4 mai 2024
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La fin du mythe de l’Etat palestinien (2ème partie)

Relation triangulaire : USA, lobbies et Israël

La fin du mythe de l’Etat palestinien (2ème partie)

La stratégie socio-spatiale israélienne

La construction de l’Etat d’Israël a débuté en réalité dès la fin du XIXème siècle. Une stratégie socio-spatiale est mise  en œuvre patiemment mais sûrement. Elle ne conçoit pas le territoire comme un simple espace géographique mais un pouvoir. Moins il y a d’espace pour les Palestiniens,  plus leur pouvoir se réduit comme une peau de chagrin. Le fond du problème dans le conflit israélo-palestinien est avant tout territorial bien qu’il soit largement teinté de luttes identitaire et religieuse.   

Franz Oppenheimer présente en effet, lors du sixième congrès de l’Organisation sioniste mondiale à Bâle (Suisse) en 1903,  « la stratégie de l’araignée». Elle consiste à multiplier graduellement les implantations juives destinées à accueillir de nouveaux colons juifs. C’est lors de cette rencontre  que Théodore Herzl, fondateur du sionisme, propose la création de l’Etat hébreu, au Kenya comme solution provisoire, connu aujourd’hui  sous le nom de « projet Ouganda ». Ce plan visait à abandonner la construction de l’Etat juif en Palestine. Le 7ème congrès de 1907 adopte, après son décès en 1904, le plan de la Palestine.   

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Après la proclamation unilatérale de création de l’Etat hébreu, le pouvoir politique a conçu un système juridique et une planification de l’espace lui permettant de légaliser l’accaparement de terres anciennement peuplées de Palestiniens devenus réfugiés. La loi déclare la vacance des terres afin d’exproprier les propriétaires ainsi ils ne pourront plus retourner chez eux. Les instruments  changent dès fois, pour paraphraser Karl Marx au sujet de la colonisation française en Algérie, mais l’objectif ultime est toujours le même : la spoliation. .

«Le processus d’expropriation et l’expulsion des pauvres devront », a suggéré, Théodore Herzl, « se dérouler discrètement et avec circonspection». Entre 1947 et 1949, plus de 650.000 Palestiniens ont été chassés de leurs terres et l’accaparement de  plus de 75% de la Palestine historique. Tel est le premier bilan de cette première campagne de spoliation des terres et d’expulsions des populations  conduisant à la création de l’Etat d’Israël.

Ce nettoyage ethnique a pour avantage la réduction des dépenses de construction étatique (main-d’œuvre,  matériaux et frais de notaire). Ce nettoyage constitue les fondations physiques de l’Etat Hébreu. Il se poursuit encore de nos jours. Régis Debray, écrivant quatre décennies  après Maxime Rodinson, constate qu’Israël, est «un Etat colonial qui ne cesse de coloniser, d’exproprier, de déraciner ». Selon son état de lieux : depuis 1967, 18.000 maisons palestiniennes détruites, 750.000 palestiniens  arrêtés à un moment où l’autre et 11.000 détenus. A cela s’ajoutent 500 à 600 barrages militaires et plus de 130 colonies de peuplement. Ce processus ne risque pas de s’arrêter de sitôt. Les prophéties bibliques ne peuvent s’accomplir que si le peuple juif possède toute la Terre promise.

La Guerre des six Jours permet à Israël d’élargir considérablement son pouvoir en occupant le Sinaï, le Golan, la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est. Ben Gourions, fondateur de MAPAI, parti Travailliste, déclare bien avant cette guerre que «les frontières des aspirations sionistes incluent le Liban-sud, le sud de la Syrie, la Jordanie, toute la Cisjordanie et le Sinaï». Il ajoute sans détours de langage : «Nous devons expulser les Arabes et prendre leur place».

L’analyse des conflits israélo-palestiniens révèle une ingénierie territoriale qui a su utiliser des opportunités au profit de la «sécurité nationale». Par la suite, Israël libère ou annexe un espace donné lors des négociations. Ces dernières reposent en réalité sur le principe, « ce qui est à moi est à moi, ce qui est à toi est négociable ». Ce principe directeur a conduit toutes les négociations de paix sous la houlette américaine.  

Le soutien communiste à Israël

La situation Israël-Palestine est toujours à la une des médias, l’opinion publique n’est pas pour autant bien informée. Les écrits sur ce conflit  commencent souvent curieusement à partir de 1967. Toute réflexion sérieuse devrait remonter au moins jusqu’à la partition de la Palestine de 1947. Les  groupes de gauche qui font des analyses historiques évitent toutefois de souligner le rôle décisif de l’URSS et des pays de l’Est dans « le péché originel ». Par contre, on attribue la création de l’Etat hébreu au  «complot impérialo-sioniste».

