20 mai 2024
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Maghreb Emergent censuré ! Une pratique autoritaire qui perdure 

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Maghreb Emergent censuré ! Une pratique autoritaire qui perdure 

Pour quelles raisons «les deux sites d’information en ligne maghrebergent.info et radio M. ont-ils été bloqués pour le public en Algérie ? » Pour l’éditeur, il s’agit d’une censure mais ce « blocage » est loin d’être « la pire séquence de répression de la liberté de la presse qu’aura connue l’Algérie depuis les assassinats de journalistes dans les années 90 » comme l’affirme l’éditeur.

Malheureusement, ce n’est pas la première fois qu’un média est censuré, c’est une pratique que tous les pouvoirs autoritaires ont utilisé depuis 1992, depuis le HCE présidé par Ali Kafi, en passant par Liamine Zeroual à Abdelaziz Bouteflika: étouffer la libre expression et de la presse est consubstantielle de ce système. 

Pour rappel, Le Matin, par exemple, a été censuré à trois reprises, avant d’être interdit de parution en août 2004 :

– Une première fois le 10 août 1992 « pour atteinte à la sûreté de l’Etat », rien de moins. Et ce, pour un article annonçant au conditionnel que l’Italie (c’était en fait une info du journal économique italien Il Sole-24 Ore) allait cesser son aide à l’Algérie.

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«La presse privée, déclarait alors Belaid Abdeslam, utilise la corruption et la trahison pour parvenir à ses fins » ! Pire, les locaux du journal sont fermés et mis sous scellés, les journalistes et le personnel expulsés par la police. Il ne retrouvera le chemin des kiosques que le 8 octobre 1992, et ce, grâce à la solidarité des confrères, de l’AJA (journalistes), des amis du journal et des dizaines de milliers de lecteurs…

– Une deuxième fois, durant un mois, par le même Abdeslam, durant l’été 1993, sous prétexte de créances impayées. Il ne retrouve le kiosque qu’après le limogeage de Belaid Abdeslam intervenu le 21 août 1993.

– Durant l’été 1998, Le Matin mais aussi El Watan, El Khabar, puis Le Soir d’Algérie et la Tribune pour s’être solidarisés – ils publiaient les unes du Matin alors suspendu…Le prétexte, les créances impayées ? La vraie raison, la cabale politico-judiciaire montée contre l’universitaire et démocrate Ali Bensaad : pour avoir critiqué l’ex-général Ali Betchine, éminence grise du président Zeroual, il est accusé d’appartenance à un groupe du GIA (rien que ça !) et condamné à la peine de mort par le tribunal de Constantine ! Le Matin ne réapparaitra – il était le dernier – que durant octobre 1998…

– En août 2004, Le Matin est interdit de parution, son directeur Mohamed Benchicou condamné à deux ans de prison ferme pour une affaire fabriquée de toutes pièces. 

Mais la vraie raison était sa ligne éditoriale et le fait d’avoir révélé des affaires de malversations financières impliquant Bouteflika et son proche entourage, je cite :

• L’affaire de l’Emirati Shoraffa (marché de la téléphonie mobile de plus d’un milliard de dollars),

• Celles, notamment BRC Halliburton, impliquant Chakib Khalil,

• et d’autres affaires impliquant le ministre de l’Intérieur Yazid Zerhouni, qui avait alors déclaré à la presse que Benchicou et Le Matin « paieront » !

• Et la parution du livre « Bouteflika, une imposture algérienne »…

La suite est connue : le journal définitivement suspendu, son siège à Hussein Dey saisi par les autorités est vendu aux enchères pour une somme inférieure à son prix.

Faut-il ajouter l’autre censure, les assassinats de quatre journalistes du Matin dont Saïd Mekbel, deux tentatives d’attentats à la voiture durant l’été 1996 devant le siège du journal, rue Belhouchet à Hussein Dey, heureusement désamorcées à temps, et qui nous avait contraint à un retour à la Maison de la presse Tahar Djaout…

Pour en revenir à Maghreb Emergent, que l’on soit d’accord ou non avec sa ligne éditoriale –  ce média est l’expression d’un courant d’idées qui existe. Il a ses lecteurs et ses auditeurs qui appartiennent à tous les courants de pensée et d’opinion.

L’empêcher de paraître ne fera pas avancer les choses. Pour l’éditeur du site Maghreb Emergent « une autre voie que celle, anachronique, de combattre les médias électroniques doit s’ouvrir rapidement pour le gouvernement algérien  ». En effet… 

Auteur
Hassane Zerrouky

 




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