10 mai 2024
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 L’ironie de l’histoire et le destin des peuples : où va notre pays ?

DEBAT

 L’ironie de l’histoire et le destin des peuples : où va notre pays ?

Nous vivons dans un système politique qui n’a donné aucune chance pour l’Algérie de se libérer pour vivre en liberté et dans un climat de sérénité. Les régimes autoritaires ont fini par se régénérer après plusieurs années des luttes démocratiques.

Peut-on voir un jour un diktat consacrer ses institutions pour libérer son pays ou un autre pays voisin qui est entre les mains de l’autoritarisme ? C’est pourquoi le discours politique du mouvement démocratique en Algérie et même en Afrique du Nord a été détourné de sa vocation principale.

Au lieu de consacrer les réformes démocratiques pour libérer les pensées et pour l’autonomie des réflexions qui accompagneront le changement social, bien au contraire, cette dynamique est en train de devenir un obstacle idéologique pour le peuple, voire une source de réanimation pour le système en place ! Car l’autoritarisme est devenue quelque chose du sacré, c’est un pèlerinage pour tout enfant du système qui devrait accomplir cette mission de répression du peuple, d’emprisonnement des intellectuels, des étudiants, des artistes, des enseignants, des journalistes, des militants politiques.

En tenant compte des mouvements politiques vécus en Europe, les monarchies et les diktats ont pris en otage leurs pays, mais dans certaines situations, chacun d’eux a pu servir autrement et peut-être inconsciemment à libérer les pensées dans son pays voisin. C’est les rivalités qui existaient entre eux qui les avaient poussés à ce que chacun essayera de contribuer à sa manière pour faire tomber son ennemi voisin par l’intermédiaire des mouvements de jeunesse, sociaux, culturels, voire politiques, en les appuyant même s’il ne les partage pas du tout.

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Cependant, en Afrique (particulièrement l’Afrique du Nord) ou en Asie (particulièrement les pays du Golfe), les diktats ou les monarques ont créé une alliance solide pour contrecarrer tout événement qui constitue une menace dans l’un de ces pays. Les événements d’octobre 88 et l’ouverture démocratique vécue en Algérie durant une certaine période n’a jamais été une porte ouverte pour la Tunisie ou pour le Maroc. Le mouvement tunisien de sa part aussi n’a pas donné lieu à une mobilisation pour libérer les pensées en Afrique du Nord. C’est plutôt des mouvements mort-nés sans aucun effet sur le terrain. C’est à choisir entre le chaos et la dictature, c’est à choisir entre El Kaddafi et une guerre civile sans fin.

À l’état actuel, ces régimes  militaires fondés sur des principes religieux et caractérisés par la confusion entre politique et religion ont détruit leurs pays : Irak, Syrie, Egypte, Libye. Ce qui reste pour l’Algérie n’a qu’à retourner aux fondements du GPRA (Gouvernement Provisoire de la Révolution Algérienne), c’est le Congrès de la Soummam, la voie tranchée par les révolutionnaires : Abane Ramdane, Larbi Ben M’hidi, Krim Belkacem, cela pour éviter beaucoup de menaces. En effet, sa mise en œuvre est conditionnée par le retour aux principes du 20 août 1956 basés sur la primauté du politique sur le militaire.

On ne peut pas exclure le combat démocratique dans les luttes sociales, culturelles et identitaires. Il est temps de revendiquer ouvertement la décentralisation en revenant aux principes du Congrès de la Soummam (les six wilayas historiques), en tenant compte du pluralisme linguistique, culturel et identitaire. En outre, un peuple privé de sa langue, de son histoire, de sa culture n’aura aucun avenir sur le plan socio-économique et politique.

Changement de personnes ou changement de système ?

Il ne s’agit pas réellement d’un problème de personnes. Un changement de personnes impliquera un changement dans le système comme le disent certains, mais de quelle manière ? Quelles sont les personnes, voire les personnalités qui peuvent concrètement provoquer et accompagner ce changement ; nous les choisissons sur quel critère ? Remplacer un enfant du système né durant les années 40 par son puiné né durant les années 50 ou son cadet né durant les années 60 ou 70, le résultat sera toujours le même, le changement n’aura pas lieu. Ils sont tous pareilles, ils garantissent la survie du système. Militaire ou politique, sont tous fidèles à l’appareil idéologique d’un régime militariste qui puise sa légitimité à travers l’instrumentalisation du discours religieux et celui du rejet du passé colonial, voire de l’Occident.

Ces événements du printemps 2019 à travers lesquels le peuple est déterminé pour réaliser un changement en Algérie. Mais la problématique réelle qu’il faudrait traiter, ce n’est pas dans la première étape qui est la mobilisation, il est temps de se préparer pour la structuration de ce mouvement comme deuxième étape. Cette structuration va poser autant de questions liées à la conception de l’Etat à construire : Est-ce que le peuple va s’inscrire dans la continuité en mettant uniquement quelques réformes pour les fondements idéologiques du régime algérien instauré depuis 1962 ? S’agit-il d’une rupture totale avec le système pour construire un Etat moderne, pluriel et démocratique en Algérie ?

Pour réussir le départ du système, il faut en premier lieu combattre ses enfants, ses serviteurs et son idéologie d’une façon globale.

L’autoritarisme en Algérie a été fondé sur la base d’un Etat-nation unitaire qui a imposé au peuple un seul parti, une seule religion, une seule langue, une seule culture. Il est primordial de réfléchir comment cette transition va permettre au pays de passer d’un système politique Etat-nation vers un nouveau système moderne pluriel favorable à la construction d’un Etat national avec une organisation territoriale des régions ou au fédéralisme, en les mettant en place progressivement.

L’autodétermination d’un peuple est mal interprétée ces dernières années, elle est considérée non seulement comme un acte de séparatisme, mais plutôt un mouvement ethnique voire religieux qui menace la stabilité et la paix. C’est pourquoi la légitimité politique et historique revient à certains diktats qui sont à l’origine du malheur des peuples asiatiques et africains. Il est primordial de redéfinir ce concept « Autodétermination » et lui donner une conception large dans le cadre des instances internationales ONU, UNESCO.

Durant les années 50, cette terminologie couvre le combat contre le colonialisme, il est temps de la consacrer aussi pour cadrer la lutte contre tous les Régimes dictatoriaux fondés sur des bases religieuses, ethniques et racistes contre les peuples, contre la démocratie et le pluralisme linguistique, culturel, identitaire et politique.

Le combat démocratique mérite d’être une question internationale et donner la chance aux peuples opprimés à se solidariser pour renverser ces diktats et leurs disciples. La dictature est devenue ces dernières années un acte sacré au nom de la paix et de la guerre en jouant sur les deux angles : choisir la paix au nom de la dictature ou choisir la guerre sans démocratie.                                         

Koussaila Alik, Maître de conférences Université Mouloud Mammeri, Tizi-Ouzou

Auteur
Koussaila Alik (*)

 




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