La politique soviétique marqua dès 1947 un grand tournant  dans le processus de création d’Israël. Le Ministre des Affaires étrangères, André Gromyko, engagea officiellement son pays dans « la politique du partage ». Gromyko  utilisa tous les subterfuges pour défendre le plan de partition. Le soutien soviétique ne fut pas que diplomatique. Il fut aussi militaire. Le bateau tchécoslovaque, le Nora,  transporta des armes força le blocus anglais au port de Tel Aviv pour livrer la marchandise au groupe Haganah. Les livraisons tchèques s’intensifièrent avec le pont aérien entre la base  de Žatec et le territoire du futur Etat israélien. La supériorité en armement fut décisive,  le  rapport de force militaire et stratégique  changea radicalement dès la première guerre israélo-palestinienne. La création d’un État sioniste socialiste au Moyen-Orient allié face aux pays capitalistes et aux féodalités arabes  a motivé le soutien communiste, semble-t-il. Staline ordonna l’arrêt de la vente d’armes aux arabes dès le lendemain de la proclamation de l’Etat Hébreu.

La supériorité militaire et stratégique

A l’approche du vote  de la partition, contrairement à une large opinion, le vote des USA n’était pas encore acquis définitivement. Le   président Harry Truman (1945-1953) décrit  dans ses Mémoires les circonstances du vote.  « Les faits prouvent que non seulement, il y a eu des pressions autour des Nations unies sans pareil à tout ce qui s’était jamais vu auparavant, mais encore, la Maison Blanche subissait elle aussi un harcèlement incessant. Je pense n’avoir jamais vu autant de pressions et de propagande ciblant la Maison Blanche qu’à cette époque-là. L’opiniâtreté de certains dirigeants extrémistes du sionisme — animés par des desseins politiciens et proférant des menaces politiques — me perturbait et m’irritait. Certains suggéraient même que l’on exerçât des pressions sur des nations souveraines afin qu’elles aillent dans le sens d’un vote favorable à l’Assemblée générale ». 

Le véritable  séisme qui secoua le monde diplomatique  fut l’abstention du Royaume-Uni lors du vote de la partition de la Palestine. Quelques mois avant sa tenue,   Sir Herber Samuel, alors Vicomte Samuel, expliqua son désaccord à la Chambre des Lords: « Je ne soutiens pas la partition, parce que connaissant le pays comme Dans un discours à la Chambre des  Lords, le 23 avril 1947, Se puis le faire, cela semble être géographiquement impossible. Cela créera autant de  problèmes qu’il en résoudrait ». 

Le 11 mai 1949 Israël devient membre des Nations Unis et changea rapidement son alignement idéologique. Entre temps  le président Franklin Roosevelt signe avec le Roi Ibn Saoud, fondateur du royaume d’Arabie Saoudite le Pacte  Quincy. Ce pacte stipule que l’Arabie saoudite fait partie des « intérêts vitaux » des États-Unis, qui assurent la protection inconditionnelle de la famille Saoud et son Etat. En contrepartie, cette famille  garantit l’approvisionnement énergétique aux américains pour une durée de 60 ans, accord renouvelé en 2005. Les Etats-Unis ont-ils eu vraiment besoin du « gendarme israélien » pour sécuriser leur approvisionnement?

L’acquisition d’armes sophistiquées  dans tous les domaines avec l’aide des Etats-Unis ont irrémédiablement accru cette supériorité au lendemain de la proclamation de l’Etat hébreu. La France  consolida cet avantage en s’engageant dès le début des années 1950 avec Israël dans une coopération étroite qui évolue rapidement en une alliance politico-militaire. L’acquisition de l’arme nucléaire représente un bond stratégique  qualitatif très significatif. L’arme nucléaire est décisive dans le rapport de force avec les Etats arabes. Aucun Etat dans la région ne détient jusqu’ à nos jours  cette arme fatale. Le système sioniste est mis en branle pour combattre le projet nucléaire iranien susceptible de rétablir l’équilibre de la terreur dans la région. L’intransigeance israélienne risque de mettre en péril la fragilité de la paix mondiale.  

