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Briseurs de rêves

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LE COIN DES POETES

Briseurs de rêves

Où sont nos rêves, nos envies ?

Passés sous silence

On rêve d’une autre vie

D’un autre destin

Sous d’autres cieux

Loin de cette geôle

Et des briseurs de rêves

Chasseurs de lumières

Facétieux fossoyeurs

Gardiens d’hécatombes

Le jasmin part sans jeter un regard

Sur cette terre ingrate

Infestée de goujats

Ploutocrates et de gérontocrates

Où sont nos rêves, nos envies ?

La mer est ce mur

Isoloir de l’autre vie

De l’autre rive

Chassé comme des proies

On a plus de toits

Sans bagages ni carquois

On s’envole sans dire quoi

Ras-le-bol des mensonges

Boniments et bobards

Vous nagez dans l’hypocrisie

Buvant la sournoiserie

Assez de fourberie

Où sont nos rêves, nos envies ?

Entre les mains de l’anxiété

Les rêves délayent

Dans le bouillon de la lassitude

Les talents aux ailes brisés

S’échouent sur l’île de la bureaucratie

On a bu la misère jusqu’à la lie

La lumière, repoussée sine die.

Bachir Djaider

Samedi 29 septembre 2018

Cet espace est le vôtre ami(e)s poète(esse)s. Nous vous le réservons pour la publication de vos poèmes avec votre illustration.

Auteur
Bachir Djaider

 




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Bouteflika opère un mouvement partiel des secrétaires généraux des wilayas

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Haute administration

Bouteflika opère un mouvement partiel des secrétaires généraux des wilayas

Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika a procédé à un mouvement partiel des secrétaires généraux de wilayas, indique samedi un communiqué de la Présidence de la République. 

Le mouvement des secrétaires généraux de wilayas intervient suite au mouvement partiel effectué jeudi 27 septembre dans le corps des walis et des walis délégués, précise le communiqué.
 

A ce titre, sont nommés en qualité de secrétaires généraux de wilayas,

Messieurs:

1. Dabou Slimane, secrétaire général de la wilaya de Béjaïa,

2. Kerbouche Kamel Eddine, secrétaire général de la wilaya de Blida, 

3. Benkheznadji Rachid, secrétaire général de la wilaya de Tamanrasset,

4. Aroua Aïssa, secrétaire général de la wilaya de Tlemcen,

5. Ouraou Badr Eddine, secrétaire général de la wilaya de Tiaret,

6. Zaoui Mohamed Abdou, secrétaire général de la wilaya de Saïda,

7. Belhazadji El Ghali Abdelkader, secrétaire général de la wilaya 

d’Annaba,

8. Akhrouf Saïd, secrétaire général de la wilaya de Constantine,

9. Bouhait Lamri, secrétaire général de la wilaya de Mostaganem,

10. Bettioui Abdelkrim, secrétaire général de la wilaya de M’sila,

11. Moulay Abdelouahab, secrétaire général de la wilaya d’El Bayadh,

12. Douifi Foudil, secrétaire général de la wilaya d’Illizi,

13. Benflis Mahfoud, secrétaire général de la wilaya d’El Tarf,

14. Medebbeb Idir, secrétaire général de la wilaya d’El Oued,

15. Bougara Rachid, secrétaire général de la wilaya de Khenchela,

16. Merine Maâmar, secrétaire général de la wilaya d’Aïn Témouchent,

17. Bourich Aboubakeur, secrétaire général de la wilaya de Relizane.

 




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Guitouni : le gaz de schiste n’est plus un choix mais une obligation

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POLEMIQUE

Guitouni : le gaz de schiste n’est plus un choix mais une obligation

En marge d’une session à l’APN réservée aux questions orales, le ministre de l’Energie Mustapha Guitouni a affirmé aux journalistes que l’Algérie va s’orienter vers l’exploitation du gaz de schiste par obligation « et non par choix stratégique » pour parer à la consommation interne du gaz qui explose d’année en année.

Il a tenté de convaincre les députés en utilisant leurs propres armes. Ainsi ces derniers ne cessent de réclamer le raccordement aux gaz naturel des 48 wilayas du pays pour atteindre un taux de couverture de 100%. Pour une telle performance soutient-il, on devrait réserver près du double de la consommation actuelle soit 100 milliards de m3 . Il n’y a selon lui que cette ressource non conventionnelle qui nous permettra d’atteindre cet objectif. Le ministre se veut rassurant quant au mode d’exploitation qui respectera l’environnement et la santé publique.

Il ne souffle pas un mot sur l’échéance et avec qui l’Algérie compte exploiter le gaz de schiste et sous quelle forme contractuelle. Est-ce que les questions des journalistes qui ont manqué ou un oubli délibéré  du ministre ? Toujours est-il, un détail de taille a été donné par le ministre qui situe la production du gaz naturel en Algérie à près de 130 milliards de m3 dont 50 milliards sont exportés, 50 autres sont consommés en interne et ce qui reste soit 30 milliards de m3 sont réinjectes pour booster la pression des gisements existants.

Si l’on se réfère à la période écoulée, on estime l’augmentation de la consommation interne  à près de 3, 5 milliards de m3 qui viennent chaque année biffer la quantité à exporter. Partant du principe que l’Algérie exportera en volume plus de gaz que de pétrole brut, ceci va certainement affecter les recettes qui permettront de couvrir les besoins des citoyens et des entreprises dont celles pétrolières en premier lieu.

En termes simple, face à une baisse avérée de la production que ce soit du gaz ou celle du pétrole, si les réserves ne se reconstituent pas d’ici les 10 années à venir, il y aurait un déficit de près de 40 milliards de m3 à exporter par rapport à ce qui est fait aujourd’hui. Or le programme SH2030 prévoit un investissement de 48,5 milliards de dollars pour l’activité exploration production pour espérer une quantité additionnelle de 20 milliards de m3  si l’on croit les déclarations du vice -président de la planification et économie du groupe Sonatrach.

Ces premières goûtes de gaz de schiste ne sortiront que d’ici 2025 si on entame ce programme cette année. Ce qui est peu probable car même la nouvelle loi sur les hydrocarbures n’est pas encore prête, même pas au débat.

Les déclarations des uns et des autres montrent incontestablement que ces chiffres contradictoires dénotent d’un manque de stratégie qui se traduira par une impasse dans le moyen terme car aucune piste alternative n’est envisagée à part celle des ressources non conventionnelles.  

Pourtant, des possibilités existent dans des types de contrat EOR (Enhanced Oïl Recovery) qui désigne, selon l’approche théorique, un ensemble de techniques permettant d’augmenter la quantité d’hydrocarbures extraits d’un gisement pétrolier ayant épuisé partiellement ou totalement ces phases, primaire et secondaire.

Les pétroliers cherchent sans cesse comment améliorer les taux de récupération des gisements, en utilisant ces techniques. Les taux de récupération d’un gisement de pétrole brut varient de 5 à 50 %. L’exploitation des gisements de gaz seul est plus efficace parce que le gaz est moins dense et beaucoup plus mobile que le pétrole : le taux de récupération peut atteindre 60 à 80 %.

Rappelons que Hassi Messaoud, situé dans le bassin de Berkine, est le plus grand gisement de pétrole d’Algérie – et de tout le continent africain. Il fut découvert la même année que le gisement de gaz de Hassi R’mel, son équivalent pour le gaz (principal gisement de gaz d’Afrique).

Auteur
Rabah Reghis

 




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Baisse du déficit commercial de près de 75% sur les 8 premiers mois

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Economie

Baisse du déficit commercial de près de 75% sur les 8 premiers mois

Le déficit commercial de l’Algérie s’est chiffré à 2,052 milliards de dollars sur les huit premiers mois de 2018, contre un déficit de 8,19 milliards de dollars durant la même période de 2017, soit un recul du déficit de près de 75%, a appris samedi l’APS auprès des Douanes.

Entre janvier et fin août 2018, les exportations ont augmenté à 28,342 milliards de dollars (mds usd) contre 22,952 mds usd sur la même période de 2017, soit une hausse de 5,39 mds usd (+23,5%), précise le Centre national des transmissions et du système d’information des Douanes (Cntsid).

