monnaie de singe dans les échanges bancaires où le dollar est maître des échanges en question (1). Des signes de sa future déliquescence apparaissent à l’horizon. Les biz-biz entre le buzinessman Trump et l’Europe en sont les prémisses.

A.A.

Notes

(1) Des pays font du commerce entre eux sans utiliser le dollar comme monnaie d’échange. L’Europe cherche comment détourner cette dictature du dollar après les dernières décisions de Trump.

Auteur
Ali Akika. cinéaste

 




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