La sacralisation de la cause palestinienne    

Les élites arabes ont rapidement adhéré, après avoir fait un baroud d’honneur  à la partition de la Palestine. Elles n’ont pas hésité par la suite à manipuler le conflit israélo-palestinien dans les conflits internes de légitimé, les conflits frontaliers  et le populisme ambiant. Le conflit est devenu le ralliement idéologique de tous les groupes politiques, à telle enseigne que la résistance palestinienne devenue une affaire sacralisée. «Nous soutenons la Palestine qu’elle ait tort ou raison» pour ne pas citer le slogan mystificateur du chef de l’Etat Algérien, Houari Boumediène.

Dès le début du conflit, la libération de la Palestine est  perçue comme une affaire sacrée alors qu’elle n’est qu’une de spoliation des terres. La libération de toute la  Palestine ou seulement une partie ne pouvait pas se concrétiser par conséquent par des forces divines mais par le génie humain.

Les Palestiniens  commencent réellement à organiser leur mouvement national  qu’à partir des années 1960. Ils adhèrent à la lutte armée comme l’instrument privilégié de lutte comme ce fut le cas du FLN. A la différence, les Algériens ne déclenchent  pas la révolution en rangs dispersés, et se fixent en outre comme objectif ultime la libération de tout le territoire national. Par contre, les palestiniens, de par la singularité du sionisme,  n’ont pas conçu une stratégie de lutte conséquente.

Un Etat rentier singulier

L’Etat israélien est un Etat distinct dans plusieurs aspects. C’est un Etat prédateur, rentier mais sa rente est bien singulière. Elle n’est pas de type énergétique comme celle des Etats arabes ou autres. L’industrie de l’holocauste lui assure une rente  régulière et en perpétuelle hausse. Par contre, la rente énergétique est instable, elle dépens de la nouvelle conflictualité et des aléas du marché international. Les Etats de l’OPEC sont par conséquent souvent en crise alors que l’Etat hébreu n’a jamais et ne connaitra pas cette forme de crise. La stabilité économique israélienne  consolide vigoureusement le système démocratique de ce pays. Lorsque les élections sont tenues dans les pays de l’OPEC, elles se distinguent par un faible taux de participation, une fraude massive et des violences post-électorales alors que les élections israéliennes sont régulièrement tenues, transparentes et intègres à l’image des pays occidentaux.

L’abondante et riche  littérature sur l’Etat rentier n’a pas toutefois analysé cet Etat dans tous aspects. Ses activités politiques et sécuritaires font souvent la une des médias. Mais ses activités économiques ne sont pas scrupuleusement  examinées dans cette littérature. Les aides officielles soutenant l’économie israélienne sont en effet un bon indicateur de cette dépendance bien qu’il est très difficile d’évaluer les autres formes d’assistance, la partie invisible de l’iceberg.  Les aides indirectes, souterraines, n’apparaissent pas dans les rapports de budget et de la comptabilité d’aide traditionnelle. Si certaines sont visibles, elles sont déguisées dans un habillage analytique et technique que seuls les initiés sont en mesure de les  décoder. Israël n’est pas autosuffisant économiquement, et dépend lourdement de sa survive des aides, donations anonymes et prêts et de la rente symbolique, de l’holocauste.

La grande particularité de cette dépendance économique et matérielle, c’est qu’elle  ne produit pas de dépendance politique contrairement à toute logique politique capitaliste classique. Le flux massif de capitaux et de valeurs que lui procure le système de lobbying n’est pas assorti de conditionnalité  politique de type FMI.

L’idéologique israélienne est unique dans  son genre. Elle s’est donnée pour mission de rassembler en Palestine tous les Juifs du « peuple élu » se retrouvant aux quatre coins du monde  et  d’établir un territoire peuplé exclusivement de Juifs. Israël se déclare être l’État de ceux qui ne sont pas ses citoyens (les Juifs à l’étranger) et non l’État de ces citoyens (les Palestiniens en Israël). L’aspect théocratique de l’Etat consolide la politique de deux poids, deux mesures contrariant le principe de citoyenneté.  

Les mythes fondateurs

L’idéologie sioniste s’est donné pour mission de rassembler en Palestine tous les Juifs du monde et  d’établir un territoire peuplé exclusivement de Juifs. La création de l’Etat hébreu est l’instrument privilégié susceptible de leur assurer une sécurité définitive compte tenu des persécutions dont ils furent souvent victimes. L’antisémitisme est perçu comme éternel, il est consubstantiellement lié  en quelque sorte au judaïsme.