Pour les importations, elles ont connu une légère baisse totalisant 30,394 mds usd contre 31,142 mds usd à la même période de l’année écoulée, soit une diminution de 748 millions de dollars (-2,4%), précisent les Douanes.

Les exportations ont assuré la couverture des importations à hauteur de 93% contre 74% à la même période de l’année précédente.

Auteur
APS

 




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Bal des ministres dans la wilaya de Batna

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Youcef Yousfi dans les Aurès

Bal des ministres dans la wilaya de Batna

Le ministre des industries et des mines en visite de deux jours dans la wilaya de Batna. C’est le deuxième ministre (après celui des Sports) à venir en l’espace de quelques jours seulement.

Youcef Yousfi, ministre des industries, a instruit les hommes d’affaires, investisseurs et  les patrons d’usines de production de minimiser au maximum les importations et de mettre de l’avant l’esprit de création et innovation. “Je suis prêt à vous aider et vous suivre au bout de votre parcours de créativité  et d’innovation, je vous soutiendrai jusqu’au bout si c’est nécessaire”, leur a-t-il déclaré

La. wilaya de Batna a beaucoup évolué et se tient en 2 e position en matière de développement économique a souligné Yousfi. Selon le ministre, la wilaya de Batna a fait un pas géant avec les différentes entreprises et industries installées pratiquement à travers les quatre coins de la wilaya, à commencer par les zones d’activité et les zones industrielles dont la plupart d’entre elles ont connu des transformations  des activités  nouvelles., telles que la zone des activités de Batna, et la création d’autres  zones à Barika, Merouana, Ain-Yagout, El Madher, Djarma, Arris.

Glovitz Kia

Le ministre s’est arrêté à l’usine Glovitz Kia. Selon des explications  par le  représentant de la firme, l’usine Glovitz est située à 21 km de Batna, précisément  dans la commune de Djarma cette usine a été conçue dans le cadre de l’investissement, réalisée et installée sur un terrain d’une superficie de 50 ha.  Cette usine emploie actuellement 2000 personnes dans ses débuts et atteindra progressivement les 10.000 salariés.

Il est à signaler que la nouvelle usine Glovitz -Kia représente un grand pas en avant dans la diversification des capacités industrielles, allant de 50.000 unités à 100.000 pièces en phase de fabrication. Encouragé par le wali Siouda A, la firme Glovitz Kia a assuré une diversification (divers modèles de voitures) dans sa production de voitures, et camions, à commencer par les K2700.K2500.Sportage, Picanto, Rio, et Cerrato, apprend-on.

En suite le ministre Youcef Yousfi a inspecté également plusieurs usines et unités de productions industrielles dans les communes, Tazoult, Arris, Ichmoul (projet d’une mine de Baryte à re-exploiter ), une autre nouvelle unité de recyclage de bouteilles en plastique a été félicitée par M Yousfi dans le cadre de la protection et la sauvegarde de l’environnement, sachant que cette unité est la première à être installée et mise en service au niveau national. Elle absorbe entre 50000 et 100.000  tonnes de déchets en plastique et emploie jusqu’à 230 personnes.

Enfin il y a la fameuse usine de fabrication de turbines de gaz en cours de réalisation à Ain-Yagout. Elle entrera en production d’ici l’année 2019.

Auteur
Abdelmadjid Benyahia

 




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Madjid Yesli : « La communauté ne doit pas être une abstraction intellectuelle »

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RENCONTRE avec le vice-président du Congrès des Kabyles du Canada

Madjid Yesli : « La communauté ne doit pas être une abstraction intellectuelle »

Le Congrès des Kabyles du Canada (CKC) a participé avec une équipe de marathoniens au Marathon international Oasis de Montréal, ce grand événement sportif et festif. Des milliers de personnes de toutes les tranches d’âge y prennent part pour le plaisir ou pour défendre une cause qui leur tient à cœur.

Cette année, les membres de la communauté kabyle du Canada font partie de cette marée humaine qui a envahi le Quartier des spectacles du centre-ville de Montréal. Ils ont porté fièrement les couleurs du CKC et avec la fierté d’arborer leur appartenance à la communauté kabyle du Canada. Le vice-président du CKC, M. Madjid Yesli, présent sur les lieux se livre dans cet entretien.

Le Matin d’Algérie : M. Madjid Yesli, vous avez été, récemment, nommé vice-président du Congrès des Kabyles du Canada.

En effet, j’ai accepté la responsabilité et la charge de vice-président du CKC et je suis très honoré par la confiance placée en moi par le président du CKC en en la personne de M. Hocine Toulait. Bien entendu, je suis fier de faire partie du CA élu lors des assises du 13 mai 2108 au Palais des congrès de Montréal. Notre communauté a bien reçu la vision et comprend bien les enjeux auxquels nous devons faire face dans un monde de plus en plus complexe. Vivre dans un grand pays comme la Canada, qui lui, est composé de plusieurs centaines communautés, exige de nous une approche différente et novatrice afin de tirer notre épingle du jeu. J’ai eu la chance de participer aux consultations comme membre du Comité de préparation des assises du 13 mai 2018. Les kabyles que nous avons rencontrés ont démontré un désir ardent de construire une communauté de destin forte et influente. Le CKC a su les écouter et saura par, conséquent, traduire leurs recommandations en un projet fédérateur, rassembleur, mu exclusivement par l’intérêt général de notre communauté.

La démarche du CKC suscite beaucoup d’espoirs, ici au Canada d’abord, mais également ailleurs dans le monde au sein de nos diasporas. Nous sommes à la bonne place pour rêver. Nous sommes dans un pays qui nous permet de côtoyer une multitude de communautés dans un esprit de cohésion, de paix et de solidarité. Notre contribution est essentielle. Nos valeurs nous permettent une adaptation sans heurts. Mais comme le monde n’est pas figé, les changements sont rapides dans une planète hyper connectée où même les États postmodernes ont des difficultés à maintenir tous leurs acquis.

La participation citoyenne à la vie de la Cité devient alors incontournable. Celle-ci s’exprime à travers des organisations à vocations diverses (éducation, économie, lutte contre la pauvreté, promotion culturelle et identitaire, environnement.). Face à la complexité, les États les plus avancés sont à l’ère de la gouvernance partagée. Ils misent sur trois éléments fondamentaux : la responsabilité individuelle et familiale, l’entraide et la solidarité et enfin la mobilisation des communautés. Nous avons, donc, besoin d’une organisation de dernière génération où chaque citoyen ait une parcelle de pouvoir d’action et de responsabilité. La réussite de notre communauté dépendra de sa capacité à fonctionner dans une logique de réseaux, de coopération et de partage.  

Comment avez-vous vécu cette première sortie sur le terrain, la participation du CKC au Marathon international de Montréal?

La participation à cet événement de quelques membres de notre communauté est tout à fait louable à plus d’un titre. En plus du fait qu’il s’agisse d’un défi personnel pour chacun, ils ont choisi de porter les couleurs du CKC. Ceci nous honore et nous envoie un message fort à l’effet que nous devons travailler à nous assurer une bonne visibilité.  Ce genre d’événement a le mérite également de rassembler des communautés diverses, des organisations, des fondations de toutes sortes…

Le fait que nos couleurs- celles du CKC- fassent partie de l’arc-en-ciel de ce célèbre marathon international de Montréal est certainement une fierté et une opportunité pour nous. L’image de Gaya et d’Anaïs, bien décidés sur la première ligne de départ, arborant le logo et la devise du Congrès des Kabyles du Canada sera gravée à jamais dans mon esprit.

Aussi banale qu’elle puisse paraître, cette image m’a renvoyé aux balbutiements de la naissance du Comité de préparation des consultations et des assises du CKC. Que le message du CKC palpite au même rythme que les battements de cœur de ces enfants kabyles m’apparaissent comme l’amorce d’un nouveau départ porteur d’espoir pour notre communauté.  

Que représente pour vous cet événement sportif et comment les membres du CKC se sont préparés à cette course?