Cette idéologie repose sur deux données fondamentales du judaïsme. La première est d’ordre religieux : le mythe biblique de la « Terre promise » à un « Peuple élu ». La deuxième est  d’ordre juridique : la loi établissant la transmission héréditaire de la judéité. Selon le premier mythe, les Hébreux et leur dieu ont élaboré, plus de 2.500 ans, une Alliance. Le mythe originel de la Terre promise par un dieu, Yahvé, constitue la base de l’idéologie sioniste.

Les mythes fondateurs d’une nation sont toujours perçus comme authentiques et par conséquent éternels. L’histoire officielle maintient et promeut ces mythes portés  à meubler l’imaginaire collectif. Pour ce faire, le pouvoir dominant mobilise des moyens et des énergies considérables. L’écriture de l’histoire reste problématique tant que le processus de formation d’une nation n’est pas achevé entièrement.

Le deuxième  élément de l’idéologie sioniste  est d’ordre juridique. L’appartenance au  judaïsme est d’ordre héréditaire. La loi établit la transmission de la judéité par le sang maternel. «On ne devient pas juif, on naît juif ».

Les groupes sionistes (socialiste, religieuse, messianique, nationaliste…) peuvent diverger sur les moyens à mettre en œuvre. Ils considèrent la revendication de la souveraineté juive comme une entreprise morale. Les leaders sionistes plaident pour «le retour d’un peuple  sans terre pour une terre sans peuple ». Ils partagent jusqu’ à nos jours cette présomption  bien ancrée dans l’imaginaire populaire. Elle vient d’être remise en cause par les nouveaux historiens israéliens. Ces derniers  ont eu accès aux archives militaires dans les années 1990. Ils questionnent  sérieusement le récit national et les mythes fondateurs de la nation juive.  Selon Shlomo Sand, les sionistes du XIX siècle ont reconstitué rétrospectivement un peuple imaginé afin de façonner une nation future. L’exil du peuple de sa terre n’a en fait jamais eu lieu. Le peuple ne s’est pas disséminé, c’est la religion juive qui s’est propagée. Le judaïsme était une religion prosélyte.

La solution de deux Etats

La solution des deux Etats au conflit israélo-palestinien,  acceptée par la communauté internationale, ambitionne à la fois de délimiter définitivement les frontières de l’Etat hébreu et de créer un Etat palestinien indépendant et viable ayant pour capitale Al Qods (Jérusalem).  Cette approche suppose que le pouvoir colonial juif soit assimilable à n’importe quel fait colonial. Historiquement le sionisme n’est ni le pouvoir britannique en Inde ni le pouvoir français au Vietnam, en Algérie ou ailleurs en Afrique. C’est un pouvoir singulier. L’Etat hébreu est un « Etat guerrier résolu à s’agrandir», comme affirma le général Charles de Gaulle.  

Le sionisme en tant que  système s’illustre dans le champ socio-spatial par un expansionnisme  et un annexionnisme unique dans le monde contemporain. La nakba ne s’est pas arrêtée avec  la création de l’Etat israélien, contrairement à une opinion très répandue, elle se poursuit jusqu’ à nos jours. La nakba est un long processus  de spoliations des palestiniens de leurs terres et moyens de subsistance. Elle a fait reporter aux calendres grecques tout espoir de retour des réfugiés.  Cette question n’est plus même pas évoquée lors des négociations.

La solution de deux Etats préconisée depuis la création de l’Etat juif comme la plus réaliste était en réalité une vision idéologique, elle ne reposait pas sur la realpolitik. Si elle pouvait être mise en application,  avant la Guerre des Six Jours, ce n’est plus matériellement possible aujourd’hui du fait de l’implantation de colonies et du système d’apartheid construit dans les territoires occupés. Les bases pour un Etat palestinien, indépendant et viable,  ont disparu à tout jamais. Aujourd’hui, aucun des acteurs impliqué directement ou indirectement dans le processus de paix ne croit vraiment à la solution de deux Etats. En 2006, l’envoyé spécial du président Jacques Chirac en territoires occupés, Régis Debray, rapporte le constat accablant : « Les bases physiques, économiques et humaines d’un État palestinien sont en voie de disparition». Mais en France, il n’est pas permis de dire publiquement ce que dit le rapport lui a-t-on répondu en substance au Palais de l’Elysée. Plus problématique encore,  le Royaume-Uni avait constaté dès 1938 l’impossibilité de créer en Palestine deux États, un juif, un arabe.