Tout d’abord, ce genre d’événement ne laisse personne indifférent. Le marathon international de Montréal est un événement qui draine plusieurs milliers de participants. Il s’agit d’un événement sportif, festif et même touristique. L’organisation est exceptionnelle. Une belle ambiance a bien agrémenté ce rendez-vous. Un groupe de membres de la communauté a pris l’initiative de participer à cet événement en arborant les couleurs du CKC et même amasser des fonds. Il est clair que c’est avec beaucoup de bonheur et de fierté que j’ai tenu à encourager les participants de notre communauté. Nos couleurs ont eu l’occasion et la chance de côtoyer celles d’autres organisations ayant à cœur une cause à défendre ou un défi à relever. Et notre communauté ne doit pas rester en marge de toute cette humanité.

Ce fut également une belle occasion de partager un beau moment avec les membres de la communauté. Tous et toutes animés par ce sentiment de fierté kabyle bien de chez nous. M Mabrouk Boudraa, ancien membre du Comité de préparation du CKC et coach de ce groupe n’a pas caché sa joie de voir tout le monde terminer la course. Ce fut un réel plaisir de le retrouver et je ne saurais assez le remercier au nom du CKC pour avoir consacré son temps à la préparation de ce rendez-vous. Bouaziz Ait Dris est à sa 2ème course au profit du CKC. L’idée de la participation lui appartient. Sa fille Ines me confie qu’elle était fière d’avoir atteint l’objectif qu’elle s’était assigné. Farid Chérifi, jovial et souriant comme d’habitude, a été très efficace dans la préparation des chandails du CKC. Avec une pointe d’humour, il réclame mon veston et m’habille en CKC comme tout le groupe.

Les enfants qui ont participé à cet événement sont heureux de leurs exploits respectifs.  Gaya, Anaïs et Dany comme les milliers d’autres enfants de la communauté kabyle du Canada valent bien le pari lancé par le CKC.  Le petit Dany laissera son papa Khaled Remila s’occuper du 42km. C’est la première fois que je rencontre Khaled, nous étions tous les deux en chandail du CKC. Il est fier de courir ses 42 km et porter haut l’idéal   d’une communauté rassemblée et solidaire. Ses propos me font réaliser tout le poids de la responsabilité que nous avons acceptée d’assumer. Je ne puis m’empêcher de penser à toute l’éthique que cela exige de nous comme membres du CA du Congrès des Kabyles du Canada.

Je suis convaincu que les rencontres directes avec les membres de la communauté incluant les dirigeants des associations devraient être la source d’inspiration pour le projet du CKC. Nous pouvons être plusieurs sans être ensemble. Mais si à plusieurs nous pensons communauté nous serons ensemble comme un seul être collectif fort et influent. La communauté ne doit pas être une abstraction intellectuelle.

Que diriez-vous de l’importance de prendre part à de telles rencontres en termes d’impact sur l’image   de notre communauté ?

En plus des aspects festifs, sportifs et sociaux, il me semble que ce genre d’événements nous permettra de faire du marketing pour notre communauté. Nous devons veiller à définir par nous-mêmes l’image que nous voulons renvoyer aux autres. Nous devons moderniser nos façons de faire. Le CKC ne ménagera aucun effort pour que nous puissions ensemble construire une communauté forte et influente. Pour y parvenir, ici ou ailleurs, nous devons miser sur le développement de toutes les potentialités de notre communauté. Chacun de nous peut individuellement rehausser l’image de la communauté, contribuer à promouvoir son identité et sa culture. Mais en le faisant ensemble, l’impact dépassera de loin nos actions en rangs dispersés. C’est encore une fois tout le sens de construire ensemble.

Le CKC croit en la communauté, toutes les rencontres organisées par nos associations ou groupes d’individus seront autant d’occasions pour créer cette logique de réseaux et de tirer profits de ces synergies. Le CKC croit également que l’éducation et l’intégration économique seront les principaux leviers du développement de la communauté des kabyles du Canada.

La force du pays et des communautés que nous côtoyons vient de ces deux leviers et de la culture de l’effort. Ce n’est pas tout : notre communauté doit promouvoir et préserver son âme profonde, son identité et sa culture à travers tout le territoire du Canada. L’image et la visibilité de la communauté se fera avec tous ces matériaux et en sera le fidèle reflet. C’est à cela qu’aspire chaque membre de notre communauté.

Auteur
Hassiba R.

 




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Abdelwahid Temmar remet les clés de 3 000 logements à Tiaret

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Habitat

Abdelwahid Temmar remet les clés de 3 000 logements à Tiaret

Des clés de 400/1 500 logements AADL(1) et 1 000 logements publics locatifs ont été distribuées par le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, jeudi, lors d’une cérémonie de remise des clés symboliques à la maison de la culture Ali Maâchi, en présence du wali de Tiaret, et les autorités civiles et militaires de la wilaya de Tiaret. Cette cérémonie clôturait la visite de travail et d’inspection effectuée dans la wilaya de Tiaret durant cette journée. 

Auparavant, le ministre avait visité dans la commune de Tiaret le projet de 1 000 logements publics locatifs LPL et de 100 logements logement promotionnel aidé LPA, situées respectivement dans la périphérie de Zaâroura. 

A Z’mala, dans les hauteurs de la ville de Tiaret, il a visité les 1 500 logements AADL en cours de réalisation, des chantiers de réalisation d’infrastructures de base, après  d’assister au cabinet du wali à un exposé présenté par le directeur du logement sur les différents programmes réalisés, lancés ou en projet, les responsables locaux du secteur se sont succédés afin d’expliquer au ministre l’état d’avancement des projets publics au niveau de la wilaya.

M. Abdelwahid Temmar a également donné instruction pour que les travaux de VRD seraient totalement achevé avant de la livraison des logements.

Ce dernier fera part d’une enveloppe supplémentaire pour la réalisation d’un parc citadin dans la périphérie de Zaâroura. 

Le ministre a indiqué que « plus de 90 000 unités du programme AADL seront prochainement achevées et attribué au niveau national dont 1 063 unités destinées à la wilaya de Tiaret ».

Auteur
Khaled Ouragh 

 




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L’exil de la langue : l’écriture dans la souffrance

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LITTERATURE

L’exil de la langue : l’écriture dans la souffrance

«J’ai écrit des poèmes, j’ai raconté des histoires, j’ai falsifié le vent de la langue du voisin lointain. La langue française fut un lieu d’exil, une maison sans terrasse»

Partagés entre la tradition du terroir et la culture française, les écrivains maghrébins d’expression française dans leur ensemble, les Algériens en particulier, ont été depuis longtemps placés par l’histoire en position de rupture avec leurs racines.

Une rupture aussi problématique que douloureuse ayant engendré un exil forcé dans la langue d’autrui. Exil où ces derniers sont condamnés à servir d’abord d’avant-garde ou d’étendard pour les mouvements de décolonisation, puis, d’éclaireurs pour la société libérée dans sa voie vers la construction de son identité.

I- L’écriture dans la langue française : entre quête des origines et déracinement

En effet, l’écriture dans la langue du colonisateur s’est toujours présentée pour ces écrivains-là à la fois comme un pis-aller, un arrêt devant l’abîme, et enfin, un intense travail dans l’interrogation de soi d’un autre angle que le leur. «Est-il possible, écrit le Marocain Driss Chraïbi (1926-2007), dans son roman  »La Mère du printemps » (1982) qu’on quitte un jour sa terre natale, qu’on la renie en lui tournant le dos, et puis…et puis que l’on y revienne, comme si rien ne s’était passé en ton absence, comme si elle n’avait pas eu besoin de toi ?» (1).

La terre natale dont parlait ici l’auteur de  »Le passé simple » est la demeure de la langue maternelle : refuge de mots enfantins, île rêvée du pays perdu, jardin onirique qui fait se croiser et valser les rayons de soleil, l’odeur parentale et le souffle des printemps, autour desquels défilent nombre de souvenirs nostalgiques. Somme toute, la vie dans les bras attendrissants de cette mère proche-lointaine, symbolisée par la terre, qui engrosse l’imaginaire de contes et de berceuses savoureuses. Si Chraïbi partait de cette idée de la terre-mère irremplaçable, c’est qu’il y a derrière cette métaphore, d’une part, la sœur, la cousine, la tante et toutes les autres figures féminines qui se suivent, se superposent et se figent dans l’inconscient individuel ou collectif «maghrébin», comme autant de remparts de la tradition, éternelles gardiennes des murs du foyer.

D’autre part, la terre n’est rien d’autre dans cette conception-là qu’un être vivant en besoin permanent de femmes et d’hommes qui la travaillent et la reconnaissent à sa juste valeur. Mais comment est-ce possible de perpétuer sa mémoire au travers de la langue de l’autre, de surcroît colonisateur, ou ex-colonisateur? N’est-ce pas un déni de soi? Une dépossession de son être et un second meurtre de son identité? Dilemme!

C’est le romancier Malek Haddad (1927-1978) qui aurait le mieux exprimé ce malaise et ses contradictions, lesquelles forcent, à l’en croire, l’intellectuel maghrébin «francophone» au moment de se mettre à la table de l’écriture à la fuite, la soumission et la résignation devant le pouvoir séducteur de la langue de Molière. «La langue française, écrit-il, dans son essai « Les zéros tournent en rond » (1961), est mon exil». Plus loin, il poursuit: « L’école coloniale colonise l’âme (…), c’est insidieux, c’est profond (…) Chez nous, c’est vrai chaque fois qu’on a fait un bachelier, on a fait un Français.».(2)

Quant à Mouloud Mammeri (1917-1989), il avait fait brûler par le principal protagoniste de son roman « Le sommeil du juste » (1955), toutes les lumières occidentales, par colère et révolte : « Le contrat social, Discours sur l’inégalité, les Châtiments. Jaurès, Auguste comte. Ha ! Mesdames et Messieurs quelle blague! Quelle vaste blague! Quelle fumisterie!», «Je pisse sur les idées», (3) ironise Arezki, le jeune intellectuel montagnard qui, même en conflit avec la société traditionnelle et influencé par la culture française transmise par son professeur de philosophie «anarchiste» M. Poiré, se voyait dans l’impossibilité d’accepter celle-ci parce que sa famille était sévèrement touchée par le mépris et l’arbitraire de la colonisation.

Cette réaction traduit, à vrai dire, non seulement l’atrocité de la misère ayant blessé les Indigènes dans leur chair, démentant les duperies des discours fraternels, égalitaristes et universalistes développés par les colons, mais aussi les remous de cette voix minorée d’un peuple «indigénisé», déculturé, bafoué, bâillonné et surtout exilé de lui-même, incapable qu’il fut de se réapproprier son patrimoine ancestral, sa culture, sa langue, son identité propre. Et c’est là que l’écriture et le journalisme sont intervenus pour servir de courroie de transmission des revendications de la base populaire et de baromètre du terrain miné de l’époque. Il serait, sans doute, possible de faire le parallèle ici, toutes proportions gardées bien entendu, avec les articles au ton incisif d’Albert Camus dans «Alger républicain» et son rapport accablant  »Misère de la Kabylie », publié en 1939 (4). Sa dénonciation des conditions difficiles dans lesquelles vivait la population de la Kabylie jure avec les enquêtes de ses prédécesseurs, favorables à l’exploitation coloniale.

Visionnaire, le futur philosophe a pu ouvrir grand les yeux, sur les dégâts de celle-ci, à certains milieux hostiles de la métropole. La littérature n’est-elle pas, après tout, ce qui nous ramène à l’humaine condition dans ses points de force, ses fragilités et ses susceptibilités? Elle fut plutôt, dans le cas de Camus, comme une révélation de son écartèlement affectif entre deux univers opposés (La France métropolitaine et l’Algérie « française »). Écrire, comme le dit bien un jour Bernard Pingaud est «une arme défensive. Pourquoi écrit-on ? Pour se justifier ou se distraire, pour « saluer la beauté » « promener un miroir le long d’une route» […] toutes les raisons sont vraies mais plus profondément, on écrit pour se défendre. » (5) Telle est aussi, peut-être, la véritable destinée de Jean Amrouche (1906-1962). Si l’on définit ce poète, on peut dire qu’il est «parti de nulle part à la reconquête de soi, ses racines.» Son écriture est un cri profond qui exprime l’arrachement originel à soi, aux siens. C’est «l’Anza», ce cri des morts qui ressuscite dans les cimetières la voix de cette Algérie dépossédée de son identité et de sa mémoire, qui sort des profondeurs de la terre pour emprunter le chemin de l’universel.

L’attachement entêté du paysan kabyle qu’il fut au territoire de ses ancêtres est, au demeurant, une évidence chez toute la famille des Amrouche.

La violence de l’exil, c’est avant tout la perte d’un espace (physique ou spirituel soit-il) et un bouleversement de la temporalité (la notion du temps évolue à géométrie variable), se manifestant par l’intrusion quasi obsessionnelle du passé dans le processus créatif : le passé de la Numidie, du Jugurtha et de l’épopée des «Aguellids» (rois berbères) ayant tenu tête à la Rome conquérante, de cette terre de l’insoumission permanente qu’est l’Algérie.

Amrouche était déchiré de l’intérieur entre des réalités qu’il n’avait pas «forcément» choisies (exil spirituel dans la communauté musulmane puisqu’il fut catholique, exil territorial puisqu’il était parti longtemps en Tunisie avec sa famille, exil linguistique puisqu’il ne s’exprime dans ses écrits que par la langue française) et sur lesquelles il n’a pas de prise. Issu d’une famille kabyle christianisée par la vague des «Sœurs Blanches», il fut avec son recueil poétique  »Cendres » (1934), publié quatre ans après la célébration du centenaire de la conquête de l’Algérie, l’un des pionniers de la littérature maghrébine d’expression française : «Mais, sa place/ Celle de votre enfant, malgré vous, malgré lui/ Prisonnier de ces os rendu au schiste sec/ Mais, ma place/ Celle de votre fils aux membres ligotés/ Où, où est-elle?», s’est indigné celui qui a témoigné de l’étrangeté de son sentiment d’appartenance, écartelé entre tradition ancestrale et modernité occidentale, sa communauté d’origine et la culture française, chantant de toutes ses veines la splendeur du pays perdu(6).On touche par-là à un destin exceptionnel, pareil à celui du Tchèque Franz Kafka (1883-1924) : étranger à tout, d’abord à la culture allemande par son judaïsme, étranger à Prague, à la Bohème (mouvement artistique très célèbre du XIXe), tant par le choix qu’il fit d’écrire en allemand (la langue des maîtres et des bureaucrates impériaux), que par son judaïsme encore (nationalisme tchèque qui charrie un antisémitisme avéré), mais en même temps hostile au judaïsme occidental, celui des assimilés (ceux qui n’ont plus de traditions à léguer à la postérité) et oriental (celui des Yiddish des communautés juives de Galicie). Si le génie de Kafka, c’est d’avoir fait de ses manques, c’est-à-dire de ses exils symboliques irrémédiables, le ressort de son esthétique, Amrouche y a puisé l’âme, l’inspiration et «le matériau notionnel», utiles à son écriture.

II- La révolte et l’exil

Toujours est-il opportun de signaler, par ailleurs, que c’est après la répression des émeutes de Sétif et de Kherrata en mai 1945, qu’une nouvelle conscience littéraire s’est réveillé en Algérie. Ce que l’on appelle «le courant ethnologique», représenté par Mohammed Dib avec ses livres  »La Grande Maison » (1952) et surtout  »L’incendie », ce roman prophétique publié juste avant l’insurrection de 1954, Mouloud Mammeri avec  »La colline oubliée » (1952), lequel complète indirectement la fresque littéraire  »Le fils du pauvre » (1950) de Mouloud Feraoun. Baignée dans la culture traditionnelle, cette génération démontre par son écriture l’immixtion subite de la modernité dans un monde rural rythmé par les rites de l’oralité. Elle dresse un témoignage au vitriol contre les effets du colonialisme, centrant le regard sur la figure tutélaire de la mère, à la fois gardienne du temple de l’oralité et figure de résistance à l’occupant, faisant appel à la reine «Kahina», ou à la résistante «Fathma N’soumer».