Ni Palestiniens, ni Israéliens, ni communauté internationale ne croient aujourd’hui à la résolution 242 du Conseil de  sécurité des Nations Unies. Les palestiniens de la Cisjordanie n’ont même pas pris part à la grande « marche du retour ». La séparation entre la Bande de Gaza et la Cisjordanie n’est pas seulement physique, elle est aussi politique, idéologique et symbolique. Le succès de ce projet reposait en réalité sur la mise en place d’un préalable cardinal : la dé-sionisation de l’Etat Israélien. L’Etat hébreu ne pouvait pas à la fois rester un Etat théocratique et prêchait un Etat palestinien côte à côte avec lui.   Cet Etat théocratique ressemble à bien des aspects à l’Etat islamique. Tout compte fait les groupes politiques, les organisations israéliennes et autres ainsi que les personnalités qui ont porté le projet de deux states à bras le corps, étaient, soit naïfs, soit hypocrites. Aujourd’hui personne ne croit au père Noël, au mythe de l’Etat palestinien ayant El Gods pour capitale. Très étrange, l’Etat palestinien est reconnu en 2017 par 156 Etats sur 193 que compte l’ONU !

L’échec du projet des deux Etats a ravivé ces derniers temps l’Etat bi-national dans lequel toutes les communautés, musulmane, chrétienne et juive, vivraient en symbiose. Cette solution soutenue par des groupes d’extrême gauche dans les années 60 et 70 est devenue d’actualités. Cette solution  gagnent de plus en plus d’adeptes, y compris en Israël. Elle reste toutefois une solution idéale, elle n’est pas raisonnable dans le contexte actuel. La logique même du projet sioniste exclut la bi-nationalité sur un territoire commun. Le sionisme n’aurait pas autrement de sens.

La nouvelle démarche et la France

La nouvelle démarche  ne doit pas reposer sur l’idéologie comme les précédentes  mais sur la realpoltik. Le nationalisme théocratique, qu’il soit juif, musulman ou chrétien, doit laisser place à la citoyenneté. La citoyenneté acceptée aujourd’hui par toute la communauté internationale, doit être au centre du nouveau principe de négociations. C’est dans cette perspective  qu’Edouard Saïd a cautionné, déçu après avoir milité pour la solution de deux Etats, la nouvelle voie de sortie du conflit. Toute personne doit être en mesure de bénéficier d’un même droit. Ce dernier ne doit être fondé ni sur la race ni sur la religion, mais sur une égalité de justice. La Constitution, comme loi fondamentale, doit garantir à tous les êtres l’application  de la devise, « liberté, égalité et fraternité ».

Une démocratie de type délibérative s’adaptera d’ailleurs aisément à cette nouvelle vision. Elle n’est pas étrangère et antinomique au kibboutz, entité collectiviste, détournée de sa mission historique avec le développement du capitalisme néo-libéral.

Une nouvelle vision permettant  à tous les habitants d’avoir une organisation institutionnelle  où ni l’origine ethnique ni la croyance n’auront de pertinence au regard de  la loi. Elle pourrait générer un nouveau consensus international, plus sincère et plus large que celui des projets précédents. Un  modèle séculier serait la solution idoine à l’Etat sécuritaire de type autoritaire dont sa consolidation ne se fait que s’affermir avec la crise régionale qui a entraîné les attentats du 11 septembre 2011, la crise migratoire et  le regain des populismes. Pour ce faire, ce projet doit être pris à bras le corps par tous les acteurs épris de paix, liberté et justice sociale. Dans cette perspective, la France, de par son capital symbolique, en reconnaissant l’Etat palestinien pourrait mettre  en mouvement un nouveau processus de paix. Le président Macron sera-t-il en mesure de faire ce pas en avant lorsque les groupes d’intérêt qui ont propulsé « la fusée Macron » au firmament n’ont pas inscrit cette question dans leur agenda? 

Très étrange, le réalisme politique accepté dans les relations internationales, comme  la méthode idoine dans la résolution des conflits, est problématique quand il s’agit du conflit israélo-palestinien. A défaut de la mise en oeuvre de cette approche, la dernière étape de la Pax Hebraïca sera mise en place dans un avenir proche. Dans ce cas de figure, le «palestinien indien» n’aura d’autre choix, pour ne pas citer William Shakespeare, «en ses mains que le pouvoir de briser ses chaînes » : l’embrasement. Les  dégâts seront incommensurables dans un environnement caractérisé par le mouvement social dans les pays arabes, l’annulation de l’accord nucléaire iranien et la guerre commerciale que le président Trump compte remporter.

Dr Rachid Tlemçani est Professeur, Relations Internationales et Sécurité Régionale

Université d’Alger

Auteur
Rachid Tlemçani

 




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