De même, le caractère patriarcal et viril de l’Algérien fut comme sublimé dans diverses références au thème des révoltes de Jugurtha. Cette génération considérée comme «indigéniste» dans l’esprit occidental qui faisait de «l’exotisme oriental» une norme en tout ce qui a trait aux réalités socioculturelles du Maghreb, était plutôt vue comme l’interlocutrice privilégiée des lecteurs européens. Sorte de maillon ou d’interprète/intermédiaire dans un territoire rattaché à la métropole durant un espace de temps qui coïncide avec l’émergence en Occident du «Nouveau Roman», avec son écriture concise, sa structure narrative chaotique, ses récits foisonnants ayant pour thème l’homme moderne, ses perplexités et ses angoisses. Un genre nouveau ayant mis aux oubliettes «la littérature engagée» dont se réclament les adeptes du roman indigéniste.

Autrement dit, le réalisme historique s’y est perdu et a fondu dans l’incertitude narrative, où le poète ou l’écrivain ne sont plus en position d’éclaireurs, mais de simples voix de dialogue parmi d’autres. En cette période d’avant-indépendance, un nom émerge et non des moindres, celui de Kateb Yacine qui, prenant le pas de Mohamed Dib, aurait dépassé son problème individuel d’acculturation pour recréer l’histoire à travers  »Nedjma » (1956), le plus remarquable des romans d’Algérie et du Maghreb.

Rénovant l’écriture dans le fond, Kateb faisait du retour aux origines et aux ancêtres un culte, recherchant dans l’insaisissable Nedjma, l’unité symbolique : l’Algérie dans toute sa beauté, sa splendeur, ses ambiguïtés, ses mystères. (7) D’après le sociologue et critique littéraire marocain Abdelkebir Khatibi (1938-2009), le mythe katébien est une méditation qui constitue, outre le décalage entre l’histoire et l’activité de l’imaginaire, cette volonté de «tricher avec l’histoire, de la violenter, la contourner et la brouiller dans une atmosphère ludique»(8). Kateb Yacine a noué, par le sang, une relation complexe avec la terre. Toutes ses œuvres  »Le cercle des représailles » (1959),  »Le cadavre encerclé » (1963),  »Les ancêtres redoublent de férocité » (1967), etc., sont un appel implicite à venger la mère violée et l’exil forcé chez l’autre.

«Jamais je n’ai cessé, écrit-il dans  »Le Polygone étoilé » (1966), même aux jours de succès près de l’institutrice, de ressentir au fond de moi cette seconde rupture du lien ombilical, cet exil intérieur qui ne rapprochait plus l’écolier de sa mère que pour les arracher, chaque fois un peu plus, au murmure du sang, aux frémissements réprobateurs d’une langue bannie, secrètement, d’un même accord, aussitôt brisé que conclu…». (9) Ainsi ce célèbre poète frondeur, symbole de l’Algérie résistante, s’est-il permis de violer à son tour la langue du colonisateur pour lui donner un contenu, une conscience, une âme algérianisée : «J’écris en Français, dit-il un jour, pour dire aux Français que je ne suis pas Français». En plus d’être conflictuelle, sa liaison avec la culture française est teinte de versatilité, tantôt qualifiée de «butin de guerre», tantôt d’aliénation et d’acculturation dans le grand projet impérialiste. Or, «il faut reconnaître, écrit Kadour Naimi, que  »le butin de guerre », est, en réalité, un asservissement néo-colonisé, déguisé en triomphe, une reconnaissance implicite d’incapacité intellectuelle à promouvoir sa propre langue maternelle.

Voici la preuve la plus significative, poursuit Naimi, en 1985, l’auteur même du slogan  »butin de guerre », Kateb Yacine, déclara :  »Je ne pensais pas pouvoir faire du théâtre en Algérie parce qu’à ce moment-là, le problème numéro un, c’était la langue. Pour moi, ce qui importait, c’était ce problème-là : comment le résoudre ? »» (10) Le fait, peut-être, que notre «Molière national», digne descendant d’Apulée de Madaure, se soit frotté à l’arabe populaire a aiguisé sa sensibilité de poète rebelle. A la vérité, quand la langue lui est étrangère, tout écrivain se sent comme dans un ghetto insulaire, prisonnier de lettres aussi insolites qu’effarantes, lesquelles portent les marques de son égarement. Exclu de l’histoire de son milieu d’origine, humilié par la perte de ses racines, l’exil de la langue le campe alors dans le statut peu enviable d’apatride, n’ayant plus d’énergie ni de ressources que dans la recherche désespérée de sa langue, son identité, ses coutumes et sa terre perdues. Étranger à lui-même, comme l’observe bien la philologue et la psychanalyste bulgare Julia Kristeva, il tente alors de «tricher» avec le destin au moyen des mots. Les amarres de l’écrivain ne sont-ils, après tout, l’exil, la ruse et le silence, pour reprendre le mot du poète irlandais James Joyce (1882-1941)? Des amarres qui l’attachent à «ce pays indécodable de l’errance», frappé de ruptures et de radicalité, d’oubli et de fuites…«Écrire la langue adverse, dit Assia Djebbar dans son roman  »L’amour, la fantasia » (1985), ce n’est plus inscrire sous son nez ce marmonnement qui monologue; écrire par cet alphabet devient poser son coude bien loin devant soi, par-derrière le remblai — or dans ce retournement, l’écriture fait ressac.».

III- L’errance, la dictature, l’islamisme et la résistance…

Longtemps confinée entre conformisme aux traditions et penchant à l’émancipation, le courant littéraire d’avant-garde s’est sclérosé tout de même dans un nationalisme étriqué, contraignant et anachronique jusqu’à l’émergence d’une plume acerbe en 1969, celle de Rachid Boudjedra. Une plume d’un rare génie qui a célébré, à l’instar du romancier mexicain Juan Rulfo (1917-1986), «l’entreprise du meurtre» par l’écriture de l’oralité. Meurtre aussi de la culture patriarcale, des tabous, des traditions surannées, de l’intégrisme religieux et du conformisme tout court. Grâce à ses premiers ouvrages, en particulier  »La Répudiation » (1969) ,  »L’insolation » (1972),  »L’escargot entêté » (1977), Boudjedra a eu le mérite de sortir la littérature algérienne du pertuis étroit du traditionalisme à l’universalisme, en cassant les codes de la narration, en malmenant le récit et en mélangeant les genres par le biais du «Réalisme magique» typiquement hispano-américain, nourri d’une modernité trextuelle et des saveurs orientales du conte des Mille et Une Nuits. Se servant de ses personnages, Boudjedra dresse un sévère réquisitoire contre ce «pays-hôpital» (l’Algérie), sans cerveau, sans béquilles, sans morale, englué dans son hypocrisie religieuse et ses tabous. «Et maintenant ?, écrit-il, dans son roman « Le démantèlement », (1981), les villes s’étaient surchargées et s’enroulaient dans la mauvaise graisse des bidonvilles tandis que les terres irriguées par le sang étaient à l’abandon, les mosquées poussaient comme des champignons phalliques, la religion était récupérée par tout le monde, les rues se remplissent d’opportunistes, d’affairistes et d’arrivistes éblouis par la réussite fulgurante (…) et la corruption devient la loi générale (…) ». Même démarche chez Mourad Bourboune  »Le muezzin » (1968) et Mohamed Dib  »Dieu en Barbarie » (1970) et bien d’autres écrivains tels que Nabel Farès , Malek Ouary, Jean Sénac, etc., qui, amoureux de la vie, ont fustigé la dictature, les marchands de temple et leur sale besogne d’endoctrinement des masses. Plus tard, apparaît Rachid Mimouni avec  »Le Fleuve détourné » (1982), où il s’est frontalement attaqué au tabou de la révolution : ses trahisons, ses compromissions et ses déceptions.

« Il n’est pas facile dans ce pays, d’être administrateur », écrit ce dernier poussé aux flots par les enragements de ce fleuve d’Algérie qui a raté sa direction et sa source, «c’est un poste qui exige beaucoup de qualités. Il faut faire montre d’une grande souplesse d’échine, de beaucoup d’obséquiosité, d’une totale absence d’idées personnelles de manière à garder à ses neurones toute disponibilité pour accueillir celle du chef. Il faut surtout se garder comme de la peste de toute forme d’initiative.». Bien entendu, le tragique dans « Le Fleuve détourné » rejoint le comique. Le paysan qui retourne à son village après des années d’exil dans le maquis, se retrouve face à la cruauté des siens.

Convaincus de sa mort pendant la guerre de libération, ces derniers lui ont même fait une place au cimetière alors que sa femme et ses enfants sont portés disparus. Coincé dans ce jeu de miroirs déformés du destin, le pauvre paysan (sans nom dans le texte), part se confronter à ce qu’il oppose à cette société, la sienne, ingrate et méconnaissante de ses sacrifices pour l’indépendance de l’Algérie. Quel drame que de se heurter au mur du mépris et du rejet de ceux qui prétendent nous connaître! D’être exilé par les nôtres sur la terre qui nous a vu naître. Non seulement Mimouni a cassé dans son œuvre les modèles sociaux faussement nationalistes en vigueur à cette époque-là, mais aussi le mythe de la révolution et ses trahisons, la société et son triangle de Bermudes : l’identité, la sexualité, la religion. Le même constat peut être dressé aussi pour les œuvres de Tahar Djaout: ‘‘Les chercheurs d’os » (1984) et ‘‘Les vigiles » (1995), en particulier.

De toute façon, les écrivains algériens d’expression française, romanciers, poètes ou dramaturges soient-ils, appartiennent tous à une culture dont la structure interne continue d’être orale. En ce sens, l’espace de culture «savante», donc écrite, peut se rétrécir facilement tant que l’oralité a transformé l’écriture depuis des siècles en un texte absent. Loin d’être une métaphore, l’exil linguistique, étant en premier lieu un exil culturel, aggrave du dedans les autres formes d’aliénation que comporte l’exil intérieur (la solitude de l’écrivain). De même, le rapport des écrivains algériens francophones aux lecteurs a changé, de nos jours, sur plusieurs niveaux (culturel, civilisationnel, spatial parfois), vu l’ampleur du fossé creusé par l’arabisation progressive des générations montantes. Leur message ne passe pas comme souhaité et les enjeux culturels de leur écriture se trouvent parfois mal interprétés.

En revanche, la dénonciation et la révolte caractérisent toujours la littérature algérienne nouvelle. De Tahar Djaout à Amin Zaoui, et de Abdelkader Djemai à Boulam Sansal, Youcef Sebti, Yasmina Khadra, Maissa Bey, Salim Bachi et Kamel Daoud, le verbe est conjugué au présent de la révolte et de la résistance. On dirait que l’écriture en est forcée à adopter un profil bas devant les épanchements impulsifs de l’encre. Bien que la dynamique et les objectifs de l’écriture en langue française soient différents de ceux des prédécesseurs, on constate bien, à quelques exceptions près, que cette littérature n’est que la suite logique de la poésie rebelle de Kateb Yacine, du verbe haut de Jean Amrouche, des rimes poétiques de Assia Djebbar et de la prose pamphlétaire de Rachid Boudjedra!

K.G.

Notes de renvoi

  1. Driss Chraïbi, La Mère du printemps, Edition Seuil, Paris. 1982.
  2. Voir Youssef Girard, The International Solidarity Movement, 10 novembre 2010 : http://www.ism-france.org/analyses/-Les-zeros-tournent-en-rond-8207–article-14584.
  3. Mouloud Mammeri, Le sommeil du juste, Plon, Paris, 1955, p144-147.
  4. Albert Camus, Chroniques algériennes, 1939–1958, Actuelles III, éditions Gallimard, Collection Folio essais, Paris, 1958.
  5. Bernard Pingaud, écrire aujourd’hui, Plumitif, juillet 2014 : http://blog-de-lyne.blogspot.com/2014/07/.
  6. Patrick Renaudot, Ce lieu d’exil la langue française, Magazine littéraire N°221, juillet-août, Saint-Père, 1985, p 36-40.
  7. Kamal Guerroua, Exil Nostalgie, Ressouvenances, Villers-cotterêts, 2017.
  8. Abdelkebir Khatibi, Le roman maghrébin, Maspero, Paris, 1968.
  9. Kateb Yacine, Le Polygone étoilé, Seuil, Paris, 2000, p181-182.
  10. Kateb Yacine & Abdelkader Alloula, du théâtre au cinéma, conversation entre Kateb Yacine et Saïd Ould Khelifa, entretien inédit réalisé à Paris le 29 juin 1985, Bobigny 2003, publié à l’occasion du 14 ème Festival 11 au 28 mars 2003 à Bobigny, Hors-série, p. 7 et 8., cité par Kadour Naimi, Défense des langues populaires, le cas algérien, Editions Electrons libres, 2018.
Auteur
Kamal Guerroua, auteur et chroniqueur

 




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Tamazight et dziriya, solidarité !

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ANALYSE

Tamazight et dziriya, solidarité !

Comme promis lors de la présentation des Éditions électrons Libres (1), voici la présentation d’un premier livre offert gratuitement.

Prémisses

Pour écarter tout malentendu ou procès d’intention (2), précisons des faits.

L’auteur de cette présentation et de l’essai en question a obtenu un baccalauréat puis un Certificat d’Études Littéraires Générales (université d’Oran, en 1965-1966), aussi bien en langue française qu’en arabe classique. Il pratique donc ces deux langues, et apprécie ce qu’elles lui ont donné et continuent à lui donner comme connaissances.

Donc pas de vulgaire tribalisme linguistique exclusiviste, raciste, élitaire, aussi prétentieux que médiocre et stérile. La « tribu » de l’auteur est l’espèce humaine dans son ensemble, plus exactement celle exploitée-dominée par une minorité de requins assoiffés d’argent. Par conséquent, toutes les langues de la planète, quelque soit leur statut, de la plus scientifique et culturellement raffinée au plus humble dialecte d’une tribu isolée d’Amazonie, tous ces idiomes sont à respecter, protéger, promouvoir, pratiquer dans la mesure du possible. Ils constituent la richesse diversifiée de l’humanité. Un dialecte qui disparaît, c’est un aspect  d’humanité, la nôtre, qui est perdu. À ce sujet, l’auteur pratique, outre sa langue maternelle, employée dans ses œuvres théâtrales dès 1968, l’arabe classique, le français, le latin (un peu oublié par manque de pratique), l’italien, l’anglais et le chinois élémentaire. Si l’auteur vivait en Algérie, il apprendrait volontiers le tamazight, pour enrichir son bagage linguistique et mieux connaître et communiquer avec ses compatriotes amazighes.

Sachant l’intensité des passions que soulève le débat linguistique (pas seulement en Algérie, mais partout dans le monde, et à toutes les époques), ajoutons une prémisse fondamentale ; sans elle aucun débat n’est possible. Si une personne aime exclusivement une seule langue avec passion (en Algérie : arabe classique, français, dziriya, tamazight ou n’importe quel idiome étranger), c’est son droit absolu. Mais celui-ci ne confère en aucune manière à cette personne la prétention d’interdire à d’autres d’accorder leur amour à une autre langue. Bien entendu, il reste à s’accorder sur un consensus : l’emploi de ces divers idiomes comme instruments collectifs de communication officielle, de culture et de science. Cet accord est possible uniquement à une condition :  ne pas imposer autoritairement, par une caste élitaire, la langue qu’elle emploie et dont elle tire des privilèges, mais donner la priorité au peuple, donc à la langue qu’il pratique dans sa vie quotidienne. Autrement, le débat est biaisé. L’essai le démontre, quelque soit le pays de la planète, et l’époque considérée.

Dès lors, la position assumée dans l’essai est claire, sans aucune ambiguïté : les considérations partent, se basent et se proposent de servir le peuple, et non une caste élitaire quelconque, pas même celle à laquelle appartient l’auteur de l’essai. Bien qu’il dispose de la formation linguistique déjà signalée, il estime venu le temps d’accorder toute l’attention méritée à sa langue maternelle : la diziya. Tout en saluant et en soutenant les efforts de ses compatriotes amazighes dans la promotion de leur langue maternelle, le tamazight.

Point de départ et but

Concernant la dziriya (l’essai fournit les motifs, discutables, du choix de ce mot), le point de départ, ayant motivé cet essai, fut celui-ci : toutes les langues officielles actuellement vivantes, sans aucune exception, ont été, au début, des idiomes semblables à ce qu’est actuellement la dziriya, autrement dit un langage populaire, méprisé par l’élite qui pratiquait une autre expression linguistique, jugée par les membres de cette élite comme étant la seule « noble », parce que de « connaissance » et de « civilisation ».

La transformation des idiomes populaires et leur promotion comme langue à part entière fut, partout, l’oeuvre d’un groupe très restreint d’intellectuels. Bien que faisant partie de la caste élitaire, leur souci premier était de communiquer avec le peuple afin de lui permettre l’accession à la connaissance et à la culture. Dans quelques rares cas, la promotion de la langue populaire fut encouragée par des membres de l’oligarchie au pouvoir : le but était de communiquer au peuple les décisions de cette oligarchie. Dans un seul cas, cette transformation-promotion eut comme déclencheur un homme seul, diplomate et poète : la langue ouzbèke. Oui ! Dans tous les cas eut lieu une révolution linguistique, dans le sens le plus authentique du terme, une révolution au service du peuple. Et la communauté nationale en bénéficia dans tous les domaines de l’activité sociale.

Dès lors, l’auteur de l’essai se proposa un but : est-il possible et comment transformer la dziriya en une langue à part entière, c’est-à-dire de culture et de science, ainsi que de communication officielle ?… Utopie totalement folle, détachée de toute réalité présente ? Régression absurde ? Démagogie scandaleuse ? Menace contre les langues déjà existantes, telles l’arabe classique, le français ou même le tamazight ? Ou, encore, menace contre la religion musulmane ?… Qu’on lise l’essai. On constatera comment les langues, toutes les langues humaines sans aucune exception, y compris le français et l’arabe classique, sont parvenues à la dignité de langue à part entière

Comme l’auteur de l’essai, certains comprendront, alors, que les Algériens ont trop longtemps vécu dans une « caverne de Platon » : ils ne voyaient que le français et l’arabe classique comme langues valables, en ignorant totalement comment ces idiomes sont nés et ont conquis leur statut linguistique prestigieux. Finalement, des mouvements de protestation populaires, parfois sanglants, leur ont fait voir l’existence (valeur) du tamazight. Il leur reste à se rendre compte de l’existence (valeur) de la dziriya. Et, comme les enfermés de la caverne de Platon, regarder la lumière de la réalité n’est pas facile. Les résistances seront aiguës, à la mesure des positions sociales de classes qui conditionnent les protagonistes. Et, les motifs réels de ces résistances seront difficiles à admettre, parce qu’elles se cachent derrière des considérations nobles et censées. Les laïcs francophones se scandaliseront contre ce qu’ils appelleront une « régression », et les arabophones religieux crieront au « blasphème » contre la religion à travers sa langue sacrée. L’essai montre que ces deux arguments ont été exactement ceux soulevés partout dans le monde, pour s’opposer à la promotion des langues populaires.

Implication politique du problème linguistique

L’un des tourments actuels de l’Algérie est une guerre linguistique, plus exactement une guerre sociale menée en employant l’instrument de la langue.

L’auteur précise qu’il n’est pas un « expert » en linguistique, mais simplement un citoyen intéressé par le problème des langues en Algérie. Il a consacré un certain temps à l’étudier, à le comprendre, à connaître les diverses positions exprimées. Finalement, il propose des pistes de réflexions ainsi que des propositions concrètes de solutions, au bénéfice du peuple algérien dans son ensemble, en respectant ses spécificités et son droit à une culture réelle, autrement dit de promotion sociale.

L’essai s’adresse principalement aux compatriotes libres penseurs, dans le sens précis de l’expression, autrement dit non inféodés à une idéologie procurant des privilèges matériels au détriment du peuple laborieux. Les idéologies en question présentent l’une des deux formes suivantes.

L’une est cléricale. Elle prétend défendre la religion, laquelle n’en a pas besoin, car ce qui est bon finit par être adopté par le peuple. En réalité, cette prétendue défense de la religion cache un dessein qui n’a rien de spirituel : mettre la main sur le pouvoir étatique afin de constituer une oligarchie jouissant des ressources naturelles du pays et de l’exploitation des travailleurs. Pour s’en convaincre, il suffit de voir ce qui se passe dans les pays dominés par une oligarchie cléricale.

L’autre idéologie est laïque capitaliste. Elle déclare promouvoir le progrès économico-social de l’Algérie. En réalité, elle occulte ce qu’implique ce projet : l’exploitation des ressources naturelles  et de la force de travail algériennes en vue, d’abord, de fournir un profit aux patrons, au détriment des salariés. Là, aussi, pour s’en convaincre, il suffit de voir ce qui se passe dans les pays dominés par ce genre d’oligarchie.

La formulation de ces prémisses sert à ne pas être victime d’un piège. Il consiste à occulter, dans le débat linguistique, la dimension économico-sociale, plus exactement l’existence d’une oligarchie dotée de privilèges, basés sur l’instrument linguistique. Le cas n’est pas spécifique à l’Algérie. Les nations du monde entier ont rencontré ce problème. C’est la raison pour laquelle l’essai commence par un exposé historique général. Il démontre ceci : tout instrument linguistique, depuis toujours et partout dans le monde, est un moyen soit de domination (sociale) et aliénation (idéologique) du peuple, soit de sa libération (sociale) et promotion (idéologique) de ce même peuple.

Le gros pavé dans la mare

On comprend, alors, que cet essai lance ce qui est, à notre connaissance, le plus gros pavé dans la mare linguistique algérienne actuelle. En effet, outre au tamazight, il défend la totalement ignorée, délaissée, méprisée : la dziriya. À ce parler populaire est nié un statut de langue digne de ce terme, à l’exception de domaines limités : tels la poésie, le théâtre, le cinéma et la chanson, dits « populaires ». Même parmi les promoteurs du tamazight, rares sont les personnes qui, dans leur légitime effort de promotion de leur langue populaire, rappellent également la nécessité du même effort concernant cette autre langue populaire qu’est la dziriya.

L’essai s’efforce de démontrer l’inconsistance intellectuelle et la visée dominatrice des personnes qui stigmatisent les langues parlées algériennes, comme vulgaires dialectes : la dziriya (arabe parlé algérien, dit, de manière erronée, « darija ») et le tamazight. L’auteur ne pratiquant pas cette seconde langue, il se contente d’en considérer des aspects généraux ; et il se concentre sur la dziriya, qui est son idiome maternel. Cependant, les conclusions générales s’appliquent également au tamazight, en tant que langue populaire.

Reste que si le tamazight, suite aux combats pour sa promotion, commence à être, plus ou moins reconnu, comme langue officielle, la dziriya, elle, demeure totalement ignorée, au niveau officiel. Quant à ce qu’on appelle l’ « intelligentzia » algérienne, dite « démocratique » et « progressiste », une partie non négligeable de celle-ci manifeste envers la dziriya un mépris qui la stigmatise  comme « vulgaire ». L’essai montre comment, par qui et pourquoi cet argument fut, partout et toujours, formulé contre les langues populaires, aussi bien en « Occident » qu’en Extrême-Orient. Donc, en Algérie, absolument rien de nouveau sous le soleil. Dans les autres pays, substantiellement, le même problème s’est posé, avec les mêmes types d’adversaires, les mêmes positions de classes, les mêmes privilèges socio-économiques, les mêmes enjeux de pouvoir, les mêmes résultats.

Dans l’essai, ce qui scandalisera certainement plus d’un Algérien est l’examen des deux slogans dominateurs dans le pays : la langue française comme « trésor de guerre » et la langue arabe classique comme « retour aux sources ».

L’essai expose les arguments défendus par ces deux conceptions, et présente les objections qui les réfutent. D’un côté, il montre qu’en fait le « trésor de guerre » (langue française), comme le « retour aux sources » (l’arabe classique) sont deux formes d’une même reddition néo-coloniale intellectuelle, masquée par de fallacieuses justifications. De l’autre côté, l’essai explique que la promotion des langues maternelles n’est pas une « régression » culturelle, une attaque à l’Islam,  une négligence des langues arabe classique et française ; mais, au contraire, cette promotion des langues maternelles est la condition indispensable du progrès culturel et social du peuple, comme le prouve l’histoire mondiale de l’humanité, dans chaque nation particulière.

Dans l’essai, aux langues française et arabe classique est reconnue l’importance en Algérie, à condition d’être des instruments de connaissance (non d’aliénation) et de promotion (non de domination) sociale. De même, est formulée l’invitation à s’intéresser à d’autres langues, non seulement l’anglais mais, en particulier, le chinois. Le motif n’est pas uniquement d’opportunité commerciale, mais, d’abord, d’élargissement des connaissances intellectuelles, et donc de développement social.

Il ne serait pas surprenant que le présent essai soit ignoré et occulté par beaucoup de personnes en Algérie. Elles refuseront toute discussion, les unes sur le « trésor de guerre », les autres, sur le « retour aux sources ». Et ces personnes dominent les moyens d’information de masse, aussi bien officiels que d’une certaine « opposition ». Le motif de leur refus de discussion est simple à comprendre : les questions posées dans cet essai, et les propositions de réponses vont à l’encontre des privilèges mandarinaux dont jouissent ces personnes. Seules tiendront compte de cet essai une minorité de personnes. Bien que privilégiées, parce que pratiquant l’une des deux langues dominantes (français ou/et arabe classique), elles ont comme premier souci l’intérêt du peuple et, donc, la promotion de sa langue ordinaire.

Un autre problème est à considérer. Des personnes qui ont un sincère souci du peuple ignoreront ou mésestimeront le contenu de cet essai, parce que, malheureusement, elles sont victimes de l’idéologie dominante, soit cléricale (en ce qui concerne l’arabe classique), soit laïque (en ce qui concerne le français). Ces personnes sont dans cette situation par manque de connaissances suffisantes sur le problème linguistique, en général, et concernant l’Algérie, en particulier. Souhaitons que ces personnes, étant donné leurs indéniables souci et respect du peuple, feront l’effort de lire cet essai, en mettant de côté leurs préjugés. L’auteur, lui aussi, reconnaît que dans sa jeunesse il fut victime de ce genre de préjugés.

Pour résumer cet essai, disons ceci. Il présente les expériences exemplaires dans le monde en matière de promotion des langues vernaculaires, examine la situation en Algérie et propose des solutions. L’exposé révèle ce que cache tout discours «politiquement (ou religieusement) correct », autrement dit biaisé par une quelconque oligarchie et ses représentants idéologiques. Tout l’effort est de déceler les réels enjeux qui conditionnent le problème linguistique, et leurs conséquences sociales et, – ne l’oublions pas -, psychiques. Le but est de provoquer, finalement, une discussion publique la plus large et la plus approfondie possible, afin de trouver les solutions réellement démocratiques. Elles permettront aux deux composantes linguistiques principales du peuple algérien, arabophones et amazighophones, de promouvoir leurs idiomes respectifs en langue à part entière, en vue de construire une communauté nationale sereine, réciproquement coopérative, libre et solidaire (3).

 

Le facteur essentiel.

Il est vrai que tous ces propos et ceux de l’essai sont formulés de loin, géographiquement parlant, par rapport à l’Algérie. Mais, précisément c’est le séjour de l’auteur, non pas dans un pays francophone ou arabophone, mais au Vietnam et en Chine, qui l’a le plus sensibilisé aux langues maternelles algériennes.

Il est également vrai que l’Algérie actuelle a subi beaucoup de changements, notamment une arabisation à outrance, aux résultats très discutables, sur les plan scientifique et psychique.

Il est également vrai que des influences néo-coloniales ont pris comme cible le peuple algérien : l’oligarchie française par l’intermédiaire de la « francophonie » (favorisée  par le « trésor de guerre »), l’oligarchie arabe moyen-orientale (soutenue par le « retour aux sources »), l’oligarchie états-unienne (soutenue par une « coopération » culturelle prétendant favoriser le progrès économique). Ces conditionnements se présente comme étant des enrichissements généreux et gratuits dans le domaine linguistique. Avez-vous vu des oligarques offrir gratuitement quoi que ce soit, en le finançant ? Regardez bien, et vous constaterez qu’il s’agit, en réalité, d’entreprises néo-coloniales. Elles sont soutenues par l’argent et les moyens matériels adéquats, pour obtenir du profit sonnant et trébuchant, en exploitant les ressources naturelles et la force de travail du peuple algérien. On est en présence d’une version macroscopique de la fable du petit chaperon rouge. Ces conditionnements linguistiques menacent gravement les identités linguistiques, donc les identités culturelles, par conséquent l’équilibre psychique du peuple algérien.  Répétons-le : n’importe quelle langue, maternelle ou pas, nationale ou étrangère, soit libère l’esprit, soit l’asservit. Il ne faut jamais perdre de vue cet aspect, si l’on veut comprendre la nature du problème linguistique, et lui trouver des solutions au bénéfice réel du peuple, et, ceci, quelque soit le pays considéré.

En définitive, à propos de cet essai, plus exactement de la promotion des langues populaires algériennes, tout dépendra de la combinaison de trois éléments : 1) l’action d’une minorité d’intellectuel-le-s résolu-e-s (4), 2) l’accueil d’un public cultivé, constituant un agent de transmission des idées vers la majorité du peuple travailleur (et chômeur), 3) la réception par ce peuple, et son  engagement conscient et volontaire. L’histoire linguistique des nations, exposée dans l’essai, et les manières dont les langues populaires sont devenues des langues à part entière, et, ainsi, ont contribué au progrès indéniable de la société dans tous les domaines, cette histoire est là pour éclairer le chemin, en Algérie comme ailleurs. Connaissons cette histoire, débarrassons-nous de nos lunettes idéologiques diverses, libérons-nous de nos conditionnements de privilégiés. Alors, nous pourrons discuter sereinement, démocratiquement, pour savoir comment un peuple peut conquérir l’indispensable dignité linguistique, une des conditions de sa dignité en tant que peuple.

K. N.

kad-n@email.com

Notes

(1) Voir https://lematindalgerie.comesperons-fournir-une-bonne-nouvelle

(2) On les constate, par exemple, dans le commentaire d’un lecteur, suite à la publication du texte annonçant la création des Éditions Électrons Libres. Voir le lien dans la note 1. Très curieux, en outre, l’absence d’autres commentaires. Comme si les défenseurs du tamazight ne se sentent pas concernés par celui de la dziriya ; pourtant les deux sont des langues populaires, et leur solidarité serait réciproquement très précieuse.

(3) l’essai « DÉFENSE DES LANGUES POPULAIRES : le cas algérien », est gratuitement télé-déchargeable ici : https://www.editionselectronslibres-edizionielettroniliberi-maddah.com/ell-francais-sociologie-oeuvres-defense_langues_populaires.html

(4) Pour sa part, l’auteur propose cet essai comme base de discussion, et a créé les Éditions Électrons Libres, en réservant une section à la dziriya, voir https://www.editionselectronslibres-edizionielettroniliberi-maddah.com/dziriya.html. Nous y reviendrons dans une prochaine contribution.

 

Auteur
Kaddour Naïmi

 




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Le moi …Le surmoi…

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LE COIN DES POETES

Le moi …Le surmoi…

Je ne joue pas au barbouze !

Pataugeant dans la bouse

Tel un porc qui bâfre.

 

Au fond de son auge

Il grogne dans sa bauge

Enlisé dans la boue aux affres.

 

Se récriminer in petto

Un tréfonds de ghetto

Où la lueur fait défaut.

Entre le moi et le surmoi

Mon ego fait la loi

Et me laisse sans voix.

Des remords en désaccord

Dans un corps battu par le sort

L’éternel combat d’eccéité !

En soliloque, je joue au dramaturge

Évider le robinet de purge

Amenant la lumière à ma profonde cécité.

De burlesques boutades

Je me fais de claques algarades

Outrant ma profonde sensibilité.

Enfermé dans une buée d’abîmes

Meurtri par un profond autisme

In fine, je suis l’ennemi intime.

Bachir Djaider

Vendredi 28 septembre 2018

Cet espace est le vôtre ami(e)s poète(esse)s. Nous vous le réservons pour la publication de vos poèmes avec votre illustration.

Auteur
Bachir Djaidar

 




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